La Guerre de Cent Ans

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L'élément déclencheur de la guerre de Cent Ans est la confiscation par le roi de France Philippe VI des fiefs d'Édouard III, roi d'Angleterre, en 1338. La rivalité des deux rois remonte à 1328 : Charles IV le Bel meurt sans héritier mâle.
Transcription
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00:09 Tout commence à Paris en 1328.
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00:15 Charles le Bel, dernier roi capétien, vient de mourir sans héritier.
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00:23 En ce début de 14e siècle, l'Angleterre possède sur le continent la Guyenne,
00:28 presque toute l'Aquitaine d'aujourd'hui.
00:31 Dans un premier temps, tout se passe bien.
00:35 Édouard III, le roi d'Angleterre, descend des Capétiens par sa mère.
00:40 Mais il accepte que ce soit son cousin, Philippe VI de Valois,
00:44 qui devienne roi de France à sa place.
00:47 Il prête même allégeance à Philippe de Valois pour cette enclave sur ses terres.
00:52 Mais la crise entre deux jeunes souverains ne tarde pas à éclater.
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01:03 C'était une crise de succession.
01:06 Édouard III, qui était roi d'Angleterre et qui n'avait que 19 ans,
01:10 avait la meilleure légitimité, mais c'était par sa mère, par une femme.
01:16 Les Français ont décidé de refuser la succession par une lignée féminine
01:21 et de privilégier la lignée masculine.
01:26 Ils ont donc préféré Philippe VI de Valois,
01:28 qui descendait exclusivement d'une lignée masculine.
01:31 En 1337, Philippe VI, devenu roi, confisque alors les terres d'Édouard en France.
01:36 Il confisque la Guyenne.
01:39 Et la guerre démarre.
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01:45 Les Français attaquent les premiers.
01:48 Une escadre de Philippe VI frappe Southampton en octobre 1338.
01:53 La cité est surtout un port de commerce, sans murailles sur la mer.
01:58 Les Français pillent la ville et s'en prennent aux habitants.
02:03 Plus tôt dans l'année, les Français ont aussi dévasté Portsmouth et Jersey.
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02:11 Désormais, le roi d'Angleterre entend bien faire reconnaître ses droits
02:15 sur le trône de France en tant que petit-fils de Philippe le Bel.
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02:22 Dès 1340, le roi d'Angleterre fait ajouter à ses armes le lice français.
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02:32 Édouard III lance la première grande attaque de la guerre de Cent Ans la même année, en juin.
02:38 Les Français s'y sont préparés.
02:41 Ils ont réuni près de Bruges, cible de l'assaut, plus de 200 navires et 20 000 hommes pour faire barrage.
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02:51 Un barrage qu'ils ont construit en ancrant les bateaux dans une étroite passe.
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02:58 Ils se sont immobilisés tout seuls.
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03:05 Les Anglais arrivent avec le vent en poupe.
03:08 Ils sont nettement moins nombreux, mais ont à leur bord de nombreux archers et sont libres de manœuvrer.
03:14 Ils vont cribler de flèches les premiers bateaux français sans que les autres puissent contre-attaquer.
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03:22 Puis ils passent à l'abordage.
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03:26 La flotte française est anéantie.
03:29 190 vaisseaux sont pris, 15 000 hommes sont tués.
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03:39 La deuxième offensive d'Edouard III se déroule ici, dans la Somme, en 1346.
03:45 Les paysages sont restés les mêmes.
03:48 Plus de 600 ans en arrière, c'est le champ d'une bataille qui fera date, la bataille de Crécy.
03:55 Une tourelle permet aujourd'hui de dominer le terrain.
03:58 C'est ici que le roi de France affronte les troupes anglaises.
04:02 Philippe VI s'est lancé à la poursuite du roi d'Angleterre, débarqué en conquérant sur les côtes françaises.
04:09 Dans sa retraite, Edouard III tire un ultime avantage de cette traque.
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04:19 C'est donc le roi d'Angleterre qui choisit l'affrontement, qui comme vous pouvez le voir est vraiment idéal.
04:24 On a une vue excellente des alentours, ça permet de voir arriver l'ennemi bien sûr.
04:30 Et il va donc choisir de se fortifier derrière des chariots, derrière des pieds en bois et il va attendre l'armée française.
04:37 Ils sont combien à attendre l'armée française ?
04:40 Ils sont environ 20 000.
04:41 Et les français ?
04:42 Les français, les sources varient mais le chiffre de 40 000 combattants me semble le plus réaliste.
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04:51 Les anglais sont conscients de leur infériorité numérique.
04:54 Ils tiennent alors une position défensive et déploient leur fer de lance, les archers.
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05:03 Leur long beau décoche 8 à 10 flèches par minute contre seulement 3 à 4 carreaux pour l'arbalète des français.
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05:14 Décimés par la pluie de flèches anglaises, les arbalétriers génois du roi de France ne peuvent rien.
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05:24 Qu'est-ce qui se passe à ce moment-là ?
05:25 Ils décident de refluer vers l'arrière et Philippe VI qui croit à une trahison va ordonner à sa cavalerie de massacrer les arbalétriers génois
05:34 pour ensuite se porter contre les anglais qui sont donc je le rappelle retranchés sur les hauteurs du plateau de Crécy.
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05:44 Mais l'élan des chevaliers français est brisé par les fuyards, les morts et les blessés.
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05:51 Ceux qui tombent devant sont autant d'obstacles pour ceux qui arrivent derrière.
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05:58 Le désordre est indescriptible.
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06:12 Donc on a vraiment deux visions de la guerre qui vont s'opposer.
06:15 On a la noblesse française qui a grandi dans les chansons de geste, dans les romans chevaleresques
06:21 et ces romans qui mettent en avant la bravoure individuelle du combattant.
06:25 À l'opposé, on a une armée anglaise très pragmatique qui est composée essentiellement de soldats du rang
06:30 qui sont d'origine modeste, généralement des paysans.
06:33 Et ces soldats ont une confiance absolue dans leur chef et ils ont surtout une discipline certaine
06:38 et c'est ce qui fait la différence.
06:40 Donc le 26 août 1346.
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06:46 Plus de 600 ans après, beaucoup d'anglais font halte à Crecy quand ils visitent la région.
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06:58 On se souvient encore que c'était une célèbre victoire des anglais contre un ennemi beaucoup plus nombreux.
07:04 Les anglais étant les soldats courageux, donnés perdants, qui parviennent à survivre contre toute attente.
07:12 Ça fait partie de l'inconscient collectif anglais.
07:19 Ce n'est pas un mythe ?
07:21 Si c'est un mythe, parce que cela n'est probablement pas tout à fait vrai mais on aime le croire.
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07:27 Après Crecy, Édouard III entend plus que jamais conquérir le trône de France.
07:33 Dix ans plus tard, ses terres de Guyenne ne lui suffisent plus.
07:37 Son fils, le prince noir, mène de plus en plus d'exactions et le roi de France, alors Jean II le Bon, lance son armée contre les pilleurs anglais.
07:47 Les troupes se font face près de Poitiers.
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07:54 Mais les français n'ont rien appris de la bataille de Crecy.
07:59 Divisés sur la stratégie militaire, ils perdent plus qu'une bataille, ils perdent leur roi.
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08:12 Jean le Bon est capturé ainsi que son fils, 14 comtes, 21 barons, 1400 chevaliers.
08:20 Les prisonniers sont importants.
08:23 La rançon qu'on leur réclame est proportionnelle à leur rang.
08:27 Et Édouard III fixe celle du roi à 4 millions d'écus d'or.
08:32 Une rançon qui va ruiner le royaume.
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08:39 Et voici un des écus frappés pour la libération du roi.
08:43 On y voit le souverain, à cheval, libéré, affranchi.
08:50 C'est ici le premier franc, or, conservé par la monnaie de Paris.
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08:59 La France revient d'Angleterre quatre ans plus tard.
09:02 Édouard III a très bien monnayé sa libération.
09:05 La rançon s'est finalement montée à 3 millions d'écus d'or.
09:08 Et surtout, Jean le Bon lui a cédé un quart du royaume de France.
09:15 Même si cette extension ne dure pas, le coût est rude.
09:22 À l'aube du 15e siècle, les rois de France et d'Angleterre ont changé.
09:27 Charles VI est roi de France, Henri V, celui d'Angleterre.
09:32 Mais tous deux revendiquent toujours le trône de France.
09:36 Malgré une trêve de 15 ans, la guerre continue.
09:43 Charles VI, Charles le fou.
09:47 En 1382, le roi de France est pris d'une première crise et tue six personnes de sa propre troupe.
09:54 La régence qui se met en place attise les haines et rivalités à la cour du roi de France.
09:59 Dans ce contexte, Azincourt va être comme un coup de grâce.
10:05 Le champ de bataille est resté inviolé.
10:09 Là on arrive sur le champ de bataille.
10:12 Oui, le célèbre champ de bataille d'Azincourt. Tristement célèbre d'ailleurs.
10:16 Nous y retrouvons Christophe Gilliot et le commandant Évrard sur les traces,
10:21 ici, du premier gendarme tombé au champ d'honneur.
10:26 Le premier gendarme, le premier prévôt des maréchaux, Galouette Fulgère, est mort à Azincourt.
10:32 L'appellation gendarmerie date de 1791.
10:36 Avant c'était le maréchausset.
10:38 Et le maréchausset évidemment était héritier des prévôts des maréchaux,
10:44 qui avaient droit de justice sur l'armée,
10:47 qui avaient droit de justice pour faire régner l'ordre sur les territoires et sur les grands axes de circulation.
10:53 On est héritier de tout ça.
10:56 Nous gagnons les lignes françaises pour mieux revivre cette bataille décisive.
11:01 Ici on serait situé pratiquement sur l'endroit de l'avant-garde.
11:06 C'est clairement cet endroit qui était stationné à l'avant-garde, à peu près 100 m d'ici.
11:13 Le choc entre les premières lignes françaises.
11:16 Entre l'avant-garde française et les anglais,
11:19 qui, afin que les français soient à portée d'arc, parcourent environ 700 m sur le champ de bataille.
11:26 Ils plantent des pieux dans le sol.
11:28 Ils s'agenouillent, ils mettent dans leur bouche un petit morceau de terre en signe de communion.
11:35 Ils se relèvent, ils crient pour Dieu, pour Saint-Georges, pour Harry et pour l'Angleterre.
11:40 Et là, ils décochent une volée de flèches.
11:43 La pluie de flèches qui s'abat sur les lignes françaises stoppe la charge.
11:48 La réponse française est immédiate.
11:51 Des deux côtés du champ vont déborder des escadrons de cavalerie
11:55 qui vont ensuite se concentrer sur les archers, pour essayer de les réduire au silence.
12:00 Et immédiatement après cette charge de cavalerie, fort d'environ 2200 cavaliers,
12:07 l'infanterie lourde à pied, donc l'avant-garde française, composée d'un fine fleur de la chevalerie française,
12:13 part immédiatement en support à cette cavalerie.
12:16 L'avantage numérique des français se retourne contre eux.
12:20 Trop nombreux, les combattants se gênent et ne peuvent user de leurs armes.
12:24 La boue rend le terrain encore plus difficile.
12:28 Les anglais infligent aux français une défaite dont Shakespeare,
12:33 va bâtir la légende.
12:35 600 ans après, Asencourt est encore enseigné en école de guerre.
12:41 Un groupe d'officiers anglais est justement en visite sur les lieux de la bataille.
12:46 Asencourt est pour les anglais une bataille fondatrice, une bataille mythique.
12:53 Les chroniqueurs ne sont pas tous d'accord là-dessus,
12:55 mais les français devaient compter quelque chose comme 25 000 hommes.
12:59 Il est très difficile d'estimer les effectifs d'une armée médiévale.
13:03 25 000 hommes, c'est sans doute le maximum.
13:07 D'après les récits, on est à peu près sûr qu'Henri V disposait d'environ 9000 hommes.
13:14 Il y a des références à ce qu'il avait fait.
13:18 D'après les récits, on est à peu près sûr qu'Henri V disposait d'environ 900 hommes d'armes et 4000 archers.
13:24 Il est donc plus que probable que les français aient été au moins deux fois,
13:28 voire trois fois plus nombreux que les anglais.
13:30 Le ratio fait partie de cette légende shakespearienne.
13:33 Aujourd'hui cependant, nombre d'historiens, y compris en Angleterre, sont revenus sur ces chiffres.
13:40 Mes recherches sur la bataille d'Asencourt m'ont amené à conclure que la différence de taille
13:46 entre les deux armées n'était pas aussi grande que ce qu'on a dit.
13:49 On peut estimer que les troupes anglaises se chiffraient à environ 8000 hommes et les français à 12 000.
13:56 Il y a un chroniqueur qui parle de 160 000 français.
14:00 Même Napoléon aurait eu du mal à lever une telle armée.
14:04 Ce sont des estimations anachroniques, même si l'armée française était plus nombreuse.
14:11 La plupart des gens, quand ils évoquent Asencourt, parlent plus de Shakespeare que des faits qui se sont vraiment déroulés.
14:17 Les historiens ont le rôle difficile de faire admettre la réalité plutôt que le mythe.
14:24 Cette note me dit de 10 000 français qui sont tués dans le champ.
14:35 De princes dans ce numéro 126, ajoutés à ceux de nobles, escrocs et gentils.
14:45 8400...
14:51 Shakespeare exagère là encore les pertes françaises, même si elles restent énormes.
14:54 Près de 7000 victimes dans la noblesse française, une noblesse décimée.
14:59 C'est une hécatombe pour la noblesse du nord de la France.
15:06 On a des familles entières qui disparaissent suite à cette bataille.
15:09 Par exemple, je pense à Auxilchâteau. On a un seigneur d'Auxilchâteau qui a été tué avec ses cinq fils.
15:13 On a le seigneur d'Asencourt qui va mourir ici avec trois de ses quatre fils.
15:18 On a le seigneur de Bournombil pareil, tué avec trois de ses quatre fils aussi.
15:22 C'est une hécatombe incroyable.
15:24 On nous dit clairement dans les grandes chroniques de France que partout, après Asencourt,
15:29 "Gente d'âble et noble d'amoiselle, et toi vêtue de noir."
15:33 Il est un autre épisode que Shakespeare mentionne à peine.
15:38 Henri V craint d'être encerclé.
15:41 À court d'effectifs, il ne peut à la fois batailler et garder les nobles qu'il a fait prisonniers.
15:47 Sa décision brise toutes les lois de la guerre.
15:51 Henri V fait exécuter une bonne partie de la noblesse française capturée à Asencourt.
15:58 Le choc est tel que le rapprochement des Anglais et des Bourguignons marque le pas.
16:14 Il faut savoir que dans l'Europe météorale, ça a beaucoup choqué qu'on exécute ainsi des prisonniers.
16:20 Ça a surtout été un choc pour le duc de Bourgogne qui n'avait pas pris part à la bataille
16:28 et qui aura ses deux frères, le duc de Brabant et le comte de Nevers, qui seront exécutés parmi ces prisonniers.
16:36 Fort de ses victoires, Henri V pousse son avantage.
16:42 Il prend Rouen et soumet la Normandie.
16:45 Les Anglais profitent de la guerre civile entre Armagnac et Bourguignon pour s'allier avec les Bourguignons.
16:51 En 1420, cinq ans après Asencourt, le traité de Troyes est un coup de maître des Anglais.
16:59 Charles VI désigne Henri V comme héritier officiel du royaume et renie son fils.
17:09 La France est en passe de devenir anglaise.
17:12 Le dauphin Charles est le chef du parti armagnac.
17:17 Menacé par les Anglais et leurs alliés bourguignons, il doit quitter Paris et se réfugie ici, à Bourges, dès 1418, chez son grand-oncle Jean de Berry.
17:30 Au 15e siècle, Bourges compte environ 15 000 habitants.
17:36 C'est une ville prospère et c'est surtout sa nouvelle capitale.
17:40 Olivier Nolot est historien. Il nous invite à découvrir la ville médiévale d'un point de vue inédit, depuis le clocher d'une de ses plus anciennes églises.
17:53 Charles VII, quand il arrive à Bourges, chez lui, est dans une ville qui est fidèle à sa cause, c'est une ville armagnac.
18:03 Il y a des bâtiments qui signifient la légitimité royale.
18:07 Le palais du Cal avec la Sainte-Chapelle, qui, à l'instar de la Sainte-Chapelle de Paris, conserve les reliques de la Passion,
18:17 et cette Sainte-Chapelle remonte, en imitant celle de Paris, à Saint-Louis.
18:22 C'est une façon de dire clairement qu'il est le descendant de Saint-Louis.
18:28 Et il y a la cathédrale, ou la primatiale Saint-Étienne, ce siège episcopal qui est considéré comme le premier d'Aquitaine.
18:36 La Sainte-Chapelle du Duc de Berry a été détruite au XVIIIe siècle, mais la cathédrale, elle, se dresse toujours au cœur de la ville.
18:44 Elle attire même à elle toutes les rues de son centre, pour apparaître, en majesté, comme sur un piédestal.
18:55 La cathédrale de Bourges est la seule des cathédrales françaises gothiques à avoir cinq grands portails dans sa façade.
19:00 Alors ça, c'est unique. Et puis, elle est très large. C'est la plus large façade de cathédrales.
19:06 Une largeur exceptionnelle de quelque 70 mètres du portail nord au contrefort sud.
19:12 On a à la fois des sculptures du XIIIe siècle, avec en particulier le joyau, c'est le portail du Jugement dernier,
19:19 qui est une pièce exceptionnelle de la sculpture du XIIIe siècle.
19:24 Le réalisme des figures est saisissant.
19:27 À la gauche de l'ange, les damnés sont jetés dans l'enfer, symbolisé par cette grande marmite.
19:33 Aucune compassion pour les mortels que nous sommes, malgré un Christ sauveur et bienveillant, en majesté.
19:41 C'est une architecture du pouvoir, une architecture du pouvoir des archevêques de Bourges,
19:48 qui avait une autorité qui s'étendait de la Loire jusqu'aux Pyrénées.
19:53 Un pouvoir fort, jugé certainement très utile par Charles VII lui-même.
19:57 La cathédrale nous réserve d'autres surprises.
20:02 À l'intérieur, ces hautes nefs donnent le vertige.
20:07 Une impression étonnante de lumière et d'espace.
20:12 Quand on rentre dans cette cathédrale, on est surpris par la hauteur, par la largeur, par la profondeur de l'édifice.
20:19 Ici, on n'a pas de transept, donc on a un espace un petit peu infini.
20:23 On a cette hauteur de vue de 37,15 m, et puis on a les cinq nefs.
20:28 Et ces cinq nefs sont étagés, à telle enseigne que malgré le cloisonnement imposé par les cinq nefs et les piliers,
20:34 quand on va dans les bas côtés, on peut y aller, on a une vision qui est globale.
20:39 C'est-à-dire que l'œil n'est pas gêné par cette architecture complexe.
20:45 Rien n'arrête le regard des bas côtés jusqu'aux voûtes de la Grande Nef.
20:50 On y cherche, et on y trouve, autant la pénombre que la pleine lumière.
20:57 La puissance historique des archevêques de Bourges est ici signifiée dans la pierre.
21:04 Pour mieux s'en rendre compte, Olivier Nolot nous emmène au-dessus de la Grande Nef,
21:11 par le passage réservé aux organistes.
21:15 De ce balcon, l'art gothique prend toute sa mesure.
21:23 Un art qui se double ici d'un message politique.
21:28 Le mot "gothique" est un mot assez récent, c'est le style français.
21:32 La cathédrale de Bourges est, parmi les grandes cathédrales françaises,
21:36 la première qui a été construite au sud de la Loire.
21:40 Les archevêques de Bourges, quand ils ont décidé de construire cette cathédrale,
21:44 ils avaient ce pouvoir qui leur avait été donné par le pape,
21:49 d'être primat de toute cette région qu'on appelle l'Aquitaine,
21:53 et en particulier sur Bordeaux, appartenant au Plantagenet, au roi d'Angleterre.
21:58 Cette primacie de Bourges sur Bordeaux est très importante politiquement,
22:03 et elle va être instrumentalisée politiquement par Charles VII.
22:08 La cathédrale proclame son allégeance à Charles VII.
22:12 La fleur de lys est centrale, notamment dans la chapelle
22:19 que fait aménager Jacques Coeur, son argentier.
22:24 Et la nouvelle sacristie que Jacques Coeur offre au chapitre
22:29 se lit aussi comme un message de soutien aux Valois.
22:35 On a l'emblématique de Charles VII, et donc on montre déjà
22:39 l'attachement de Jacques Coeur à Charles VII.
22:43 C'est l'emblématique personnelle de Charles VII, ce sont les couleurs de Charles VII,
22:48 à savoir le rouge, le vert, le blanc, et les fleurs de Charles VII,
22:54 à savoir la rose blanche et l'iris blanche.
22:58 Et puis enfin, le soleil, car on n'a pas attendu Louis XIV
23:03 pour associer le soleil au roi.
23:05 Depuis Saint Louis, le soleil, c'est l'emblème du roi.
23:09 La sacristie est aujourd'hui réservée aux archevêques,
23:15 mais Olivier Nolot veut nous y montrer un dernier message,
23:18 et non des moindres qui s'y cachent.
23:21 Au-dessus du vitrail de cette annexe, un blason,
23:25 sain d'une sentence difficile à déchiffrer.
23:30 Ceci est l'écu où Dieu le lit sa croix chat,
23:34 et l'envoya au noble roi de France.
23:38 L'ange apporta l'ampoule d'excellence à Saint Remy,
23:43 qui a reinst le sacra.
23:46 Alors c'est quoi le message ici ?
23:49 Le message ici, c'est que le seul roi légitime de la France est Charles VII,
23:55 il est roi de droit divin,
23:59 et le royaume de France est un royaume particulier
24:02 dont les armoiries viennent directement de Dieu.
24:05 C'est l'origine d'une sorte de religion royale
24:09 qui place et le roi et le royaume dans un plan quasiment divin.
24:14 Depuis cette place forte de Bourges,
24:20 le dauphin Charles soigne ses alliances et prépare sa reconquête.
24:25 Une reconquête dont Jeanne d'Arc sera l'élan vital.
24:29 La rencontre a lieu à Chinon, où Charles VII a fui la menace anglaise.
24:36 Jeanne prétend avoir un message divin pour le dauphin.
24:54 Celui-ci se fond parmi les courtisans.
24:56 Si Dieu inspire vraiment la jeune fille, il la guidera au dauphin,
25:00 même si elle ne l'a jamais rencontrée avant.
25:03 Jeanne reconnaît Charles VII, c'est donc bien l'envoyé de Dieu.
25:15 C'est du moins ainsi que se bâtit la légende de Jeanne d'Arc.
25:23 Jeanne n'est pas à proprement parler un soldat.
25:26 A cette étape d'une interminable guerre,
25:29 elle incarne une combativité que les Français avaient perdue.
25:33 Une énergie qu'elle déploie tout d'abord ici, à Orléans.
25:37 Elle arrive en disant que certes les Français ont été battus,
25:42 sans doute ont-ils été condamnés par Dieu,
25:45 c'est une punition due à leur péché, on ne sait pas trop lesquels,
25:50 mais en tout cas elle annonce que la pénitence est terminée
25:53 et que les Anglais doivent rentrer, ce qui ne leur fait pas plaisir.
25:57 Il va y avoir un enjeu moral, et c'est cette intervention de Jeanne d'Arc
26:01 qui semble montrer que Dieu est du côté des Français,
26:04 que donc les Anglais sont condamnés, c'est le sens de son message.
26:07 La victoire à Orléans va permettre d'améliorer la situation des Français
26:12 tout en dégradant considérablement celle des Anglais.
26:15 Jeanne d'Arc devient un porte-drapeau.
26:20 À Orléans, la situation est désespérée.
26:22 Les Anglais et leurs alliés bourguignons en font le siège depuis déjà six mois.
26:28 Vraisemblablement, les Anglais sont en train d'essayer d'établir une ligne de défense sur la Loire.
26:35 Ils se sont emparés de la Normandie, ils ont Paris, la Champagne,
26:39 sauf que les Français contre-attaquent, parfois très violemment,
26:43 et c'est pour protéger leur bien au nord de la Loire
26:47 que les Anglais s'emparent de tous les ponts sur la Loire
26:50 de façon à empêcher les Français de passer.
26:53 Jeanne d'Arc parvient d'abord à ravitailler les assiégés.
26:57 Puis elle mobilise des renforts pour lancer la contre-offensive.
27:03 -SORGEEEZ !
27:08 -SORGEEZ !
27:11 Après quatre jours de combat, les Anglais renoncent.
27:23 -A partir du moment où les Anglais ont été chassés de la ville,
27:27 il y a deux options qui se présentent, soit attaquer vers la Normandie,
27:32 chasser les Anglais de Normandie.
27:36 C'est le territoire qui paye la conquête de la France,
27:39 donc leur couper les vivres définitivement.
27:42 Le second choix, c'est d'aller à Reims pour faire sacrer le roi.
27:45 Alors ça pose plus de problèmes, c'est plus loin.
27:48 On va demander l'avis à Jeanne d'Arc parce qu'elle a fait ses preuves au moment du siège,
27:52 et Jeanne d'Arc est d'avis qu'on aille à Reims pour faire sacrer le roi.
27:56 Comme une bonne partie de la population, vraisemblablement,
28:00 elle considère que le roi n'est que pleinement roi
28:04 et qu'il a fait des sacrés à Reims.
28:06 Jeanne d'Arc semble porter la bonne nouvelle.
28:10 Après Orléans, la bataille de Pathe renverse définitivement le cours de la guerre.
28:15 Cette fois, les archers anglais sont attaqués avant d'avoir pu entrer en action.
28:20 Le fer de lance de l'armée anglaise est brisé.
28:23 Pathe est aux Anglais ce casin-cours à coûter aux Français.
28:27 La voie vers Reims est désormais libre.
28:34 [Musique]
28:45 Le 17 juillet 1429, Charles VII est sacré roi de France.
28:52 [Musique]
29:02 Jeanne d'Arc a accompli sa mission.
29:05 Moins d'un an plus tard, elle est capturée par les Bourguignons et livrée aux Anglais.
29:17 Le seul moyen pour les Anglais de récupérer le coup, en quelque sorte,
29:21 c'est de faire admettre que Jeanne d'Arc est une hérétique et donc la brûler.
29:24 Sinon, si elle a raison et que Dieu a effectivement condamné les Anglais,
29:30 il faut qu'ils rentrent en Angleterre.
29:32 Il n'y a pas d'autre moyen pour eux que de brûler Jeanne ou de partir.
29:36 Elle était très soutenue par les soldats et la noblesse française, et par le roi lui-même.
29:43 Le problème, c'est qu'une fois sa mission accomplie, une fois le roi couronné à Reims,
29:47 on n'a plus besoin d'elle, parce que le roi est devenu le Dieu donné.
29:52 Il incarne celui que Dieu a choisi pour la France.
29:56 Le nouveau roi ne fera en effet rien pour tenter de sauver Jeanne d'Arc.
30:03 Elle est brûlée à Rouen, le 30 mai 1431.
30:10 Elle est décédée.
30:13 Elle est décédée.
30:17 Elle est décédée.
30:21 Elle est décédée.
30:25 Elle est décédée.
30:29 Elle est décédée.
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32:56 Elle est décédée.

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