Décidément, Antoine Griezmann ne cesse d'être mis sous pression. Déjà au coeur d'une bataille juridique entre l'Atlético et le FC Barcelone concernant l'option d'achat assortie à son prêt, le Français pourrait devoir baisser son salaire pour rester à Madrid. Comment joueur peut-il se défendre ? Réponse avec l'avocat sportif Laurent Fellous dans Mercredi Mercato, l'émission d'Eurosport FC.
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00:00 voulait évoquer le cas d'Antoine Griezmann, cas complexe.
00:03 Et pour essayer de défricher tout ça, on accueille Laurent Felous, avocat et mandataire
00:08 sportif. Bonjour Laurent, bienvenue.
00:10 Bonjour, merci. Alors petit rappel des faits, il y a deux
00:15 choses qui opposent l'Atletico et Antoine Griezmann. D'abord, l'Atletico tente de
00:20 trouver un accord avec le FC Barcelone pour réduire le montant de l'option d'achat
00:26 qui était fixé à 40 millions d'euros. On cherche à négocier pour une somme de
00:29 20 à 25 millions d'euros. Souvenez-vous, c'est en raison de cette clause notamment
00:34 que l'Atletico ne fait jouer Griezmann que 50% des matchs, à l'exception du derby
00:39 Madrilen. Ce n'est pas une obligation, c'est un choix de l'Atletico pour ne pas payer
00:43 cette clause. Et puis, il y a une deuxième chose, c'est
00:45 une information de Marca révélée ce mercredi. L'Atletico souhaite maintenant baisser le
00:51 salaire de Griezmann parce que s'il y a accord avec le FC Barcelone et que l'option
00:56 d'achat est levée à l'issue de son prêt en juin prochain, l'Atletico ne pourra certainement
01:02 pas payer la totalité de son salaire. Donc, salaire à 12 millions d'euros selon Marca.
01:06 On cherche encore à le baisser pour pouvoir faire rentrer l'arrivée de Griezmann dans
01:10 les clous de l'Atletico. L'oro falus, on voulait évoquer cette situation
01:16 qui est quand même très complexe. On revient d'abord sur cette fameuse clause.
01:20 Alors, elle est légale ? Est-ce qu'elle est morale ? Et surtout, est-ce qu'il y
01:25 a une limite finalement ? Parce qu'on a l'impression que maintenant, on peut mettre des clauses
01:29 qui vont dans tous les sens et qui imposent un petit peu ce qu'on veut aux joueurs.
01:32 Alors, c'est une question qui est assez vaste, qui englobe beaucoup d'autres questions.
01:36 Il faut comprendre que lorsqu'il s'agit d'un prêt, on a deux clubs qui décident
01:42 de trouver un accord. Donc, c'est en matière contractuelle. Dans tous les cas, à partir
01:46 de maintenant, en matière contractuelle, on a une marge de mode d'acte qui est importante.
01:49 Dès lors qu'on respecte l'argumentation FIFA et notamment l'agression aussi nationale
01:53 du pays dans lequel le joueur va évoluer. Ça, c'est un premier point. Deuxième point,
01:58 le principe d'un prêt, c'est que le club prêteur va mettre à disposition le joueur
02:03 qui a ce contrat avec un club prêté. Dans ce club en question, il va y avoir des conditions
02:10 pour qu'éventuellement ce prêt se réalise d'une manière ou d'une autre. Ces conditions
02:15 peuvent notamment tenir par rapport à une option d'achat obligatoire, comme on peut
02:19 le voir dans le cas de Riesman. Il y a également, par exemple, une option d'achat si seulement
02:24 le joueur participe à une vingtaine de matchs. Bref, il y a différents types de cas de figure.
02:29 Par exemple, en l'absence de levée d'options, après une certaine date, le prêt est considéré
02:36 comme étant rompu. Différents cas de figure. Donc, on a une certaine marge de manœuvre
02:39 sur les tenants et aboutissants et également sur la question de la prise en charge du
02:44 salaire. Dans le cadre d'un prêt, il peut très bien être convenu que le club prêteur
02:51 prenne en charge l'intégralité des émolliements du joueur. Il peut très bien également être
02:55 convenu que le club dans lequel le joueur va être prêté prenne en charge une partie,
02:59 voire la totalité du salaire. Tous les cas de figure sont envisageables. Donc, ça là-dessus,
03:03 par rapport à la question de la marge de manœuvre, on a une marge de manœuvre qui
03:06 est très importante, sauf que du fait de cette marge qui est très importante, les
03:11 joueurs s'engouffrent un petit peu parfois dans la brèche et tentent de trouver des
03:14 arrangements qui leur permettent de payer des montants qui soient moins importants.
03:19 Dans ce cas de figure, dans le contexte de Griezmann, la situation est la suivante. Dans
03:25 un premier temps, le Barça a acquis le joueur à Atletico via plusieurs échéances. Selon
03:32 les dernières informations, il restait une échéance de près de 40 millions qui avait
03:35 été non versée et qui doit encore être payée par le FC Barcelone à l'Atletico Madrid.
03:41 Pour préciser, c'est une manière d'étaler le paiement du transfert.
03:44 Tout à fait, exactement. Donc, il y a une échéance qui reste à payer. Et après avoir
03:50 acheté le joueur, il y a eu un prêt qui a été effectué dû par ça vers l'Atletico
03:54 Madrid. Sauf que, comme vous l'avez très bien dit, dans le cas de ce prêt, c'est un
03:57 prêt d'une durée de deux ans qui prévoyait une option d'achat obligatoire à partir du
04:02 moment où le joueur participait à 50% des matchs. Je précise par rapport à ce que
04:06 vous disiez que d'un point de vue de la réglementation FIFA, on parle d'un match joué à partir
04:11 du moment où on a joué au moins 45 minutes. C'est comme ça que c'est acté. Donc, à
04:18 partir du moment où Antoine Griezmann jouait plus de 50% des matchs, l'option d'achat
04:23 est obligatoire. Du coup, l'option d'achat avait été évaluée forfaitairement à un
04:27 montant de 40 millions. Pourquoi 40 millions ? Parce que le FC Barcelone ne souhaitait
04:31 pas payer les 40 millions qu'il devait encore à Atletico Madrid. C'est aussi ce montant-là
04:34 qui initialement, à mon sens, a été contre. Sur les clauses, parce que c'est étonnant,
04:38 il y a plein de petits détails, mais il n'y a pas de garde-fou. La FIFA ou les ligues
04:42 ne peuvent pas dire « attention, là, vous allez trop loin sur ces clauses, là, c'est
04:46 trop alambiqué, c'est trop contraignant pour les joueurs peut-être » ou quelque
04:50 chose comme ça ? On va y venir. L'idée, c'est qu'on a cette
04:53 marge de manœuvre. Il faut comprendre le contexte. C'est ce que je voulais rappeler.
04:56 L'idée, dans tous les cas, c'est qu'il y a des règles à respecter. Au niveau contractuel,
05:00 il y a une certaine marge de manœuvre. Au niveau des options d'achat, ça reste contractuel.
05:03 Dans tous les cas, l'Atletico Madrid a convenu à accepter ce principe-là.
05:08 Là où il y a une problématique, c'est peut-être, et c'est ce que, à mon sens,
05:12 le FC Barcelone va tenter de faire, c'est d'évoquer et d'invoquer l'exécution
05:16 de mauvaise foi de cet accord. Parce qu'il y a un accord qui a été convenu, qui prévoyait
05:20 du coup, à partir de 50 % des matchs, que le joueur soit automatiquement acheté. Sauf
05:25 que là, ils font en sorte expressément de faire jouer le joueur moins de 45 minutes,
05:32 de telle sorte qu'on passe de 80 % de matchs joués l'année dernière à moins de 50 %.
05:36 Et donc, que du coup, l'option d'achat soit moindre. Comme il y a un improviso, que du
05:40 coup, on parle d'une problématique juridique qui va potentiellement être portée devant
05:43 le tribunal neutral du sport, je pense qu'il est préférable que les deux clubs trouvent
05:47 un accord. Et c'est le sens de ce que vous évoquiez, un accord étant en passe et trouvé.
05:51 Je le souhaite en tout cas pour Griezmann, qui est le premier à subir cette situation
05:55 et qui, à mon sens, en appellera d'autres. Parce que si on avait été en France, ça
05:59 ne serait jamais produit ainsi. Justement, on va en reparler. Mais si on
06:02 prend juste le point de vue du joueur de Griezmann, quel ressort, quel levier il peut activer
06:07 lui pour se défendre ? Parce que finalement, il subit complètement la situation.
06:11 Tout à fait. La situation, dans tous les cas, elle est très difficile pour lui parce
06:16 qu'il subit la loi de son club. Même Diego Simone le disait clairement, qu'il avait
06:22 des ordres et qu'il les suivait. En fait, lui, ce qu'il peut faire, c'est notamment
06:25 en appeler au syndicat international des joueurs, qu'on appelle Afif Pro, afin que ce syndicat
06:30 puisse faire appel notamment aux différentes instances applicables et notamment aussi faire
06:36 pression auprès de la Ligue 1. Parce qu'il y a parfois l'aspect juridique, il y a l'aspect
06:40 politique. Vous voyez bien avec Javier Tebas qui intervient régulièrement, met des pressions,
06:45 pas toujours de manière très bien, c'est la question.
06:49 Mais pourquoi est-ce que ce syndicat-là, il a véritablement un point ?
06:52 Il pourrait faire évoluer les choses, oui. En tous les cas, il tente de le faire et au
06:57 moins, c'est un potentiel contrepoids.
06:59 !