L'euro progresse face au dollar et ce n'est pas une bonne nouvelle

  • l’année dernière
Le taux de change moyen de l'euro a atteint un nouveau record et s'échange 1,12$ aujourd'hui. Il est revenu à son niveau avant le déclenchement de la guerre en Ukraine.
Transcript
00:00 L'économie avec Nicolas Doze, l'euro remonte sérieusement, notre monnaie s'échange 1,12$ et retrouve son niveau d'avant-guerre en Ukraine.
00:09 Est-ce que c'est une bonne nouvelle ?
00:10 C'est toujours pareil en économie, c'est jamais oui/non, blanc/noir.
00:13 C'est une bonne nouvelle pour le consommateur, c'est une très mauvaise nouvelle pour le producteur.
00:16 Oui, effectivement, un euro qui monte, c'est le boom de la demande.
00:20 Ça veut dire que soudainement, votre pouvoir d'achat augmente,
00:23 notamment si vous êtes un Européen qui va passer ses vacances hors zone euro, par exemple aux États-Unis.
00:28 Normalement, à terme, ça fait baisser la facture énergétique, parce que vous savez bien qu'on paye le pétrole en dollars.
00:34 Plus l'euro est élevé, moins le pétrole est cher, et donc ça baisse le prix des importations.
00:39 Et puis à l'inverse, effectivement, l'euro fort, c'est le poison du business.
00:43 Parce qu'un euro fort, ça veut dire que la compétitivité des entreprises est abaissée.
00:48 Ça veut dire que quand elles vendent leurs produits en hors de la zone euro, ces produits valent plus cher.
00:53 Donc ça peut, à terme, vraiment un euro très fort, ça peut à terme freiner la croissance, ça peut à terme freiner l'emploi.
00:59 C'est une bonne nouvelle du côté de la consommation, mais une mauvaise nouvelle du côté de la production.
01:03 Qu'est-ce qui s'est passé, Nicolas, pour que l'euro remonte ?
01:05 L'euro remonte, notamment parce que le dollar baisse.
01:08 L'euro n'est malheureusement pas en train de remonter parce qu'on a des super perspectives de croissance dans les 12 mois qui viennent.
01:13 Non, l'Allemagne, probablement, en 2023, inscrira une récession.
01:16 C'est là où ce n'est pas une bonne nouvelle.
01:18 C'est qu'en fait, l'euro remonte parce que le marché se dit « la Banque centrale des États-Unis, là, on sent qu'elle va arrêter de monter ses taux ».
01:24 On peut peut-être même les baisser.
01:26 Par contre, on sent que la Banque centrale de l'Europe, elle, elle va continuer à les monter.
01:30 Les décisions de politique monétaire des banques centrales, ça a un effet direct sur la valeur de la monnaie.
01:35 Parce que si je monte le taux, ça veut dire que l'euro accroît son rendement.
01:39 Si, à l'inverse, aux États-Unis, on baisse les taux, ça veut dire que le dollar rapporte moins.
01:44 Eh bien, l'investisseur qui détient de la première monnaie du monde le dollar,
01:47 « Ah, il rapporte moins le dollar, je vais me reporter vers la deuxième monnaie du monde qui rapporte plus »,
01:51 c'est l'euro.
01:52 C'est l'euro parce qu'effectivement, la Banque centrale est en train de durcir aujourd'hui sa politique monétaire.
01:58 Et la Deutsche Bank imagine qu'à aller jusqu'à 1,20$, c'est parfaitement envisageable en 2024.
02:03 Et ce serait très surévalué par rapport à l'état de santé de l'économie de la zone euro.
02:08 Donc, l'euro remonte, mais pas pour les bonnes raisons.
02:11 Exactement.
02:11 C'est le côté paradoxal de l'histoire.
02:13 Le moteur aujourd'hui de l'euro, c'est le durcissement de la politique monétaire de la zone euro.
02:18 Et cette politique monétaire qui se durcit, elle a quoi comme effet ?
02:21 Elle accroît le risque de récession de la zone euro.
02:24 Donc aujourd'hui, euro fort est synonyme de faiblesse économique.
02:29 Quand il y a le mot « fort », on se dit « Oh, fort ! », mais non.
02:32 « Fort », quand on parle des devises, ce n'est pas forcément une bonne nouvelle.
02:35 Et en face, le dollar faible veut dire potentiellement rebond de l'économie américaine.
02:40 Donc l'euro qui monte, objectivement, ce n'est pas une bonne nouvelle.
02:44 Merci Nicolas.

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