la dépigeonnisation.. Henri Tisot

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00:00 Il est 15h précise, plus de 800 journalistes et diplomates sont là.
00:04 Les photographes se précipitent, le rideau rouge s'est écarté, le président qui porte
00:08 un complet sombre apparaît.
00:09 Il salue de la main l'assistance qui s'est levée et l'invite à se rasseoir.
00:16 Mesdames, Messieurs, je me félicite de vous voir.
00:23 Je vous remercie de la visite que vous avez bien voulu me rendre.
00:29 Nous allons attendre quelques instants que ces messieurs les photographes aient terminé
00:35 leur travail.
00:36 Le président hôte ses lunettes et manifeste un peu d'impatience vis-à-vis des photographes.
00:46 Et nous revoilà.
00:53 Mon cher et vieux pays, face à face, à nouveau.
01:02 Hier bien peu lisait franchement sur nous comme l'atmosphère alors était lourde.
01:14 A présent tout le monde veut parier sur la France.
01:22 Mesdames, Messieurs, nous avons à parler d'un certain nombre de problèmes sur des objets
01:26 fort importants.
01:28 Aussi, je demande à ceux d'entre vous qui ont des questions à poser de le faire dès
01:34 à présent.
01:35 Alors, Messieurs, je vous en prie.
01:36 Je vous en prie.
01:37 Monsieur le Président, les essais nucléaires soviétiques compromettent-ils la paix internationale?
01:38 Bien.
01:39 Je vous en prie.
01:40 Monsieur le Président, pensez-vous qu'un conflit mondial, un conflit de l'intérêt
01:41 des terres, peut-il être évité?
01:55 Oui, bien et puis?
01:58 Les changements de votre politique sont-ils compatibles avec l'unité nationale?
02:03 Ah, voilà une question qu'on peut s'appeler d'opportunité.
02:07 Bien.
02:08 Et encore.
02:09 Monsieur le Président.
02:10 Je vous en prie.
02:11 On a en France des questions qui sont un peu d'une prise de conscience du secteur.
02:12 C'est-à-dire que dans les conflits, on pense que c'est une autre dégâte.
02:13 Pourriez-vous nous dire votre prise de conscience sur la politique en face du problème de
02:14 l'éthos?
02:15 Oui.
02:16 Voulez-vous être assez aimable pour me répéter votre question?
02:17 Je vous en prie.
02:18 Oui.
02:19 Quelle est votre position politique en face du problème de l'éthos?
02:20 Oui, bien.
02:41 Et puis, c'est tout.
02:56 Je vous en prie.
02:57 Monsieur le Président, approuvez-vous la décision britannique d'adhérer au marché
02:58 commun?
02:59 Bien, madmo...
03:00 Bien, madame.
03:01 Bien.
03:02 Fort bien.
03:03 Et puis, il me semble que quelqu'un m'a aussi posé une question sur le grave problème
03:04 des pigeons de Paris.
03:05 Bon.
03:06 Alors, je vais vous répondre.
03:13 On me parle des pigeons.
03:17 Je dois dire que je n'en suis pas surpris.
03:20 D'ailleurs, dans le monde où nous sommes, les choses étant ce qu'elles sont, tout se
03:26 tient, comme on dit.
03:28 La terre est ronde et l'univers est petit.
03:31 Et puis, il nous faut, oui, il nous faut t'en finir.
03:36 Nous sommes décidés, nous sommes décidément décidés d'en finir définitivement avec cette
03:47 affaire aérienne.
03:48 Et de fait que Paris, pour l'instant, est une ville où c'est ville affirmante.
04:01 Et de fait qu'il existe auprès des pigeons plus d'un million de statues de souches qui
04:13 sont elles aussi implantées, qui ont le droit strict de l'être.
04:19 Il est de fait également que les pigeons qui n'aguerrent souillaient quotidiennement
04:27 une cinquantaine de statues civiles et militaires ne font à présent que sept ou huit victimes,
04:37 dont quatre ou cinq monuments.
04:39 Mais aux yeux de la France, ce qui est en cause par-dessus tout, c'est l'avenir des
04:51 pigeons de demain.
04:54 Le cessez-le-viande, c'est un préliminaire.
05:03 Compte tenu de toutes ces données, en 1959, j'ai proclamé le droit des populations aériennes
05:13 à l'oiseau des terminations.
05:16 En 1960, j'ai à ma entreprise affirmé sans envahage que les oiseaux seraient aériens
05:26 au dedans et au dehors.
05:29 En 1961, j'ai demandé au peuple français de m'approuver.
05:35 Ce qu'il a fait, par un référendum, tous les huit francs et massifs, il y en avait
05:46 beaucoup, ont tous été joyeux.
05:51 Et parmi ceux qui ont voté non, combien l'ont fait à contre-cœur ?
05:57 En un mot, que représente donc cela ? Cela, c'est le bon sens, le but, le succès.
06:11 Et cela s'appelle la dépigeonisation.
06:16 Oui.
06:17 Pourquoi resterions-nous accrochés à bout de bras à des dominations coûteuses, salissantes
06:31 et sans issue, alors que ce dont il s'agit, c'est du dégagement ? Ce que ces oiseaux
06:41 nous coûtent, c'est le moins qu'on puisse dire, beaucoup plus qu'ils ne nous rapportent.
06:51 Le métier d'être les possesseurs et les nourrisseurs des pigeons, nous n'y tenons
06:58 pas du tout.
06:59 Assurément, je fis en aiguille comme on dit, si les populations aériennes, lors de
07:12 l'oiseau d'étermination, veulent, en défi de tous, se laisser entraîner à une rupture
07:22 avec la France, eh bien, nous n'y ferons aucune opposition.
07:29 Naturellement, il nous faut toujours avoir une solution de recours.
07:37 Sans la souhaiter, la France dispose de cette solution.
07:46 Elle consiste à mettre les pigeons d'un côté et les statues de l'autre.
07:53 Dans cette hypothèse, il va de soi que ceux des pigeons qui voudraient rester sur les
08:01 statues y resteraient.
08:03 Ces statues, nous les regrouperions dans nos musées, parce que c'est la nature des
08:15 choses et nous assurerions leur protection.
08:20 Quant aux édifices ainsi primés de leurs statues, eh bien, il nous faudrait de toutes
08:29 ces pierres faire quelque chose de particulier.
08:32 Nous les classerions monuments sous-développés.
08:36 Et ensuite, ensuite, on verra bien.
08:41 La France est fière des services que lui a rendus, lui rend et continuera de lui rendre
09:00 sa voirie.
09:01 Et cela en défi du tumulte, du tombeau, du tracassin causé par un carton de payeurs
09:14 en traite dont c'était le devoir, l'honneur et la raison d'être d'en bénir et de ne
09:24 point salir au nom de la France.
09:29 J'ordonne que tous les moyens, je dis tous les moyens, soient employés partout pour barrer
09:40 la route aux auteurs du pigeonamento en attendant de les réduire.
09:47 Français, vous voyez où risque d'aller la capitale par rapport à ce qu'elle était
10:08 en train de redevenir.
10:11 Françaises, Français, aidez-moi.
10:16 Merci.
10:17 (Applaudissements)
10:17 (...)
10:46 Merci, merci, merci.
10:49 Cette assemblée magnifique.
10:52 Et quand nous voyons cette magnifique et vibrante assemblée, nous sommes émus et
11:01 réconfortés.
11:02 J'ai été grippé mais jamais mieux.
11:10 Et mon dernier mot, mon dernier mot sera le même que le premier.
11:19 Merci.
11:20 Vive la République, vive la France.
11:23 Content de vous voir.
11:25 (...)
11:51 [SILENCE]

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