Lors de la dernière présidentielle, Jean-Luc Mélenchon est arrivé en tête chez les moins de 30 ans, récoltant même plus de 32 % des voix chez les plus jeunes, les 18-24 ans. Quels sont les ressorts de ce succès ? Qu'en disent les jeunes militants de la France Insoumise, notamment après l'affaire Adrien Quatennens ?Pour en parler, Jean-Pierre Gratien reçoit Rémi Lefebvre, politologue, professeur de sciences politiques à l'Université de Lille et chercheur au Centre d'études et de Recherches administratives, politique et sociales (CERAPS), Nathalie Oziol, députée LFI de l'Hérault et membre de la commission des Affaires Etrangères de l'Assemblée nationale et Olivier Pérou, grand reporter au service politique de l'hebdomadaire l'Express, en charge de la Gauche. LCP fait la part belle à l'écriture documentaire en prime time. Ce rendez-vous offre une approche différenciée des réalités politiques, économiques, sociales ou mondiales....autant de thématiques qui invitent à prolonger le documentaire à l'occasion d'un débat animé par Jean-Pierre Gratien, en présence de parlementaires, acteurs de notre société et experts.
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00:00:00 Générique
00:00:02 ...
00:00:15 -Bienvenue à tous dans "Débat doc".
00:00:18 Lors de la dernière présidentielle,
00:00:20 Jean-Luc Mélenchon est arrivé en tête chez les moins de 30 ans,
00:00:24 récoltant même plus de 32 % des voix
00:00:26 chez les plus jeunes, les 18-24 ans.
00:00:28 C'est sur la base de ce constat
00:00:30 que la réalisatrice Ludivine Thomasi
00:00:32 nous livre le documentaire qui va suivre
00:00:35 "Faites mieux, cette jeunesse",
00:00:37 derrière Mélenchon.
00:00:38 Elle tente d'y expliquer les ressorts de ce succès
00:00:42 en donnant la parole à de jeunes militants
00:00:44 de la France insoumise,
00:00:46 le tout sous l'oeil bienveillant de son leader,
00:00:49 jusqu'au moment, vous allez le voir,
00:00:51 d'évoquer avec lui l'affaire Adrien Quatennens.
00:00:54 Je vous laisse le découvrir
00:00:56 et je vous retrouverai juste après
00:00:58 en compagnie du politologue Rémi Lefebvre,
00:01:00 de la députée LFI Nathalie Oziol
00:01:03 et du journaliste Olivier Perroux.
00:01:05 Avec eux, nous nous interrogerons
00:01:07 sur cette jeunesse qui a choisi de s'engager pleinement
00:01:10 derrière le mouvement de la France insoumise.
00:01:13 Bon doc.
00:01:14 Musique douce
00:01:16 ...
00:01:31 -Comment distinguer une grande histoire
00:01:34 d'une simple aventure ?
00:01:36 Faut-il se fier au premier rendez-vous ?
00:01:38 -Jean-Luc Mélenchon, j'ai découvert
00:01:40 un jour où je partais à la mairie
00:01:42 et il y avait plein de petits prospectus.
00:01:45 Je me disais "c'est qui, ce monsieur ?"
00:01:47 On dirait un tonton.
00:01:49 -Tonton !
00:01:50 On t'aime, tonton !
00:01:52 -Ca me fait marrer.
00:01:53 Mais c'est gentil, je vois bien que c'est gentil.
00:01:56 Pour moi, le mot "tonton",
00:01:58 ça renvoie à François Mitterrand.
00:02:00 -Une belle rencontre.
00:02:01 Est-ce que ça ne demande pas de dépasser
00:02:03 sa première impression ?
00:02:05 -Je suis resté sur cette image de Jean-Luc Mélenchon
00:02:08 pendant quelques années.
00:02:09 C'est-à-dire un vieux fou qui se prend au plus haut couteau.
00:02:13 -Faut-il forcément admirer l'autre pour que ça dure ?
00:02:16 -C'est un sacré personnage.
00:02:18 C'est quelqu'un avec du caractère,
00:02:20 qui parle bien, qui prend les foules avec lui quand il parle.
00:02:24 -Quel est le secret de la réussite d'une relation
00:02:27 entre un homme politique et ses soutiens ?
00:02:29 Qui sont ces 30 % de jeunes Français
00:02:32 qui ont voté pour Jean-Luc Mélenchon ?
00:02:34 -En espérant que vous ayez la majorité.
00:02:37 -Comment le fondateur de la France insoumise
00:02:39 est-il devenu le rival de l'abstention
00:02:42 chez la nouvelle génération ?
00:02:43 Pourquoi Yann, Juliette, Dalia
00:02:47 et tant d'autres citoyens et citoyennes de moins de 30 ans
00:02:50 ont décidé de faire confiance aux plus âgés des candidats,
00:02:54 trois fois perdant à la présidentielle ?
00:02:56 -Ce qui m'a poussé à voter pour Jean-Luc Mélenchon,
00:02:59 déjà, c'était le programme environnemental.
00:03:03 -Si on veut un pays où on vit bien,
00:03:05 il faut faire des réformes par rapport à la police.
00:03:07 -La lutte contre les violences sexuelles,
00:03:10 un milliard pour lutter contre les violences patriarcales.
00:03:13 -On est face à quelqu'un qui, même s'il est tout jeune,
00:03:16 il est pas jeune du tout, il est à l'écoute de ce qui se passe.
00:03:19 C'est important. C'est la jeunesse, en fait,
00:03:22 qui va subir l'avenir du pays.
00:03:23 Et je dis bien "subir".
00:03:25 -Tu te sens écouté, mais tu te sens écouté par un ancien.
00:03:29 C'est assez rare, mine de rien.
00:03:31 -Les jeunes et Jean-Luc Mélenchon.
00:03:37 Sur quoi repose cette union ?
00:03:39 -Ca provoque de la colère.
00:03:41 -Je peux être qu'en colère. -Ca me met en colère.
00:03:44 -Il y a quelque chose dans la colère insoumise
00:03:47 qui relève de l'indignation, c'est-à-dire dire
00:03:50 "Mais vous êtes fous, quoi !"
00:03:52 -La personnalité de Mélenchon est-elle compatible
00:03:55 avec le projet de ses neveux et nièces ?
00:03:57 -L'enjeu, c'est de changer le système.
00:03:59 -Jean-Luc comprend-il vraiment
00:04:01 les préoccupations de la jeunesse insoumise ?
00:04:04 -Je me suis pas dit "Les jeunes, c'est formidable,
00:04:06 "ils vont m'apprendre des trucs."
00:04:08 -La nécessité de mise à jour a-t-elle atteint ses limites ?
00:04:11 -Bonsoir.
00:04:12 -Je peux réviser ma position à cause de vous.
00:04:15 -Pourquoi pas ? -Non.
00:04:16 Non, non, non ! Non, non, j'ai plus envie.
00:04:19 -Jean-Luc Mélenchon va-t-il laisser sa place ?
00:04:22 Pourquoi passer le flambeau paraît-il si compliqué ?
00:04:27 -Il a vraiment construit la génération qui vient après.
00:04:32 -Les plus jeunes vont me dire
00:04:33 "Eh bien, on n'y est encore pas arrivés."
00:04:36 Musique intrigante
00:04:39 C'est pas loin, hein ?
00:04:41 ...
00:04:43 Faites mieux. Merci.
00:04:45 ...
00:04:47 Musique douce
00:04:50 ...
00:04:55 -Pour commencer, il faut poser les bases.
00:04:58 Une bonne relation, c'est avant tout une bonne communication.
00:05:01 -Hélo !
00:05:02 Comment ça va ?
00:05:04 -Sauf qu'en politique, c'est pas tout à fait comme dans la vraie vie.
00:05:08 On a la chance de pouvoir faire appel à des professionnels.
00:05:11 -Je suis Antoine Léaumant, j'ai 33 ans,
00:05:14 et je suis député de l'Essone pour la France insoumise.
00:05:18 Avant ça, j'étais responsable
00:05:20 de la communication numérique de Jean-Luc Mélenchon,
00:05:23 c'est-à-dire que je m'occupais de ses réseaux sociaux.
00:05:26 -Moi, je pense que ça serait pas mal de faire des plans de ce sens-là.
00:05:30 Parce que là-bas, t'as des bâtiments
00:05:32 qui montrent qu'on est dans un quartier pop,
00:05:35 sinon t'as l'impression qu'on est à la campagne.
00:05:37 -Pendant 10 ans, Antoine a oeuvré en coulisses
00:05:40 pour que son patron soit plus qu'un homme politique.
00:05:43 Léaumant a les codes des réseaux, Mélenchon le talent oratoire.
00:05:46 Ensemble, il crée Jean-Luc, l'influenceur.
00:05:49 -J'ai commencé en 2013.
00:05:51 Je crois qu'il devait y avoir 200 000 abonnés
00:05:54 sur son compte Twitter et 100 000 sur sa page Facebook.
00:05:57 Aujourd'hui, on a 2 millions sur Twitter
00:05:59 et plus d'un million sur Facebook.
00:06:02 La ligne générale, pour moi, c'est que tous les médias m'intéressent.
00:06:05 Sans exception, quel que soit le lieu, quel que soit le format.
00:06:08 -Il y a plein de jeunes qui sont passés pour vérifier que c'était bien ici.
00:06:12 Moi, je suis plutôt confiant.
00:06:15 -J'ai connu la période où on faisait des tracts avec des renéaux,
00:06:18 on se mettait de l'encre dans les trous de nez.
00:06:21 Quand on avait fait 5 000 tracts,
00:06:23 on pensait qu'on était les maîtres du monde.
00:06:25 Si j'avais su à l'époque que je ferais en une semaine
00:06:28 11 millions de vues sur TikTok,
00:06:31 je sais pas, peut-être que je me serais évanoui.
00:06:33 -Jusqu'au dernier moment, on aura l'impression qu'il n'y aura personne.
00:06:37 -On est l'homme politique numéro 1 sur les réseaux sociaux
00:06:40 en considérant que ce ne sont pas des outils de communication,
00:06:43 mais d'information, qui permettent de faire passer des idées
00:06:47 et de construire quelque chose dans la durée.
00:06:49 -C'est le contournement de la sphère officielle.
00:06:52 Donc, nous, qui sommes pointus, aigus,
00:06:54 qui avons calibré un message,
00:06:56 on va pouvoir passer à travers ça.
00:06:58 Qu'est-ce qu'on prend ?
00:06:59 -Ca marche à tous les coups. -Qu'est-ce qu'on impose ?
00:07:02 -Et l'agenda médiatique, des gens qui nous intéressent, nous.
00:07:05 -Avec Antoine, Jean-Luc a trouvé
00:07:07 un de ses meilleurs entremetteurs politiques.
00:07:10 En même temps, qui de mieux qu'un ancien centriste
00:07:13 pour convaincre les citoyens de se laisser séduire par la gauche ?
00:07:17 -J'étais plutôt de droite, j'étais plutôt côté Bayrou.
00:07:20 Si j'avais pu voter en 2007, j'aurais voté Bayrou au 1er tour,
00:07:23 j'aurais voté Sarkozy au 2e, donc j'étais bien parti à droite.
00:07:27 Et c'est vraiment le moment où, c'est le hasard, mais c'est comme ça,
00:07:30 où j'ai découvert Mélenchon
00:07:32 avec un bouquin qui s'appelle "Qui te s'en aille tous ?"
00:07:34 Je me suis dit qu'il était génial,
00:07:36 que j'étais d'accord avec tout ce qu'il racontait.
00:07:38 -Levé ! -Levé !
00:07:39 -Il veut pas dire qu'il s'en vient.
00:07:41 -Ha ! Ha ! Ha !
00:07:43 -Parce qu'en fait, on a fait un Snap avec un rappeur local.
00:07:47 J'ai dit "Faut voter pour Levé",
00:07:48 "Votez pour Levé", comme ça.
00:07:50 Et maintenant, je suis devenu Levé.
00:07:51 Je m'appelle Levé Les Jeunes.
00:07:52 Si on a beaucoup investi les réseaux sociaux,
00:07:55 c'est parce qu'on s'est dit que les jeunes votaient peu,
00:07:58 dans l'ensemble, et que donc, il fallait les convaincre d'aller voter.
00:08:01 Là, chez Les Jeunes, on a fait des scores vraiment hyper impressionnants.
00:08:07 Chez Les Jeunes et particulièrement chez les jeunes dans les quartiers populaires.
00:08:12 Ce qu'on essaye de faire, c'est de les convaincre
00:08:16 des idées politiques qu'on porte et du fait que c'est les idées de l'avenir.
00:08:20 -Un projet d'avenir, pas une histoire d'un soir d'élection.
00:08:24 Il y a l'aspect électoral, bien sûr,
00:08:26 qui est un aspect d'urgence, entre guillemets, il faut qu'on gagne.
00:08:29 Mais il y a l'aspect de plus long terme.
00:08:31 On essaye de gagner une bataille culturelle.
00:08:33 -Construire une relation durable avec les citoyens,
00:08:36 les convaincre d'adhérer à un projet de rupture,
00:08:39 sa demande d'y croire à fond,
00:08:41 quitte à paraître un peu fan.
00:08:44 -Merci à toutes et à tous d'être venus si nombreux.
00:08:46 Je suis Antoine Léaument,
00:08:48 le candidat dans la 10e circonscription de l'Essonne.
00:08:51 Beaucoup me connaissent sous le nom de M.V. par ailleurs, mais bon.
00:08:53 Je vous dis juste une chose.
00:08:55 On a la possibilité de tout changer dans ce pays.
00:08:57 On a la possibilité de faire le SMIC à 1 500 euros,
00:08:59 le blocage des prix, la retraite à 60 ans,
00:09:02 supprimer Parcoursup, dont je sais que c'est un énorme problème ici.
00:09:06 Nous aurons celui que vous attendez maintenant pour prendre la parole,
00:09:09 comme Premier ministre, Jean-Luc Mélenchon !
00:09:12 -C'est plus qu'un patron pour moi.
00:09:14 Ca a été d'abord un mentor.
00:09:16 -J'ai coupé la parole
00:09:18 aux presque meilleurs des nôtres.
00:09:22 On prend tous les bulletins pour que personne ne sache ce qu'on va faire.
00:09:26 Ensuite, on rentre dans le machin, on tire le rideau,
00:09:28 on choisit le bulletin le plus intéressant.
00:09:30 C'est celui où on voit le...
00:09:32 (Acclamations)
00:09:33 -Faites voir avec les mains.
00:09:35 Votez, victoire !
00:09:36 En France, les personnes plus âgées vont plus voter que les autres.
00:09:42 Et il arrive que quand l'âge vient,
00:09:46 on devient plus cratif, plus conservateur,
00:09:49 et on n'aime pas trop que tout change, tout bouge tout le temps.
00:09:53 Et on trouve que les jeunes sont bien agités
00:09:56 et qu'ils devraient être plus calmes.
00:09:58 -Mélenchon, l'homme qui a trouvé le secret de la jeunesse éternelle.
00:10:02 Une histoire vraie ou juste une story de plus ?
00:10:06 Le profil des élus vise à toucher les citoyens au cœur.
00:10:10 Âge, origines géographiques et sociales,
00:10:13 valeurs, façon d'être.
00:10:14 Les points communs et les différences sont scrutés, jugés.
00:10:18 En politique, l'algorithme peut donner des matchs improbables,
00:10:22 comme un homme de 71 ans avec des "junts"
00:10:25 ou un Antoine Léaumant avec des habitants des quartiers populaires.
00:10:29 -J'ai pas grandi dans un quartier populaire.
00:10:31 J'ai pas grandi non plus dans une ville de la périphérie de Paris.
00:10:35 J'ai grandi dans une petite ville de province,
00:10:38 comme on dit à Châteauroux.
00:10:39 -OK, je suis blanc. C'est ça, la question.
00:10:42 Mais les problèmes que j'ai rencontrés dans mon enfance,
00:10:44 qui sont liés à la ruralité et pas aux quartiers populaires,
00:10:47 c'est des problèmes similaires aux quartiers populaires,
00:10:49 moins le racisme.
00:10:50 -Selon vous, est-ce qu'il n'y a pas des moyens
00:10:52 de faire en sorte que la jeunesse qui vit en banlieue
00:10:55 ait plus envie de s'investir en politique et de se représenter ?
00:10:58 -Non, non. Il doit faire le boulot.
00:11:01 Rien n'est jamais cadeau, les jeunes.
00:11:03 Ça n'existe pas, surtout si t'es pauvre,
00:11:05 surtout si tu viens de milieux populaires.
00:11:07 La seule consigne, c'est "bats-toi".
00:11:09 -Rien n'est jamais cadeau,
00:11:10 mais certaines mesures politiques peuvent aider à faire sa place
00:11:14 et donc s'engager.
00:11:16 -Si chacun est responsable de son destin,
00:11:18 l'environnement social joue aussi un grand rôle.
00:11:21 Pour rappel, la lutte contre Parcoursup
00:11:24 et son système scolaire élitiste
00:11:26 figurent au programme de la France insoumise.
00:11:29 En quoi Mélenchon serait-il le mieux placé
00:11:33 pour représenter la jeunesse de banlieue ?
00:11:35 Une jeunesse connectée, certes...
00:11:39 -Il n'y a pas de belles photos de Jean-Luc et moi
00:11:42 quand on se prend dans les murs ?
00:11:44 -Oui, il y a la petite vidéo de Pierre.
00:11:46 -C'est bon, ouais.
00:11:47 -C'est pas de chance.
00:11:49 -Mais une jeunesse qui attend surtout l'étape d'après,
00:11:52 trouver enfin cette personne qui comprend leurs besoins,
00:11:55 une personne qui incarne le progrès social.
00:11:58 Musique douce
00:12:00 ...
00:12:04 -Tu sais, parfois, je me dis que la journée, elle est finie,
00:12:07 mais non, elle est pas finie.
00:12:09 -Comment ça se passe la première fois ?
00:12:12 La première fois qu'on se motive pour aller voter
00:12:15 et qu'il faut donner sa confiance à un inconnu.
00:12:17 Est-ce qu'on se lance tête baissée, les yeux fermés ?
00:12:20 Ou plutôt avec prudence ?
00:12:23 -J'ai voté utile.
00:12:24 C'est-à-dire que Jean-Luc Mélenchon,
00:12:26 c'est pas le choix parfait, c'est vraiment juste un bon début
00:12:29 pour atteindre des objectifs.
00:12:31 -Bonjour.
00:12:32 -Je m'appelle Dalia, j'ai 25 ans,
00:12:34 j'ai toujours grandi et vécu en banlieue.
00:12:37 J'ai une licence de japonais
00:12:38 et je travaille dans une épicerie spécialisée asiatique.
00:12:41 -Votre vie, vous êtes déjà en lui-même épiaisée.
00:12:44 -On se rend compte que le travail est tendu.
00:12:46 Il y a des grandes crises en dehors, mais la circulation continue.
00:12:50 Vous pouvez aller sur le pied, juste en face.
00:12:53 Je vous attends.
00:12:54 -Si Dalia et sa sœur Yasmine ont décidé de soutenir
00:12:57 Jean-Luc Mélenchon, c'est avant tout une question de foi
00:13:00 et de trauma.
00:13:01 -J'ai grandi dans une ville où j'avais des amis
00:13:04 quand j'étais au collège, qui arrivaient un jour à l'école
00:13:07 et ils avaient des bleus sur le corps
00:13:10 parce qu'ils étaient partis en garde à vue.
00:13:12 Leur seule erreur, c'était d'être partis faire des courses
00:13:15 sans leur justificatif d'identité.
00:13:17 En banlieue, on est conditionnés à penser à ça.
00:13:20 Si on ne le fait pas, on sait qu'on risque d'avoir des problèmes.
00:13:24 -On va comme ça.
00:13:25 -Sarcelles, au nord de Paris.
00:13:27 Comme dans beaucoup d'autres banlieues,
00:13:29 la moitié des votants a glissé un bulletin Mélenchon dans l'urne
00:13:33 à la dernière présidentielle.
00:13:35 Promesse de réformer la police,
00:13:37 soutien à la communauté musulmane,
00:13:40 Jean-Luc a rallumé un espoir.
00:13:43 -Je vais aller prier, habibi.
00:13:47 -Vas-y, ça marche.
00:13:49 -Je peux que je coupe des légumes en attendant ?
00:13:52 -Euh... Je veux bien, s'il te plaît.
00:13:55 -La prière, c'est quelque chose qui a une place importante,
00:13:58 sauf que, de base, je suis censée prier
00:14:00 à des moments précis dans la journée.
00:14:03 Mais pour des raisons de laïcité, je ne prie pas sur mon lieu de travail.
00:14:07 Je rate mes prières.
00:14:09 Donc, en rentrant, forcément, je les rattrape.
00:14:11 C'est un moment où je sais que personne ne va me déranger.
00:14:14 C'est mon moment à moi,
00:14:16 ça me prend quelques minutes dans la journée,
00:14:19 et c'est quelques minutes de pur silence autour de moi.
00:14:22 Musique douce
00:14:25 ...
00:14:51 Je comprends de quoi il s'agit.
00:14:53 Moi-même étais un jeune croyant.
00:14:55 Puis, les circonstances de l'existence m'ont éloigné
00:14:58 du discours et de la pratique de la foi catholique.
00:15:02 Donc, je ne suis pas surpris qu'un jeune soit croyant.
00:15:05 Ca ne me paraît pas être une monstruosité.
00:15:07 -De temps en temps, comme ça, dans ma vie,
00:15:10 je suis choquée par ce qui m'entoure.
00:15:12 Je peux rencontrer quelqu'un,
00:15:14 être amie avec cette personne pendant des années et des années,
00:15:17 et d'un coup, cette personne me dit une monstruosité raciste.
00:15:21 On m'explique qu'on me déteste et qu'on déteste ceux qui me ressemblent.
00:15:24 Enfin, non, qu'on ne me déteste pas moi,
00:15:27 parce que je ne suis pas comme les autres, justement.
00:15:30 Ben, si, en fait. Moi aussi, je suis comme ça.
00:15:32 Je suis exactement comme les autres.
00:15:35 Les autres que tu détestes, c'est-à-dire les Arabes et les musulmans,
00:15:38 devine quoi ? Mauvaise nouvelle.
00:15:40 J'en suis une.
00:15:42 -La patrie républicaine, elle est à tous ses enfants.
00:15:46 Cette jeune femme, c'est ma compatriote.
00:15:49 -Je ressens une profonde idée d'attachement.
00:15:53 Et je ne supporte pas
00:15:55 ceux qui voudraient provoquer dans ce pays cette coupure abominable.
00:16:00 La voie de passage, c'est pas essayer d'extirper la religion du coeur des gens.
00:16:04 Ca ne sert à rien.
00:16:05 -C'est un truc qui a changé depuis que tu t'es remise à prier tout doucement.
00:16:10 -Ouais. -Moi, je te sens beaucoup plus sereine.
00:16:13 -Ben, c'est le cas.
00:16:14 C'est le cas, je suis beaucoup plus sereine.
00:16:17 J'ai moins de pression, j'ai l'impression d'avoir moins de pression sur les épaules.
00:16:22 -Un discours de tolérance vis-à-vis des religions, étonnant.
00:16:25 Connu et reconnu pour ses positions anticommunautaristes,
00:16:29 Jean-Luc Mélenchon renie-t-il son passé ?
00:16:32 -Peut-être qu'il y a 30 ans, j'aurais pas réagi comme ça.
00:16:35 Tout m'insupportait.
00:16:36 Les bonnes sœurs qui passaient en cornette...
00:16:39 -Qu'est-ce qui s'est passé ? -Et puis après,
00:16:41 vous recevez la leçon de la vie.
00:16:43 Vous dites que ça n'a pas de sens d'être comme ça.
00:16:46 Si vous êtes un anticlérical forcené
00:16:48 qui ne supporte aucune pratique religieuse,
00:16:50 ça vous élimine un nombre de gens considérable autour de vous.
00:16:54 -Opportunisme électoral, antiracisme sincère,
00:16:57 Jean-Luc Mélenchon met sa capacité de remise en question
00:17:01 au service de la lutte contre un ennemi
00:17:03 que lui et Dalia ont en commun.
00:17:06 -J'ai grandi à Garges-Légonnes, dans le 95.
00:17:08 J'avais envie de faire mon devoir de citoyenne
00:17:11 d'une manière ou d'une autre,
00:17:13 donc je me suis proposée pour dépouiller.
00:17:15 Et Garges, c'est une ville...
00:17:17 C'est un melting pot, en fait.
00:17:19 Il y a toutes les cultures qui sont mélangées,
00:17:21 et quand on marche dans les rues à Garges,
00:17:23 on n'a pas l'impression que le racisme existe.
00:17:26 Et après, on ouvre le premier vote, et c'est Marine Le Pen.
00:17:29 Et on se dit "Ah !
00:17:31 "Ils sont où, ces gens, dans la vraie vie ?"
00:17:33 Exactement, ils sont où, en fait ?
00:17:35 Je me suis dit "Mais dans quel monde je vis, finalement ?"
00:17:38 Tout de suite, on se dit "Mais qu'est-ce qui va se passer
00:17:42 "pendant ces élections ?"
00:17:43 Je suis franco-égyptienne,
00:17:45 et j'ai pas envie de continuer à vivre dans un pays qui me déteste.
00:17:48 J'ai envie d'avoir des enfants.
00:17:50 J'ai pas envie de leur donner un pays qui les déteste.
00:17:53 C'est pas un objectif.
00:17:55 -Combattre l'extrême droite par tous les moyens,
00:17:58 lutter contre le racisme quotidien,
00:18:01 c'est aussi partir en guerre
00:18:03 contre un adversaire bien plus difficile à neutraliser.
00:18:07 -Il manque un peu de salut.
00:18:08 -Ce serait mentir de dire qu'il n'y a pas de racisme d'Etat,
00:18:12 mais qu'on est dans un pays où, quel que soit notre statut social,
00:18:15 à partir du moment où on n'est pas blanc, on aura des difficultés.
00:18:19 -Quand on ressent ce privilège d'être un homme blanc...
00:18:22 -On s'en rend pas compte.
00:18:24 Au début, j'ai commencé par dire "Non, mais ça va pas."
00:18:27 "C'est quoi, le privilège d'un homme blanc ?"
00:18:30 On m'a dit "On va te le raconter."
00:18:32 Et quand on vous le raconte, vous dites "C'est pas que faux."
00:18:35 Parce que ça touche à tout, à l'intime.
00:18:37 -Vous vous définiriez comment ? -Être humain.
00:18:40 -Je ne m'appartiens à aucune communauté fondée sur la couleur de peau.
00:18:44 -Qui peut affirmer aujourd'hui ne pas se définir par sa couleur de peau ?
00:18:49 Pour qui l'intime n'est-il toujours pas politique ?
00:18:53 Peut-être pour ceux qui peinent à prendre conscience
00:18:57 de leurs privilèges.
00:18:58 -Je pourrais commencer réconfortant comme ça.
00:19:01 -Jean-Luc Mélenchon, il incarne pas vraiment l'antiracisme
00:19:04 tel qu'on aimerait le voir en France, mais c'est un bon début.
00:19:08 Si je devais faire des choix par rapport à l'antiracisme,
00:19:11 en France, politiquement parlant, je voterais pas.
00:19:14 C'était bien plus présent dans le discours de Poutou
00:19:17 que dans le discours de Mélenchon.
00:19:19 Sauf qu'il s'agirait d'unir la gauche.
00:19:21 -C'est trop bon à lire. -On passe un bon moment.
00:19:24 -Je t'aime.
00:19:25 -Moi aussi, je t'aime.
00:19:29 -Sale. Je sais pas si je t'aimerais autant
00:19:31 si tu savais pas cuisiner.
00:19:33 ...
00:19:37 -Ah, désolée. La vérité est sortie.
00:19:39 ...
00:19:46 Musique douce
00:19:49 -La passion du début.
00:19:51 À la découverte de l'autre et de son univers.
00:19:54 Les yeux, le coeur, tout est grand ouvert.
00:19:57 -C'est la première fois que je le vois porter du maquillage.
00:20:01 Et c'est moi qui fais. Il est beau, mon coeur !
00:20:03 -Il est beau, ton coeur. -Oui, il est beau, mon coeur.
00:20:06 -On se laisse prendre par la main jusqu'à Annecy
00:20:09 pour la Marche des Fiertés,
00:20:11 en soutien à la communauté LGBTQIA+,
00:20:14 et pas avec n'importe qui, avec toute la famille.
00:20:18 ...
00:20:20 -On parle assez peu politique dans ma famille.
00:20:23 En arrivant à Paris, j'ai rencontré des personnes
00:20:26 qui m'ont politisé.
00:20:27 -T'en as combien, là ?
00:20:29 -Plein.
00:20:30 ...
00:20:33 -Je m'appelle Yann Guérin.
00:20:35 J'ai 24 ans depuis cet été,
00:20:38 fraîchement diplômé des Arts et Métiers
00:20:40 à une école d'ingénieurs.
00:20:42 Je suis ingénieur en CDI.
00:20:44 -La vie parisienne, la politique, Mélenchon,
00:20:47 Yann a tout découvert en même temps.
00:20:49 -En 2017, je n'étais pas politisé.
00:20:51 J'avais eu un papier dans ma boîte aux lettres
00:20:54 d'Emmanuel Macron, qui avait dit
00:20:56 "Le candidat des jeunes, c'est notre projet", et tout.
00:21:00 Et du coup, j'ai voté Emmanuel Macron.
00:21:03 J'assume plus, maintenant.
00:21:05 Mais c'est une erreur de parcours, une erreur de jeunesse.
00:21:09 -La scène, je vois la scène.
00:21:11 -Une erreur que peu reconnaissent.
00:21:13 Le vote gay pour Mélenchon ne va pas toujours de soi.
00:21:16 Macron, Le Pen et même Zemmour
00:21:18 sont aussi appelés dans les urnes par la communauté,
00:21:21 même si Mélenchon reste un des rares
00:21:24 à penser à elle dans son programme.
00:21:26 -Chez Jean-Luc Mélenchon, j'aime beaucoup sa capacité
00:21:29 à accepter de changer d'avis.
00:21:31 L'humilité qu'il a de dire "Ah, j'ai eu tort".
00:21:35 À cette époque-là, j'avais dit quelque chose,
00:21:38 mais j'ai eu tort,
00:21:39 parce que j'ai eu de nouvelles informations depuis,
00:21:42 et avec ces nouvelles informations, j'ai changé d'avis,
00:21:45 et maintenant, mon avis, c'est ça.
00:21:47 Exemple, c'était sur les personnes transgenres.
00:21:50 -Je pars de rien du tout, à me dire "C'est quoi, cette histoire ?"
00:21:54 C'est pas mon sujet, quoi.
00:21:55 Et puis, je participe à la moyenne un peu narquois,
00:21:59 je me dis "Vraiment, c'est un sujet."
00:22:01 "Quoi ? Tu sais pas si t'es un homme ou une femme ?"
00:22:04 Le truc niveau zéro, quoi.
00:22:07 Vous êtes interpellé par des jeunes camarades.
00:22:11 Vous avez de l'estime pour eux, de l'affection,
00:22:14 tout d'un coup, vous amène un problème comme ça.
00:22:17 Bon, il faut réfléchir.
00:22:18 Puis, il y a les expériences.
00:22:20 Je rencontre une personne transgenre.
00:22:23 Et puis, tout d'un coup, le regard change.
00:22:28 -Faire de la place à toutes les identités,
00:22:31 faire la gay pride avec sa mère,
00:22:34 c'est aussi ça, la génération Mélenchon.
00:22:36 -I.L. C'est que c'est ni I.L. ni L.
00:22:39 -Non binaire. N.B.
00:22:40 -Non binaire, oui. -Non binaire.
00:22:42 -I.L. -Non, "iel", c'est le pronom.
00:22:45 I.E.L. "iel", le pronom "iel".
00:22:47 -Une génération qui réinvente le présent
00:22:50 et imagine un futur vivable.
00:22:52 -On est là pour pécho ?
00:22:53 -Ah oui, le but, c'est pécho.
00:22:55 -Bah oui. Enfin, moi.
00:22:57 -Tu fais ce que tu veux.
00:22:58 Si, regarde, "prix kiss".
00:23:00 Faut faire des bisous aux gens.
00:23:02 -Peut-être parce que cette génération,
00:23:06 tout comme Mélenchon, apprend du passé.
00:23:09 -J'ai pas envie de revoir les gens qui m'ont harcelé au collège
00:23:12 et de leur dire "Ah ouais, trop bien, on est trop potes du collège".
00:23:16 -Au début des années 90, Jean-Luc est sénateur
00:23:19 et propose dans la foulée la première loi
00:23:22 pour créer un partenariat civil, le fameux PACS.
00:23:26 -Et j'avais un peu un remord, parce qu'en 1982,
00:23:29 quand François Mitterrand et ses gouvernements
00:23:33 ont aboli la punition,
00:23:34 c'était criminaliser l'homosexualité,
00:23:37 j'ai fait partie, je pense,
00:23:38 j'ai pas de souvenirs très précis de ces gens qui disaient
00:23:42 "Non mais franchement, on n'a pas autre chose de plus urgent ?"
00:23:45 C'était ça, la mentalité.
00:23:47 "Non mais attends, on n'a pas dit qu'on allait faire le socialisme ?
00:23:51 Alors il est où ?" C'est le côté un peu rustre.
00:23:54 En tout cas, je n'ai pas compris à l'époque de quoi on parlait,
00:23:57 et ça m'intéressait pas.
00:23:59 Et quand ces gens arrivent,
00:24:01 tout d'un coup, je découvre ce monde de cruauté,
00:24:05 de brutalité qu'on avait tous sous les yeux.
00:24:08 -Ouais, il y a eu des pensées très sombres,
00:24:10 j'ai voulu faire des trucs qu'il faut pas faire.
00:24:13 Il y a eu un moment où vraiment, ça allait pas du tout,
00:24:19 et où je me faisais harceler beaucoup, beaucoup,
00:24:23 c'était en quatrième, si je dis pas de bêtises.
00:24:26 J'ai eu des pensées suicidaires quand même, à l'époque.
00:24:29 J'ai eu des moments où j'étais pas loin du tout.
00:24:34 Et heureusement que j'ai rien fait.
00:24:37 Pardon.
00:24:38 Et heureusement que j'ai rien fait,
00:24:45 mais l'idée était là, quoi.
00:24:48 Musique douce
00:24:51 ...
00:25:00 -Oh, il a une énorme bite ! -C'est incroyable !
00:25:03 -J'aime beaucoup. Il me faut la même chose.
00:25:05 Si vous savez pas quoi m'offrir pour mon anniversaire,
00:25:07 je veux une grosse bite.
00:25:09 Nous sommes féministes et en colère.
00:25:11 OK, j'ai les paroles !
00:25:13 Nous sommes queers, nous sommes fiers !
00:25:16 Il faut chanter les chants un peu d'extrême-gauche, là.
00:25:20 Allez, les islamo-gauchistes, on chante ensemble !
00:25:24 -Racisme, discrimination de genre,
00:25:27 justice écologique et sociale,
00:25:29 Jean-Luc a su capter les intérêts d'une jeunesse progressiste.
00:25:33 Tout droit venu du monde d'avant,
00:25:35 Mélenchon parviendra-t-il à tenir le rythme
00:25:38 de ses nouveaux partenaires ?
00:25:39 Car cette jeunesse-là n'attend pas qu'on lui donne la permission
00:25:43 pour embrasser le nouveau monde et ses combats.
00:25:46 -D'être moi à 100 % et de le montrer autant,
00:25:49 c'est une revanche sur toutes les personnes
00:25:53 qui m'ont dit que c'était pas normal d'être moi.
00:25:55 Mon orientation sexuelle fait de moi une minorité.
00:25:59 Même si je suis un homme blanc cisgenre,
00:26:02 je reste une minorité.
00:26:03 Et ça m'a permis aussi de m'ouvrir aux personnes discriminées.
00:26:07 Et du coup, politiquement, ça me fait aller
00:26:10 vers des partis qui vont aider ces personnes.
00:26:13 Musique douce
00:26:15 ...
00:26:24 Musique douce
00:26:26 -L'entrée à la fac, on change de vie,
00:26:30 on se fait de nouveaux amis,
00:26:32 c'est comme se choisir une nouvelle famille,
00:26:35 une famille réunie autour de valeurs et de causes communes.
00:26:39 -C'est au meeting de Mélenchon
00:26:41 dans lequel ils présentent ce que sera l'union populaire
00:26:45 que j'ai rencontré les gens qui sont aujourd'hui
00:26:48 mes plus proches amis.
00:26:50 Et du coup, c'est à partir de ce meeting-là
00:26:52 que je me suis vraiment engagée
00:26:54 et que j'ai pas arrêtée par la suite.
00:26:56 ...
00:26:58 Je m'appelle Juliette Malbois, j'ai 20 ans.
00:27:00 Je suis étudiante en information et communication à Rennes-2.
00:27:04 Et je milite aussi à côté de mes études.
00:27:07 -Venez, venez, venez !
00:27:09 Alors...
00:27:10 Première chose, merci beaucoup d'être venue nous aider.
00:27:14 -Après avoir fait la campagne présidentielle
00:27:17 et la campagne législative, je me suis dit
00:27:19 que je ne pouvais plus rien faire.
00:27:21 Et du coup, j'ai décidé de m'engager pleinement
00:27:24 dans un syndicat étudiant pour lutter
00:27:26 contre la précarité étudiante.
00:27:28 -Juliette découvre Jean-Luc Mélenchon en 2017.
00:27:31 Elle a 16 ans et voit son frère militer
00:27:33 pour la présidentielle.
00:27:35 Trois ans plus tard, elle commence des études supérieures à Rennes
00:27:39 et s'engage auprès des jeunes insoumis,
00:27:41 loin de son milieu d'origine.
00:27:43 -Je suis née à Angers,
00:27:44 j'ai grandi dans une petite commune du Maine-et-Loire,
00:27:47 dans le 49, à Saint-Martin-d'Arcée.
00:27:50 Et mes parents sont cadres.
00:27:53 Et du coup, je suis la petite bourgeoisie des campagnes.
00:27:56 -On en revient à la distribution.
00:27:58 Donc, vous avez vu qu'on a réparti les produits par table
00:28:01 selon les types de produits.
00:28:03 Les féculents, l'épicerie salée, l'épicerie sucrée,
00:28:06 les fruits et les légumes.
00:28:07 Le rôle des gens, une fois qu'on a tout installé,
00:28:10 c'est de se mettre derrière les tables.
00:28:12 C'est pas un travail très amusant,
00:28:14 mais c'est de vérifier que les gens le partagent
00:28:17 avec plus de ce qu'on leur donne.
00:28:19 Sur les épiceries salées et sucrées, c'est deux produits.
00:28:22 Donc, il va falloir répéter.
00:28:24 Dès que les personnes arrivent, vous leur redites.
00:28:27 Et surtout, il y a du bruit ambiant,
00:28:29 il faut le faire avec les doigts.
00:28:31 -La moitié de la jeunesse étudiante,
00:28:33 la moitié, sur 2 millions, ça fait 1 million,
00:28:36 quand moi, j'étais étudiant,
00:28:38 on devait être en rien, quoi, 10 %,
00:28:41 qui travaillait un peu le soir, un peu le matin,
00:28:44 c'est la moitié.
00:28:45 Donc, c'est une jeunesse qui a les deux caractéristiques
00:28:49 impliquées dans la vie, comme on dit,
00:28:52 concrète, matérielle,
00:28:53 et dans l'état de disponibilité intellectuelle
00:28:58 pour regarder le monde.
00:29:00 Donc, on peut apprendre beaucoup.
00:29:02 -La précarité étudiante,
00:29:03 on a commencé à en parler pendant le Covid.
00:29:06 Mais depuis, ça s'est pas arrêté.
00:29:08 Cette année, ça varie entre 500 et 600 étudiants
00:29:11 à chaque distribution.
00:29:12 L'Union Pirate, c'est un syndicat étudiant à Rennes
00:29:17 qui est majoritaire.
00:29:18 Donc, nous, avec l'Union Pirate, on essaie de faire en sorte
00:29:22 que ça se déroule au mieux,
00:29:23 pour pas que ce soit non plus trop un moment chiant,
00:29:26 parce que c'est pas toujours agréable, déjà,
00:29:29 d'aller à ces distributions, ça prend du temps,
00:29:31 des fois, sur certains cours.
00:29:33 C'est pas toujours agréable, je pense,
00:29:35 de montrer aux autres qu'on est dans une situation de précarité
00:29:38 qui nous oblige à faire 30 minutes de queue pour récupérer un sac.
00:29:42 -T'as eu droit à deux articles sur l'ensemble de la table.
00:29:45 Je sais pas si t'as déjà pris deux articles.
00:29:48 Tu veux reposer ça ?
00:29:52 Tiens.
00:29:53 Prends. Hop !
00:29:54 C'est le dégoût, en fait.
00:29:56 J'ai vraiment beaucoup de colère envers le gouvernement
00:29:59 qui se rend pas compte de cette détresse-là
00:30:02 de la jeunesse et des étudiants.
00:30:05 ...
00:30:08 -Comme Juliette, de plus en plus de jeunes privilégiés
00:30:11 se reconnaissent dans le mouvement de la France insoumise.
00:30:14 Un non-sens ?
00:30:15 Pas tant que ça quand on connaît la situation
00:30:18 de Jean-Luc Mélenchon.
00:30:20 Issu d'un milieu modeste,
00:30:21 le populiste déclare un patrimoine d'un peu plus d'un million d'euros.
00:30:26 -Vous êtes bourgeois ou vous ne l'êtes pas,
00:30:28 vous voyez bien que ça peut pas durer comme ça,
00:30:31 qu'on est en train de saccager la planète.
00:30:33 En bourgeois, vous avez pas de conscience.
00:30:35 Mais la conscience sociale, c'est toujours la chose
00:30:38 qui retarde le plus chez le bourgeois.
00:30:40 Il faut donc amener, je dis le bourgeois pour caricaturer,
00:30:43 mais tout le monde peut être convaincu.
00:30:46 Moi, je ne rêve que de ça, notamment dans la pratique,
00:30:48 dans mon idée de la révolution citoyenne.
00:30:51 -Pas pour moi.
00:30:52 Quand je demande une meilleure répartition des richesses,
00:30:55 c'est pas pour mes parents,
00:30:57 parce que mes parents sont sortis globalement très bien.
00:31:00 C'est vraiment une question d'égalité.
00:31:02 Qu'ils puissent vivre dans les mêmes conditions
00:31:05 et que personne n'ait à s'inquiéter de comment il va finir le mois
00:31:08 ou comment il va nourrir ses enfants ce soir.
00:31:10 -Tu rencontres ceux pour qui et ceux pour qui aussi tu te bats ?
00:31:15 -Oui.
00:31:16 -Tu connaissais l'Union pirate avant ?
00:31:18 -De non, oui. Ca fait un an que je suis à la PAC.
00:31:21 -OK, trop bien.
00:31:22 Et du coup, ça va, les distribs alimentaires,
00:31:25 tu trouves ça... En termes de quantité, ça te suffit ou pas ?
00:31:28 Qu'est-ce que tu en penses ?
00:31:30 -Je n'ai pas les moyens,
00:31:31 parce que je vis que avec la bourse.
00:31:33 L'année dernière, du coup,
00:31:35 je n'avais pas du tout envie de parler de tout ça.
00:31:37 Du coup, je vis que en mangeant des pâtes.
00:31:40 -Ouais.
00:31:41 -L'avenir de la France,
00:31:43 l'avenir des Insoumis.
00:31:46 C'est en partie ici qu'il se joue.
00:31:48 -OK, donc ça te permet de manger plus varié
00:31:53 et peut-être plus équilibré aussi,
00:31:55 même si ça, c'est pas forcément très...
00:31:57 -Par exemple, j'ai pris... -Il y avait des fruits et des légumes.
00:32:00 -Il y avait des légumes diversifiés. -C'est cool. OK.
00:32:03 -Entre les boîtes de conserve et les stickers de l'Union pirate,
00:32:07 on aide ceux qui en ont besoin.
00:32:09 On réseaute, on fait de la politique.
00:32:13 -Avoir un taf en parallèle de ses études,
00:32:16 c'est la première cause de l'échec de ses études.
00:32:20 C'est un cercle vicieux.
00:32:22 T'es en difficulté économiquement,
00:32:23 pour payer tes études, tu travailles,
00:32:26 et au final, tu mets en danger aussi tes études.
00:32:28 Et c'est ce que la Macronie appelle la méritocratie,
00:32:31 ce qui n'existe pas vraiment.
00:32:33 Mais du coup, voilà...
00:32:35 C'est un peu indirectement
00:32:37 verser un discours de gauche aussi dans les esprits, en fait.
00:32:41 Voilà, c'est la solidarité.
00:32:43 On organise ça parce que le gouvernement fait rien à côté.
00:32:46 Et je pense que c'est aussi transmettre des discours de gauche
00:32:50 qui sont indispensables...
00:32:52 Qui sont indispensables.
00:32:54 Musique douce
00:32:56 ...
00:33:06 Brouhaha
00:33:09 -Le moment où on s'installe.
00:33:12 Ca y est, on est dans le vrai, dans le concret.
00:33:15 La tête dans le chantier.
00:33:17 -Du coup, là, en fait,
00:33:19 on me décale pour pouvoir avoir un plancher...
00:33:24 Pour mettre ensuite la cuve souple
00:33:26 qui nous permettra de stocker le plat de source.
00:33:28 -En 2017, y a eu les élections présidentielles.
00:33:32 Moi, j'étais beaucoup sur les réseaux, beaucoup à commenter,
00:33:35 beaucoup derrière mon ordi, à lire,
00:33:37 à répondre aux gars qui faisaient des commentaires.
00:33:40 J'étais pas un troll. J'aime pas le mot "troll".
00:33:42 Moi, j'arrivais, je te faisais des pavés comme ça,
00:33:45 avec tout l'argumentaire, et parfois, ça marchait.
00:33:48 Je m'appelle Simon Bracquemart, j'ai 31 ans,
00:33:51 et je suis régisseur sur du tournage de fiction.
00:33:55 Je suis néo-rural, j'aime bien dire ça,
00:33:57 parce que je suis un vrai citadin dans l'âme,
00:34:00 mais j'habite maintenant à la campagne.
00:34:02 -Y a 12 ans, je m'imaginais pas du tout
00:34:05 habiter dans un hameau avec Simon
00:34:08 et faire des projets potagers et compagnie, quoi.
00:34:12 -Mariane et Simon sont tous les deux intermittents du spectacle.
00:34:16 Après des années à Paris et Bruxelles,
00:34:18 ces deux militants de la France insoumise
00:34:21 ont décidé de partir vivre au fin fond de l'Alsace,
00:34:23 à Sainte-Marie-aux-Mines, dans le Haut-Rhin, un gros projet.
00:34:27 -Ah, c'est du travail, oui.
00:34:28 C'est du travail de s'occuper d'une maison,
00:34:31 de devenir autonome, etc.
00:34:32 La maison, en général, c'est beaucoup de travaux manuels.
00:34:36 Je suis pas du tout bricoleur, donc ça va arriver, j'espère.
00:34:39 Ça viendra par la force des choses.
00:34:41 Je pensais pas prendre du plaisir autant à couper du bois, etc.
00:34:45 Donc ça, c'est déjà coché.
00:34:47 Je m'en sors pas trop mal.
00:34:48 -On est motivés ? La sécheresse, ça motive ?
00:34:51 Qu'est-ce que... ?
00:34:53 -On est motivés par la nécessité.
00:34:55 Si, dans les années qui arrivent,
00:34:57 on arrive à être indépendants en légumes,
00:35:01 indépendants en fruits,
00:35:02 c'est tout bénef et c'est...
00:35:05 On aura réussi ce qu'on veut faire.
00:35:07 -Le couple qui installe une cuve, je comprends la démarche.
00:35:11 La crise de l'eau, j'ai dû être le seul homme politique
00:35:14 qui a essayé de sonner l'alerte.
00:35:16 Au niveau de la présidentielle, il y avait déjà des gens,
00:35:19 sur le plan associatif, qui faisaient beaucoup de choses,
00:35:22 mais c'est une prise de conscience, il y a 5 ans, 6 ans,
00:35:25 et on comprend que c'est vital et que c'est en train de tourner
00:35:29 à la catastrophe, donc je commence ma campagne présidentielle
00:35:32 avec ça. Résultat, Walou, zéro.
00:35:34 C'est-à-dire que ça n'a pas pris.
00:35:36 Personne n'a rebondi, personne n'a voulu entrer dans la discussion.
00:35:40 Musique douce
00:35:42 -Donc, en 2012, mon premier vote pendant le présidentiel,
00:35:46 ça a été pour Mélenchon.
00:35:47 Il y a une sorte de vision.
00:35:49 Il a compris que c'était ça qu'il fallait porter comme idée,
00:35:53 qu'il fallait allier l'écologie, le social, l'anticapitalisme.
00:35:58 Il y a une sorte de...
00:35:59 Moi, c'est ça que j'aime beaucoup dans le programme.
00:36:02 Applaudissements
00:36:04 Il y a une volonté de réduire ma dépendance à un système
00:36:07 pour être plus en accord avec mes idées politiques aussi,
00:36:10 les idées que je défends en tant que militant.
00:36:13 C'est aussi d'être le plus en adéquation possible
00:36:16 dans ta vie de tous les jours.
00:36:18 Il y a aussi cette idée-là que j'ai un enfant,
00:36:20 on s'est posé la question de faire un enfant.
00:36:23 C'était déjà dans quel monde notre fille grandira.
00:36:25 -Qu'est-ce que tu regardes ?
00:36:27 -Avoir la responsabilité d'un autre être humain,
00:36:30 ça remet en question ses priorités,
00:36:32 ça peut aussi accentuer certaines angoisses.
00:36:35 -C'est rouge, ce sera jaune.
00:36:36 Avant, à Milhouse, on avait un petit jardin
00:36:39 qui faisait 80 mètres carrés.
00:36:41 Là, il fait 3 000.
00:36:42 Donc, oui, ça change, là.
00:36:45 On a notre petit applaud à perso, là.
00:36:47 -Il y a aussi le fait que pour moi,
00:36:52 il y a plus de sécurité à habiter à la campagne.
00:36:55 -Il y a un côté de moi qui me dit
00:36:57 que l'effondrement peut peut-être arriver un jour
00:37:00 et à ce moment-là, il faudra être protégé.
00:37:02 -Mais je leur dis, je comprends ce que vous faites,
00:37:05 mais attention, les amis,
00:37:07 la solution, c'est pas chacun pour soi.
00:37:09 Chacun s'accueille de flotte,
00:37:11 chacun son générateur d'électricité...
00:37:13 Non, la solution, on est collectif.
00:37:15 C'est une autre gestion de l'eau dans le pays,
00:37:18 économe, prudente, méthodique,
00:37:22 et là, c'est pas en régulant l'eau
00:37:24 au moment de se brosser les dents
00:37:25 qu'on va régler le problème de l'eau dans le pays.
00:37:28 C'est en expropriant les compagnies privées
00:37:31 qui exploitent l'eau,
00:37:32 c'est en organisant des coopératives,
00:37:34 c'est en ayant une action sociale.
00:37:36 -Agir pour la cause, agir pour soi.
00:37:39 Le dilemme de toute personne engagée.
00:37:42 Et si les deux étaient compatibles ?
00:37:44 -Moi, déjà, je suis un fils de militant.
00:37:47 Je suis un enfant d'SOS Racisme.
00:37:49 Mes parents se sont rencontrés à SOS Racisme à l'époque.
00:37:52 J'ai grandi avec mon père, qui me racontait sa vie de militant,
00:37:55 qui m'a appris ce que c'était qu'être de gauche,
00:37:58 ce que c'était les inégalités,
00:38:01 ce que c'était de lutter contre les inégalités.
00:38:03 Donc j'ai grandi dans la politique.
00:38:06 Le truc, c'est que là, j'arrivais à un stade
00:38:08 où je recommence à militer dans pas très longtemps,
00:38:11 parce que, mine de rien,
00:38:14 quand t'es loin des choses qui se passent,
00:38:16 t'es tout de suite largué,
00:38:18 et moi, ça commence à me manquer un petit peu aussi.
00:38:22 -Un matin, on se lève.
00:38:26 Tout est devenu mécanique.
00:38:28 Ca y est, la routine nous a piégés.
00:38:30 -Bonjour, monsieur. Il faut aller voter dimanche.
00:38:33 C'est le second tour des législatives.
00:38:35 On est arrivé en tête dimanche dernier,
00:38:37 donc on peut gagner.
00:38:38 Sauf que sur notre route, une rencontre va nous réveiller,
00:38:41 du genre femmes brillantes et expérimentées,
00:38:45 ses passions, le changement et l'environnement.
00:38:48 -C'est vous, ça ? -Oui, c'est moi.
00:38:50 Donc là, on est devant au premier tour,
00:38:53 mais de pas grand-chose.
00:38:54 C'est Claire Lejeune. J'ai 28 ans.
00:38:57 Et je suis en thèse de sciences politiques.
00:38:59 Et à côté, je suis militante
00:39:02 depuis un certain nombre d'années, maintenant.
00:39:04 -Bonjour. -Est-ce que vous allez faire baisser
00:39:07 votre licence à 60 % ?
00:39:08 -On va bloquer les prix, surtout. -Ah !
00:39:10 -C'est bien. -C'est une des mesures clés
00:39:13 dans le programme.
00:39:14 -C'est courageux, en tout cas. -Merci.
00:39:16 Au moment de la montée en puissance du mouvement climat,
00:39:19 et notamment du mouvement climat jeune en France,
00:39:22 j'ai été co-secrétaire fédérale des Jeunes écologistes.
00:39:25 -On va voter dimanche, c'est l'impression.
00:39:27 -Des jeunes femmes comme Claire Lejeune
00:39:29 sont les personnes qui, dans la génération d'Akari,
00:39:33 vont être les organisatrices de la planification dans notre pays.
00:39:36 -C'est une belle prise, je trouve. -Qui, elle ?
00:39:38 -Oui. -Ah oui, oui.
00:39:39 Je vous promets une chose, elle existe en plusieurs exemplaires.
00:39:43 Pas identiques, mais des jeunes gens
00:39:45 qui ont cette puissance de caractère,
00:39:47 de volonté d'engagement et clarté intellectuelle.
00:39:50 Donc, de ce point de vue, je dors tranquille.
00:39:52 La relève est vraiment assurée.
00:39:54 -Des jeunes gens engagés.
00:39:56 Avec Claire, Jean-Luc a trouvé une camarade solide
00:39:59 pour faire sa révolution citoyenne.
00:40:01 -J'ai voulu faire la campagne de Mélenchon
00:40:04 parce que c'était, à mon sens, la seule campagne
00:40:06 qui se donnait vraiment comme but de gagner.
00:40:09 Rien d'autre.
00:40:10 -Quand on regarde le bilan,
00:40:12 on a recréé une forme d'unité à gauche
00:40:15 sur la base d'un score qui était quand même de 22 %,
00:40:18 ce qui est immense.
00:40:20 C'est-à-dire que là, on s'est remis du hollandisme.
00:40:22 On a mis à distance cette gauche
00:40:26 qui, en fait, avait complètement intégré
00:40:28 qu'il y a le système tel qu'il est,
00:40:31 et on va essayer de le rendre un peu moins brutal.
00:40:34 C'est pas l'enjeu de notre époque.
00:40:36 L'enjeu, pour ma génération, c'est de changer le système.
00:40:39 -Sauf que sortir du capitalisme, c'est comme sortir de son canapé
00:40:42 quand on y est confortablement installé
00:40:44 depuis des années et des années.
00:40:47 On voit pas tout de suite l'intérêt, et ça, même quand on est de gauche.
00:40:50 -Le coeur de la doctrine, à l'époque,
00:40:52 comme le professait le socialisme,
00:40:54 c'était le développement des forces productives.
00:40:56 Donc c'était vraiment une vision extrêmement productiviste.
00:40:59 En gros, moi, je me rappelle avoir dit
00:41:01 "Avec le capitalisme, c'est une deux-chevaux pour les pauvres,
00:41:04 une Mercedes pour les riches. Avec nous, Mercedes pour tout le monde."
00:41:07 Quelle bêtise !
00:41:08 Bon, ben oui, c'est le productivisme, ça, c'est "Allez, en avant !"
00:41:12 L'avoir fait l'être.
00:41:14 De tout ça, si vous voulez, j'ai compris que l'écologie politique
00:41:19 offrait un angle, un balcon,
00:41:22 complètement différent pour regarder le monde,
00:41:24 qui me permettait de refaire une synthèse
00:41:27 entre mes objectifs sociaux,
00:41:29 parce que pour moi, l'écologie, c'est une question sociale,
00:41:31 c'est que social.
00:41:32 -Remettre en question tout son modèle de vie
00:41:34 pour se lancer dans la grande aventure
00:41:36 de la planification écologique.
00:41:39 C'est beau sur le papier, mais c'est parfois un peu risqué,
00:41:42 surtout quand on a besoin d'embarquer un maximum de gens
00:41:45 pour que ça marche.
00:41:46 -Notre candidat, c'est Léla !
00:41:48 Je ne t'en vous ouvre !
00:41:49 -Le moment où vraiment cette politisation
00:41:52 s'est transformée en engagement,
00:41:53 ça faisait 3-4 ans que je faisais que travailler,
00:41:56 et j'avais vraiment une perte de sens.
00:41:59 -On passe nos vies dans les bouquins,
00:42:01 c'est extrêmement instructif pour nous sur le plan personnel,
00:42:03 mais moi, je suis là aussi parce que je veux
00:42:07 que les choses changent, etc.
00:42:09 -On raconte un autre monde possible,
00:42:11 et le but, c'est de faire que ça devienne possible
00:42:14 dans la tête des gens, et à partir du moment
00:42:16 où ça devient possible dans la tête des gens,
00:42:18 ça se traduit dans les urnes,
00:42:20 et puis ça se traduit, on l'espère,
00:42:23 dans une prise de pouvoir.
00:42:25 -Marier la théorie et la pratique.
00:42:28 Après des années à militer sur le terrain,
00:42:31 auprès des migrants, des sans-logement,
00:42:33 Claire, la doctorante, est là.
00:42:35 -Je suis personnelle, c'est...
00:42:37 -Ah, comme ça...
00:42:38 Ça montre qu'on est vraiment venus en vrai de vrai ?
00:42:42 -Pas le choix.
00:42:45 Claire et sa génération doivent composer
00:42:48 avec l'héritage des 30 glorieuses.
00:42:50 -Bonsoir, monsieur.
00:42:52 -Blip ? -Oui.
00:42:53 -Ah, comme d'hab', blip, ça passera pas.
00:42:56 -Bah ici, ça peut passer, on est en tête au premier tour.
00:42:59 Voilà.
00:43:00 Donc ça peut passer.
00:43:01 -Ça peut ? Même vous, vous êtes pas sûre que ça passera ?
00:43:04 -Bah oui, mais si on faisait que des choses
00:43:06 pour lesquelles on était absolument sûrs dans la vie,
00:43:09 on ferait pas grand-chose. -Regardez,
00:43:10 on est au moins une dizaine d'ici, là.
00:43:12 On galère, on est comme ça, y a personne qui veut nous voir.
00:43:15 -Ouais. -Donc on vote pas.
00:43:18 C'est toi qui vas rentrer, tu vas être chez toi, au calme.
00:43:20 -C'est ça qui est pas normal. -Mais moi, quoi qu'il en soit,
00:43:23 avec tous mes amis, on va être où, là ?
00:43:25 -C'est ça qu'on essaie de changer, monsieur.
00:43:27 -Ah, vous pouvez le changer très...
00:43:29 Avant les élections, vous pouvez le changer très fort.
00:43:32 Y a beaucoup d'appartements, de villes...
00:43:34 -Mais on n'a pas le pouvoir.
00:43:36 Sans le pouvoir politique, on n'a pas le pouvoir là-dessus.
00:43:39 -Le pouvoir politique, on le connaît, il faut arrêter.
00:43:42 On est délaissés. -Non, mais je le comprends.
00:43:44 -Vous ne le comprenez pas parce que vous ne le vivez pas.
00:43:47 Vous ne pouvez pas le comprendre.
00:43:49 -Claire et sa génération doivent accepter la dure réalité.
00:43:52 Les nouveaux partenaires payent souvent les pots cassés
00:43:55 pour leurs histoires passées.
00:43:57 -J'ai 27 ans, je ne suis pas responsable
00:43:59 de toutes les politiques de droite menées dans le pays
00:44:02 sur la question du mal-logement et la précarité.
00:44:05 Justement, nous, on essaie de faire changer tout ça.
00:44:08 Après, moi, je comprends sa colère
00:44:10 et j'ai pas d'argument à lui opposer.
00:44:13 Juste peut-être l'écouter,
00:44:15 essayer de montrer qu'on comprend,
00:44:18 et qu'on essaie de faire de notre mieux.
00:44:21 Merci, merci beaucoup.
00:44:23 Bonsoir.
00:44:25 -C'est bon, c'est bon.
00:44:26 Ca va ?
00:44:27 -Un insoumis, en général, on peut le distinguer de tous les autres
00:44:31 parce que c'est lui qui vous prie le repas du dimanche.
00:44:34 Donc il va amener le sujet politique et provoquer le bazar.
00:44:38 -La période délicate des désaccords.
00:44:42 Impossible d'y échapper.
00:44:44 Comment gérer ça au mieux ?
00:44:46 On peut s'asseoir autour d'une table et discuter ?
00:44:49 -Alors, à table, on fait toujours comme ça,
00:44:52 on éteint les téléphones.
00:44:53 -Mon père, Pascal, est cadre dans l'entreprise du coin
00:44:58 et il y a ma mère, Yolaine, qui est fonctionnaire,
00:45:03 qui travaille dans un lycée.
00:45:05 -Bon appétit, les jeunes.
00:45:07 -Ah oui.
00:45:08 -Et les moins jeunes.
00:45:09 -Si vous voulez, je peux aller moi-même.
00:45:12 -Maman va faire la grève, je dis.
00:45:14 -Si je peux, je le ferai.
00:45:15 -Première grève de sa vie.
00:45:17 -Oui. -C'est important.
00:45:19 -Mon père, lui, politiquement, il se situe à droite,
00:45:24 mais on discute plutôt bien avec lui de plus en plus.
00:45:28 Ma mère avait pour habitude de voter comme mon père
00:45:31 et depuis 2022, elle s'est mise à voter à gauche
00:45:35 et un peu plus selon ses propres idéales.
00:45:39 On va à Paris chez les jeunes. Tu vas, toi ?
00:45:42 -Ah oui ? -Tu vas à Paris, toi ?
00:45:44 -Avec les jeunes en sous. Union pirate, tout ça.
00:45:46 -Il y a plus d'heures ? -Oui.
00:45:49 -Ah.
00:45:50 C'est tranquille, là.
00:45:51 -Le problème, c'est que des fois, ça dégénère,
00:45:54 et tu y es pour rien, et tu te prends des coups,
00:45:56 donc c'est ça qu'il y a un peu.
00:45:58 -T'es jamais allé dans une manif !
00:46:00 On a fait 10 fois plus que toi.
00:46:02 -C'est vrai.
00:46:03 -Exprimer son point de vue, se confronter aux autres
00:46:07 et si le conflit permettait aussi d'avancer.
00:46:10 -J'ai toujours trouvé que Mélenchon, c'est un très bon orateur.
00:46:14 C'est un des meilleurs.
00:46:15 -On parle pas de Mélenchon, mais sans déconner,
00:46:18 t'as voté Sarko toute ta vie.
00:46:19 -Non, j'ai voté Sarko, oui. J'ai voté Sarko.
00:46:22 Oui, mais je trouve que...
00:46:24 -Mais t'as aussi voté Macron,
00:46:26 et Macron, il avait prévenu qu'il voulait la reçoivre.
00:46:29 -C'est vrai.
00:46:30 -Mais ça arrive de faire des erreurs.
00:46:32 -Oui, bah voilà.
00:46:33 -Ça fait beaucoup de temps. -Attends.
00:46:35 Chaque homme politique raconte des bêtises.
00:46:37 -Je sais pas si c'est l'effet Juliette,
00:46:40 c'est peut-être l'effet des enfants,
00:46:42 on est quand même trois enfants.
00:46:44 -Non, mais quand même... -J'ai pas changé.
00:46:46 Je trouve que les écarts sont de plus en plus importants,
00:46:49 et c'est pas normal. -Oui, bah voilà.
00:46:51 -Mais les écarts n'étaient pas aussi importants
00:46:54 il y a 10 ans. -Oui, peut-être.
00:46:56 -Ca implique quoi, d'écouter la jeunesse, aujourd'hui ?
00:46:59 -D'accepter de se remettre en cause.
00:47:03 -Non, c'est pas... -Mais Vincent, t'es de gauche.
00:47:06 -C'est pas...
00:47:07 Non, non, je suis pas sûr d'être de gauche.
00:47:10 On sait rien.
00:47:11 Je sais pas.
00:47:12 Mais...
00:47:13 Mais en politique, d'abord, je n'y connais pas grand-chose,
00:47:16 et de une.
00:47:17 Alors, je suis désolé,
00:47:19 mais c'est pas parce que Juliette est éléphiste.
00:47:21 Pas du tout.
00:47:22 -Je me suis pas dit un jour, "Les jeunes, c'est formidable,
00:47:26 "ils vont m'apprendre des trucs."
00:47:27 C'est quelque chose que j'ai appris sur moi-même.
00:47:30 -Peut-être que si. -Je crois que c'est indirectement.
00:47:33 -Indirectement, peut-être. -On peut pas ni bien le recevoir.
00:47:36 -La vie démentait absolument tout ce à quoi on avait cru.
00:47:40 On s'est donc tellement trompés.
00:47:42 -T'as juste pas mis la voix. -Peut-être, peut-être.
00:47:46 -C'est peut-être indirectement.
00:47:47 -Mais si vous acceptez pas de vous faire secouer...
00:47:50 Ah bon...
00:47:51 Je sais pas. -Vous aimez qu'on vous secoue ?
00:47:54 -Pas trop, hein.
00:47:55 Mais oui, j'aime bien aller au contact de ce que je comprends pas.
00:48:00 Ou qui trouble mes certitudes, oui.
00:48:03 Oui, oui, oui.
00:48:04 Oui, mais mollo, c'est pas de l'extérieur.
00:48:07 C'est moi qui décide.
00:48:08 -Je comprends pas ce qui t'est arrivé.
00:48:10 T'entendais pas ce qu'on te disait à l'époque.
00:48:13 -C'est possible, à l'époque.
00:48:15 -A l'époque, j'avais peut-être un problème d'oreille.
00:48:18 -Oui, sans doute.
00:48:19 -T'avais peut-être des bouchons, aussi.
00:48:21 -Possible. -Et toi aussi,
00:48:23 je pense que de ton côté, t'as mûri aussi.
00:48:25 Tu réfléchis peut-être un peu plus avant de parler,
00:48:28 je pense que... Et moi aussi, peut-être, probablement.
00:48:31 -Faire preuve de maturité.
00:48:34 Qui doit montrer l'exemple ?
00:48:36 Les parents ou les enfants ?
00:48:39 Les représentants ou les citoyens ?
00:48:42 Dans les familles politiques,
00:48:44 comme dans les vraies familles, les rôles sont parfois inversés.
00:48:47 -Je suis résolé, parce que je trouve que même Mélenchon,
00:48:50 il dit des grosses conneries, ça me saoule.
00:48:53 Après, y a pas de "oui".
00:48:54 -Bien sûr. -C'est cool,
00:48:55 mais ça me fait chier.
00:48:57 Enfin, voilà.
00:48:58 Euh...
00:48:59 -C'est cool ou ça te fait chier ? -Non, mais c'est chiant.
00:49:03 Tout ce qui touche à la politique, ça m'emmerde.
00:49:05 J'ai eu l'espoir un jour, c'est parti vite.
00:49:08 -L'affaire Katnins est le soutien de Jean-Luc Mélenchon
00:49:11 aux députés condamnés pour violences conjugales.
00:49:14 Comment ne pas être déçu
00:49:15 quand on croit à de meilleurs rapports homme-femme ?
00:49:18 Comment ne pas douter de ses propres choix politiques
00:49:21 quand on est féministe et qu'on vote pour la France insoumise ?
00:49:25 -Non, en tant que responsable politique de gauche,
00:49:28 je me disais "mais comment c'est possible que ça ait pu arriver ?"
00:49:31 On est arrivés là, quoi.
00:49:33 -Ouais. Alors après, c'est quand même...
00:49:35 Enfin bon, t'es dans une vie privée.
00:49:38 T'es privée.
00:49:41 Je sais pas si on a le droit de...
00:49:43 Je sais pas.
00:49:45 -Tu frappes pas ta femme. -Oui, ça, c'est sûr.
00:49:47 Ça, c'est sûr.
00:49:49 -Non, bah...
00:49:52 Au moment de l'affaire, quand j'ai lu sa lettre,
00:49:55 je me souviens avoir été très triste,
00:50:00 pour être honnête.
00:50:01 Et puis, par derrière,
00:50:04 j'ai pensé aussi à la victime, du coup, à sa femme.
00:50:08 Et donc voilà, donc...
00:50:11 C'est une histoire qui a fait vachement parler.
00:50:15 Et tant mieux si c'est pour parler des violences que subissent les femmes.
00:50:19 Jean-Luc Mélenchon a fait des tweets, du coup, qui...
00:50:22 Qui...
00:50:25 Qui étaient pas forcément nécessaires, je pense,
00:50:27 qui étaient un peu maladroits
00:50:30 et qui auraient pu être bien meilleurs.
00:50:32 Musique sombre
00:50:35 ...
00:50:39 Bien meilleures, c'est sûr.
00:50:42 -C'est vrai ? Vous pensez ça, vraiment ?
00:50:44 -Il faut apprendre de tout.
00:50:45 Si vous communiquez et que vous arrivez pas au but que vous fixez,
00:50:48 vous pouvez vous dire qu'il faut faire mieux.
00:50:51 Donc, clairement, ma manière de m'exprimer dans cette circonstance...
00:50:55 Vous pouvez pas s'entendre, comme je voulais.
00:50:59 J'ai commencé par vous dire, à la raison de dire, que c'est maladroit.
00:51:02 Pas parce que c'est faux.
00:51:04 Parce que ça ne correspond pas à ce que je veux dire.
00:51:06 Et à l'époque, pourquoi, madame ? -Qu'est-ce que vous vouliez dire ?
00:51:09 -Je comprends qu'on dise "ah oui, mais il y a une exemplarité".
00:51:12 Bon, OK, donc on en parle.
00:51:14 Mais on en parle comme des sujets, si vous voulez,
00:51:17 où on essaye d'avoir tous une attitude rationnelle.
00:51:19 Et une attitude qui va essayer de penser au futur,
00:51:23 au...
00:51:24 Euh...
00:51:25 D'être conforme à nos principes.
00:51:27 Je suis pas obligé de réviser ma position à cause de vous.
00:51:29 -Ben, pourquoi pas ? -Non.
00:51:31 Non, non ! J'aurais mieux fait de me taire, c'est ce qu'il y a de mieux.
00:51:34 -Bon, on essaie de... -Non, non, j'ai plus envie.
00:51:37 -Ah, juste la conclusion ? -Non, y en a pas.
00:51:39 -Monsieur, juste avec le "faites mieux ce que vous vouliez dire".
00:51:42 -Démerdez-vous, voilà ce que j'ai à vous dire à tous.
00:51:45 Faites mieux si vous pouvez. -Tant pis, on se relèvera.
00:51:49 -Comment poursuivre la relation quand la confiance est abîmée ?
00:51:52 On peut se consoler avec des choses simples,
00:51:57 comme un bon vieux principe.
00:51:59 On n'est jamais mieux servi que par soi-même.
00:52:02 -Tu m'adoubes ?
00:52:03 -Ouais, c'est ça. -Merci.
00:52:05 -Merci.
00:52:06 -Super. -Au revoir.
00:52:08 -Au revoir.
00:52:09 Musique douce
00:52:12 ...
00:52:14 -"Faites mieux",
00:52:15 comment interpréter les mots de Jean-Luc Mélenchon ?
00:52:18 "Faites mieux", est-ce une invitation ?
00:52:21 -Ça disait "j'ai fini ma tâche,
00:52:23 et maintenant, faites mieux, c'est la vôtre".
00:52:26 Déjà, ça m'incite encore plus
00:52:28 à donner de moi-même et à faire mieux, justement.
00:52:31 -"Faites mieux", ça sonne un peu comme un défi, non ?
00:52:34 -"Faites mieux", c'est "faites gagner nos idées".
00:52:37 Faites en sorte qu'on arrive au pouvoir et qu'on change les choses.
00:52:40 -Croyez-vous à ça, aussi, Camille Six ?
00:52:43 -On essaye de faire en sorte que les gens y croient.
00:52:46 -Ouais.
00:52:47 Ça, c'est un peu plus compliqué.
00:52:50 -"Faites mieux", c'est peut-être un conseil.
00:52:52 -Toi aussi, fais mieux, Mélenchon, en fait.
00:52:55 Tu contrôles pas ce que tu dis, t'es tout le temps en colère.
00:52:58 Tu contrôles mal ta colère.
00:53:00 C'est un peu culotté, je trouve, venant d'une certaine génération,
00:53:03 de dire aux jeunes "faites mieux", sachant que tout le comportement
00:53:06 des jeunes, c'est des résultats de la génération précédente.
00:53:10 On fait mieux, on essaie de faire avec ce qu'on a.
00:53:12 -On est plus chauds, plus chauds, plus chauds que le climat !
00:53:15 -Comment ne pas tomber dans le piège de nos schémas ?
00:53:18 -Je m'adresse pas à un jeune comme à un jeune,
00:53:21 au sens de "Ah, t'es un petit jeune, attention, je te caresse la tête,
00:53:24 je vais t'expliquer la vie".
00:53:26 -Comment échapper à nos contradictions ?
00:53:28 -Je suis un paternaliste absolument incorrigible.
00:53:31 -Comment se libérer de celui qui nous a ouverts le chemin ?
00:53:35 Quand la loyauté et le respect s'emmêlent.
00:53:38 -Aujourd'hui, sans Jean-Luc Mélenchon,
00:53:41 La France Insoumise serait pas avec 75 députés à l'Assemblée nationale.
00:53:45 -Au final, il n'y a ni grand amour, ni homme politique providentiel.
00:53:49 Il y a des histoires simples...
00:53:51 -Dans un monde idéal, on mange à sa faim.
00:53:54 -Et de grandes aventures.
00:53:55 -Mon rêve, c'est qu'on arrive à refaire collectif, déjà.
00:53:59 -Tous ensemble, tous ensemble, grève générale !
00:54:02 -Et peut-être qu'en essayant de sortir de nos rôles...
00:54:06 -Faire mieux, en quelque sorte, y compris en tant qu'individu,
00:54:09 il faut qu'on arrive à s'améliorer
00:54:11 et à être conscients de ces mécanismes patriarcaux.
00:54:14 -Peut-être qu'en sonnant la fin d'une culture,
00:54:17 celle du père,
00:54:18 peut-être qu'en arrêtant d'attendre qu'on nous passe le flambeau,
00:54:23 on réussira un jour à faire mieux.
00:54:26 -Je dirais que mon chef politique idéal,
00:54:28 ce serait une femme écolo.
00:54:30 -Lors de la dernière présidentielle,
00:54:32 Jean-Luc Mélenchon avait récolté plus de 32 % des voix
00:54:36 chez les 18-24 ans.
00:54:38 Avec ce documentaire, la réalisatrice Ludivine Thomasier
00:54:42 a tenté, vous venez de le voir,
00:54:44 de comprendre les ressorts de ce succès
00:54:46 en donnant la parole à de jeunes militants
00:54:49 de la France insoumise, mais aussi à son leader.
00:54:52 Nous allons en débattre maintenant
00:54:54 avec nos invités présents sur ce plateau de "Débat doc".
00:54:58 Avec vous, pour commencer, Nathalie Oziol, bienvenue.
00:55:01 Vous êtes députée LFI de Leraux
00:55:04 sur la circonscription de Montpellier
00:55:06 et membre de la commission des affaires étrangères
00:55:09 de l'Assemblée nationale.
00:55:11 Vous avez 33 ans et vous êtes agrégée d'anglais,
00:55:14 que vous avez enseigné dans un lycée de Béziers.
00:55:17 Votre adhésion à LFI remonte à 2016,
00:55:21 autrement dit, au moment de la création de ce mouvement.
00:55:24 Adhésion par un clic, puisque ça semble la formule
00:55:27 pour adhérer à ce mouvement.
00:55:29 C'est comme ça que vous avez adhéré à LFI ?
00:55:32 -J'ai rejoint un groupe
00:55:34 qui distribuait des tracts devant une université.
00:55:37 Et ensuite, effectivement, lorsqu'on veut recevoir
00:55:40 les informations et l'actualité de la France insoumise,
00:55:43 ça se passe sur notre plateforme en ligne,
00:55:46 que j'ai rejointe, et puis, une fois que j'y ai pris goût,
00:55:49 je n'ai plus quitté le militantisme.
00:55:51 -Et puis, alors, six ans après cette adhésion à LFI,
00:55:55 vous avez été élue députée de l'EHRO,
00:55:58 avec cette phrase, juste après votre élection,
00:56:01 prononcée chez nos confrères de France Bleue.
00:56:03 "Aujourd'hui, je porte la colère des gens."
00:56:06 On va y revenir, bien sûr, dans un instant.
00:56:08 Également avec nous, Olivier Perroux.
00:56:11 Vous êtes grand reporteur
00:56:12 au service politique de l'hebdomadaire L'Express,
00:56:15 en charge de la gauche.
00:56:17 Votre dernier livre a pour titre "Autopsie du cadavre",
00:56:19 "Le cadavre en question",
00:56:21 s'appelle "Le parti socialiste",
00:56:23 et cet ouvrage est à découvrir aux éditions Fayard.
00:56:26 Et puis, enfin, avec nous, Rémy Lefebvre.
00:56:28 Bienvenue. Vous êtes politologue,
00:56:30 professeur de sciences politiques à l'université de Lille
00:56:34 et chercheur au Centre d'études et de recherche
00:56:36 administrative, politique et sociale, le SERAPS.
00:56:39 Votre dernier ouvrage s'intitule, lui,
00:56:42 "Faut-il désespérer de la gauche ?"
00:56:44 Il est à se procurer aux éditions textuelles.
00:56:47 Rémy Lefebvre, on va commencer avec vous.
00:56:49 J'imagine que vous l'avez scanné,
00:56:51 cette jeunesse qui s'engage
00:56:53 dans les rangs de la France insoumise,
00:56:55 sociologiquement, elle est faite de quoi,
00:56:58 cette jeunesse qui s'engage dans ce mouvement,
00:57:00 la France insoumise ?
00:57:02 -Attention, la jeunesse, c'est pas un groupe homogène.
00:57:05 Il y a une jeunesse qui vote pour Jean-Luc Mélenchon,
00:57:08 mais aussi pour l'extrême droite,
00:57:10 qui ne présente pas du tout les mêmes caractéristiques sociales.
00:57:13 -Celle qui nous intéresse, c'est celle qui s'engage
00:57:16 du côté de la France insoumise. -Elle est urbaine,
00:57:19 elle est plutôt diplômée, elle est plutôt féministe,
00:57:22 elle est plutôt très sensible, par exemple,
00:57:24 aux violences policières, et elle trouve,
00:57:27 en fait, dans l'offre politique incarnée
00:57:29 par la France insoumise, un marqueur de gauche,
00:57:32 un marqueur bien identifié, alors que, très souvent,
00:57:35 cette jeunesse est un peu perdue dans ses repères.
00:57:38 Elle a connu les déceptions du mandat de François Hollande,
00:57:42 elle a connu le brouillage du clivage gauche-droite,
00:57:44 et parce que Jean-Luc Mélenchon incarne
00:57:47 une radicalité écologiste, féministe, bien identifiée,
00:57:50 cette gauche-là, effectivement, a trouvé,
00:57:53 dans Jean-Luc Mélenchon, un repère et s'est mobilisé
00:57:56 lors de la dernière élection présidentielle.
00:57:59 -Vous ne faites pas partie de ceux qui classifient,
00:58:02 elle et filles, la France insoumise...
00:58:04 -L'extrême gauche.
00:58:05 -Dans l'extrême gauche, dite radicale.
00:58:08 Elle et fille siège, néanmoins, à l'extrême gauche
00:58:11 de l'hémicycle de l'Assemblée nationale.
00:58:14 Néanmoins, est-ce que vous diriez
00:58:16 que la France insoumise est la nouvelle gauche révolutionnaire,
00:58:20 cette gauche révolutionnaire qui,
00:58:22 aux côtés de la gauche dite réformiste, progressiste,
00:58:25 a fait l'histoire de la gauche française ?
00:58:28 -C'est compliqué. C'est une gauche révolutionnaire
00:58:31 car Mélenchon prône la révolution citoyenne,
00:58:33 donc il prône une transformation radicale du système,
00:58:36 du système libéral, mais ce n'est pas forcément
00:58:39 la gauche socialiste, pas la gauche du NPA
00:58:42 ou de lutte ouvrière, c'est-à-dire que, globalement,
00:58:45 c'est une transformation radicale du système économique,
00:58:48 mais ce n'est pas la révolution, au sens où on l'a entendu
00:58:51 dans l'histoire du mouvement ouvrier.
00:58:54 Le programme de Jean-Luc Mélenchon est aussi à gauche
00:58:57 que ne l'était le programme de François Mitterrand en 1981.
00:59:00 Evidemment, il est beaucoup plus à gauche
00:59:02 que les programmes sociodémocrates,
00:59:05 mais ce n'est pas non plus l'extrême gauche,
00:59:07 c'est-à-dire que c'est aussi une gauche républicaine
00:59:10 qui s'inscrit dans le cadre du système républicain,
00:59:13 mais qui prône une rupture radicale
00:59:15 avec le système néolibéral. -Changer le système,
00:59:18 on l'a entendu dans la bouche de certains militantes
00:59:21 et de jeunes militantes que nous avons vues
00:59:24 dans ce documentaire, on va réécouter
00:59:26 ce que disait, justement, à ce propos, l'une d'entre elles.
00:59:29 -Quand on regarde le bilan,
00:59:31 on a recréé une forme d'unité à gauche
00:59:34 sur la base d'un score qui était quand même de 22 %
00:59:37 ce qui est immense.
00:59:38 C'est-à-dire que là, on s'est remis du hollandisme.
00:59:41 On a mis à distance cette gauche
00:59:44 qui, en fait, avait complètement intégré
00:59:47 qu'il y a le système tel qu'il est
00:59:49 et on va essayer de le rendre un peu moins brutal.
00:59:52 Et en fait, c'est pas l'enjeu de notre époque.
00:59:55 L'enjeu pour ma génération, c'est de changer le système.
00:59:58 -Donc, ce que vous proposez, ce que veulent ces jeunes,
01:00:01 si on comprend bien, c'est une rupture avec le système actuel.
01:00:04 -Oui, effectivement, Jean-Luc Mélenchon
01:00:07 a théorisé la révolution citoyenne.
01:00:09 Quand on dit révolution citoyenne,
01:00:11 c'est qu'on part du constat qu'aujourd'hui,
01:00:14 la Ve République, notamment,
01:00:16 se déroule dans l'intérêt
01:00:20 d'une poignée de gens très riches
01:00:22 qui sont ceux qui, par leur mode de vie,
01:00:25 polluent le plus, par exemple,
01:00:27 et que tout cela a suscité
01:00:30 une espèce de désadhésion, de renonciation
01:00:34 contre laquelle nous, nous nous battons.
01:00:36 Par exemple, lorsqu'on prône le passage
01:00:39 à la VIe République, lorsqu'on prône
01:00:41 des modes de production radicalement différents
01:00:45 qui permettraient de mettre en place
01:00:47 une écologie radicale, populaire,
01:00:50 et puis, bon, ben, pour...
01:00:52 -La rupture, hein, la rupture.
01:00:54 On y a déjà eu le droit, dans le disco politique.
01:00:57 81, Mitterrand, c'était la rupture avec le capitalisme.
01:01:00 Un peu plus proche de nous, François Hollande
01:01:03 qui avait fait du monde de la finance son ennemi.
01:01:06 Il y a eu beaucoup de déçus à gauche,
01:01:08 sans doute beaucoup de déçus au sein même de l'électorat
01:01:11 qui pourrait, qui aurait pu voter
01:01:13 pour un parti comme la France insoumise.
01:01:16 -Oui, et du coup... -Qu'est-ce qui peut
01:01:18 faire croire à ces jeunes, qu'avec vous,
01:01:21 la rupture, elle est programmée,
01:01:23 elle est bien programmée,
01:01:24 et que si vous arrivez au pouvoir,
01:01:26 vous allez y parvenir. -Oui.
01:01:28 Déjà, parce qu'on a un programme,
01:01:30 en commun, qui a été porté pendant l'élection présidentielle,
01:01:34 ensuite, on a porté le programme de la NUPES,
01:01:36 qui, depuis, peut être augmenté des combats
01:01:39 que nous avons menés en commun à la NUPES,
01:01:41 qui porte toutes sortes de mesures sociales,
01:01:44 écologiques, démocratiques.
01:01:46 Et puis, cela s'accompagne de gages, également,
01:01:49 par exemple, lorsque on propose
01:01:51 un référendum révocatoire à mi-mandat,
01:01:53 lorsque... Bon, ce sont des gages, effectivement,
01:01:56 qui permettent de dire que lorsqu'on fait une promesse,
01:02:00 ça ne doit pas être une promesse en l'air,
01:02:02 parce que les promesses ont été rompues.
01:02:04 -Quand vous dites "je porte la colère des gens",
01:02:07 vous allez la porter comment ?
01:02:09 Parce que ça, c'est, effectivement,
01:02:11 souvent des propos qu'on tient quand on est en l'opposition.
01:02:15 Est-ce que vous vous en sentez prête
01:02:17 à affronter le réel en tant qu'élu, aujourd'hui ?
01:02:20 Est-ce que ces jeunes qu'on a vus dans ce documentaire
01:02:23 peuvent aussi accepter l'idée d'un certain nombre de compromis
01:02:27 s'il s'agissait d'affronter le réel ?
01:02:29 Ça a été confronté au réel dans son histoire,
01:02:31 et ça semble toujours avoir été un problème.
01:02:34 Vous y sentez prête, aujourd'hui, en tant qu'élu et LFI ?
01:02:37 Ces jeunes s'y sentent prêtes ?
01:02:39 -Si on s'appuie sur les résultats de l'élection présidentielle,
01:02:43 on l'a entendu, Jean-Luc Mélenchon
01:02:46 obtient 22 % des voix.
01:02:48 Toutes les autres formations de gauche
01:02:51 qu'on pourrait qualifier d'accompagnement,
01:02:53 du libéralisme, de ce qu'Emmanuel Macron a porté jusqu'à maintenant,
01:02:57 sont dans les urnes et font moins de 5 %.
01:02:59 Donc, ce qui a été porté par la jeunesse,
01:03:02 mais pas que, par les électrices et les électeurs de LFI,
01:03:05 c'est un programme de rupture.
01:03:07 Et donc, cela, bon...
01:03:11 Ca signifie quelque chose
01:03:14 que l'on doit prendre en compte, en tout cas.
01:03:16 Et c'est ce qu'on s'efforce de faire.
01:03:19 Mais quand je disais que nous, nous sommes en rupture aussi
01:03:24 avec l'ordre établi, avec cette Ve République
01:03:27 qui privilégie une poignée de gens,
01:03:30 ça signifie qu'il faut réconcilier aussi
01:03:32 le grand nombre à la politique.
01:03:34 On a mené des campagnes d'inscription
01:03:36 sur les listes électorales.
01:03:38 On sait que les jeunes sont souvent mal inscrits
01:03:41 parce qu'ils n'étudient pas là où ils votent.
01:03:44 -Ils ont encore très peu voté,
01:03:46 à comparer à leurs aînés,
01:03:47 aux dernières élections présidentielles de l'UGCT.
01:03:50 -Nous avons été la seule formation politique
01:03:53 à faire des campagnes de porte à porte,
01:03:55 y compris dans les cités universitaires.
01:03:58 -D'où ce score, d'ailleurs,
01:03:59 chez les 18-24 ans. -Ca a dû jouer.
01:04:02 -Olivier Perroux, vous la situez où,
01:04:04 cette jeunesse et les filles ?
01:04:06 Et ce parti, ce mouvement,
01:04:07 la France insoumise ?
01:04:09 -S'il y a de la colère chez les jeunes,
01:04:11 notamment chez les jeunes qui votent pour la France insoumise,
01:04:15 il y a aussi beaucoup de frustration.
01:04:17 Quand on entend dire que 22 %, c'est immense,
01:04:20 ça ne gagne pas.
01:04:21 Mais quand on entend dire que les jeunes,
01:04:23 y compris ceux qui votent pour la France insoumise,
01:04:26 il y a une forme de frustration d'être aussi dans l'opposition.
01:04:30 Je pense que si une grande partie de la jeunesse,
01:04:33 aujourd'hui, vote pour Jean-Luc Mélenchon,
01:04:36 c'est moins pour le fond
01:04:37 que pour la manière de faire de la politique.
01:04:40 Je n'ai pas entendu, au fil de mes reportages,
01:04:43 au fil de la campagne présidentielle,
01:04:45 les jeunes qui militaient pour Jean-Luc Mélenchon
01:04:48 réclamer la VIe République,
01:04:50 pour ce changement de régime.
01:04:52 Ce n'est pas au coeur de leurs préoccupations.
01:04:55 Néanmoins, ce qu'a compris Jean-Luc Mélenchon,
01:04:58 c'est la manière de leur parler.
01:05:00 Et il faut se souvenir, quand même,
01:05:02 que Jean-Luc Mélenchon a un peu plus de 70 ans,
01:05:07 il fait de la politique depuis très longtemps.
01:05:09 -Un vieux routier de la politique, un professionnel de la politique.
01:05:13 -De prime abord, on pourrait croire que les jeunes n'aiment pas,
01:05:17 pardonnez-moi l'expression, les vieux de la vie et de la politique.
01:05:20 Il y a plusieurs raisons.
01:05:22 Juste un exemple.
01:05:24 A la fin des années 80, il est l'un des plus jeunes sénateurs.
01:05:28 Il est en adéquation, à l'époque, au Parti socialiste,
01:05:31 et il est sur une ligne politique très proche
01:05:34 de ceux qui animent SOS Raciste
01:05:36 ou qui forment le syndicat lycéen La Fidèle,
01:05:39 notamment pour combattre la loi de Vaquet.
01:05:42 Et ces gens-là, c'était Julien Dray ou Éric Benzécrit, par exemple,
01:05:46 qui ont été des collaborateurs et des proches de Jean-Luc Mélenchon.
01:05:50 Jean-Luc Mélenchon voit ces mouvements de jeunesse
01:05:53 s'activer massivement à l'époque.
01:05:56 Il regarde ça du coin de l'œil, même si c'est un jeune sénateur,
01:05:59 et il ne comprend pas comment ces deux hommes
01:06:02 arrivent à mobiliser tous ces jeunes dans la rue.
01:06:05 Il regarde ça avec un peu de jalousie, presque.
01:06:08 Donc il va un peu s'inspirer de tout ça,
01:06:10 et ça amène un peu à ça aujourd'hui.
01:06:12 Il faut dire qu'à l'époque, Jean-Luc Mélenchon,
01:06:15 même s'il avait 35 ans, il était vu comme un vieux sénateur
01:06:19 et le discours n'accrochait pas à la jeunesse.
01:06:21 -On va regarder un autre exemple.
01:06:23 -Juste sur un point, aujourd'hui,
01:06:25 Mélenchon a compris ça, notamment parce qu'il met
01:06:28 beaucoup de jeunes autour de lui, son entourage,
01:06:31 Clémence Guettet, qui prend des responsabilités,
01:06:34 et les réseaux sociaux. TikTok.
01:06:35 Il a très vite compris que c'est sur ce réseau
01:06:38 qu'il pourrait conscientiser des millions de personnes
01:06:41 qui le regardent, et ça, il y est très attaché,
01:06:44 et il essaie de parler aux jeunes via ce médium.
01:06:47 -Alors, ce contact de Jean-Luc Mélenchon,
01:06:49 71 ans, je crois, aujourd'hui, au moment où on se parle,
01:06:52 et ces jeunes, ces 18-24 ans,
01:06:54 il est symbolisé par un extrait du documentaire, notamment,
01:06:58 à propos du privilège blanc.
01:07:01 -Ce serait mentir de dire qu'il n'y a pas de racisme d'État,
01:07:04 c'est-à-dire qu'on est dans un pays où,
01:07:06 quel que soit notre statut social,
01:07:08 à partir du moment où on n'est pas blanc,
01:07:11 on aura des difficultés.
01:07:12 -Quand on ressent ce privilège d'être un homme blanc ?
01:07:15 -Il faut que les autres vous le disent.
01:07:17 Au début, j'ai commencé par dire que c'était pas le privilège
01:07:21 d'un homme blanc quand il est pauvre.
01:07:23 On m'a dit qu'on allait te le raconter.
01:07:25 Quand on vous le raconte, vous dites que ce n'est pas que faux.
01:07:29 -Vous, vous définiriez comment ?
01:07:31 -Être humain. Je n'appartiens à aucune communauté
01:07:34 fondée sur la couleur de peau. Ça, jamais.
01:07:36 -Je n'appartiens à aucune communauté
01:07:39 sur la couleur de peau.
01:07:42 Là, on retrouve Jean-Luc Mélenchon
01:07:45 plutôt laïquard,
01:07:47 qui s'inscrit pleinement dans notre universalisme républicain
01:07:51 et qui discute avec une jeune femme
01:07:53 qui fait partie de ceux, comme vous les avez décrivés,
01:07:57 qui sont contre les...
01:07:58 Évidemment, pour lutter contre les discriminations raciales,
01:08:02 les discriminations de genre...
01:08:05 Il a fallu s'adapter pour Mélenchon,
01:08:07 pour s'adresser à cette jeunesse.
01:08:10 -C'est intéressant, ce passage-là.
01:08:12 Mélenchon, son logiciel,
01:08:13 vous l'avez dit, il est laïquard, universaliste.
01:08:16 Pour lui, la religion, c'est quelque chose...
01:08:19 Il est anticlérical, athée, évidemment.
01:08:22 Il est... -Il est trop maçon.
01:08:24 -Il est pour une laïcité, au départ,
01:08:26 qui était très rigoriste.
01:08:28 Et donc, les questions de...
01:08:31 qu'on peut qualifier aujourd'hui de "wokist",
01:08:33 cette espèce d'ère du temps, il l'a mis à distance.
01:08:36 Pendant longtemps, le mot "islamophobie",
01:08:39 Jean-Luc Mélenchon, déniait l'existence de l'islamophobie.
01:08:42 Il a évolué.
01:08:43 A partir de 2017, c'est notamment les députés
01:08:46 issus de la Seine-Saint-Denis,
01:08:48 comme Eric Coquerel, qui dit avoir évolué sur ces questions-là.
01:08:52 Il a évolué aussi parce qu'il est entouré de jeunes,
01:08:55 les assistants parlementaires, les cadres de la France insoumise,
01:08:59 qui, eux, ont une culture beaucoup plus ouverte
01:09:01 sur ces questions, qu'on appelle "intersectionnelle".
01:09:04 Et donc, il va évoluer, il va prendre...
01:09:07 Il dit qu'il reconnaît pas privilèges blancs,
01:09:10 mais en même temps, il dit que ça le perturbe.
01:09:13 Après, il y a une autre idée plus stratégique
01:09:15 qu'il faut mettre en avant, une forme d'électoralisme.
01:09:18 C'est-à-dire que Jean-Luc Mélenchon se rend compte, en 2017,
01:09:21 que les voix qu'il lui manque, c'est les voix des quartiers,
01:09:25 des jeunes issus des quartiers.
01:09:27 Donc, il va, d'un point de vue électoral,
01:09:29 se tourner un peu plus vers cet électorat,
01:09:32 qui va d'ailleurs être au rendez-vous en 2022.
01:09:34 Les quartiers ont massivement voté pour Jean-Luc Mélenchon.
01:09:38 Là où les milieux populaires plus traditionnels
01:09:40 que défend François Ruffin n'ont pas été au rendez-vous.
01:09:43 Il y a, dans ce discours autour des discriminations,
01:09:46 autour de ce que les sociologues appellent "la race",
01:09:49 mais dans un sens sociologique,
01:09:51 une évolution à la fois électorale,
01:09:54 stratégique et politique de Jean-Luc Mélenchon,
01:09:57 qui fait que les jeunes se sont aussi retrouvés
01:10:00 un peu plus en phase avec ce discours-là
01:10:03 qui résonne en eux, en fait.
01:10:05 -Est-ce que ce sont les représentants
01:10:07 et les jeunes issus des classes populaires
01:10:09 qui vous ont en partie élus, vous aussi,
01:10:12 à l'occasion des dernières législatives ?
01:10:14 -Oui, ma circonscription, c'est une circonscription particulière
01:10:18 qui n'est que sur Montpellier, pas tout Montpellier,
01:10:21 mais une grande partie.
01:10:22 Elle comprend des quartiers comme le centre-ville
01:10:25 autant que la Payade ou des quartiers très populaires.
01:10:28 La candidature de Jean-Luc Mélenchon...
01:10:30 -A la Payade, on a beaucoup voté aux Ioles.
01:10:33 -Oui, Jean-Luc Mélenchon, à près de 80 %,
01:10:35 ou qui dépasse 80 %, et...
01:10:37 -Avec des forts taux de participation ?
01:10:39 -Pas toujours.
01:10:40 On a toujours cette dualité entre...
01:10:43 Il y a une abstention qui reste très forte,
01:10:46 mais lorsque les gens se déplacent,
01:10:48 ils se déplacent pour la France insoumise,
01:10:51 Jean-Luc Mélenchon aux présidentielles,
01:10:53 Nathalie aux Ioles pour la législative.
01:10:55 Ici, on voit, en fait,
01:10:57 la théorie universaliste que nous portons,
01:10:59 c'est-à-dire, lorsqu'il dit
01:11:01 "je me définis comme être humain",
01:11:03 c'est ce que nous portons dans notre programme
01:11:06 à la France insoumise.
01:11:07 -On fait la racialisation du débat,
01:11:09 la lutte contre toutes les formes de discrimination
01:11:13 envers certaines minorités, je ne vais pas toutes les citer,
01:11:17 mais ça fait partie vraiment de votre programme.
01:11:19 Et là, certains disent, attention, attention,
01:11:22 "wokisme", on sort du schéma, justement, universaliste.
01:11:26 Vous vous situez comment, vous, par rapport à ça ?
01:11:29 -Moi, je pense qu'il y a des questions
01:11:31 que notre programme, que Jean-Luc Mélenchon
01:11:33 a permis de mettre sur le devant de la scène.
01:11:36 Ce qu'à un moment donné, aussi, un jeune homme dit
01:11:39 dans ce reportage qui est investi dans les causes LGBT,
01:11:44 il dit qu'il faut reconnaître à Jean-Luc Mélenchon
01:11:47 cette volonté d'embrasser les problématiques contemporaines,
01:11:51 y compris celles qui n'étaient pas sur la table
01:11:54 il y a 20, 30 ans, à l'époque où les formations de gauche
01:11:58 ne s'intéressaient pas du tout aux questions des minorités.
01:12:01 Il embrasse ces problématiques contemporaines
01:12:04 pour les intégrer à une réflexion sociale globale
01:12:07 qui donne le programme de l'Avenir en commun, par exemple.
01:12:10 Et en s'entourant également d'équipes jeunes,
01:12:13 effectivement, Clémence Guettet pour le programme,
01:12:16 Manuel Bompard, qui a une trentaine d'années,
01:12:18 qui est son directeur de campagne,
01:12:20 toutes les équipes qui entourent Jean-Luc Mélenchon,
01:12:23 il y a une vraie volonté de s'adapter
01:12:25 et de comprendre, en fait,
01:12:27 ce qui traverse non seulement la jeunesse,
01:12:30 mais la société de manière générale.
01:12:32 -Olivier Perrault a envie de réagir.
01:12:34 -Ce qui est étonnant, c'est la bifurcation
01:12:37 de Jean-Luc Mélenchon sur le sujet des minorités.
01:12:40 C'est vrai qu'avant, c'était un universaliste patenté,
01:12:43 revendiqué, il avait autour de lui
01:12:45 tout un lot de personnes
01:12:47 qui battaient le pavé sur ce combat en particulier.
01:12:52 En 2017, il lui manque en effet ses 600 000 voix,
01:12:55 il change de stratégie.
01:12:56 Il y a des personnes qu'il vire, littéralement,
01:12:59 ces personnes-là qui défendaient ce combat
01:13:02 républicain universaliste,
01:13:03 et de nouvelles personnes arrivent.
01:13:05 Il faut pas se tromper sur Jean-Luc Mélenchon.
01:13:08 Il est issu d'un mouvement de la gauche,
01:13:10 le Lambertisme, pour faire très court...
01:13:13 -D'un courant trotskiste. -Voilà, exactement,
01:13:15 qui considère, si je résume,
01:13:17 que tout ce qui bouge est rouge.
01:13:19 Il faut attraper toutes les colères
01:13:21 pour en faire une seule et mener à cette révolution citoyenne.
01:13:25 Et il y a des nouvelles colères qui apparaissent,
01:13:28 notamment pas mal de colères dans les quartiers,
01:13:31 et les causes LGBT,
01:13:34 les causes aussi sur les religions,
01:13:38 et notamment l'islam, toutes ces communautés-là.
01:13:41 Il y a une colère qui naît, donc il veut les saisir,
01:13:44 il veut les prendre.
01:13:46 Il y a des nouvelles personnes qui apparaissent autour de lui,
01:13:49 je pense notamment à la députée, après 2017,
01:13:52 à la députée Danielle Obono,
01:13:54 qui, elle, considère que la France est impérialiste,
01:13:57 qu'il y a un système organisé quasi raciste.
01:14:01 Et donc, ces personnes-là vont murmurer
01:14:03 de nouvelles théories à l'oreille de Jean-Luc Mélenchon,
01:14:07 qu'il va finalement digérer pour mener ce nouveau combat.
01:14:11 On arrive à ce que vous expliquez tout de suite,
01:14:13 sur le vote de 2022.
01:14:15 Mais en fait, il fait un choix politique,
01:14:17 Jean-Luc Mélenchon,
01:14:18 qui ne s'y est pas forcément au même électorat de 2017,
01:14:22 et qui contredit un peu le Jean-Luc Mélenchon
01:14:26 qu'on a connu depuis les années 80.
01:14:29 Je vous laisse répondre, on verra ensuite
01:14:32 un dernier extrait du documentaire.
01:14:34 -Oui, je pense qu'il faut aussi, comment dire,
01:14:38 comprendre les quartiers populaires
01:14:40 comme des endroits où le chômage explose.
01:14:42 L'accès à l'emploi est extrêmement difficile.
01:14:45 La précarité est dans des proportions
01:14:47 bien plus fortes qu'ailleurs.
01:14:49 Ce sont des problématiques qu'on retrouve en zone rurale.
01:14:53 La difficulté des accès aux services publics, etc.
01:14:56 C'est à cela que l'on s'adresse,
01:14:58 avec la hausse du SMIC, la retraite à 60 ans, etc.
01:15:01 Mais en plus de cela,
01:15:03 Jean-Luc Mélenchon et nous, à La France Insoumise,
01:15:05 nous avons été les seuls à parler des violences policières,
01:15:09 que maintenant, plus personne ne peut nier,
01:15:11 vu l'actualité, par ailleurs.
01:15:13 -Malheureusement, revenu au devant de l'actualité,
01:15:16 avec les émeutes qu'on a connues...
01:15:18 -Un jeune a été tué par la police.
01:15:20 Ca a commencé comme ça.
01:15:21 Les violences policières dans les quartiers,
01:15:24 c'est quelque chose contre lequel nous alertons depuis des années.
01:15:28 C'est tout cela qui est au coeur
01:15:29 de ce qui se passe dans les quartiers populaires,
01:15:32 en ruralité, tous ces endroits
01:15:34 où les services publics ont été enlevés.
01:15:36 C'est ces problématiques sociales-là
01:15:39 à lesquelles nous nous adressons avec notre programme.
01:15:42 -Dernier extrait du documentaire.
01:15:44 Cette fois, on est à la fin du film.
01:15:46 C'est une réunion familiale,
01:15:48 on discute des idées des uns et des autres.
01:15:50 Le père n'a pas les mêmes idées que ses enfants,
01:15:53 mais c'est surtout cette militante
01:15:55 qui réagit à l'affaire Adrien Quatennens.
01:15:58 -Au moment de l'affaire, quand j'ai lu sa lettre,
01:16:02 je me souviens avoir été...
01:16:05 très triste, pour être honnête.
01:16:07 Et puis, par derrière,
01:16:11 j'ai pensé aussi à la victime,
01:16:13 du coup, à sa femme,
01:16:15 et donc, voilà, donc...
01:16:18 C'est une histoire qui a fait vachement parler.
01:16:21 Et tant mieux si c'est pour parler des violences
01:16:24 que subissent les femmes.
01:16:26 Jean-Luc Mélenchon a fait des tweets, du coup, qui...
01:16:29 Qui...
01:16:30 Qui n'étaient pas nécessaire, je pense,
01:16:34 qui étaient un peu maladroits
01:16:36 et qui auraient pu être bien meilleurs.
01:16:39 Musique douce
01:16:42 -On a laissé vivre cette image
01:16:44 pour, évidemment, capter le visage de Jean-Luc Mélenchon.
01:16:47 On le sent pas très à l'aise.
01:16:49 -On verra qu'il donnera une fin de non-recevoir
01:16:53 aux dernières questions de la réalisatrice
01:16:56 de ce documentaire, suite à cette question
01:16:58 posée concernant cette affaire d'Adrien Quatennens,
01:17:01 avec ce jugement, concernant Adrien Quatennens,
01:17:04 député du Nord. Il a été condamné en décembre dernier
01:17:07 à 4 mois de prison avec sursis suite à des violences conjugales.
01:17:11 Visiblement, ça a laissé beaucoup de traces,
01:17:14 notamment chez les jeunes.
01:17:16 -Ce qui s'est passé, c'était une épreuve
01:17:18 pour la France insoumise, car le logiciel
01:17:20 de la France insoumise a évolué,
01:17:22 il est devenu très féministe,
01:17:24 et tout d'un coup, arrive l'affaire Quatennens.
01:17:27 Et là, Jean-Luc Mélenchon,
01:17:29 qui le reconnaît dans le documentaire,
01:17:31 commet une erreur. Il fait un tweet
01:17:34 qui laisse à penser qu'il soutient plus
01:17:37 son ami Adrien Quatennens qu'il apporte son soutien
01:17:40 à la victime, et là, il y a une dissonance terrible...
01:17:43 -Adrien Quatennens, c'était le dauphin désigné ?
01:17:46 -Sans doute, c'était quelqu'un de très proche
01:17:49 du premier cercle de Mélenchon, et là,
01:17:51 il revient finalement à une espèce de vieux logiciel ancien,
01:17:55 un peu macho, pas très sensible à cette question-là,
01:17:58 et dans sa formulation, il va se heurter,
01:18:01 et on le voit sur le terrain.
01:18:02 Beaucoup de jeunes ne le suivent plus.
01:18:05 Ils pensaient que les filles étaient féministes,
01:18:08 et là, il a préféré ne pas sacrifier son dauphin,
01:18:11 ne pas l'abîmer, quitte à froisser, en fait,
01:18:15 des gens qui sont attachés à lui, notamment des jeunes,
01:18:18 car ils pensent que c'est une organisation féministe.
01:18:21 On a vu au sein de la FI
01:18:22 que l'affaire Quatennens a fait des dégâts,
01:18:25 car il y a les proches de Jean-Luc Mélenchon
01:18:27 qui le soutiennent, et ceux qui disent qu'ils ont commis une erreur.
01:18:31 -Il y en a même qui voulaient exclure Adrien Quatennens.
01:18:35 -C'est une épreuve dans l'organisation,
01:18:37 et j'ai observé localement beaucoup de jeunes
01:18:40 qui n'ont pas suivi la FI, qui ont fait la grève du militantisme,
01:18:43 car ils estiment que, finalement,
01:18:45 l'organisation... -C'est en contradiction
01:18:48 avec les engagements de ce mouvement.
01:18:50 C'est le cas aussi dans les Ros,
01:18:52 dans les groupes d'action de la FI.
01:18:54 C'est comme ça qu'on appelle ces groupes,
01:18:56 qui interviennent localement.
01:18:58 On a mal compris la réaction du leader,
01:19:01 Jean-Luc Mélenchon, sur cette question précise.
01:19:04 -Ce qui est certain, c'est que... -Versantien-Malaise.
01:19:07 -Ce moment qui a été recalifié en affaire Quatennens
01:19:10 a provoqué une réflexion profonde
01:19:13 que ce soit dans le mouvement de la FI,
01:19:15 que ce soit dans le groupe parlementaire.
01:19:17 On s'est saisis, quand même, de cette histoire-là.
01:19:20 Et plus globalement, elle a interpellé
01:19:23 chacune et chacun dans la société
01:19:25 et a appelé à se plonger en soi et à participer
01:19:27 à une réflexion sur ce sujet.
01:19:29 -Ca vous a pas surtout interpellé
01:19:31 sur votre mode de démocratie interne ?
01:19:34 -Je ne sais pas si c'était ce sujet-là en particulier.
01:19:38 -A votre permanence, il y a eu des jeunes militants
01:19:41 qu'on a vus peut-être dans ce documentaire
01:19:43 qui vous ont dit "là, on ne comprend pas".
01:19:45 -Oui, ce sont des problématiques qui sont...
01:19:48 Quand on disait des problématiques contemporaines
01:19:51 qui sont sur la table, ça en fait partie
01:19:53 avec toutes les complexités et les contradictions
01:19:56 que cela entraîne et implique.
01:19:58 Et donc, bon, tout ça a traversé notre société.
01:20:03 -Votre partie, surtout, votre mouvement.
01:20:05 -Oui. Ce qui a rendu peut-être compliqué la réflexion,
01:20:09 c'est la façon dont...
01:20:10 Enfin, le traitement médiatique qui en a été fait,
01:20:13 qui a feuilletonné cela et qui ne permet pas
01:20:16 une réflexion toujours sereine sur le sujet.
01:20:18 Et d'ailleurs, bon, même...
01:20:20 -Il y a eu un jugement. -Oui.
01:20:22 -Il a été condamné.
01:20:24 -Oui, d'accord. -La justice a parlé.
01:20:26 -Ce que je veux dire, c'est qu'y compris LCP,
01:20:29 qui est une chaîne sérieuse,
01:20:31 on voit ensuite un extrait,
01:20:33 Jean-Luc Mélenchon qui se lève, qui s'en va,
01:20:36 et ça, c'était hors interview, par exemple.
01:20:39 Et ça participe à ce feuilletonnage,
01:20:41 ces racoleurs, donc...
01:20:43 Mais si on doit en tirer un enseignement,
01:20:46 c'est bien que c'est une réflexion
01:20:48 dont on doit s'emparer collectivement
01:20:50 et qui nous amène, en fait, à nous confronter
01:20:53 à nos propres contradictions,
01:20:55 collectivement et individuellement.
01:20:57 Et "faites mieux", finalement,
01:20:59 c'est un mot d'ordre qui vaut pour notre mouvement,
01:21:02 mais qui vaut, de manière générale,
01:21:04 pour la société, peut-être pour les médias aussi.
01:21:07 -Alors, ça a tout de même beaucoup tangué
01:21:09 au sein de la France insoumise,
01:21:11 depuis, finalement, le changement de direction
01:21:15 de ce mouvement qui fonctionne en association.
01:21:18 En réalité, il y a trois personnes.
01:21:20 Il y a un président, un secrétaire, un trésorier.
01:21:23 C'est Manuel Bompard, maintenant, le président.
01:21:26 -C'est le coordinateur. -Madame Pannot,
01:21:28 le coordinateur.
01:21:30 Mathilde Pannot, qui est aussi la présidente du groupe LFI,
01:21:33 qui est le secrétaire du mouvement.
01:21:37 Ca a beaucoup tangué, depuis ce passage de relais,
01:21:40 après Jean-Luc Mélenchon.
01:21:42 On évoque cette affaire Katniss.
01:21:44 Il y a aussi eu plus de 300 militants du parti
01:21:47 qui ont demandé davantage de démocratie interne,
01:21:50 qui ont même demandé une sixième République interne,
01:21:53 allant jusqu'à demander une constituante.
01:21:55 Il y a une petite frange qui a aussi demandé
01:21:58 à instaurer des courants au sein de ce parti.
01:22:01 Manuel Bompard, l'actuel numéro un,
01:22:03 a dit qu'il n'était hors de question
01:22:05 d'instaurer des courants.
01:22:06 Ca tangue un peu, du point de vue de la démocratie interne,
01:22:09 et est-ce que ça peut provoquer, là aussi,
01:22:12 un certain mal-être auprès des adhérents,
01:22:14 qu'on a vus dans ce film ?
01:22:16 -Oui, chez les adhérents et chez les électeurs.
01:22:19 Vous parliez de dissonance cognitive
01:22:21 entre les discours au sein de la France insoumise
01:22:23 et l'application du programme.
01:22:25 Il faut rappeler que le programme de la France insoumise
01:22:28 a été développé il y a de nombreuses années
01:22:31 avec beaucoup d'experts, etc.
01:22:32 Peut-être, aujourd'hui, dans la classe politique,
01:22:35 c'est l'un des programmes dont le corpus
01:22:38 est le plus gros et le plus travaillé,
01:22:40 mais il y a une dissonance cognitive
01:22:42 avec la parole qui est donnée dans le cadre de l'affaire Katnins
01:22:45 et dans ce qui s'est passé sur la démocratie interne.
01:22:48 Vous parlez de problématique,
01:22:50 mais la jeunesse aujourd'hui,
01:22:52 dont il faut tirer les conséquences,
01:22:54 mais la jeunesse qui vote sur ces questions, notamment,
01:22:57 ne veut pas, n'a plus le temps,
01:22:59 ne veut plus prendre le temps de réfléchir à ces questions.
01:23:02 - Sans cette forme d'urgence. - Du coup, il y a
01:23:05 un sentiment d'urgence et de colère,
01:23:08 et finalement, il y a un peu un rétropédalage
01:23:10 au sein de la France insoumise sur cette question,
01:23:13 parce que ces électeurs, les jeunes, encore une fois,
01:23:16 ne comprennent pas.
01:23:17 Et il y a le deuxième rétropédalage sur la démocratie,
01:23:20 mais là, c'est assez revendiqué au sein de la France insoumise.
01:23:24 Quand Manuel Bompard dit "il n'y aura jamais de courant",
01:23:27 il n'y aura jamais de courant,
01:23:29 il n'y aura jamais de courant,
01:23:31 il n'y aura jamais de courant,
01:23:33 il n'y aura jamais de courant,
01:23:34 il n'y aura jamais de courant,
01:23:36 il n'y aura jamais de courant,
01:23:38 il n'y aura jamais de courant,
01:23:40 il n'y aura jamais de courant,
01:23:42 il n'y aura jamais de courant,
01:23:44 il n'y aura jamais de courant,
01:23:46 il n'y aura jamais de courant,
01:23:48 il n'y aura jamais de courant,
01:23:50 il n'y aura jamais de courant,
01:23:52 il n'y aura jamais de courant,
01:23:54 il n'y aura jamais de courant,
01:23:56 il n'y aura jamais de courant,
01:23:58 il n'y aura jamais de courant,
01:24:00 il n'y aura jamais de courant,
01:24:02 il n'y aura jamais de courant,
01:24:04 il n'y aura jamais de courant,
01:24:06 il n'y aura jamais de courant,
01:24:08 il n'y aura jamais de courant,
01:24:10 il n'y aura jamais de courant,
01:24:12 il n'y aura jamais de courant,
01:24:14 il n'y aura jamais de courant,
01:24:16 il n'y aura jamais de courant,
01:24:18 il n'y aura jamais de courant,
01:24:20 il n'y aura jamais de courant,
01:24:22 il n'y aura jamais de courant,
01:24:24 il n'y aura jamais de courant,
01:24:26 il n'y aura jamais de courant,
01:24:28 il n'y aura jamais de courant,
01:24:30 il n'y aura jamais de courant,
01:24:32 il n'y aura jamais de courant,
01:24:34 il n'y aura jamais de courant,
01:24:36 il n'y aura jamais de courant,
01:24:38 il n'y aura jamais de courant,
01:24:40 il n'y aura jamais de courant,
01:24:42 il n'y aura jamais de courant,
01:24:44 il n'y aura jamais de courant,
01:24:46 il n'y aura jamais de courant,
01:24:48 il n'y aura jamais de courant,
01:24:50 il n'y aura jamais de courant,
01:24:52 il n'y aura jamais de courant,
01:24:54 il n'y aura jamais de courant,
01:24:56 il n'y aura jamais de courant,
01:24:58 il n'y aura jamais de courant,
01:25:00 il n'y aura jamais de courant,
01:25:02 il n'y aura jamais de courant,
01:25:04 il n'y aura jamais de courant,
01:25:06 il n'y aura jamais de courant,
01:25:08 il n'y aura jamais de courant,
01:25:10 il n'y aura jamais de courant,
01:25:12 il n'y aura jamais de courant,
01:25:14 il n'y aura jamais de courant,
01:25:16 il n'y aura jamais de courant,
01:25:18 il n'y aura jamais de courant,
01:25:20 il n'y aura jamais de courant,
01:25:22 il n'y aura jamais de courant,
01:25:24 il n'y aura jamais de courant,
01:25:26 il n'y aura jamais de courant,
01:25:28 il n'y aura jamais de courant,
01:25:30 il n'y aura jamais de courant,
01:25:32 il n'y aura jamais de courant,
01:25:34 il n'y aura jamais de courant,
01:25:36 il n'y aura jamais de courant,
01:25:38 il n'y aura jamais de courant,
01:25:40 il n'y aura jamais de courant,
01:25:42 il n'y aura jamais de courant,
01:25:44 il n'y aura jamais de courant,
01:25:46 il n'y aura jamais de courant,
01:25:48 il n'y aura jamais de courant,
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