Émeutes : faut-il convertir les amendes non-payées en travaux d'intérêt général ?
Parlons Vrai chez Bourdin avec Basile de Bure, journaliste, auteur de “Que le destin bascule”, s’est plongé dans le quotidien d’un chargé d’éducation aux médias auprès de délinquants condamnés à des peines de travaux d’intérêt général (TIG) et âgés de moins de 30 ans.
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00:00 Frédéric Brindel. C'est un terme qui revient souvent dans notre quotidien ces derniers
00:04 jours, souvent évoqué comme sanction judiciaire constructive, les travaux d'intérêt général,
00:11 les tiges pour en parler et peut-être vous les auditeurs de Sud Radio, si vous voulez
00:17 nous faire remonter un vécu, une information, votre point de vue c'est au 0800 26 300 300.
00:23 Pour la partie explication et vécu, c'est Basile Debur qui est avec nous, vous êtes
00:28 journaliste, auteur de Que le destin bascule aux éditions Flammarion, vous avez suivi
00:33 plusieurs cas de ces travaux d'intérêt général. Bonjour Basile Debur.
00:38 Bonjour. Alors déjà, il faut rappeler que les travaux
00:42 d'intérêt général est une condamnation à effectuer un travail non rémunéré réalisé
00:47 par une personne majeure ou mineure de 16 ans au minimum. C'est le tribunal qui décide
00:53 de cette application. Oui tout à fait, c'est une peine qui existe
00:56 depuis le 10 juin 1983, on vient de fêter ses 40 ans, elle a été créée par le ministre
01:00 de la justice de l'époque Robert Badinter, donc elle peut être prononcée comme peine
01:04 principale, comme peine complémentaire ou comme peine de substitution dans le cadre
01:08 d'un aménagement de peine. En France, en dessous d'un an ferme, la peine sera aménagée,
01:12 donc de 0 à 6 mois en général, on peut transformer une peine de prison ferme en travail
01:16 d'intérêt général. Alors, pour être schématique, si vous êtes
01:19 poursuivi en justice pour un délit, acte interdit par la loi et puni d'une amende
01:24 et/ou d'une peine d'emprisonnement inférieure à 10 ans, passible d'une peine d'emprisonnement
01:28 ou pour une contravention, infraction que la loi punit d'une amende n'excédant pas
01:33 1500 euros. Finalement, on a l'impression, bon évidemment, il faut un cadre juridique
01:39 mais c'est assez compliqué, il n'y a pas possibilité aujourd'hui, peut-être, de développer
01:44 plus facilement ce type de condamnation au moment où les prisons explosent et où on
01:49 dit qu'on ressort pire après la prison qu'avant.
01:51 Ah bah bien sûr, il faut encourager ces peines qui sont très efficaces. Il faut le rappeler,
01:55 il y a un chiffre qui me paraît intéressant, pour une peine inférieure à 2 ans, quand
01:58 on met quelqu'un en prison, il y a un taux de récidive qui est de 60%. Quand à la place,
02:02 on propose un tige, le taux de récidive est de 30%. Vous divisez par 2 la récidive. Le
02:07 but de cette peine, c'est évidemment de sanctionner, c'est une peine qui est perçue
02:10 comme une sanction par les personnes qui sont condamnées, mais c'est aussi d'accompagner
02:14 vers la réinsertion, de donner un sens à la peine et de sociabiliser des personnes
02:18 qui sont parfois loin du monde du travail ou de ce genre de choses.
02:21 Parce que c'est un poste de travail qui sera adapté à la situation personnelle de celui
02:26 qui en est donc le récipiendaire, d'une certaine manière, et c'est d'une certaine manière
02:34 une option en fonction du profil du condamné.
02:39 Exactement, l'objectif serait vraiment d'individualiser la peine au maximum. Quand on est condamné
02:43 à une peine de tige, on va rencontrer ce qu'on appelle un CEPIP, un conseiller de réinsertion,
02:47 qui va donc faire une analyse du profil de la personne pour lui proposer un poste qui
02:50 correspondra le mieux à son profil.
02:52 Donc ça peut être une mission dans un service public, ça peut être dans une association,
02:56 les Restos du Coeur par exemple, pour servir la soupe, ce genre de choses.
02:58 Le but c'est d'aider.
03:00 Exactement, c'est d'être utile à la collectivité, de faire une mission qui soit vraiment utile
03:04 au bien collectif.
03:05 Donc ça peut être aussi des stages collectifs comme ceux que j'anime, donc des stages thématiques
03:09 qui vont être liés au type de délit pour lequel la personne a été condamnée.
03:12 Par exemple, pour une infraction au code de la route, on peut proposer un stage sur le
03:16 thème des délits de la route.
03:18 Oui, il faut évidemment, on vient d'en parler, que la réinsertion soit intégrée et que
03:24 de ce fait le contenu de ce travail soit adapté à la volonté de la personne, mais l'idée
03:29 c'est que ce soit pédagogique aussi, donc lié à l'infraction.
03:32 C'est quand même ça le plus important, non ?
03:34 Oui, complètement.
03:35 Que vraiment, et qu'on en ressorte en ayant appris quelque chose, que ça ait pu enrichir
03:38 la personne.
03:39 J'ai un exemple dans mon livre d'un jeune homme que je suis qui est assez criant, il
03:42 est condamné à une peine de tige qui va effectuer à la Philharmonie de Paris, une
03:45 mission de manutention à la Philharmonie.
03:47 Donc là c'est dans la musique ?
03:48 C'est dans la musique, mais c'est un musée qui participe au bien commun, et à la fin
03:54 de sa peine, ça se passe tellement bien que la Philharmonie lui propose un CDD.
03:57 Donc à l'issue de sa peine, il est embauché.
03:59 Un jeune qui n'avait pas de travail, qui était au chômage.
04:00 Un CDD pour faire quoi exactement ?
04:01 Pour faire le même genre de mission, donc c'est de la manutention, le tri de documents,
04:05 ce genre de choses.
04:06 Et donc on voit vraiment que cette peine est efficace.
04:08 On a un jeune qui était loin de tout ça et qui à la fin de sa peine se retrouve avec
04:12 un boulot.
04:13 Je lis quand même un point important, l'autorité judiciaire compétente ne peut condamner une
04:17 personne à effectuer une mesure de travaux d'intérêt général qu'avec son accord.
04:23 Tout à fait.
04:24 Alors ça c'est surréaliste, c'est-à-dire que si la personne ne veut pas faire ce tige,
04:28 elle ne le fait pas.
04:29 Alors je vais vous expliquer pourquoi tout de suite, c'est très intéressant.
04:31 C'est la seule peine pour laquelle la personne doit donner son accord.
04:34 La personne condamnée doit accepter le tige.
04:36 Il y a deux raisons à cela.
04:38 La première c'est que le travail forcé est interdit en France, on ne peut pas forcer
04:41 quelqu'un à travailler.
04:42 Et la deuxième c'est qu'en fait ça mettrait la structure d'accueil dans l'embarras.
04:45 Oui mais là vous parlez de travail forcé, il n'est pas rémunéré, donc de ce fait
04:48 ce n'est pas un travail.
04:49 Bien sûr, mais si je reprends l'exemple de la philharmonie, si on accueille un jeune
04:52 qui refuse de travailler, en fait tout le monde va se retrouver coincé.
04:55 Tout le monde est perdant.
04:56 Exactement.
04:57 Donc si la personne accepte, tout le monde est gagnant.
04:58 Bon, il y a quand même une mise en condition pour que celui qui est condamné accepte.
05:06 Bien sûr, cette peine, il faut le rappeler, c'est quand même une alternative à l'incarcération.
05:11 C'est quand même assez rare que la personne le refuse.
05:14 Voilà, c'est ça.
05:15 C'est-à-dire qu'elle le refuse rarement parce que c'est soit la prison, soit ça.
05:17 Ça peut être une peine plus grave, plus sérieuse en cas de refus.
05:21 Donc c'est pour ça que généralement cette peine est acceptée.
05:23 Mais il n'y a pas que ça.
05:24 Parce qu'on a dit par exemple que c'est soit une amende, soit ça aussi.
05:27 Ça peut arriver, mais dans ce sens-là c'est quand même plus rare.
05:31 Mais effectivement, une personne peut demander à ce que la peine de tithe soit transformée
05:34 en jour amende.
05:35 Par exemple, quelqu'un qui travaille.
05:36 Une personne qui depuis sa condamnation aurait trouvé du boulot et ne réussirait pas à
05:41 dégager les heures pour faire ses tithes.
05:42 On peut les transformer en amende.
05:44 Encore une fois, il faut individualiser la peine.
05:46 S'adapter à la personne pour que ça n'entrave pas une personne qui envoie de réinsertion.
05:49 Bon, c'est un courant qui… enfin un courant, je ne sais pas si c'est le bon mot, mais
05:54 en tout cas une solution, ces travaux d'intérêt général qui intéressent au niveau politique.
05:59 Je prends le cas de la mairie de Nice avec le premier adjoint de Christian Estrosi, Anthony
06:03 Boré, qui voulait renforcer et élargir l'efficacité des travaux d'intérêt généraux.
06:08 Ça s'est passé en mars.
06:10 En fait, pour certains, c'est même un projet municipal.
06:15 Alors comment est-ce possible ?
06:16 Oui, tout à fait.
06:17 C'est vrai que c'est une peine qui fait consensus aujourd'hui.
06:20 Tout le monde est pour le tige.
06:21 D'ailleurs, on peut le rappeler, quand elle a été votée en 83, c'est une loi qui a
06:24 été votée à l'unanimité de l'Assemblée nationale.
06:26 Donc depuis sa création, tout le monde est d'accord pour dire que c'est efficace.
06:29 Maintenant, dans la réalité, une fois qu'une personne est condamnée à des tiges, il faut
06:32 qu'elle trouve un poste.
06:33 Il faut qu'on lui trouve une mission.
06:34 Il faut donc qu'il y ait des services publics, des associations qui soient prêtes à accueillir
06:39 ces personnes condamnées.
06:40 Et là, c'est là que les collectivités locales peuvent jouer un rôle.
06:42 Exactement, mais ça ne suffit pas.
06:44 Les collectivités locales, les mairies, elles peuvent accueillir des personnes, mais on n'a
06:47 pas toujours assez de postes par rapport au nombre de condamnations.
06:50 Donc là, un des objectifs, par exemple, de l'Agence nationale du tige, c'est de développer
06:54 des postes dans des entreprises privées, ce genre de choses, des structures qui pourraient
06:57 accueillir les personnes condamnées.
06:58 Or, on a encore beaucoup de réticences, parce qu'il y a un certain nombre d'idées reçues
07:02 sur ces jeunes, donc ces jeunes qu'on appelle les délinquants, même si j'aime pas beaucoup
07:05 ce terme, d'accepter de recevoir ces gens.
07:09 Et quand on tient en parallèle un discours de stigmatisation, où on les appelle les
07:13 sauvages, les racailles et tout ce langage qui les enferme dans un imaginaire un peu
07:17 effrayant, les gens vont avoir des réticences à accueillir ces personnes condamnées.
07:20 Donc si d'un côté, on condamne les personnes à des tiges, tout le monde est pour, mais
07:24 que de l'autre côté, on ne leur propose pas de postes, ben on va pas s'en sortir.
07:27 Les auditeurs de Sud Radio, vous pouvez intervenir, 0826-300-300.
07:31 Pensez-vous que ce soit une bonne idée finalement, des condamnations de travaux d'intérêt
07:36 général ? Vous n'hésitez pas, 0826-300-300.
07:39 Il y a, avant de développer qui est le cœur de votre livre, Basile Debur, je rappelle,
07:45 vous avez écrit que le destin bascule, c'est aux éditions Flammarion, vous avez suivi
07:50 donc le vécu de ces personnes qui font des travaux d'intérêt généraux.
07:54 Mais juste une dernière question, avant le vécu, quand on propose à quelqu'un de faire
08:00 un travail gratuitement, est-ce qu'on ne prend pas le travail de quelqu'un qui aurait
08:04 pu être rémunéré et qui se retrouve au chômage, finalement en voie de conséquence ?
08:08 C'est une critique qui peut régulièrement être faite aux tiges et je pense qu'il y
08:13 a de la place pour tous les types de postes.
08:15 Au contraire, ça peut être vraiment un apport, un renfort, comme certains tuteurs de tiges
08:21 les appellent.
08:22 Moi j'ai pu rencontrer justement beaucoup de tuteurs, de gens qui accueillent ces jeunes
08:24 dans leur structure et qui soulignent vraiment l'aide que ça peut leur apporter.
08:28 Surtout à un moment où la question de la formation est très importante, et un moment
08:33 où justement les entreprises ont du mal à recruter parce que les gens ne sont pas formés.
08:36 Oui, tout à fait.
08:37 C'est vrai que ce sont des jeunes qui ont parfois arrêté l'école assez tôt, avant
08:40 le baccalauréat, qui n'ont pas de formation et qui sont très éloignés du monde du travail.
08:44 Ce qui est intéressant dans le tige, c'est aussi justement le lien qui est fait entre
08:47 ces jeunes et le monde du travail.
08:49 Ce sont des jeunes qui ne se sont parfois jamais retrouvés dans une structure, à se
08:52 lever le matin avec des horaires et qui se rendent compte grâce aux tiges qu'ils en
08:56 sont capables.
08:57 Ça peut paraître évident pour certains, mais ce sont des jeunes qui souffrent aussi
09:00 d'un grand manque de confiance en eux, qui ne se sentent pas légitimes à postuler à
09:04 certains postes et qui à la fin d'un tige, après avoir reçu des compliments, vont se
09:07 dire "mais en fait, je peux très bien travailler dans une mairie".
09:09 Et ça peut vraiment provoquer un déclic pour les accompagner vers le monde du travail.
09:13 Et vous parliez peut-être de la crainte de certains chefs d'entreprise.
09:17 Je ne sais pas, je prends l'exemple...
09:19 Tiens, ma mère était coiffeuse.
09:21 Admettons que dans son salon de coiffure, elle accueille quelqu'un pour travaux d'intérêt
09:28 généraux.
09:29 S'il y a un petit souci, est-ce qu'elle a un interlocuteur ? S'il y a des tensions,
09:35 par exemple, il y a un suivi ?
09:37 Déjà, c'est tout l'objectif de mon livre.
09:39 De montrer un peu comment est-ce que ces jeunes ne correspondent pas aux idées reçues qu'on
09:42 peut se faire sur eux.
09:43 Moi aussi j'en avais, quand j'ai commencé ces stages, j'étais un peu inquiet, je me
09:46 demandais comment j'allais être accueilli.
09:48 Voilà, vraiment de dire qu'ils ne correspondent pas du tout à l'idée qu'on peut se faire
09:52 d'eux.
09:53 Et évidemment, s'il y a un problème, vous avez un référent, les fameux conseillers
09:56 pénitentiaires d'insertion et de probation qui vont assurer le suivi de la peine tout
09:59 au long de son exécution.
10:01 Et s'il y a le moindre problème, on peut évidemment en référer au conseiller qui fera remonter
10:05 au juge d'application des peines, qui est celui qui contrôle l'exécution de cette
10:08 peine.
10:09 Et la personne peut être jusqu'à...
10:10 D'ailleurs, ça peut aller jusqu'à l'incarcération si un titre se passe mal.
10:13 Vous dites qu'automatiquement, il y a un référent, ça c'est très rassurant.
10:16 Oui, absolument.
10:17 C'est une personne qui va assurer tout le suivi de la peine.
10:19 Alors, dans votre livre, un exemple.
10:22 Vous nous avez donné tout à l'heure le parcours de cette personne qui passe par la philharmonie
10:28 et puis qui a un CDD.
10:29 Un type de travail d'intérêt général que vous avez suivi et qui s'est bien déroulé
10:38 et qui a eu, on va dire, une vocation, une vocation, qui a créé une vocation.
10:44 Un exemple.
10:45 Donc, il y a déjà l'exemple de ce jeune qui est embauché après son CDD.
10:49 Et après, je pense que ça provoque des prises de conscience.
10:52 Moi, je peux dire un petit mot sur mon stage.
10:54 C'est un stage de citoyenneté.
10:55 On va débattre des médias, puisque c'est mon métier, je suis journaliste, donc je
10:59 viens pour parler des fake news et ce genre de choses.
11:01 Et on va ouvrir des débats sur des sujets de société.
11:03 Ce qui est très intéressant, c'est qu'on se rend compte que ce sont des jeunes qui
11:06 n'ont pas l'habitude de parler, qui n'ont jamais d'endroit où ils peuvent exprimer
11:09 leurs opinions sur leur parcours, sur la société, parce qu'ils ont du mal à parler
11:14 de leur peine avec leur famille, puisqu'ils ont parfois un peu honte de la situation.
11:17 Ils ne parlent pas de leur situation avec la justice, puisqu'on ne parle pas à la
11:20 justice.
11:21 Ils sont très méfiants vis-à-vis des institutions.
11:23 Donc, tout d'un coup, on dégage un espace où, pour la première fois, ils peuvent s'exprimer.
11:27 Et c'est là où il peut y avoir un déclic, où ces jeunes peuvent se rendre compte qu'ils
11:30 sont sur une mauvaise pente, aussi en écoutant les autres, avec un travail d'identification
11:34 au parcours des jeunes qui les entourent.
11:35 Mais là, sur un stage, où est la contribution ? Où est le travail ? Parce qu'on a parlé
11:41 tout à l'heure de l'exemple des collectivités locales qui pouvaient avoir, par exemple,
11:45 un hôpital qui a besoin de renforts, le musée, vous nous l'avez dit, tout ça.
11:49 Mais là, vous faites des stages, alors c'est très intéressant, mais finalement, ce n'est
11:54 pas considéré comme une sanction s'il n'y a pas de travail.
11:56 En tout cas, c'est absolument perçu comme une sanction par les jeunes.
11:59 Les jeunes, ils vont devoir, sur une période d'une semaine, se lever tous les matins, arriver
12:02 à l'heure, effectuer toutes leurs heures.
12:05 On travaille aussi ensemble.
12:07 Ils vont réaliser un journal, dans le cadre de mon stage, par exemple.
12:09 Alors, ça peut paraître anecdotique, mais en fait, ça ne l'est pas du tout.
12:12 Encore une fois, j'insiste là-dessus, il y a certains de ces jeunes qui sont très
12:14 désocialisés, qui sont très loin des habitudes qu'on peut avoir.
12:17 Et il ne faut surtout pas tomber dans la caricature et se dire que c'est parce que ce sont des
12:21 fainéants ou quoi que ce soit.
12:22 Ce sont des longs parcours, très lents, à partir de la déscolarisation, où ils vont
12:26 petit à petit s'éloigner des institutions classiques et des parcours classiques.
12:29 Rien que ça, c'est perçu comme une condamnation.
12:32 Parlons vrai, c'est le principe de Sud Radio.
12:34 Moi, je vous pose les questions brutes comme ça, et d'autres aussi au standard.
12:38 Didier de Gans, c'est ça ? Dans les Pyrénées Atlantiques, Didier, c'est ça ?
12:43 - Tout à fait.
12:44 Bonjour.
12:45 - Alors, merci d'intervenir à l'antenne.
12:47 On avait un petit souci là, mais c'est bon, on vous entend bien.
12:50 Alors vous, votre réaction sur ces travaux d'intérêt général ?
12:52 - Bah écoutez, je suis...
12:54 Didier m'a interpellé.
12:57 - Ah, alors on a un petit souci, Didier.
13:02 Est-ce qu'on va voir avec le standard, si vous pouvez vous mettre dans un endroit un
13:08 peu plus protégé ? Je reviens vers vous.
13:10 On essaye de faire le maximum, on a encore un petit peu de temps, on essaye de faire
13:15 tout ce qui est possible.
13:16 Donc vous disiez, Basile Debure, ce travail, alors concrètement, ces tiges, est-ce qu'ils
13:23 sont aussi formateurs ? C'est-à-dire qu'on va faire combien de temps ça dure déjà
13:27 un travail ?
13:28 - Alors ça peut durer entre 20 et 400 heures.
13:30 Et la moyenne, c'est 105 heures.
13:32 Est-ce qu'à l'issue de ces heures de travail, on peut ressortir par exemple avec, je ne
13:38 sais pas si c'est un diplôme, mais en tout cas un certificat de savoir-faire ?
13:43 - Alors ce ne sera pas un diplôme ou un certificat, mais il y a une chose qui est sûre, c'est
13:46 que c'est quelque chose que les jeunes vont utiliser, vont mettre sur leur CV.
13:48 Dire j'ai effectué cette mission, donc j'ai appris un certain nombre de compétences
13:54 dans cette mission.
13:55 Et ce qui est intéressant, par exemple, dans le cadre de l'association dans laquelle je
13:57 travaille, nous on fait aussi de la formation et de la réinsertion.
14:00 Donc le but, après la peine de tige, c'est d'accompagner ces jeunes, de leur dire maintenant
14:04 que vous nous connaissez, vous pouvez revenir et nous on vous proposera des formations dans
14:07 la continuité de ce poste de tige.
14:10 - Est-ce que lorsqu'on fait un travail en prison, parce que lorsqu'on est incarcéré,
14:17 on a aussi la possibilité de travailler, est-ce que finalement cette fonction ne fait
14:23 pas doublon avec les travaux d'intérêt généraux ?
14:26 Parce que finalement, le regard que vous avez, c'est qu'il est très positif ce tige, mais
14:34 encore une fois, peut-être que dans le concept de la prison, un travail est peut-être plus
14:39 efficace en comparant les deux ?
14:41 - Un petit chiffre déjà, aujourd'hui en prison, il y a 28% des détenus qui travaillent.
14:44 Il n'y a pas de place en atelier aujourd'hui, c'est pas possible de travailler en prison.
14:48 Et on peut dire un mot sur nos prisons, là on a battu un nouveau record au 1er juin,
14:52 il y a 73 699 personnes incarcérées.
14:55 Dans ces conditions, c'est impossible d'accompagner les détenus vers la réinsertion.
14:59 Hier encore, on a été condamné par la Cour européenne des droits de l'homme sur les
15:03 conditions indignes de détention en France.
15:05 Et c'est ça qu'il faut bien comprendre, c'est que dans ces conditions, la prison ne
15:08 peut pas remplir son rôle d'amendement et d'accompagnement des personnes condamnées
15:13 vers la réinsertion.
15:14 - De ce fait, ça justifie vraiment ces tiges ?
15:15 - Exactement, et donc vraiment de prévenir la délinquance.
15:18 C'est ça qu'il faut comprendre, c'est qu'il ne s'agit pas de naïveté ou d'angélisme,
15:22 mais de pur pragmatisme.
15:23 Les tiges, ça permet de faire chuter la récidive de façon drastique.
15:27 Donc ça, on devrait tous être d'accord sur son utilité.
15:29 - J'invite les auditeurs de Sud Radio à lire votre livre "Que le destin bascule" aux éditions
15:33 Flammarion, vous Basile Debure, journaliste qui avait suivi tous ces délinquants, appelons
15:38 les comme ça, qui ont eu des peines de travaux d'intérêt général.
15:41 Merci pour cet éclairage très intéressant.
15:44 Nous passons tout de suite le relais.
15:47 André Bercoff, à bientôt.
15:49 Sous-titres réalisés para la communauté d'Amara.org