Comment j’ai gerer l’annonce de mon VIH

  • l’année dernière

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Transcription
00:00 Comment j'ai géré l'annonce de mon VIH quand j'avais 20 ans, 40ème prise.
00:03 Non, je savais pas 30 fois que je la refais.
00:05 *musique*
00:06 Première chose que j'ai faite, je me suis enfermé chez moi dans le noir pendant 4 jours,
00:11 à pleurer, je me suis rasé la tête, oui j'ai fait une Britney Spears, et alors ?
00:14 J'ai une certaine capacité à la théâtralisation dans la douleur.
00:16 *rire*
00:17 *musique*
00:19 J'ai passé la plupart de mon temps assis par terre dans le noir au fond,
00:22 des chattes en train de fumer des clopes et d'écouter des musiques tristes.
00:24 *musique*
00:27 Ça m'a fait beaucoup de bien.
00:28 Parce que je pense que ça m'a permis de faire un peu le deuil de mon ancienne vie,
00:31 et ressorti de là j'ai été requinqué pour remordre la vie à pleines dents.
00:35 *rire*
00:36 Mais c'est pas comme ça que ça va se passer, ça va se passer mal.
00:38 "Vous êtes étranglé."
00:40 Car j'ai fait deux choses qui m'ont confronté à la violence de la sérophobie, et c'était "Waaaaaah".
00:46 Moi pour ma part j'avais déjà eu une relation quand j'avais 16 ans avec une personne qui avait le VIH,
00:50 et ça m'est pas posé problème, donc je pensais pas que ça allait être aussi "Waaaaaah".
00:54 Premièrement, j'ai eu la superbe idée de contacter toutes les personnes avec qui j'avais eu des rapports dans les 4 années précédentes,
01:00 chose qui était complètement ridicule,
01:02 puisque j'étais en primo-infection, que je venais juste de le contracter, et que je savais très bien d'où ça venait.
01:06 Oui, ce n'est pas "Noupi".
01:08 En sachant en plus que mes relations étaient protégées, donc c'était vraiment, enfin c'était ridicule, enfin moi je cherchais pas.
01:13 J'allais dire que je m'attendais pas à leur réaction, mais si, parce que je connais ma communauté.
01:16 Ils ont très très bien réagi.
01:17 "Non, c'est pas vrai ! Mais c'est super ça ! Pourquoi tu me l'as pas dit plus tôt ?"
01:22 Essentiellement des personnes qui m'ont soit bloqué, soit insulté, soit pas répondu, soit c'est tout en fait.
01:29 Mais surtout des personnes qui m'ont déformé les propos et qui m'ont répété.
01:32 Et ça on en reviendra plus tard.
01:33 On en reviendra, ça veut rien dire. On en reviendra pas.
01:35 Je voulais vraiment pas revivre un coming-out comme l'homosexualité, le truc de "vivons heureux, vivons cachés",
01:39 on m'avait déjà cassé les couilles avec ça.
01:40 J'ai, bah en fait annoncé ma séropositivité sur Facebook.
01:44 Ah ah, quelle bonne idée !
01:45 "C'est génial !"
01:46 En l'espace de quelques heures, je pense que la commune entière était au courant que Nicolas était...
01:52 "Mais t'as raison, tu gènes pas, parle de toi la troisième personne, trop du cul !"
01:54 Pardon, j'ai eu un moment de souplesse.
01:56 Croyez pas, c'est dur de vous raconter tout ça, hein.
01:58 La suite commence à devenir intéressante.
01:59 Quand j'ai commencé un peu à vouloir revivre et à sortir en boîte de nuit, bah ah, c'était plus pareil !
02:03 Je me faisais insulter, je voyais qu'on jasait autour de moi, je voyais que bah on voulait pas me toucher.
02:08 J'ai eu quelques sidaïques dégagés de là, quelques crachats aussi.
02:11 Au résultat des cours, j'ai arrêté de sortir en boîte de nuit, ça m'a fait faire quelques économies.
02:17 Et les économies, j'en ai fait beaucoup avec le VIH.
02:20 Puisque j'ai quasiment perdu la totalité de mes amis avec qui je sortais, ça a fait un grand grand ménage.
02:27 *Ménage*
02:30 Mais peu t'importe, les deux amis qui étaient les plus importants pour moi, je les ai gardés.
02:33 Ils sont toujours... Bah on est toujours amis aujourd'hui.
02:34 Sites de rencontres, vous pouvez plus.
02:36 Je recevais des messages "Va crever, c'est le sidaïque de merde",
02:39 "Sal plombé, bouge de là, tu mérites de crever, c'est à cause de gens comme toi que blablabla"
02:44 C'était très jojo.
02:46 C'était horrible.
02:47 En plus en même temps que pour ceux qui me suivent déjà, j'avais en même temps les violences proctologiques à ce moment là.
02:51 Moi ce qui m'a sauvé, c'est notamment d'avoir des parents qui me soutenaient derrière et surtout qui ont pu me payer des études.
02:55 Et de ce jour là, je n'ai plus arrêté de travailler.
02:58 Je suis sorti ma jour de promo, j'ai ouvert ma boîte, je suis devenu enseignant, j'ai fait de la peinture, j'ai fait des expositions.
03:04 Et j'ai fini la vidéo, y'a plus le temps !