DB - 17-06-2023
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00:00 Sous-titrage Société Radio-Canada
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00:58 - Je veux le nom de cet homme, tu entends ?
01:01 Je veux le nom de ton amant ! - Jamais !
01:04 - De toute façon, je le saurai.
01:06 Par les domestiques, par tes amis, tes chers amis qui se feront un plaisir de me le dévoiler.
01:10 - Non. - Et si dans un accès de pudeur, elle se taise,
01:13 j'engagerai un détective privé. J'espérais ce qu'il faudra.
01:16 Il remuera de la boue, je t'ai pris de le croire, beaucoup de boue.
01:19 Et j'aurai le nom de ce misérable. - Non, je t'en prie, ne fais pas ça.
01:22 - Un épouvantable, il est marié. - Alors parle.
01:25 Qui est-ce ?
01:27 - Sébastien.
01:30 - Mon associé ?
01:34 - Oui.
01:37 - Sébastien.
01:46 Mon ami de toujours.
01:51 Tu ne pouvais pas me faire plus de mal, lui non plus.
01:54 Je n'ai rien vu, je n'ai rien su. - Mais tu ne songeais qu'à tes affaires.
01:57 - Je ne songeais qu'à ton bonheur.
01:59 Tu voulais des robes, des manteaux de fourrure, des bijoux, des voitures de sport.
02:03 Je trimais jour et nuit pour satisfaire le moindre de tes caprices.
02:07 Et toi, pendant ce temps-là, avec Sébastien.
02:11 Misérable !
02:17 - Tu me fais peur. - Ainsi, tu m'as trompée.
02:19 Ainsi, tu t'es pas vallée dans ma vie.
02:21 Insolente, inconstante, impitoyable, impudique, impunie.
02:24 - Salaud ! - Insensé, impénitente.
02:26 - Salaud ! - Implacable.
02:28 - Je te hais. - Je vais te tuer, moi.
02:30 - Je te méprise. - Mais qui pourrait s'intéresser ?
02:33 - A moi. - A une misérable comme toi.
02:35 - A moi. A mon secours. Est-ce que personne ne viendra au secours ?
02:38 - Le monde indifférent n'écoute pas tes cris.
02:40 - Je te hais. - Je ne t'entends pas.
02:42 - Ah ! Bravo.
02:48 - Ça vous plaît ? - Ah oui.
02:50 C'est très beau. C'est très prenant.
02:52 - Et encore, on ne vous en a donné qu'un petit extrait.
02:55 - Toute la pièce est de la même violence.
02:57 - Vous êtes parfaits, tous les deux.
02:59 On sent que vous croyez à vos personnages.
03:02 - Les rôles ont été écrits pour nous.
03:04 Malheureusement, par manque d'argent, la pièce ne pourra pas être montée.
03:07 - Ah oui, ça va. Pour le porno, le théâtre de boulevard, on trouve toujours de l'argent.
03:10 Mais il s'agit de vrai théâtre, toutes les portes se ferment.
03:13 - C'est révoltant. - Maman !
03:15 - Oui ?
03:17 - C'est encore toi qui m'as fauché mon vernis à ongles ?
03:20 - Maman, regarde sur la table de nuit.
03:22 - J'ai déjà regardé. Il n'y est pas. Il n'est ni sur la table de nuit, ni dans ta salle de bain.
03:25 Il n'est pas dans ta poche, par hasard.
03:27 - Ah oui. - Ah, l'amande.
03:29 - Tu ne verras pas aussi mon briquet.
03:33 - Ah si. Cléptomane.
03:35 - Peut-être que de nos jours, Molière, Racine, Cornet, ne trouveraient aucun commanditaire.
03:41 - Mais comme cette pièce nous tient à cœur, nous avons décidé de la financer nous-mêmes,
03:45 en vendant dans cette maison tout ce qu'il peut trouver à cœur.
03:48 Ce fauteuil sur lequel s'est assis...
03:51 - Rémus. - Rémus.
03:53 - Oui. Il venait ici très souvent dans les dernières années de sa vie.
03:56 - Cette table sur laquelle Victor Boucher a joué au jaquet.
04:02 - Victor Boucher ?
04:04 - Ces sièges qui ont accueilli entre leurs bras les plus grands noms du cinéma et du théâtre français.
04:09 Coppeau, Jouvet, Sacha Guitry.
04:12 - Sacha Guitry ?
04:14 - Oui, Sacha Guitry.
04:16 - Dieu sait que nous tenons à ces meubles bien plus qu'à la prenelle de nos yeux.
04:20 Mais pour l'amour de cette pièce si belle, nous avions accepté de nous en séparer.
04:24 C'est ça le théâtre, monsieur.
04:26 - Maître. Appelez-moi maître.
04:29 Oui, on dit toujours maître aux huissiers.
04:31 - Chez nous, ce titre est réservé aux grands auteurs dramatiques.
04:34 À Samuel Beckett, à Ionesco, à Jean Hanouille, on dit maître.
04:37 Et aussi quelquefois à de grands comédiens.
04:39 - Oui, mais les usages veulent que...
04:41 - Les usages ? Voilà ce qui nous sépare, monsieur.
04:44 Vous avez des usages. Nous, nous avons une tradition.
04:48 Évidemment, vous pouvez pas comprendre.
04:50 Les illustres fantômes qui hantent ces murs vous laissent une froideur de marbre.
04:53 - Mais j'adore le théâtre, précisément.
04:55 - Oui, mais vous mettez sur la paille, maître.
04:57 - Je suis désolé.
04:59 Mais ce commandement auquel vous n'avez pas donné suite,
05:02 sachez-le, cette saisie me fond le cœur.
05:04 - Hypocrite.
05:05 - Oh, madame. Chérie.
05:07 En venant prendre ces meubles, vous nous ôtez l'ultime chance que nous avions de monter cette pièce.
05:11 Ce n'est pas bien.
05:12 - Je vous en prie, madame. Vous rendez impossible une mission qui est déjà très pénible.
05:16 - Alors ne l'accomplissez pas.
05:18 - Mais voyons, madame, c'est impossible.
05:20 La loi doit être appliquée.
05:23 - C'est bon, faites votre devoir.
05:25 - Oh, blonde.
05:27 Clio. Alors ?
05:29 Vous devez avoir quelques dépressions nerveuses sur la conscience, vous.
05:32 - Et lui ? Là-haut ?
05:35 - Mais qu'est-ce qu'il va dire quand il va descendre prendre son petit déjeuner, qu'il verra son salon dévasté ?
05:40 - Lui ?
05:42 - Mon grand-père, Sévère Damien Lacour.
05:45 Le doyen de la troupe. Enfin, je veux dire de la famille.
05:48 - Sévère Damien Lacour ? Il vit encore ?
05:51 - Plus pour longtemps. Car vous allez avoir sa mort sur la conscience.
05:55 - Sévère Damien Lacour.
05:57 J'étais tout gamin, je l'ai vu jouer au théâtre de la Madeleine,
05:59 aux côtés d'André Brûlé.
06:01 Il tenait les emplois de Marie Trompée, je me souviens très bien.
06:04 - Oui, dans les rôles de cocu, il était exceptionnel.
06:07 - Et pourtant, quel emploi difficile. Et ingrat.
06:11 À son âge, la moindre émotion peut le tuer.
06:14 - Je vous en prie, maître, sauvez grand-père.
06:17 Donnez-nous un sursis. - Nous trouverons l'argent, c'est promis.
06:20 - Promis.
06:22 - J'ai beaucoup d'admiration pour les artistes en général, et vous en particulier.
06:29 Mais il faut que j'exécute cette saisie. Je suis désolé.
06:33 - Messieurs, nous allons commencer par le divan.
06:36 - Ah non, pas le divan ! Ah non, non, pas le divan !
06:40 Grand-père, on mourrait si on lui prenait son divan.
06:42 Non, messieurs, je vous en prie.
06:44 Mais enfin, chérie, tu sais bien, voyons.
06:46 Monsieur, puisqu'il faut tout vous dire,
06:48 c'est sur ce divan que Sévère Damien Lacour a fait l'amour avec Sarah Bernard.
06:54 - Ah oui, oui, c'était un secret de famille que nous gardions jalousement.
06:57 - Pieusement.
07:00 Vous ne me facilitez pas la tâche.
07:03 Bon, alors, qu'est-ce que je peux prendre ?
07:06 - La porte.
07:08 - Ah non, cette fois, madame, ça en est trop.
07:10 Vous êtes assez moquée de moi. Messieurs, embarquez le divan.
07:13 Ensuite, il y aura une chaise cannée Louis XVI,
07:16 deux fauteuils Louis XVI, une commode Régence,
07:20 deux médaillons, un tapis, deux divans, un secrétaire Louis XVI.
07:26 - Merci.
07:28 - Tiens, tiens, ton numéro ne marcherait plus, ma chère Clio.
07:40 - C'était pas le même huissier que d'habitude.
07:42 - De toute façon, moi, ce divan me sortait par les yeux.
07:44 - Moi aussi.
07:46 - Bon, je me sauve.
07:48 Si je comprends bien, t'as fait un bille, cette fois-ci, maman.
07:51 Au mort, j'avais horreur de ce divan.
07:53 - Elle aussi.
07:55 - Salut, tout le monde. - Salut.
07:57 - Fin de comédie est finie. La salle est sous la vide.
08:03 Je dois 650 francs bouchés,
08:06 350 à la cramière.
08:09 Bientôt, on va nous couper le téléphone, le gaz et l'électricité.
08:13 Et bien, elle vient de me demander de l'argent pour s'acheter une robe du soir.
08:16 - Dis donc, elle est inconsciente. - Mais elle a 18 ans.
08:19 - Heureusement, papa et maman sont là pour faire bouillir la marmée.
08:24 - Viens.
08:26 - Salut, mon fils. - Salut, shérif.
08:28 - Salut, lulubelle.
08:30 - Les huissiers volent bas, ce matin, à ce que je vois.
08:34 - Clio, je vous ai entendus tout à l'heure. Vous avez été magnifique.
08:38 - Oui, mais tu vois le résultat, maman, c'est le désert.
08:40 - Nous rachèterons d'autres meubles. Ce sera pas la première fois.
08:43 Allons, shérif, enfourche à ton vieux mustang.
08:46 - Surpoupée!
08:48 En route pour le Colorado.
08:50 - Son 9e épisode.
08:53 - Au revoir, mon chéri. - Bon courage, maman.
08:56 - Ils sont fantastiques, les parents. Alors, à avoir un tel moral, ça me renverse.
09:11 - Les acteurs, quand ils jouent, ont toujours le moral.
09:13 - Doubler des shérifs gâteux et des tenancières de saloon, t'appelles ça jouer, toi?
09:16 - Évidemment, une grande comédienne comme toi ne saurait s'abaisser à faire des synchros.
09:19 - Je pourrais te retourner le compliment, ma chérie.
09:21 - Non, tu m'excuseras. Tu as eu un nom, Jasmine Floreal.
09:24 Veux-tu me dire qui s'en souvient, à part quelqu'un de cinémathèque?
09:27 Mes rates cinémathèques valent bien les trois peuillets et deux tendus qui consacrent chacun de tes échecs.
09:31 - Chut! Arrêtez toutes les deux.
09:34 Vous allez réveiller le vieil artiste.
09:36 - C'est déjà fait.
09:38 ...
10:04 - Et de plus, mon père venait de toucher sa nouvelle voiture.
10:07 Elle était de très, très bonne humeur.
10:09 J'en ai profité. Je lui ai parlé de ta famille.
10:11 Il a pas trop tiqué. Il a dit que les acteurs sont des gens comme les autres.
10:15 Mais ce qui a bien arrangé les choses, c'est qu'il connaissait ses vers d'Amiens Lacour.
10:21 Il l'avait vu jadis dans une pièce de je-ne-sais-pas-trop-qui aux Ambassadeurs.
10:25 - D'Henri Bernstein.
10:29 - Comment le sais-tu?
10:31 - Je l'ai joué qu'une fois aux Ambassadeurs. C'était en 1939.
10:34 Elvia de Bernstein.
10:36 - Tu connais tout le répertoire de ton arrière-grand-père?
10:39 - Depuis que je suis née, je n'entends parler que de ça à longueur de journée.
10:42 - OK.
10:44 - Pierre, je crois que je ne pourrais pas venir à cette soirée.
10:53 - Mais tu es folle. Qu'est-ce qui te prend?
10:56 - Mes parents organisent un grand dîner ce soir-là.
10:58 Ils tiennent absolument à ce que je sois là.
11:01 - C'est nouveau, ça.
11:02 - Oui, je l'ai appris ce matin.
11:04 - Tu ne peux vraiment pas te dégager?
11:08 Bah, essaie, je t'en prie. Essaie.
11:13 - Mais viens, moi. Le cours va commencer.
11:17 - Halt! Pose ton pétard, Ringo.
11:25 Et mets les mains en l'air.
11:28 Je sais bien que c'est toi qui a volé le troupeau de Gershwick au nord.
11:31 - Tu bluffes, shérif. Tu sais rien du tout.
11:34 - C'est Ringo. Je lui ai tout dit.
11:37 - Tu as fait ça, Mary?
11:39 - Bravo! On s'est débarrassés de cet affreux divan...
11:45 et de ces fauteuils innommables.
11:49 Je vais enfin pouvoir courir les Antiquaires.
11:53 - Pardon, mon père.
11:55 - Ah, ben voilà une heureuse initiative.
11:59 Jadis, on justifiait les guerres...
12:03 en disant que c'était le seul moyen de freiner la surpopulation.
12:09 On les appelait des saignées salutaires.
12:14 Mais aujourd'hui, les huissiers remplissent chez nous le même office.
12:18 Ils nous débarrassent de quelques meubles hideux.
12:23 Sans cela, nous n'aurions jamais eu le courage ni le bon goût de nous en défaire.
12:29 - Bon, je vais aller éplucher vos patates en m'attendant.
12:33 - Ah, quel gâchis! C'est tout de même lamentable d'en arriver là.
12:37 - Y a qui l'a faute?
12:39 Au public et aux critiques qui ont eu l'impudence de bouder ton dernier spectacle, évidemment.
12:43 - Je t'en prie. T'étais la première à y croire, à ce spectacle.
12:47 Sinon, Radim, comme tu es, tu lui aurais pas mis toutes tes économies.
12:51 - Et l'artiste aussi y a cru. N'est-ce pas, grand-père?
12:54 - Exact. Je pensais qu'une tragédie de Voltaire attirerait les foules d'aujourd'hui.
13:03 Je me faisais des illusions.
13:07 - Sur les foules d'aujourd'hui ou sur Voltaire?
13:10 - Sur le talent de Serge.
13:14 - Et sur le tien, Clio?
13:17 - Ça, c'est nouveau. Tu les as pas trouvés, bon?
13:20 - Je vous ai trouvés excécrable.
13:23 - Ah, merci.
13:24 - Diction approximative, geste incohérent.
13:28 Je ne parle pas de la mise en scène débile
13:33 et des costumes d'une laideur.
13:38 - Mais vous avez attendu un mois avant de nous dire ça.
13:41 - Non, je n'ai pas voulu ajouter à votre accrablement.
13:45 - Le vieil artiste a toujours été d'une grande délicatesse.
13:49 - La délicatesse n'exclut pas la franchise.
13:53 Votre spectacle n'a eu que le sort qu'il méritait.
13:57 Ce qu'il y a de fâcheux, c'est que toute la famille partit de cette erreur.
14:02 - Une tragédie de Voltaire, c'est vraiment une erreur?
14:04 - Non. Mais l'erreur, c'est de l'avoir financée.
14:09 - À quoi servent les commanditaires?
14:12 - Il aurait fallu que j'en trouve.
14:15 Voltaire ne tente personne.
14:17 Sauf en effigie, sur les billets de banque.
14:20 - Eh bien, d'accord, c'est la faute à Voltaire.
14:23 En attendant, nous sommes dans un bouc pétrin.
14:27 130 000 francs de dette, sans parler des impôts,
14:31 les factures en retard.
14:34 Je ne sais vraiment pas comment on va s'en sortir.
14:36 - Mais tu sais bien qu'un miracle se produit toujours, Jasmine.
14:38 Même au dernier moment.
14:40 - Eh bien, il devrait se produire tout de suite.
14:43 (sonnerie)
14:45 - Allô?
15:01 Ah, non, madame, vous n'êtes pas au plombier réuni.
15:04 C'est une erreur.
15:06 Mes hommages.
15:08 Alors, ce matin, je n'ai pas droit à ma petite rosette.
15:14 - Voilà, voilà.
15:26 - Ah, elle est jolie.
15:29 (sonnerie)
15:31 Ah!
15:36 (sonnerie)
15:38 Allô?
15:42 Ah, non, madame, vous n'êtes toujours pas au plombier réuni.
15:46 Puis-je vous suggérer de regarder plus attentivement
15:49 votre annuaire du téléphone?
15:51 C'est cela.
15:53 Mes hommages, madame.
15:56 Elle avait une voix tout à la fois charmante et désespérée.
16:00 - Le sort des autres semble te captiver
16:03 beaucoup plus que le nôtre, papa.
16:05 - Je sais très bien que j'ai toujours été sensible
16:08 aux charmes des voix.
16:10 - Tu ne vas pas te promener?
16:12 - Non, non, j'attends un peu.
16:14 Suppose que cette femme rappelle.
16:16 Je lui dis que cette fois, elle a composé le bon numéro.
16:19 Je lui demande son adresse, je prends quelques outils
16:22 et hop, je vole à son secours.
16:24 - À ton âge de même.
16:26 - On m'a déjà interdit de fumer et de boire de l'alcool.
16:29 Je ne peux même pas rêver.
16:32 C'est elle!
16:34 Allô?
16:37 Ah, monsieur, je vais voir si mademoiselle est dans ses appartements.
16:42 Qui dois-je lui annoncer?
16:44 Pardon?
16:46 C'est un type qui demande mademoiselle Clio, voilà.
16:50 - Allô? Oui, bien sûr.
16:53 Oh, je suis ravie!
16:56 Mais ravie et surprise tout à la fois.
16:59 C'est Stéphane Mirkopoulos.
17:01 - Qui? - Stéphane Mirkopoulos.
17:03 - Qui est-ce? Un armateur grec?
17:05 - C'est un cinéaste français. - J'en ai jamais entendu parler.
17:08 - Tu t'intéresses pas au cinéma d'art et d'essai.
17:10 - Je vois. - Bien sûr.
17:12 Bien sûr, je peux venir au bureau de la production.
17:15 Demain, 4 heures.
17:17 33, Champs-Élysées.
17:19 D'accord, j'y serai à demain.
17:21 Ça y est.
17:23 Le miracle s'est produit.
17:26 Stéphane Mirkopoulos est mort.
17:28 Stéphane Mirkopoulos m'a vu dans un ire.
17:30 Il m'a trouvé éblouissante.
17:32 Le sujet de son prochain film est tiré d'un conte de Voltaire.
17:34 Alors, tout naturellement, il a pensé à moi pour le rôle principal.
17:37 Il est pas du même ami que le vieil artiste.
17:40 - Bon, eh bien, je vais faire mon petit footing dans le jardin.
17:44 - Et moi, je vais aller éplucher vos patates.
17:47 - Dis donc, chéri, qu'est-ce qu'il a tourné, Mirkopoulos?
17:49 - Mirkopoulos? Des tas de films. - Lesquels?
17:51 - Lesquels?
17:53 C'est complètement you, mais j'en souviens pas.
17:55 - Il va avoir l'air d'une idiote demain s'il me parle de son oeuvre.
17:57 - Mais non, tu n'auras qu'à demander à Jean-Christophe.
17:59 Le cinéma d'avant-garde n'a aucun secret pour lui.
18:02 Dis donc, à propos de Jean-Christophe,
18:04 je te signale qu'il n'a pas dormi ici la nuit dernière.
18:06 - Ah oui?
18:08 - Apparemment, ça te laisse complètement indifférente.
18:10 - Il est majeur, tu sais. - À 19 ans?
18:12 - Oui, justement.
18:14 - Ah oui, évidemment. Sushmet.
18:16 - Non, juste un petit peu dépassé.
18:19 - Et toi, tu es tout à fait dans le vent.
18:23 - Parfois, j'arrive pas à te comprendre.
18:25 - Il y a 20 ans que ça dure.
18:27 C'est merveilleux. - Oui, mais ça m'angoisse.
18:30 Tu serais pas un tout petit peu folle, par hasard?
18:33 - Ah si, je le suis complètement.
18:35 - Qu'est-ce que vous fabriquez là?
18:51 - Ben, toi!
18:53 - Moi, je rentre.
18:55 - Ah, tu rentres.
18:57 Mais t'as vu la tête qu'il a, ton fils?
18:59 - C'est ma tête. - Un tantinet fripé.
19:01 - Figure-toi que j'ai pas beaucoup dormi cette nuit.
19:03 - Oui, ça je sais, je suis au courant.
19:05 - Ça m'étonnerait. Tu sais ce que j'ai fait entre minuit et 9h du matin?
19:07 - Je t'en prie, pas de détails sur tes débordements sexuels.
19:09 - Tu parles. Je croyais être tombé sur une fille libérée.
19:11 Mais c'est une mystique, une dingue de la poésie.
19:13 Alors, toute la soirée, elle m'a récité des poèmes
19:15 de Rimbaud, Malarmé, Reiner, Maria Rilke,
19:17 Reiner, Maria Rilke, Reiner, Maria Rilke.
19:19 Bon, j'en ai ras-le-bol. Maintenant, je vais me coucher.
19:21 Et bonsoir, maman. - Bonsoir.
19:23 - Bonsoir, papa. - Salut.
19:25 - Ben, tu vois,
19:29 à son âge, je me défendais
19:31 beaucoup mieux. - Ah, prétentieux,
19:33 va!
19:35 - Attention,
19:39 c'est chaud! C'est chaud.
19:41 - Des patates, encore des patates.
19:43 - Toujours des patates. Quand on est dans la purée,
19:45 c'est de circonstance. - Oui, mais demain,
19:47 il y aura des salsifis. - Oui, j'en ai acheté
19:49 5 kilos en réclame. - Ouais.
19:51 - Autour d'un canard, c'est pas mauvais, les salsifis.
19:53 - Le vieil artiste rêve.
19:55 - Merci.
19:57 - Qui rêve, dîne.
19:59 - C'est lourd, hein?
20:05 - Ah! J'ai absolument
20:09 que je fasse ce film avec Mirko Poulos. - Mirko Poulos?
20:11 - Stéphane. - Oui, oui, il a téléphoné
20:13 ce matin. - T'es sûre que c'est pas une blague?
20:15 - Écoutez-le. Tu trouves que je suis pas
20:17 assez bien pour lui? - Non, mais tu vois
20:19 tellement son genre. - Quel est son genre?
20:21 - C'est difficile à expliquer, mais il choisit
20:23 plutôt des actrices intellectuelles.
20:25 Enfin, des bonnes femmes qui pensent, examinent,
20:27 affichent leurs opinions. Tu comprends?
20:29 - Au fin de tes yeux, je suis une crétine
20:31 et une analphabète. - Non, mais il y a pas
20:33 tellement de messages à délivrer. - Je suis comédienne.
20:35 Et je délivre les messages des auteurs que je joue.
20:37 - La conception traditionnelle de l'art dramatique.
20:39 Rien à voir avec les conceptions de Stéphane Mirko Poulos.
20:41 Pour lui, le comédien doit s'engager personnellement.
20:43 Il ne doit pas seulement véhiculer la pensée de l'auteur,
20:45 mais il doit la reprendre à son compte
20:47 au-delà du spectacle dans la vie quotidienne.
20:49 - Ouais. Encore un de ces zozos
20:51 qui veut les pâter le bourgeois.
20:53 - On a toujours dit ça, des authentiques révolutionnaires
20:55 en matière artistique. Delacroix était un zozo,
20:57 Baudelaire était un zozo, les Pitoëffes
20:59 étaient des zozos, Picasso était un zozo,
21:01 Arabal était un zozo. - Et toi, tu es un petit con!
21:03 Jean-Christophe!
21:10 - Laisse-le!
21:12 Il a fait une très belle sortie.
21:16 Je trouve qu'il a du tempérament, ce gosse.
21:18 C'est peut-être le meilleur acteur de la famille.
21:21 Moi, accepté, bien entendu.
21:24 - Enfin, de toute manière,
21:27 avoir été choisi par Stéphane Mirko Poulos
21:29 est tout ce qu'il y a de plus flatteur pour une comédienne.
21:32 - Attends. Tu n'as pas encore signé ton contrat.
21:35 - Mais c'est comme si c'était fait.
21:38 Tu l'auras entendu au téléphone.
21:40 - Combien de fois tu dis "c'est comme si c'était fait", maman?
21:43 - Je ne comprends pas. - Mais si!
21:45 Tu passes ton temps à te bercer d'illusions et de fausses promesses.
21:47 - Ça, j'en étais sûr.
21:49 Dès que le frère démarre, la sœur embraye.
21:51 - Et toi, tu es pire que maman. Se contente de rêver,
21:53 toi, tu dépenses l'argent que tu ne gagneras jamais.
21:55 Tu tires des traites sur un avenir inexistant.
21:57 - B.A., ça suffit!
21:59 - Je m'étonne qu'après le coup de téléphone de ce Mirko Poulos,
22:01 tu n'aies pas déjà commandé une douzaine de costumes et une nouvelle voiture!
22:03 - J'ai dit, ça suffit!
22:05 - Mais tu n'as pas le droit de parler comme ça à ton père.
22:08 As-tu déjà manqué de quelque chose?
22:10 - Non, j'ai mangé à ma faim.
22:12 J'ai eu de belles poupées, des robes, des lits de classe,
22:14 parfois même des nurses.
22:16 Mais j'ai toujours vu autour de moi des gens inquiets de leur avenir le plus immédiat.
22:19 Traqués par les huissiers et par les fournisseurs.
22:21 Incapables d'avoir un sou de venteux. Tirons le diable par la queue!
22:24 - Tirons le diable par la queue,
22:26 mais avec un certain faste tout de même.
22:28 - Oui, du caviar tous les soirs quand ça marchait bien
22:30 et des pommes à pain dans les périodes de dèche.
22:32 Mais en permanence, la peur du lendemain,
22:34 la course au cachet, la lèche aux auteurs, au metteur en scène.
22:37 Mais est-ce que vous croyez que c'est une vie, ça?
22:39 - Mais qu'est-ce qui lui prend?
22:42 - C'est tout simple. J'ai refusé de lui acheter une robe du soir.
22:45 - Tu n'as pas refusé, tu n'as pas pu.
22:47 - Nuance!
22:49 - Et c'est pour ça que tu te mets dans cet état?
22:52 Enfin, des robes du soir, il y en a plein à les placards ici.
22:55 - De me débouffer par les mythes, merci.
22:57 - Il n'y a pas d'âge pour les robes du soir.
23:01 Et puis avec la mode rétro...
23:03 Tiens, tu sais, celles que je portais dans "Folies de prince",
23:05 je téléphone à Fernande, mon ancienne habilleuse,
23:07 et elle leur taille sur toi.
23:09 - Merci, ma tante, c'est inutile.
23:11 - Je t'assure qu'elles t'airaient très bien.
23:13 - Non, d'ailleurs, je n'ai plus l'intention d'aller à cette soirée.
23:15 - Quelle soirée?
23:17 - Une soirée...
23:18 - J'ai le droit de savoir, tout de même!
23:20 - Cette sortie n'est pas mal non plus.
23:28 Dommage qu'elle veuille absolument devenir avocate.
23:31 - Ça t'amuse vraiment d'aller parader chez les bourgeois?
23:44 - Ouf type!
23:46 - J'ai une copine qui est mannequin à volant à l'occasion.
23:48 Alors comme elle a à peu près les mêmes mensurations que toi,
23:50 je peux lui demander de te prêter une robe.
23:52 - Tu parles sérieusement?
23:54 - C'est pas que j'approuve ta conduite.
23:56 - Si c'est pour me faire une leçon de morale, laisse tomber!
23:58 Je me passerai très bien de la robe de ta copine.
24:00 - Mais t'es vraiment amoureuse de ce fils à papa.
24:02 Je peux pas y croire.
24:04 Il est d'une bêtise, d'une prétention.
24:06 Non mais dis-moi que c'est pour son fric que tu les cours après.
24:09 Alors là, d'accord. Là, je comprends rien.
24:11 - Je cours pas après!
24:13 Je l'aime, il m'aime et on va se marier!
24:15 - Et ses parents sont d'accord pour qu'il épouse une fille de saletin manque?
24:19 - Ils ont moins de préjugés que toi.
24:21 - Ah oui, j'oubliais, oui.
24:23 Le vent était le libéralisme chez les grands bourgeois.
24:25 Bon, bah je m'occuperai de ta robe demain matin.
24:28 Euh, dis-moi, t'aurais pas 100 francs à me prêter?
24:33 - Va taper Jasmine, elle a jamais rien su te refuser.
24:35 - Ah, justement! M'envoyer promener ce matin.
24:38 - Tiens, voilà 20 francs. C'est tout ce qu'il me reste.
24:44 - Mais dis-donc, c'est super lèche.
24:46 Tu crois qu'on va tenir longtemps à ce régime-là?
24:48 - Je n'en sais rien.
24:50 Mais je vais te dire, je m'en fiche.
24:52 Dans deux mois, si tout va bien, je n'aurai plus de problème d'argent.
24:55 Je serai heureuse et libre.
24:57 - Tu dis ça sur un rôle de thon.
24:59 - Oh, excuse-moi, je ne suis pas comédienne, moi.
25:01 Mais si je joue fort, je pense juste.
25:03 - Eh bien, si tu l'es pas, comédienne,
25:05 tâche de le devenir rapidement pour tenir ton rôle dans le grand monde.
25:08 Et pour répondre avec un minimum de vraisemblance,
25:11 aussi malgré ton futur cocule...
25:12 - Oh!
25:14 - Tiens, tu me dégoûtes.
25:15 Bon, mais pour ta robe, elle compte pas sur moi.
25:18 - Jaloux!
25:19 - Quoi?
25:20 - Jaloux, minable, raté!
25:22 - Je préfère péder ce que tu es.
25:25 - Dis donc, qu'est-ce que c'est que cette histoire de soirée
25:31 à laquelle doit se rendre Béat?
25:33 - Justement, je voulais t'en parler.
25:35 Tu sais que depuis trois mois,
25:38 Béat fréquente un de ses camarades de faculté,
25:40 Pierre Lavellanais.
25:41 - Le fils d'un grand avocat, c'est ça?
25:43 - Oui.
25:44 Pierre est très amoureux de Béat.
25:46 Et Béat, de son côté...
25:48 Enfin, bref, ils ont parlé mariage.
25:50 - À cet âge-là, quand on croit s'aimer,
25:52 on parle toujours de mariage.
25:53 - Mon Serge, écoute-moi, c'est sérieux.
25:55 Justement, à cette soirée,
25:57 Pierre veut présenter officiellement Béat à ses parents.
26:00 Ce sont des gens qui appartiennent à la haute société,
26:03 qui ont des principes.
26:05 Eux.
26:06 Béat a peur qu'un petit détail les...
26:10 les choque, les fasse obstacle à son mariage.
26:15 - Quel petit détail?
26:17 - Tu vois pas quoi?
26:19 - Non, excuse-moi, je dois manquer de subtilité,
26:21 mais je vois pas.
26:22 - Mon chéri, ça fait 20 ans que nous vivons ensemble.
26:26 Nous avons fait 2 enfants qui sont majeurs.
26:28 Et je m'appelle toujours Mlle Cliovola.
26:32 - Si je comprends bien, tu es en train de me demander maman.
26:36 - En gros, c'est ça, oui.
26:38 - T'en as mis du temps, hein?
26:41 - Tu sais, moi, ça m'est égal, je suis heureuse comme ça.
26:44 Mais ça ferait très plaisir à Béat si on se mariait très vite.
26:48 - Elle te l'a dit? - Oui.
26:50 Mais je n'osais pas t'en parler.
26:52 Mais quand j'ai vu sa crise de désespoir,
26:54 tout à l'heure, ça m'a décidé.
26:56 Elle est très malheureuse, tu sais.
26:59 - Non, c'est vrai, nous ne sommes pas mariés.
27:02 Pourquoi?
27:03 - Je sais pas.
27:05 Qu'est-ce que tu en penses?
27:07 - Je sais pas.
27:09 - Qu'est-ce que tu en penses?
27:12 - Superstition, peut-être.
27:14 Nous étions bien comme ça.
27:16 Nous n'avons pas voulu troubler l'incertaine harmonie
27:20 qui nous unissait.
27:22 - L'incertaine harmonie...
27:25 C'est joli, ça.
27:27 - Oui, c'est joli. Mais c'est pas de moi.
27:30 - Ça fait rien, c'est joli tout de même.
27:33 (Rire)
27:35 Alors?
27:38 Tu veux bien m'épouser?
27:40 - Bah, tu sais, si ça peut faire plaisir à Béa.
27:44 - Je vous l'avais dit qu'elle rentrerait pas dedans.
27:51 - Elle est pourtant pas bien épaisse.
27:53 - C'est une fausse maigre.
27:55 Vous, par contre, vous aviez l'air d'un vrai fil de fer.
27:58 Regardez-moi ça.
28:00 C'est pas possible, ça. C'est pas possible.
28:03 - Fernande, t'as bien une idée.
28:05 - Une idée? Bon.
28:07 Si.
28:09 Deux grands coups de ciseaux
28:11 et on aura un grand décolleté dans le dos.
28:14 Avec ce qui me restera de tissu, je donnerai de l'aisance.
28:17 - Si je peux me permettre,
28:19 est-ce que vous ne croyez pas qu'on pourrait enlever les manches?
28:22 - Oui, pourquoi pas?
28:24 L'essentiel, c'est que vous alliez au bal et vous irez.
28:27 - Ouh! - Ah! Une star!
28:31 - N'anticipons pas. - Tu es très belle.
28:34 - Tu crois?
28:36 Et toi, ma chérie, comment ça se passe pour toi?
28:38 - C'est pas terrible. - Non, c'est pas terrible.
28:40 - Mais Fernande va arranger ça. - On verra.
28:43 J'ai pas tout le temps quelqu'un dans les jambes.
28:46 Ciseaux, s'il vous plaît.
28:48 - Si je signe avec Mirko Poulot, je t'achèterai la plus belle robe du monde.
28:51 - C'est pas la peine que je me fatigue.
28:53 - Bon. Eh ben, je m'en vais.
28:55 Alors, on ne me dit rien.
29:00 - Merde! - Ah!
29:03 - Ah!
29:05 - Je ne sais pas.
29:11 - Ah!
29:13 - Je ne sais pas.
29:19 - Ah!
29:21 - Je ne sais pas.
29:27 - Ah!
29:30 - Ah!
29:32 - Ah!
29:35 - Ah!
29:38 - Ah!
29:41 - Ah!
29:44 - Ah!
29:47 - Ah!
29:49 - Ben voilà, j'ai plus qu'à finir l'ourlet.
29:53 - Ça sera parfait.
29:55 - Merci, Fernande.
29:58 - Y a pas de quoi.
30:00 Même avec un sac à pommes de terre sur le dos, vous auriez de l'allure.
30:02 - C'est vrai, ça.
30:04 - Je vais vous dire une chose. J'en ai habillé les actrices.
30:06 Aucune n'avait votre chic.
30:08 Vous allez voir les ravages que vous allez faire au cinéma, vous, dans deux ans.
30:11 - Ça m'étonnerait. - Oh! Pourquoi?
30:13 - Elle prépare une licence en droit.
30:15 - Quoi? Une licence en droit?
30:17 Ça me va pas, non.
30:19 Pourquoi c'est pas bonne soeur, tranquillier?
30:21 Vous n'allez pas laisser faire ça, une licence en droit.
30:23 Ce sera un crime, ça, madame.
30:25 - Qu'est-ce qu'elle fait, mon Dieu? Qu'est-ce qu'elle fait?
30:40 - Y a un copoulos. Il l'a peut-être invité à dîner.
30:42 - J'espère qu'elle aurait eu la délicatesse de nous prévenir, non?
30:44 - Le Mirko Poulos n'habite pas à dîner. On invite.
30:46 - Même les femmes? - Évidemment.
30:48 - Allez, allez, va chercher le cassoulet.
30:50 - Cette pauvre Lucette ne sait pas que la galanterie est considérée aujourd'hui
30:56 comme une manifestation honteuse de l'impérialisme masculin.
31:01 - Et puis, je ne vois pas comment maman aurait pu payer à déjeuner à ce Mirko Poulos.
31:05 Il lui restait à peine 40 francs.
31:07 - La voilà.
31:13 - Clio? Clio!
31:16 - Papa, laisse-la.
31:18 - Quoi? J'ai tout de même le droit de savoir, non?
31:20 - En tout cas, c'est une réussite totale.
31:24 - Je parle du cassoulet, bien entendu.
31:27 - De toute façon, si elle avait voulu parler, elle aurait parlé.
31:37 - Je suis de la vie de Béat.
31:39 - Vous êtes toujours de la vie de Béat.
31:42 - De toute manière, nous sommes fixés.
31:44 Rien qu'à la tête de Clio, les prochaines semaines vont être très dures.
31:49 On vient de finir nos synchros, maintenant.
31:52 - Je prépare des feuilles de temps à la télé. Vous pouvez aller voir.
31:56 - Il faut arrêter pendant des heures pour apprendre que tous les rôles sont distribués.
31:59 - Est-ce que 300 000 francs arrangerait nos affaires?
32:02 - Quoi? Qu'est-ce que tu racontes?
32:05 - 30 millions.
32:07 - 30 millions?
32:09 - 30 millions.
32:11 - Clio, c'est pas gentil de te fiche de nous.
32:14 - C'est écrit sur le contrat. J'ai qu'à signer là.
32:18 - Ça, on peut dire que Clio s'est ménagé le suspense. Chapeau.
32:25 - Alors, elle est riche.
32:27 - On n'a plus de dette. Nuance.
32:29 - C'est peut-être le commencement de la fortune.
32:37 - Ce contrat, on peut le voir.
32:39 - Montre.
32:43 - Mais oui, elle a dit vrai de 300 000 francs. C'est écrit en toutes lettres.
32:48 - La Providence est avec nous.
32:51 - Mais c'est pas vrai. Dis ça.
32:53 - Au-dessus d'un certain chiffre, c'est pas seulement le talent qu'on rémunère.
32:59 - Le talent.
33:01 - Clio!
33:03 - Clio!
33:05 - Moi, pour 300 000 francs, je ne suis pas tellement d'histoire.
33:08 - Clio.
33:11 - Je t'en prie, ne dis rien.
33:13 - De toute façon, je suis décidée à accepter ce film.
33:15 - Je t'interdis. Tu entends? Je t'interdis.
33:17 - Tu connais un autre moyen de nous en sortir.
33:19 - Là, il n'est pas la question. Tu ne tourneras pas dans ce film porno.
33:21 - Un poids, c'est tout. Même si on t'offrait des milliards.
33:23 - Mais ce ne sera pas un film porno.
33:25 - Le nom de Mirko Poulos lui donnera automatiquement une étiquette artistique.
33:29 - Ça, c'est de la Libye classique.
33:31 - N'empêche que j'ai lu le contrat.
33:33 - Une scène déshabillée, trois de viol, deux de flagellation.
33:35 - Et sans compter tous les petits plots artistiques qui seront rajoutés en cours de tournage.
33:38 - Je t'en prie.
33:40 - Béat est toute bouleversée. Tu l'imagines devant ses futurs beaux-parents?
33:43 - Ça, je les entends déjà.
33:45 - Dis donc, ma petite Béat, c'est bien madame Votre-mère que nous avons vue au cinéma en train de se...
33:47 - Oh, tais-toi. Je n'avais pas pensé à Béat.
33:49 - Oui, ni à moi.
33:51 - Mais si, justement.
33:53 - Dis donc, alors tu me prends pour un Macron.
33:55 - Tu crois que j'ai laissé ma femme se prostituer comme ça en scopée en couleur devant des millions de spectateurs et tout ça pour 300 000 francs?
34:00 - Non, coup de cliveau, je t'en prie, on ne parle plus de ça, hein?
34:02 - On va déchirer ce contrat.
34:04 - Promis?
34:06 - On n'en parle plus.
34:08 - Mais qu'est-ce qu'on va devenir?
34:10 - Je sais rien.
34:12 - Et puis, je m'en fous.
34:14 - Et puis, c'est toi-même qui le dis.
34:17 - Un miracle se produit toujours.
34:19 - Oui, c'était produit.
34:21 - Ça, ça n'était pas...
34:23 - Miracles viennent du ciel, pas de l'enfer.
34:27 - Je serais morte de honte si j'avais tourné ce film.
34:34 - Allez, viens.
34:37 En bas, ils attendent tous la réponse.
34:39 - Ah, bien. Oui.
34:51 - J'ai une bonne nouvelle à vous annoncer.
34:53 Clio ne fera pas le film.
34:55 - 50 ans de souvenirs bouffés par les mythes.
35:16 J'ai de la pitié.
35:20 - Oh!
35:22 Le feu de Cyrano.
35:24 - Moi, je croyais que c'était les rats.
35:33 Tu crois que c'est une heure raisonnable, papa,
35:35 pour te pencher sur ton passé?
35:37 - Qui te parle de mon passé? C'est de notre avenir dont je me préoccupe.
35:40 J'espérais que c'est des fois qu'il y avait une valeur marchande.
35:43 - Au plus, on pourrait peut-être essayer mon truc.
35:45 - Ah non, pas celui-là.
35:47 C'est ma seconde peau, je sais.
35:50 - Oui, c'est vrai que tu ne m'as jamais vu jouer Cyrano,
35:52 alors tu ne peux pas comprendre.
35:54 Tourne-toi.
35:56 Tourne-toi!
35:58 - Qu'est-ce que c'est que ça? - Hamlet.
36:04 - Qu'est-ce que t'étais mince à l'époque?
36:07 - Parce que j'étais jeune. Je mangeais pas tous les jours à ma faim.
36:10 - Ah!
36:12 Des lettres à Payan.
36:14 Mais c'est pour l'écriture de maman.
36:17 - Elle est morte depuis 20 ans.
36:19 Il y a prescription, je peux bien te l'avouer.
36:21 Je l'ai beaucoup trompée.
36:23 Mais elle était une de ces femmes
36:25 qu'on aime encore plus en quittant les bras d'une autre.
36:28 - Si je comprends bien, elle sortait grandie de chacune de tes aventures.
36:31 - A telle enseigne que j'ai fini par ne plus la tromper.
36:34 15 ans après la naissance de ton frère Fabien,
36:38 nous avons eu une seconde lune de miel.
36:41 Et tu es venue au monde.
36:44 Comment tu me trouves?
36:46 - Grandiose.
36:48 - Je jette avec grâce mon feutre.
36:51 Je fais lentement l'abandon du grand manteau qui me cale feutre.
36:54 Et je tire mon espadon.
36:57 C'est dans ce costume et dans ce rôle
36:59 que ta maman m'a vue pour la première fois.
37:01 Et qu'elle m'a aimée.
37:03 Le 17 avril 1916.
37:07 - Au théâtre municipal de Montauban.
37:11 Tu vois? Je connais mes classiques.
37:14 - Elle était assise dans une avancée.
37:17 Petite chose blonde et floue.
37:19 Son regard mouillé de larmes.
37:21 Ses épaules fines.
37:23 - Et deux jours après, au grand scandale de sa famille,
37:27 elle venait te rejoindre à Carcassonne.
37:30 - Non, à Mazamè.
37:32 - Elégant comme Céladon, agile comme Scaramouche,
37:36 je vous préviens, cher Myrmidon, qu'à la fin de l'envoi, je touche.
37:42 - Jasmine.
37:44 Qu'allons-nous devenir?
37:46 - T'inquiète pas, on s'en sortira, papa.
37:48 - Je trouve que Clio a des pudeurs déplacées.
37:51 Crachée sur 30 millions.
37:53 Je me demande si son refus de se montrer nue n'a pas d'autre raison.
37:56 - Quelle raison?
37:58 - Elle a peut-être pas un corps aussi parfait qu'elle veut bien le dire.
38:01 - Oh, papa, t'es racontant.
38:03 - Je crois pas à la pudeur chez les comédiennes.
38:05 Surtout à notre époque où les plus grandes stars
38:07 ne dédaignent pas le strip-tease.
38:09 - C'est un discours d'art dramatique.
38:12 - Maintenant, on va vous en reparler.
38:15 - Au gueul! Au gueul!
38:17 Bon, qu'est-ce qu'il a voulu faire, Racine, en écrivant Berenice?
38:21 - Ben, une tragédie.
38:23 - C'est là où tu te gourdes.
38:25 C'est là où tout le monde se gourde depuis 3 siècles.
38:27 - Allons! Allons!
38:29 - Berenice, c'est une comédie de boulevard.
38:31 - Ouais! Comédie de boulevard!
38:33 - Parfaitement!
38:35 Et je m'explique.
38:37 Dans la politique, il faudrait que Titus épouse Berenice.
38:40 Ça arrangerait les affaires de Rome au Moyen-Orient.
38:43 Mais Titus, un cavaleur de première,
38:45 il a pas envie de se laisser passer la bague au loisir.
38:48 A la rigueur, il sortirait Berenice, mais sans plus.
38:51 Alors il charge son copain Antiocus d'aller porter le débat.
38:54 - Parce que lui, il a autre chose à foutre
38:56 qu'à faire son drame avec une française.
38:58 - Et c'est là où ça devient désoppilant,
39:00 parce qu'Antiocus, lui, ce débile, il est amoureux fou de Berenice.
39:03 Alors, vous voyez, c'est le comique de la situation.
39:05 Bon, démonstration, mes poulets.
39:07 Vous allez me donner la scène 3 de l'acte 3.
39:09 - Et quoi, seigneur? Vous n'êtes point parti?
39:13 - Hé là, doucement, doucement.
39:15 D'abord, faut m'enlever ça, hein?
39:17 - Enlever ça, et pourquoi?
39:19 - Mais parce que c'est la situation.
39:21 Berenice sort de son bain, elle entre complètement nue.
39:23 Allez, déshabille-toi, allez.
39:25 - Il n'en est pas question.
39:27 - Ah, mais bon alors!
39:29 Tu veux faire du théâtre ou non?
39:31 Déshabille-toi, allez!
39:33 - N'aie pas peur! - Silence, laissez-la!
39:35 - Ouais, ouais, ouais!
39:37 - Laissez-la, je vous en prie.
39:39 C'est pas possible, elle va y arriver. Vas-y!
39:41 - Ouais, ouais, ouais!
39:43 - Ouais, ouais, ouais!
39:45 - Il est vraiment de plus en plus morteau, ce qu'on a.
39:47 - Ouais, ouais, ouais!
39:49 - Ouais, ouais, ouais!
39:51 - Ouais, ouais, ouais!
39:53 - Ouais, ouais, ouais!
39:55 - Ouais, ouais, ouais!
39:57 - Ça suffit. - Le tue-t-il, monsieur Damien Lagour?
39:59 - Il en a marre, de son singerie.
40:01 - Agnès, rhabille-toi, allez!
40:03 Mais non, rénover le théâtre, c'est pas détruire les classiques.
40:05 C'est pas transformer les tragédies de Racine
40:07 en parties de jambes en l'air
40:09 et les comédies de Molière en drames populistes.
40:11 Rénover le théâtre, c'est écrire des textes neufs.
40:13 - Mais il n'y a pas d'auteur.
40:15 Il n'y a pas d'auteur, il n'y a pas d'auteur,
40:17 mais il n'y a pas de peintre, il n'y a pas de sculpteur.
40:19 - Mais c'est pas pour ça que vous allez mettre des gaines-culottes
40:21 aux nymphes de Rubens, des moustaches aux bonnes femmes de Renoir
40:23 et des bras à la Vénus de Milo, non?
40:25 - Non, mais tu plaisantes ou quoi?
40:27 - Mais la révolution ne se fait pas en massacrant les richesses
40:29 que nos aînés nous ont laissées.
40:31 Détruire, c'est la forme la plus vile et la plus navrante de l'impuissance.
40:33 - Oh! - Mais laissez-les, laissez-les dormir en paix.
40:35 Musset, Corneille, Molière et les autres.
40:37 Nous les aimons tels qu'ils sont.
40:39 - Quelle belle tirade!
40:41 La prochaine fois, tu me travailles de prince d'Erembourg, hein?
40:43 - Oui, mais à condition que vous en fassiez pas
40:45 un coureur automobile, hein?
40:47 Bon, allez, on se tire. - Merci.
40:49 - Bon, c'est rien. - Merci.
40:51 Vous allez où? - Bon, je travaille dans un journal.
40:53 - Ah! Vous écrivez?
40:55 - Non, pas tellement. On est coursiers.
40:57 - Ah! - Bon, allez, ciao.
40:59 - Salut.
41:01 - Jean-Papa!
41:05 - Ha!
41:07 Toi et... toi et ta vieille voiture, hein?
41:09 Si tu avais autant d'égard
41:11 pour ta vieille mère...
41:13 - Je le vais? Où vas-tu de si bon matin?
41:15 - Chez un imprésario
41:17 dont on a parlé. - Ah!
41:19 - Tu veux te déposer?
41:21 - Non, non, pas la peine.
41:23 Tu sais bien que j'aime marcher.
41:25 - Où il habite, son imprésario?
41:27 - Au Trocadéro.
41:29 Enfin, c'est sûrement pas ton chemin.
41:31 - Ben, si, justement, figure-toi. Je fais une course rue de Passy.
41:33 - Ah, oui? - Ben, monte.
41:35 - Ah, bon.
41:37 - Eh ben, monte! - Oui.
41:39 - Ah!
41:41 - Dis-donc, il habite où, son imprésario?
42:07 Il s'appelle comment? - Ben, il parle.
42:09 Il fout le quai. - Il n'a jamais entendu parler.
42:11 - Non, mais il s'occupe surtout de galas et de soirées privées.
42:13 - Les soirées privées, ça existe encore? - Ben, oui, faut croire.
42:15 - Au revoir. - Merci.
42:35 - Si tu crois que ça m'amuse,
42:37 éplucher des patates,
42:39 après la vie que j'ai menée,
42:41 ce que j'ai pu claquer comme fric,
42:43 tu peux pas imaginer.
42:45 Si on avait seulement l'argent
42:47 que je dépensais en un mois,
42:49 crois-moi, on n'aurait plus aucun problème.
42:51 J'étais dingue.
42:53 Complètement dingue.
42:55 - Tu sais, quand on est vedette à 18 ans
42:57 et star à 19, on a des excuses, non?
42:59 - Ça, j'avais la grosse tête, hein.
43:01 Et l'argent, facile.
43:03 Je m'imaginais que ça allait continuer comme ça, moi.
43:05 Toute la vie.
43:07 Ça a duré le temps de 4 ou 5 films,
43:09 et à 22 ans,
43:11 j'étais déjà une asbine.
43:13 Fini. Oublié.
43:15 - Non, 1 500 francs,
43:19 c'est mon dernier prix.
43:21 - Non, comment 1 500 francs?
43:23 Non, c'est une blague, non?
43:25 Il y a à peine 3 mois, vous m'avez vendu 5 000.
43:27 Vous vous souvenez de moi? - Bien sûr.
43:29 - Et vous vous souvenez d'elle? Je vous en prie, regardez-la,
43:31 il y a à peine une raflure,
43:33 et j'ai à peine fait 2 000 km avec.
43:35 - 1 500 francs, c'est tout ce que je peux faire.
43:37 - Soyez sérieux, quand vous me l'avez vendue, vous m'avez dit...
43:39 - Écoutez, je sais ce que je vous ai dit quand je l'ai vendue,
43:41 mais aujourd'hui, je suis en train de l'acheter.
43:43 - Allez, 2 500. - Non, 1 500 francs, monsieur.
43:45 - C'est pas vrai.
43:47 Je vous suis laissé avoir à votre baratin.
43:49 - Je suis un très bon vendeur, monsieur.
43:51 - Un très bon vendeur, ça, oui, on peut le dire.
43:53 Le moteur est parfaitement silencieux,
43:55 il ne fait presque pas d'huile, double arbre à cames en tête,
43:57 le pont est autobloquant, les pneus sont quasiment neufs,
43:59 quant à la suspension, elle a été refaite tout récemment.
44:01 Et j'insiste tout particulièrement sur le fait que ce modèle,
44:03 bien que développant 180 chevaux, ça ne fait que 15 litres au 100.
44:06 Ah, c'est une voiture qui n'est pas du tout démodée.
44:09 Maintenant, regardons l'intérieur pour voir son aménagement.
44:11 Poste de radio ultramoderne, modulation de fréquence,
44:13 allume-cigares électriques, vide-boche qui s'éclaire...
44:15 - Mais est-ce que les classes sont à une ou deux vitesses?
44:17 - Deux vitesses, naturellement.
44:19 - Est-ce qu'on pourrait faire un petit essai?
44:21 - Un petit essai? - Oui.
44:23 - Je vous en prie, mais oui, bien sûr, je vous en prie,
44:25 c'est la moindre des choses. Un petit essai...
44:27 - Écoutez, nous ne sommes pas mafiés...
44:29 - Vous mettez très sympathique que je veux bien aller jusqu'à 2500 francs.
44:33 - Moi, ça ne m'intéresse plus, parce que ça, c'est encore ma voiture.
44:36 Au revoir, monsieur.
44:38 (rires)
44:40 (musique de jazz)
44:42 (bruit de moteur)
44:44 (musique de jazz)
44:46 (musique de jazz)
44:48 (musique de jazz)
44:50 - 3000 francs, d'accord?
44:52 D'accord? Bon, écoutez, bien écarté, 3500.
44:55 3500, d'accord?
44:57 (musique de jazz)
44:59 - Au niveau du standing, c'est une voiture qui en impose.
45:02 - Et quel est son prix?
45:04 - 6500.
45:06 - Mais à ce prix-là, vous faites une véritable affaire.
45:08 - Vous m'avez convaincu.
45:10 - Je l'achète.
45:12 - Je suis sûr que vous ne le regretterez pas.
45:14 - Vous êtes resté longtemps dans votre place précédente?
45:17 - 23 ans, monsieur.
45:19 - Ah! C'était où?
45:21 - C'était où?
45:23 - À l'Odéon.
45:25 - La brasserie de l'Odéon?
45:27 - Non, l'Odéon.
45:29 - Ah, je vois le petit café tabac qui est sur la place.
45:32 - Non, le théâtre.
45:34 Théâtre de l'Odéon.
45:36 - Vous étiez serveur au bar du théâtre?
45:38 - Ah non, pas du tout. Non, j'étais acteur.
45:41 - Acteur?
45:43 - Oui.
45:45 Alors, depuis 23 ans, j'ai joué les valets, les majordomes,
45:49 enfin, ce qu'on appelle dans notre métier les utilités.
45:52 Je connais toutes les finesses du service de table.
45:55 Je sais tout faire.
45:57 Et puis, j'ai une garde-robe. J'ai une spenser, un bille.
46:01 Alors, en lisant votre annonce,
46:04 cherchant extra pour soirée mondaine,
46:06 je pensais que j'aurais une chance.
46:10 - Levez-vous.
46:12 - Oui.
46:14 - Montrez-vous un peu.
46:16 Marchez.
46:18 Marchez.
46:20 Ah, ça va.
46:31 Vous savez, ce boulot d'extra n'est pas payé des masses.
46:34 Seulement, on arrive parfois à se faire de bon pour boire.
46:37 Et puis, bien sûr, on est nourris.
46:40 - Ah oui.
46:43 (Ding! Ding! Ding!)
46:46 - Aujourd'hui, profitez de nos ventes réclames.
46:52 Nos pommes goldenes, délicieuses au couteau,
46:56 succulentes en compote.
46:58 Demandez nos sardines à l'huile,
47:01 le hors-d'oeuvre le plus savoureux et le plus économique.
47:04 On réclame également aujourd'hui nos petits poissons.
47:07 - Mais tu es fou, toi, écoute! - Le micro!
47:10 - Ah, ça y est! - J'ai passé un coup de vente à nous.
47:13 J'ai décroché un bout de rôle dans une dramatique...
47:16 - À la radio? - Oui. - Formidable.
47:18 - Ça va? - Oui, mais les ventes réclames finissent ici demain.
47:21 On m'a parlé d'un autre supermarché à l'Oiseau-les-Secs
47:24 où on a besoin d'une spicrine pour toute la semaine.
47:27 - Je vais voir ce soir. - Non, pas ce soir.
47:29 Béa aura besoin de moi pour s'habiller.
47:31 - Ah, c'est ce soir.
47:33 - Oui.
47:36 - Maman? Maman, c'est elle.
47:39 - Bonsoir, madame. - C'est Béa.
47:42 - Et moi, je suis Béat.
47:45 Ah! Oui, vraiment!
47:48 Et Dieu sait que Pierre n'a pas été avare de superlatives à votre sujet.
47:52 - Ah, oui, oui.
47:54 - Et vous, vous êtes Béat.
47:56 - Oui, Béat. - Ah, oui, oui.
47:59 - Et vous, vous êtes Béat. - Oui, Béat.
48:02 - Et Dieu sait que Pierre n'a pas été avare de superlatives à votre sujet.
48:06 - Je suis trop divine.
48:10 - Oh, tu ne me déçois pas, mon chéri.
48:12 Mon fils a toujours eu beaucoup de goût
48:14 pour choisir ses fiancées aussi bien que ses cravates.
48:18 - Maman, être à sa danse britannique,
48:20 elle est absolument à ce que tout le monde le sache.
48:22 - On s'habitue très vite à son humour.
48:24 Je vais te présenter à mon père maintenant.
48:26 Tu verras, c'est un type épatant. Je suis sûr qu'il te séduira.
48:29 Enfin, trop, j'espère.
48:31 - Oui, l'enchant fou a eu beaucoup de succès auprès des femmes.
48:33 Je lui connais deux maîtresses, mais je m'y soucie beaucoup plus.
48:37 Tiens, il est là-bas. Voici entre le bâtonnet un conseiller d'État.
48:41 - Veux-tu boire un peu de champagne? - Volontiers.
48:48 - Champagne, mes vieux. - Oui, monsieur.
48:52 - Un larbin qui a la bloblate? - On aura tout vu.
48:55 A chaque fois qu'on demande des extras, c'est toujours la même chose.
48:58 On nous en voit n'importe qui.
49:00 A notre dernière réception, nous avons vu un type avec le rhume des foins.
49:03 Il était enlevé dans tous les verres.
49:05 - Il est là-bas. - Oui, monsieur.
49:11 - Il est là-bas. - Oui, monsieur.
49:13 - Il est là-bas. - Oui, monsieur.
49:15 - Il est là-bas. - Oui, monsieur.
49:17 - Il est là-bas. - Oui, monsieur.
49:19 - Il est là-bas. - Oui, monsieur.
49:21 - Il est là-bas. - Oui, monsieur.
49:23 - Il est là-bas. - Oui, monsieur.
49:25 - Il est là-bas. - Oui, monsieur.
49:27 - Il est là-bas. - Oui, monsieur.
49:29 - Il est là-bas. - Oui, monsieur.
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49:33 - Il est là-bas. - Oui, monsieur.
49:35 - Il est là-bas. - Oui, monsieur.
49:37 - Il est là-bas. - Oui, monsieur.
49:39 - Il est là-bas. - Oui, monsieur.
49:41 - Il est là-bas. - Oui, monsieur.
49:43 - Il est là-bas. - Oui, monsieur.
49:45 - Il est là-bas. - Oui, monsieur.
49:47 - Il est là-bas. - Oui, monsieur.
49:49 - Il est là-bas. - Oui, monsieur.
49:51 - Il est là-bas. - Oui, monsieur.
49:53 - Il est là-bas. - Oui, monsieur.
49:55 - Il est là-bas. - Oui, monsieur.
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49:59 - Il est là-bas. - Oui, monsieur.
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50:03 - Il est là-bas. - Oui, monsieur.
50:05 - Il est là-bas. - Oui, monsieur.
50:07 - Il est là-bas. - Oui, monsieur.
50:09 - Il est là-bas. - Oui, monsieur.
50:11 - Il est là-bas. - Oui, monsieur.
50:13 - Il est là-bas. - Oui, monsieur.
50:15 - Il est là-bas.
50:17 - Shérif, attends-moi.
50:21 - Béat, où vas-tu?
50:23 Béat!
50:25 - Alors, c'était ça, tes représentations privées?
50:34 - Vous voulez que je dise à ta grand-mère
50:37 que toute la famille, que Fabien, Damien, Lacour,
50:40 allaient faire le louffia chez les bourgeois?
50:42 - Ça va peut-être éviter ce qui vient de se passer.
50:45 - Je te demande pardon.
50:47 Si c'était moi, j'aurais tout raté dans ma vie.
50:50 Même ton bonheur.
50:54 - Je n'aurais pas été heureuse avec Pierre.
50:56 - Tu crois?
50:59 - Mais si je l'avais aimé,
51:01 je ne t'aurais même pas remarqué, Shérif.
51:04 Qu'est-ce qui va pas?
51:10 - Fatiguée.
51:12 - Écoute, ce soir, c'est fait. Je te paye un taxi.
51:15 Allez.
51:18 - Merci.
51:21 (Musique jazz)
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52:38 Merci.