Aujourd'hui, Thomas Bidegain parle du silence.
Retrouvez toutes les chroniques de Thomas Bidegain dans « C'est encore nous ! » sur France Inter et sur https://www.franceinter.fr/emissions/la-chronique-de-thomas-bidegain
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00:00 Salut à tous, et oui, c'est à moi, et oui, l'année scolaire touche à sa fin, le soleil
00:08 brille au-dessus des écoles, les collégiens bourgeonnant déjà s'éparpillent, et je
00:14 suis vraiment très heureux de retrouver une fois de plus cette belle bande d'irréguliers.
00:21 Et oui, il aura fallu 9 ans d'émissions quotidiennes pour qu'on se rende compte que vous êtes
00:26 en fait une vraie bande d'irréguliers.
00:28 9 ans de contrôle continu pour que la main lasse d'une prof un peu rigide dans un moment
00:33 d'égarement griffonne à la va-vite cette annotation sur vos bulletins du 3ème trimestre
00:38 irréguliers.
00:39 Faut pas chercher plus loin, c'est pour ça que Parcoursup vous a pas donné ce que vous
00:43 espériez pour l'année prochaine.
00:45 Mais bon, je tiens à rassurer tous les membres de l'équipe et nos auditeurs, puisque les
00:51 blagues non utilisées seront bien reversées à des associations, comme le Laurent Wauquiez
00:56 Vidiclub, le Festival international du rire de Saint-Brévin et sans oublier évidemment
01:02 le Secours populiste.
01:03 Oui, voilà, c'est très bien, c'est fait.
01:07 Il n'y a pas que des mauvaises nouvelles.
01:09 Enfin bon, mon seul regret sera qu'on n'a pas eu la patience d'attendre que Marine
01:14 Le Pen soit élue présidente.
01:15 Et oui, mais c'est comme ça la Macronie, ils veulent toujours faire tout plus vite que
01:18 tout le monde.
01:19 C'est dommage parce que les autres, quand ils vont arriver, ils n'auront plus rien
01:22 à faire.
01:23 Enfin bon, pour ma part, je suis bien gâté pour cette dernière chronique de l'année
01:27 parce que la semaine a été riche, très riche en storytelling.
01:31 Je pars les poches pleines.
01:33 Donc voilà, le storytelling, pour ceux qui n'ont pas suivi, c'est quand ma main gauche
01:36 fait un truc, que ma main droite essaye de le cacher et que ma bouche dit le contraire.
01:40 Voilà, par exemple, alors que le ministre de l'Intérieur s'acharne à dissoudre
01:45 les soulèvements de la Terre, le gouvernement fait de la lutte contre le réchauffement
01:50 climatique une priorité et le président nous parle, je cite, d'une sobriété écologique
01:56 raisonnable et non punitive.
01:57 Donc voilà, la punition est donc uniquement réservée, si j'ai bien suivi, aux activistes
02:02 écolos.
02:03 Voilà, le storytelling de la semaine, c'est aussi quand ce même président annonce le
02:08 transfert au Panthéon des restes de Missak Manouchian pendant que ses députés cherchent
02:13 par tous les moyens à passer des alliances pour faire voter une loi réduisant le droit
02:16 d'asile.
02:17 Voilà, c'est un expert notre président, Emmanuel Macron sans storytelling, c'est
02:21 un peu comme un film français sans Virginie Effira.
02:24 Ça complique tout, on ne sait plus trop ce qu'on regarde.
02:28 Mais qu'est-ce que c'est que ce truc ? Donc voilà, le storytelling de la semaine, c'est
02:32 aussi Pharrell Williams qui parle de "my brother Alexandre" pour désigner le fils Arnaud.
02:38 Et oui, c'est ça, c'est le storytelling, c'est aussi à la fin du défilé Louis Vuitton,
02:44 un concert surprise de Jay-Z.
02:46 Alors voilà, moi je tiens à dire que moi, à mon âge, tous les concerts de Jay-Z sont
02:50 des concerts surprise.
02:51 Donc il ne faut pas la peine d'en faire trop.
02:55 Mais le storytelling, c'est aussi déprogrammer une émission de gauche et déclarer dans
03:00 la presse qu'on est ni de gauche ni de droite.
03:02 Ni de gauche, ni de droite.
03:04 Est-ce que vous avez déjà entendu quelqu'un de gauche dire qu'il était ni de gauche
03:08 ni de droite ? Est-ce que vous avez d'ailleurs jamais rencontré quelqu'un ou observé
03:13 quelque chose qui soit ni de gauche ni de droite ? Il est bien curieux ce monde où
03:18 on nous a déjà fait le coup et où on croit quand même que ça va passer.
03:21 Moi j'avais un grand-père qui était ni de gauche ni de droite et tout le monde dans
03:26 la famille l'appelait "papy facho".
03:28 Je pars en sortant, je pars au sommet.
03:43 Mais le storytelling c'est aussi parfois plus grave, parfois c'est aussi l'horreur
03:50 et la honte, l'horreur de ce chalutier, de ces femmes, de ces hommes, de ces enfants
03:54 qui ont sombré au large du Péloponnèse.
03:56 L'effroi qui nous saisit quand on lit qu'après 4 jours de traversée, ils n'avaient
04:00 plus à boire, que 6 d'entre eux étaient déjà morts, que les versions des gardes-côtes
04:03 n'arrêtent pas de se contredire et que 300 personnes étaient enfermées dans la
04:06 cale au moment du naufrage.
04:08 La honte quand on apprend que la France vient d'envoyer un navire et son robot pour tenter
04:14 de secourir les 5 ou 6 crétins coincés dans leur sous-marin qui ont payé une fortune
04:18 pour s'approcher de l'épave du Titanic.
04:20 La honte encore alors que la Grèce décrète 3 jours de deuil national, 1 minute de silence
04:25 et refusée par Yael Brand-Pivet, président de notre Assemblée Nationale, à la mémoire
04:31 de ces centaines de disparus.
04:32 Elle n'est sûrement pas méchante Yael Brand-Pivet, manquerait plus qu'elle est
04:37 morte.
04:38 Elle attend que les ordres viennent d'en haut, qu'on lui dise quelle attitude adopter,
04:42 elle attend les éléments de langage et comme ça ne vient pas, pour ne pas froisser ses
04:46 amis qui ne sont ni de gauche ni de droite, elle refuse de marquer une minute de silence.
04:51 Et parce que le silence, et c'est peut-être la conclusion de toutes ces années de chronique,
04:56 le silence c'est l'ennemi du storytelling.
04:58 Il part comme ça au sommet.
05:02 Thomas Bidien.
05:03 Et d'ailleurs après du Thomas Bidien, il y a un silence.
05:06 Parce que c'est encore du Thomas Bidien.