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En trois mois, Caroline Garcia est redevenue une joueuse à battre, cinq ans après avoir pointé à la 4e place mondiale. Comment peut-on expliquer cet excellent retour au premier plan si tardif ? C'est la question à laquelle Arnaud Di Pasquale, Bertrand Milliard et Laurent Vergne tentent de répondre dans DiP Impact, émission à écouter en podcast en intégralité.

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Transcription
00:00 C'est la belle histoire française de cet été, car Lynn Garcia est redevenue
00:03 une joueuse à battre.
00:05 En trois mois, elle a remporté le Double Dome de Roland-Garros,
00:08 et puis trois titres WTA à Badembourg, Varsovie et le dernier en WTM 1000
00:13 à Cincinnati en sortant des qualifications.
00:15 Trois tournois sur trois surfaces différentes d'ailleurs.
00:17 Une dynamique qu'elle n'avait plus affichée depuis cinq ans sur le circuit.
00:21 Elle était 75e mondiale en début d'année,
00:23 la voilà 17e maintenant, juste avant l'US Open.
00:26 Alors Arnaud, comment est-ce qu'on peut expliquer
00:29 cet excellent retour au premier plan, ou plutôt le fait qu'elle ait attendu
00:32 si longtemps pour refaire parler d'elle en bien ?
00:34 En tout cas, je ne sais pas, mais ça fait du bien.
00:37 Ça fait du bien parce que
00:39 je ne sais pas si on pouvait parler de gâchis, mais il y a un moment
00:42 où quand on la voit aussi loin au classement avec le potentiel
00:44 et les qualités qu'elle a, on se dit que ce n'est pas normal.
00:47 On dit que ce n'est pas normal d'avoir autant de trous d'air, autant de creux
00:50 et l'avoir rejouer aussi bien, c'est génial, évidemment,
00:53 mais c'est presque normal.
00:55 C'est-à-dire qu'aujourd'hui, elle est à sa place.
00:56 Vu qu'on a eu la chance avec Bertrand de commenter la semaine dernière
01:01 et souvent on commentait après ses matchs.
01:03 Donc, on a eu la possibilité de suivre un peu ses matchs.
01:06 Et donc, on a vu un peu le niveau de jeu qu'elle a produit,
01:09 la manière dont elle l'a fait.
01:11 Alors, c'est hyper intéressant.
01:12 Donc, il y a eu des changements de staff, si j'ai bien compris.
01:15 Alors, le staff ne peut pas trop parler non plus.
01:18 On n'a pas trop d'infos.
01:19 Vous en avez peut-être plus que moi, Bertrand et Laurent, vous en parlerez.
01:22 Mais en tout cas, dans sa façon de jouer,
01:25 moi, je l'ai trouvé physiquement très, très, très explosif, très rapide.
01:30 Et pour produire le jeu qu'elle veut développer,
01:33 elle est obligée d'être physiquement très bien parce qu'elle veut jouer très tôt,
01:37 prendre vraiment l'échange à son compte tout le temps.
01:39 Donc, c'est un peu ce qu'elle voulait faire finalement quand son papa était là.
01:42 Mais là, on sent que c'est plus construit, c'est plus serein.
01:45 Il y a plus de calme, c'est plus posé.
01:48 Et il y a peu d'erreurs.
01:51 Moi, j'étais assez bluffé parce que c'est un jeu très agressif.
01:55 Mais ce n'est pas n'importe quoi comme ça a pu l'être à certains moments.
01:59 Je suis d'accord avec tout ce qu'a dit Arnaud.
02:00 C'est à dire, elle a gardé l'identité de son tennis, le tennis ultra agressif.
02:04 Mais j'ai l'impression qu'elle le fait quand même de façon un peu plus construite.
02:08 C'est à dire que quand elle attaque une balle, elle sait ce qu'elle veut en faire.
02:12 Et elle sait aussi ce qu'elle veut faire au coup d'après.
02:15 Alors qu'avant, elle avait un petit côté Sabalenka ces dernières années.
02:18 Qu'est-ce que ça veut dire, un côté Sabalenka ?
02:20 Ça veut dire en mode je frappe sur tout ce qui bouge,
02:24 mais sans vraiment savoir ce que je veux faire et ce que ça va donner.
02:28 Donc, c'est ça qui est intéressant, c'est qu'elle a gardé l'identité de son jeu,
02:32 mais en le structurant un petit peu plus.
02:35 Et après, tout s'enclenche physiquement.
02:38 Elle est très bien, très forte.
02:41 Tactiquement, je trouve qu'elle doit quand même très bien préparer ses matchs.
02:44 Moi, j'ai notamment souvenir du match contre Raducanu à Wimbledon.
02:48 J'avais été très impressionné par la façon dont elle avait conduit son match.
02:50 C'est un des exemples sur ces trois derniers mois.
02:53 De toute façon, au-delà des titres et du fait d'avoir gagné 24 matchs sur 28,
02:57 il faut aussi regarder les joueuses qu'elle a battues.
02:59 Elle a battu, on va me dire, ce n'était pas la Zviatek du printemps, peut-être,
03:02 mais elle a battu Zviatek, elle a battu Pégoulas, Sabalenka, Sakari,
03:07 Gvitova en finale.
03:09 Elle a battu beaucoup de joueuses du top 10, du top 15, du top 20.
03:12 Mais c'est vrai que je la trouve à nouveau très, très épanouie sur le cours.
03:16 Et moi, c'est ce qui me désolait, c'est que j'avais parfois l'impression
03:20 qu'elle était malheureuse sur le cours et qu'elle ne prenait pas de plaisir
03:23 parce que rien n'allait comme elle voulait.
03:25 Caroline est une fille assez discrète,
03:27 elle ne se penche pas trop sur sa vie sur les réseaux,
03:28 mais elle reconnaît quand même que le changement radical
03:31 est venu aussi de sa nouvelle équipe.
03:32 C'est Bertrand Emperey, maintenant son nouvel entraîneur depuis novembre 2021.
03:36 Et elle est aussi suivie par Laura Legoupil, une préparatrice physique.
03:40 Son père, qui était très critiqué, donc maintenant en retrait.
03:44 Et Bertrand, pourquoi en gros, elle ne l'a pas fait plus tôt, à ton avis ?
03:49 Couper le cordon, ce n'est jamais facile.
03:50 On croise particulièrement sur le circuit féminin.
03:53 Il y a beaucoup de jeues qui sont encadrées par leur papa.
03:57 Et ça n'a pas toujours fonctionné.
04:00 Je me souviens de Maria Sharapova au début de sa carrière.
04:03 Certes, elle avait des résultats,
04:04 mais c'était quand même une relation particulière.
04:06 Souvenez-vous de Jelena Tokic, qui avait un père violent,
04:09 qui aujourd'hui, vous savez, qui est allée à l'ETA,
04:11 elle est même aujourd'hui en pleine dépression.
04:13 Quelqu'un qui a été détruit un peu par cette relation paternelle.
04:18 Il y a énormément, il y a Sophia Kenin,
04:21 qui d'ailleurs a beaucoup de mal à revenir en ce moment.
04:23 Il y a beaucoup, beaucoup, beaucoup de jeueuses qui sont...
04:26 Camilla Giorgi, qui a un père aussi un peu fou, on va voir, beaucoup.
04:31 Donc, beaucoup de jueuses qui ont eu des relations avec leur père,
04:34 des pères un peu toxiques, on peut le dire.
04:36 Je ne dis pas que le papa de Kevin Garcia n'était pas toxique,
04:39 mais voilà, c'est une relation particulière,
04:42 une relation à la fois familiale, très proche et professionnelle.
04:46 Donc, je crois que parfois, il faut savoir,
04:50 pour ces joueuses, s'émanciper,
04:53 partir avec des gens, travailler avec des gens qui ne sont pas de votre famille,
04:56 et finalement, ce qu'elle a fini par faire, ça prend du temps, Sébastien.
04:59 C'est pour ça qu'il a fallu le temps de mûrir la chose.
05:04 C'est vrai que beaucoup de gens l'ont dit, ça se disait depuis très longtemps,
05:07 mais pourquoi elle ne prend pas un vrai coach,
05:08 pourquoi elle ne prend pas un coach autre que son père ?
05:10 Peut-être que le fait de vouloir absolument avoir des résultats,
05:16 absolument faire plaisir au papa,
05:18 c'est quelque chose qui l'a annihilé,
05:20 qui a fait qu'elle a un peu déjoué, etc.
05:22 Et là, elle en parle très clairement.
05:23 Alors déjà, il y a deux choses.
05:24 Il y a au coach Bertrand Perret,
05:26 effectivement, ça a très bien fonctionné.
05:28 Et puis, cette physio dont je viens de parler, Laura Lecoupil,
05:31 elle explique, Caroline, que jusqu'à maintenant,
05:33 elle travaillait avec les physios du circuit, WTA,
05:36 donc, ce n'est pas toujours finalement si simple,
05:39 parce que c'est un peu anonyme.
05:40 C'est quelqu'un qui vous connaît, mais sans vous connaître,
05:42 ce n'est pas quelqu'un qui vous suit au quotidien.
05:44 Là, elle a un jeu qui nécessite d'avoir un très bon physique,
05:48 mes deux camarades l'ont dit.
05:51 Et avec quelqu'un qui vous connaît bien,
05:53 qui vous suit au quotidien,
05:54 c'est plus facile, justement, de travailler,
05:56 d'avoir un physique en adéquation avec le jeu qu'elle veut pratiquer.
05:59 Donc, c'est ce qui se passe.
06:01 Au-delà de l'entourage,
06:04 qui est donc, je pense maintenant, de qualité et qui lui plaît,
06:08 il y a le fait que son coach a été d'accord
06:10 pour qu'elle joue son style de jeu,
06:13 le style de jeu qu'elle aime, qu'elle a toujours aimé,
06:15 qu'elle préfère, c'est celui des jeux d'attaque,
06:17 dont les autres ont parlé.
06:18 Donc, ça aussi, c'est important.
06:19 Elle peut vraiment s'exprimer sur le court
06:22 avec un coach qui lui donne carte blanche là-dessus
06:25 et sur un tennis qu'elle adore.
06:26 Et puis, une petite dernière chose par rapport au déclic.
06:30 Alors, c'est vrai qu'il y a le changement d'équipe,
06:33 il y a le fait qu'elle puisse exprimer le jeu
06:36 qu'elle a toujours voulu exprimer depuis qu'elle joue au tennis.
06:38 Et puis, il y a peut-être quand même ce titre d'ouvrant.
06:40 - Encore ! - Oui, oui.
06:41 Parce que c'est vrai qu'en simple, ça s'est arrêté assez tôt.
06:44 Elle n'avait pas eu de très bons résultats depuis le début de l'année en simple.
06:46 Et ce nouveau titre en grand chelam,
06:48 ce nouveau Roland-Garros gagné avec Kristina Mladenovic,
06:51 eh bien, je pense que ça lui a montré qu'elle pouvait gagner à nouveau.
06:53 Ça lui a fait retoucher un trophée.
06:56 Et derrière, on voit que ça s'est bien enchaîné
06:57 pour elle malheureusement, pour Kiki moins.
06:59 Mais je pense que ce titre en double quand même lui a fait du bien.
07:01 Elle a relancé définitivement la machine.
07:04 [Générique]

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