Jean-Claude Casadesus : "Il n'y a aucune délinquance dans les écoles de musique"

  • l’année dernière
La deuxième édition des Etoiles du classique à Saint-Germain-en-Laye se déroule jusqu'à dimanche : Jean-Claude Casadesus chef d’orchestre et parrain cette année est l'invité de 6h20.

Retrouvez les invités de 6h20 sur https://www.radiofrance.fr/franceinter

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00:00 6h20, les étoiles du classique, c'est le nom d'un festival qui s'est ouvert hier
00:03 à Saint-Germain-en-Laye près de Paris et qui invite des musiciens au début de leur
00:07 carrière, de jeunes talents, un festival qui a un parrain pour cette deuxième édition
00:12 et quel parrain ? Jean-Claude Casatsu, ici présent.
00:15 Bonjour Jean-Claude Casatsu.
00:16 Bonjour chère amie.
00:17 Chef d'orchestre de renommée internationale, vous avez fondé l'Orchestre National de
00:22 Lille, vous l'avez dirigé pendant 40 ans, vous êtes aujourd'hui président de l'École
00:25 supérieure de musique de Lille.
00:27 Vous êtes aussi dans le petit Larousse illustré depuis deux ans, parrainé ce festival qui
00:32 promeut les jeunes artistes.
00:34 Vous avez dit oui tout de suite, vous qui avez toujours soutenu les musiciens débutants.
00:38 Ecoutez, c'est une rencontre absolument passionnante.
00:41 En trois jours, c'est hallucinant de voir le nombre de jeunes solistes, il y en a une
00:46 cinquantaine, deux orchestres, l'Orchestre Ostinato et l'Orchestre des Jeunes de l'Ile
00:51 de France.
00:52 Et depuis toujours, enfin depuis que je suis plus jeune, mais aussi moins jeune, j'ai
00:57 adoré la transmission qui permet d'irriguer des éponges, de jeunes éponges qui sont
01:04 tout à fait prêtes à exercer plus qu'un métier, c'est-à-dire une transcendance.
01:11 On vit dans un monde qui est complètement déchiré et on ne dira jamais assez que transmettre
01:16 un désir à des jeunes, ce que je me suis efforcé avec beaucoup d'autres de faire,
01:20 mais c'est aussi leur transmettre un idéal et il n'y a aucune délinquance dans les
01:25 écoles de musique.
01:26 Et alors ce festival pendant trois jours, qui est présidé par un mécène passionné
01:31 de musique, M. Petit et un directeur musical, Thomas Lefort, magnifique violoniste qui a
01:39 des prix dans toutes les grandes institutions, ils ont décidé en trois jours de donner
01:46 la parole à une multitude d'artistes qui, de l'opéra, ça ouvre aussi avec un opéra
01:54 de Mozart, comme c'était hier je crois, ou aujourd'hui, c'est aujourd'hui l'opéra
01:58 de Lénos de Figaro.
01:59 Et le concert que je parraine également avec Karine Dehé, dimanche à 21h30, à Saint-Germain-en-Laye,
02:08 ville historique que j'adore parce que j'y ai été en pension quand j'étais tout petit.
02:13 - Vous serez dans la cour du château, Saint-Germain-en-Laye en plein air.
02:18 - C'est une entreprise totalement enthousiasmante.
02:23 - Et ces jeunes talents, cette nouvelle génération, vous la trouvez comment ? Est-ce qu'elle
02:28 est vraiment différente des précédentes, de celles que vous avez connues auparavant ?
02:32 - Je crois que les jeunes gens passionnés de musique aujourd'hui, c'est pas un métier
02:40 comme je vous le disais tout à l'heure, c'est un engagement total de soi, mais dans le monde
02:46 complètement bancal et déchiré dans lequel on vit, c'est une extraordinaire façon
02:52 au fond de donner de l'espoir à des gens qui croient encore aujourd'hui que, comme
02:58 on dit, la grande musique n'est pas pour eux.
03:00 Et je veux dire, je suis fasciné par le talent extraordinaire de toute cette jeune génération.
03:06 Dans le concert que je vais diriger, je vais avoir six solistes, une trompettiste qui est
03:12 toute jeune, Lucienne Renaudin-Varri, un merveilleux accordéoniste, Félicien Brut, Thomas Lefort,
03:19 Adam Laloum qui a ouvert le festival, qui est un soliste international, Karine Dehaye
03:25 qui va chanter aussi avec Apolline Raï-Westphal.
03:30 Malheureusement, je ne peux pas citer tout le monde, mais je peux vous dire que c'est
03:35 tout à fait extraordinaire de rencontrer des jeunes gens dans tous les domaines, les
03:40 orchestres aussi, l'orchestre avec lequel je répète en ce moment, qui sont totalement
03:45 engagés au désir de transmettre une émotion indicible.
03:50 - Comment expliquez-vous le niveau justement de tous ces jeunes talents de l'école française ?
03:55 Est-ce qu'elle est organisée vraiment différemment des autres pays pour expliquer tous ces talents
03:59 qui, généralement après, brillent à l'international ?
04:02 - Vous savez, le talent, quand il est là, c'est international.
04:06 Il y a des écoles merveilleuses dans le monde et le Conservatoire National de Musique Supérieure
04:11 de Paris en est un exemple admirable.
04:14 Mais il y a aussi des écoles de musique.
04:16 - Voilà, il y a tout le mariage territorial qui est vraiment important en France avec
04:19 des conservatoires, des écoles de musique partout.
04:21 - Conservant, absolument.
04:22 Pardon, je suis un tout petit peu…
04:26 - Il est tôt.
04:27 - Oui, il est tôt.
04:28 Les journées de répétition sont très remplies.
04:34 Les écoles de musique, les conservatoires régionaux, les conservatoires nationaux,
04:37 il y en a à Lyon, il y en a évidemment prestigieux à Paris également.
04:42 C'est une pépinière de jeunes musiciens qui ont envie de s'accomplir à travers les
04:52 chefs-d'œuvre qu'on a pour mission de servir.
04:55 Et je répète ce que j'efforce de dire à beaucoup de politiques que je rencontre,
04:59 il n'y a aucune délinquance dans les écoles de musique.
05:02 Quand vous avez transmis un désir, il faut avoir la conscience que pour l'accomplir,
05:12 on ne peut que travailler et transmettre.
05:14 - Alors, la transmission, porter des jeunes, les aider, les mettre en lumière, ça c'est
05:19 vraiment la caractéristique première de ce festival, les étoiles du classique.
05:22 L'autre caractéristique, c'est le mélange des styles.
05:25 Il y a à la fois de la musique de chante, des concerts symphoniques, des opéras, mais
05:28 aussi du jazz par exemple.
05:29 Ça, vous l'avez déjà fait au cours de votre carrière, de mêler les styles.
05:33 Vous aimez bien faire ça ?
05:34 - Je crois que c'est très important de…
05:36 Voilà, l'humour en même temps est très à la mode, de montrer à des auditeurs les
05:42 différentes facettes du génie musical.
05:45 Parce que que ce soit dans la chanson française, que ce soit dans la chanson internationale,
05:50 le jazz et la musique symphonique, il y a un point commun qui est la passion qui permet
05:57 aux gens de réaliser ce pour quoi ils se sentent faits.
06:00 Et on ne dira jamais assez que la musique dite classique, ce mot parfois interpelle
06:08 un petit peu, mais la musique dite classique recèle des chefs-d'œuvre d'émotion.
06:12 Et ça vous transcende.
06:15 Je ne peux pas vous dire autre chose, le son, la passion du son bien conduit, bien ressenti,
06:23 il y a quelque chose de sensoriel qui est irremplaçable.
06:27 - Pourquoi ça ne transcende pas tout le monde ?
06:29 Je vous parle de ça parce que par exemple, le président de la Philharmonie de Paris,
06:33 Laurent Bayle, dit qu'il est urgent de désaristocratiser le répertoire, ses temples, ses fidèles.
06:38 Et ça fait 40 ans qu'on dit ça.
06:40 Pourquoi on n'y arrive pas ?
06:41 - Ça fait même plus de 40 ans.
06:42 Quand j'ai commencé à Lille, j'entendais partout « la musique c'est élitiste, c'est
06:47 pas pour nous ».
06:48 Évidemment, c'est élitiste avec le but de partager cette élite, d'attirer ceux
06:53 qui croient à tort que la grande musique, comme ils disent, n'est pas pour eux, ont
06:59 parfaitement le droit à cette émotion irremplaçable.
07:02 Je me suis efforcé, vous savez, il n'y a pas de fatalité.
07:05 Il faut simplement souvent retrousser ses manches, aller vers les gens comme l'ont
07:09 fait Molière en son temps et comme l'a fait Villard ensuite.
07:13 On m'a un petit peu surnommé à une époque le Villard de la double croche parce que j'ai
07:18 visité 250 villes ou villages dans la région des Hauts-de-France et 35 pays avec mon orchestre,
07:26 mon ancien orchestre.
07:28 Eh bien, il n'y a aucun rejet.
07:32 J'ai été dans des pays extraordinaires comme l'Afrique, qui est un continent formidablement
07:37 musical mais pas évidemment sur la musique occidentale.
07:41 Vous ne rencontrez que de la fascination.
07:44 Simplement, les gens qui croient en effet qu'encore aujourd'hui, à juste titre, que
07:49 beaucoup de gens ne sont pas faits pour entendre la musique aristocratique, comme dirait mon
07:55 ami Bell.
07:56 Mais il suffit en effet de l'éprouver pour l'adopter.
08:01 Et j'en suis totalement convaincu.
08:02 Il n'y a pas de rejet face à la prise de conscience de ce qu'on essaye d'offrir aux
08:08 gens dans le partage.
08:09 Et d'ailleurs, ce festival a invité 1000 enfants hindus primaires du CPOCM2 à des
08:14 concerts justement pour leur faire découvrir, pour leur donner le goût de cette musique
08:17 classique.
08:18 Vous avez vu la richesse en trois jours de ce festival.
08:21 Quatre jours ça a commencé hier.
08:24 C'est absolument fascinant.
08:26 Il y a 12 concerts, un opéra et absolument pour tous les goûts.
08:32 En plus, c'est en plein air.
08:35 Donc voilà, c'est peut-être plus simple que d'aller dans une salle de concert, moins
08:37 impressionnant aussi.
08:38 Croisons nos doigts pour que le temps soit clément.
08:41 Je croise les doigts en effet.
08:43 Je signale aussi, il y a la maîtrise de Radio France qui est présente également.
08:46 Nous sommes partenaires avec Radio France.
08:48 La ville de Saint-Germain qui nous accueille, son maire évidemment, M.
08:53 Pompiliac et son adjoint Baptiste Elly qui sont totalement ravis et qui aident ce festival
09:00 d'une façon magnifique.
09:02 Merci infiniment Jean-Claude Cazatzu, parrain de ce festival Les Étoiles du Classique.
09:07 Vous dirigerez également un grand concert symphonique dimanche à 21h au domaine national
09:12 de Saint-Germain-en-Laye dans le cadre de ce festival.
09:14 Vous serez à la baguette Jean-Claude Cazatzu.
09:16 Merci d'avoir été à ce micro ce matin.

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