Dans le jour où, tous les soirs du lundi au vendredi, le passé éclaire le présent : grâce à ses archives, la rédaction d'Europe 1 fait le récit d'un événement relié à l'actualité.
Retrouvez "Le jour où" sur : http://www.europe1.fr/emissions/le-jour-ou
Category
🗞
NewsTranscription
00:00 *Musique*
00:02 *Voix de l'annonce*
00:04 *Voix de l'annonce*
00:08 *Voix de l'annonce*
00:10 *Voix de l'annonce*
00:12 Et à 7h23 sur Europe 1, place au jour où votre plongée quotidienne dans la boîte à souvenirs d'Europe 1.
00:17 Une page marquante de l'histoire sociale contemporaine ce matin.
00:20 Bonjour Lorde Autriche.
00:21 Bonjour Dimitri, bonjour à tous.
00:23 Il y a 50 ans, en juin 1973, la direction de l'entreprise horlogère Lippe à Besançon
00:28 dévoile un plan social qui va déclencher chez les salariés une très vive résistance collective.
00:33 C'est le début de la légendaire révolte des Lippes.
00:36 Oui, les premières montres à quartz françaises ont été fabriquées par Lippe,
00:39 mais la concurrence des Etats-Unis et du Japon mettent l'entreprise en péril.
00:43 Les 1300 employés apprennent qu'un tiers d'entre eux doivent être licenciés.
00:47 Ils décident d'occuper l'usine.
00:49 Il y a 1300 familles qui risquent d'être sans salaire au mois de juin,
00:53 sans salaire au mois de juillet.
00:55 C'est une colonie de vacances, essayez de vous mettre à la place d'une famille ouvrière
00:58 avec les problèmes que ça cause à cette période, loyers et tout ce qui s'ensuit.
01:02 Et le 20 juin 1973, ils saisissent un stock de 30 000 montres qu'ils vendent au profit du collectif.
01:08 Nous allons les vendre très certainement au prix qu'on nous y vend à l'usine,
01:12 avec 40% de réduction.
01:14 Pour l'instant, il faut sauver l'horlogerie française.
01:16 C'est une forme de lutte, une expérience dans le système.
01:22 L'un des acheteurs témoigne alors au micro d'Europe 1.
01:24 Je l'ai payé 136 francs, alors qu'elle doit valoir beaucoup plus cher.
01:28 Vous n'avez pas peur d'être inquiété, d'être poursuivi pour grossesselle, comme on l'a dit ?
01:31 Non, je ne me crois pas.
01:32 Je crois que ce que font les ouvriers de Lip est tout à fait légitime,
01:35 et que la moindre des choses qu'on puisse faire, c'est de les aider à tenir le coup.
01:38 Alors l'affaire des Lip passionne les médias.
01:40 Pendant plusieurs mois, les salariés se réunissent sous le slogan suivant
01:44 "C'est possible, on fabrique, on vend, on se paye".
01:47 Oui, les ouvriers se versent un salaire, le même pour tout le monde.
01:50 Ils remettent en marche aussi une chaîne de fabrication.
01:53 S'il nous manque un certain nombre de pièces,
01:56 nous n'hésiterons pas à les acheter, à faire le maximum pour les récupérer,
02:00 pour pouvoir monter des montres.
02:01 Mais en août 1973, les CRS occupent l'usine.
02:05 Le Premier ministre Pierre Messmer veut sanctionner les manifestants,
02:08 sauf que le 29 septembre 1973, 100 000 personnes manifestent dans les rues de Besançon
02:13 et scandent ce slogan "Mai 68, Lip 73, le pouvoir aux travailleurs".
02:19 Les Lip pourront-ils apposer une solution négociée ?
02:22 Certainement, si la pression de toute la classe ouvrière
02:26 sur le gouvernement et le patronat ne se relâche pas.
02:29 En janvier 1974, Lip est repris par un entrepreneur, Claude Neuschwander,
02:33 qui prévoit dans son plan une réintégration de l'ensemble du personnel.
02:36 Mais l'entreprise qui accumule toujours les pertes financières
02:39 dépose le bilan en 1976 et l'usine est à nouveau occupée.
02:43 Merci Laure d'Autriche pour cette page de l'histoire sociale française
02:47 grâce aux archives sonores d'Europe.