Les 16 et 17 juin prochain, sept présidents africains ont prévu de rencontrer tour à tour Volodymyr Zelensky et Vladimir Poutine. À la manœuvre, derrière cette tentative de médiation qui bénéficie d’une neutralité bienveillante de la part d’Emmanuel Macron, l’homme d’affaires français Jean-Yves Ollivier.
L’analyse de François Soudan au micro de RFI.
Pour en savoir plus : https://www.jeuneafrique.com/1451138/politique/entre-poutine-et-zelensky-une-mediation-africaine-sous-loeil-de-macron/
L’analyse de François Soudan au micro de RFI.
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00:00 François Soudan, bonjour. Cette semaine dans Jeune Afrique, la tentative de médiation de sept chefs d'État africains entre la Russie et l'Ukraine,
00:08 laquelle devrait intervenir les 16 et 17 juin prochains, annonce ses organisateurs.
00:15 À la baguette, le maestro Jean-Yves Olivier, tout de suite.
00:19 Deux mots de cet homme d'affaires proche du président congolais Denis Sassou Nguesso.
00:23 Comment présenteriez-vous ce cerveau de cette initiative ?
00:27 Un homme complexe, atypique, 78 ans, il a fait fortune dans le négociation des matières premières
00:32 et qui depuis une quarantaine d'années donne avec une certaine ingéniosité, il faut le reconnaître,
00:36 dans la diplomatie parallèle en appliquant à la politique les recettes du négociant.
00:40 Alors, non sans réussite d'ailleurs, on l'a vu au Liban, au Comore, en Afrique du Sud, récemment en Libye,
00:44 très proche, vous l'avez dit, de Denis Sassou Nguesso, mais aussi de Macky Sall, de Rama Fosa, de Fornia Singbet, de Moussé Vény,
00:51 avec de fortes connexions en Russie où il a été consultant de Rosatom,
00:54 mais aussi en Grande-Bretagne où il a installé sa fondation Brasaville aux Etats-Unis.
00:58 Il est par contre tenu un peu à bout de gaffe à Paris, où on le juge incontrôlable,
01:02 et où on met en cause la porosité supposée entre ses activités de négociation et de diplomatie de l'ombre.
01:07 En fait, Norbert Olivier est tout simplement un personnage inclassable.
01:10 Alors, qui compose cette délégation africaine et pourquoi un tel panel ?
01:15 Sept chefs d'État, Rama Fosa, Sassou Nguesso, El-Sissi, Moussé Vény, Ishidema le Zambien, Macky Sall,
01:22 ainsi que le Comorien Azali Assoumani, qui est président de l'exercice de l'U.A.
01:26 et qui après avoir beaucoup hésité s'est finalement joint au projet.
01:29 L'objectif c'est de se rendre à Kiev, puis à Saint-Pétersbourg, via la Pologne.
01:33 Vous avez dit 16-17 juin, c'est la date annoncée,
01:36 c'est en tout cas ce dont ils se sont convenus entre eux lors d'une réunion en visioconférence.
01:40 C'est une composition qui se veut équilibrée, puisqu'elle va du pro-russe Rama Fosa au pro-ukrainien Ishidema,
01:45 le président Zambien, en passant par toutes les nuances du non-alignement.
01:48 Poutine et Zelensky ont fait savoir qu'ils la recevront,
01:51 et cette initiative bénéficie de la neutralité bienveillante des Américains, des Britanniques,
01:55 et même des Français, puisque Emmanuel Macron, qui était très réservé au départ,
01:59 par crainte d'une manœuvre russe, l'a qualifié de légitime
02:02 lors d'un entretien qu'il a eu avec Rama Fosa le 3 juin.
02:05 Bon, reste à savoir sur quoi elle va, où on peut déboucher énormément.
02:08 Reste à savoir si elle a des chances de réussir là,
02:10 ou toutes les autres, celle de la Chine ou celle du Pape par exemple, ont échoué.
02:15 Un minima démontrait que l'Afrique n'est pas en jeu,
02:18 qu'elle est prise au sérieux, qu'elle n'est pas quantité négligeable,
02:21 alors qu'elle est l'une des victimes collatérales de la guerre.
02:23 Au-delà des objectifs et des termes de cette amorce de médiation,
02:27 demain, pour l'instant, il faut le reconnaître, assez flou,
02:29 même si on assure du côté de la Fondation que des propositions sont sur la table.
02:33 À tout le moins, les chefs d'État, Norbert, comptent jouer sur une corde sensible
02:35 pour obtenir des concessions côté russe.
02:37 Vous savez que du 26 au 29 juillet se tiendra à Saint-Pétersbourg un sommet Russie-Afrique
02:41 pour lequel Poutine est très demandeur d'une forte participation africaine de haut niveau.
02:45 S'il veut obtenir, il faudra bien qu'il donne quelque chose en échange, espérons.
02:48 Alors, il le faudrait, parce que c'est une part de leur crédibilité
02:52 que les chefs d'État engagent dans cette mission de paix, au risque qu'ils le reconnaissent.
02:55 Oui, mais justement, cette initiative ne fait-elle pas le jeu de la Russie ?
03:00 C'est difficile à dire. Pour l'instant, ils se veulent totalement équilibrés entre les deux.
03:04 Il va falloir que la Russie fasse des concessions, c'est ce que dit Jean-Yves Olivier. On verra bien.
03:07 François Soudan, merci.