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00:00 Ils ont tous quelque chose en eux de Silvio Berlusconi.
00:07 Connu pour ses dérapages et ses ennuis avec la justice,
00:11 l'ancien président du conseil italien récemment décédé a aussi eu une influence majeure
00:16 sur la façon de faire de la politique dans nos démocraties.
00:20 Et ça, ce n'est pas moi qui le dit, ce sont deux spécialistes de l'histoire de la politique italienne.
00:25 Il a été tellement novateur, c'est devenu une boîte à outils.
00:28 Il y a un avant et un après Silvio Berlusconi.
00:31 Pour comprendre ce que Berlusconi a révolutionné, il faut rapidement présenter le personnage.
00:35 C'est d'abord un homme d'affaires. Il devient riche, très riche, dans l'immobilier.
00:40 Puis il achète beaucoup d'autres choses, et notamment des chaînes de télévision.
00:44 Voilà, et c'est une fois qu'il a une bonne situation, on va dire, qu'il se lance en politique.
00:49 Et dès le début, il casse les codes.
00:51 En 1994, il diffuse sur ses propres chaînes de télévision
00:55 une vidéo pour annoncer son entrée en politique.
00:58 Et il parle directement aux Italiens.
01:01 L'Italia è il paese corana.
01:03 Jusqu'ici, on ne faisait pas ça, parce que pendant très longtemps, il y avait des grands partis politiques.
01:07 Bien sûr, il y avait des chefs, il y avait des leaders, mais jouait le collectif.
01:11 Et là, Silvio Berlusconi va personnaliser la politique.
01:15 Dorénavant, la politique en Italie, mais c'est vrai aussi dans beaucoup d'autres démocraties,
01:19 sera personnalisée et médiatisée à outrance.
01:23 Il n'y a plus de distinction entre vie privée et vie publique.
01:26 Vous devez en permanence me regarder, je vous raconte en permanence ma vie.
01:30 Ça, c'est très forché, Nicolas Sarkozy.
01:32 Beaucoup d'autres caractéristiques, au cœur de la communication de Berlusconi,
01:37 vont être aussi reprises dans d'autres démocraties.
01:40 Le style de ces interventions, cette volonté de ne pas faire comme les politiciens traditionnels,
01:46 d'utiliser un langage très simple, simplificateur, de recourir à la démagogie,
01:51 de se mettre en scène lui-même pour essayer en permanence,
01:54 par des liftings qu'il assumait, par le maquillage qu'il avait en permanence.
01:58 Ce genre de choses, on s'est rendu compte plus tard
02:01 que quelqu'un manifestement s'en était inspiré, pas dans n'importe quel pays.
02:05 Je fais allusion bien sûr à Donald Trump.
02:07 On a d'ailleurs beaucoup reproché à Berlusconi dans les années 2000
02:11 et à Donald Trump récemment, leurs faux pas et leurs provocations à l'égard d'autres chefs d'État.
02:16 Or, c'est une partie intégrante de leur stratégie, de leur façon de communiquer.
02:20 Le pire pour un produit à promouvoir, c'est l'oubli.
02:23 En revanche, si on vous critique, c'est très bien.
02:25 Le but est de se présenter comme un homme du peuple,
02:27 en décalage avec les élites qui gouvernent le monde.
02:30 D'un côté, je suis parmi les grands de ce monde, et en même temps je suis différent.
02:34 Je fais le fanfaro.
02:35 Et là, les Italiens disaient "Ah bah, il est malin lui, il n'est pas comme les autres".
02:40 Il faut dire que Berlusconi, comme Trump et d'autres,
02:43 se sont fait élire en se présentant comme des candidats anti-système,
02:47 qui critiquent et rejettent le monde de la politique traditionnelle.
02:51 Avant de devenir chef du gouvernement italien, Berlusconi n'avait jamais été élu,
02:55 ni même participé à aucune autre campagne politique.
02:57 Pour compenser ce déficit de légitimité politique,
03:00 il va se présenter comme un entrepreneur,
03:02 et veut diriger l'État comme on dirige une entreprise.
03:05 Il crée un parti politique au départ à partir de son entreprise,
03:09 c'est-à-dire que les cadres de son entreprise sont envoyés pour être candidats aux élections,
03:14 et beaucoup vont être élus sans aucune expérience politique.
03:17 Et en même temps, c'est un parti personnel qui n'existe que par le chef,
03:21 qui est dévoué au chef.
03:23 Ça vous fait penser à un autre parti ?
03:25 Macron, c'est pas Berlusconi.
03:27 Le contenu politique est différent,
03:29 mais les formes partisanes, ça a été la même chose.
03:32 La République En Marche est un mouvement personnel qui dépend de son chef,
03:36 qui n'est pas présent sur les territoires,
03:39 et c'est la même chose pour Forza Italia.
03:41 Bref, il y a encore beaucoup de choses à dire sur la façon dont Berlusconi a révolutionné la communication politique.
03:47 D'ailleurs, il est intéressant de noter qu'aucune de ses personnalités ne revendique son héritage.
03:52 Si vous voulez en savoir plus, n'hésitez pas à jeter un coup d'œil à nos sources.
03:56 *musique*
03:58 *Rire*