• l’année dernière
La rappeuse et toplineuse Meryl porte haut le flow du français et du créole de la Martinique. Elle revient dans cet épisode sur l’un des premiers sons de dancehall qu’elle a appris : « Bésé zyé ba yo » du chanteur martiniquais Paille.

En venant à la rencontre des légendes et de la jeune garde de la scène Hip-Hop, notre série évoque des morceaux d'horizons différents et explore la large couverture musicale de notre radio FIP Hip-Hop.

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Interviews : Mathieu Durand
Images et montage : Xavier REIM
Habillage : Stephen Vico

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Musique
Transcription
00:00 Les artistes sont des armes en fait, en vrai.
00:02 Il n'est pas obligé, mais quand un artiste décide de donner sa voix au peuple,
00:07 il utilise son oeuvre.
00:11 Pour moi, ça fait partie de ma foundation.
00:23 C'est mon collège, tout ça.
00:26 Et B16 & Bayo, c'est l'un des premiers.
00:29 Ce sont des dansoles que j'ai appris par cœur.
00:32 Ça veut dire "on va pas baisser les yeux".
00:34 Enfin, baisser c'est Bayo.
00:36 Baisser les yeux pour eux.
00:37 Franchement, le créole, en termes de sonorité, de tout,
00:42 ça sonne vraiment bien.
00:56 Bayo, à l'époque, était plus jeune, et c'est la cristallisation
01:00 d'une espèce de frustration qu'il exprime dans son oeuvre.
01:06 On a toujours ces questions-là par rapport à notre situation au Zanty,
01:10 à nous définir, notre identité,
01:14 comment se comporter face au racisme.
01:17 Au début, il est dans un avion.
01:20 Et je crois qu'il part, si on regarde bien le contexte,
01:23 il part en France et il rencontre quelqu'un qui dit
01:26 "le jour où les gens comme vous pourront vous payer des places comme moi".
01:30 Je pense que la France ne sera plus un pays assez bien pour moi.
01:35 Et c'est vrai, tu vois, c'est des situations qui se sont...
01:39 Je pense qu'il lui est arrivé, donc du coup, ça lui a inspiré ce truc-là.
01:42 Tu sais, avant, les chanteurs, c'était plus des...
01:44 Ils dénonçaient, tu vois.
01:46 Et ils avaient plus cette essence-là.
01:49 Et donc lui, clairement, c'était dénoncer les problèmes de société.
01:54 Tu vois, il est hyper intelligent.
01:56 Aujourd'hui, tu l'entends parler, on dirait un politicien.
01:58 Il avait un génie pour conceptualiser les sons et faire passer son message.
02:15 Il me rappelle Eminem, il se tourne en autodérision, il se déguise.
02:19 C'est quelqu'un.
02:21 C'est quelqu'un dans le paysage culturel marathonicais.
02:24 C'est quelqu'un.
02:25 Et c'est l'un des premiers avec DJ Gilles,
02:29 qui m'ont invité en studio.
02:32 On a fait un son ensemble.
02:34 D'ailleurs, ils bossent encore ensemble.
02:35 Ils ont toujours bossé ensemble.
02:37 Mais cette période-là, ils ont fait pas mal de...
02:41 Ils ont fait du sale.
02:52 C'est un artiste qui nous a aidés à avoir une vision
02:56 et à savoir comment se comporter face à ce genre de situation.
02:59 On est dit français, mais on est très différents.
03:02 Et ça ne se remarque même pas que dans nos yeux.
03:05 Ça se ressent surtout dans les yeux des autres.
03:09 Et donc, il faut se guinder.
03:12 Il y a eu Aimé Césaire aussi, qui nous a appris aussi à se comporter.
03:15 Et qui a...
03:19 Le temps se bombait.
03:21 "Cracher le moum en péché on t'sa moui"
03:23 "Tout l'entend l'esclavage fini m'en passe à bécési"
03:25 Donc ça veut dire...
03:26 Tu peux même faire cracher sur moi.
03:29 Tu peux faire ce que tu veux.
03:30 En fait, au final, je serai toujours moi.
03:32 Et je serai toujours fière.
03:33 En fait, pas fière d'être moi.
03:34 Parce que je trouve pas ça...
03:36 Être fière d'être noire.
03:38 Je trouve ce concept un peu bizarre.
03:41 C'est la condition qui nous a rendu fiers
03:44 de bomber un peu plus le torse.
03:46 Parce qu'on est une minorité.
03:47 Donc les minorités, en général,
03:49 quand ils arrivent dans un grand espace,
03:52 ils parlent plus fort que les autres.
03:53 Parce qu'ils sont pas assez reconnus.
03:55 Y'a le rap français.
04:07 Et y'a le rap anti-elle.
04:10 Mais qui n'est pas...
04:11 En fait, le rap n'a pas toujours été...
04:14 Par rapport face à la Dunsoul,
04:15 la Dunsoul a toujours gagné aux Antilles.
04:18 Donc...
04:19 Mais je pense qu'on s'est toujours reconnus
04:22 dans les revendications des rappeurs français.
04:23 Même s'il y a des différences.
04:27 Parce qu'on vient d'un territoire insulaire.
04:30 Mais du coup, il prend ce qui lui ressemble
04:35 pour se faire entendre de la France.
04:40 Ce qui lui ressemble le plus en France
04:45 pour parler au français.
04:46 Tu vois ce que je veux dire ?
04:47 La France gagnerait en authenticité.
04:52 Même pas que en authenticité.
04:57 De pas en authenticité.
05:00 La France gagnerait en audience sur l'Inter.
05:05 Tu vois ce que je veux dire ?
05:06 La France gagnerait en publicité.
05:09 La France gagnerait en publicité.
05:12 La France gagnerait en audience sur l'Inter.
05:17 Tu vois ce que je veux dire ?
05:20 La culture française, purement française,
05:22 on la respecte.
05:23 Mais je pense que si administrativement
05:26 et politiquement on dit que les insularités sont françaises,
05:32 puisons honnêtement dans nos ressources.
05:39 Je trouve que c'est un peu laissé de côté
05:41 sous-estimé.
05:42 On se dit qu'il y a une certaine catégorie
05:46 qui perd à chaque fois.
05:48 Donc tout ce qui est Francky Vincent,
05:50 et respect à Francky Vincent,
05:51 on respecte de fou.
05:52 Mais il y a un truc qu'ils recherchent chez les Antillais
05:55 qu'aujourd'hui on n'a plus envie de satisfaire.
05:57 Parce qu'on n'est pas ça, la vérité.
05:59 Nous vous brûlons le temps d'une chanson.