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00:00 - Bonjour Hugues Moutou. - Bonjour. - Merci d'être avec nous ce matin. - Merci de m'avoir invité.
00:03 - Après ce week-end de violence, d'émeutes, de pillages, quel est votre ressenti ?
00:08 Est-ce que c'est la colère, le découragement, l'incompréhension, peut-être même l'impuissance ?
00:13 - Alors je vais revenir sur les faits.
00:15 Cinq nuits d'émeutes au niveau national, plutôt trois dans les roues.
00:23 Cinq nuits d'émeutes, plus de 5 000 véhicules brûlés, 1 000 bâtiments endommagés gravement,
00:31 des tentatives d'homicide à la fois sur des policiers, sur des élus et leurs familles.
00:35 Voilà, ça c'est le bilan national.
00:37 À grands traits.
00:39 Dans le département, deux villes ont été concernées par ces émeutes urbaines.
00:44 Montpellier, à la fois le coeur de ville, ce qu'on appelle les cuissons,
00:48 et puis le QRR, le quartier de la Mousson, Petit-Barre-Pergola, les Sévènes, la Pompignane.
00:58 - Et puis Béziers bien sûr.
00:59 - Et puis Béziers, deuxième ville du département lourdement impactée,
01:02 Béziers avec la Devese et la Grand-Jette, le quartier de la Grand-Jette.
01:07 Voilà la localisation des émeutes.
01:10 Le bilan est très lourd.
01:11 Le bilan est très lourd avec de nombreuses dégradations bâtimentaires, des bâtiments publics,
01:17 des commerces et boutiques privées, des locaux associatifs.
01:20 Pour les bâtiments publics, j'ai été particulièrement frappé de ce que j'ai pu voir.
01:26 Vous avez le bureau de poste de la Mousson, qui a été entièrement brûlé après avoir été pillé.
01:33 Et puis à Béziers, vous avez un centre culturel Albert Camus,
01:37 vous avez l'annexe de la mairie où on remettait les passeports et les cartes nationales d'identité à nos administrés.
01:46 Vous avez la mission locale, vous avez toute une série de locaux, bâtiments publics, locaux associatifs.
01:54 Des boutiques ont été pillées à Montpellier, une dizaine, Orange, Bouygues, Marionneau, Aldi.
02:03 La liste est très longue.
02:05 Donc le bilan est peut-être moins lourd chez nous qu'à Marseille, Lyon, dans d'autres très grandes métropoles,
02:12 mais il est déjà beaucoup trop lourd.
02:14 Avec heureusement une réponse ferme des autorités, de l'Etat et bientôt de la justice,
02:22 puisque nous avons eu 48 interpellations de mineurs, souvent jeunes.
02:28 Alors pour des infractions très variables, violences contre les dépositaires de l'autorité publique,
02:34 c'est-à-dire essentiellement des policiers, des gendarmes et des sapeurs-pompiers,
02:39 des incendies volontaires, du vol et du roncel de vol.
02:44 - Et face à tout ça, quel est votre ressenti à vous, monsieur le préfet ?
02:47 Vous vous sentez démuni ?
02:49 - Moi je suis à la fois très en colère par rapport à ce qui s'est passé et totalement écœuré, dégoûté.
02:54 Moi je crois que tout le monde doit assumer ses responsabilités.
02:59 L'Etat, nous essayons de le faire en permanence.
03:03 Je rappelle que les quartiers politiques de la ville, dans le département,
03:09 font l'objet d'une attention permanente de la part des autorités publiques.
03:13 C'est ce qu'on appelle la politique de la ville et la rénovation urbaine.
03:16 À la Devese, où il y a eu autant de dégradations, nous avons engagé 60 millions d'euros.
03:22 60 millions d'euros pour la Devese.
03:24 La Mousson, le plan de rénovation urbaine, 180 millions d'euros.
03:27 - Alors vous parlez seulement de la politique de la ville ?
03:30 - Systématiquement et depuis maintenant une trentaine d'années, l'Etat investit.
03:34 On délocalise des fonctionnaires.
03:36 Le centre des impôts de la Mousson qui a été dégradé, avec des tentatives d'incendie,
03:41 fort heureusement qui n'ont pas pu prospérer parce que vous avez un gardien de bâtiment et sa famille qui habitent à l'étage.
03:51 Il y a un projet d'installation d'énormément de fonctionnaires des impôts de main à la Mousson.
03:58 - Ça ce sont les chiffres ?
04:00 - C'est simplement pour vous dire que les quartiers en France ne sont pas abandonnés.
04:03 C'est un mensonge de le dire.
04:05 - On entend quand même cette personne dans le journal 8h qui travaille en social et qui dit
04:10 "on demande aux parents et c'est normal de s'occuper des enfants".
04:14 C'est le message qui a circulé tout le week-end parce qu'il y a beaucoup de jeunes,
04:17 beaucoup de mineurs qui étaient dans ces émeutes.
04:19 Mais nous, il y a des parents qui sont déjà démunis et on n'a pas l'aide qu'il faut pour nous aider.
04:24 - On ne découvre pas que l'on a des responsabilités par rapport à ces enfants lorsque ces enfants sont adolescents.
04:30 Une éducation, ça commence à la naissance.
04:32 - Oui mais vous savez bien qu'en certains quartiers, ils n'ont pas...
04:35 - Non, il n'y a pas de certains quartiers, il n'y a pas d'effet culturel.
04:38 Quand on a des enfants, on met au monde des enfants, on s'en occupe dès la naissance.
04:42 Si effectivement, dans les 12-13 premières années, ces enfants sont élevés comme des herbes folles,
04:48 il ne faut pas s'étonner qu'à 12-13 ans, on les voit caillasser des véhicules de police ou piller des magasins.
04:54 - Tout le monde parle de l'FAA et de l'AIT.
04:56 - Je sais qu'en 2019, le Parlement a interdit la FEC, mais très franchement, de vous à moi,
05:03 si demain, vous attrapez votre gamin qui descend dans la rue pour brûler des véhicules de police
05:08 ou les caillasser des pompiers ou piller des magasins, la méthode c'est quoi ?
05:12 C'est deux claques et au lit. C'est ce que faisaient nos grands-parents.
05:16 - Donc vous êtes pour le refus de la FEC ?
05:18 - Moi je vais vous dire franchement, il y a un délit pénal qui s'appelle la mise en péril de son enfant mineur.
05:24 C'est puni de deux ans d'emprisonnement et de 30 000 euros d'amende.
05:28 Il y a dans le Code civil, ce que l'on appelle l'autorité parentale.
05:32 L'autorité parentale, c'est un ensemble de droits et de devoirs qui s'exercent dans l'intérêt exclusif des enfants.
05:38 Vous savez qu'on a interpellé sur Montpellier un jeune enfant, un jeune adolescent de 14 ans
05:44 avec son beau-père en train de piller un magasin. Est-ce que vous croyez que ça c'est de l'éducation ?
05:48 Moi je m'interroge d'une part sur l'éducation et d'autre part sur le sens moral de ces enfants et de ces parents.
05:55 - Monsieur le Préfet, est-ce que vous allez suggérer au procureur de poursuivre les parents dont les mineurs ont été interpellés ?
06:01 - Alors je n'ai aucune suggestion à émettre vis-à-vis d'une autorité qui est indépendante.
06:05 - J'entends bien, mais vous pouvez suggérer.
06:07 - Il y a 48 personnes qui sont déférées. Le boulot d'un préfet, c'est de la police administrative.
06:13 C'est de mettre des policiers dans la rue et c'est d'empêcher que ne soient commis des exactions.
06:17 A partir du moment où les délits sont constatés, c'est l'action publique qui s'exerce sous l'autorité exclusive des magistrats.
06:23 Mais je sais que naturellement, les condamnations doivent être fermes.
06:27 Parce qu'il y a un exemple. Moi je vais vous dire franchement, on peut être en colère.
06:31 Mais aller caillasser des policiers, percuter des élus, essayer de brûler la maison d'un élu,
06:38 tirer au 9mm comme à Lyon sur un fonctionnaire de police, piller des magasins comme par hasard, Mike, Bouygues, Orange, voler des iPhones.
06:47 Est-ce que ça c'est l'expression d'une colère ? Non, c'est du pillage. C'est un délit.
06:51 Et ça veut dire qu'il y a un défaut parental, un défaut de l'autorité parentale dans notre pays.
06:55 - Alors justement, vous parlez des pillages. On a vu circuler des vidéos.
06:59 Je pense notamment à celle du pillage de la boutique Orange dans l'écusson.
07:03 - La boutique Mariono également.
07:05 - Il y a eu 18 interpellations.
07:09 - Et Orange, pas d'interpellations.
07:11 - Si, si, bien sûr.
07:12 - Mais quand on voit cette vidéo, on se dit "mais où sont les policiers ?"
07:15 - Alors vous savez ce qui se passe.
07:16 - Est-ce que vous aviez donné des consignes de ne pas intervenir pour éviter l'affrontement ?
07:20 - La consigne est claire, c'est intervenir. 48 interpellations, ça veut dire que nous sommes présents.
07:25 Vous savez, Montpellier c'est très grand, Béziers c'est très grand.
07:28 J'avais 180 fonctionnaires de police et militaires pour assurer la sécurité.
07:32 C'est déjà beaucoup, je peux vous dire. Plus, et je rends hommage au travail à la fois des pompiers, mais de la police municipale.
07:37 La police municipale à Montpellier a interpellé et mis à disposition de la police nationale des jeunes émeutiers.
07:43 Alors voilà, je crois qu'aujourd'hui vous avez compris.
07:46 Je suis dégoûté parce que je pense que chacun n'assume pas ses responsabilités et est très en colère.
07:51 - Quels sont les moyens que vous allez proposer pour venir en aide aux commerçants ?
07:55 On entendait le président de la Chambre de Commerce et d'Industrie dans le journal de 7h, André Deljarry,
07:59 qui parle d'un million d'euros de dégâts dans les commerces privés.
08:02 Vous avez parlé aussi de bâtiments publics bien sûr dégradés, mais pour les commerces privés, est-ce que l'Etat va faire un geste ?
08:08 - Alors écoutez, le ministre de l'Economie et des Finances s'est déjà prononcé.
08:13 Je crois qu'il y aura une aide qui sera apportée naturellement aux commerçants qui ont été impactés.
08:19 Ça fait quand même beaucoup, entre les gilets jaunes, les manifestations pour la retraite, plus maintenant ces émeutes,
08:25 beaucoup trop de commerçants sont touchés.
08:28 Donc je pense que l'Etat, naturellement, sera à leur côté.
08:31 - On note un retour au calme la nuit dernière quasiment.
08:35 - Trois interpellations cette nuit seulement.
08:38 - C'est déjà trois de trop.
08:40 - On voit que ça c'est un retour au calme.
08:42 Comment vous expliquez ce retour au calme ? Les jeunes sont fatigués, leurs grands frères, trafiquants, drogues, l'on dit "oh ça va, maintenant on n'en peut plus"
08:49 ou est-ce que les moyens ont été vraiment dissuasifs ?
08:52 - Je pense qu'il y a un épuisement.
08:54 Vous savez, passer la nuit à galoper, c'est fatigant.
08:58 Je pense que la répression est présente aussi.
09:00 Ils savent qu'ils n'agissent plus en toute impunité, parce qu'ils ne sont pas très courageux, il ne faut pas se leurrer.
09:06 Je crois qu'à partir du moment où il y a une réponse policière et pénale qui est présente, qui est forte,
09:11 ces jeunes sortent moins pour commettre des exactions.
09:15 Moi je suis vraiment abasourdi, à la fois par les discours qui incitent parfois à la commission de ces exactions.
09:25 Je note que l'arc de triomphe à Montpellier a été tagué, sans doute par l'ultra-gauche,
09:29 avec les slogans classiques des manifestations de l'ultra-gauche.
09:33 Dégradation également d'un bâtiment historique.
09:35 Je pense que chacun doit assumer ses responsabilités, à la fois la classe politique et puis je vous le dis, les parents.