La parole aux Français Été (Émission du 17/07/2023)

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Pendant tout l'été, l'actualité du jour vue par les témoins du quotidien dans #LaParoleAuxFrancaisEte

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00:00:00 - Rebonjour, je suis très heureux de vous retrouver cette fois à 13h15 pour La Parole aux Français,
00:00:04 deux heures de sujets, de débats, de directs, au plus proche de vos préoccupations.
00:00:08 Je vous présente l'équipe qui m'entoure dans quelques instants, mais tout de suite place à l'info, et l'info c'est Audrey Bertheau.
00:00:14 - Rebonjour Thierry, bonjour à tous, et on débute avec cette disparition, celle de Jane Birkin.
00:00:20 Les Français pleurent une icône. Jane Birkin est partie hier à l'âge de 76 ans parce qu'elle incarnait la liberté
00:00:26 et qu'elle chantait les plus beaux mots de notre langue, a écrit sur Twitter Emmanuel Macron.
00:00:31 Et depuis hier, forcément, de nombreux hommages lui sont rendus.
00:00:34 On va rejoindre justement Mickaël Dos Santos en direct de la rue de Verneuil à Paris.
00:00:39 Mickaël, beaucoup d'émotions, on imagine, dans ce lieu culte.
00:00:42 - Oui, beaucoup d'émotions et des hommages qui viennent de toutes parts.
00:00:50 On a pu échanger avec des fans qui viennent de Bordeaux, qui viennent de Paris, qui viennent de Bourgogne.
00:00:56 Et même un groupe d'étudiantes britanniques sont venus ici, rue de Verneuil, domicile du couple Gainsbourg-Birkin.
00:01:04 Beaucoup ont déposé des fleurs, elles sont nombreuses ici au niveau de l'entrée de cette maison en rue de Verneuil.
00:01:12 Beaucoup de messages également.
00:01:15 Ici, sur le message que vous voyez à l'image, on peut lire ce message.
00:01:21 "Merci pour vos chansons Jane, votre humour et votre cœur".
00:01:26 Certains ont préféré laisser un petit mot des cœurs,
00:01:29 puisque ici, vous le savez, ce mur est tagué de messages destinés à Serge Gainsbourg et Jane Birkin.
00:01:35 "I miss you Jane", voilà, tu nous manques.
00:01:37 Et puis même des lettres qui sont destinées à la famille de Jane Birkin.
00:01:41 Ici, c'est pour Charlotte Gainsbourg, sa fille, et on peut lire, bien sûr, toutes mes condoléances.
00:01:46 Voilà des fans qui se souviennent aussi forcément des chansons de Jane Birkin.
00:01:51 "Je t'aime moi non plus", ce duo avec Serge Gainsbourg, ses films, également "La piscine".
00:01:56 Et puis beaucoup évoquent la personnalité de Jane Birkin, l'humour, la générosité et le talent.
00:02:03 Forcément, Jane Birkin dit aussi Serge Gainsbourg.
00:02:07 Il est devant le domicile du couple et forcément, ce couple a marqué toute une génération.
00:02:13 Un couple qui évoque énormément de souvenirs des personnes d'un certain âge, mais pas que.
00:02:18 On a pu croiser également beaucoup de jeunes, des jeunes qui ont écouté les chansons de Serge Gainsbourg et Jane Birkin à travers leur parlant.
00:02:26 Voilà une personnalité, une artiste qui a marqué effectivement toute une génération.
00:02:31 Merci beaucoup, Mickaël Dos Santos, en direct de la rue de Verneuil.
00:02:36 Cet après-midi, la Première ministre Elisabeth Borne va annoncer la création d'un délit d'homicide routier à la place de l'homicide involontaire.
00:02:44 Un délit pour les conducteurs ayant causé la mort alors qu'ils roulaient sous l'emprise de l'alcool ou sous l'emprise de stupéfiants.
00:02:50 Mais ce nouveau délit va-t-il vraiment changer quelque chose ? On va se la avec Émilie Gougach et Régine Delfort.
00:02:57 C'est une dénomination avant tout symbolique.
00:03:00 Le nouveau délit d'homicide routier se substitue au délit d'homicide involontaire que les faits soient aggravés ou pas.
00:03:07 L'appellation d'homicide volontaire scandalise depuis des années les associations de victimes.
00:03:13 Avec l'homicide routier, le conducteur en infraction sera considéré comme conscient du risque qu'il faisait courir aux autres.
00:03:21 Une réforme que cet avocat spécialiste du droit routier qualifie de coquille vide.
00:03:26 Ce n'est pas parce que l'on va débaptiser cette infraction d'homicide involontaire pour la renommer homicide routier
00:03:35 que ça va influer sur les comportements à risque et les comportements le plus souvent totalement inacceptables sur la route
00:03:43 et qui procèdent encore une fois d'actes volontaires.
00:03:46 La qualification d'homicide involontaire étant difficilement concevable dans le cadre d'accidents
00:03:52 impliquant des conducteurs sous emprise d'alcool ou de drogue.
00:03:56 Bien évidemment cette mesure répond aux attentes des victimes.
00:04:00 Ce qu'attend la ligue contre la violence routière de la part de l'Etat, ce sont des mesures qui permettent d'améliorer la sécurité routière sur le territoire national.
00:04:10 D'après l'Observatoire national interministériel de la sécurité routière, plus de 3500 personnes sont décédées sur les routes en 2022.
00:04:18 Si la vitesse reste la première cause, l'alcool arrive en second facteur avec 23% et 13% pour les stupéfiants.
00:04:27 Le projet de loi sur l'industrie verte est examiné à partir de cet après-midi en première lecture par l'Assemblée nationale.
00:04:35 Ce projet de loi vise à relancer une industrie plus respectueuse de l'environnement.
00:04:39 Ce texte constitue un véritable tournant pour notre économie appelé d'un ministre de l'Industrie Roland Lescure.
00:04:44 Et puis vous l'avez sûrement remarqué, il fait très chaud. L'hémisphère nord entame une nouvelle semaine de canicule.
00:04:51 En Europe, des températures au-dessus des 40 degrés sont attendues, notamment en Italie ou encore en Espagne.
00:04:56 Le Canada et la Californie continuent de brûler.
00:04:59 Nos équipes ont interviewé un climatologue. Pour lui, c'est une situation régulière, cependant accentuée par le réchauffement climatique.
00:05:07 Depuis un an, depuis l'été 2022, on retrouve cette année une situation qui est accentuée par le réchauffement climatique.
00:05:17 Alors on va certainement battre des records tout autour du bassin méditerranéen, du sud de l'Espagne à l'Italie,
00:05:22 même peut-être sur la Sardaigne et peut-être à Corse. On va surveiller ça pour mardi et mercredi.
00:05:28 Ce sera dans les deux journées où il y aura ces pics de chaleur.
00:05:31 Mais on le voit, c'est le long de cet équateur que ces dômes de chaleur s'installent.
00:05:37 Une situation de blocage à l'air chaud qui nous concerne, nous, en Europe, c'est celui qui est sur le Sahara,
00:05:43 qui remonte sur le bassin méditerranéen, qui touche d'abord l'Espagne, puis l'Italie et le sud de la France.
00:05:49 Une situation que l'on retrouve de façon régulière, mais qui, là, je vous le rappelle, est accentuée par le bouleversement et le réchauffement climatique.
00:05:57 Enfin, l'accord sur l'exportation des céréales ukrainiennes est de facto terminé.
00:06:02 C'est ce qu'a affirmé le Kremlin, assurant que la Russie sera prête à y revenir immédiatement quand ces conditions seront remplies.
00:06:08 Signé en juillet 2022 et déjà reconduit à deux reprises, l'accord permettait à l'Ukraine d'exporter ses céréales par la mer Noire.
00:06:15 L'Allemagne appelle d'ores et déjà la Russie à prolonger cet accord.
00:06:19 Voilà pour l'essentiel, Thierry.
00:06:22 Merci beaucoup, ma chère Audrey. Prochain point avec l'info.
00:06:25 D'ici une heure, la parole aux Français était.
00:06:28 C'est parti. Nous sommes ensemble jusqu'à 15h avec moi pour commenter l'actualité, une actualité au plus proche de vous.
00:06:33 J'accueille avec beaucoup de plaisir Edouard Dorian, si bel porte parole, territoire de progrès.
00:06:38 Soyez le bienvenu. Bonjour. Je suis ravi de vous accueillir.
00:06:40 J'ai envie d'être là. Jean Messia, président de l'Institut Vivre Français.
00:06:43 Ravi de vous avoir à mes côtés. Bonjour.
00:06:46 Michel Chevalet, journaliste scientifique qui est qu'alors là.
00:06:50 Mais ravi de vous retrouver, mon chère.
00:06:52 Je suis ravi de vous avoir à mes côtés. On va parler de plein de choses.
00:06:55 On a un long passé à TF1, tous les deux.
00:06:56 On a un long passé, effectivement.
00:06:58 Allez, on va commencer en parlant du petit Émile, du jeune Émile qui reste toujours introuvable.
00:07:06 Aujourd'hui, le parquet de Digne et Bain va ouvrir une enquête préliminaire pour recherche des causes de disparitions inquiétantes.
00:07:13 Je le rappelle, les enquêteurs n'ont toujours pas de piste après la disparition de cet enfant de deux ans et demi.
00:07:19 Et ce, malgré de nombreux moyens mis en place.
00:07:23 On va retrouver tout de suite en direct Stéphanie Rouquier, notre correspondante.
00:07:29 Stéphanie Rouquier, on fait un point sur l'enquête.
00:07:32 On en est où ?
00:07:33 Et est-ce que vous avez de nouvelles informations à nous donner, Stéphanie Rouquier ?
00:07:37 Vous le disiez, après huit jours d'enquête en flagrance,
00:07:42 le procureur de Digne a effectivement ouvert une enquête judiciaire,
00:07:46 une enquête préliminaire pour recherche des causes de disparitions inquiétantes.
00:07:50 C'est une procédure classique, une procédure automatique.
00:07:53 Car sachez que depuis jeudi dernier, les militaires et les gendarmes qui réalisaient les recherches sur le terrain au Petit-Hameau,
00:08:00 ils ont quitté le lieu.
00:08:02 Les recherches physiques sont terminées depuis jeudi dernier.
00:08:05 Mais l'enquête judiciaire, elle, bien évidemment, elle se poursuit.
00:08:08 C'est un travail considérable qui va être extrêmement lourd.
00:08:12 Car les enquêteurs doivent analyser tous les prélèvements réalisés sur le terrain par ces gendarmes et ces militaires.
00:08:19 Les enquêteurs doivent également analyser et recouper toutes les auditions qui ont été menées.
00:08:24 Car il faut savoir que toute personne qui était présente au Petit-Hameau,
00:08:28 samedi après-midi, à l'heure de la disparition du petit Emile,
00:08:32 toutes ces personnes ont été entendues par les enquêteurs,
00:08:34 que ce soit des voisins ou tous les membres de la famille d'Emile.
00:08:38 Sachez que ce week-end, de nouvelles auditions ont encore eu lieu.
00:08:42 Le procureur a annoncé qu'à ce stade, toutes les hypothèses sont encore ouvertes.
00:08:48 Aucune n'est pour leur privilégier.
00:08:50 Merci beaucoup Stéphane Nirouquier pour ces dernières précisions.
00:08:54 Allez, on va rentrer dans le vif de nos débats.
00:08:58 Il y a des mots à la botte qui reviennent.
00:09:00 On parlait de surtourisme ce week-end sur nos plateaux,
00:09:04 mais on parle également d'éco-terrorisme.
00:09:06 Nouveau mot, je ne sais pas si ça va rentrer dans le dictionnaire.
00:09:09 Je ne sais pas ce que vous en pensez. Éco-terrorisme.
00:09:12 C'est davantage une idée, mais je ne l'ai pas encore vue vraiment mise en application.
00:09:17 Je crois qu'on peut confondre à cet égard ce qu'on appellerait l'éco-terrorisme
00:09:23 avec plutôt un minima ou un maxima de l'éco-sabotage ou des choses comme ça.
00:09:33 Vous savez, on peut aller très loin.
00:09:35 Ce sont des phénomènes où on voit des gens porter atteinte à des œuvres d'art,
00:09:39 parfois sans vraiment les dégrader parce qu'il y a des vitres, etc.
00:09:43 Moi, je trouve que c'est dommage.
00:09:44 Je comprends qu'on cherche à attirer l'attention,
00:09:46 mais je ne crois pas qu'une grande idée politique,
00:09:51 peut-être même une grande philosophie d'ailleurs,
00:09:53 il y a des philosophes de l'écologie,
00:09:56 réduisent cette grande cause à des provocations.
00:10:02 Parce que demain, vous savez, on peut aller beaucoup plus loin.
00:10:04 Les premiers chrétiens, ils ont inventé les martyrs.
00:10:07 Demain, on peut tout à fait avoir des martyrs écologiques,
00:10:09 des gens qui font sacrifice de leur personne, s'immolent pour...
00:10:15 Non, on ne va quand même pas en arriver là.
00:10:17 Je crois au combat de la raison.
00:10:19 Si quelque chose dans notre époque est un petit peu défaillante,
00:10:22 c'est le combat de la raison pour la raison.
00:10:24 Il y a des grandes causes à défendre.
00:10:26 Donc moi, je ne me laisse pas aller à ce mot d'éco-terrorisme
00:10:28 parce que je pense qu'il faut faire attention au mot.
00:10:30 C'est vrai.
00:10:32 Mais il peut y avoir des sabotages pour...
00:10:34 Mais si on en parle, c'est qu'il n'y a pas...
00:10:36 Et des éco-dégradations ou de l'éco-délinquance.
00:10:38 Donc on peut parler... Essayons d'être précis sur les mots.
00:10:40 C'est très important.
00:10:41 Mais oui, bien sûr, vous avez raison.
00:10:43 Jean-Baptiste Sirat.
00:10:44 Non, mais en fait, si on veut comprendre ce phénomène,
00:10:47 on peut le comprendre au travers de l'histoire,
00:10:49 et notamment de l'histoire du 19e siècle,
00:10:51 avec l'émergence du mouvement ouvrier.
00:10:53 Rappelez-vous, à l'époque, la conscience ouvrière naissante
00:10:56 avait donné lieu à de grands travaux philosophiques,
00:10:59 intellectuels, au premier rang desquels Marx, mais pas que.
00:11:01 Mais il y avait aussi, dans ce mouvement contestataire ouvrier,
00:11:05 des minorités extrémistes.
00:11:07 Le ludisme, par exemple, qui consistait à casser les machines,
00:11:11 à faire des actes de sabotage dans les grandes entreprises
00:11:14 et dans les grands foyers industriels urbains de l'époque.
00:11:17 Mais ça avait un sens.
00:11:19 Tout ça avait une continuité.
00:11:20 Aujourd'hui, vous avez un mouvement écologiste qui naît,
00:11:23 mais dont la frange extrémiste est dans une forme d'eschatologie.
00:11:28 C'est-à-dire qu'ils craignent une fin du monde
00:11:30 dont finalement leurs propres actions participent à la créer,
00:11:34 d'une certaine manière.
00:11:35 C'est-à-dire qu'ils font table rase.
00:11:37 Par exemple, juste un exemple,
00:11:39 quand des gens qui se prétendent écologistes extrémistes
00:11:43 détruisent des arbres,
00:11:45 et on va peut-être en parler plus tard,
00:11:47 en quoi c'est écologique ?
00:11:49 C'est là où ça devient presque un délirium très mince.
00:11:53 Si on a souhaité évoquer ce terme au cours de cette parole au français,
00:11:58 il y a deux raisons.
00:11:59 Effectivement, vous faites référence à cette agriculteure du Tarn
00:12:02 que j'avais ce week-end comme invité dans "Dominu the Weekend".
00:12:07 Nous avions le maire de Lavore,
00:12:10 où justement cet exploitant est installé.
00:12:13 Trois hectares de verger totalement détruits.
00:12:16 Et puis l'autre raison également qui nous font parler de ce thème,
00:12:20 mon cher Eduardo,
00:12:21 c'est également ce baromètre odoxa-fiducial
00:12:24 publié par nos amis du Figaro,
00:12:26 qui en gros, je vous donne deux chiffres,
00:12:28 85% des français désapprouvent les sabotages d'infrastructures
00:12:33 et d'exploitations agricoles,
00:12:34 et trois quarts des français, 73% estiment que les services de renseignement
00:12:39 doivent pouvoir utiliser les mêmes moyens que l'antiterrorisme
00:12:43 pour surveiller et arrêter les activistes.
00:12:45 On voit le reportage, et ensuite on sera avec Hervé Lapie,
00:12:48 qui est le secrétaire général de AFN-SERA,
00:12:51 et on parlera justement de ces attaques.
00:12:53 On peut parler de Saint-Sauline aussi,
00:12:55 on peut parler également des attaques qui ont eu lieu du côté de Nantes,
00:12:59 etc.
00:13:03 Mais d'abord on voit le reportage de Célia Judat
00:13:05 et on poursuit le débat ensemble.
00:13:07 - Mademoiselle, vous en avez pour longtemps ?
00:13:10 - Oui c'est très bien, mais est-ce que vous en avez pour longtemps ?
00:13:12 Des français exaspérés par les militants écologistes radicaux.
00:13:16 Selon un récent baromètre, ils sont plus de 8 français sur 10
00:13:19 à condamner leurs moyens d'action, parmi lesquels
00:13:21 intrusions d'infrastructures, sabotage d'exploitations agricoles,
00:13:25 utilisation de la violence ou encore saccage de lieux publics.
00:13:28 Les français ont en mémoire l'occupation de la zone d'aménagement
00:13:31 différée à Notre-Dame-des-Landes, il y a de cela 10 ans,
00:13:34 et plus récemment l'attaque des mégabassines à Saint-Sauline le 25 mars dernier.
00:13:38 Alors pour lutter contre ces méthodes, 70% des français se disent favorables
00:13:42 à ce que l'Etat utilise les mêmes moyens que pour l'antiterrorisme,
00:13:45 pour surveiller et condamner les militants radicaux,
00:13:48 grâce notamment aux services de renseignement.
00:13:50 Autre solution avancée par les français, l'installation plus massive
00:13:54 de caméras sur les sites dits sensibles, le déploiement de plus d'agents
00:13:57 de sécurité ou encore l'utilisation de drones de surveillance.
00:14:00 Enfin, face à des actions de plus en plus récurrentes,
00:14:03 le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin a récemment annoncé
00:14:06 la création d'une cellule anti-ZAD.
00:14:08 Cette dernière devrait voir le jour le 1er septembre prochain.
00:14:13 Alors, Édouard Dau, Jean, on va poursuivre le débat
00:14:17 et nous sommes avec Hervé Lapie, qui est secrétaire général de la FNSEA
00:14:21 et qui suit au sein de la FNSEA ces histoires, ces affaires émergentes
00:14:25 des co-terroristes. Ça vous inspire quoi, ces attaques
00:14:28 de plus en plus nombreuses, Hervé Lapie ?
00:14:31 Et je fais référence effectivement à ce qui s'est passé dans le Tarn.
00:14:35 Et bonjour tout d'abord.
00:14:38 Hervé Lapie, vous m'entendez ?
00:14:42 On a un petit problème avec Hervé Lapie.
00:14:44 Bon, petite réaction, donc.
00:14:46 Et on va retrouver Hervé Lapie dans quelques instants.
00:14:48 Édouard Dau ?
00:14:49 J'ai regardé la question de votre sondage.
00:14:51 Les Français inquiets et qui souhaitent que les services
00:14:56 de renseignement français travaillent plus sur ces questions
00:14:59 d'éco-sabotage pour les anticiper.
00:15:01 Les 85% qui les approuvent aussi.
00:15:03 Oui, j'ai souri un peu parce que je connais bien ces questions
00:15:06 de sécurité intérieure, de sécurité nationale, de renseignement.
00:15:10 J'ai beaucoup travaillé à l'Assemblée nationale là-dessus.
00:15:13 Je peux rassurer les Français, si d'aventure ils étaient inquiets.
00:15:16 Naturellement, les services de renseignement, notamment
00:15:18 les services territoriaux du renseignement, mais pas que,
00:15:21 la DGSI aussi, travaille autant que possible pour anticiper ces risques.
00:15:29 Je crois qu'ils sont très lucides.
00:15:30 Et tout ce qui concerne les infrastructures vitales de la société,
00:15:34 ce sont quoi la société ne pourrait pas fonctionner,
00:15:38 les transports, l'énergie, les banques, les routes,
00:15:43 un certain nombre d'infrastructures sensibles,
00:15:46 y compris des sites industriels, avec du matériel chimique ou sensible.
00:15:52 Bien entendu que tout ça est surveillé de très près
00:15:54 par les services de renseignement français.
00:15:56 Pas d'inquiétude, on n'est pas dans un pays de bison-ours.
00:15:58 On est avec un État fort, un État lucide.
00:16:01 Comme pour le terrorisme, on arrive tout à fait à identifier les risques.
00:16:05 D'ailleurs, si les Français veulent se rassurer là-dessus,
00:16:08 consultez sur Internet les documents officiels ouverts,
00:16:12 produits par les services de renseignement,
00:16:14 les livres Blancs sur la Défense et la Sécurité Nationale.
00:16:17 Vous verrez la capacité d'anticipation sur le très long terme
00:16:20 de tous les risques.
00:16:21 On était même capable, moi je me souviens,
00:16:23 j'ai été membre du livre Blancs sur la Défense et la Sécurité Nationale
00:16:26 qui a été publié en 2013, il n'a toujours pas changé.
00:16:28 Il y a eu des revues stratégiques depuis 2017, une deuxième en 2022.
00:16:31 Mais vous savez, même les risques épidémiques de pandémie
00:16:35 étaient anticipés parce qu'on avait vécu Ebola.
00:16:37 Personne, bien sûr, n'a prévu le Covid, mais on dit,
00:16:39 ces risques-là existent, il faut se prémunir.
00:16:42 Bien sûr qu'on sait que pour différentes causes,
00:16:45 y compris les futurs types d'écosabotage,
00:16:49 on a senti les services de renseignement,
00:16:51 les stratèges français, les services de sécurité travaillent là-dessus.
00:16:54 On sent monter les risques de radicalité dans la société contemporaine.
00:16:57 Donc, on les identifie.
00:16:59 Et je crois que les services sont dessus pour la question politique.
00:17:03 Et je termine là-dessus.
00:17:05 Vous savez, le grand combat du 18e siècle, celui des Lumières,
00:17:08 les philosophes, ils ne sont pas passés aux dégradations et à la violence
00:17:11 pour imposer un régime rationnel fondé sur les droits de l'homme
00:17:16 qui a permis la Révolution française.
00:17:18 Il n'était pas obligatoire de la faire dans la violence, d'ailleurs,
00:17:20 la Révolution française, qui se trouve que c'est fait ainsi.
00:17:22 Je crois que malheureusement, elle habite un peu trop les imaginaires.
00:17:25 Or, je crois que c'est par le combat de la raison, de la conviction,
00:17:28 avec les armes de la démocratie, qu'une grande cause, une grande pensée,
00:17:32 peut-être même une grande philosophie, une grande action écologique
00:17:35 peut gagner dans la durée et convaincre les consciences.
00:17:38 Attention à ne pas partir dans le chemin d'une violence,
00:17:42 de la radicalité ou d'une forme de messianisme écologique
00:17:46 qui ne serait pas une philosophie écologique rationnelle digne de notre démocratie.
00:17:51 Mais mine de rien, quand même, ces chiffres veulent dire quelque chose.
00:17:53 85% des Français désapprouvent ce type d'action.
00:17:57 Et quand vous avez l'agriculteur que j'ai eu hier dans Mininews,
00:18:01 qui voit trois hectares de verger détruit, trois hectares,
00:18:05 ce n'est pas une mince affaire, trois hectares.
00:18:07 Derrière, il y a des effets dominos, il y a de l'emploi, etc.
00:18:10 On avait le maire de la commune de Lavore qui trouve ça profondément,
00:18:13 sans pas mes termes, mais dégueulasse.
00:18:16 Et là, on a quand même cette attente et on voit les actions qui se multiplient.
00:18:21 Et on part du principe aussi qu'il y a eu un avant et un après ZAD.
00:18:24 La ZAD de Nantes, évidemment, qui a lâché un petit peu les actions des écolo.
00:18:33 C'est-à-dire qu'on ne peut pas dire que l'attitude de l'État
00:18:37 ait constitué à aucun moment un cran d'arrêt à la trajectoire délirante
00:18:43 d'un certain nombre de groupes écologistes factieux
00:18:47 qui sont animés par une sorte de peur millénariste,
00:18:50 une peur de la fin du monde, biberonnée en cela
00:18:54 un certain nombre de théoriciens écologistes extrémistes.
00:18:57 Toute une génération finalement à qui on a expliqué que la fin du monde,
00:19:01 c'est pour demain ou pour dans dix ans et que si on ne faisait rien,
00:19:04 tout le monde allait mourir.
00:19:06 Effectivement, vous avez un certain nombre de minorités
00:19:09 qui lorsqu'elles entendent ce discours ambiant,
00:19:11 se mettent effectivement à avoir des actions radicales.
00:19:14 Sur l'exemple que vous citiez de cet agriculteur qui a perdu...
00:19:18 - Trois hectares de verger.
00:19:20 - Trois hectares de verger. Les vergers, il faut le rappeler,
00:19:22 ce sont des arbres, c'est-à-dire que ce sont des plantes,
00:19:25 c'est de la verdure.
00:19:27 Normalement, si on est un vrai écologiste, on est attaché à la nature,
00:19:31 on ne la dégrade pas, on ne la détruit pas.
00:19:34 Donc là, en fait, moi je m'étonne si vous voulez de ce paradoxe,
00:19:38 mais bon, ils n'en sont pas à un près,
00:19:41 qui consiste à vouloir lutter contre l'écocide,
00:19:45 c'est-à-dire une forme de génocide de la nature,
00:19:47 puisque ce sont leurs termes,
00:19:49 mais qu'est-ce qu'ils viennent de perpétrer là, chez cet agriculteur,
00:19:51 sinon un écocide ?
00:19:53 Quand on met à bas trois hectares de plantation,
00:19:58 c'est bien quelque chose de naturel,
00:20:00 ils se sont attaqués à la nature.
00:20:02 Donc ils ont perpétré un mini-écocide.
00:20:04 Comment peuvent-ils lutter contre un soi-disant écocide généralisé
00:20:10 pour détruire ça ?
00:20:11 Mais je pense que, et je terminerai par là,
00:20:13 il y a une vraie attitude non seulement politique,
00:20:15 mais dogmatique.
00:20:17 C'est-à-dire qu'on sait très bien que ce ne sont pas les agriculteurs français
00:20:21 qui polluent le plus et qui participent le plus
00:20:24 à l'émission de gaz à effet de serre.
00:20:26 La Chine, l'Inde,
00:20:28 deux tiers des émissions de gaz à effet de serre
00:20:32 proviennent de ces pays.
00:20:34 Est-ce que ces décérébrés vont un jour aller manifester en Chine ou en Inde
00:20:39 pour demander à ce que ces pays participent davantage
00:20:42 à l'effort de lutte contre le réchauffement climatique ?
00:20:44 On ne les voit jamais.
00:20:45 Lorsque l'on sait, par exemple, j'entendais ce matin
00:20:48 le témoignage édifiant de M. Carayon à votre antenne
00:20:51 qui nous disait que dans l'Est de la France et jusqu'au Nord,
00:20:54 deux tiers des particules fines qu'il y avait dans l'atmosphère française
00:20:58 étaient émises par les centrales à charbon
00:21:01 que l'Allemagne avait mises en route suite à l'arrêt de ces centrales nucléaires.
00:21:05 Est-ce que ces gens-là, les soulèvements de la terre
00:21:09 et tous ces groupuscules extrémistes,
00:21:11 est-ce qu'on les a vus manifester au pied des centrales à charbon allemand
00:21:14 pour demander leur arrêt ?
00:21:15 Jamais.
00:21:16 Donc la réalité de ce combat, c'est un extrémisme,
00:21:19 pas un extrémisme écologique, au contraire, c'est un extrémisme anti-écologique,
00:21:23 mais c'est aussi un extrémisme anti-national.
00:21:26 C'est-à-dire qu'en fait, à travers la destruction de l'agriculture française,
00:21:31 les oeuvres d'art française, de tout ce qui constitue finalement
00:21:36 notre creuset culturel et identitaire,
00:21:40 ces gens-là sont des ennemis de notre pays.
00:21:42 Parce que la vérité, c'est que s'ils étaient l'ami de l'écologie et de la nature,
00:21:46 on les verrait là où l'écologie et la nature sont les plus mises à mal.
00:21:51 Or, bizarrement, on ne les voit jamais dans ces contrées-là.
00:21:53 On ne les voit que chez nous, pour détruire ce qui est chez nous,
00:21:57 pour détruire non pas seulement notre avoir, mais pour détruire notre être.
00:22:00 Donc ces gens-là doivent être traités non seulement comme des ennemis de l'écologie,
00:22:05 mais doivent être traités aussi comme des ennemis de notre nation.
00:22:08 Alors on devait entamer le débat, et j'aurais bien voulu l'avoir avec Hervé Lapie, secrétaire général de FNSEO,
00:22:12 mais il semble-t-il qu'il y a eu des petits problèmes de connexion.
00:22:15 Donc, Edouard Do, rien à s'y perdre.
00:22:17 Je crois que si on veut que l'écologie politique ait du succès et gagne,
00:22:23 si on veut que les consciences deviennent de plus en plus écologiques dans notre société,
00:22:29 si on veut renforcer les politiques écologiques,
00:22:31 si on veut répondre aux défis de l'écologie en ce début de siècle,
00:22:35 je crois que l'écologie politique doit rompre avec deux écueils qui sont deux mauvais chemins,
00:22:41 dévastateurs à mon avis pour son futur.
00:22:43 Je crois que l'écologie politique doit rompre avec le messianisme,
00:22:47 qui peut conduire au nom d'un idéal à se permettre des dégradations, des violences,
00:22:52 et on peut se demander quelles seraient les limites de cette violence écologique au nom d'une bonne cause.
00:22:59 Parce que je vois la perdition par exemple d'une certaine gauche radicale
00:23:02 qui dans les années 70 ou dans les années 60 voulait tuer des chefs d'entreprise ou des grands PDG,
00:23:09 ça existait en France comme en Italie.
00:23:12 Je ne voudrais pas que l'écologie politique en arrive à cette radicalité extrême.
00:23:16 Et l'autre écueil, c'est que l'écologie politique doit aussi rompre avec la pensée magique.
00:23:20 La pensée magique, c'est quoi ?
00:23:22 C'est de considérer que du jour au lendemain d'un coup de baguette magique,
00:23:25 on va régler et changer totalement la société.
00:23:28 Si on en est adulte, si on est sérieux, et si on veut vraiment transformer la société
00:23:33 pour répondre aux défis de l'écologie et du climat,
00:23:35 eh bien on doit opérer les grandes transformations dans nos sociétés très complexes,
00:23:40 dans ce monde ultra interdépendant.
00:23:43 Donc faisons cela, ayant des débats rationnels de transformation profonde de la société.
00:23:48 Je crois qu'on fait beaucoup de choses, mais on ne peut pas laisser simplement
00:23:51 aller vers cet écueil d'éco-sabotage ou de violence,
00:23:55 ou voilà, ce messianisme écologique qui est toujours un problème pour la gauche.
00:23:59 Vous avez une gauche messianique, vous avez une gauche qui est encore dans la pensée magique.
00:24:02 Je trouve que c'est dommage. Il est temps qu'on retrouve une gauche adulte
00:24:05 et aussi qu'on ait une écologie politique totalement adulte,
00:24:08 capable de rassembler les Français dans cette grande cause qui nous est importante.
00:24:11 - C'est à une part vous Michel Chevalier, ça vous inspire quoi ?
00:24:13 - Oui, je suis sur une réflexion qui vous complète.
00:24:16 Si on suit cette logique, leur logique,
00:24:21 jamais on n'aurait eu développé une société industrielle.
00:24:25 C'est impensable. C'est vrai, vous vous souvenez,
00:24:28 il y a eu le révolt des canuts à Lyon, on détruisait, on cassait les machines à tisser
00:24:32 parce que ça prenait de l'emploi.
00:24:35 Mais vous vous rendez compte, quand il y a eu le développement du chemin de fer,
00:24:38 où il a fallu construire des voies ferrées et déplacer des villages,
00:24:43 enfin faire des viaducs, quand on a fait les grands barrages,
00:24:46 qui sont absolument indispensables, c'est vrai que l'on a noyé des vallées
00:24:50 et des villages, Tignes, le fameux village de Tignes.
00:24:53 On n'aurait jamais plus, si vous voulez, les trucs.
00:24:56 Quand on a fait des aéroports pour le développement,
00:24:58 c'était des emprises sur le terrain cultivé, c'est ce qui est vrai.
00:25:02 Donc je ne comprends pas leur logique, si tant est qu'il y en ait une logique.
00:25:09 Il y a des lois qui pourraient être renforcées pour la protection de l'environnement
00:25:13 et qui sont des garde-fous pour l'autre société, dans le développement,
00:25:17 qui peut-être ne sont pas assez appliquées dans bien des domaines.
00:25:21 C'est vrai, avec des sanctions et des contrôles, c'est vrai.
00:25:24 Enfin de là à détruire, parce que c'est ça qui me choque le plus,
00:25:29 c'est que l'on détruit, on ne propose rien en face comme système.
00:25:34 C'est incohérent, c'est incohérent comme attitude.
00:25:36 Allez, on va marquer une pause et on évoquera "Ne larmes ni pourrons rien changer",
00:25:43 c'est l'œil de nos confrères du Parisien, on évoquera Gene Birkin.
00:25:47 Vous poserez la question de savoir quelles sont vos chansons favorites, entre autres.
00:25:51 Et nous aurons deux invités et on ira également en Bretagne,
00:25:55 parce qu'elle avait ses habitudes, c'était son milieu nid douillet dans le Finistère,
00:25:59 du côté du parc de Prat-Arcum, les célèbres huîtres de Prat-Arcum.
00:26:03 On sera avec le boulanger avec lequel elle aimait beaucoup partager.
00:26:07 Ne quittez pas La Parle aux Français, nous sommes ensemble encore jusqu'à 15h.
00:26:13 A tout de suite.
00:26:14 [Musique]
00:26:20 Ex-femme de sixties, petite baby doll
00:26:26 Comme tu dansais bien le rock'n'roll
00:26:33 Ex-femme de sixties, où sont tes années folles ?
00:26:39 Que sont devenues toutes tes idoles ?
00:26:44 Et oui, l'ex-femme des sixties s'en est allée, on l'a appris hier en début d'après-midi.
00:26:49 Gene Birkin avait 76 ans.
00:26:51 On va en parler tout de suite, mais avec Eduardo et Anne Cipel,
00:26:56 porte-parole du territoire de Progrès, Jean Messia, président Institut Vivre Français,
00:27:00 et Michel Chevalet, journaliste scientifique, alors qu'on entend un bruit de berceuse sur le plateau.
00:27:05 J'espère que nos téléspectateurs ne l'entendent pas.
00:27:09 Les hommages sont nombreux.
00:27:12 On va avoir dans quelques instants deux invités, mais tout de suite, rappel des faits,
00:27:18 surtout et tous les hommages avec Mathilde Ibanez.
00:27:23 Jane Birkin était la plus française des Britanniques.
00:27:27 Elle s'est éteinte hier dans son appartement parisien.
00:27:30 L'annonce de son décès a provoqué de vives émotions.
00:27:33 Devant le domicile de son grand amour Serge Gainsbourg,
00:27:36 de nombreux Français ont tenu à venir sur place pour lui rendre hommage.
00:27:40 Oui, ça représente une partie de la France, une partie de l'histoire de France.
00:27:44 Donc, effectivement, on est très tristes d'apprendre cette nouvelle.
00:27:48 C'est un petit peu la mémoire de ce qui restait de Serge Gainsbourg.
00:27:53 C'est vraiment quelqu'un qui a percé tout le monde, ses idées, ses fantaisies,
00:27:59 son esprit de jeune fille, tout ça.
00:28:01 C'est vraiment quelque chose qui est... C'était une étoile qui a été éteinte.
00:28:04 Elle a participé à beaucoup d'associations.
00:28:06 Elle a été très engagée.
00:28:08 Puis, elle n'a jamais dénigré toute sa vie, tout ce qui s'est passé,
00:28:11 que ce soit sa vie avec Serge et tous ses enfants.
00:28:13 Une artiste complète qui a su gagner le cœur des Français.
00:28:17 Une histoire commune, c'est une mémoire commune.
00:28:19 C'est des émotions, c'est des événements de vie.
00:28:22 C'est vraiment quelqu'un qui va manquer à la France.
00:28:25 Et puis, en plus, une Anglaise aimée par les Français, c'est quand même important.
00:28:29 Jane incarnait précisément tout ce que j'aime,
00:28:33 c'est-à-dire l'Angleterre et la France mélangées.
00:28:36 Jane Birkin restera à tout jamais une icône française.
00:28:40 Chose promise, chose due.
00:28:42 On va retrouver nos deux invités dans La Parole en France.
00:28:44 Ça a été.
00:28:45 On va retrouver Jean-Pierre Pasqualini, directeur des programmes de la chaîne Melody.
00:28:49 Soyez le bienvenu, Jean-Pierre Pasqualini.
00:28:52 Et puis, Michel Isard, qui est boulanger à l'Anilis,
00:28:57 le petit refuge ou le grand refuge de Jane Birkin.
00:29:00 On va commencer avec vous, Jean-Pierre Pasqualini.
00:29:02 Merci d'être avec moi cet après-midi.
00:29:04 On était déjà ensemble hier dans cette page spéciale.
00:29:07 On a dit beaucoup, beaucoup de choses sur Jane Birkin.
00:29:11 Et on le voit, les hommages sont innombrables.
00:29:14 Jean-Pierre Pasqualini, vous n'êtes pas surpris et on n'est pas surpris, évidemment.
00:29:18 Non, non, bonjour à tous.
00:29:21 On n'est pas surpris parce que quelqu'un qui marque l'histoire de la chanson
00:29:26 plus du cinéma, plus du théâtre, et qui la marque pendant plus de 50 ans,
00:29:32 c'est quand même rare.
00:29:33 Et en plus, elle avait le génie d'avoir été de toutes les comédies populaires
00:29:41 et aussi de tous les films d'auteurs, de toutes les chansons poétiques
00:29:45 et de tous les succès du 8 Parade.
00:29:47 Elle était pleine de paradoxes qui lui ont donné une richesse de carrière incroyable.
00:29:53 Comment elle a fait pour être aussi populaire durant toutes ces années ?
00:29:58 En fait, c'était une icône de la mode.
00:30:01 Il y a le cinéma, vous l'évoquiez, il y a la chanson.
00:30:04 Et parfois, dans les carrières des artistes, il y a des hauts, il y a des bas.
00:30:08 Et elle est toujours restée au summum et toujours aussi populaire.
00:30:12 On le voit et on le mesure depuis l'annonce de sa disparition hier, Jean-Pierre.
00:30:16 Je crois que c'était parce qu'elle était très rock'n'roll, mais très élégante à la fois.
00:30:22 En général, quand on est rock'n'roll, qu'on se dénude un peu sur les photos,
00:30:26 ce qu'elle a beaucoup fait, en général, on est un peu décrié, on est un peu critiqué.
00:30:31 Et elle, jamais, parce qu'elle l'a toujours fait avec beaucoup d'élégance,
00:30:35 beaucoup d'humour, beaucoup d'intelligence.
00:30:37 Et malgré les textes de chansons où elle disait
00:30:41 "les autres filles ont des gros nichons, moi je suis aussi plate qu'un garçon",
00:30:44 elle a osé tout chanter en même temps qu'elle jouait avec Pierre Richard
00:30:48 dans "La Boutarde me montonnait".
00:30:50 Donc c'est vrai qu'elle allait de l'extrême droite, entre guillemets,
00:30:53 à l'extrême gauche de ce qu'on pouvait faire.
00:30:55 Et tout lui réussissait parce qu'elle était élégante,
00:30:59 parce qu'elle avait ce petit accent anglais,
00:31:01 qu'elle était british, qu'elle était arrivée avec le "swing in London",
00:31:04 qu'elle représentait les années 70, la libération de la femme.
00:31:09 Elle portait des jeans avec des t-shirts blancs
00:31:11 et toutes les filles de France ont porté des jeans avec des t-shirts blancs.
00:31:16 Elle a même fait la pub "Lee Cooper" à l'époque.
00:31:18 Elle avait été ambassadrice de Lee Cooper,
00:31:20 je fais un peu de pub, mais c'est vrai que c'était très drôle de la voir faire de la pub.
00:31:24 Elle a eu peur de rien en général, quand on faisait de la pub,
00:31:26 on disait "ouais mais c'est un peu cheap ça de faire de la pub".
00:31:29 Non, ben elle, rien ne l'a atteint,
00:31:31 elle est toujours restée, comme vous dites, sans traverser du désert,
00:31:34 comme ça, avec des albums symphoniques sur Gainsbourg,
00:31:38 alors qu'il n'était plus là depuis très longtemps,
00:31:40 tout en travaillant avec des jeunes.
00:31:43 Elle a travaillé avec Gaëtan Roussel de Louis Attac,
00:31:46 elle a travaillé avec M. Mathieu Chédine,
00:31:49 elle a travaillé aussi avec des gens un peu plus jeunes qu'elle,
00:31:52 comme Alain Souchon.
00:31:54 Je vous garde avec nous Jean-Pierre Pasquellini,
00:31:57 on va aller voir Michel Isard, qui est très triste,
00:32:00 qui est boulanger à l'Anilis.
00:32:02 Michel, merci d'avoir accepté de témoigner dans La Parole aux Français.
00:32:05 Vous la connaissiez bien, elle avait ses habitudes chez vous, Michel ?
00:32:09 Oui, en fait, quand elle était dans les adverses,
00:32:13 elle faisait son tour pour faire ses courses elle-même,
00:32:17 chez nous et ailleurs,
00:32:19 et elle prenait plaisir à venir boire un thé ou un café,
00:32:23 que ce soit au niveau du salon de thé ou en terrasse,
00:32:26 ou elle venait avec sa famille aussi.
00:32:28 En fait, elle était très relaxe quand elle était dans les abeilles,
00:32:33 elle venait un petit peu se réfugier dans notre joli coin de Bretagne,
00:32:37 et c'était toujours un plaisir de la voir,
00:32:39 elle était toujours rayonnante, souriante,
00:32:42 malgré les différents travers qu'elle a eu par rapport à sa maladie,
00:32:46 on ne l'a jamais entendu se plaindre,
00:32:48 et c'était vraiment un vrai rayon de soleil pour nous,
00:32:51 elle va fortement nous manquer.
00:32:53 Je suppose que c'est une immense tristesse,
00:32:55 comme partout en France,
00:32:56 mais particulièrement dans ce petit paradis,
00:33:00 que je connais bien d'ailleurs, de l'Anilis.
00:33:03 Oui, parce qu'on est perturbés par la violence de l'annonce,
00:33:08 ces personnes s'attendaient à ça,
00:33:10 on savait qu'elle n'était pas au mieux de sa forme,
00:33:12 elle avait annulé des concerts, etc.
00:33:14 Mais bon, de là à ce qu'elle disparaisse aussi rapidement,
00:33:17 pour nous c'est tragique,
00:33:19 d'autant plus qu'il était prévu qu'elle vienne en vacances cet été,
00:33:23 avec sa famille, comme elle le faisait tous les ans,
00:33:25 ses enfants, petits-enfants, etc.
00:33:27 Donc oui, pour nous c'est violent et douloureux,
00:33:31 on est tous attristés de ce décès-là, inattendu, bien évidemment.
00:33:36 Je vous garde avec nous, on poursuit la discussion avec mes invités.
00:33:40 Edouardo ?
00:33:41 Je suis triste, parce que j'aime beaucoup,
00:33:44 mais j'aime énormément Jeanne Birkin,
00:33:47 comme je crois de très nombreux Français,
00:33:49 si ce n'est pas tout le monde.
00:33:50 Tout le monde.
00:33:51 J'adore Serge Gainsbourg,
00:33:52 je pense qu'ils ont fait une musique qui est d'une beauté absolue,
00:33:56 qui est si neuve, et qui survit,
00:34:00 et qui est déjà pour moi une musique du futur,
00:34:05 qui n'aime pas "Je t'aime, moi non plus",
00:34:08 qui n'aime pas...
00:34:09 Tiens, j'ai écouté tout à l'heure, "Jane B",
00:34:12 voilà, une très belle chanson, parce que c'est elle.
00:34:14 Ce génie musical de Gainsbourg, 1969, année érotique,
00:34:19 et tout ce qu'elle a fait après,
00:34:21 je crois que c'était une immense artiste.
00:34:25 Elle est dans notre cœur, parce qu'elle fait de la grande musique,
00:34:28 et moi qui viens du Brésil,
00:34:29 moi j'ai toujours considéré cette école de Gainsbourg,
00:34:33 ce niveau de musiciens et d'artistes,
00:34:35 avec Jeanne Birkin,
00:34:37 à ce que se faisait au Brésil aussi dans les années 60 et 70,
00:34:40 avec Ayrton Véloz, Gilbert de Gilles, Chico Buarque,
00:34:44 c'était de ce niveau-là.
00:34:45 Ce sont de grands intellectuels, qui sont de grands artistes,
00:34:49 et pour dire comme on dit au Brésil,
00:34:52 on dit la MPB, la musique populaire brésilienne,
00:34:54 et moi j'ai envie de dire aujourd'hui,
00:34:56 Jeanne Birkin, c'est la musique populaire française,
00:34:58 la MPF, on peut la fonder,
00:34:59 ce qu'on appelle la variété,
00:35:01 et que moi je découvre beaucoup,
00:35:03 notamment avec Pasqualini, avec ces gens-là,
00:35:05 il y a une richesse dans ce pays,
00:35:07 et puis il y a quelque chose pour moi qui est plus singulier.
00:35:09 D'abord, en plus, c'est une Parisienne,
00:35:11 c'est une vraie Française,
00:35:12 dans la vide quartier de ce sixième arrondissement,
00:35:15 et où elle a habité, on voit sa simplicité,
00:35:18 et pour moi, elle me touche aussi,
00:35:20 parce qu'elle est aussi l'exemple de ce qu'est notre pays.
00:35:23 La France, elle fabrique des Français,
00:35:26 même quand ils viennent de l'extérieur.
00:35:30 Jane, elle venait d'Angleterre,
00:35:31 elle est arrivée ici,
00:35:33 elle devait avoir la vingtaine à la fin des années 60,
00:35:36 et elle est devenue l'une des artistes françaises,
00:35:38 elle est bien sûr franco-britannique,
00:35:40 mais elle est devenue une identité de la France.
00:35:42 Ça montre la capacité de notre pays à fabriquer des Français,
00:35:45 d'où qu'ils viennent,
00:35:46 et ça me touche un peu,
00:35:47 parce que c'est un petit peu aussi ma petite histoire,
00:35:49 à mon niveau personnel,
00:35:50 moi je suis arrivé en France,
00:35:51 la langue, je ne la parlais pas,
00:35:52 j'avais dix ans, j'étais peut-être pas leur chanteur,
00:35:54 mais il y en a d'autres,
00:35:55 Gainsbourg aussi, c'est une histoire,
00:35:56 donc moi je crois qu'elle représente tout ça,
00:35:58 une histoire profonde de la France,
00:36:00 et qui montre la force de ce pays,
00:36:01 qui est capable de créer des Français,
00:36:04 et d'accueillir des gens qui viennent de l'extérieur,
00:36:06 et qui deviennent des artistes nationaux.
00:36:08 - Jean Messiah, cette disparition de Jane Birkin,
00:36:10 ça vous touche aussi,
00:36:11 homme de culture que vous êtes.
00:36:12 - Évidemment, tout à fait,
00:36:13 alors je réagirai au propos d'Edouard Do tout à l'heure,
00:36:16 mais sur Jane Birkin elle-même,
00:36:18 je trouve que c'est une sorte de splendide paradoxe français,
00:36:21 en fait,
00:36:22 je veux dire par là que c'est une artiste française,
00:36:25 qui chante en français,
00:36:26 mais avec un très fort accent britannique.
00:36:28 - C'est la culture conservée.
00:36:29 - C'est en quelque sorte la plus britannique des stars françaises,
00:36:33 c'est déjà un peu paradoxal.
00:36:35 La deuxième chose, c'est que,
00:36:36 à travers une voix qui apparemment est fluette,
00:36:41 timide,
00:36:42 se dégage en fait une sorte d'arôme très corsé,
00:36:46 et très complexe,
00:36:47 à la fois de la mélodie,
00:36:50 et des paroles,
00:36:51 et écrites par Gainsbourg,
00:36:53 c'est ce qui ne gâche rien.
00:36:55 Voilà, c'est une forme en fait de puissance conquérante,
00:37:00 dans un corps qui apparemment est très fragile,
00:37:03 très frêle,
00:37:05 et très, comment dirais-je,
00:37:08 voilà, un peu,
00:37:10 oui, un peu faible, on va dire,
00:37:12 mais à travers cette faiblesse,
00:37:14 se dégage une force incroyable,
00:37:16 une force charismatique incroyable.
00:37:19 Donc ça, c'est le talent de l'artiste,
00:37:22 et évidemment, ce talent artistique ne saurait être compris
00:37:26 sans l'immensité de ce qu'était Serge Gainsbourg,
00:37:30 sur le plan de l'auteur-compositeur,
00:37:33 sur le plan musical également.
00:37:35 Donc ce cocktail, si vous voulez,
00:37:37 incarne aussi une France un peu révolue.
00:37:40 C'est un peu un morceau de cette France,
00:37:44 dans laquelle un certain nombre d'entre nous a eu la chance de vivre,
00:37:48 qui, avec Jane Birkin, s'éteint en quelque sorte.
00:37:51 Edouard Dorian-Sipel nous parlait de cette capacité de la France
00:37:55 à faire des Français.
00:37:57 En effet, la France des années 60,
00:37:59 la France des années 70,
00:38:01 était une France qui était encore la France,
00:38:04 qui avait un creuset identitaire et républicain extrêmement puissant.
00:38:08 Une époque où l'immigration était quand même assez homéopathique,
00:38:13 en tout cas l'immigration qui s'installait, qui devenait française,
00:38:16 et c'était la grande époque des Henri Verneuil, des Charles Aznavour,
00:38:19 de tous ces gens qui sont venus d'ailleurs,
00:38:23 mais qui devenaient d'ici parce qu'il y avait un contrat tacite
00:38:27 entre la France de l'époque et ses immigrés,
00:38:30 en leur disant "faites ce qu'il faut pour nous ressembler identitairement,
00:38:34 et une fois que vous nous aurez ressemblés identitairement,
00:38:37 vous serez traités exactement comme l'un des nôtres".
00:38:40 Je sais qu'Edouard Dorian-Sipel utilise cela
00:38:43 pour vendre son projet immigrationniste contemporain,
00:38:46 ce qui n'est évidemment pas exactement la même chose,
00:38:48 parce que la capacité de la France à fabriquer des Français,
00:38:52 ça fait très longtemps qu'elle s'est arrêtée,
00:38:54 au vu de ce qui vient de se passer en plus il y a quelques jours.
00:38:56 Je voudrais qu'on rende hommage à Jane Birkin,
00:39:00 je ne voudrais pas qu'on aille sur ce terrain-là.
00:39:02 Oui, parle de Melody Nelson.
00:39:04 Moi, quand j'ai découvert cet album, c'était quelque chose d'absolu.
00:39:08 La poésie, cette basse, donc vraiment,
00:39:12 et en plus Gainsbourg et même Birkin, quand elle va dans sa carrière seule,
00:39:17 elle a cette voix, elle a cette interprétation,
00:39:19 et ils ont tellement réussi que Charlotte Gainsbourg aussi
00:39:22 est une très grande musicienne que j'adore et apprécie des Français.
00:39:25 Et Lou aussi.
00:39:26 Et Lou, voilà, on est ici aussi.
00:39:27 J'aimerais avoir une petite réaction avant de retrouver nos deux invités,
00:39:30 Jean-Pierre Pasqualini et Michel Hizard.
00:39:32 Michel Chevalet, ça vous touche aussi ?
00:39:35 D'un côté, des passionnés,
00:39:37 bon, je n'ai pas eu le plaisir de la rencontrer,
00:39:40 mais enfin, vous êtes directeur des programmes d'une station de radio.
00:39:44 C'est une ingénieuse de Birkin qui vient se présenter, vous ne la connaissez pas.
00:39:48 Physiquement, ce n'était pas une grande beauté, si vous voulez,
00:39:52 elle a du charme, mais c'est tout.
00:39:53 Elle n'a pas de voix.
00:39:55 Alors...
00:39:56 Non, mais vous voyez, quand vous réfléchissez bien, il a raison.
00:40:01 Formidable réussite, pendant 50 ans.
00:40:04 Il y a débat là-dessus.
00:40:06 Mais au départ, c'était pas joué d'avance, c'est ça qui est étonnant.
00:40:12 Elle avait son accent anglais, c'est vrai qu'il y avait la mode de l'anglais,
00:40:16 parce qu'après les Beatles et autres, c'est vrai qu'on était dans ce contexte-là.
00:40:19 Enfin, à côté de ça, il y avait les Beco, les Hasdavour, les trucs, sur le marché.
00:40:23 Ce qui est étonnant, c'est qu'elle est arrivée à s'imposer progressivement
00:40:28 et à être adoptée par le public français.
00:40:32 Jean-Pierre Pasqualini, c'est vrai qu'on en a parlé hier,
00:40:36 Michel disait qu'elle n'avait pas de voix.
00:40:39 En fait, chaque artiste a sa voix.
00:40:42 Évidemment, c'est pas Céline Dion, mais en fait, c'était une grande interprète.
00:40:46 Et on a tendance à l'oublier parce que parfois, elle était sujette à critique,
00:40:50 mais c'était une grande interprète.
00:40:51 Elle faisait des grandes émissions de télévision dans les années 70, en direct.
00:40:56 On ne le répète pas assez, me semble-t-il,
00:40:59 mais c'était une artiste de grand talent, une grande interprète.
00:41:03 Oui, il ne faut pas confondre les chanteurs à voix,
00:41:07 ils peuvent souvent devenir des choristes parce qu'ils savent faire passer le son très juste.
00:41:12 Et puis, les interprètes font passer le sens des mots, plus que le son des mots.
00:41:18 Et le sens des mots, elle était une princesse pour le faire passer.
00:41:22 Elle avait beaucoup d'émotion en elle, beaucoup de sensibilité.
00:41:28 Et ce petit filet de voix devenait grandiose quand elle portait des jolis mots.
00:41:34 On va retrouver Michel Isard. Qu'est-ce qu'elle aimait chez vous ?
00:41:38 Qu'est-ce qu'elle aimait savourer ?
00:41:40 En fait, lorsqu'elle venait chez nous, moi je la connais non pas en tant que…
00:41:45 On la connaît bien sûr en tant qu'artiste, mais quand elle venait chez nous, c'était…
00:41:49 C'est cette image-là qui m'intéresse, évidemment.
00:41:51 C'est la question.
00:41:52 On la recevait comme une cliente. Elle ne demandait pas de passe-droit, bien évidemment.
00:41:57 Elle était d'une gentillesse extrême, d'une politesse extrême.
00:42:01 Elle venait faire ses courses, acheter son pain, notamment le pain des Haberges.
00:42:06 C'était du coin ici. Elle prenait aussi les Kouign-Amans qu'elle aimait bien manger en famille là-bas.
00:42:12 Avec Edouard Doré en Cipane, ce qui nous intéressait, c'est de savoir quelles étaient ses gourmandises, évidemment.
00:42:17 Les gourmandises, le pain des Haberges, classique, un grand classique de la maison.
00:42:23 Et puis les Kouign-Amans, spécialiste aussi. Spécialité vraiment bretonne s'il en est.
00:42:27 Elle avait une petite dent sucrée et gourmande.
00:42:32 Et après, en tant que personne, c'était juste extraordinaire de la côtoyer, si vous voulez.
00:42:37 Elle était vraiment toujours amenante, toujours extrêmement sensible, bien évidemment, comme on la connaît.
00:42:42 Très attentionnée aussi envers les autres.
00:42:45 Elle croisait nos clients ici, toujours le sourire, même si les gens lui disaient bonjour, etc.
00:42:51 Elle était respectée dans sa discrétion et je pense qu'elle se sentait bien en Bretagne et à l'Annelis.
00:43:00 Edouard Doré ?
00:43:03 Jane, c'est un style et je crois que c'est ça sa plus grande invention.
00:43:08 Il est certain qu'elle n'est pas la plus grande voix technique, puissante, telle qu'on peut attendre dans le monde de la musique.
00:43:16 Mais ce n'est pas le sujet.
00:43:18 Billie Holiday non plus n'avait pas la voix de Ella Fitzgerald, mais il y avait cette cassure dans la voix dont elle faisait quelque chose.
00:43:25 Il y a cette expression qu'on attribue souvent à Buffon, qui dit "la psuisse".
00:43:30 Ce n'était pas à Buffon, Buffon en l'occurrence.
00:43:33 On m'a quand même la discrétion, je n'ai pas relevé.
00:43:35 Mais Buffon, on attribue ce mot à Buffon. Le style, c'est l'homme.
00:43:37 Eh bien, moi, je dis le style, c'est la femme aussi.
00:43:40 Et Jane, elle a inventé un style unique, une identité à laquelle tout le monde est attaché et qu'on reconnaît dès la première note, dès le premier son de voix.
00:43:50 Et en plus, ça marche, ça plaît.
00:43:52 Et je suis certain que nos enfants continueront de l'écouter parce que voilà, c'est une histoire de France et peut-être même une histoire européenne.
00:44:00 Voilà, dans ce moment où l'Europe se cherche, on voit les ponts.
00:44:04 C'est une belle image.
00:44:05 Oui, je crois, je crois. Vous savez, il y a eu la guerre de Cententre avec nos amis britanniques.
00:44:10 Donc, vous voyez comment cette mer de la Manche, qui n'a pas toujours été une mer, j'ai appris ça aussi grâce à la science géologique.
00:44:17 Ça a mis longtemps avant de se constituer, de cette séparation par la mer.
00:44:21 Mais comme la Méditerranée, je pense que c'est davantage un pont qu'un mur de séparation.
00:44:25 Jean ?
00:44:26 Oui, je parlais tout à l'heure de ce paradoxe français.
00:44:29 Bon, c'est vrai que quand on regarde un petit peu l'environnement familial dans lequel Jane Birkin avait été élevée, sa mère était artiste, une artiste reconnue à l'époque.
00:44:39 Et son père était officier dans la Navy britannique.
00:44:42 Donc, on a vraiment les deux, comment dirais-je, les deux alternatives.
00:44:46 D'ailleurs, ce n'est pas un hasard si elle s'est installée en Bretagne aussi.
00:44:49 C'était par rapport à son apparition.
00:44:50 C'est pas loin de l'Angleterre.
00:44:52 La Bretagne, c'est déjà le but.
00:44:54 Il y a quelque chose qu'on oublie aussi, c'est que Jane Birkin a été quand même un porte-étendard à son corps défendant,
00:45:01 parce qu'elle ne le faisait pas de manière politique, mais de la liberté, de la liberté de la femme surtout.
00:45:06 Elle a quand même, pour l'époque, cassé un certain nombre de codes à l'époque où l'émancipation de la femme était une question très importante,
00:45:15 qui a ensuite abouti à des avancées majeures.
00:45:18 Donc, si vous voulez, quand on regarde l'icône féminine qu'a été Jane Birkin, c'est aussi, encore une fois, la marque d'une époque,
00:45:29 d'une époque de la liberté, d'une époque de l'émancipation.
00:45:33 Et je pense que sa trajectoire, en tout cas dans ce combat-là, devrait inspirer beaucoup de ses contemporaines.
00:45:42 Allez, on va devoir se quitter. Michel Isard, un dernier mot, juste un mot pour résumer Jane Birkin.
00:45:54 Par rapport à sa voix, lorsqu'elle venait au magasin, Jane Birkin avait une voix qui portait peu,
00:46:01 donc elle ne parlait pas très fort, ce qui impliquait obligatoirement de l'écouter.
00:46:05 Et ça, plus la profondeur de son regard et son sourire, c'est juste extraordinaire.
00:46:10 Vraiment, je garde d'excellents souvenirs, bien évidemment, et elle va nous manquer profondément.
00:46:15 Merci mille fois, Michel Isard. C'était un plaisir de vous avoir dans la parole aux Français.
00:46:21 Un dernier mot, Jean-Pierre Pasqualini ?
00:46:24 Oui, je vais dire que c'était peut-être une anti-star qui est en train de devenir une légende,
00:46:30 parce qu'elle était vraiment très humble, très sainte, elle a joué à la star,
00:46:36 et pourtant, oui, elle va devenir un mythe, une légende, aux côtés de Serge.
00:46:41 Merci mille fois, Jean-Pierre Pasqualini. Je rappelle que vous êtes directeur des programmes de la chaîne Melody,
00:46:47 et il y aura des émissions spéciales sur votre chaîne, je le rappelle.
00:46:50 On se quitte évidemment avec un morceau de Jane Birkin, et on se retrouve juste après.
00:46:54 Vous êtes d'accord ?
00:46:56 Moi, j'écoute.
00:46:57 On écoute.
00:46:58 Thomas, le roi qui m'assiste dans cette émission, je ne vous dis rien, on écoute.
00:47:03 *Musique*
00:47:26 Souhaitez-les bienvenue, vous êtes bien sur CNews, dernière heure pour la parole aux Français été.
00:47:32 On se retrouve dans quelques instants avec mes grands témoins, mais tout de suite, place à l'info, et l'info c'est Audrey Bertheau.
00:47:38 Bonjour Thierry. Accident, homicide ou encore enlèvement, les enquêteurs n'ont toujours aucune piste concernant le petit Émile.
00:47:45 Cela fait plus d'une semaine que le petit, de deux ans et demi, a disparu.
00:47:49 On va retrouver Stéphanie Rouquet en duplex du Vernet, la commune où a disparu le petit Émile.
00:47:56 Une enquête préliminaire, Stéphanie, doit être ouverte par le procureur de la République, de Dignes-les-Bains.
00:48:00 Oui, effectivement, après huit jours d'enquête en flagrance, le procureur de Dignes vient d'ouvrir une enquête préliminaire pour recherche des causes de disparition inquiétantes.
00:48:11 C'est une procédure classique, automatique, après huit jours.
00:48:15 Mais vous savez que, depuis jeudi dernier, les gendarmes et les militaires qui effectuaient les recherches sur le terrain,
00:48:21 ces gendarmes et militaires ont quitté le petit à mots.
00:48:24 Les recherches physiques sur le terrain sont terminées.
00:48:27 Mais sachez que l'enquête judiciaire, elle, bien sûr, elle se poursuit.
00:48:31 Et c'est un travail considérable qui va prendre beaucoup de temps, car les enquêteurs doivent analyser tous les prélèvements effectués sur le terrain.
00:48:40 On rappelle que 97 hectares ont été passés au peigne fin par les gendarmes et les militaires.
00:48:46 Les enquêteurs doivent également analyser et recouper toutes les auditions, car toutes les personnes qui étaient présentes au petit à mots,
00:48:55 samedi, le jour de la disparition du petit Emile, toutes ces personnes ont été entendues par des enquêteurs, que ce soit des voisins ou même tous les membres de la famille.
00:49:04 Sachez que des auditions, d'autres auditions ont également eu lieu ce week-end, mais pour l'heure, aucune piste, aucun indice.
00:49:12 Le procureur a rappelé qu'à ce stade, toutes les hypothèses sont encore ouvertes, aucune n'est privilégiée.
00:49:18 Merci beaucoup Stéphanie Rouky en duplex du Vernet.
00:49:23 Les répétitions commencent la cérémonie d'ouverture des JO.
00:49:27 C'est dans un an, une quarantaine de bateaux ont défilé ce matin sur la Seine, vous le voyez,
00:49:31 entre le pont d'Austerlitz et le pont de Vienna pour tester manœuvre, distance, durée et captation à vidéo.
00:49:37 Le président du comité d'organisation des jeux de Paris s'est exprimé à l'issue de cette répétition.
00:49:43 On est ravi effectivement de ce premier test technique et opérationnel sur la cérémonie d'ouverture.
00:49:49 C'était très important pour les équipes de Paris 2024. Ce test est très positif bien évidemment.
00:49:54 Il nous confirme la faisabilité technique de cette cérémonie.
00:49:58 On a testé différentes choses ce matin.
00:50:02 D'abord l'ensemble des bateaux qui vont participer à cette cérémonie avec un test qui s'appuyait sur 39 bateaux,
00:50:10 plus 18 bateaux connex, c'est-à-dire qui vont assurer à la fois la prise d'image,
00:50:16 mais aussi l'assistance technique et la sécurité.
00:50:19 On voulait s'assurer du bon déroulement, de la coordination des espacements des différents bateaux.
00:50:27 Et priorité au direct, on va tout de suite rejoindre Elisabeth Born qui est en Seine-et-Marne dans un centre de soins.
00:50:33 Avec le ministre de l'Intérieur Gérard Darmanin et le ministre de la Santé François Braune,
00:50:38 on a pu voir à quel point les équipes sont mobilisées et puis aussi tous les moyens qui sont mis en œuvre
00:50:43 pour permettre la rééducation et le soin aux victimes.
00:50:47 C'est essentiel d'avoir les meilleurs équipements, les innovations technologiques les plus récentes
00:50:53 pour accompagner au mieux les victimes d'accident.
00:50:56 C'est l'objet du Fonds de modernisation et d'investissement en santé qui est doté de 26 millions d'euros chaque année.
00:51:03 Et j'ai pu annoncer aux équipes du centre qu'elles bénéficieraient de près d'un million d'euros
00:51:08 pour acquérir des nouveaux équipements, notamment un dispositif EXO pour réapprendre la marche aux victimes d'accident
00:51:16 grâce à des exosquelettes.
00:51:18 C'est aussi l'objet du comité interministériel à la sécurité routière que je réunis cet après-midi
00:51:24 et qui sera l'occasion d'annoncer des nouvelles mesures, à la fois pour mieux accompagner les victimes et leurs familles,
00:51:31 pour améliorer la prévention et pour renforcer les sanctions,
00:51:35 notamment à l'égard des conducteurs qui conduisent sous l'emprise de stupéfiants
00:51:40 et qui peuvent provoquer des accidents et qui, à la fin, provoquent des situations très difficiles qu'on a pu voir ce matin.
00:51:48 Je voudrais dire que ce comité interministériel n'aurait pas pu se tenir,
00:51:52 ou en tout cas son contenu n'aurait pas été le même, sans la mobilisation de tous les acteurs de la sécurité routière
00:51:57 qui travaillent depuis des mois avec un objectif,
00:52:01 permettre à tous les Français de circuler en sécurité et en sérénité sur nos routes.
00:52:07 Je vous remercie.
00:52:08 La qualification "domicile routier" va être créée. Quand aura-t-elle l'application ?
00:52:13 Pourquoi n'est-elle pas accompagnée d'une aggravation, d'un alourdissement des peines déjà encourues ?
00:52:22 Dernière question sur l'homicide.
00:52:25 Je vais vous répondre sur vos questions.
00:52:27 J'entends les associations de victimes qui sont choquées qu'on parle d'homicide involontaire
00:52:36 quand on a notamment un conducteur qui a pu boire de l'alcool ou prendre des stupéfiants avant de prendre la route.
00:52:43 C'est en réponse à cette demande que l'homicide involontaire par conducteur va être requalifié en homicide routier.
00:52:52 C'est le dispositif et ça va supposer un changement législatif.
00:52:56 Il y a des propositions de loi, notamment de la majorité, sur ce sujet.
00:52:59 Je pense que ça pourra être voté très rapidement.
00:53:02 A Saint-Malo, la semaine dernière, un octogénat a créé un deuxième accident après avoir créé un quelques semaines auparavant sur la même route.
00:53:09 Que faut-il mettre en place pour éviter ce genre de situation ?
00:53:12 Je suis bien consciente de ces situations.
00:53:15 Le fait que ça peut choquer d'avoir une personne qui manifestement n'aurait pas dû reprendre le volant qui le fait.
00:53:23 On aura des mesures cet après-midi pour répondre à ces situations.
00:53:26 Madame Morne, vous avez un nouveau directeur de cabinet depuis aujourd'hui. Est-ce que vous restez à Matignon ?
00:53:32 J'ai un nouveau directeur de cabinet et je n'ai rien d'autre à ajouter.
00:53:36 Merci beaucoup.
00:53:38 C'était Elisabeth Borne en direct dans La Parole aux Français ET.
00:53:45 Avec moi toujours pour commenter l'actualité, Edouard Dauré, ancien porteparole de Progrès,
00:53:51 Michel Chevalet, journaliste scientifique CNews et Jean Messia, président Institut Vivre Français.
00:53:56 Ça tombe bien qu'on ait eu juste à l'instant Elisabeth Borne, puisque le sujet sur lequel j'aimerais que nous puissions entamer le débat,
00:54:04 c'est cette annonce de la création d'un nouveau délit, celui d'homicide routier dont vient de parler Elisabeth Borne,
00:54:11 qui doit remplacer le terme "domicile involontaire" pour qualifier les accidents mortels sur la route commis sous l'emprise de l'alcool
00:54:17 ou de stupéfiants rappels de l'histoire. Débat juste ensuite.
00:54:22 Et on aura deux invités pour étayer notre débat. On sera avec Michel Benezra, qui est avocat en droit routier.
00:54:28 Et on sera également avec Éric Moreno. On pourra justement lui poser la question,
00:54:33 puisque Éric Moreno a perdu sa fille qui a été tuée dans un accident de la circulation à Lyon.
00:54:38 Elle a été tuée effectivement par un chauffard et ça serait intéressant d'avoir son avis sur ce changement.
00:54:43 Changement ou pas changement. Mais d'abord on voit le sujet d'Emilie Gougach et on entame le débat juste après.
00:54:50 C'est une dénomination avant tout symbolique. Le nouveau délit d'homicide routier se substitue au délit d'homicide involontaire,
00:54:59 que les faits soient aggravés ou pas. L'appellation d'homicide volontaire scandalise depuis des années les associations de victimes.
00:55:07 Avec l'homicide routier, le conducteur en infraction sera considéré comme conscient du risque qu'il faisait courir aux autres.
00:55:15 Une réforme que cet avocat spécialiste du droit routier qualifie de coquille vide.
00:55:20 Ce n'est pas parce que l'on va débaptiser cette infraction d'homicide involontaire pour la renommer homicide routier
00:55:29 que ça va influer sur les comportements à risque et les comportements le plus souvent totalement inacceptables sur la route
00:55:37 et qui procèdent encore une fois d'acte volontaire.
00:55:40 La qualification d'homicide involontaire étant difficilement concevable dans le cadre d'accidents impliquant des conducteurs sous emprise d'alcool ou de drogue.
00:55:49 Bien évidemment cette mesure répond aux attentes des victimes.
00:55:54 Ce qu'attend la ligue contre la violence routière de la part de l'Etat, ce sont des mesures qui permettent d'améliorer la sécurité routière sur le territoire national.
00:56:04 D'après l'Observatoire national interministériel de la sécurité routière, plus de 3500 personnes sont décédées sur les routes en 2022.
00:56:12 Si la vitesse reste la première cause, l'alcool arrive en second facteur avec 23% et 13% pour les stupéfiants.
00:56:21 Avec nous pour entamer le débat, Michel Benezra, avocat en droit routier, soyez le bienvenu Michel.
00:56:29 On s'est parlé d'ailleurs ce week-end et Eric Moreno, je rappelle que vous avez perdu votre fille dans un accident de la circulation à Lyon, tué par un chauffard.
00:56:39 Je m'adresse à vous d'abord Eric Moreno évidemment.
00:56:42 Est-ce que vous avez le sentiment que ce que prévoit Elisabeth Borne va changer les choses ? Est-ce que ça va dans le bon sens selon vous ?
00:56:52 Bonjour à tous. Est-ce que ça va dans le bon sens ? Je dirais oui dans la mesure où on a un changement de qualification.
00:57:04 C'est vrai que le terme d'un volontaire est inacceptable pour les victimes et les familles de victimes.
00:57:12 Maintenant, tout dépend de ce qu'on va mettre derrière l'homicide routier.
00:57:17 Ce que je viens d'entendre de la part d'Elisabeth Borne, c'est qu'elle a parlé de renforcer les sanctions.
00:57:25 Maintenant, attendons de voir ce qu'il va y avoir derrière.
00:57:30 Le changement de qualification convient, maintenant il y a une sorte de mystère pour savoir quelles seront les mesures prises.
00:57:41 Si c'est juste le changement de qualification symbolique, ça n'a aucun sens.
00:57:47 C'est beaucoup de bruit, beaucoup de travail pour pas grand chose, mais j'ose pas imaginer qu'on en reste là.
00:57:55 On pourra peut-être dire plus de choses une fois qu'on va savoir ce qu'il va y avoir dans ce dossier-là.
00:58:02 Maintenant, nous avons, en termes d'association, un certain nombre de propositions à faire.
00:58:10 Des propositions que nous avons soumises à Gérald Darmanin, qui s'était déjà saisi de ce type de sujet en 2013,
00:58:19 puisqu'il était signataire d'une proposition de loi, la n°945, qui visait à aggraver les peines et les sanctions en matière de délinquance routière.
00:58:31 Je soulignerais une chose, c'est que moi je parlerais toujours de délinquance routière,
00:58:36 parce que je ne veux pas faire l'amalgame entre l'accident, même s'il y a de l'alcool, et la délinquance routière.
00:58:43 En ce qui me concerne, l'exemple et ce que j'ai vécu, on ne peut pas parler d'accident de la route
00:58:51 quand on voit que le conducteur totalisait absolument toutes les circonstances aggravantes prévues au code pénal.
00:59:00 Je vous garde avec nous, Eric Moreno. Michel Benezra, quel est un peu votre ressenti ? Est-ce que c'est un grand changement au final pour vous ?
00:59:15 Merci de me recevoir. Tout comme M. Moreno, je pense que si on change simplement le terme, on ne va pas aller loin.
00:59:25 En réalité, l'homicide routier vient substituer l'homicide involontaire par conducteur.
00:59:32 Et ça c'est très important, parce qu'il existe aussi l'homicide involontaire tout court.
00:59:36 C'est l'article 221-6, et on a créé en 2003 l'article 221-6-1, qui est spécialisé pour les accidents de la circulation,
00:59:46 et qui va créer l'homicide involontaire par conducteur déjà en 2003.
00:59:51 Donc cette infraction existe déjà. Après, si c'est juste pour changer le nom, on est dans un effet d'annonce politique clairement.
00:59:57 Il faut le savoir. Il y a une réponse politique à un événement médiatique.
01:00:03 C'est-à-dire qu'on voit de plus en plus de victimes. Mon cabinet défend bien évidemment aussi les victimes.
01:00:08 Il n'y a pas d'opposition à ça. Simplement, on est là pour donner un avis.
01:00:12 Et je ne pense pas, comme le pense M. Moreno, que la sanction va être aggravée. Pourquoi ?
01:00:17 Parce qu'aujourd'hui, l'homicide involontaire avec deux circonstances aggravantes, c'est 10 ans d'emprisonnement.
01:00:23 Et dès lors qu'on parle d'une sanction plus lourde, on parlera de réclusion criminelle.
01:00:28 Puisqu'au-delà de 10 ans, on parle de réclusion criminelle parce qu'on n'est plus sur un délit, on est sur un crime.
01:00:33 Et ce débat a déjà eu lieu de savoir si effectivement on devait passer en délit ou rester en délit.
01:00:41 Donc la vraie question, c'est de savoir si on va transformer l'infraction en un crime ou le laisser en simple délit.
01:00:48 Si on le laisse en simple délit et qu'on a changé simplement le nom, ça n'a aucun sens.
01:00:53 Puisqu'en pratique, il faut le savoir, les magistrats ne vont jamais sur ces peines aussi élevées de 10 ans d'emprisonnement.
01:00:59 Il aurait peut-être fallu donner des instructions aux magistrats pour aller peut-être plus loin lorsqu'il y a des circonstances aggravantes.
01:01:05 Lorsqu'on est sur un délinquant routier, comme le précise M. Moreno.
01:01:08 On poursuit le débat avec nos invités, mais je voudrais d'abord demander la réaction de Michel Chevalet, journaliste bien connu sur notre plateau.
01:01:16 Et vous-même, vous avez été touché dans votre famille. Quelle est votre réaction et votre regard par rapport à ce changement ?
01:01:23 Est-ce que ce n'est pas juste un effet d'annonce ? Parce qu'on le voit bien quand on écoute Éric Moreno, il faut que ça aille plus loin.
01:01:29 C'est vrai, c'est un pas en avant tout de même et surtout il faut penser qu'à ce moment-là, ils peuvent aller en assise, en correctionnelle.
01:01:39 Oui, ce qui n'est pas le cas actuellement. Dans le cas de mon fils, mon fils a été écrasé par l'absurdité d'un conducteur de poids lourd
01:01:50 entre deux camions sur l'autoroute alors qu'il y avait un ralentissement.
01:01:54 Donc il s'est lui arrêté normalement derrière un camion qui n'avait pas de barre entier encastrement.
01:01:59 Et l'autre qui dormait apparemment, il a dit "les freins n'ont pas marché", mais c'est pas au... L'expertise a prouvé que c'est une faute.
01:02:09 Il a tapé sa voiture, qu'il a poussé sous l'autre camion, les deux camions se sont encastrés, il est resté deux heures pour désencastrer,
01:02:16 c'est une horreur, le bilan, un mois et demi de coma, il est aveugle, hémiplégique, des problèmes urinaires, des problèmes de pensée, voilà.
01:02:26 Il vit, sa vie est foutue, sa vie familiale est foutue, sa vie professionnelle est foutue, sa femme avait demandé, je la comprends, le divorce, vous voyez.
01:02:37 Et au procès, c'est ça qui est terrible, et ça m'a choqué, j'en ai fait un livre, j'en ai fait une émission de télé.
01:02:45 Ce type-là n'a même pas eu un regard pour la coderie qu'il avait faite, c'est sa faute, il n'avait qu'à freiner, bon sang.
01:02:53 Pas un regard pour mon fils qui était là en fauteuil roulant, qui voulait assister à son procès.
01:02:57 Il a été condamné symboliquement, c'est ça qu'il faut comprendre, à trois mois de prison avec sursis, le type il en a rien à foutre.
01:03:05 Et il a eu un permis blanc, c'est-à-dire qu'il pouvait lui reconduire alors que mon fils, lui, ne peut plus, il a sa vie foutue en l'air.
01:03:15 Là, vous vous dites, attendez, la justice déconne complètement, c'est ça.
01:03:20 - Jean Messiaen.
01:03:24 - C'est vrai que, enfin, je suis un peu bouleversé par l'histoire que vient de raconter M. Chevalet, que je connaissais mais pas dans ces détails-là.
01:03:33 C'est vrai que là, on a l'impression que c'est un peu la montagne qui accouche d'une souris, si vous voulez.
01:03:40 C'est-à-dire qu'il y a toute une campagne politique sur, soit disant, une réforme de la sécurité routière.
01:03:47 Et on vous annonce un badigeonnage sémantique en conservant exactement la même réalité, mais en l'appelant autrement.
01:03:58 Je ne vais pas rentrer dans les détails du droit parce que, vous savez, le droit, il ne connaît que deux formes d'homicide, en tout cas le droit pénal.
01:04:05 L'homicide volontaire et l'homicide involontaire. Il n'y a pas d'autre catégorie que ces deux-là.
01:04:09 L'homicide involontaire étant un délit jugé en correctionnel, l'homicide volontaire est jugé aux assises. C'est un crime.
01:04:16 Donc voilà, je ne comprends pas trop, si vous voulez, ce gloubiboulga gouvernemental autour de cette notion.
01:04:24 Maintenant, c'est aussi une communication, je dirais, indépendamment de cette communication politique, il y a une communication psychologique derrière.
01:04:33 Et on l'a entendu dans la bouche de l'un de vos deux invités à l'instant.
01:04:37 C'est qu'effectivement, quand on a des réalités, des accidents causés par des gens qui volontairement boivent de l'alcool ou se droguent avant de prendre le volant.
01:04:48 Excusez-moi, ces gens-là savent ce qu'ils font. Ils savent que s'ils prennent le volant avec un taux d'alcoolémie moyen ou important,
01:04:58 s'ils prennent le volant après avoir fumé de l'herbe ou après s'être drogué, ils savent que la probabilité qu'ils occasionnent des accidents mortels est très élevée.
01:05:13 Donc ces gens-là savent, c'est pas comme si... C'est d'ailleurs pour ça que la loi considère que le fait d'avoir pris de l'alcool ou de la drogue, ce sont des circonstances aggravantes.
01:05:23 Vous comprenez ? Donc moi, je dis quelque chose. Je dis simplement qu'on appelle ça un homicide routier,
01:05:30 parce que pour la psychologie des familles, le mot homicide est évidemment beaucoup plus parlant que le mot involontaire.
01:05:36 Donc psychologiquement, c'est quand même plus audible.
01:05:39 Mais c'est ce que dit Eric Moreno. Il espère que ça ira plus loin.
01:05:43 Exactement. Maintenant, si vous voulez, si on pouvait déjà appliquer les lois existantes,
01:05:48 parce que votre avocat, votre invité, rappelait que les peines encourues allaient jusqu'à 10 ans, mais qui prend 10 ans ?
01:05:55 Personne ne prend 10 ans. Donc déjà, si vous voulez, si on commence, c'est toujours pareil que dans les autres domaines.
01:06:01 Plutôt que de faire de la mousse pour essayer de changer ici un mot, là une procédure,
01:06:07 commençons que d'y entre par appliquer la loi telle qu'elle existe.
01:06:10 Se prendre 10 ans de prison, ce n'est pas rien. Mais malheureusement, les juges, les magistrats ne l'appliquent jamais.
01:06:15 Donc ça repose, et je terminerai par là, la question des peines planchées.
01:06:19 On nous dit que c'est contre l'individualisation de la peine. Pas du tout.
01:06:22 On peut très bien avoir une peine planchée et décider de l'individualisation de la peine à partir de cette condition de peine planchée.
01:06:31 Ce n'est pas incompatible.
01:06:32 Edouardo, et ensuite on retrouve nos deux invités qui souhaitent réagir. Edouardo.
01:06:36 Quand j'entends les premières personnes concernées, les familles des victimes ou des victimes elles-mêmes,
01:06:42 et j'ai été touché par ce témoignage bouleversant de Michel Jovalet, bien entendu,
01:06:47 je crois que la priorité est de leur donner la parole et c'est à eux de dire si c'est satisfaisant ou pas.
01:06:53 Mais je pense que c'est important la reconnaissance même de langage, de changement de nom symbolique,
01:07:00 parce que c'est important de nommer les choses.
01:07:02 C'est vrai que la vraie différence, c'est de dire est-ce que c'est un délit ou est-ce que c'est un crime passible de la cour d'assises.
01:07:10 C'est un autre débat.
01:07:12 Moi, je pense que c'est important de changer les noms parce que les victimes, elles ont besoin de reconnaissance.
01:07:16 C'était une demande justement des associations.
01:07:18 On peut comprendre que la volonté de tuer, elle n'est pas présente quand on commet un accident de la route,
01:07:26 mais dire que c'est un homicide involontaire, ça peut être une blessure trop dure qu'on peut comprendre pour toutes victimes ou des familles des victimes.
01:07:34 En revanche, ce qui n'est pas involontaire, c'est une conduite à risque.
01:07:41 Quand vous consommez de l'alcool et quand vous consommez des stupéfiants, quand vous vous mettez en état de fragilité et que vous prenez le volant, ça, ce n'est pas involontaire.
01:07:51 Cette conduite à risque-là, elle est bien volontaire.
01:07:55 Je crois qu'il est important aussi que les tribunaux, c'est à eux de décider, c'est au juge de pouvoir donner de la dureté pour des sanctions.
01:08:04 Mais je pense que la société française, elle doit être sévère face à ceux qui prennent des risques pour la vie des autres.
01:08:12 On est dans une société où généralement, il y a un relâchement de l'autocontrôle des individus.
01:08:19 On voit combien de fois on vient ici pour parler de la montée, soi-disant, des violences.
01:08:23 Il y en a parce qu'il y a une baisse de l'autocontrôle des individus.
01:08:26 Il y a une espèce de surindividualisme, de surnarcissisme même, qui fait qu'on oublie qu'il y a la dimension de l'autre.
01:08:34 Et donc, quand on prend la route avec un comportement super infantile, très régressif, j'ai bu, j'ai pris des drogues, on l'a vu avec Pierre Palmade.
01:08:45 Qu'est-ce que c'est que ça ?
01:08:47 On doit être sévère face à des personnes qui ne veulent peut-être pas tuer, mais qui ont pris des risques et mis la vie des autres avec des conséquences très graves.
01:09:00 Donc, je crois que là-dessus, on doit avancer.
01:09:03 C'est comme, vous savez, un changement de nom, comme celui qui est apparu dans le débat et qui était très utile, féminicide.
01:09:09 Parce que ça permet aussi une prise de conscience.
01:09:12 Ça ne change pas tout de suite peut-être dans le texte de loi, mais ça change aussi dans la prise de conscience et dans l'application par les magistrats d'une peine peut-être plus dure, plus sévère.
01:09:24 Parce que c'est grave.
01:09:26 Et en plus, je vais vous dire, moi je ne suis pas très fan quand on mélange le latin et le grec.
01:09:30 Féminicide, c'est ça.
01:09:31 En plus, il y avait un mot qui existait purement grec, "uxoricide".
01:09:34 Mais peu importe, on ne va pas chipoter.
01:09:36 Les noms sont là pour désigner des choses, pour permettre des prises de conscience dans la société.
01:09:41 Et je crois que maintenant, c'est aux magistrats d'appliquer les choses.
01:09:45 Mais il peut, en revanche, dans la politique pénale, par les procureurs de la République, donc par le parquet, avoir une sévérité qui est réclamée pour ces conduites à risque.
01:09:55 Et je crois que c'est une bonne chose qu'on fasse ce pas vers l'homicide routier.
01:09:58 Éric Moreno, Michel Médesgras, on va marquer une pause et je souhaite vous redonner la parole juste après la pause publicitaire.
01:10:06 Vous êtes d'accord de rester avec nous ?
01:10:07 On poursuit le débat.
01:10:08 Il y a plein de choses à dire encore.
01:10:09 A tout de suite.
01:10:11 Soyez les bienvenus.
01:10:15 C'est la toute dernière ligne droite pour la parole aux Français été.
01:10:19 Nous sommes ensemble jusqu'à 15 heures.
01:10:21 On abordait tout à l'heure avec mes invités, Edouard Do, Orient Cipel, Michel Chevalet, Jean Messia, Echelleux et également Harold Iman, notre spécialiste des questions internationales qui nous a rejoints.
01:10:36 Je le disais, on abordait cette intervention d'Isabeth Born qui s'est exprimée en direct sur notre antenne avec ce changement puisqu'on parle de la création d'un nouveau délit.
01:10:46 On parle de sécurité routière, évidemment, homicide routier qui doit remplacer le terme d'homicide involontaire.
01:10:53 Et nous sommes avec nos deux invités, Michel Benezra, avocat André Routier et Eric Moreno, dont la fille a été, je le rappelle, tué au cours d'un accident de la circulation à Lyon, tué par un chauffard.
01:11:07 J'aimerais terminer cette thématique avec vous tous les deux, Eric Moreno et Michel Benezra.
01:11:14 Petite réaction, Eric Moreno, sur ce qui s'est dit sur ce plateau juste avant la pause publicitaire.
01:11:19 C'est un premier pas, mais évidemment, il faut que ce soit suivi d'effets derrière, sans quoi c'est uniquement un effet d'annonce.
01:11:28 Tout à l'heure, j'ai entendu qu'on avait pratiquement aujourd'hui tout ce qu'il faut.
01:11:34 C'est ce que nous avait répondu Nicole Belloubet à un moment où on avait fait poser la question à l'Assemblée.
01:11:41 Alors nous, on dit pourquoi ne pas appliquer tout ce qu'il faut si on l'applique convenablement ?
01:11:48 Mais vous avez bien souligné que les juges sont très loin des 10 ans encourus à partir du moment où on a deux circonstances aggravantes.
01:11:57 Alors on a posé la question à un président de tribunal et à un procureur.
01:12:05 Les deux nous ont répondu ensemble que les juges ne vont jamais au maximum des peines.
01:12:12 Alors on a du mal à entendre que quand vous totalisez l'ensemble des circonstances aggravantes prévues au cas de pénal,
01:12:20 qu'on perde du temps à chercher des circonstances atténuantes à un individu qui, par son comportement,
01:12:28 et je souligne bien qu'il s'agit bien du comportement, parce que tout à l'heure on parlait,
01:12:33 quand on prend le volant alcoolisé sous stupéfiants, qu'on n'a pas le permis de conduire,
01:12:38 qu'on roule comme un fou en plein centre-ville et à cela on va rajouter un délit de fuite,
01:12:45 je ne vois pas dans le comportement tout est volontaire.
01:12:51 Alors au sein de notre association, on a très vite compris il y a 7 ans que si on se positionnait entre l'homicide volontaire et l'homicide involontaire,
01:12:59 on nous a fait comprendre qu'on n'aboutirait pas.
01:13:03 Ce qui fait qu'on s'est positionné entre les deux, et l'homicide routier se positionne comme on l'avait proposé entre les deux,
01:13:10 mais maintenant il s'agit de savoir quelles peines seront appliquées,
01:13:15 et comme le disait Jean Messia tout à l'heure, c'est ce que nous demandons,
01:13:19 pourquoi ne pas réfléchir à des peines planchées peut-être en fonction du nombre de circonstances aggravantes,
01:13:26 au moins pour s'assurer que ces délinquants seront condamnés et feront de la prison,
01:13:32 parce que ce qu'il faut savoir c'est que même quand ils sont condamnés à 5 ans de prison,
01:13:37 par exemple, voire moins, 3 ans, 3 ans et demi,
01:13:41 si vous enlevez la part qui est en sursis et l'aménagement de peine,
01:13:47 les quelques mois en prison ne sont pas très importants,
01:13:52 et même quand ça va plus loin, en ce qui me concerne, le délinquant avait été condamné à 7 ans,
01:14:00 au bout de 32 mois il a demandé sa mise en liberté, donc il a été remis en liberté,
01:14:07 et je connais un autre cas où après 8 ans de condamnation, au bout de même pas 3 ans, il a été libéré,
01:14:16 donc la question se pose véritablement sur l'application des peines, le niveau des peines,
01:14:21 et nous ce qu'on demande quand on parle du comportement,
01:14:24 c'est qu'on puisse qualifier cet homicide routier,
01:14:27 une mise en danger caractérisée et délibérée de la vie d'autrui,
01:14:32 en listant toutes ces circonstances aggravantes.
01:14:36 Alors si vous voulez, je vais être plus précis, parce que j'ai écouté Michel Chevalet tout à l'heure,
01:14:45 et sur l'horreur de ce qu'il a vécu, je peux partager,
01:14:48 parce que ma fille est assassinée sur un trottoir, alors qu'elle parlait avec sa copine,
01:14:54 par un délinquant qui n'avait pas le permis de conduire,
01:14:57 qui roulait à 110 km/h en plein centre-ville de Lyon,
01:15:00 qui a grillé 4 feux rouges, qui était alcoolisé, sous-stupéfiant,
01:15:05 qui s'est enfui, la police qui a fait un travail exemplaire l'a interpellé au bout de 7 mois,
01:15:09 et au tribunal il a dit qu'il n'avait pas vu ma fille morte sur le trottoir,
01:15:13 alors qu'il était pieds nus quand il conduisait,
01:15:15 et il a marché dans son sang, puisque la police scientifique a relevé ses empreintes sur le trottoir,
01:15:22 et qu'il a laissé en s'enfuiant.
01:15:24 Alors c'est difficile, criminaliser ce type d'action, ça me paraît une évidence et du bon sens.
01:15:31 On comprend aisément Eric Moreno, merci, merci mille fois évidemment pour ce témoignage très fort,
01:15:39 qui nous touche tous évidemment, merci d'avoir accepté de témoigner,
01:15:43 c'est important que vous puissiez vous exprimer dans le cadre de la parole aux Français.
01:15:48 Merci mille fois, on continuera à suivre évidemment ce dossier,
01:15:51 on verra ce qui se passera avec ce changement de dénomination,
01:15:54 et si effectivement il y a des décisions qui sont prises.
01:15:57 Un dernier mot Michel Benezra sur le sujet, très court, je suis désolé,
01:16:02 parce qu'on a juste une demi-heure, c'est vrai qu'on aurait pu encore parler très longuement,
01:16:07 mais très très rapidement Michel Benezra.
01:16:09 Je vais faire très court, merci pour ce dernier mot,
01:16:11 nous disons tous la même chose sur ce plateau,
01:16:14 bien évidemment on ne peut pas aller à l'encontre de ces horreurs,
01:16:17 mais le juriste qui sommeille en moi me doit de rappeler les paroles d'un de vos invités
01:16:22 qui a dit qu'effectivement le droit ne connaît que l'homicide volontaire et l'homicide involontaire.
01:16:26 Je vais prendre un cas très simple pour vous expliquer la situation.
01:16:29 Imaginons que quelqu'un vienne chez moi et me fasse des travaux de réparation de mon balcon,
01:16:35 il va utiliser des vis qui ne sont pas adaptées, il le sait très bien,
01:16:38 mais pour un souci d'économie il va les utiliser.
01:16:40 Quelqu'un va se pencher sur mon balcon ultérieurement, le balcon va céder, la personne va décéder.
01:16:44 On sera sur un homicide involontaire.
01:16:47 Alors est-ce qu'il faut inventer un homicide pour défaut de fabrication ou malfaçon sur travaux ?
01:17:00 Le droit a cette particularité de pouvoir subvenir à n'importe quel type de situation
01:17:07 et à force de vouloir trop être précis, on va aller dans une multiplication des lois qui ne sera pas efficace.
01:17:14 Merci, merci mille fois Michel Benezra.
01:17:18 On aurait pu poursuivre le débat mais c'est vrai que le sujet est particulièrement concernant.
01:17:25 Je rappelle que vous êtes avocat en droit routier.
01:17:28 Il nous reste dix minutes pour aborder ce dôme de chaleur
01:17:33 et c'est la raison pour laquelle également vous êtes parmi nous mon cher Michel Chevalet
01:17:38 et Harold Lehman aussi, on abordera ce petit problème politique.
01:17:42 Un dôme de chaleur frappe l'ensemble de l'hémisphère Nord.
01:17:45 Du Japon aux États-Unis en passant par l'Europe,
01:17:47 de nombreux pays sont confrontés à des températures dingues, extrêmes ces derniers jours.
01:17:51 Quelques chiffres, dans l'Ouest américain il a fait 46 degrés à Phoenix, ce week-end 47 degrés à Las Vegas
01:17:56 et en Espagne on atteint des pointes à 42 degrés.
01:18:00 Michel Chevalet, que se passe-t-il sur notre bonne vieille terre ?
01:18:04 Alors la terre continue de tourner rond.
01:18:07 C'est une première information.
01:18:10 Oui, non mais ça tourne rond, la machine atmosphérique fonctionne bien,
01:18:13 sauf qu'il y a deux paramètres qui interviennent.
01:18:17 Le premier avec le gaz carbonique, etc., augmentation de la température générale.
01:18:22 Le deuxième, modification de la circulation à la fois océanique et de l'air.
01:18:30 C'est-à-dire que les pics de chaleur on en a connu, on en a connu quand on était môme,
01:18:35 sauf que là, à cause du réchauffement, ils sont plus importants et ils sont plus longs.
01:18:40 C'est-à-dire au lieu de durer, bouffer de chaleur pendant 3-4 jours, on transpirait quand on était môme,
01:18:45 là ça dure une semaine, ça peut durer un mois.
01:18:48 Voilà, c'est pour vous situer les choses.
01:18:50 Ce qui se passe, rapidement dit, c'est le courant de jet.
01:18:54 Vous savez, c'est des courants qui ont entre 100 et 300 km/h, il y en a 4,
01:18:59 2 dans le nord, 2 dans le sud.
01:19:01 Le courant de jet qui nous intéresse, c'est le courant de jet polaire
01:19:03 qui sépare l'air froid du pôle nord de la zone tempérée.
01:19:07 Ces courants de jet sont tendus, ils font la limite entre les deux.
01:19:11 Là, parce que l'écart de température entre les zones tempérées et le pôle nord
01:19:17 diminue à cause du réchauffement, il fait chaud au pôle nord, il fait chaud au Canada.
01:19:21 Il faut l'oublier, il y a 30 degrés actuellement au Canada.
01:19:24 Le courant de jet est plus mou, il oscille, il fait des grandes courbes.
01:19:28 Et c'est à ce moment-là que ça permet les remontées qui existaient.
01:19:33 Rien n'existait sur le globe, sauf qu'il ne pouvait pas remonter.
01:19:37 Mais là, il remonte.
01:19:39 Et nous, on est au moment où il ne faut pas, c'est-à-dire sur le parcours de l'air chaud.
01:19:45 - Oui, mais vous voyez Michel...
01:19:47 - Voilà le mécanisme qui s'enclenche et qui n'est pas prêt de s'arrêter.
01:19:50 - Qui fasse chaud en été, ça n'a surprend personne.
01:19:53 Mais en revanche, là, on a quand même des températures qui sont très inquiétantes.
01:19:57 - Pour deux raisons que je vous ai dit.
01:20:00 La première, c'est que l'effet réchauffement joue pour l'amplification.
01:20:05 C'est-à-dire qu'on gagne 2, 3 ou 4 degrés par rapport au pic de chaleur
01:20:09 qu'on a connu quand on était mou.
01:20:11 - Oui, 30 c'est supportable, 35 c'est limite, 40 ça ne l'est pas.
01:20:16 - La question que tout le monde se pose, faut-il être inquiet là ?
01:20:18 - Comment ? - Faut-il être inquiet ?
01:20:19 - Oui, mais bien sûr, parce que maintenant, vous disent, pas moi, mais les spécialistes vous disent,
01:20:26 on est parti dans un cycle infernal et on ne voit pas ce qui peut l'arrêter.
01:20:32 C'est ça le problème.
01:20:33 - Edouardo, moyen en six pelles.
01:20:36 - Oui, il faut être préoccupé.
01:20:38 Le réchauffement climatique est une réalité scientifiquement établie
01:20:44 et la pratique de l'homme depuis l'industrialisation du monde aggrave le réchauffement climatique.
01:20:52 Autrement dit, il faut passer à l'action et c'est difficile,
01:20:56 parce qu'il y a beaucoup de forces conservatrices, des forces d'inertie.
01:21:00 Préoccupé, mais je crois qu'il y a deux choses.
01:21:03 D'abord, il y a des mesures d'urgence pour les températures qui sont là.
01:21:07 On ne va pas faire de la prospective.
01:21:09 À un moment donné, il faut s'occuper de la réalité telle qu'elle est.
01:21:11 Les personnes âgées, les personnes vulnérables, les enfants.
01:21:14 Donc, il y a un plan canicule qui a été établi par le gouvernement.
01:21:17 J'invite chacun à se renseigner, à faire attention et à respecter les consignes pour se protéger.
01:21:22 On a déjà connu la canicule de 2003.
01:21:24 Il n'y avait pas cette prise de conscience.
01:21:26 On a eu plus d'une dizaine de milliers de morts chez les personnes âgées.
01:21:30 C'était effroyable et insupportable à le constater.
01:21:35 Donc, on a fait des efforts depuis pour ne plus se retrouver dans cette situation.
01:21:38 Pour le reste, je crois, je le disais tout à l'heure, si on veut répondre aux causes et aux défis écologiques,
01:21:44 on doit laisser de côté et la pensée magique et le messianisme.
01:21:50 C'est-à-dire qu'il n'y a pas de coup de baguette magique.
01:21:52 Il faut préparer nos sociétés.
01:21:53 Il faut rafraîchir l'atmosphère.
01:21:56 On sait le faire.
01:21:57 Il faut reconstruire des forêts, des zones vertes, des arbres, végétaliser le monde.
01:22:02 Il faut refaire de ce monde un jardin.
01:22:04 Et face au réchauffement climatique, il faut une grande politique de transformation en France comme en Europe,
01:22:11 mais faisons déjà en France et en Europe pour notre part, de déchauffement climatique.
01:22:16 On peut faire.
01:22:17 Donc, préoccupation est de nous amener à la lucidité et donc à des décisions et à l'action.
01:22:23 Jean Messiaen et Harold Liman.
01:22:25 Le problème, c'est qu'effectivement, le réchauffement climatique est une réalité attestée,
01:22:30 bien que la participation de l'homme à ce réchauffement soit encore discutée,
01:22:35 mais la réalité, c'est que, effectivement, notre planète se réchauffe.
01:22:39 Le problème, c'est que la conscience...
01:22:41 C'est ça la problématique.
01:22:42 La conscience...
01:22:43 Ce que Michel le dit, ça ne va pas s'arranger.
01:22:45 Juste un mot, je n'ai pas envie de vous interrompre.
01:22:47 Vous avez parlé une heure.
01:22:48 Les scientifiques du GIEC, c'est bien l'homme.
01:22:50 La conscience...
01:22:51 Ne parlez pas en même temps, s'il vous plaît, parce que pour noter, les spectateurs, ce n'est pas qu'on veut en finir.
01:22:55 La conscience...
01:22:56 La responsabilité est établie scientifiquement.
01:22:58 Je me permets de le dire, parce que ça, c'est important.
01:23:00 La conscience de ce réchauffement climatique n'est pas unanimement partagée à travers la planète,
01:23:06 parce que, par exemple, je prenais en exergue à cette émission l'exemple de la Chine et de l'Inde,
01:23:10 et même, dans une moindre mesure, des États-Unis.
01:23:13 Ce sont des pays qui sont les plus gros contributeurs, encore une fois, au réchauffement climatique.
01:23:18 Donc, on peut bien culpabiliser les Français qui sont déjà vertueux en matière écologique,
01:23:25 puisque la France contribue pour moins d'un pour cent à l'émission de gaz à effet de serre.
01:23:30 On peut toujours forcer, si vous voulez, les Français à adopter des petits gestes du quotidien de plus en plus sacrificiels,
01:23:38 mais le problème, c'est qu'on laisse de côté les grosses contributions à ce réchauffement.
01:23:44 Donc, moi, je ne veux pas, si vous voulez, que la problématique du réchauffement climatique tombe dans l'escarcelle
01:23:51 de ceux qui cherchent à culpabiliser la France et les Français par tous les moyens et deviennent un nouveau vecteur
01:23:57 pour assommer les Français de nouvelles règles.
01:24:01 Je précise qu'on ne luttera contre le réchauffement climatique qu'à partir du moment où on prendra des mesures macroéconomiques,
01:24:08 parce que la cause du réchauffement climatique, elle ne se trouve pas dans l'écologie, elle se trouve dans l'économie.
01:24:14 C'est le modèle économique mondial de libre concurrence, de partage du travail et effectivement de la production
01:24:24 à des milliers de kilomètres des bassins de consommation avec toute la pollution qui en découle.
01:24:29 C'est ça la principale cause du réchauffement climatique.
01:24:33 Donc, arrêtez d'emmerder les Français avec des gestes qu'ils ont déjà réalisés.
01:24:37 On est déjà très en pointe et très en avance sur cette question.
01:24:40 Il serait temps d'aller exporter cette excellente idée de lutte contre le réchauffement climatique dans d'autres contrées qui, elles, sont responsables.
01:24:46 On arrive au terme de l'émission. J'aimerais écouter sur les enjeux politiques avec Harold Eman et les conséquences avec cette canicule et ces chaleurs annoncées.
01:24:53 Désolé, mais il faut que tout le monde parle.
01:24:55 Sur le plan international, il y a une certaine inertie des gouvernements.
01:25:00 Alors, voyons, l'Espagne est en pleine période électorale.
01:25:04 Dans la presse espagnole, c'est traité juste comme une crise de la météo.
01:25:08 En Italie, ils ont une crise migratoire avec la Tunisie.
01:25:11 Ça, ça occupe les grands titres.
01:25:14 En Grèce, ils ont peur de perdre du tourisme parce que déjà, ils en ont perdu plusieurs fois avec des canicules.
01:25:19 Et aux États-Unis et au Canada, c'est tellement décentralisé qu'on n'arrive pas vraiment à voir une crise nationale.
01:25:25 Quand il y avait les feux au Canada, la presse montréalaise, elle disait essentiellement « comment garder vos enfants à l'abri » et des choses comme ça.
01:25:33 Personne ne s'est dit qu'il faut une agence fédérale pour gérer les incendies.
01:25:38 Et aux États-Unis, qui crament à Death Valley, ça n'est pas vraiment... ça n'émeut guère New York.
01:25:45 Donc, s'il vous plaît, il y a un manque de connexion mentale dans tous ces pays pour mettre ça en première place comme sujet.
01:25:53 Ce qui est terrible, c'est le constat effectivement que l'on peut faire avec Michel Chevalet.
01:25:58 Et évidemment, vous aviez raison, il est urgent d'agir.
01:26:01 Deux mots.
01:26:02 Constater, c'est bien, mais en fin de compte, quand je vois les températures que je viens de donner, c'est juste affolant.
01:26:08 Vous avez raison, mais si on sort un petit peu du cirque politico-médiatique, dont certains dirigeants politiques sont des contributeurs majeurs.
01:26:19 D'abord, il faut se méfier des mauvaises analyses.
01:26:21 La Chine, certes, a une activité industrielle et économique qui peut polluer, mais ce sont l'un des premiers investisseurs pour la transition écologique.
01:26:32 Ils sont en train d'investir massivement parce qu'ils ont bien pris conscience, les dirigeants du pouvoir chinois,
01:26:39 ont bien pris conscience qu'il fallait protéger leur population contre ça.
01:26:42 Donc, ils sont très en avance avec des villes écologiques du futur, etc.
01:26:47 Attention, ils investissent massivement dans la transition écologique.
01:26:52 De la même façon pour les États-Unis d'Amérique.
01:26:54 Quand on regarde du côté de la Californie ce qui se fait, c'est fondamental, même s'ils ne sont pas toujours exemplaires.
01:26:59 Dernier point, c'est à Paris, sous François Hollande, que la conférence sur le climat de Paris a permis d'avoir des avancées énormes.
01:27:07 Trump, aux États-Unis, a arrêté le processus grâce à la victoire de Biden.
01:27:13 Les États-Unis, on est revenus, on a repris le dialogue, on est loin du compte.
01:27:17 Enfin, je rappelle que le président Macron a été élu sur la planification énergétique et la planification écologique.
01:27:24 Et c'est bien de ça dont nous avons besoin, planifier la transformation écologique de la société, aussi bien en France qu'en Europe.
01:27:30 Si on est capable de se concentrer sur la France et sur l'Europe, et notamment sur le changement de structure énergétique du continent européen
01:27:37 pour être indépendant et propre dans les décennies qui viennent, on aura fait un très grand pas pour le climat.
01:27:43 Travaillons, soyons adeptes.
01:27:45 Il est urgent d'agir, c'est le moins qu'on puisse dire.
01:27:46 C'est ça, mais affrontons les sujets du futur sans faire les enfants.
01:27:49 On aurait pu en parler encore beaucoup, beaucoup, beaucoup, mais on aura l'occasion d'en parler.
01:27:55 Il y en a pour quelques décennies à mon avis.
01:27:57 Hélas, mais il est urgent d'agir.
01:27:59 Merci à vous, merci Edouard Dorian-Sipel, merci Michel Chevalet,
01:28:05 notamment pour votre témoignage très émouvant qui nous a tous touchés.
01:28:08 Merci Jean-Messia, merci Harold Imad, je voudrais remercier également Thomas Leroy
01:28:15 qui m'a assisté largement au combien pour préparer cette parole aux Français made-été.
01:28:21 Merci de la promotion, Jacques Sanchez, Emmanuel Le Monnier, Marine Carbellet.
01:28:25 Dans quelques instants, ça sera 120 minutes info avec l'ami Michael Dorian.
01:28:30 Et moi, je vous donne rendez-vous demain à 11 heures très précisément pour évidemment
01:28:34 Midi News. Passez une très belle journée sur C11.
01:28:39 Et merci de votre fidélité.
01:28:41 [Musique]