L'exposition Front de mer 1940 s'installe au Musée d'art moderne de Collioure jusqu'au 8 octobre. Consacrée aux artistes ayant fui la France occupée pour vivre en zone libre sur le littoral catalan, l'exposition décrit une époque troublée, où l'art s'impose comme un outil de résistance.
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00:00 - Il est 7h49 sur la première radio des pays catalans l'été au musée que ce soit à Serré, à Perpignan ou à Collioure.
00:07 L'été c'est évidemment la saison des nouveautés pour les musées de notre département et ce matin, Suzanne,
00:12 nous faisons le choix de nous intéresser à la collection à cette exposition
00:16 donc au musée d'art moderne de Collioure. La directrice du musée est avec nous. - Bonjour Claire Muchir. - Bonjour. - Cette exposition
00:23 spéciale pour cet été s'appelle "Front de mer 1940".
00:27 Ça parle donc de résistance pendant la seconde guerre mondiale ?
00:30 - Exactement, ça parle du fait que l'art peut être un outil de résistance et qu'en 1940,
00:35 quand
00:37 la France est occupée, bien beaucoup d'artistes arrivent sur ce territoire, sur cette côte
00:41 de Cannes et à Banyult pour tenter de fuir le nazisme
00:45 et font de leur art un outil de lutte. Donc c'est ce propos
00:49 que nous montrons tout cet été à Collioure. - Alors combien d'artistes sont représentés ? - Alors une canne d'artistes
00:55 déconnus, Raoul Dufy, Aristide Maillol, Albert Marqué et puis des moins connus, beaucoup d'artistes surréalistes
01:01 qui sont des proches d'André Breton et qui arrivent à Cannes en 1940 et passent tout leur été
01:07 à Cannes espérant fuir. - Ils ont des points communs dans leur profil peut-être ? Dans leur parcours ? - Ce sont des artistes engagés, c'est clair,
01:15 qui
01:17 résistent en continuant à travailler, que cela soit par la poésie ou par le dessin ou la peinture
01:23 et c'est aussi une manière de dire que l'art est et restera toujours un outil politique.
01:28 - Vous dites qu'ils continuent de résister à travers leur art, ça veut dire que ça se voit dans les peintures ? - Oui complètement.
01:35 Ce n'est pas une évocation littérale du conflit qui est présentée mais c'est au contraire
01:41 des images
01:43 métamorphosées, transformées par l'esthétique surréaliste et nous faisons découvrir un poète
01:50 surréaliste complètement tombé dans l'oubli qui est Robert Rius, né à Perpignan
01:53 et qui est passé de la résistance par la plume à la résistance par les armes puisque lui deviendra résistant dès 1942.
02:00 - Donc le front de mer à ce moment là si je comprends bien ça se transforme en front de guerre presque ?
02:06 - Exactement, on a joué sur cette ambivalence, cette polysémie du mot de front
02:11 et on évoque aussi bien sûr les artistes qui se réfugient, que cela soit
02:18 Marquet, Dufie, Mayol qui appartiennent à la génération, ce sont les aînés par rapport à ces jeunes artistes surréalistes et qui eux
02:25 plutôt que de faire de l'art un outil de lutte en font plutôt un outil de résilience, un baume capable
02:31 de continuer
02:33 à les protéger de ce conflit qui est quand même pour eux dans leur vie le second conflit qu'ils auront à vivre.
02:39 - Et le littoral devient alors une source d'inspiration peut-être ?
02:42 Ou c'est essentiellement un territoire refuge ?
02:46 - En fait c'est de manière très ambivalente, tantôt une porte
02:51 tantôt un mur
02:53 et donc soit en effet la porte est encore, on peut encore crocheter cette porte et on passe par le col de Bagnoules pour fuir
03:00 beaucoup emprunteront cette voie ouverte par Antselisa Fitko mais parfois aussi cette porte se referme assez brutalement et ce sera l'internement pour certains
03:08 républicains mais aussi artistes allemands qui seront raflés par l'état français.
03:12 - En fait ces artistes-là n'avaient pas du tout l'objectif de rester sur le littoral, l'objectif c'était une étape simplement ?
03:18 - Exactement c'était vraiment un chemin, une escale vers la liberté et certains comme Victor Brunner qui est un merveilleux artiste
03:24 surréaliste à découvrir, lui parce que juif sera signé à résidence dans le département notamment à Saint-Félix-Houdamon et il ne pourra donc pas quitter
03:32 jusqu'en 42 ce département qu'il cherche par tous les moyens à fuir.
03:36 - Il voulait fuir vers où ? Quitter l'Europe simplement ?
03:39 - Oui complètement, il cherche à fuir vers les Etats-Unis en fait, intellectuels et artistes menacés par le nazisme
03:45 ont une seule issue, c'est fuir vers les Etats-Unis
03:48 via l'Espagne et le Portugal.
03:51 - Est-ce que ces artistes ont combattu ou se sont vraiment engagés dans la résistance notamment ?
03:55 - Oui pour certains, nous évoquons bien sûr
03:59 Robert Reyes dont on a déjà parlé, René Char, le poète qui sera un grand résistant
04:04 Paul-Éluard puisque Robert Reyes on le sait peu est le premier à avoir publié ce magnifique poème qu'on connaît tous "Liberté j'écris ton nom"
04:11 de Paul-Éluard et qui sera ensuite
04:13 réutilisé par
04:16 par De Gaulle et sera dispersé sur le territoire français par milliers d'exemplaires
04:20 par avion anglais pour encourager les français à la résistance. Donc c'est aussi une leçon de poésie et de politique.
04:27 Le 6/9 France-Bleu-Roussillon, le réveil est 100% catalan
04:34 7h53 sur France Bleu-Roussillon et France 3 Pays Catalans, notre invitée Suzanne Chaudjaï, Claire Muchir
04:39 directrice du musée d'art moderne de Collioure. - On parle de cette expo à visiter tout l'été et jusqu'à début octobre à Collioure
04:46 Front de mer 1940 c'est le nom de cette exposition
04:49 votre objectif si je comprends bien c'est de mettre vraiment en avant des artistes qui sont ou qui pour certains sont assez méconnus quand même
04:56 - Oui complètement c'est une exposition qui vise à faire découvrir dans l'histoire de ce territoire
05:01 qui est encore rempli de zones d'ombre que d'artistes qui sont tombés dans l'oubli ou qui sont méconnus
05:07 donc c'est
05:10 oui c'est à une découverte qu'on invite les visiteurs tout cet été. - Vous dites des zones d'ombre pour ce territoire c'est à dire que c'est
05:16 une période de l'histoire qu'on connaît peu c'est ça ? - Oui qu'on connaît peu finalement cette côte magnifique
05:21 et très solaire on en connaît bien les accents fauves
05:26 avec Matisse et Derain mais finalement l'histoire continue même quand Matisse et Derain repartent et les artistes continuent à fréquenter cette côte
05:33 l'exposition de l'année dernière évoquait les années 20-30 et de manière très logique on a souhaité évoquer les années de guerre cet été
05:41 alors bien sûr c'est pas une exposition
05:43 j'ai envie de dire c'est une exposition qui reste une exposition d'art bien sûr on n'est pas dans l'évocation littérale et
05:49 journalistique du conflit on est dans quelque chose qui qui amène aussi à
05:54 la subjectivité à la rêverie à l'évasion - surtout avec le surréalisme - exactement
05:59 - Combien de tableaux au total ? - Une soixantaine de pièces qui mêlent peinture, dessin, tapisserie aussi, céramique
06:06 donc beaucoup de supports différents - Sur deux étages ? - Oui sur les deux étages du musée complètement
06:11 - L'exposition est donc en place depuis le début du mois est-ce qu'elle a déjà du succès ? - Oui
06:16 l'exposition rencontre vraiment un très bel écho une vraie curiosité de la part de nos visiteurs et on a souhaité également s'associer avec
06:22 le musée des abattoirs à Toulouse pour actualiser
06:24 j'ai envie de dire malheureusement le propos mais les abattoirs ont sélectionné cinq artistes contemporains qui travaillent
06:31 sur ces questions d'exil et de méditerranée donc l'exposition se prolonge et
06:35 on poursuit la réflexion avec cette découverte
06:39 de l'art contemporain - Une mise en parallèle avec l'actualité - Exactement
06:43 - Vous dites qu'elle a du succès ça veut dire combien d'entrées à l'heure actuelle depuis le début du mois si vous avez les chiffres ?
06:50 - On est sur une fréquentation d'environ
06:52 100 visiteurs par jour ce qui est un bon chiffre pour le mois de juin
06:56 sachant qu'on n'est pas encore en période vraiment de vacances scolaires - Et votre objectif vous visez combien de visiteurs au total ?
07:03 - Alors l'année dernière l'exposition Babel des Arts avait engrangé 11 000 visiteurs donc on espère faire aussi bien bien sûr
07:09 puisque cette expo s'inscrit vraiment dans la suite logique
07:13 de l'exposition de l'été dernier - Ça coûte combien la visite ?
07:18 - Alors vraiment pas grand chose c'est à peine le prix d'une boule de glace
07:22 c'est 3 euros l'entrée tarif réduit 2 euros et bien sûr les enfants ont la gratuité
07:27 et tout autour de cette exposition moi j'encourage les gens qui ont envie de nous rendre visite à
07:31 consulter notre site internet parce qu'on a déployé toute une programmation
07:34 pour découvrir autrement visite guidée en français et anglais ateliers de pratiques artistiques
07:39 balades dessinées, cafés littéraires autant de moments d'échange de partage du dialogue pour ne pas parfois
07:46 se confronter directement aux oeuvres
07:48 de manière parfois un peu un peu frontale - Un peu brute - Voilà et vous tenez absolument à dire que le musée on peut le visiter
07:57 aussi en train - Exactement - On n'a pas envie
07:59 de galérer à se garer à Collioure on peut tout à fait prendre le train
08:03 - C'est ce que vous faites tous les jours d'ailleurs - Moi c'est ce que je fais tous les jours
08:06 l'été Collioure se déguste en train vraiment donc je vous encourage à venir nous rendre visite en train ou en bus
08:11 et vous passerez une journée merveilleuse
08:13 - Nouvelle exposition Front de mer 1940 c'est au musée d'art moderne de Collioure jusqu'au 8 octobre
08:18 merci beaucoup Claire Muchir vous êtes la directrice du musée je vous souhaite une très bonne journée - Merci à vous