Le comédien et humoriste à la bonne humeur contagieuse, Michel Boujenah, est l'invité de ce Télématin. À partir du 26 juillet prochain jusqu'au 11 août, il sera présent au Festival de Ramatuelle qu'il dirige depuis 2007.
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00:00 Il est comédien, il est humoriste et il est surtout toujours de bonne humeur.
00:02 C'est Michel Bougnard. Bonjour Michel Bougnard.
00:04 Bonjour Madame.
00:05 Merci d'être avec nous.
00:06 Bonjour Monsieur.
00:07 En plus vous adorez le petit matin.
00:09 C'est votre petit plaisir de vous lever à 6 heures non ?
00:11 Oui bien sûr.
00:12 Continuez, je vais vous frapper.
00:14 Je vais vous frapper les deux.
00:16 Oui, bien sûr.
00:16 J'imagine.
00:17 Alors vos vacances à vous, vous allez les passer à Ramatuel
00:19 puisque vous serez à partir du 26 juillet donc au festival de Ramatuel
00:22 que vous dirigez depuis 2017.
00:25 Il représente quoi pour vous ce festival ?
00:28 Un moment étonnant d'abord de partage,
00:33 ensuite de liberté parce que je pense que c'est un des seuls festivals,
00:37 bon c'est un des plus vieux festivals de France,
00:40 dans un an on va faire les 40 ans.
00:43 C'est un moment où on peut tout mélanger et c'est ça qui me plaît.
00:48 Oui, il y a le mélange des genres, il y a du sérieux, il y a de l'humour,
00:50 il y a de l'éditiste, il y a du populaire.
00:52 Exactement et ça c'est très très important pour moi
00:54 parce que je considère que les chapelles sont insupportables
00:58 et que le spectacle vivant, c'est le spectacle vivant
01:01 et tout a sa place, tout est possible.
01:03 Je veux dire ça va de cette année de Maxime Gasteuil à Camille Lelouch
01:08 en passant par Dick & Pioche qui est une pièce…
01:10 Alors le titre est un peu fou parce que c'est la rencontre
01:14 entre Madame de Lafayette et Monsieur de La Rochefoucauld,
01:16 c'est Sabine Audepin et François-Éric Gendron
01:18 mais le titre on pense que c'est autre chose.
01:20 Donc il y a des choses tellement différentes.
01:22 Il y a Glenn qui a un spectacle sur Glenn Gould,
01:25 le grand pianiste de Bach qui a un spectacle magnifique,
01:28 il y a eu des Molières et à côté de ça,
01:30 je vous dis quand vous avez Maxime Gasteuil en face de Glenn,
01:34 c'est un grand écart et chaque année c'est comme ça.
01:37 Mais il y a un thème cette année, c'est l'être humain, c'est ça ?
01:39 Absolument et puis je voulais encore plus qu'on rie cette année.
01:44 En fait, de toutes façons vous savez, on peut me frapper parce que…
01:48 Mais pourquoi vous les frappez tout le monde vous ce matin ?
01:49 Qu'est-ce qui vous arrive ?
01:51 Là c'est moi qu'on va frapper.
01:52 En apportant des cas, monsieur Bougema.
01:54 Parce que j'adore, je me bats toujours pour qu'on rie.
01:58 Oui.
01:58 C'est très important pour moi.
02:00 Qu'on rie et qu'on réfléchisse en même temps ?
02:01 Mais on ne peut pas rire sans réfléchir.
02:05 C'est impossible.
02:06 Je veux dire que même dans une histoire drôle, on réfléchit.
02:09 L'humour c'est un véhicule pour la pensée
02:12 qui est indispensable et qui est fondamental.
02:15 Le jour où on ne rit plus, on va mourir.
02:18 Trouvez-moi une dictature qui soutient les humoristes.
02:22 Ça n'existe pas.
02:23 C'est la preuve d'une démocratie.
02:25 Pour moi, c'est la capacité qu'elle a à rire d'elle-même.
02:28 Et c'est de la résistance de rire justement quand franchement,
02:30 on n'a pas toujours envie de le faire par le temps du corps ?
02:32 Mais bien sûr.
02:32 Et puis en plus, rire ça ne coûte rien.
02:35 Je veux dire, moi je viens d'un milieu qui n'est pas…
02:40 Mais le rire c'est fondamental.
02:42 Et donc ce festival il est aussi cette année beaucoup là-dessus
02:47 puisqu'il y a beaucoup d'humoristes.
02:48 Alors vous n'arrêtez jamais.
02:50 D'ailleurs c'est peut-être pour ça que vous êtes fatigué
02:51 entre les tournages, le théâtre, les festivals.
02:53 D'ailleurs ça intrigue beaucoup une jeune chanteuse
02:55 qui a une question pour vous Michel Bougin.
02:56 Ah bon ?
02:56 Oui.
02:58 Michel, quand est-ce que tu t'arrêtes ?
02:59 Je te le prétèche.
03:01 Parce qu'à un moment donné, il faut s'arrêter Michel,
03:02 sinon tu vas être trop fatigué.
03:04 Et je ne voudrais pas que tu t'uses.
03:07 Donc quand est-ce que tu t'arrêtes ?
03:08 Et quand est-ce que tu te mets à écrire cette pièce formidable
03:10 dont tu m'as parlé et dont je te laisserai parler si tu as envie ?
03:15 Et je t'embrasse et je vous embrasse tous.
03:17 Salut !
03:17 Alors là, là, vous êtes obligés d'avoir envie.
03:20 C'est Barbara Prahi qui vous tourne le dernier film de Lelouch en ce moment.
03:23 Et M. Cadmérade.
03:24 Et M. Cadmérade, absolument.
03:25 C'est quoi cette pièce que vous rêvez d'écrire alors ?
03:28 Ah, c'est un projet que j'ai dans la tête depuis très longtemps.
03:32 Un jour, il y a très longtemps, je répète à Nice.
03:36 Parce que je suis très souvent à Saint-Paul-de-Vence
03:39 et je répète dans le bar de l'Opéra de Nice qu'on m'a prêté.
03:45 Et je suis très, très mal ce jour-là.
03:47 Je trouve que ce que je fais est nul.
03:49 Enfin bon, comme ça arrive souvent.
03:50 Un jour, 100 quoi.
03:51 Oui, c'est souvent moins.
03:53 Et c'est souvent 100.
03:55 Je pousse la porte violemment et je renverse une dame qui était derrière,
03:59 qui est une des dames qui s'occupe du ménage à l'Opéra de Nice.
04:02 Je suis désolé, je la relève.
04:04 Elle me dit "vous avez tort d'être en colère aujourd'hui,
04:07 parce qu'aujourd'hui c'était mieux qu'hier".
04:09 Et je me suis rendu compte qu'elle se relayait souvent derrière la porte
04:13 à écouter la répétition.
04:14 Ah ouais.
04:15 Hyper touchant.
04:16 Ça m'a beaucoup touché.
04:17 Et j'ai imaginé que trois femmes de ménage d'un théâtre
04:21 rentraient dans le théâtre après une représentation,
04:24 ramassaient une enveloppe, une écharpe.
04:26 Et ces trois femmes de ménage de générations différentes,
04:29 elles connaissent le théâtre par cœur.
04:31 C'est génial ça.
04:31 Elles sont là depuis très longtemps.
04:32 Le texte aussi du coup.
04:34 Mais bien sûr.
04:35 Et c'est l'occasion pour moi d'écrire une pièce où je donnerai à des femmes
04:39 des rôles qu'elles n'ont pas le droit de jouer.
04:40 Parce que le théâtre est fait pour les hommes.
04:41 Mais ils l'attendent d'avoir un peu de temps, c'est ça ?
04:43 Oui, un peu de temps de me déculpabiliser vis-à-vis de l'écriture.
04:50 Parce que moi, j'appartiens à la tradition orale et que je suis,
04:53 dans le pire des cas, un baratineur, dans le meilleur des cas…
04:56 Un petit complexe de l'imposteur chez vous ?
04:58 Oui, bien sûr.
04:59 Vous avez peur que le lanceur…
05:00 Avec la carrière que vous avez faite, vous avez le complexe de l'imposteur.
05:02 Oui, mais essayez de comprendre une chose.
05:04 On vit dans un pays…
05:05 Enfin, c'est en train de changer avec les réseaux sociaux et tout ça.
05:08 Mais on vit dans un pays où c'était l'écrit qui comptait.
05:10 Moi, je suis dysorthographique
05:12 et j'avais toujours 0, 2, 3…
05:16 Donc j'étais hyper complexé.
05:17 C'est pour ça que quand j'écris,
05:19 je ne donne jamais à lire ce que j'écris
05:22 avant que ce soit complètement terminé.
05:24 Et donc, il y a un vrai problème.
05:28 Mais attendez, on n'est pas là pour le moment.
05:29 Mais c'est de la psychanalyse, c'est très intéressant.
05:31 Mais on attend la pièce.
05:32 D'accord, on est en tête et on va vous prendre 100 balles chacun.
05:37 Vous voulez parler de ma mère ?
05:38 Mais si je vous commence à parler de ma mère, on est dans la merde.
05:41 Qu'est-ce qu'on va faire ?