Camille Lacourt : "J'ai fait un burn-out"
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00:00 Bonjour, je m'appelle Camille Lacour, j'ai fait de la natation pendant de nombreuses années.
00:04 J'ai été cinq fois champion du monde, cinq fois champion d'Europe
00:07 et plus d'une vingtaine de fois champion de France.
00:09 Ça m'est arrivé en 2012 aux Jeux Olympiques de Londres.
00:13 Juste pour resituer, en 2011, j'étais champion du monde, en 2013, j'ai été champion du monde
00:18 et en 2012, la compétition que tous les sportifs attendent, les Jeux Olympiques, je fais quatrième.
00:23 J'étais brisé, même complètement déçu de nous-mêmes.
00:25 On n'a pas d'amour propre, on a l'impression d'avoir tout perdu, d'avoir perdu du temps,
00:29 d'avoir perdu de l'honneur, de la force de caractère.
00:33 Et quand je suis rentré chez moi, là, ça a été vraiment le moment où ça a été super compliqué.
00:37 Je pense qu'on peut presque s'approcher de la dépression.
00:42 C'était aucune envie de me lever le matin.
00:45 Moi qui avais une vie assez carrée où je me levais à une heure précise,
00:48 je mangeais à une heure précise et je mangeais très correctement.
00:51 Là, c'était vraiment du grand n'importe quoi.
00:53 En fait, j'avais l'impression que tout ce que j'avais fait avant, c'était une perte de temps.
00:58 C'est super dur de se dire qu'on a fait les choses correctement pour rien.
01:04 Alors qu'en vrai, ce n'était pas pour rien parce que derrière, on grandit et on arrive à être plus fort.
01:07 Mais quand on est dans ce burn-out, dans ce no man's land où il n'y a rien qui nous atteint,
01:13 on a l'impression d'avoir une vie sans saveur.
01:16 J'avais beaucoup de chance, j'étais très bien entouré, que ce soit de mes amis, de ma famille.
01:20 Mais quand on est dans un moment comme ça, on est seul.
01:23 Quoi qu'il arrive, on peut ressentir tout l'amour au-dessus,
01:27 mais en fait, c'est superficiel, c'est comme une brûlure profonde
01:30 et qu'on met de la crème au-dessus, c'est dessous que ça crame et que c'est douloureux.
01:34 Au début, je crois que ce burn-out était vraiment considéré comme une maladie de faible.
01:43 Et en fin de compte, on voit que c'est totalement le contraire.
01:46 Je pense que les gens qui font des burn-out et qui ont vraiment ces moments très difficiles dans leur vie,
01:51 c'est les gens qui sont très forts mentalement.
01:54 C'est des gens qui ont toujours repoussé leurs limites en pensant qu'eux pouvaient accepter plus que le reste du monde
02:01 ou le reste de l'entreprise et à un moment donné, ça ne marche plus.
02:04 Donc, nous, on est l'exemple un peu type parce qu'il y a le rapport au corps aussi.
02:07 Il y a cette fatigue physique, mais en vérité, quand il y a burn-out chez un sportif,
02:12 ce n'est pas le physique qui craque en premier.
02:13 Comment j'ai fait ce phase ? Au début, je l'ai subi.
02:19 Si on peut l'imaginer, j'avais l'impression de tomber.
02:21 Je ne savais pas où c'est que ça allait s'arrêter, mais j'avais l'impression de tomber,
02:24 d'avoir aucune branche à laquelle me retenir.
02:27 Et un matin, je me suis dit, bon, ça suffit.
02:30 C'est aujourd'hui que je touche le sol.
02:33 J'accepte d'avoir pris cet échec de pleine phase.
02:37 J'accepte d'avoir été humain et d'avoir craqué mentalement.
02:41 Ça fait partie du jeu.
02:43 Maintenant, je me relève et même si j'ai un autre échec, je le prendrai différemment,
02:47 mais je le prendrai toujours de côté positif.
02:49 Quand on a des grandes ambitions, il y a de grandes chutes.
02:52 Une phrase que j'aime beaucoup, c'est "Les grands champions, ce ne sont pas ceux qui ne tombent pas,
02:56 c'est ceux qui se relèvent vite."
02:57 Je pense que ce n'est pas être un champion sportif, c'est être un champion de sa vie.
03:01 Tout le monde tombe, mais tout le monde se relève, tout le monde apprend.
03:04 L'échec, c'est juste le début d'une nouvelle chose et pas la fin de quelque chose.
03:08 [Musique]