Ca se dispute (Émission du 30/06/2023)

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Un débat entre deux éditorialistes qui analysent l'actualité politique de la semaine dans #CaSeDispute

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Transcription
00:00 Bonsoir à tous, très heureux de vous retrouver pour votre rendez-vous du vendredi soir.
00:05 Ça se dispute avec bien évidemment Julien Drey, bonsoir Julien, et Gilles-William Gollnadel, bonsoir Gilles-William.
00:11 Une émission évidemment essentiellement consacrée aux émutes dans le pays.
00:15 On y revient dans un instant, mais avant, le rappel des titres avec vous, Simon Vian.
00:19 Face aux scènes de chaos observées ces derniers jours sur le territoire,
00:25 des moyens supplémentaires vont être déployés par le ministère de l'Intérieur.
00:29 Des véhicules blindés de la gendarmerie vont notamment être déployés.
00:32 Le chef de l'État appelle tous les parents à la responsabilité et demande le retrait de certains contenus sur les réseaux sociaux.
00:39 Marine Le Pen demande à Emmanuel Macron de recevoir les partis politiques représentés à l'Assemblée nationale.
00:45 Le but serait bien sûr d'évoquer la situation très grave qui touche actuellement le pays.
00:49 Il n'y a pas d'autre solution immédiate que le retour à l'ordre républicain par le biais de couvre-feu sectoriel.
00:54 Et si la situation devait s'aggraver par la déclaration de l'état d'urgence, a ajouté Marine Le Pen.
00:59 Et puis les émeutes se poursuivent cet après-midi en France.
01:03 Le centre commercial Rony 2 a été la cible de pillages en Seine-Saint-Denis.
01:07 Des dizaines de personnes, vous le voyez à l'image, vêtues de noir ont envahi les lieux.
01:11 D'autres centres commerciaux d'Île-de-France ont également été dégradés, comme par exemple à Créteil dans le Val-de-Marne.
01:17 Merci Simon. Simon Guilain qu'on retrouve à 19h30.
01:21 Vous l'entendez, l'attention ne retombe pas après de nouvelles émeutes.
01:25 La nuit dernière, pour la troisième fois consécutive, on l'entendait à l'instant, de nouveaux saccages ont eu lieu cet après-midi à Rony-sous-Bois.
01:32 Notamment, vous le voyez sur ces images, où encore à Strasbourg, où un magasin Apple Store a été vandalisé.
01:38 Alors que 40 000 policiers et gendarmes étaient déployés la nuit dernière, des moyens supplémentaires annoncés pour cette nuit.
01:45 Le ministre de l'Intérieur doit donner des précisions dans la soirée.
01:48 Des émeutes partout en France, je vous le rappelle, après la mort de Naël, tuée par un policier.
01:52 249 forces de l'ordre blessées cette nuit.
01:55 875 personnes interpellées au cours de la nuit de jeudi à vendredi également.
02:01 Et des dégâts considérables.
02:03 On va écouter Mathieu Vallet, le commissaire de police.
02:06 Il réagissait sur l'atmosphère qui règne à cette nuit. Écoutez-le.
02:10 La nuit dernière, c'était des scènes non plus d'insurrection, mais d'apocalypse.
02:14 On fait face à des émeutiers très déterminés qui veulent tuer du policier avec des cocktails Molotov,
02:19 qui viennent dans les commissariats avec des policiers qui sont dedans et qui viennent pour brûler des commissariats,
02:24 qui viennent pour brûler des policiers.
02:26 Et c'est bien là ce qui nous inquiète.
02:28 C'est qu'aujourd'hui, ces émeutiers, qui n'ont rien à voir avec l'affaire de Naël de Nanterre,
02:32 sont déterminés à s'en prendre à nos institutions de la République.
02:35 Et des conséquences concrètes, messieurs, pour les Français.
02:38 Plus de transports en commun dans toute la France à partir de 21h.
02:41 La fête de l'école annulée dans la Camélie de Versailles, académique qui comprend Nanterre.
02:45 Ou encore le concert de Mylène Farmer annulé au Stade de France, comme d'autres événements.
02:49 Comment, l'un et l'autre, est-ce que vous pourriez qualifier la situation que nous sommes en train de vivre ?
02:55 Est-ce que c'est un nouveau palier dans la violence, au fond, ou on atteint un point de non-retour, Julien Dray ?
03:03 Vous savez, dans ce type de situation, j'ai toujours en mémoire la phrase que j'avais apprise quand j'étais jeune en philosophie,
03:11 "Ni rire ni pleurer, mais comprendre".
03:13 J'ai trois mots qui me viennent à l'esprit tout de suite.
03:16 Faillite, responsabilité, urgence.
03:20 Faillite, responsabilité, urgence.
03:23 Pour Julien Dray, pour décrire la situation que nous sommes en train de vivre, Gilles-William Gollnadel.
03:30 Moi, c'est colère, colère et colère.
03:33 Vous dites comme je le pense.
03:36 C'est autre chose qu'après l'assassinat terrible de Lola, où on nous parlait de récupération.
03:44 C'est une récupération sentimentale.
03:47 Là, c'est pas ça.
03:48 C'est une récupération autorisée par la violence, et aussi par l'intérêt.
04:00 Parce que la mort du pauvre jeune Nahel, on est à des millions d'années-lumière maintenant de cela.
04:09 C'est un prétexte.
04:12 C'est un prétexte à violence gratuite.
04:15 C'est un prétexte à violence intéressée, avec des pillages.
04:22 Si on ne voit pas l'angle communautaire, alors on est condamné à ne rien voir.
04:29 Je constate simplement, pardon de le dire, les paroles du président de la République, en disant que c'est inexcusable.
04:40 On voit bien que d'un côté, il y a la culture de l'inexcusable, et de l'autre, il y a la culture de l'excuse.
04:50 Tous ceux qui, au moment encore où je parle, attaquent, brûlent, volent et pillent.
04:58 Donc si on ne voit pas qu'il y a une dimension communautariste, avec des gens que l'on excuse par avance,
05:10 et un peuple français aussi, qui n'a le droit qu'à se taire,
05:17 on est condamné à le revivre chaque jour de manière plus grave.
05:21 J'observe simplement, et pour terminer, la situation surréaliste.
05:28 Au moment où je vous parle, depuis trois jours d'émeute, il n'y a qu'une seule personne en prison.
05:36 C'est un policier.
05:38 Un policier, et on va y revenir.
05:39 Non mais c'est la seule personne qui soit en prison.
05:46 Entre tous ceux qui ont incendié ou pillé, il n'y en a pas un qui soit en prison au moment où je vous parle.
05:51 Effectivement, ça c'est un fait.
05:54 Julien Dray, peut-être votre réaction avant de parler de la question de l'état d'urgence,
05:59 votre réaction sur cette dimension communautariste que vous avez...
06:02 Non, je vais d'abord revenir sur ce que j'ai dit, si vous me permettez.
06:04 Allez-y.
06:06 Parce que je croyais qu'on allait avoir un dialogue tout de suite, mais on ne l'a pas eu, ce n'est pas grave.
06:10 Pourquoi je dis faillite ?
06:13 Parce que ce à quoi nous constatons, nous sommes un certain nombre,
06:16 malheureusement pendant des années et des années, pas comme moi.
06:19 Je pense que Jean-Louis Borloo avait à peu près écrit tout ce qu'il fallait.
06:23 Et nous savions qu'un jour ou l'autre, ce genre de situation allait finir par arriver.
06:29 Rapport tombé aux oubliettes, David.
06:31 Rapport écarté, comme tous ceux qui...
06:35 Moi je veux bien la colère, mais il faut essayer de comprendre le moment dans lequel on est.
06:40 Et regarder le profil de ceux qui sont en action.
06:43 C'est une génération d'échecs scolaires.
06:45 Ils ont entre 13 ans et 17 ans.
06:49 Profil très jeune.
06:51 Profil très jeune. C'est la fête. Ils rigolent.
06:53 Regardez les vidéos d'hier soir, il faut se plonger dans les vidéos d'hier soir.
06:57 Avec une question que je me suis même moi posée, je me suis dit mais il y a un chef d'orchestre.
07:02 C'est tellement... un chef d'orchestre, oui.
07:05 C'est Twitter.
07:07 Les réseaux sociaux.
07:09 WhatsApp.
07:10 Qui servent d'élément de contagion.
07:12 Donc vous avez ça, vous avez cette révolte d'une génération qui va à l'affrontement.
07:17 Est-ce qu'il y a un aspect communautaire ?
07:19 Incontestablement.
07:20 Incontestablement, puisque la ghettoisation a conduit à cette communautarisation.
07:25 Incontestablement, ce serait stupide de ne pas voir.
07:28 Il y a une question sociale derrière, qui a poussé à tout cela.
07:31 Donc maintenant, pourquoi j'ai dit faillite ?
07:33 Parce que c'est... pour grosso modo, mais on y reviendra.
07:36 On est en train de travailler à écrire des choses.
07:39 C'est grosso modo 20 ans.
07:41 Ça s'est noué dans les années 2000.
07:43 Ce basculement qui s'est installé.
07:45 Et pendant un temps, on a pu penser que les caïds et les dealers,
07:48 d'un certain point de vue...
07:51 Pourquoi les années 2000 précisément ?
07:52 Parce que c'est... le tournant c'est 2005.
07:55 C'est quand il y a les premières émeutes de banlieue.
07:57 En fait, on recule.
07:58 On ne va pas au contact.
07:59 On ne va pas reconquérir le terrain.
08:01 On recule et on fait une sorte de partage territorial.
08:04 Vous avez vos quartiers.
08:06 Vous n'êtes pas à nous embêter, nous, dans les centres-villes.
08:08 Dit Louis-William Golnadel en réponse à Julien Dray.
08:11 Je ne dis pas qu'il eût été mieux
08:16 que le rapport de notre ami Jean-Louis Borloo soit adopté.
08:21 Écoutez, il n'y a pas de doute là-dessus.
08:24 J'observe d'ailleurs, pour vous montrer à quel point
08:27 je pense avoir raison sur l'aspect communautariste des choses.
08:31 Devant un Jean-Louis Borloo médusé,
08:34 qu'a dit le président de la République ?
08:37 Ah ben non, ça ne peut pas se faire, en gros,
08:41 qu'un mâle blanc confie à un autre mâle blanc
08:45 un rapport sur les banlieues.
08:47 Comment ne pas dire, certes maladroitement,
08:51 mais comment ne pas dire les choses telles qu'elles sont ?
08:54 Et moi j'affirme, même si ce n'est pas très esthétique,
08:58 j'affirme que dans ce qui se passe actuellement,
09:02 il y a profondément, quand on casse les mairies,
09:06 quand on veut brûler les drapeaux tricolores
09:10 et qu'on en brandit d'autres.
09:12 J'ai vu qu'un drapeau algérien,
09:14 lors de la fameuse marche blanche
09:17 qui était censée être digne et silencieuse.
09:20 Lorsqu'on s'attaque à tous ces symboles de la France,
09:26 il y a en creux, mais tellement évident,
09:28 d'ailleurs en creux, quelquefois, il y a des discours aussi,
09:31 quand ils ne sont pas anti-français, ils sont antisémites,
09:34 mort aux juifs, etc.
09:35 Il y a une profonde détestation,
09:39 et des blancs, et des français.
09:42 Si on ne veut pas voir cette réalité qui explose à nos yeux,
09:48 on est condamné à la vivre encore plus mal,
09:52 et je affirme que ça montre l'échec de l'intégration.
09:57 C'est l'échec de l'intégration, c'est la détestation des français
10:01 que révèlent ces émeutes, plus qu'un mal-être, une colère.
10:04 C'est l'échec d'une forme d'intégration
10:06 liée à la ghettoïsation,
10:08 ou ghettoïsation sociale,
10:09 et qui est devenue aussi une ghettoïsation ethnique.
10:11 Mais c'est d'abord et avant tout,
10:13 on en a parlé beaucoup ici,
10:16 l'échec de toute l'institution scolaire.
10:19 Toute l'institution.
10:20 Je vous ai dit depuis des mois et des mois,
10:23 l'école marche sur la tête.
10:25 On est dans une situation maintenant
10:27 où l'école ne fait plus son travail.
10:29 Ce n'est pas la faute des enseignants.
10:31 Ce n'est pas la faute des pauvres enseignants.
10:33 Et derrière, regardez ce qui se passe dans les quartiers.
10:36 On a détruit tout tissu social
10:38 qui allait avec l'institut d'éducation.
10:40 Il n'y a plus personne qui est capable de parler à ses gosses.
10:43 Ce ne sont pas que des gosses et pas que des anges,
10:46 pour que les choses soient claires.
10:47 Mais il n'y en a plus.
10:48 Et d'ailleurs, si vous voulez mon avis,
10:50 dans un certain nombre d'endroits,
10:52 je pense qu'il va y avoir des deals qui vont se faire.
10:55 Avec, c'est-à-dire ?
10:56 Ça veut dire qu'on va essayer de fermer les yeux
10:58 sur certains trafics,
11:00 pour que les trafiquants, eux, disent aux petits,
11:03 maintenant vous vous calmez.
11:04 Vous savez, ils nous le disaient déjà,
11:06 un certain nombre d'entre eux,
11:07 il y a depuis 7-8 ans, ils nous disaient,
11:09 vous en avez bavé avec nous ?
11:11 Alors vous allez voir derrière les petits.
11:13 Je ne donne pas un quitus aussi facilement que cela
11:19 à l'idéologie des enseignants.
11:22 Si vous voulez en plus enfoncer les enseignants,
11:25 ce soir, il vous reste quoi pour tenir ?
11:27 Parce que ce sont des vaches sacrées, M. Edrey ?
11:29 Oui, c'est des vaches sacrées.
11:30 Pour moi, l'instituteur, c'est une vache sacrée.
11:32 Oui, moi aussi, c'était le cas il y a 30 ans.
11:35 C'est une vache sacrée,
11:36 et il faut cueillir des difficultés,
11:38 mais ça reste une vache sacrée.
11:40 C'est lui qui, tous les matins, se tape.
11:42 Oui, oui, oui.
11:43 Il n'est pas tranquille dans son cabinet.
11:45 Oui, au risque de vous navrer,
11:47 les syndicats...
11:48 Oh, vous n'avez pas faim ?
11:49 Oui, mais non, mais apparemment,
11:50 ça n'a pas l'air de vous faire plaisir,
11:51 mais ça tombe bien,
11:52 parce que je n'essaie pas que de vous faire plaisir.
11:54 Mais vous n'avez pas à me faire plaisir,
11:55 vous n'allez pas dire la vérité.
11:56 Bien.
11:57 Ils ne sont pas la vérité, forcément.
11:58 Je maintiens que la manière
12:01 dont le corps enseignant, depuis des années,
12:04 est dans la culture de l'excuse,
12:07 est dans le refus de la sanction,
12:10 est à peur d'affronter,
12:14 comme on l'a vu dans l'affaire Samuel Paty,
12:16 l'islamisme.
12:17 A peur, comme je l'ai vu moi-même dans les lycées,
12:21 a peur d'affronter l'antisémitisme.
12:23 J'ai encore dans la tête certains enseignants
12:27 qui disent "ah ben, c'est pas parce qu'on dit sale juif
12:29 dans la cour de récréation
12:31 qu'il faut prendre ça pour de l'antisémitisme".
12:33 Je n'aurais pas assez d'une soirée
12:34 pour vous dire que, sur le plan idéologique,
12:37 je ne veux pas faire le procès
12:38 de l'ensemble du corps enseignant,
12:39 mais que sur le plan idéologique,
12:42 il y a aussi des choses qui ne sont pas allées
12:45 et qui expliquent une partie
12:48 de la démission générale.
12:50 Parce que ce n'est évidemment pas que les enseignants
12:52 veulent que je fasse le procès des médias.
12:54 Ça me prendra des temps.
12:56 Mais la manière dont les médias ont pris l'affaire Lola
12:59 et ont pris cette affaire-là,
13:00 c'est la différence entre la nuit et le jour.
13:02 Donc en vérité, c'est l'ensemble des prétendues élites
13:06 dont, alors, quand Julien Dray parle effectivement
13:10 de la faillite ou des échecs,
13:12 vous permettrez de les mettre dans le lot.
13:14 Vous répondez, puis on va parler de l'état d'urgence ensuite.
13:16 Allez-y, Julien Dray.
13:17 On peut revenir sur telle ou telle situation particulière
13:20 ou tel ou tel enseignant.
13:21 C'est pour ça que je dis révolution éducative.
13:23 Si on ne remet pas l'école au centre
13:25 et si on ne lui redonne pas un sens,
13:27 si elle n'est pas chargée de redonner de l'espoir,
13:30 si elle n'est pas chargée, y compris,
13:32 de détecter ceux qui sont en situation d'échec.
13:34 Prenons l'exemple.
13:36 Je vais être...
13:37 Parce que...
13:38 Prenons l'exemple de ce jeune à elle.
13:40 Il y a des signes, avant,
13:43 qui montrent qu'il y a quelque chose
13:45 qui va pas bien se passer.
13:48 La société, elle regarde ailleurs.
13:51 Elle le convoque en septembre.
13:54 C'est-à-dire qu'il n'y a pas ce qu'on appelait avant
13:57 la protection judiciaire de la jeunesse.
14:01 C'est-à-dire qu'on n'a pas un éducateur spécialisé,
14:03 professionnel, qui vient voir la mère
14:05 en lui disant "Votre fils, il est en train de basculer,
14:07 donc on va le sortir du territoire.
14:09 On va l'envoyer dans un centre éducatif
14:12 pour lui permettre de retrouver les sens,
14:14 et pour éviter qu'il meure."
14:16 On n'a plus tout ça.
14:18 Tout ça a disparu.
14:19 Moi, je ne suis pas un tendre.
14:22 J'avais écrit un rapport qui s'appelait
14:23 "Mieux punir, mieux prévenir".
14:25 Mieux punir, oui, il faut punir intelligemment,
14:27 parce qu'il y a les punitions nécessaires.
14:29 Mais on a laissé tout filer.
14:31 Pourquoi ?
14:32 Parce que je vais vous donner la raison.
14:34 Pourquoi ?
14:35 Parce que ça coûtait de l'argent.
14:37 Et qu'on disait, finalement, ça va passer.
14:41 Maintenant, vous savez la phrase de Lincoln ?
14:43 Vous croyez que l'intelligence, ça coûte cher ?
14:46 Essayez l'ignorance.
14:47 Et la responsabilité parentale également,
14:49 qui a été soulignée par le chef de l'État cet après-midi,
14:51 on va y revenir dans un instant,
14:52 mais avant je voulais vous entendre
14:54 sur l'état d'urgence,
14:56 puisque pour faire face à cette situation
14:58 que nous sommes en train de vivre,
14:59 à savoir ces émeutes, ces pillages,
15:01 des voix s'élèvent pour déclencher l'état d'urgence,
15:03 des voix notamment à droite.
15:05 Ça ne sera pas fait visiblement pour le moment.
15:07 En tout cas, ce n'a pas été annoncé aujourd'hui
15:09 par le chef de l'État.
15:10 Mais un sondage pour CNews sorti ce soir,
15:14 70% des Français approuvent
15:16 ce qu'ils veulent décréter l'état d'urgence
15:18 suite à ces émeutes déclenchées
15:20 suite à la mort de Naël à Nanterre.
15:22 Gilles-William Golnadel,
15:23 est-ce que vous seriez effectivement favorable
15:26 pour faire face à cette situation
15:28 de la mise en place d'un état d'urgence ?
15:30 Je ne suis pas un grand spécialiste
15:32 des problèmes de sécurité.
15:34 Instinctivement et par principe,
15:38 ça ne me dérangerait pas,
15:39 à condition qu'il soit respecté.
15:41 Pardon de vous le dire,
15:43 compte tenu de beaucoup de facteurs.
15:48 Vous voyez où en est la justice,
15:50 parce que Julie André faisait allusion.
15:52 Le pauvre Naël pensait que la quatrième fois
15:55 où il faisait pareil,
15:56 le refus d'obtenir le territoire,
15:57 ça se passera aussi bien que les trois premières.
15:59 Ils sont dans un sentiment
16:02 qui n'est pas fallacieux, d'impunité.
16:05 Je ne sais pas, je vais vous dire franchement,
16:08 je ne sais pas où en est aujourd'hui
16:10 l'état d'esprit de nos policiers.
16:13 D'abord, on ne peut pas en compter sur...
16:15 Ils sont en nombre réduit.
16:17 Ceux qui sont actuellement coupables de violences
16:24 sont extrêmement nombreux.
16:26 On n'a pas tellement, dans la France entière,
16:29 alors même que même les petites villes sont touchées,
16:35 on n'a pas tellement de policiers.
16:37 Et dans quel état d'esprit sont...
16:39 Vous vous rendez compte dans quel esprit sont ?
16:41 Ce sont les seuls à qui on enlève,
16:45 même aujourd'hui, la présomption d'innocence.
16:49 Mettez-vous à leur place.
16:51 Ils sont dans un scénario
16:52 où de toute manière, ils passent pour des salbophracistes.
16:57 Et quand...
16:59 Il faut que ce soit des sal...
17:01 On n'a pas à faire des pianistes distingués.
17:03 Lorsqu'on les traite...
17:04 À la fin, lorsque les mêmes les traitent de salracistes,
17:07 à la fin, ils se sont des êtres de chair et de sang.
17:10 Ils réagissent.
17:11 Donc mettez-vous à leur place maintenant.
17:13 Et on leur demande d'aller au contact,
17:15 de prendre des risques.
17:16 On a eu 250 blessés hier.
17:18 Pas un en prison, on a eu 250 blessés.
17:21 Et on leur demande d'aller au contact.
17:23 Et si jamais ça se passe mal,
17:25 peut-être qu'on va rechercher la responsabilité.
17:29 Mais moi, pardon de vous le dire,
17:31 au moment où je vous parle,
17:32 par rapport à votre question très ponctuelle,
17:35 oui, je suis favorable à ça.
17:37 Mais je suis plus qu'inquiet.
17:41 Un état d'urgence, vous y seriez favorable,
17:44 où ça démontrerait finalement un échec de la part de l'exécutif ?
17:48 Ça ne peut pas être écarté.
17:49 C'est à ceux qui sont en situation au gouvernement
17:52 d'apprécier exactement la situation.
17:54 Mais la phrase clé, c'est celle que Louis-Hamme a dit.
17:57 L'état d'urgence, encore faut-il qu'il soit respecté.
17:59 Parce que si c'est pour proclamer l'état d'urgence,
18:01 c'est que vous continuez comme avant.
18:03 Ça sera pire.
18:04 Donc encore faut-il qu'il soit respecté.
18:06 Or, regardez bien la difficulté des policiers hier.
18:10 Parce qu'il faut observer ce qui se passe.
18:14 Il y a des armes maintenant.
18:16 Il y a des armes.
18:17 C'est ça la différence avec 2005.
18:19 Hier, vous avez des tas de vidéos
18:21 où vous avez vu apparaître des pistoliers,
18:25 des fusils à pompe, etc.
18:30 Les policiers, et ils ont raison.
18:33 Ils évitent le contact pour l'instant.
18:36 Ils repoussent, ils contiennent.
18:38 Parce qu'ils savent bien...
18:40 Vous savez, pour être honnête, pourquoi on met la BRI ?
18:44 C'est pas parce qu'on manque d'effectifs.
18:46 C'est parce qu'on a peur que ça tire.
18:49 Et à ce moment-là, on a besoin de ces corps spécialisés, au cas où.
18:52 Donc, moi, je ne suis pas contre l'état d'urgence.
18:54 Je dis simplement qu'il faut apprécier la situation.
18:56 Alors, si vous me permettez, si j'ai le moyen de vous arrêter,
18:59 là, dans les heures qui viennent,
19:01 parce qu'il va falloir gérer les heures,
19:03 il va falloir gérer les jours et les mois.
19:05 Parce que ce n'est pas une affaire qui va se régler en 24 heures.
19:07 Mais déjà, il y a une première chose.
19:09 Il y a une image qui m'a frappé.
19:11 On est à Nanterre, on est en pleine nuit.
19:13 Il y a une voiture qui arrive.
19:14 Il y a un père qui descend de la voiture.
19:15 On va la voir, cette image, d'ailleurs,
19:16 puisqu'on parlera de la responsabilité des parents.
19:18 Il va chercher son gosse, il le prend par l'oreille,
19:20 il le tire, il le met dans la voiture et il rentre.
19:23 Et donc, il y a une question qui est posée aux parents.
19:26 Et les parents, il ne s'agit pas de leur dire qu'il faut responsabiliser.
19:28 Ce soir, dans toutes les municipalités,
19:30 les équipes municipales,
19:32 elles doivent demander aux grands frères, aux parents,
19:35 de faire des comités de vigilance et d'être partout.
19:37 Voilà, on voit la vidéo que vous décriviez.
19:40 On voit ce père de famille, effectivement,
19:41 qui va chercher par le call back, si je peux me permettre cette expression,
19:44 son fils et qu'il le met ensuite dans le coffre de la voiture.
19:49 Et en tout cas, Gilles-William Gollnadel,
19:51 c'est vrai que cette vidéo-là, finalement,
19:53 tous les parents ou en tout cas l'autorité parentale
19:57 devraient être présentes.
19:58 Et là, on a le sentiment, effectivement,
20:00 qu'il y a une disparition de l'autorité parentale aujourd'hui.
20:04 Mais elle ne concerne pas, soyons justes, que les quartiers.
20:08 C'est général pour vous.
20:10 Oui, c'est un mal qui…
20:11 J'ai même la faiblesse de penser que dans certains quartiers,
20:14 on peut tomber sur des pères plus sévères que chez les bobos.
20:18 Donc, je ne veux pas…
20:19 Mais il y a des pères.
20:20 Alors, voilà.
20:21 Vous avez toutes sortes.
20:23 Je la trouve très émouvante, cette scène.
20:26 Mais oui, alors il y a des…
20:28 Mais par contre, il y a des pères absents,
20:30 il y a des pères qui n'existent pas,
20:32 il y a des pères consentants.
20:34 Vous avez toute la gamme possible que vous pouvez imaginer.
20:38 Mais alors, oui, le président de la République n'a pas tort.
20:40 Il n'a pas tort d'invoquer les parents,
20:42 mais c'est une des parties d'un grand tout.
20:47 Non, le problème, ce n'est pas d'invoquer les parents,
20:49 parce que c'est pour leur dire,
20:50 "Parents, vous n'avez pas fait votre boulot, etc."
20:53 Bon, oui, il y a les parents.
20:54 Il y a ma raison, il y a des tas de…
20:56 Là, on est là, si vous voulez, si…
20:58 Les policiers, ils ne pourront pas…
20:59 Je vous le dis comme je le pense.
21:01 Si on veut éviter des drames supplémentaires
21:03 et qu'ils nous feraient basculer dans autre chose…
21:06 Mais le chef de l'État parle d'un maintien de l'ordre sans tabou.
21:08 Oui, mais si on veut éviter cela, il faut aider les policiers.
21:11 Aider les policiers, ce n'est pas simplement dire,
21:13 "Les braves policiers, c'est bien, on est avec vous, etc."
21:16 Ils ont un certain point de vue assez, cela.
21:18 Aider les policiers, c'est qu'il faut être sur le terrain.
21:21 Il faut que les policiers puissent s'appuyer sur les parents
21:23 qui soient là, les grands frères.
21:26 Cette nuit, dans un certain nombre de villes,
21:28 les maires ont eu ce réflexe-là.
21:30 Et c'est comme ça que, quand les gamins avançaient
21:32 vers des écoles ou vers des casernes,
21:34 il y avait les parents qui sortaient et qui étaient là.
21:37 Donc on a besoin de cette coordination dans l'immédiat.
21:40 C'est parce que mon angoisse la plus totale,
21:43 et qui me voyait bien, c'est qu'on bascule dans autre chose.
21:48 On doit parler, parce que Julien Dray a fait allusion
21:52 à la situation nouvelle par rapport, je pense, à 2005.
21:56 On va parler ensuite de la responsabilité des partis politiques ?
22:00 Bien évidemment, en deuxième partie, on ouvrira…
22:03 C'est pour ça que j'avais dit…
22:06 La responsabilité des partis politiques,
22:09 qui a été pointée du doigt à la fois par Gérald Darmanin,
22:11 mais également par Emmanuel Macron.
22:13 Aujourd'hui, peut-être un dernier mot sur ces policiers
22:16 engagés pour le terrain.
22:18 Et un sondage. 70% des Français estiment
22:20 qu'il faut envoyer l'armée pour rétablir l'ordre
22:22 dans les quartiers touchés par les émeutes.
22:24 Alors peut-être un mot l'un et l'autre.
22:26 C'est une question qui revient régulièrement.
22:28 Est-ce que, effectivement, dans le contexte qu'on connaît,
22:30 J.L. Gaudenadel, l'armée, ça vous semble une solution,
22:33 une possibilité, sachant que ce n'est pas leur rôle
22:35 leur maintien de l'ordre, on peut le rappeler ?
22:37 Bon, écoutez, on ne peut…
22:39 Compte tenu de la situation, on ne peut rien exclure.
22:42 Je préférerais qu'on n'ait pas à aller chercher l'armée.
22:46 Je ne connais pas bien aussi non plus
22:48 quel est l'état d'esprit aujourd'hui de l'armée française,
22:51 de ceux qui la composent.
22:53 J'aimerais pouvoir l'éviter.
22:55 En tout cas, ça montre une volonté des Français
22:57 d'un peu plus de fermeté, puisque…
22:59 L'unité incarne cette autorité, cette fermeté.
23:01 Mais il y a un fossé qui s'est créé, c'est clair, cette nuit.
23:03 On a parlé tout à l'heure de la responsabilité politique.
23:05 Vous avez une minorité violente, juvénile, très juvénile,
23:10 donc très difficile à reprendre en main.
23:14 Parce que juvénile, et parce que, pour une part,
23:17 c'est des gosses, ou des gosses…
23:19 Alors, ce n'est pas des anges, hein.
23:21 Donc, il y a une difficulté.
23:22 C'est pour ça qu'on a besoin des familles.
23:24 Pardon d'insister.
23:25 Et je vous le dis, le réflexe, évidemment, c'est de dire
23:28 on va faire venir les militaires, mais les pauvres militaires,
23:30 ils ne savent pas ce qu'ils vont faire là-dedans.
23:32 J.G. - J.G. Gaudel, pour conclure cette première partie,
23:34 il y a pas besoin d'insister.
23:35 C.G. - C'est une minorité communautarisée.
23:38 Et puis, vous avez, voilà, elle est communautarisée,
23:41 et puis vous avez une majorité…
23:43 Mais on parle des quartiers, curieusement, les maux.
23:46 Ce sont les quartiers populaires, mais dans les autres endroits,
23:49 ce n'est pas populaire.
23:50 Et vous avez une majorité du peuple français,
23:52 qui est en colère, mais c'est une veine colère.
23:55 Quand on tue une petite fille, ils n'ont pas le droit de l'ouvrir.
24:00 Quand on les envahit, ils doivent se considérer chanceux,
24:04 sauf à passer pour raciste.
24:06 Qu'est-ce que je vous dis ?
24:07 Donc, la colère, à quoi sert cette colère-là,
24:10 sinon à se sentir impuissant ?
24:12 J.-L. M. - Allez, on va marquer une très courte pause.
24:14 Merci, M. Julien Drez, J.G. Gaudel.
24:16 On vous retrouve dans un instant.
24:17 On va aborder le volet politique, bien entendu,
24:19 et la question de l'instrumentalisation,
24:21 inacceptable pour Emmanuel Macron.
24:23 Restez avec nous, ça se dispute.
24:25 On revient dans un instant.
24:29 - Oui, c'est drôle.
24:30 - Et de retour sur le plateau de ça se dispute,
24:32 bienvenue si vous nous rejoignez.
24:33 Une émission essentiellement consacrée à la situation dans le pays,
24:36 aux émeutes, bien évidemment.
24:38 On y revient dans un instant, sur le volet politique,
24:40 notamment avec l'instrumentalisation
24:42 dénoncée par le chef de l'État aujourd'hui.
24:44 Mais avant, on va retrouver Simon Guillain.
24:46 Simon, pour le rappel des titres, c'est à vous.
24:48 - Éric Dupond-Moretti a détaillé la réponse pénale,
24:54 rapide, ferme et systématique,
24:56 à l'encontre des auteurs de violences urbaines.
24:58 Le garde des Sceaux a également demandé au procureur
25:00 de faire des réquisitions judiciaires
25:02 à l'encontre d'opérateurs comme Snapchat.
25:04 "Je souhaite que tous ces jeunes sachent
25:06 qu'on peut parfaitement trouver leur adresse IP
25:08 et bien sûr leur identité", a ajouté le ministre de la Justice.
25:11 Sur proposition de Gérald Darmanin,
25:14 Elisabeth Borne a annoncé le déploiement
25:16 de blindés de la gendarmerie.
25:17 Au total, 4 véhicules sans torts vont être déployés en France,
25:20 ainsi que 14 véhicules blindés à roues.
25:23 Et puis, triste nouvelle, les concerts de Milène Farmer,
25:26 prévus vendredi et samedi, sont annulés.
25:28 Ils devaient tenir au Stade de France
25:30 une annulation de dernière minute
25:32 pour permettre aux forces de l'ordre
25:34 de se déployer ailleurs pour faire face
25:36 aux éventuelles émeutes.
25:38 Merci Simon pour ces dernières informations.
25:42 On continue donc de parler de ces émeutes
25:44 et on en vient au volet politique à présent avec Emmanuel Macron
25:46 qui a dénoncé cet après-midi une instrumentalisation
25:49 inacceptable de la mort de l'adolescent Nahel.
25:52 Alors hier, Gérald Darmanin a déclaré sur Twitter
25:55 "Honte à ceux qui n'ont pas appelé au calme".
25:59 Un tweet après avoir soutenu les policiers,
26:02 gendarmes et sapeurs-pompiers
26:04 qui ont fait face avec courage.
26:06 On va écouter la déclaration du chef de l'État cet après-midi.
26:09 Il y a une instrumentalisation inacceptable
26:14 de la mort d'un adolescent que nous déplorons tous,
26:17 alors que la période devrait être au recueillement et au respect.
26:21 Et donc face à cela, je le condamne avec la plus grande fermeté.
26:24 Toutes celles et ceux qui utilisent cette situation et ce moment
26:28 pour essayer de créer le désordre et d'attaquer nos institutions.
26:32 Ils portent une responsabilité de fait accablante.
26:35 Alors avant de vous attendre, on va voir ce tweet de Jean-Luc Mélenchon.
26:40 Jean-Luc Mélenchon qui répondait à Gérald Darmanin.
26:43 "Honteuse récupération politique de Darmanin
26:45 qui se défause de ses responsabilités
26:47 dans la dérive de la police en accusant les insoumis.
26:50 Politiciens lamentables, incapables, irresponsables.
26:53 Julien Dray, La France Insoumise,
26:55 elle a clairement soufflé sur les braises ces dernières heures."
26:58 "Elle a déjà opéré une rupture sémantique étonnante.
27:02 On dit justice et on oppose la justice à la sérénité.
27:09 Cette rupture, ce n'est pas rien.
27:12 Je n'appelle pas au calme, j'appelle à la justice.
27:15 Mais alors si la justice n'est pas rendue dans le calme,
27:19 elle est rendue comment ? C'est la justice révolutionnaire ?"
27:22 "La justice de la rue."
27:24 "Bon, déjà c'est une rupture sémantique étonnante
27:26 pour un esprit républicain.
27:28 Après, je pense qu'il n'y a même pas besoin de polémiquer,
27:32 tout le monde a compris ce qui est en train de se passer
27:34 avec la manière dont Jean-Luc Mélenchon se positionne.
27:37 Mais vous savez, il sera dévoré par la machine.
27:40 Parce que pour l'instant, pour certains d'entre eux,
27:44 j'ai vu les indigènes de la République l'applaudir,
27:46 mais le jour où il ne l'obéira plus,
27:48 il lui tapera dessus, comme d'autres en ce moment.
27:51 D'ailleurs, un de ses députés s'est fait prendre à partie
27:54 il y a deux jours, parce que cette machine-là.
27:57 Si l'erreur méthodologique qui est faite,
28:00 c'est de croire que dans la figure de ce jeune,
28:03 il y a une forme de révolte anticapitaliste.
28:05 Et que donc, il suffit juste de lui apporter
28:08 la conscience politique, pour qu'il devienne...
28:11 Pas du tout, ça n'a rien à voir.
28:13 Et c'est là qu'il y a une erreur terrible."
28:15 Gilles-William Gollnadel, jusqu'où ira cette récupération politique ?
28:18 Est-ce qu'il peut y avoir un effet boomerang,
28:20 effectivement, pour Jean-Luc Mélenchon ?
28:22 "Il n'est pas dupe, Mélenchon.
28:25 Mélenchon, ce qu'il veut, c'est maintenant,
28:27 c'est le grand soir.
28:28 Il sait bien qu'en plus, il baisse en ce moment,
28:30 la finance insoumise.
28:31 Ils se sont tellement commis, lamentablement,
28:34 notamment à l'Assemblée nationale.
28:36 Il ne joue pas les élections, il joue le grand soir.
28:41 D'abord, et la grande nouveauté quand même,
28:44 par rapport à 2005, c'est Ziad et Bouna.
28:47 Entre parenthèses, je me permets de rappeler
28:50 qu'après tout ce qu'on a dit sur les policiers,
28:53 au bout de 10 ans de calvaire judiciaire,
28:57 les policiers, dans Ziad et Bouna,
28:59 ils ont été relaxés définitivement.
29:01 Pour vous dire comment il faut prendre du recul
29:04 par rapport à ces affaires judiciaires,
29:06 la présomption d'innocence.
29:08 Par rapport à 2005, c'est que justement,
29:12 l'ultra-gauche est entrée dans la danse.
29:16 Clairement, on le voit dans certaines villes,
29:19 ils sont là, les antifas, tout ce que vous voulez.
29:22 C'est la sainte alliance islamo-gauchiste.
29:26 Qu'ensuite l'islamo finisse par l'emporter
29:29 sur le gauchiste, on verra après, mais c'est clair.
29:32 La théoricienne de tout ça, c'est très intéressant.
29:35 La théoricienne de tout ça, c'est Ourya Boutelja.
29:38 Ourya Boutelja, l'ancienne des indigènes de la République,
29:41 elle dit très intelligemment, hier ou avant-hier,
29:43 le monde l'a qualifié d'antiraciste.
29:45 C'est la théoricienne à la fois de l'antisémitisme assumé
29:51 et également du racisme anti-blanc.
29:54 Mais c'est assumé, c'est du cash.
29:56 Le monde est un antiraciste.
29:58 Elle dit très bien, la différence, c'est que maintenant,
30:02 effectivement, l'ultra-gauche, la gauche est avec nous.
30:07 L'extrême-gauche est avec nous.
30:09 Effectivement, le pari fou, totalement fou,
30:13 totalement démentiel de l'extrême-gauche insoumise,
30:18 c'est effectivement de souffler sur les braises
30:22 afin que ce régime soit emporté par cette alliance
30:27 entre les islamo-et-les-gauchistes, en gros.
30:31 Donc, si vous voulez, c'est peut-être un pari dangereux,
30:36 c'est peut-être un pari, effectivement, fou,
30:40 mais c'est le pari de M. Mélenchon et de ses amis.
30:45 Et je constate quand même que dans certains médias,
30:49 ces gens-là, c'est ce que j'appelle le privilège rouge,
30:53 ces gens-là continuent de jouir d'une certaine impunité.
30:58 – Julien Dray, alors, cette alliance islamo-gauchiste
31:02 qui se concrétise avec ces émeutes, vous rejoignez ce constat ?
31:06 – J'ai toujours été réticent parce que je pense que dans cette affaire-là,
31:09 il n'y a que l'islamisme qui l'emporte, le gauchisme il est avalé.
31:12 On voit bien d'ailleurs, je ne sais pas si dans quelques quartiers
31:15 il y a des bad blocks, etc., mais ils vont être avalés.
31:18 Si à un moment donné, ils disent "mais non, on ne va pas attaquer ça",
31:21 on lui dira "comment ça, on ne va pas attaquer ça ? Mais si, on va attaquer ça".
31:23 – Au moins intellectuellement, ils sont là, ils sont là pour pousser.
31:26 – Voilà, bon, ils ne pèsent rien par rapport à ce qui est en train de se passer.
31:29 Ils mettent, je suis d'accord, ils mettent de l'huile sur le feu, etc.,
31:32 mais ils ne pèsent rien, effectivement, ils ont été…
31:35 Mais ce qui est intéressant de voir, c'est, regardez les prises d'opposition
31:39 d'un certain nombre de députés de la France Insoumise,
31:41 elles ne sont plus exactement les mêmes.
31:43 Pourquoi ? Parce que le député du Nord, je ne voudrais pas faire de fautes sur son nom,
31:48 qui a été obligé d'aller à la mairie de Mont-Saint-Barreuil
31:51 et qui a accueilli par les habitants de la ville, qui disait
31:54 "ta déclaration d'hier, tu en as vu les résultats",
31:56 lui, il a compris ce qui est en train de se passer.
31:58 C'est-à-dire qu'on n'est pas en train de faire la convergence des luttes,
32:01 c'est là, peut-être une petite minorité y croit,
32:04 on est en train d'accroître le fossé entre une grande partie du peuple français
32:09 et une minorité, voilà.
32:11 Et c'est en ce sens-là que j'ai dit responsabilité,
32:13 parce que le responsable politique, le mot "responsable",
32:17 c'est celui, justement, qui a la responsabilité de la société.
32:21 Je maintiens quand même, même si sur le terrain, effectivement,
32:26 c'est un cheval et une alouette en termes de nombre,
32:29 je maintiens que depuis déjà longtemps,
32:34 la responsabilité de l'extrême-gauche insoumise
32:38 dans le dénigrement du policier français dépeint comme un sale raciste,
32:44 dans le dénigrement des institutions,
32:47 dans l'idéalisation, justement, des jeunes des quartiers
32:52 et leur victimisation, dans le flirt avec l'antisémitisme
32:56 qui existe dans les quartiers.
32:59 Tout cela, quand même, pèse beaucoup à l'arrivée,
33:02 malgré tout, sur le plan intellectuel.
33:04 Vous parliez tout à l'heure, Gilles-William Golnadel,
33:07 de la culture de l'excuse tweet.
33:09 Intéressant de Sandrine Rousseau face au pillage.
33:12 On a vu ses vidéos, Julien Dray.
33:14 Et si le pillage avait à voir avec la pauvreté,
33:17 les marques, avec le sentiment de relégation,
33:20 peut-être est-ce à analyser politiquement, pas juste sécuritairement.
33:24 Voilà ce que dit Sandrine Rousseau pour finalement excuser
33:28 tous ces pillages auxquels on assiste.
33:31 Pas de réaction de la part de Julien Dray ?
33:34 Non, on a une bande de pilleurs.
33:37 Évidemment, les pilleurs, ce n'est pas les plus riches.
33:40 Les plus riches n'ont pas besoin de piller, ils achètent.
33:43 Ce qu'on est en train d'introduire, c'est ça qui est inacceptable.
33:47 C'est une forme de justification de ces comportements.
33:50 C'est pour ça que je dis "responsable".
33:53 Un responsable politique ne peut pas trouver des excuses
33:56 à ce qui est en train de se passer.
33:59 Je maintiens que profondément, la responsabilité intellectuelle...
34:04 C'est le style de Mme Rousseau, effectivement.
34:07 Elle n'y va pas par quatre chemins.
34:10 Mais lorsque je lisais hier, avant-hier, dans un éditorial du Monde,
34:16 qui compare exactement la situation d'aujourd'hui
34:20 à la situation du pauvre George Floyd
34:23 et des Black Lives Matter qui ont donné lieu,
34:26 là aussi aux États-Unis, à Portland et ailleurs,
34:29 à du racisme anti-blanc, à des pillages, etc.,
34:33 on est dans une forme de connivence, malgré tout, avec ce qui se passe.
34:38 Et l'ONU qui s'y est mis ?
34:40 On va parler de l'ONU après, c'est intéressant.
34:42 Il faut toujours faire attention.
34:44 Dans les quartiers, aujourd'hui, puisqu'on parle des quartiers,
34:47 ceux qui souffrent le plus des conséquences de cette situation,
34:50 ce sont ceux qui y vivent.
34:52 Et qui sont, pour une part, j'ai beaucoup d'amis,
34:55 qui sont terrorisés.
34:56 Parce qu'ils se demandent à tout moment s'il ne va pas y avoir l'incendie.
34:59 Il y a plein de familles qui, en ce moment,
35:01 ne vont pas dormir cette nuit dans leur quartier.
35:04 - Mais Julien Dray a parfaitement raison.
35:07 Et j'ai la faiblesse de penser qu'ils sont majoritaires, ces gens.
35:10 - Ils sont majoritaires dans les quartiers.
35:12 Et je voudrais dire une chose.
35:14 J'ai beaucoup d'amis musulmans qui m'ont dit que,
35:17 dans les prières ce vendredi, dans nombre de mosquées,
35:20 parce qu'il faut rendre...
35:22 On n'a pas appelé à l'insurrection.
35:24 On était intervenu en disant maintenant ça suffit.
35:26 Donc on a un corps assez homogène, générationnellement parlant,
35:31 qui est en affrontement de tout.
35:33 Qui est en affrontement de tout.
35:35 Qui n'écoute personne, qui n'en a rien à faire.
35:37 C'est pour ça qu'on va avoir besoin d'une mobilisation générale.
35:40 C'est pour ça que j'ai dit tout à l'heure "urgence".
35:42 - Moi aussi, je ne contredirais pas Julien Dray.
35:45 Effectivement, il peut y avoir...
35:47 Et ça montre dans quelle situation on se trouve en même temps.
35:51 Et tel que je vous l'avais dit, sur le plan communautariste,
35:55 on a même besoin maintenant des prêches à la paix des imams.
35:59 Mais parallèlement à ça, vous avez aussi...
36:01 - Les islamistes.
36:02 - Vous avez des islamistes qui ont des discours
36:06 plus qu'enflammés et également racistes.
36:09 - C'est clair qu'hier, il y a eu des...
36:11 Avec la séquence que tout le monde a vue,
36:13 où on a tagué le mémorial des victimes de la Shoah.
36:16 On a même appelé un Shoah de la police.
36:18 Il y a des dérapages.
36:19 Il y a même une dérapage qu'on a lue
36:22 où on dit "mort aux Juifs, mort aux porcs".
36:24 Il y a des dérapages.
36:25 Tout ça, il ne faut pas le cacher.
36:27 Dans le moment actuel, il ne faut pas donner le sentiment
36:29 qu'on veut cacher des choses pour essayer de ménager.
36:32 Pour dire la vérité de ce qui est en train de se passer.
36:35 Et j'ai envie de réfléter une chose.
36:37 Il faut bien comprendre, du point de vue des autorités,
36:39 qu'il y a aussi des choses sur lesquelles il faut faire attention.
36:42 Quand on est président de la République,
36:44 on doit faire attention toujours à l'équilibre de ses paroles.
36:48 J'insiste là-dessus.
36:50 Je ne fais pas la leçon à Emmanuel Macron,
36:52 parce que c'est difficile.
36:53 Mais mercredi matin, quand il dit
36:55 "c'est un acte inexplicable",
36:57 il rentre...
36:58 - Quand la présomption d'innocence n'est pas respectée.
37:00 - Il doit dénoncer.
37:02 Il doit dire "nous sommes tous émus de ce qui vient de se passer.
37:04 Nous sommes tous aux côtés de la famille.
37:06 La justice est saisie, elle doit aller au plus vite pour rentrer."
37:10 Mais il ne doit pas donner de sentiments.
37:12 Effectivement, c'est présomption d'innocence.
37:14 Et ça n'a pas calmé le jeu, d'ailleurs.
37:16 - Non, mais au contraire.
37:17 C'est ça qui est extraordinaire.
37:20 L'incarcération,
37:22 qu'on pensait comme une sorte de pansement formidable,
37:26 a été au contraire un signe de faiblesse
37:29 qui a libéré justement la violence.
37:32 Mais ne demandez pas M. Drey à M. Macron
37:35 de ne plus être M. Macron.
37:37 Chez M. Macron, vous trouvez tout,
37:40 le meilleur et le mauvais.
37:42 Et en même temps, quel que dire.
37:45 C'est-à-dire qu'il a dit "bon, tiens, je vais dire ça,
37:47 ça va calmer les gens,
37:49 et puis demain, je jouerai le jeu de la fermeté."
37:51 Et du coup, la faiblesse élimine la fermeté,
37:56 et la fermeté finalement fait que la faiblesse ne sert de rien non plus.
38:00 - Mais je suis d'accord qu'il y a quelque chose qui ne va plus.
38:03 Moi, ce qui me frappe, c'est la solitude du président de la République.
38:07 - Justement, quand Marine Le Pen appelle le président,
38:10 elle est liée au fait que tous ceux qui avaient une certaine expérience autour de lui,
38:15 vous savez, les vieux, on n'aime pas les vieux en ce moment,
38:18 tous ceux qui, y compris son ancien ministre de l'Intérieur,
38:21 maire de Lyon, lui ont dit un certain nombre de choses.
38:24 - Une France face à face.
38:26 - Tout ça a été mis de côté,
38:28 parce qu'il a eu le sentiment que comme il avait gagné la bataille sur le Covid
38:32 et qu'il avait gagné la deuxième fois la présidentielle,
38:36 il avait raison contre le monde entier.
38:39 - Là, on parlait de la France insoumise qui visait la police nationale,
38:43 mais il n'y a pas que la France insoumise.
38:45 Je voulais vous entendre sur l'ONU,
38:47 l'ONU qui a appelé hier la France à pencher sur les problèmes de racisme
38:51 et de discrimination au sein des forces de l'ordre.
38:54 Après la mort du petit Nahel,
38:56 la France qui a d'ailleurs réagi aujourd'hui
38:59 en disant totalement affondé l'accusation de l'ONU
39:02 selon laquelle elle connaît des problèmes de racisme
39:04 et de discrimination raciale au sein des forces de l'ordre.
39:06 C'est quand même assez étonnant, effectivement,
39:09 cette sortie de ce jour, pas Gilles-William Guesnevel ?
39:12 - Ah non, votre étonnement m'étonne.
39:14 Très sincèrement, j'ai suffisamment fait railler
39:20 contre la majorité automatique de l'ONU
39:23 qui considère l'État juif comme le juif des États,
39:26 qui condamne 150 fois plus l'État d'Israël
39:30 par rapport à des pays comme l'Iran.
39:32 Là, non seulement vous avez une majorité automatique
39:35 composée de pays dictatoriaux, totalitaires, racistes, etc.
39:40 Mais là, en plus, vous avez des fonctionnaires
39:43 ou cette dame-là qui sont en plus, effectivement, du même genre,
39:49 qui vont condamner l'État démocratique français,
39:54 mais elle fera silence sur les exactions de l'Iran ou de l'Afghanistan.
40:00 Très sincèrement, ça fait longtemps que je me pose la question
40:05 sur le caractère, non pas sur l'utilité,
40:08 mais sur la nocivité de cet arrêt au page
40:11 qui ne résout rien, nulle part, sinon de jeter de l'huile sur le feu.
40:15 - L'ONU qui jette également de l'huile sur le feu ?
40:19 - Oui, ça, c'est pas surprenant,
40:21 au regard de la manière dont ça se passe maintenant à l'ONU.
40:24 Alors, maintenant, c'est sur la question de la police,
40:26 parce que c'est ça qui m'intéresse aussi.
40:28 Il y a effectivement un travail qu'il faut faire maintenant
40:31 dans le rapport entre la police et la population.
40:34 Nous avons réduit la formation des policiers pour aller plus vite.
40:38 Et on voit bien que la réduction de cette formation,
40:40 elle fait que nous avons des jeunes policiers
40:42 qui, à un moment donné, craquent,
40:45 sous la pression, sous le stress, craquent.
40:48 Donc, il faut revoir la formation et il faut revoir les dispositifs législatifs.
40:52 Je vois bien qu'il y a un débat sur la loi de 2017.
40:55 Moi, je pense que dans ces moments-là,
40:57 ça ne sert à rien de commencer à s'envoyer, moi, je suis responsable.
41:01 Il faut regarder le dispositif de la loi de 2017.
41:03 Je pense qu'il y a un problème dans la définition,
41:06 dans la subjectivité de la définition de l'état de légitime défense, dans la loi.
41:11 En tout cas, ça mérite qu'on se penche dessus.
41:13 - Vous savez, je suis Gilles-William Gonzalez.
41:16 Je suis, franchement, c'est pas moi peut-être d'ironiser sur le juridisme,
41:22 mais il y a des situations, si vous voulez, qui sont tellement bancales.
41:27 Des zones comme ça, où le flic se demande s'il doit intervenir ou s'il ne doit pas intervenir.
41:34 - Ça se passe en une fraction du monde.
41:36 - Moi, j'ai défendu un pauvre flic de Montreuil,
41:40 qui est sorti, il y avait une voiture qu'on volait,
41:44 il est sorti de son car de police pour tenter de l'arrêter.
41:49 Puis, finalement, la voiture a foncé délibérément sur lui.
41:53 Aujourd'hui, il est estropié.
41:55 Il avait 25 ans quand ça lui est arrivé.
41:58 Et son chef de service, dans le témoignage que j'ai eu le droit d'avoir à la cour d'assise,
42:03 a dit "le jeune collègue a fait une faute en sortant de son véhicule de police".
42:09 Donc, il y a une terrible tentation de ne rien faire.
42:13 Il faut comprendre ça.
42:15 Et effectivement, peut-être que le policier qui est en prison,
42:21 qui a des états de service extraordinaires,
42:25 il doit se dire "j'ai eu vraiment tort de faire mon métier".
42:29 C'est difficile.
42:30 - On arrive au terme de cette émission.
42:32 Julien Dré, en quelques secondes, on arrive au terme de cette émission.
42:36 - On a, rappelez-vous, détruit ce qui était une tentative de reconstruction
42:40 d'un rapport sain entre la police et la population.
42:43 C'est ce qu'on appelait la police de proximité.
42:45 On a brocardé ces policiers en disant "mais c'est pas des joueurs de foot, etc."
42:50 Donc, on a extériorisé la police de tous ces quartiers-là.
42:54 Or, c'est l'inverse qu'il faut faire.
42:56 Parce qu'aujourd'hui, on aurait besoin de policiers expérimentés,
42:59 ayant des relais sur le terrain, connaissant la situation,
43:02 capables d'appeler tel et tel grand frère en disant "maintenant, il faut y aller".
43:05 - Et comme on vous retrouve tous les deux demain soir,
43:08 on pourra en reparler de cette question de la police de proximité.
43:12 Un grand merci, Julien Dré. Merci, Gilles-Louis-Hame, Golnadel.
43:15 L'actualité continue dans un instant.
43:17 Vous retrouvez l'excellent Julien Pasquet pour l'heure des pro 2.
43:20 Merci à Louna Daoudi de m'avoir aidé à préparer cette émission.
43:23 Une émission à revoir sur notre site cnews.fr.
43:26 Excellente soirée sur notre antenne.
43:28 On suit tout au long de la soirée et même de la nuit
43:31 la situation en France avec les émeutes.
43:34 Restez avec nous sur CNews.
43:36 [Musique]

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