• l’année dernière
La VF de Brad Pitt, c’est lui ! (mais pas que). Il est aussi la voix française de Keanu Reeves, Ben Affleck ou encore de Billy Butcher dans The Boys Jean-Pierre Michaël revient sur sa carrière de comédien spécialisé dans le doublage.
Transcription
00:00 Morpheus, je ne suis pas l'élu.
00:01 Bonjour, je m'appelle Jean-Pierre Michael, je suis comédien.
00:04 Et j'ai la chance, entre autres, de doubler Brad Pitt, Ben Affleck, Judd Law,
00:07 Ethan Hawke, Michael Fassbender et d'autres.
00:09 Brad Pitt, c'était pas la star que c'est aujourd'hui,
00:14 mais il était quand même déjà dans la catégorie des jeunes qui montent très, très fort.
00:17 Il était avec Johnny Depp, il était avec DiCaprio, Tom Cruise, etc.
00:22 Enfin, c'est vraiment cette génération là.
00:24 Et il avait un...
00:26 Moi, quelque chose que j'aime beaucoup chez lui,
00:27 c'est une sorte d'élégance mystérieuse, un petit peu, pour le coup de star, quoi.
00:32 Quelque chose d'étonnant et où on prend plaisir à le voir.
00:36 On se fout de ce qu'il joue.
00:37 Il y a toujours quelque chose d'agréable dans ce qu'il fait, dans la finesse de son jeu.
00:41 Ce que j'ai appris à découvrir au fur et à mesure en le doublant.
00:44 Mais à l'époque déjà, en tant que spectateur, j'aimais beaucoup ce comédien.
00:47 Il a eu plusieurs voix avant moi.
00:50 Il en a eu même encore une fois que j'ai commencé, différentes.
00:53 Et puis, au fur et à mesure,
00:55 en fait, c'est le public qui fait ça et les retours que les gens, j'imagine, ont
01:01 en voyant le film, en disant "bah oui, ça colle vraiment, quoi.
01:04 Pourquoi est-ce qu'on va chercher ailleurs ? Donc, on va lui demander."
01:06 Et puis, à force de demander à la même personne, les gens le voient de plus en plus.
01:10 Et je crois qu'au bout d'un moment, ça s'inscrit inconsciemment dans l'esprit des gens.
01:15 Et qu'aujourd'hui, c'est vrai, si tu fais un film avec Brad Pitt avec une autre voix,
01:20 il y a un truc qui ne fonctionne plus.
01:22 On n'a plus cette référence inconsciente de voir le comédien qu'on aime ou qu'on
01:27 avait l'habitude de voir et ça devient gênant.
01:30 Retourne auprès de ta famille, Tom.
01:32 Ne bouge pas !
01:33 J'ai eu la chance de le doubler sur ce premier film et la deuxième chance de le faire avec
01:39 Richard Arbois, qui lui, doublait Harrison Ford, que j'admirais sans le connaître,
01:42 puisque je débarquais presque et que j'ai rencontré donc à cette occasion-là.
01:46 Et ça a été aussi un plaisir dingue de travailler avec lui pendant toute une semaine
01:51 sur ce film.
01:52 Alors Fight Club, c'était au tout début, c'était justement 3-4 films après que
01:58 j'ai commencé à le faire et j'ai fait la bande-annonce.
02:01 Je veux que tu me frappes aussi fort que tu peux.
02:03 Pourquoi ?
02:04 Comment est-ce que tu peux te connaître si tu t'es jamais battu ?
02:06 Et je ne sais pas pourquoi je n'ai pas fait la suite, comme pour Le Mexicain.
02:09 Donc j'imagine que le client devait se dire "Waouh, non, moi je n'aime pas en vie,
02:12 mais bon, les gens le connaissent déjà un petit peu donc je vais mettre ça dans la
02:14 bande-annonce mais je ne l'enlève pas après".
02:16 Bon écoute, j'ai eu le bloc sur toi, d'accord ?
02:18 Et puis un grand lire comme ça, avec tout plein de conservateurs qu'on enlève les
02:21 os dessus et avec du pied de poule pareil.
02:23 Alors ce n'est pas un des plus difficiles, parce qu'il n'y a pas de choses difficiles,
02:27 mais c'était un des plus surprenants et un des plus étonnants puisque Snatch, en effet,
02:32 il prend un accent et en plus, si vous l'écoutez bien en VO, il y a beaucoup de choses qu'on
02:36 ne comprend absolument pas dans ce qu'il dit parce qu'il bouffe les mots.
02:38 Et donc l'auteur qui devait écrire le texte en français, pareil, lui-même était complètement
02:43 perdu avec ça.
02:44 Donc il s'est retrouvé avec un truc où il ne pouvait pas m'écrire n'importe quoi.
02:48 Donc la seule chose qu'il a trouvé à ce moment-là, c'est de me mettre sur l'arithmo
02:52 une barre noire, genre "Allez à toi d'improviser" et un petit mot dès qu'il en entendait,
02:58 un "caravane", "mater", "chiant".
03:01 Et pendant que Daisy se douchait, le taxi attendait devant une boutique que la dame aille prendre
03:05 un paquet qui n'avait pas encore été enveloppé parce que la jeune fille qui était censée
03:09 l'envelopper avait rompu avec son petit ami la nuit précédente.
03:12 J'avoue que Benjamin Button, c'est un de mes plus beaux souvenirs de travail, ne serait-ce
03:18 que parce que dans l'expression qu'il a, au moins 50% du film est en voix off.
03:24 Et donc il y a tout ce travail que j'ai dû faire et qu'on a fait avec le directeur artistique
03:29 là-dessus sur cette émotion-là qui vraiment, pour le coup, que donne la voix et qu'apporte
03:35 la voix à la narration.
03:37 Donc ça, c'était un des très beaux souvenirs.
03:38 C'est un des films de lui que je préfère.
03:40 Josh, à gauche.
03:42 Tu commences sur ta gauche.
03:44 Shane, carte.
03:45 C'est pas du blackjack.
03:47 Le con.
03:48 C'est à combien de cartes ? Tu les changeras pas en les regardant.
03:51 Dans tous ses films, il y a toujours deux ou trois séquences où il a toujours un truc.
03:59 Je ne sais pas pourquoi.
04:00 À mon avis, c'est une façon pour lui de composer quand il n'est pas trop à l'aise
04:04 ou quand il ne sait pas trop quoi faire d'une scène ou quand il lui manque des trucs dedans
04:07 dans l'écriture et tout.
04:08 Il trouve cette petite béquille qui lui permet d'amener quelque chose de différent sur
04:13 ce film.
04:14 C'était le film avec Pacino, L'associé du diable.
04:16 Mieux vaut régner en enfer qu'être esclave au paradis, c'est ça ?
04:19 Pourquoi pas ?
04:20 Pareil, il avait déjà commencé avec une carrière importante.
04:24 Il avait déjà fait les Speed, etc.
04:25 Et il voulait faire absolument ce film, L'associé du diable.
04:29 Et il voulait absolument être avec Pacino.
04:31 Et donc, Pacino était cher.
04:33 Et donc, les mecs avaient du mal.
04:35 Il a dit je donne une partie de mon cachet, mais vous allez prendre Pacino et je vais
04:40 travailler avec lui.
04:41 Il avait énormément de texte.
04:43 Donc, c'était, je me souviens, des grosses journées.
04:46 Mais c'était passionnant à faire en plus.
04:48 Déjà parce que le film était super.
04:49 J'ai vraiment beaucoup aimé ce scénario et l'expérience était belle.
04:54 Et ensuite, ça se fait sur un film.
04:57 On me rappelle pour un autre.
04:58 Et puis ça s'enchaîne.
04:59 C'est pas un bon comédien dans le sens où il n'a pas la finesse de Brad Pitt.
05:03 Il ne va pas moduler, chercher des choses et tout.
05:05 Mais il a une forme de présence, de charisme qui va très bien à John Wick, par exemple,
05:11 et tout ça, un peu monolithique comme ça.
05:13 Les pistolets.
05:14 Qui lui permet de pallier son côté pas terrible ou pas habile par juste un charisme, un rayonnement
05:29 naturel qui lui permet d'être là où il est aujourd'hui.
05:32 Matrix, alors non seulement le scénario est difficile.
05:39 Quand on a que des bouts, tu ne comprends pas tout.
05:42 Mais alors en plus, quand le film n'est pas prêt, tu comprends encore moins.
05:45 C'est à dire que la moitié du film, il y avait encore les fonds verts, les effets
05:48 spéciaux pas terminés sur les visages, sur les trucs, les changements.
05:52 Je me souviens, il y a un moment, tu sais, il est interrogé par Mr.
05:55 Smith là et tout d'un coup, il y a sa bouche qui se ferme et là, des trucs.
06:00 Et là, il ne s'était pas fait.
06:01 Donc, c'était juste lui en train de faire.
06:04 Et tu dis, oh, pourquoi ?
06:05 Les scènes d'action, la façon dont ils étaient filmés était tellement différente
06:17 de ce qu'on voyait à cette époque là, qui était plus dans le justement dans le
06:20 blockbuster de Speed, de l'Âge de Cristal, ce genre de film de cette époque là.
06:26 Il était tellement plus raffiné dans les combats, dans l'image, la couleur de l'image.
06:31 Parce qu'à l'époque, sur le premier, on avait encore un petit peu d'images qu'on
06:35 pouvait voir parce que sur la suite, je n'ai rien vu des films.
06:37 J'avais juste les bouches qui s'ouvraient au moment où ils parlaient tellement ils
06:40 avaient peur du piratage.
06:41 Sur ce film là, l'histoire, les mises en question en abîme des choses.
06:45 Au bout d'un moment, quand on joue le film, on commence à comprendre tout ce qui se
06:48 passe et tout ce qui se raconte.
06:49 Et donc, ça, c'était super intéressant.
06:51 J'en veux un pour la journée et un pour la soirée.
06:53 Quel style italien ?
06:55 Le style de John Wick, c'est la renaissance de Kino.
06:57 Ce mec était tombé.
06:58 Il a fait en effet quelques films, contrairement à Brad Pitt.
07:01 Là, pour le coup, on ne sait pas trop dans quel choix il allait, ce qu'il cherchait
07:04 à faire et qu'il s'est laissé un petit peu faire, à mon avis, un petit peu plus
07:07 faire que Brad Pitt, justement.
07:09 Et après, le jour où la Terre s'arrêtera, il n'a plus rien fait.
07:12 Ou alors des petits téléfilms ou des trucs, des petites apparitions à droite, à gauche,
07:16 une série, un machin.
07:17 Et je sentais que ça n'allait pas bien.
07:19 Et il a eu cette chance de retomber sur le scénario de John Wick, qui finalement n'est
07:24 pas une chance directe, puisque ça a été réalisé par Chad Chatefsky, qui était en
07:31 fait le coordinateur cascade et le remplaçant de Kino Reeves sur Matrix à l'époque.
07:37 Donc, ils se connaissaient très bien et qu'ils s'adorent et que le mec a dû venir le chercher
07:40 aussi pour ça.
07:41 Et qu'en est-il de vous, Monsieur Wick ?
07:43 Je suis venu vous tuer, vous.
07:46 Il y a une vraie esthétique, comme dans Matrix.
07:49 Il y a une vraie qualité de combat, de film d'action, comme dans Matrix.
07:54 Et donc, il a réussi à renaître de ses cendres là-dessus, à mon avis.
07:58 Tu voulais quoi ? Une pierre tombale ? Un drapeau et des fleurs ?
08:02 Non, je sais pas.
08:05 Une trace.
08:06 C'est un autre exercice, le jeu vidéo.
08:08 C'est très prenant, parce que c'est l'équivalent de 15 films, quoi, en fait.
08:11 Le joueur, il a 36 options, donc il n'a pas tout qui arrive.
08:14 Donc, il faut être prêt pour chaque option, en fait.
08:16 Je suis très impressionné par le travail de préparation des mecs,
08:19 parce que c'est un truc de fou, quoi.
08:21 Et le doublage de ce jeu a pris des mois, parce qu'à chaque fois,
08:24 ils en rajoutaient un petit peu.
08:26 Lui, il revenait visiblement pour rajouter, puis ils étaient tellement contents
08:29 de l'avoir qu'ils ont rajouté des petits trucs, etc., etc.
08:32 Donc, ça s'est monté comme ça au fur et à mesure.
08:34 Et Tanok, j'ai commencé à le faire sur Gattaca, encore un film culte.
08:37 On disait qu'un enfant conçu dans l'amour avait une plus grande chance d'être heureux.
08:41 C'est une chose que l'on ne dit plus.
08:44 Donc, je me suis retrouvé là-dessus avec ce jeune homme.
08:48 Il était encore jeune, Tanok, il a mon âge, qui avait une voix normale, légère.
08:53 Et au fur et à mesure des années, il a une voix qui devient de plus en plus grailleuse.
08:56 Mais j'ai plus de chemin à faire pour aller vers la voix d'Ethano
09:00 que celle de Brad Pitt, forcément.
09:02 Et j'ai un plaisir de dingue à le doubler, parce que ce mec est dingue.
09:05 Il va faire des trucs, mais fou, quoi.
09:08 J'ai fait une série où il joue un pasteur.
09:11 Le temps est venu d'affronter les esclavagistes
09:14 dans le vacarme des armes et de la poudre.
09:17 Ça a été d'une violence à faire, parce que le mec est possédé.
09:20 Dès qu'il s'exprime, il est comme ça, il parle.
09:23 Il a un truc. Donc, il faut rentrer là-dedans.
09:26 Mais c'est épuisant. Je me dis, comment il a fait pour tourner ça pendant trois mois ou six mois ?
09:30 Parce qu'il y a dix épisodes, huit épisodes.
09:32 C'est un travail de dingue.
09:34 Il hurle tout le temps. Il est tout le temps...
09:37 Il a un feu intérieur, comme ça, permanent.
09:41 Je l'attaque et j'y suis qu'au bout d'une heure, avec lui,
09:44 le temps que la voix se chauffe, parce qu'il va tellement dans des trucs
09:47 qu'une fois que ma voix est chauffée, ça y est, elle peut l'habiller entièrement.
09:50 Et souvent, je refais les trucs que j'avais faits en début de séance
09:54 pour être sûr que ça soit proche de ce qu'il fallait.
09:57 Cavalier Durand, vous avez prêté serment.
10:01 Respectez-le pour le Seigneur et la Terre !
10:05 Le Seigneur des Anneaux, c'était un univers incroyable aussi,
10:08 que je ne connaissais pas, donc je le découvrais.
10:10 Il revient avec The Boys et ça lui donne un vrai...
10:13 le début et la fin de sa carrière, à mon avis, qu'il mérite.
10:16 Alors ça, ça déchire !
10:23 C'est qu'ils font affaire. Parce que c'est très rare, les films,
10:26 qui se permettent une non-licence absolue, comme ça,
10:29 sur les mots, sur les expressions et sur les trucs.
10:33 Il y a toujours, on le sent, des...
10:35 "Allez, on ne va pas pouvoir aller jusque-là, on ne peut pas dire ça."
10:37 Et lui, il peut se le permettre, ils ont fait l'anti-héros parfait,
10:41 le mec qui suit dans les bottes de tout le monde, etc.
10:44 Donc c'est vrai, c'est un pur kiff à faire,
10:46 surtout quand ils sont bien écrits, comme nous, en français,
10:49 ils s'éclatent aussi, les auteurs, sur les insultes et sur les trucs,
10:52 donc on en profite largement.
10:53 - S'il te plaît, arrête tes conneries !
10:55 - Ah oui, pardon, j'avais oublié ! Je vis sur la planète Terre,
10:58 et toi, tu vis dans un monde de cinglés, où le 11 septembre était un complot
11:01 et où le gouvernement est tenu par les nazis !
11:03 - "Last of Us", déjà, quand on nous appelle, on nous dit "est-ce que t'es libre ?"
11:06 mais je ne peux pas te dire pourquoi.
11:07 Ensuite, je n'ai appris que je ne faisais ça que le jour où j'y suis,
11:12 et avec des NDA, des machins,
11:14 "tu n'as pas le droit de dire que tu es venu, on ne se connaît pas", machin.
11:17 Et en plus, évidemment, je ne vois que ce que moi, je vais faire,
11:19 ils ne me montrent rien d'autre, donc je ne sais absolument pas
11:22 ce que vaut la série, qui est dedans, ni quoi que ce soit.
11:26 J'ai juste fait ma partie, et avec Alexis, je n'étais même pas avec lui,
11:30 il l'a enregistrée à un autre moment.
11:32 Donc j'ai découvert ce film comme un film, ce qu'il est un petit peu d'ailleurs,
11:37 un film avec un début, une fin, et qui existe par lui-même.
11:40 - J'ai échangé un de tes flingues avec Joël Etesques contre un paquet de graines.
11:43 - Quelle flingue ?
11:45 - Un tout petit.
11:48 Mais j'ai trouvé ça super, quoi, vraiment.
11:50 Et j'adore ce comédien.
11:51 C'est pareil, des comédiens qui ont une finesse de jeu, une sensibilité
11:55 que j'aime beaucoup, qui me correspond en tout cas dans ce que j'aime faire.
11:58 Oui, je m'en rappelle très bien, c'était Pierre Arditi qui doublait Superman.
12:02 - Calmez-vous, je vous tiens.
12:04 - Vous me tenez ? Et vous qui vous tient ?
12:07 C'était l'époque des DVD, et ils avaient besoin de remettre les vieilles VHS
12:13 ou les vieux enregistrements sur ces DVD, mais avec les nouvelles normes,
12:16 les 5 points, les machins, les trucs qui apparaissaient dans les années 2000.
12:19 Et donc ils étaient obligés de redoubler techniquement,
12:23 parce qu'ils n'avaient plus la qualité suffisante sur les vieilles bandes
12:26 qu'ils avaient des années 70.
12:28 Et donc on m'a appelé pour faire ça.
12:29 Je me suis dit "mais vous êtes fous, c'est des doublages que moi-même,
12:32 je l'avais vu enfant, c'est des doublages mythiques,
12:35 je ne veux pas passer après Pierre Arditi, c'est ridicule".
12:38 J'ai dit "ben oui, mais on n'a pas le choix, il faut absolument qu'on le refasse".
12:40 Et tout, je me suis dit "bon, autant qu'à faire, autant essayer de faire les choses bien".
12:43 Et donc voilà, moi j'y vais à contre-coeur dans ces trucs-là,
12:46 parce que je trouve ça dommage, mais pour des choses et des raisons techniques,
12:49 voilà, ça existe.
12:51 Je ne sais pas si c'est diffusé ou si c'est...
12:53 J'espère que c'est toujours diffusé avec Pierre Arditi,
12:56 plus qu'avec moi, parce que ça a plus d'intérêt.
13:00 Colmini, Colmini !
13:02 [Musique]

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