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Vendredi 30 juin 2023, SMART SPACE reçoit Antonin Ferri (Directeur des Programmes Futurs, ArianeGroup)

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Transcription
00:00 Le premier vol commercial spatial de Virgin Galactique a atteint l'espace.
00:10 Hier, le vaisseau a dépassé les 80 km d'altitude, marquant le début de l'espace selon l'armée
00:17 américaine.
00:18 Une réussite après cinq missions test depuis 2018 et une étape majeure pour la compagnie
00:23 qui intervient après près de deux ans de retard.
00:27 Avec deux pilotes aux commandes, le vaisseau VSS Unity transportait quatre passagers de
00:33 haut gradé de l'armée de l'air italienne, un ingénieur du Conseil national de la recherche
00:39 italien et un employé de Virgin Galactique.
00:43 Et si l'on envoyait des dizaines de robots constructeurs sur Mars pour préparer l'arrivée
00:51 des humains ? C'est la proposition d'une start-up japonaise,
00:54 ATAI. Avec une telle proposition, la start-up assure pouvoir diviser le prix des travaux
01:02 de construction extraplanétaires par 100.
01:05 D'une simplicité enfantine, le projet consiste à construire des robots ultra-polyvalents
01:09 capables de créer les conditions d'arrivée des humains sur les terrains hostiles dans
01:15 l'espace.
01:16 Mais cet ambitieux projet ne sera possible que dès lors que le voyage vers Mars sera
01:21 assuré et utile, seulement si nous sommes capables d'y envoyer des êtres humains.
01:26 Aussi, la communauté spatiale internationale, il faut le rappeler, ne manque pas de compétences
01:30 pour mettre au point des rovers performants et durables.
01:34 L'entreprise devra donc faire ses preuves et cela commencera sur la Lune.
01:40 Pourtant, aucun contrat n'a pour le moment été annoncé.
01:44 Autre actualité, Ariane 5 fera ses adieux le 4 juillet prochain après un report le
01:51 15 juin dernier à cause d'une anomalie.
01:53 C'est officiel, le dernier vol de la fusée européenne est programmé.
01:57 Ce 117e vol et dernier vol de la fusée européenne qui fait ses adieux après 27 ans de service
02:06 va placer en orbite un satellite de communication militaire français, Syracuse 4B, et un satellite
02:13 expérimental allemand.
02:14 La fenêtre de tir est prévue entre 21h30 et 23h05.
02:19 Enfin, dernière actualité, pour la toute première fois, Ariane Group a testé un étage
02:25 complet de son lanceur spatial réutilisable.
02:29 Pour en parler, on passe un coup de fil, c'est Colactu, avec Antonin Ferry, directeur des
02:34 programmes futurs chez Ariane Group.
02:36 Bonjour Antonin Ferry et bienvenue dans Smart Space.
02:39 Bonjour et merci beaucoup d'votre invitation.
02:42 Alors le moteur Prometheus, c'est un moteur qui a vocation à être réutilisable, il
02:46 est fabriqué à Vernon, site historique d'Ariane Group.
02:49 Et en décembre déjà, vous aviez effectué un premier test concluant.
02:53 Qu'est-ce qui fait donc la spécificité de ce test-là ?
02:56 Absolument.
02:57 Alors vous l'avez rappelé en fait, aujourd'hui l'Europe ne dispose pas de lanceurs réutilisables
03:05 et pour ça, l'un des briques technologiques qui lui manquait, c'est un moteur très spécifique,
03:10 un moteur réutilisable et à pousser variable.
03:12 Ce moteur sur lequel on travaille chez Ariane Group, c'est le moteur Prometheus que l'on
03:17 est en train de développer.
03:18 Et là, le 22 juin dernier, on a eu un événement important qui était la fin de la première
03:25 campagne d'essai de ce moteur.
03:26 On a eu un certain nombre de campagnes successives et là, on a réussi un essai complet de 12
03:35 secondes qui visait à qualifier toute la séquence de démarrage de ce moteur.
03:41 Ça s'est déroulé avec succès, c'est une étape majeure pour nous.
03:44 Et alors, apparemment, vous aviez pu le tester avec un étage de Thémis ?
03:48 Alors absolument, en fait, le souvenir c'est important, ce n'est pas le moteur seul qui
03:55 est développé puisque l'intérêt de ce nouveau moteur, c'est de l'utiliser sur
04:00 un démonstrateur d'étage réutilisable.
04:03 Et en fait, nous avons deux développements en parallèle, Prométhée pour le moteur
04:08 et Thémis pour l'étage réutilisable.
04:11 Globalement, nous avons réussi à développer, à tester, à effectuer ce test de manière
04:19 couplée le 22 juin dernier.
04:20 Alors la nouveauté, c'est aussi le carburant utilisé.
04:24 Est-ce que vous pouvez nous en dire deux mots ?
04:25 Oui, effectivement.
04:28 Vous savez que traditionnellement, en Europe, par exemple sur la fusée Ariane, nous utilisons
04:34 aujourd'hui de l'hydrogène et de l'oxygène liquide.
04:37 Et là, pour Prométhée, il y a un choix différent qui a été fait, qui est le choix
04:42 d'utiliser du biométhane, toujours associé à de l'oxygène liquide.
04:47 Alors ce choix a été fait pour deux raisons.
04:49 D'abord, pour des raisons d'ingénierie liées aux contraintes de la réutilisation,
04:56 mais aussi pour des raisons environnementales, parce que le biométhane présente cette particularité
05:00 d'avoir un excellent bilan carbone sur la totalité de son cycle de vie.
05:04 Effectivement, dans le futur, il est indispensable qu'on travaille à réduire l'empreinte
05:10 environnementale devenant ça.
05:12 Et alors c'est une première, je crois, en Europe, l'utilisation de ce biométhane
05:15 liquide, en tout cas pour l'instant, le test d'un moteur, peut-être demain le décollage
05:20 d'une fusée.
05:21 C'est ça, c'est ça, c'est une première.
05:23 Alors en quoi ces composants représentent peut-être un défi technologique ? Et puis
05:28 au-delà de ces composants, on le comprend qu'ils sont d'un enjeu crucial pour le développement
05:32 durable de ce secteur, est-ce que Temis et Prometheus sont développés côte à côte
05:38 à Vernon et peut-être de façon codépendante ?
05:40 Oui, c'est absolument l'idée en réalité.
05:45 L'idée n'est pas de développer le moteur seul, mais de développer effectivement également
05:51 la première démonstration de réutilisation d'un étage et nous procédons étape par
05:56 étape.
05:57 Donc ce qui s'est fait à Vernon pour l'instant c'est un essai au sol.
06:00 C'était la toute première étape, mais qui est une étape importante puisqu'elle
06:04 ouvre la voie à des essais en vol.
06:08 Donc ce qui va se passer à partir de maintenant ce sont deux choses.
06:11 D'une part on va poursuivre les essais au sol pour mieux caractériser, mieux comprendre
06:16 le comportement du moteur et effectuer des réglages complémentaires.
06:19 Et d'autre part, ça ouvre la voie à ce qu'on appelle un hop-test ou saut de puce
06:25 si vous voulez.
06:26 Nous allons dans le cadre d'un programme financé par la Commission européenne, le
06:31 programme SALTO, nous allons partir à Kiruna au nord de la Suède, pas loin du cercle polaire,
06:36 pour faire un premier essai de l'étage.
06:39 On va essayer de le stabiliser à quelques dizaines de mètres de hauteur et tester les
06:44 différentes fonctionnalités du moteur et de l'étage.
06:46 Pourquoi en Suède ?
06:47 Parce qu'il s'agit d'un projet européen en fait.
06:52 C'est un projet où vous avez plusieurs États membres intéressés par le fait de
06:59 disposer de ces éléments technologiques qui ont souhaité participer, souhaité contribuer.
07:04 Et la Suède a mis à disposition d'excellentes infrastructures qu'elle possède pour réaliser
07:10 ce genre de task.
07:11 Est-ce qu'il nous manque aujourd'hui des briques technologiques pour aller au bout
07:16 de ce démonstrateur de lanceurs réutilisables ? Et demain avoir effectivement pour l'Europe
07:24 un lanceur réutilisable et opérationnel ?
07:26 Au-delà du moteur, effectivement, vous avez un certain nombre de composantes qu'il va
07:32 falloir développer en Europe et maîtriser en Europe, ce qui n'est pas le cas à l'heure
07:37 actuelle.
07:38 Si je cite quelques exemples, par exemple, ça peut être un nouveau programme de vol.
07:44 Gérer la redescente d'un étage, c'est quelque chose qu'on ne faisait pas jusqu'à présent.
07:49 Il faut également avoir sur la fusée des petites ailettes, des surfaces de contrôle
07:55 aérodynamique qui vont permettre de contrôler la redescente.
07:58 Il faut également travailler sur le train d'atterrissage, si vous voulez, les pieds
08:03 rétractables pour ce lanceur, pour qu'il puisse effectivement se reposer.
08:06 Et donc tous ces éléments, on va les développer au fur et à mesure et les qualifier au fur
08:11 et à mesure sur des démonstrateurs successifs.
08:13 Est-ce que Prométhée a eu sa vocation à voler sur d'autres lanceurs qu'un lanceur
08:20 qui sera réutilisable ? Est-ce que Ariane 6 pourrait en bénéficier, par exemple, ou
08:25 ce n'est pas du tout le sujet ?
08:26 C'est également le sujet, en fait.
08:29 Prométhée, c'est effectivement quelque chose qui a été développé comme étant,
08:35 entre autres, destiné à permettre la réalisation d'un lanceur réutilisable.
08:39 Mais Prométhée, fondamentalement, nous le voyons comme un élément clé d'une famille
08:44 européenne de lanceurs.
08:45 Je m'explique un peu.
08:47 On pense que ce moteur, on ne va pas uniquement l'utiliser pour nos propres projets, mais
08:54 notre ambition, c'est de le commercialiser, de le mettre à disposition des startups européennes
08:58 qui souhaiteront l'utiliser pour matérialiser, finalement, le fait qu'on ait une excellence
09:05 européenne qui soit au service de l'écosystème européen.
09:09 Et, entre autres, s'agissant de notre propre projet, on imagine également que ce moteur
09:15 pourrait être, un jour, intégré sur Ariane 6.
09:18 Dans quel laps de temps ? On parle de quelle temporalité, d'ailleurs, pour voir peut-être
09:25 voler ce moteur ?
09:26 Alors, pour voir voler ce moteur sur un démonstrateur de réutilisation, là, on parle d'une temporalité
09:33 assez proche.
09:34 Notre ambition, c'est de réaliser ça dans les années qui viennent.
09:36 S'agissant de l'intégration sur Ariane 6, c'est quelque chose qui n'est pas immédiat
09:42 dans la mesure où il faut développer une version fonctionnant à l'hydrogène liquide
09:47 de ce moteur.
09:48 Comme je vous le disais pour l'instant, il est conçu pour fonctionner au biométhane.
09:52 Donc, il y aurait quelques aménagements technologiques avant une éventuelle intégration sur Ariane
09:57 6.
09:58 La temporalité n'est pas la même.
09:59 Alors, dernière question.
10:00 Vous êtes directeur des programmes futurs.
10:02 Quels sont ces programmes que vous porterez peut-être dans les prochaines années ? Est-ce
10:06 qu'on peut en avoir un exemple ? Ou est-ce que tout est là dans cette clé de la réutilisation
10:12 ?
10:13 Alors, nous sommes actifs chez Ariane Group sur un panel de technologies expérimentales
10:19 relativement large.
10:21 Donc, effectivement, la réutilisation est un des sujets majeurs.
10:24 Et Prometheus et Thémis sont deux sujets qui nous occupent énormément.
10:29 Mais ne se tarade pas à ça.
10:32 Il y a, par exemple, un deuxième élément important que je peux citer.
10:35 C'est la question du vol habité.
10:39 Et notamment de la question d'une éventuelle capacité européenne en matière de vol habité.
10:46 Vous savez qu'en fin d'année 2023, il va se tenir un conseil des États européens
10:56 pour évoquer la question, évoquer l'opportunité que l'Europe avance sur la question du vol
11:02 habité.
11:03 Et côté Ariane Group, nous souhaitons proposer ou mettre à disposition des États un certain
11:09 nombre d'innovations qui permettraient de matérialiser cette ambition.
11:14 C'est un projet qui s'appelle SUZI, qui est un projet d'étage supérieur réutilisable,
11:20 donc capable de revenir sur part dans une première version avec simplement du cargo
11:24 et éventuellement dans une deuxième version capable de s'adapter au vol habité.
11:28 C'est un deuxième axe de développement assez fort pour les programmes futurs chez Ariane
11:33 Group.
11:34 Merci Antonin Ferry, directeur des programmes futurs chez Ariane Group, d'avoir pris le
11:37 temps de répondre à notre call actu.
11:40 On enchaîne avec le Space Talk sur Bismarck.

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