• l’année dernière
Colombia

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😹
Amusant
Transcription
00:00 - C'est marrant. - Bien joué.
00:02 - Je suis Tony Comiti. - Je suis Tony Comiti.
00:04 - Je suis Tony Comiti. - Je suis Tony Comiti.
00:06 - Je suis Tony Comiti. - Je suis Tony Comiti.
00:08 - Je suis Tony Comiti. - Je suis Tony Comiti.
00:10 Je suis Tony Comiti, journaliste.
00:14 J'ai rencontré et filmé Pablo Escobar.
00:16 Le cartel de Medellín, c'est une organisation criminelle
00:24 qui gérait tout le trafic de cocaïne dans le monde entier.
00:28 Elle est tenue par, pourquoi un cartel,
00:32 la famille Ochoa et la famille Escobar.
00:36 Pour rencontrer ces gens-là, évidemment, c'est pas simple,
00:38 vous ne téléphonez pas pour un rendez-vous.
00:40 J'ai contacté quelques journalistes colombiens.
00:42 Le premier m'a dit "Attention, le cartel de Medellín a assassiné 80 journalistes colombiens.
00:50 Tous ceux qui grattent autour du trafic sont des cibles.
00:54 Les hommes de main du cartel de Medellín, tu peux les voir tous les soirs à l'Intercontinentale de Medellín.
01:00 Tu ne peux pas les louper, chapeau blanc, armé, poncho blanc
01:04 et des Toyota ou des 4x4 blancs qui sont à l'entrée de l'hôtel.
01:10 Donc je suis parti à Medellín.
01:12 Je suis arrivé à l'hôtel Intercontinentale, j'ai pris une chambre
01:16 et j'ai commencé à les approcher, à les approcher doucement.
01:20 J'ai commencé à parler avec eux, je dis "Voilà, je suis journaliste français.
01:24 J'aimerais bien rencontrer Pablo Escobar."
01:26 Il ne faut pas oublier qu'à l'époque, Pablo Escobar est en cavale.
01:30 Il est recherché par toutes les polices du monde, les stups colombiens, les stups américains, les stups français aussi.
01:36 Ils m'ont dit "Écoute, on fera passer le message."
01:40 Ils me demandent mes coordonnées, puis je rentre à Paris.
01:44 Quelques mois après, je reçois un coup de téléphone à l'émission 52 sur la Une de Jean Bertolino avec qui je travaillais.
01:55 "Il faudrait que vous reveniez en Colombie."
01:58 Puis un beau matin, j'ai vu 4 types débarquer dans l'hôtel.
02:02 Ils sont arrivés droit sur moi.
02:04 Ils me disent "Perdio dista francés ?"
02:06 Je dis "Putain, il va sortir un calier, il va me tuer lui."
02:09 Je dis "Si ?" Ils me disent "Ven conmigo, vamos, vamos, vamos."
02:12 On est montés dans un convoi de 4x4 et on est partis dans une hacienda.
02:20 Et là, c'était non Pablo Escobar, mais Fabio Ochoa.
02:25 Et nous avons passé à peu près un mois et demi au cœur de la famille Ochoa.
02:34 Ils nous ont tout montré. Leurs maisons, leurs propriétés fabuleuses au bord des Caraïbes.
02:42 Leurs avions, leurs labos.
02:48 On a tout filmé. C'était incroyable. A chaque fois, je me disais "Mais pourquoi ils nous laissent filmer ça ?"
02:59 Le courant est passé entre Jean-Bertolino et Fabio Ochoa.
03:04 Et un beau matin, Don Fabio Ochoa veut me montrer là où est enterré son père.
03:12 Nous partons dans un cimetière et là c'est incroyable, une séquence, il parle de son père et il se met à pleurer.
03:19 Cet homme, responsable de la mort de centaines de personnes, il est là en train de parler de son père avec une petite larme qui lui coule.
03:27 C'est pas une larme de crocodile, c'est de l'émotion.
03:29 Ça, je m'en souviendrai toujours.
03:31 On remonte dans les voitures. J'étais installé dans la voiture de Fabio, le reste de l'équipe dans une voiture avec des gardes du corps armés partout.
03:39 Le convoi démarre et à un moment, le convoi s'arrête et Don Fabio vient à ma fenêtre et me dit "Magnana, entrevistamos a Don Pablo. Demain, nous allons interviewer Pablo."
03:55 Je dis "Mais quel Pablo ?" Il dit "Pablo Escobar".
03:58 Et le lendemain, on part plutôt vers 19h, la nuit tombait, on nous met des foulards sur la tête et finalement on arrive sur une petite route, c'est l'entrée d'une hacienda.
04:17 J'ouvre la porte et je déclenche ma caméra sous le coude parce que Fabio me dit "Surtout ne filmez pas."
04:23 Bon, dis ce que tu veux mon gars, mais moi je filme.
04:26 Donc j'avais mis la caméra déclenchée sous le bras comme ça et il y avait une cinquantaine de jeunes tueurs, larmes à la main, qui nous faisaient une haie d'honneur.
04:36 Et on arrive au bout du corridor, il y a une piscine et au bout de cette piscine, il y a un petit monsieur, un peu rond, pas très grand, avec une casquette verte sur la tête, qui s'approche de moi et me fait "Pablo Escobar".
04:59 C'est le fils de Shoah qui commençait à parler et Escobar, je sentais que ce que répondait le fils de Shoah, ça lui convenait pas.
05:07 Donc il s'est rapproché doucement de l'objectif de ma caméra comme ça et puis s'est assis.
05:13 Il dit "Bon, maman c'est à quand même ?"
05:15 Il a commencé "Nous allons manger."
05:17 Il a commencé à donner l'interview.
05:20 "Nous allons l'interviewer pendant à peu près une heure."
05:24 Et à un moment, on arrive en fin de cassette, bip bip bip, je mets la main dans le sac et j'entends juste derrière mes nuits "clac clac", un chargeur de 9mm.
05:34 C'était un dégât du corps, 16 ans, 17 ans.
05:37 Kim Braque et Escobar me disent "Oh, tranquillo."
05:41 Et à la fin de l'interview, Escobar m'a attrapé par le bras et me dit "Don Tony", il m'a appelé Don Tony.
05:49 "Don Tony, vous êtes Corse, les gars, vous êtes Corse."
05:54 Je dis "Oui, oui, Don Pablo, oui, oui, mais vous savez comment il me dit le... Eh, le renseignement c'est aussi mon métier."
05:59 Et en me saluant, parce que lui il repartait quelque part, il me dit "Bon, Don Tony, revenez me voir."
06:05 C'est la dernière phrase que j'ai entendue de cette interview.
06:09 On avait un deal avec le cartel de Medellín.
06:13 On avait un deal.
06:15 C'était montrer le film avant diffusion.
06:18 Quand j'arrive à la Loma, qui était donc la sienda de Don Fabio Ochoa, avec ma petite cassette sous le bras,
06:26 dans la cour de la sienda, il y avait au moins 44, 4.
06:31 Ils étaient tous là, sauf Pablo Escobar.
06:35 Ils étaient tous venus regarder le film.
06:39 Roberto Escobar, le frère de Pablo, et ses hommes.
06:43 Les enfants Ochoa, les belles sœurs, les femmes ne pouvaient pas nous saquer pendant le tournage.
06:48 Elles sentaient le danger d'un film comme celui-ci pour eux.
06:52 Elles ne comprenaient pas pourquoi ces gens les plus recherchés du monde acceptaient un tournage.
06:57 Et donc le visionnage commence, Don Fabio, sans Tilo, assis à côté, et derrière, tout le cartel quoi.
07:04 Et le film est parti quoi.
07:07 Et là, incroyable, je regarde Don Fabio, il s'était endormi pendant la projection.
07:15 Fin du film.
07:17 La fin du film, elle est terrible parce qu'on interview Fabio Ochoa,
07:22 et Bertolino lui pose la question "Mais en fait, Don Fabio, le vrai parrain de Médellin, c'est Pablo Escobar, c'est bien vous ?"
07:29 Et la réponse pendant l'interview c'est "Si, si, si" et il s'endort.
07:34 Et Roberto Escobar se lève et il dit à Fabio, il a raison, le français, le vrai patron de Médellin c'est toi, allez hop, salut, il se tire.
07:45 La fille Ochoa se lève furieuse, elle me lance un regard noir,
07:50 et elle dit à son père "Papa, si ce film sort, nous serons tous extradés aux Etats-Unis."
07:56 Il écoute sa fille, il me prend par le bras, vachement fort comme ça,
08:01 il m'entraîne dans le corridor, il me dit "Tu diras à Bertolini, n'importe où il est au monde,
08:10 ses ascendants, ses descendants avant lui, tu lui dis."
08:15 Et il me dit "Et toi aussi."
08:18 Don Fabio, moi je suis un technico,
08:21 et il me dit "Tu es un technico muy habil."
08:25 Et il y a mon taxi qui attendait dans la cour de la Sienda, le mec il tremblait parce qu'il avait reconnu tous ces gens-là, il tremblait comme ça.
08:32 Je lui dis "Bon, no problema Don Fabio, no problema."
08:35 Je rentre dans le taxi, je lui dis "Putain, ils vont me tuer quoi, ils vont me prendre en otage, je sais pas ce qu'ils vont faire."
08:40 On descend l'allée de la Sienda, et là il y a une Toyota blanche qui nous coince devant, qui nous coince derrière,
08:48 et c'est le fils cadet d'Ochoa qui ouvre la porte, je lui dis "Ca y est, je suis enlevé."
08:56 Il me fait "Cuanto vale?"
08:59 "Combien ça vaut?"
09:01 "Quanto vale?"
09:03 "Un million, deux millions, tres millions de dollars?"
09:05 "Quanto vale la mierda?"
09:07 Chaud, on ferme la porte, et les voitures nous ont bloqués pendant dix minutes, ce sont les dix minutes les plus longues de ma vie.
09:15 Et le taxi brodouillait "Estamos muertos, estamos muertos."
09:19 Je me suis dit "Putain."
09:22 Finalement, j'ai pu repartir, je suis arrivé à l'hôtel, premier avion, Paris quoi.
09:30 En fait dans le film, il y a une séquence terrible, c'est que pendant l'interview de Pablo Escobar, tout le cartel Lebedein est là à table.
09:39 C'est l'association de malfaiteurs. Et ça, c'est l'extradition aux Etats-Unis.
09:46 Faut pas oublier que les Colombiens, les trafiquants de drogue colombiens, mieux vaut une tombe dans notre pays qu'une prison aux Etats-Unis.
09:53 Donc Patrick Lelay, à l'époque le patron de TF1, a décidé évidemment de ne pas sortir le film.
10:00 Et le film est sorti à la mort d'Escobar, c'est-à-dire un an, un an et demi après, sur les antennes de TF1 dans l'émission "52 sur la Lune".
10:08 Bonsoir.
10:11 Sous-titres réalisés para la communauté d'Amara.org
10:14 "Musique de générique de fin"

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