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00:00 Mes chers compatriotes, ma décision, longuement et mûrement réfléchie,
00:09 est de ne pas être candidat à la prochaine élection du 25 février 2024.
00:15 Sénégal, juillet 2023.
00:18 Après des mois d'incertitude,
00:20 le président Makissal annonce son retrait de la course à la présidentielle.
00:26 Sa décision est saluée au Sénégal et à l'étranger.
00:32 Arrivé au pouvoir en 2012, le chef de l'État a brigué deux mandats.
00:38 Alors, après 11 années au pouvoir, quel bilan laisse-t-il derrière lui ?
00:50 En 2010, plus de la moitié de la population du Sénégal vit sous le seuil de pauvreté.
00:57 Après son arrivée au pouvoir, Makissal lance ses grands projets.
01:14 Objectif affiché, transformer l'économie et accélérer la croissance à horizon 2035.
01:22 En 2019, des résultats sont visibles.
01:25 Grâce à l'installation de parcs solaires,
01:27 Makissal double la puissance électrique du pays.
01:31 Il achève son mandat avec une série d'inaugurations.
01:35 La ville nouvelle de Diamniadio apparaît aujourd'hui
01:38 comme la première de ses grandes réalisations.
01:41 Le bilan semble positif, mais il est contesté.
01:45 Les opposants de Makissal lui reprochent d'endetter le pays.
01:49 En réponse à ça, Makissal dit espérer tirer profit
01:53 de la future exploitation des gisements de pétrole et de gaz.
01:56 Autre critique, une déconnexion du chef de l'État
02:00 aux besoins immédiats de la population.
02:02 Il y a des préoccupations de base.
02:04 C'est l'eau, c'est l'électricité, c'est l'éducation, c'est la santé.
02:08 Trois ans après la réélection du président,
02:11 le système hospitalier est toujours en souffrance.
02:14 Et le deuxième mandat du président est entaché
02:17 par une série noire d'accidents dans les hôpitaux du pays.
02:22 Comme ici, à l'hôpital de Tivawan,
02:25 où onze nouveaux-nés ont perdu la vie dans un incendie.
02:28 Au niveau démocratique, le bilan de Makissal est également contrasté.
02:38 En cause, les condamnations judiciaires de plusieurs opposants.
02:42 En premier lieu, Ousmane Sonko.
02:45 En février 2021, il est accusé de viol et menace de mort
02:49 par une employée d'un salon de massage.
02:52 Depuis plus de deux ans, l'affaire électrise la vie politique au Sénégal.
02:57 Les partisans d'Ousmane Sonko dénoncent un complot.
03:00 Les émeutes se succèdent.
03:02 1er juin 2023, le jugement tombe.
03:05 Ousmane Sonko est condamné à deux ans de prison ferme
03:08 pour corruption de la jeunesse.
03:11 Des violences éclatent dans le pays.
03:13 En deux jours, les manifestations font au moins 23 morts,
03:17 selon l'ONG Amnesty International.
03:20 Mais Ousmane Sonko n'est pas le premier concurrent de Makissal condamné.
03:24 Avant lui, Karim Mouad et Rali Fassal ont connu la prison.
03:30 Aussi dans le collimateur de Makissal, la presse,
03:33 quand elle s'avère trop dérangeante.
03:35 Le 1er juin 2023, la chaîne Wolf TV est suspendue pour un mois,
03:40 accusée de diffusion de propos subversifs
03:43 et portant atteinte à la sécurité de l'État.
03:45 Durant les manifestations ayant suivi la condamnation d'Ousmane Sonko,
03:49 c'est la première fois qu'un média audiovisuel
03:52 est interdit sur une durée aussi longue.
03:55 En un an, le Sénégal a perdu 31 places
03:58 au classement mondial de la liberté de la presse.
04:02 Le Sénégal, le G20
04:06 Il est injuste que le continent africain,
04:10 fort de 54 pays, ne soit pas représenté
04:15 comme membre permanent du Conseil de sécurité.
04:19 L'accès au G20, par exemple de l'Union africaine, c'est une évidence.
04:23 Je ne demande pas l'accès pour le Sénégal,
04:25 ou pour l'Angola, ou pour l'Egypte.
04:28 C'est pour toute l'Union africaine.
04:30 Sur la scène internationale,
04:32 Macky Sall joue l'arbitre
04:33 et s'affiche en grand défenseur des intérêts africains.
04:37 Trois ans après son arrivée au pouvoir,
04:39 il est nommé à la tête de la communauté économique
04:42 des États de l'Afrique de l'Ouest.
04:44 La même année, il défend l'idée selon laquelle
04:47 l'intégration économique africaine
04:49 est l'une des clés contre le terrorisme.
04:52 Autre élément marquant de la présidence Sall,
04:54 sa nomination à la tête de l'Union africaine en février 2022.
04:59 Et un succès diplomatique avec l'adhésion de l'Union africaine
05:02 comme membre permanent du G20.
05:04 En juin 2022, Macky Sall milite
05:07 pour que les sanctions contre la Russie
05:09 n'affectent pas le secteur alimentaire.
05:11 C'est au nom de tous ces espoirs que je suis venu vous voir
05:16 pour demander de prendre conscience
05:19 que nos pays, même s'ils sont éloignés du territoire,
05:23 sont des victimes, des victimes de cette crise.
05:28 Ces positions sont entendues.
05:30 Le blocus sur les stocks de céréales d'Ukraine
05:32 à destination de l'Afrique est levé.
05:35 Une stature qui pourrait lui offrir
05:38 des opportunités hors du Sénégal.
05:41 La France lui a d'ailleurs assuré son soutien
05:44 s'il venait à envisager une reconversion,
05:46 tant des fonctions, à l'international.
05:51 Le 3 juillet 2023, en renonçant à se représenter,
05:56 Macky Sall montre qu'il tire les leçons du passé.
06:00 En 2012, il dénonçait lui-même
06:03 les tripatouillages constitutionnels d'Abdoulaye Ouad
06:06 pour se maintenir au pouvoir.
06:07 Le président de la République ne peut pas
06:10 et ne doit pas avoir une posée monarque.
06:13 11 ans plus tard, le 3 juillet,
06:15 Macky Sall dit avoir voulu préserver son honneur
06:18 ainsi que la réputation du modèle démocratique sénégalais.
06:22 Sa décision devrait aussi ouvrir le champ politique
06:26 pour la première fois de l'histoire du Sénégal.
06:29 Le président sortant va organiser une élection
06:31 à laquelle il ne participera pas.
06:35 Reste la question,
06:36 Ousmane Sonko sera-t-il autorisé à concourir ?
06:40 Macky Sall a assuré au monde,
06:42 ni lui ni la rue ne décideront qui sera candidat.
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