Aurélien Pradié, député Les Républicains du Lot, interroge ce mardi le gouvernement sur le verdict du procès de l'assassin de Shaïna. La jeune fille de 15 ans a été poignardée et brûlée vive en 2019 par son ex-petit ami. Ce dernier a été condamné à 18 ans de réclusion criminelle.
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00:00 Que vaut la vie d'une adolescente de 15 ans ? Humiliée, violée, tabassée,
00:05 poignardée 15 fois, le visage aspergé d'essence et brûlée vive.
00:11 Brûlée vive.
00:13 Que vaut dans notre République le martyr de Chahina ?
00:17 L'assassin de la jeune Chahina, dont le corps a été retrouvé calciné
00:20 au fond d'un cabanon de Creil, vient d'être jugé.
00:23 Son bourreau a écopé de 18 ans de réclusion.
00:26 30 ans avaient été requis.
00:28 Il fera tout au plus 12 ans derrière les barreaux.
00:32 Voilà ce que vaut l'assassinat de Chahina.
00:34 12 petites années de réclusion.
00:37 L'excuse de minorité aura sauvé le bourreau, pas Chahina.
00:41 Comment donner l'excuse de minorité à des actes dont l'horreur et la préméditation
00:46 n'ont plus rien à voir avec ceux d'un mineur ?
00:49 Le soir du crime, l'auteur raconte fièrement à ses amis qu'il a fumé Chahina.
00:54 Au procès, il parle d'elle comme d'une pute.
00:58 Elle a été brûlée vive, enceinte.
01:01 6 ans d'attente pour le premier procès.
01:03 Un violeur qui retrouve librement sa victime et la tabasse 2 ans avant l'assassinat.
01:08 Chahina faisait partie des 146 féminicides de 2019.
01:11 Nous sommes à 55 depuis le début de l'année.
01:14 Une juridiction spécialisée contre les violences faites aux femmes avait été promise par Emmanuel Macron.
01:19 Elle a été enterrée.
01:20 Notre justice ne sait plus prononcer la perpétuité réelle.
01:23 Elle aménage. Elle excuse.
01:26 Vous êtes devenu le gouvernement d'une justice impuissante et injuste.
01:31 Les règles doivent changer.
01:32 Si nous oublions Chahina, nous serons, vous serez, d'une lâcheté impardonnable.
01:38 (Applaudissements)
01:41 - Je vous remercie. La parole est à monsieur Olivier Véran,
01:45 ministre délégué chargé du Renouveau démocratique et porte-parole du gouvernement.
01:49 - Merci, madame la présidente.
01:51 Mesdames et messieurs les députés, monsieur le député Aurélien Pradié.
01:53 D'abord, j'excuse le garde des Sceaux qui est actuellement retenu au Sénat.
01:57 Monsieur, pour le vote d'une loi importante sur la justice.
02:01 Monsieur le député, je partage votre peine et votre colère face au drame inhumain
02:07 qui a touché la jeune Chahina et sa famille.
02:09 J'ai eu l'occasion moi-même de rencontrer son frère Yassine.
02:11 J'ai un immense respect pour le courage du combat qu'il mène ainsi que pour ses parents.
02:17 L'assassin a perdu une part de son humanité en commettant cet acte
02:22 et a tenté d'affaiblir notre humanité collective.
02:25 Mais nous sommes forts et la République est forte.
02:28 Elle est là pour assurer la protection des victimes, pour rendre le jugement.
02:32 Monsieur le député, ce qui me gêne dans votre interpellation,
02:35 c'est qu'il existe dans notre pays un principe important, fondamental, et vous le connaissez,
02:39 qui s'appelle la séparation des pouvoirs.
02:42 Comme représentant de l'exécutif et sans avoir de leçons à vous donner,
02:45 comme représentant du législateur, monsieur le député, sur cette tréportée peut-être,
02:49 si vous pouviez, comme représentant du législateur,
02:52 quelle que soit ce que peut vous inspirer la décision qui a été rendue,
02:55 elle a été rendue dans une cour d'assises par un jury populaire représentant la population.
02:59 Par un jury populaire, monsieur le député.
03:01 Et à l'heure à laquelle je vous parle, nous sommes encore dans le délai qui court,
03:05 qui permet à la famille, si elle le souhaite, de faire appel.
03:08 Donc cette affaire n'est pas complètement jugée encore, monsieur le député.
03:11 Vous interrogez le gouvernement sur ce que nous avons fait,
03:14 vous parlez notamment des juridictions spécialisées,
03:16 je vous confirme qu'il y aura des pôles spécialisés pour venir en aide aux victimes
03:20 et pour juger tout ce qui est violence et féminicide,
03:23 qui sont en train de se mettre en place.
03:25 Monsieur le député, personne ne dit que nous sommes allés au bout de la démarche,
03:28 mais il n'y a eu pas moins de quatre lois depuis 2017,
03:30 c'est la grande cause de deux quinquennats successifs.
03:33 Nous avons mis en place les bracelets électroniques,
03:35 nous avons mis en place les téléphones grand danger,
03:37 nous avons mis en place une ligne d'écoute 24/24,
03:41 nous avons multiplié par deux le nombre de condamnations au pénal pour les auteurs de violences.
03:45 Nous développons non pas un ou cinq, mais des dizaines de centres
03:48 qui viennent en aide aux femmes victimes de violences,
03:51 quelle que soit la sorte de ces violences.
03:52 Ce combat, monsieur le député, il n'est pas idéologique,
03:55 il ne porte pas une couleur politique, il doit nous unir tous dans cet hémicycle.