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220 maires ont été reçus par Emmanuel Macron. Depuis ce matin, le président de la république a écouté les maires et leurs propositions pour construire "l'après émeutes" en France.

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Vidéo publiée le : 04/07/2023 à 19:47:00

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Transcription
00:00 Gaby Charou, vous rentrez tout juste de Paris.
00:03 220 maires qui ont été reçus par le président.
00:05 Ca a duré même toute la journée.
00:07 Tout d'abord, Gaby Charou, pourquoi avoir accepté cette invitation ?
00:10 -J'ai accepté cette invitation, d'abord parce que,
00:14 lorsque le président de la République invite des maires à venir
00:19 lui dire quel est le ressenti qu'ils ont
00:24 à propos de ce qui s'est passé dans notre pays
00:27 depuis quelques jours,
00:29 je pense que c'est un devoir pour le maire
00:31 de répondre à cette invitation
00:33 et de pouvoir exprimer les choses directement
00:36 ou avec d'autres les choses qu'il a à la fois constatées,
00:42 qu'il a sur le coeur et qu'il inquiète.
00:44 Donc oui, la politique de la chasse vide,
00:47 ça aurait été une très, très, très mauvaise idée.
00:50 -Justement, qu'est-ce qu'il vous a dit ?
00:53 Il a notamment parlé de cette loi d'urgence
00:55 dont on entend parler depuis le début de l'après-midi.
00:58 Qu'est-ce qui a été exprimé aujourd'hui ?
01:01 -Alors, écoutez, d'abord, il a entendu pendant très, très, très longtemps,
01:05 puisque ça a duré quasiment 3 heures d'affilée sans interruption,
01:10 les préoccupations des maires et les témoignages.
01:14 Par exemple, le maire de Nanterre,
01:16 on a commencé avec le témoignage du maire de Nanterre
01:19 où il s'est passé et le drame
01:21 et les incidents ensuite les plus graves.
01:26 Voilà, donc il a écouté, il a entendu, peut-être,
01:30 en tout cas, les choses qui lui étaient dites,
01:33 qui étaient souvent redondantes
01:36 et qui se distinguaient, voilà,
01:41 entre ceux qui voulaient le tout-répression,
01:44 parce qu'évidemment, il y en a,
01:47 et tout-répression, ça va depuis la suppression, par exemple,
01:51 des allocations familiales, des choses comme ça, voilà,
01:55 jusqu'à des peines très importantes,
01:59 y compris pour des mineurs, voilà.
02:02 On a eu à peu près tout
02:04 dans la représentation de l'échiquier politique,
02:08 d'aucuns qui peuvent dire que la politique de la ville
02:11 est inutile, qu'il faut la supprimer,
02:12 d'autres qui, au contraire, disent,
02:15 "Mais non, c'est très utile, si on n'avait pas ça,
02:17 qu'est-ce qui se passerait, peut-être,
02:19 depuis des dizaines d'années dans les villes et villages ?"
02:25 Voilà. Et puis, il a entendu
02:27 ceux qui disaient le constat d'une situation
02:31 qui se dégrade un peu partout,
02:33 dans l'école, dans l'hôpital public,
02:37 dans les services publics, qui ont de moins en moins de moyens.
02:40 -Justement, on connaît la position du président
02:42 par rapport aux services publics.
02:44 On sait qu'en ce moment, c'est assez compliqué,
02:45 notamment avec les hôpitaux qui sont en grève, parfois.
02:48 On connaît également votre position
02:50 avec l'aide aux services publics.
02:52 Comment confronter ces deux visions ?
02:55 -Eh bien, je pense qu'elles sont dures à rapprocher.
03:00 Et on avait la représentation de tous les chiquiers politiques,
03:03 à savoir, d'une part, les progressistes,
03:06 et d'autre part, ceux qui veulent le sécuritaire à tout prix.
03:10 Par contre, ce qui rassemble tout le monde,
03:12 c'est la nécessité de...
03:15 Alors, c'était d'abord la colère et la gravité
03:18 des propos et de l'analyse de la situation,
03:21 mais également la nécessité et le besoin, à toute force,
03:28 d'un retour au calme et du retour de l'ordre républicain.
03:32 Parce qu'il s'est passé des choses...
03:34 Nous, on n'a pas vu ici... Enfin, ici, à Martigues, j'entends,
03:37 mais des choses très, très, très graves,
03:40 à Marseille, à Aix, et alors dans toutes les îles de France,
03:44 et même dans le Nord, dans des petites villes...
03:47 Et même à Quimper, figurez-vous.
03:49 Il y avait la maire de Quimper qui parlait de sa ville.
03:52 Donc, pour dire que partout, on avait...
03:56 Voilà, il y a eu deux nuits où...
03:58 C'est le président de la République qui disait ça.
04:00 Pendant deux nuits, les deux premières nuits,
04:01 c'était la colère et la volonté de vengeance
04:05 qui s'exprimait suite au décès du jeune Nahel.
04:10 Et ensuite, c'était un concours de violence
04:13 pour piller, casser, voler, voilà.
04:16 Et ça, ceci n'est pas admissible.
04:18 Et la violence n'est jamais légitime.
04:24 Même une violence langagière, elle n'est pas légitime.
04:28 Voilà, donc, ça, c'est les mots du président de la République.
04:31 -Comment est-ce qu'on explique, justement,
04:33 on vient d'en parler, que la plupart des villes de France
04:35 et dans le département aussi,
04:37 elles ont été touchées, ces villes, par des violences, des émeutes.
04:40 Et à Martigues, ce n'a pas été le cas.
04:41 Comment est-ce qu'on peut expliquer cette différence ?
04:44 -Alors, il y a beaucoup d'endroits en France
04:46 où, justement, il y a eu ou peu de choses,
04:51 ou rien du tout,
04:52 ou des annonces qui étaient sur les réseaux sociaux.
04:57 Bon, alors, je ne sais pas, mais en tout cas,
05:00 bon, moi, je ne veux pas être dans la provocation.
05:05 On est beaucoup dans l'humilité d'un travail quotidien permanent.
05:11 Vous savez, lorsqu'on a des maisons de quartier
05:13 avec des animateurs et des éducateurs spécialisés,
05:16 que j'ai souhaité recruter, moi,
05:18 pour chacune des maisons de quartier,
05:21 donc on a des contacts avec les jeunes,
05:25 les enfants, les adolescents, les jeunes adultes.
05:28 On a des contacts avec les familles.
05:30 On va devant les écoles pour leur expliquer
05:34 ce que peuvent être les colonies de vacances,
05:39 les centres à éveiller de la ville.
05:40 On les invite à inscrire leurs enfants
05:44 dans les colonies de vacances,
05:45 sachant que parfois, lorsque c'est nécessaire,
05:50 il y a la gratuité, quasiment.
05:52 En tout cas, quelqu'un se substitue
05:54 à la part qui reste à payer par les familles.
05:58 C'est ainsi aussi pour la restauration scolaire.
06:00 Voilà, c'est une activité.
06:02 Et l'accès à la culture, l'accès aux sports
06:04 dans les meilleures conditions est souvent gratuitement.
06:07 Tout ce que nous faisons,
06:08 nous nous pensons que la mixité, vivre ensemble,
06:11 alors, ça paraît être des mots, des gros mots,
06:15 quand je les prononce en face de certains collègues,
06:19 franchement, maires, j'entends, collègues maires ailleurs.
06:23 Nous, nous faisons ainsi, voilà, en proximité.
06:27 On ne se réveille pas juste le jour où il y a une crise.
06:30 Là, dans les quelques jours qui nous ont précédés, là,
06:35 depuis la semaine dernière, on a continué à parler,
06:38 les centres sociaux ont continué à parler avec les jeunes.
06:40 Les élus sont allés rencontrer les jeunes, les familles, etc.
06:44 On a parlé avec eux et voilà.
06:46 Et on les respecte et ils respectent aussi pour l'instant.
06:52 Alors, écoutez, je ne sais pas si c'est un équilibre définitif.
06:56 Nous, ce que nous faisons,
06:57 nous le faisons pour tenir au mieux, aider les gens.
07:02 Parce que je conçois que d'aucuns, des familles, des jeunes,
07:08 peuvent sentir comme une forme de relégation leur situation.
07:14 Personnelle.
07:15 Quand une maman seule avec des enfants a beaucoup de mal à payer son loyer,
07:19 n'arrive pas à nourrir ses enfants,
07:22 l'aîné d'entre eux ne trouvant pas de travail, par exemple,
07:26 abandonnant l'école, etc.
07:28 Ne croyez-vous pas qu'on peut se sentir relégué et en colère et malheureux
07:33 quand on voit le pays prospérer, se développer ?
07:38 Je ne parle même pas des richesses créées
07:40 pour un certain nombre aussi de nos concitoyens,
07:44 mais donc lorsqu'il y a cette observation,
07:46 c'est extrêmement douloureux et difficile.
07:48 Et la colère arrive.
07:50 Je répète, la colère ne justifie en aucune manière les actes de violence.
07:55 C'est sûr.
07:56 Mais la souffrance est là.
07:58 Et nous, nous sommes là, à côté de ces habitants et de ces jeunes,
08:02 pour tenter, évidemment, de les tirer par l'école,
08:05 par la formation, par l'insertion, par l'emploi,
08:07 par une meilleure santé, parce que ça va aussi dans ce domaine-là,
08:12 par l'accès à la culture au sport.
08:14 Voilà, c'est un tissu qu'on a créé.
08:16 Parfait.
08:18 Je ne dis pas que c'est la panacée, que c'est la réponse universelle,
08:22 mais voilà, nous, faire de la politique dans la ville,
08:26 c'est notre manière de faire.
08:27 Enfin, rapidement, très rapidement, peut-être un mot ou deux.
08:30 Qu'est-ce que vous retenez principalement de cette journée avec vos confrères,
08:34 avec ces maires de France qui avaient peut-être besoin de se retrouver aussi ?
08:38 Oui, il y a ça sans doute.
08:40 Vous savez, les divisions politiques ne sont pas gommées,
08:47 au contraire, je pense qu'elles s'exacerbent,
08:50 même dans des moments comme ceux-ci,
08:55 et même si on est heureux de rencontrer des collègues,
08:58 d'échanger avec eux et de partager,
09:00 parce que, je répète, la colère et les difficultés,
09:05 elles existent partout.
09:06 Vous savez, lorsque les moyens des collectivités sont de plus en plus réduits,
09:12 lorsque il n'y a plus d'autonomie financière des collectivités,
09:16 lorsque pour le logement social, il y a des vitesses différentes,
09:21 allez, je ne rentre pas dans les détails,
09:23 lorsque l'école est abîmée peu à peu,
09:25 lorsque l'hôpital public est abîmé,
09:27 il reste, lorsque les finances publiques,
09:31 par exemple, le trésor a disparu de Martigues quasiment,
09:36 eh bien, qu'est-ce qu'il reste ?
09:37 La CAF ne fait plus de permanence.
09:39 Qu'est-ce qu'il reste ?
09:40 Il reste les services publics municipaux.
09:42 Voilà. Alors on va y tenir, on y tient,
09:45 on continue à les développer,
09:48 et voilà, c'est notre mission et notre devoir.

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