• il y a 2 ans
MC Solaar raconte l'histoire de "Caroline" (1992)

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Musique
Transcription
00:00 C'est le carreau qui est arrivé après "L'as de trèfle qui pique",
00:03 mais le nom de la personne, si on le donne, la chanson, elle n'a plus de sens.
00:08 Ça a commencé à Vignesne-Saint-Georges.
00:13 J'avais rendez-vous à la tour numéro 3 et en marchant,
00:16 j'étais en train de jouer avec les mots.
00:18 Et puis il y a eu "as", "trèfle", "pique", "coeur".
00:21 C'est pas mal.
00:22 J'ai dit ça à quelqu'un, il a dit "Waouh, de clow, c'est bon".
00:24 OK, donc je l'ai gardé dans mon cerveau.
00:26 Ensuite, je suis allé à Créteil, 15 jours après,
00:29 puis j'ai commencé à écrire, mais j'étais resté sur mes trucs de couleurs.
00:33 Donc les couleurs que t'amènes au casino, t'amènes à des sensations bizarres.
00:37 En fait, c'est une chanson vraiment où l'on court,
00:39 mais avec des figures imposées, pas sortir de mon thème.
00:42 Ça trottait dans ma tête de temps en temps,
00:44 donc j'ajoutais quatre phrases par quatre phrases.
00:46 Puis un jour, on l'a enregistrée.
00:48 Au départ, il y avait une dispute entre deux filles à l'école,
00:52 à l'époque, d'Inès de Lafraissange.
00:54 C'était pouvoir donner ça à l'une d'entre elles, un truc bien écrit.
00:59 Et assez rigolo.
01:00 C'était une lettre de réconciliation, je dirais.
01:03 Quand j'avais vu leur dispute, je leur avais écrit un poème
01:06 où chacune d'entre elles avait le mauvais rôle.
01:08 C'est vrai, elles s'en rappellent encore.
01:10 Comme j'étais un grand fan de rap, je connaissais LL Cool J,
01:12 je connaissais Eric B. & Rakim, qui ont fait des chansons
01:16 assez douces, personnelles, ou des histoires d'amour.
01:20 Donc pour moi, c'était l'arsenal du rap normal.
01:22 Bon, je n'étais pas convaincu que ça allait marcher,
01:25 mais convaincu qu'il fallait avoir une sorte d'éclectisme.
01:27 Et aux États-Unis, il y avait Gangstar, il y avait Money Love,
01:31 il y avait Jungle Brothers, il y avait A Tribe Called Quest.
01:35 C'était un autre type de rap dans lequel je me suis glissé aussi.
01:40 Quand je l'ai terminé, j'ai fait des sondages.
01:41 Alors je suis allé à Créteil, je l'ai fait écouter à quelqu'un.
01:44 Waouh, il m'a dit "Top".
01:45 J'ai fait écouter à un des très grands DJ de l'histoire du rap français
01:51 qui s'appelle LBR.
01:52 Il m'a dit "Top".
01:53 Et là, on est quelques années avant qu'on fasse de la musique.
01:57 Mes pères, ceux qui étaient un peu plus âgés que moi, m'ont dit
02:00 "Waouh, super ton truc, t'as fait une chanson slow
02:05 avec des piques, chœurs, trèfles, carreaux".
02:07 Même moi, je l'aimais bien, sinon je ne serais pas allé la tester
02:09 et la confronter aux gens.
02:10 Elle était bien parce que j'étais resté sur mon truc,
02:12 des couleurs et du mouvement.
02:14 Heureusement que je n'ai pas jeté ce papier,
02:15 parce que j'ai gardé ce papier au moins quatre ans avant de l'enregistrer.
02:19 Imagine, j'aurais jeté ce papier, j'aurais eu une chanson en main.
02:22 Bon, moi je chantais "Quartier Nord", "Bouge de là",
02:24 et puis ça mettait une autre atmosphère.
02:27 Il y a des gens qui l'ont apprise à l'école,
02:31 sur la poétique et les choses comme ça.
02:32 J'étais fier qu'en passant à l'oreille, les gens l'ont aimée.
02:37 Dans ma maquette que je m'étais faite dans ma tête,
02:40 ça commençait par "So good, so fresh, so funk, so death,
02:45 so large, is in the place".
02:47 Et puis après j'étais cool, assis sur un banc,
02:49 il y a Hubert Blanc-Francard qui m'a dit "Oh, t'enlèves ça".
02:52 Mais il a raison, parce que je n'étais pas rendu compte
02:54 de la possibilité d'un temporalité poétique de cette chanson.
02:59 ♪ ♪ ♪