SMART BOURSE - Emission du lundi 12 juin

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Lundi 12 juin 2023, SMART BOURSE reçoit Vincent Boy (Analyste, IG) et Samy Chaar (Chef économiste, Lombard Odier)

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00:00 [Musique]
00:07 C'est reparti pour Smart Bourse, votre double dose quotidienne de marché en direct sur Bismarck.
00:12 Chaque jour à la mi-journée 12h30-13h et en fin d'après-midi la grande édition pendant une heure à partir de 17h.
00:18 Rediffusée à 20h sur Bismarck TV, émission que vous retrouvez chaque jour en replay sur Bismarck.fr et en podcast sur l'ensemble de vos plateformes.
00:25 Au sommaire de cette édition de la mi-journée, le démarrage d'une semaine qui va être une semaine intense pour les investisseurs
00:32 avec dès demain la publication du rapport mensuel sur l'inflation aux Etats-Unis pour le mois de mai.
00:38 Un chiffre qu'on devrait retrouver pour l'inflation globale aux Etats-Unis sur un an plus proche de 4% quand il était encore proche de 5% le mois précédent.
00:48 Ce chiffre sera le prélude à la décision de la réserve fédérale américaine qui sera rendue mercredi en début de soirée heure française.
00:58 Et puis dans le sillage de la décision de la FED nous aurons la décision de la BCE ce jeudi.
01:03 La banque centrale chinoise se réunira également cette semaine et pour clore cette séquence c'est la banque du Japon
01:10 qui rendra également sa décision et sa communication de politique monétaire ce vendredi.
01:16 Voilà donc pour la séquence de la semaine. Une semaine qui démarre positivement dans une ambiance positive sur les marchés actions.
01:22 Du vert sur l'ensemble des places ce matin en Asie et en Europe avec un 1,40 carre autour de 7250 points.
01:30 Et une question autour des changes évidemment. Le dollar qui a pas mal remonté, le dollar qui s'est pas mal détendu depuis quelques semaines
01:43 au début du mois de mai quand Jerome Powell signalait la pause à venir de la réserve fédérale américaine.
01:48 L'euro/dollar se traitait entre 1,10 et 1,11. On est redescendu entre 1,07 et 1,08 au moment où on se parle.
01:55 Où va le dollar ? C'est une des questions qu'on se posera avec nos invités en plateau.
01:59 En l'occurrence Vincent Bois qui sera avec nous, analyste chez IG pour le plan de trading de la semaine, le plan de trading de Smart Bourse.
02:05 Et puis question également avec un horizon peut-être un peu plus long terme sur la course du dollar et la volonté de dé-dollarisation
02:13 qu'on peut constater chez pas mal d'acteurs de banques centrales qui se sentent peut-être moins alignés aujourd'hui sur les intérêts américains que précédemment.
02:23 Avec cet horizon prospectif nous en parlerons avec Samy Char qui était notre invité la semaine dernière sur cette question.
02:29 Où va le dollar ? Chef économiste de Lombardotier.
02:32 [Générique]
02:42 Mais d'abord le plan de trading de la semaine avec comme chaque lundi à 12h30 les analystes d'IG qui nous accompagnent.
02:49 Vincent Bois est avec nous pour démarrer cette semaine. Bonjour et bienvenue Vincent.
02:52 Bonjour.
02:53 Bon une ambiance globalement qui reste plutôt positive. On va parler des marchés actions bien sûr mais ce qui frappe c'est quand même l'écrasement de la volatilité
03:03 qu'on peut observer sur les marchés actions. Un phénomène pas nouveau mais franchi de nouvelles étapes dans la matière.
03:09 Oui c'est vrai on a remarqué depuis quelques semaines c'est tous les vendredis et bien on a une forte chute du VIX. L'exception est faite vendredi dernier.
03:16 Est-ce que cela changera la course du VIX ou pas ? Mais c'est vrai qu'on est revenu sur les niveaux de février 2020.
03:22 Février 2020 donc avant le confinement en Italie qui a causé une hausse de la volatilité un peu sur tous les marchés.
03:28 Donc c'est tout de même extrêmement surprenant mais les marchés de l'autre côté progressent. Le S&P continue de progresser donc bien sûr ça va de pair.
03:36 Mais il y a des risques sur les marchés et pour autant les investisseurs semblent ne pas en voir de risque.
03:42 Donc c'est plutôt positif pour tout le monde en tout cas pour les investisseurs et pour les indices.
03:47 Mais il pourrait y avoir justement un changement de polarité sur le VIX parce que lorsqu'on le voit justement de nouveau plus basse et à ce moment-là il peut y avoir un risque sur le marché.
03:56 Il faut comprendre le VIX au plus bas c'est aussi pour certains investisseurs des achats de protection à bon compte.
04:04 On peut acheter des poutes pas cher aujourd'hui sur le marché c'est ça Vincent ?
04:07 Oui tout à fait des poutes se protéger et on voit d'ailleurs des mécanismes importants.
04:12 Alors actuellement c'est plutôt des calls qui sont achetés sur les marchés puisque on voit quand même que beaucoup sont encore à la vente.
04:19 Même si petit à petit la psychologie est plutôt à l'achat. On a vu l'indice Nasdaq 100, on voit les fonds d'investissement, les flots de cash qui arrivent dans les fonds d'investissement.
04:28 Donc c'est plutôt à l'achat mais il y a encore de l'autre côté certains poutes, certaines personnes qui voient bien entendu la politique monétaire qui à terme va probablement avoir un impact
04:36 sur l'économie et sur les marchés.
04:38 Ça va être le grand sujet de la semaine effectivement avec les réunions de Banque Centrale devant nous.
04:42 Et cette question où va le dollar avec la parité euro/dollar qui reste évidemment un indicateur de marché très important.
04:48 Vincent je le disais depuis le début du mois de mai, la dernière réunion de politique monétaire de la Fed, quand Jérôme Pohel signalait l'idée d'une pause,
04:57 l'euro/dollar était plutôt entre 1,10 et 1,11. Plusieurs semaines après on le retrouve, on l'a retrouvé à moins de 1,07, on le retrouve là entre 1,07 et 1,08.
05:06 Oui on reste finalement dans ce range qu'on a depuis novembre de l'année dernière qui évolue en fonction des commentaires des membres de la Fed.
05:16 Parce qu'on a vu qu'il y avait des commentaires un peu différents qui ont amené tantôt à une légère correction sur les marchés et le lendemain finalement un discours différent qui amène à une baisse.
05:26 Donc ici on a l'euro/dollar qui bouge en fonction probablement surtout du dollar américain et de la Fed.
05:33 Et donc le rendez-vous, comme vous le disiez juste avant, ce rendez-vous de la Fed qui est pris mercredi pourrait amener à une première volatilité sur cette paire.
05:40 Et puis la BCE le lendemain pourrait en amener une seconde. Donc là sur quatre jours on a l'inflation américaine le mardi, la Fed le mercredi, la BCE le jeudi et puis l'inflation en zone euro vendredi.
05:50 Donc on devrait avoir une certaine volatilité. Pour le moment probablement le début de semaine pourrait être plutôt en faveur d'une poursuite de la hausse sur l'euro/dollar puisque le dollar américain pourrait être un peu à la baisse.
06:03 On a une inflation qui va reculer très probablement sur les Etats-Unis. Et donc une poursuite de cette euphorie qui devrait se poursuivre dans les prochains jours jusqu'à Powell.
06:14 Parce que pour le moment les taux vont rester les mêmes, très probablement, c'est ce qu'on attend en tout cas. Il ne surprend que peu les marchés.
06:21 En revanche le discours c'est là où on pourrait avoir quelques surprises. Le discours et puis il ne faut pas oublier qu'il y a les nouvelles projections économiques qui sont publiées seulement tous les trimestres.
06:30 Quels vont être les niveaux techniques à surveiller sur la parité euro/dollar justement dans une séquence potentiellement volatile ?
06:36 Alors sur l'euro/dollar on peut aller chercher une moyenne mobile qui est située ici sur les 1,08, 1,0810 qui est le plus haut que l'on a atteint donc plutôt à la hausse comme je le disais.
06:47 1,08, 1,0810, le plus haut récent, la moyenne mobile sans période. Et je pense que ce sera ensuite et bien mercredi Jérôme Powell et la BCE également qui a quand même un peu d'impact sur les marchés.
06:57 Ce qui pourrait amener soit avec un discours au quiche, un discours plus restrictif, un retour baissier si nous avons enfin peut-être des risques qui sont pris en compte par les marchés.
07:07 Un retour baissier sur les indices ce qui pourrait nous amener peut-être à un retour haussier sur le dollar de court terme et revenir ici sur les plus bas si on a réellement un risque.
07:16 Ce serait ce niveau que l'on peut voir sur les 1,0520 mais cela traduirait réellement une hausse du dollar américain et donc des risques sur les marchés ce qu'on ne connaît pas depuis quelques semaines.
07:25 Bon, séquence Banque Centrale évidemment qui va être cruciale pour les prochains jours et les prochaines semaines sans doute.
07:31 Du côté des indices actions, le phénomène quand même c'est la poursuite du rattrapage du marché américain avec un S&P qui rejoint d'autres indices qui ont déjà rebondi de plus de 20% par rapport à leurs points bas,
07:44 notamment les indices européens, le Nikkei également et désormais le S&P 500 qui est revenu à 20% et plus de ses points bas récents qui avaient été marqués en octobre 2022.
07:56 Tout à fait, en mi-octobre on avait eu un short squeeze où l'inflation était au-dessus et puis finalement tout le monde était en short, en tout cas tout le monde vendait et le marché avait fortement rebondi.
08:06 C'était le point bas que l'on voit sur le graphique, ici il est tout à fait, en tout cas on le voit très bien cette baisse et puis retour aussi immédiat et donc depuis 20% ce qui sur les marchés est donc un bull market.
08:20 Un marché aussi à partir de 20% par rapport aux points bas. Et on revient sur ce point haut de août, c'était août dernier, c'était Jérôme Poel justement à Jackson Hall qui avait un peu,
08:31 même fortement déçu les marchés et on avait eu un retour baissier extrêmement important qui avait remis finalement les marchés en place.
08:37 Ici donc on est sur ce niveau, on est sur les 4300-4320, on peut peut-être en début de semaine, avant Jérôme Poel encore une fois, c'est vraiment le point pivot, c'est pas le pivot de la fête mais peut-être pour les marchés.
08:48 Et ici 4300-4320 peut-être un peu au-delà. Attention en revanche on est tout de même sur des marchés qui sont très positionnés à la hausse, qui sont euphoriques limite, sur certaines valeurs mais tout de même,
08:59 et qui pourraient donc amener, si nous avions Jérôme Poel qui remet légèrement les marchés en place, un petit pull back, un échec à franchir ces 4300, le plus haut donc d'août dernier.
09:09 On pourrait revenir sur le seuil fatidique, on a mis des semaines à le franchir et on pourrait revenir le tester, 4200, ce qui pourrait être en cas de rebond et de maintien là-dessus, une confirmation du marché haussier.
09:21 Si on venait casser finalement ces 4200, ça remettrait effectivement en cause ce rebond.
09:26 On ne l'a pas précisé mais c'est une semaine d'échéance également sur le plan des dérivés de marché.
09:30 Ça veut dire que la clôture hebdomadaire de cette semaine elle va être quand même particulièrement importante au terme des événements en Banque Centrale et au terme de l'échéance du mois de juin.
09:41 On a les options mensuelles sur les dérivés donc qui vont arriver à échéance jeudi-vendredi et on a les Banques Centrales, on a Jérôme Poel,
09:49 mais on a également, alors est-ce que cela va amener un drainage de la liquidité ou pas, c'est l'émission obligataire des Etats-Unis.
09:56 Donc il y a près de 500 milliards qui vont être mis sur le marché d'ici la fin du mois et donc les marchés, on voit les actions qui sont au top.
10:03 Est-ce que les investisseurs vont enlever un peu de liquidité des actions et peut-être des crypto-monnaies pour aller sur les obligations ?
10:09 C'est possible mais cette liquidité pourrait être effacée par la Fed mais finalement ne serait pas en adéquation avec une politique monétaire restrictive.
10:17 Qu'est-ce qu'on peut dire de ce groupe de valeurs là qui tient les marchés américains, alors le Nasdaq et derrière le Nasdaq le S&P 500 ?
10:24 C'est une situation de tension importante sur les prix pour les valeurs type Nvidia bien sûr et tout le groupe de valeurs qui tourne autour,
10:33 puisque ce sont ces valeurs là qui font la performance, qu'est-ce qu'on peut dire de leur solidité ou de leur fragilité technique aujourd'hui ?
10:39 Alors on arrive sur des plus hauts historiques pour beaucoup, Nvidia on est bien au-delà bien entendu,
10:44 mais Microsoft ou encore Apple on est sur les plus hauts historiques, donc au niveau technique c'est plutôt un risque,
10:50 on pourrait voir justement avant éventuellement de prendre en compte les risques, on va prendre les bénéfices, on va voir ce qui se passe
10:57 et donc un pull back pourrait arriver dans Microsoft, on a d'autres valeurs qui sont au plus haut historique,
11:04 on a Tesla également qui est loin du plus haut historique mais qui progresse depuis 11 ou 12 séances d'affiches,
11:10 qui est plus que ce qu'on a vu en 2021, qui était quand même signe d'une euphorie extrêmement importante.
11:15 Donc tout de même celles qui tirent pour le moment la croissance sont arrivées à un niveau technique,
11:20 en tout cas qui serait raisonnable de penser qu'on pourrait prendre ses bénéfices là-dessus,
11:25 donc un risque tout de même sur ces valeurs mais il faudrait que d'autres valeurs peut-être prennent le relais.
11:29 Qu'est-ce qu'on peut dire de la situation des indices actions en Europe ?
11:33 On est en cours après un run quand même spectaculaire depuis l'automne dernier et c'est vrai qu'on observe au fur et à mesure
11:39 que les indices américains regagnent en momentum, on observe une sous-performance maintenant de l'Europe sur quelques semaines,
11:46 tout au cours du mois de mai notamment, ça a été le cas, sans pour autant que la correction des indices actions en Europe ait été spectaculaire.
11:54 Oui, surtout le DAX, on n'est vraiment pas très loin du plus haut historique.
11:57 Sur le CAC, on a quelques centaines de points, on a pris 300 points de baisse qui n'est pas excessif, ce qui est plutôt on va dire sain finalement pour ne pas avoir une surchauffe.
12:06 Mais de la même manière au niveau technique, on peut voir un retour baissier un peu plus important, tout va dépendre également de la Chine.
12:14 On le disait tout à l'heure, il y a la PBOC qui est la banque centrale de Chine, on a vu la semaine dernière qu'ils étaient plutôt enclin à amener d'autres soutiens,
12:22 notamment sur le marché immobilier, ils ne voulaient pas forcément un soutien monétaire parce que le Han est également sous pression un peu,
12:29 baisser les taux peut-être plutôt négatif pour leurs monnaies, mais en tout cas on va avoir des soutiens.
12:34 On a la PBOC, on a la décision de politique monétaire et puis probablement d'autres soutiens qui vont venir jeudi,
12:40 donc qui pourraient peut-être permettre un rebond, en tout cas sur le papier c'est comme ça.
12:45 Après si les indices américains venaient justement à se dire qu'on était un peu loin pour le moment, un peu haut, en attendant de voir ce qui se passe,
12:53 les indices européens probablement prendraient le pas également.
12:56 Et donc au niveau technique sur le CAC, on a de la même manière le plus haut récent, la moyenne mobile en vert sur le graphique, proche des 7290-7300,
13:05 peut-être en début de semaine, comme je le disais, l'inflation un peu plus basse aux Etats-Unis, dans l'attente de Jérôme Powell, pourrait venir tester justement les 7300.
13:13 Un retour en arrière possible justement, si on venait casser ces 7100 qu'on a vu, qui a permis le rebond en mai,
13:20 et bien on pourrait aller chercher sous les 7000 points, le plus bas ici du mois de mars, proche des 6850-6900 points.
13:27 Effectivement, donc ce risque de retracement un peu plus marqué, il existe toujours aujourd'hui, d'autant qu'un des moteurs essentiels du marché parisien et donc du marché européen,
13:38 le luxe connaît un coup d'arrêt à l'inverse de la tech américaine. On a souvent comparé les deux groupes de valeurs.
13:44 Bon, la tech américaine, emmenée par une poignée de valeurs continue son ascension, le luxe, lui, a véritablement marqué un coup d'arrêt quand même au cours du mois de mai.
13:53 Oui, il y a eu des ventes sur LVMH notamment, on a vu une séance sans information particulière finalement, d'une baisse de plus de 4%,
14:00 ce qui a un peu signalé justement que peut-être les valeurs du luxe étaient allées un peu haut.
14:04 C'était le cas du CAC également, parce qu'ils ont investi, ou en tout cas les fonds d'investissement se sont remis dessus, sur le rebond de l'économie chinoise.
14:12 On a vu que le Hang Seng à Hong Kong, où les indices se sont arrêtés plutôt en début d'année sur ce rebond, et ensuite ont évolué sans réelle tendance.
14:19 Le CAC, lui, a continué cette hausse et donc depuis on a des statistiques en Chine qui sont quand même décevantes, et notamment sur la demande intérieure,
14:27 parce que c'est ce qui va intéresser la croissance du luxe, et donc les niveaux d'importation extrêmement bas, les ventes au détail également,
14:34 et donc on voit tout de même une économie également manufacturière, mais une économie qui a besoin d'un nouveau souffle pour un rebond.
14:42 Est-ce que les décisions de la PBOC, de la Banque Centrale Chinoise, ou les soutiens budgétaires vont suffire ?
14:50 Peut-être, mais attention tout de même aux risques avec des valorisations qui sont allées assez haut, notamment dans le luxe.
14:55 On aura cette semaine une réunion du côté de la Banque Centrale Chinoise, et puis toute une série de données relatives au mois de mai,
15:02 en provenance de Chine, concernant la consommation, les ventes au détail, la production industrielle, le niveau d'investissement également déployé au cours du mois de mai.
15:10 Ce seront évidemment des informations importantes pour les investisseurs au milieu de cette séquence Banque Centrale.
15:15 FED décision mercredi, jeudi la Banque Centrale Européenne, la Banque Centrale Chinoise, et vendredi la Banque du Japon.
15:23 Merci beaucoup Vincent. Vincent Bois avec nous chaque lundi, les équipes d'IG pour le plan de trading de SmartBank.
15:29 Et reprenons cette grande question, où va le dollar ? Où va le dollar demain, après-demain, et dans une perspective de moyen long terme ?
15:48 C'est la question, ou ce sont les questions que nous avons posées à Sam Ichard en fin de semaine dernière, chef économiste de Lombardodier,
15:54 qui était avec nous en visioconférence dans SmartBank.
15:57 À court terme, tout dépend du différentiel de taux d'intérêt, et notamment du différentiel de taux d'intérêt réel.
16:07 À très court terme, on a le sentiment qu'on a atteint un équilibre. La réserve fédérale américaine est proche de son apogée.
16:13 La Banque Centrale Européenne l'est également, à 3,5 ou 3,75. On sent qu'on y est. Et puis l'inflation est en train de baisser dans les deux zones.
16:21 Donc le différentiel de taux d'intérêt réel entre l'Europe et les États-Unis me semble stable.
16:27 Et ça nous dit un dollar qui devrait végéter entre 1,05 et 1,10. On a un forecast fin d'année à 1,10 sur ce différentiel-là.
16:36 En revanche, ça bougera plus lorsque ce différentiel de taux d'intérêt va se faire défavorable au dollar.
16:43 C'est lorsqu'on aura atteint un niveau d'inflation plus confortable qui permettra aux banques centrales d'indiquer qu'elles vont peut-être commencer à baisser les taux en 2024.
16:52 Et comme la Fed a plus d'espace pour baisser les taux que les autres banques centrales, ça devra être négatif dollar.
16:58 Donc 1,05, 1,10 aujourd'hui, et probablement 1,15, 1,20 au fur et à mesure qu'on s'engage dans 2024.
17:05 Effectivement. Donc cette reprise du dollar, c'est pour vous une parenthèse dans une route qui est plutôt une route d'affaiblissement du dollar, en tout cas sur l'horizon fin d'année.
17:18 Sami, quand on parle d'un affaiblissement du dollar, évidemment on regarde la parité euro/dollar naturellement.
17:25 Est-ce que face à d'autres devises, on peut imaginer que le mouvement de baisse du dollar soit un mouvement prononcé, significatif ?
17:32 Ou est-ce que ce sont les devises face au dollar qui pourraient profiter de l'affaiblissement du dollar ?
17:36 Alors lorsqu'on sera dans une tendance d'affaiblissement du dollar, en raison du différentiel d'intérêt, c'est-à-dire à partir du moment où la réserve fédérale américaine pourra couper les taux,
17:46 et on pense à la première baisse de taux en mars 2024, ce sera une dépréciation généralisée du dollar dans un environnement qui sera un environnement d'amélioration.
17:57 Lorsque la croissance mondiale va bien, généralement le dollar perd un petit peu de valeur contre le reste des devises,
18:03 puisque l'effet reste du monde versus les Etats-Unis s'épanouit, et c'est généralement dans ce contexte-là qu'on a une dépréciation un peu plus généralisée du dollar
18:13 sur un différentiel de croissance favorable aux émergents, sur un différentiel d'intérêt qui sera probablement favorable à l'euro, et également au yen.
18:22 C'est un tout petit peu tôt pour imaginer cet affaiblissement du dollar généralisé, pour ça il faut vraiment que l'inflation revienne vers des niveaux plus confortables,
18:31 et que la Fed puisse commencer à indiquer qu'elle baissera les taux en 2024, on n'en est pas encore complètement là, donc un certain équilibre autour de 1,05, 1,10 aujourd'hui.
18:39 – Au-delà de ce cycle ou ce mini-cycle conjoncturel que vous décrivez, Samy, dans une vision plus prospective, et c'est d'ailleurs l'exercice auquel vous vous êtes attelé dans ce papier de recherche,
18:52 il y a cette volonté d'une partie du monde, peut-être même grandissante, de se dé-dollariser.
19:00 Comment est-ce que vous intégrez cette volonté affichée de la part de certains états, banque centrale, moins alignée peut-être que précédemment sur les intérêts du dollar et les intérêts américains,
19:11 comment ce facteur-là peut jouer dans une perspective de long terme quand on regarde la devise américaine ?
19:18 – Oui Grégoire, on va beaucoup en entendre parler de cette dé-dollarisation, parce qu'à chaque fois que la valeur du dollar faiblit,
19:24 même si c'est en raison d'un différentiel d'intérêt, on va avoir tendance à parler de dé-dollarisation, et encore plus aujourd'hui,
19:29 parce que vous l'avez très bien dit, il y a une réalité géopolitique, une volonté peut-être de se protéger des sanctions à terme,
19:35 et donc pourquoi pas se dé-dollariser, notamment quand on pense à certains gros émergents.
19:43 Le problème, c'est qu'on a une conviction très très forte sur la question, et on est ravi d'en débattre,
19:47 mais c'est que c'est très difficile de se dé-dollariser à deux niveaux.
19:50 Déjà au niveau du stock, c'est que si vous avez beaucoup de réservants en dollars,
19:54 on pense aux Chinois qui en ont 3 500 milliards, si vous voulez dé-dollariser, comment vous faites ?
19:58 Il n'y a que 1 000 milliards de francs suisses disponibles, elle est détenue par la Banque Nationale Suisse,
20:04 pareil pour le Yen, les réservants Yen sont détenus par la Banque du Japon,
20:08 donc c'est difficile de trouver des actifs disponibles.
20:11 Ensuite, au niveau de votre stock, si vraiment vous voulez dé-dollariser, vous allez céder de la liquidité,
20:16 puisque vous allez acheter une devise qui est moins disponible, vous allez lâcher de la sécurité,
20:21 par exemple si vous allez pour du renminbi chinois, vous avez à faire face à un compte de capital qui est fermé,
20:27 donc moins de sécurité institutionnelle, et vous allez devoir lâcher du rendement,
20:31 parce que par exemple pour le renminbi, la Banque Populaire de Chine paye 2 sur les réservants en renminbi,
20:36 alors qu'aujourd'hui la Fed paye 5 sur les réserves en dollars.
20:41 Donc évidemment, gérer son stock de dollars pour quelque chose d'autre, on voit bien que c'est assez compliqué,
20:46 sans rentrer dans les questions du flux, c'est-à-dire que tous ces pays continuent de recevoir des dollars,
20:52 parce qu'ils dépendent du consommateur américain, c'est donc légitime de vouloir se dé-dollariser,
20:57 en revanche, ce n'est pas toujours possible.
21:00 Effectivement, à l'instant T, ça paraît compliqué.
21:02 Est-ce qu'on peut réfléchir à l'idée d'alternatives montantes qui pourraient devenir crédibles à un moment,
21:09 au moins partiellement pour certaines banques centrales ?
21:12 L'idée de l'euro à un moment était cette idée-là, Samy ?
21:17 C'est un très bon point, Grégoire, c'est assez amusant d'ailleurs.
21:21 Si vous êtes brésilien, chinois, et que vous souhaitez dé-dollariser,
21:26 est-ce que vraiment vous vous protégez des sanctions et du bloc dollar en allant pour de l'euro, du sterling ou du yén,
21:33 qui sont très clairement, encore une fois, des alliés des États-Unis ?
21:36 Donc vous ne parvenez pas à vos fins lorsque vous diversifiez votre stock dans de l'euro ou dans des devises alliées aux Américains.
21:45 Vous devez le faire dans un actif qui est, quelque part, en dehors du bloc dollar,
21:49 et là je ne vois pas beaucoup d'alternatives au renmingbi chinois.
21:53 Et donc effectivement, on voit bien quand même la difficulté à trouver une alternative, en tout cas en ce qui concerne le stock.
22:01 Est-ce qu'on peut imaginer la création d'alternatives presque ex nihilo ?
22:05 Je sais qu'au sein des BRICS, par exemple, la question peut-être de créer un actif commun qui pourrait être une monnaie,
22:12 au moins une monnaie de réserve, ce sont des sujets qui reviennent régulièrement,
22:16 alors qu'ils sont au niveau de la discussion, de la conversation verbale aujourd'hui,
22:21 mais ce sont des idées qui traînent, pour dire les choses très clairement.
22:25 Absolument. C'est légitime. Alors, on a beaucoup parlé du stock.
22:29 Est-ce qu'on peut trouver une alternative au stock, le renmingbi, peut-être d'autres émergents qui, comme vous l'avez si bien dit,
22:36 créeraient une réserve ex nihilo ? Le problème, si vous voulez vraiment dédollariser,
22:40 c'est que vous devez gérer aussi le flux de réserve en dollars que vous continuez de recevoir.
22:45 Comprenez le mécanisme économique sous-jacent à ce flux de réserve en dollars.
22:51 La plupart des pays émergents, et notamment la Chine, sont très fiers d'avoir un excédent commercial,
22:57 donc de vendre leur production acquis essentiellement aux consommateurs américains.
23:02 Or, ce consommateur américain, il paye en quoi ? Il paye en dollars.
23:06 Donc, tous les pays émergents, et notamment la Chine, qui sont excédentaires par rapport aux États-Unis,
23:12 de facto vont continuer, mois après mois, à recevoir des dollars.
23:17 Donc, même si vous arrivez à gérer votre stock de dollars, votre problème, c'est que vous restez dans un fondamental de croissance
23:24 où vous accumulez du flux, mois après mois.
23:28 Et ça veut dire que si vous voulez vraiment vous dédollariser, notamment au niveau du flux, pas uniquement au niveau du stock,
23:35 vous devez changer votre modèle de croissance et vous devez accepter de ne plus être excédentaire par rapport aux consommateurs américains.
23:41 Vous devez donc plus dépendre de votre propre consommateur ou d'un autre consommateur.
23:46 Et là, encore une fois, on voit le manque de progrès qui est fait par la Chine au niveau de sa diversification économique.
23:53 Donc, pour conclure, le fait que le monde dépende encore autant du consommateur américain
23:59 fait que ce sera très difficile d'inverser ce flux de dollars qui se répartit sur l'ensemble de la planète.
24:08 Samy Char, chef économiste de Lombard Audi avec nous en visioconférence.
24:11 Il était l'invité de Smart Bourse en fin de semaine dernière, au démarrage de cette nouvelle semaine,
24:17 avec cette séquence Banque Centrale devant nous, Fed, BCE notamment et Banque du Japon également
24:22 qui se réuniront tout au long de la semaine pour livrer leur dernière vue sur l'économie
24:27 et en matière de décision de politique monétaire également.
24:30 Voilà pour cette édition de Smart Bourse de la Mise en Nuit.
24:32 On se retrouve à 17h en direct sur Bismarck.
24:35 [Musique]

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