90 Minutes Info Week-End (Émission du 10/06/2023)

  • l’année dernière
Les invités de #90minutesInfoWE débattent de l'actualité le samedi et le dimanche.

Category

🗞
News
Transcription
00:00:00 Il est 15h30, ravie de vous accueillir pour 90 minutes info à la une aujourd'hui.
00:00:05 Les suites de l'attaque au couteau d'Annecy, la garde à vue de l'assaillant a pris fin.
00:00:09 La procureure d'Annecy a fait le point en début d'après-midi sur les suites judiciaires de l'affaire.
00:00:14 Nous allons largement y revenir. Nous retournerons également sur place dans ce parc où six personnes ont donc été blessées à l'arme blanche jeudi.
00:00:21 Donc quatre jeunes enfants. Leur état de santé est rassurant. Le pronostic vital est levé pour l'ensemble d'entre eux.
00:00:28 On ira donc voir sur place nos envoyés spéciaux, témoignages également dans l'émission et éclairage de nos invités en plateau.
00:00:35 Georges Fenech est toujours avec nous, consultant CNews. A vos côtés, nous accueillons Thomas Carpellini.
00:00:41 Bonjour Thomas. Juriste de formation, bientôt avocat. On vous souhaite beaucoup de courage.
00:00:46 Et William Taye. Bonjour. Président du Think Tank le Millénaire, cercle de réflexion en français.
00:00:53 Et puis Célia Barotte est avec nous également. Célia Barotte, journaliste au service de police, de CNews.
00:00:58 Qui était à Annecy ces deux derniers jours et qui continue de nous apporter également ses éclairages du terrain dans l'émission.
00:01:05 Il est 15h30 pile. Il est donc temps de faire un point sur l'essentiel de l'actualité. Je passe la parole à Mathieu Dewez.
00:01:11 Le principal suspect de l'attaque perpétrée à Annecy a été mis en examen et placé en détention provisoire pour tentative d'assassinat.
00:01:20 Selon la procureure de la République, il n'y a pas de motivation terroriste à ce stade.
00:01:24 Le réfugié syrien à poignard des jeudis, deux adultes et quatre très jeunes enfants dont le pronostic vital n'est plus engagé.
00:01:31 Une grande partie du pays sera sous les orages. Aujourd'hui, sept départements du Nord-Ouest ont été placés en alerte orange par Météo France.
00:01:38 La Manche, le Calvados, la Seine-Maritime, la Mayenne, la Sarthe, l'Orne et l'Eure.
00:01:43 Seuls quelques départements, vous le voyez, seront épargnés par les intempéries.
00:01:47 Enfin en Colombie, quatre enfants ont été retrouvés vivants après avoir passé 40 jours dans la jungle amazonienne.
00:01:53 Agés de 13, 9, 4 et 1 ans, les frères et sœurs sont des miraculés.
00:01:57 Ils ont survécu au crash de leur petit avion de tourisme. C'était le 1er mai.
00:02:01 Le président colombien parle d'un exemple de survie totale qui restera dans l'histoire.
00:02:06 La procureure d'Annecy, Lynn Bonnet-Mathys, a donc tenu à la mi-journée une conférence de presse.
00:02:13 Elle a donné des points sur l'enquête en cours, enquête qui débute à peine depuis l'interpellation du réfugié syrien,
00:02:19 auteur principal suspect de l'attaque au couteau de jeudi.
00:02:23 Elle a surtout donné des précisions sur l'état du détenu.
00:02:27 On va entendre que ses motivations restent floues, mais on en a appris un tout petit peu plus tout à l'heure.
00:02:32 Le garde à vue a refusé de s'exprimer tout au long de sa garde à vue.
00:02:37 Lors de son interpellation, il était porteur d'une arme de type couteau pliable, qui a servi à l'agression.
00:02:45 Il avait sur lui deux images chrétiennes, une croix autour de son cou, 480 euros en espèces et un permis de conduire suédois.
00:02:55 Sur sa situation en France, à Annecy, il serait SDF, sans domicile fixe, des premiers témoignages recueillis.
00:03:03 Il vivait donc dans les parties communes d'un immeuble du centre-ville d'Annecy.
00:03:07 Il est inconnu des services de police et de justice en France.
00:03:10 Le gardé à vue a été examiné à deux reprises par un médecin qui a déclaré son état de santé compatible avec sa garde à vue.
00:03:16 Des dépistages sanguins aux stupéfiants et à l'alcool ont été réalisés et se sont révélés négatifs.
00:03:23 Il a fait l'objet, au cours de sa garde à vue, d'un examen par un médecin psychiatre
00:03:28 qui a considéré que son état de santé était compatible avec une audition en garde à vue.
00:03:34 Le médecin psychiatre a relevé l'absence d'éléments délirants francs.
00:03:39 Toutefois, prématuré de porter une appréciation sur une éventuelle absence ou présence de pathologie psychiatrique à ce stade.
00:03:46 En l'état, il est prématuré de porter une appréciation sur les motivations de cet acte,
00:03:50 au regard notamment de l'absence de déclaration du mis en cause,
00:03:54 tant au cours de sa garde à vue que devant les juges d'instruction et devant le juge des libertés de la détention.
00:03:59 Des témoins entendus par les enquêteurs ont indiqué l'avoir entendu évoquer sa femme, sa fille et prononcer le nom Jésus-Christ.
00:04:08 On va commenter évidemment ces quelques informations confirmées par la procureure tout à l'heure.
00:04:14 Célia Barotte, la garde à vue du suspect a été levée ?
00:04:19 Oui, elle a été levée ce matin aux alentours de 9h15. Il s'est dirigé au tribunal, au palais de justice, pour être présenté au juge d'instruction.
00:04:28 Mais c'est une sortie du commissariat un peu étonnant parce que le mis en cause est sorti du commissariat sur une chaise médicalisée.
00:04:36 Cela veut dire qu'il a refusé de sortir de lui-même du commissariat. Il a fallu le contraindre à une sortie.
00:04:43 Le mis en cause depuis son arrestation refuse de coopérer avec les enquêteurs.
00:04:48 Il refuse toute déclaration. Parfois on a noté un comportement assez perturbé, un comportement assez incohérent avec ses propos également.
00:04:57 Il se jetait par terre, il a refusé de sortir de sa cellule.
00:05:01 On dénote quand même un comportement psychiatrique assez flou.
00:05:05 Les enquêteurs vont mener plusieurs investigations pendant plusieurs mois sur cet état de santé pour savoir s'il était responsable ou irresponsable de son acte au moment des faits.
00:05:16 En tout cas pour l'instant, il n'y a aucun élément psychiatrique important à dénoter.
00:05:23 Il a été présenté devant un juge d'instruction, puis ensuite à un juge des libertés de la détention.
00:05:28 Il est actuellement mis en examen et placé en détention provisoire.
00:05:32 Des éléments de réponse qui viennent rassurer un petit peu les anétiens parce qu'ils souhaitent que cet homme soit jugé très vite et aussi sanctionné.
00:05:40 Car le jeune âge des victimes émeut toute une ville et tout un pays.
00:05:47 A choqué tout le monde, même si on le rappelle, la principale information confirmée par Mme la procureure de la République d'Annecy tout à l'heure, c'est que les pronostics vitaux de ces quatre enfants sont levés.
00:05:57 Ils restent hospitalisés, mais leur jour ne serait plus en danger.
00:06:01 Thomas Carpellini, finalement ce qu'a confirmé la procureure de la République sont des informations qu'on avait déjà données ces deux derniers jours.
00:06:08 Elle a précisé aussi, on parlait du comportement du principal suspect, c'est qu'il s'était opposé fermement déjà à son arrestation.
00:06:15 Il semble ne pas vouloir du tout coopérer avec la justice aujourd'hui.
00:06:18 La première chose, évidemment, on est tous soulagés de savoir que le pronostic vital des six victimes n'est plus engagé.
00:06:23 Comme vous l'avez dit, comme ce drame a ému l'intégralité d'une nation, c'est un ouf de soulagement.
00:06:28 Ensuite, trois débats s'ouvrent, trois interrogations commencent à apparaître.
00:06:32 La première, ça va être le débat entre blouse blanche et robe noire.
00:06:35 Entre les magistrats qui vont vouloir criminaliser l'enquête, qui vont vouloir l'emmener jusqu'aux assises,
00:06:41 et des médecins qui pourraient plaider pour finalement le manque d'altérité, la problématique psychique, le fait qu'il ne soit pas responsable de ses actes.
00:06:49 Pour l'heure, les médecins psychiatres ont dit qu'il était compatible avec une garde à vue et une détention.
00:06:53 Ça ne veut pas dire qu'il ne sera pas par la suite considéré comme irresponsable de ses actes.
00:06:58 Ça, c'est le premier petit éclaircissement qu'on peut faire.
00:07:00 La deuxième, ça va être la position du PNAD, du Parquet National Antiterroriste.
00:07:03 Va-t-il se saisir ou non ?
00:07:05 La procureure nous a indiqué que la voie terroriste n'était pas encore sur la table.
00:07:09 Ça ne veut pas dire que par la suite, elle ne sera pas saisie.
00:07:12 On sait qu'un juge d'instruction du PNAD a été mandaté pour suivre les investigations
00:07:17 et être prêt à ester en justice, à prendre la prérogative à tout moment.
00:07:22 La troisième chose, ça va être les débats que vont susciter cette affaire.
00:07:25 Certains vont appeler ça récupération, d'autres vont appeler ça prise de conscience.
00:07:29 Et tous les débats peuvent être mis sur la table.
00:07:31 Le droit d'asile, la condition pénale des personnes souffrant de troubles psychiatriques
00:07:37 ou encore, finalement, l'intervention des pays européens.
00:07:41 Gérald Darmanin a rappelé sur une chaîne concurrente hier
00:07:44 qu'il y avait une très bonne coordination de l'intégralité des services de renseignement.
00:07:48 En effet, la France a pris attache avec la Finlande, les pays scandinaves, l'Italie,
00:07:52 mais également les États-Unis pour savoir si cette personne était connue au nom de leur service.
00:07:56 Qu'au point de vue terroriste, pénale, comme médical.
00:07:59 Et pour l'heure, on s'est rendu compte que non, cette personne, ce suspect,
00:08:04 est encore inconnu de l'intégralité des services, qu'ils soient nationaux, européens ou internationaux.
00:08:09 J'ajoute que son téléphone portable, ses consultations internet vont être analysées.
00:08:16 Savoir s'il a consulté des sites internet interdits ou encore inquiétants.
00:08:19 Ses proches vont être interrogés.
00:08:21 Mais ce qui est compliqué avec cet homme, c'est qu'il est seul.
00:08:24 Il apparaît comme quelqu'un de très indépendant, même s'il était marié à une Suédoise.
00:08:28 Apparemment, cela fait 4 mois qu'ils ne sont plus en contact.
00:08:32 Il était comme un sans-abri à Annecy.
00:08:34 Donc difficile pour les enquêteurs de connaître ses réelles motivations.
00:08:38 Il va falloir qu'ils coopèrent avec la justice.
00:08:40 On sait que pour cela, les enquêteurs ont déjà recueilli de nombreux témoignages,
00:08:44 puisque nombre d'Annecyens l'avaient vu en ville ces derniers temps.
00:08:48 En 48 heures, une centaine d'auditions a été faite.
00:08:51 Cela va permettre d'établir les circonstances de ce drame.
00:08:55 On en parlera dans un instant avec Jean-Christophe Couville, du SGP Police,
00:08:59 qui est connecté avec nous.
00:09:00 Mais d'abord, réaction de William Tay, ce qu'a déclaré tout à l'heure la procureure,
00:09:03 vous semble tout à fait conforme à l'idée qu'on s'était fait de l'avis du parcours de suspect.
00:09:09 Il a un parcours quand même particulier. Je comprends ses conclusions.
00:09:12 Normalement, quand vous avez un motif terroriste apparent,
00:09:15 souvent, il ne s'en cache pas, les terroristes.
00:09:17 Donc, il le réclame immédiatement.
00:09:18 C'est le but du terrorisme.
00:09:19 Vous faites une action pour revendiquer une action, donc une idéologie.
00:09:22 Du moment où la personne essaie de se cacher, de ne pas coopérer,
00:09:25 ça paraît comme hors-clou.
00:09:26 Donc, il a un profil particulier au-delà de toutes les descriptions
00:09:29 que vous avez pu faire sur son profil.
00:09:30 La difficulté qu'on a, c'est que son parcours est particulier,
00:09:33 qu'il n'a pas des contacts avec personne.
00:09:35 Donc, personne n'a pas la capacité de dire qui il est
00:09:37 et pourquoi est-ce qu'il a vrillé depuis quatre mois
00:09:39 lorsqu'il s'est séparé de son ex-femme ou sa femme suédoise.
00:09:42 Et donc, il est difficile à partir de là.
00:09:44 Donc, c'est au magistrat et c'est au parquet de pouvoir mener une enquête
00:09:47 pour dire qu'est-ce qu'on doit faire, quel est son profil,
00:09:49 quelles sont ses revendications et comment on en est arrivé là.
00:09:51 Par rapport aux questions qu'ont abordées Thomas Carpellini,
00:09:54 elles sont multiples.
00:09:55 On a déjà souvent posé la question de...
00:09:57 Les médecins ont tendance à déclarer les meurtriers
00:10:01 ou les personnes qui commettent des actes criminels irresponsables.
00:10:04 La question qu'on peut se poser, que beaucoup de personnes se posent,
00:10:06 c'est que est-ce qu'on peut dire qu'il est taré ou pas ?
00:10:08 Vraisemblablement, oui, à partir du moment où vous n'êtes pas
00:10:10 dans les clous traditionnels, à partir du moment où vous tuez quelqu'un,
00:10:13 vous violez des personnes, vous n'êtes pas dans les clous traditionnels,
00:10:15 donc vous êtes taré.
00:10:16 Mais est-ce que pour autant, être taré signifie être irresponsable ?
00:10:19 C'est ça le véritable débat.
00:10:20 Et moi, je pense qu'on a trop souvent tendance à déclarer les gens irresponsables
00:10:24 alors qu'ils sont vraisemblablement responsables.
00:10:25 La responsabilité ne veut pas dire que la personne est saine d'esprit.
00:10:28 On peut être un peu taré et déclarer responsable.
00:10:31 Ça, c'est le premier élément.
00:10:32 Soit sur l'autre point qui est le droit d'asile,
00:10:35 il y a une difficulté avec le droit européen et les frontières européennes.
00:10:39 C'est que lorsqu'un pays décide d'accorder l'asile à quelqu'un,
00:10:42 cette personne peut accéder à tout le territoire européen
00:10:44 en vertu de l'espace Schengen.
00:10:46 C'est-à-dire que si la Suède décide de faire une politique migratoire ouverte
00:10:49 comme ce qu'a fait l'Allemagne avec Angela Merkel dans les années 2015
00:10:52 en accueillant un million de migrants,
00:10:53 c'est toute l'Union européenne qui doit accueillir ces personnes-là.
00:10:57 Et se posera la question dans les années à venir,
00:10:59 au vu de la politique d'Olaf Scholz, au vu de la politique scandinave,
00:11:02 sur est-ce qu'on aura des vagues migratoires importantes en Afrique
00:11:05 en raison du réchauffement climatique ou en raison des guerres, etc.
00:11:08 Est-ce qu'on aura d'autres conflits au Moyen-Orient ?
00:11:10 Probablement. Et si par cas l'Allemagne ou les pays du Nord
00:11:12 décident d'avoir une politique migratoire ouverte,
00:11:14 est-ce que c'est à tous les pays européens d'en accepter les conséquences ?
00:11:17 Est-ce qu'ils ont le droit de le faire ?
00:11:18 Chaque pays est libre de sa politique migratoire.
00:11:20 Mais il ne faut pas que ce soit les autres pays qui en récupèrent
00:11:22 et qui en payent les conséquences.
00:11:24 Et il y a un autre point que moi je pose avec l'espace Schengen,
00:11:26 c'est qu'effectivement, Darmanin a raison de le souligner,
00:11:28 il y a une belle coopération européenne,
00:11:30 mais se posera la question de créer un FBI européen,
00:11:32 un Europol beaucoup plus poussé, parce qu'il y a des États nationaux,
00:11:35 mais on est sur un espace libre,
00:11:38 avec la liberté de circulation des personnes et des capitaux,
00:11:40 donc il faudrait, comme aux États-Unis, un FBI européen
00:11:43 capable de pouvoir encadrer et aider les polices nationales.
00:11:46 On va évidemment se poser, on va essayer de se poser
00:11:48 l'ensemble de ces questions tous ensemble,
00:11:50 juste après avoir donné la parole à Jean-Christophe Kouvi.
00:11:53 Bonjour, merci beaucoup de participer à notre émission.
00:11:55 Vous êtes secrétaire nationale de SGP Police.
00:11:57 Je voulais revenir avec vous sur ces informations
00:11:59 délivrées par la procureure tout à l'heure,
00:12:01 concernant les enquêteurs.
00:12:03 Elle nous a confirmé qu'après seulement une heure et demie
00:12:06 après les faits, 50 enquêteurs de la police judiciaire
00:12:10 étaient déjà au travail, et que le soir même,
00:12:12 ils étaient une centaine, après l'arrivée de renforts,
00:12:15 notamment de la région parisienne.
00:12:17 Est-ce que ce sont d'importants moyens qui ont été mis là,
00:12:20 en place, ou est-ce qu'il s'agit d'une situation ordinaire ?
00:12:24 Oui, bonjour. Non, c'est une situation extraordinaire.
00:12:27 Enfin, on ne déplace pas autant d'habitude d'enquêteurs
00:12:30 de la police judiciaire sur ce...
00:12:32 pas ce genre de fait-là, mais c'est un fait qui a tellement
00:12:35 choqué tous les Français qu'il y a eu des instructions
00:12:39 pour saisir, pour faire des petites cellules,
00:12:42 où on étudie plusieurs scénarios et savoir recouper
00:12:46 très rapidement l'itinéraire de la personne.
00:12:49 Savoir si on se dirige vers un acte terroriste,
00:12:53 un acte d'une personne qui a perdu la tête spontanément.
00:12:57 Et donc on a besoin de gratter, on a besoin de chercher,
00:13:00 et puis de remonter un petit peu le fil,
00:13:02 d'aller aussi prendre contact avec les services étrangers.
00:13:05 Voilà, donc on a besoin de plein d'aides dans ces cas-là,
00:13:08 et on a aussi besoin de la PJ, parce que c'est des personnes,
00:13:12 des personnels qui sont vraiment très qualifiés pour ça,
00:13:15 pour rechercher, pour faire des recherches,
00:13:17 et notamment pour les auditions.
00:13:20 Et là, on voit bien que quand la personne en face de nous
00:13:22 ne veut absolument pas parler, c'est très compliqué,
00:13:25 effectivement, d'avoir des infos et de l'obliger à parler.
00:13:28 C'est un droit, le droit de se taire, de ne rien dire.
00:13:31 C'est un droit français.
00:13:32 On imagine aussi que plus on multiplie le nombre d'équipes,
00:13:35 plus la coordination de l'ensemble est délicate.
00:13:37 Comment se répartissent les rôles ?
00:13:39 En fait, il y a des chefs, j'allais dire un chef d'enquête,
00:13:42 qui distribuent justement tous ces rôles-là à des petites cellules.
00:13:46 Et c'est une formation que l'on a, et surtout les services de PJ,
00:13:51 c'est le haut du spectre, qu'on appelle,
00:13:53 et c'est vraiment des services qui sont au top
00:13:55 et qui ont l'habitude de réagir comme ça dans la rapidité.
00:14:00 Ce sont des collègues aguerris qui connaissent le job qu'ils ont à faire.
00:14:04 Et après, il y a le chef d'enquête qui lui collectionne
00:14:09 toutes les remontées qu'il y a et il doit faire le tri
00:14:11 avec des personnes qui l'assistent, ses assistants,
00:14:15 pour justement essayer d'avoir les informations,
00:14:19 les redonner tout de suite.
00:14:20 Il y a le procureur de la République qui est aussi en attente.
00:14:22 Il y a toute une chaîne judiciaire qui attend.
00:14:24 On est vraiment préparé à ça et on voit bien que la police judiciaire,
00:14:29 c'est une belle boutique et il ne faudrait pas l'abîmer d'ailleurs
00:14:32 avec cette réforme parce qu'il faut garder, j'allais dire, cette excellence.
00:14:36 On a parlé du statut très particulier de cet assaillant,
00:14:40 le fait qu'il soit seul sur notre territoire depuis 4 mois,
00:14:44 qu'il refuse de parler, vous l'avez souligné.
00:14:46 Ça complexifie énormément les files que peuvent commencer
00:14:50 à dérouler les enquêteurs ?
00:14:52 Bien sûr, parce qu'effectivement, il n'y a pas pire qu'un individu
00:14:57 qu'on n'a pas déjà suivi, on n'a pas d'élément,
00:15:00 il n'y a pas de services de renseignement qui sont dessus.
00:15:03 C'est quelqu'un qui est vraiment en dessous de la ligne de flottaison,
00:15:05 j'allais dire, du renseignement, du spectre.
00:15:08 C'est compliqué parce que ça peut être des loups solitaires.
00:15:11 On ne les voit pas arriver et puis ils passent à l'acte.
00:15:13 On ne peut pas être derrière chaque personne pour savoir ce qu'elle va faire.
00:15:16 Donc effectivement, il n'y a pas d'alerte,
00:15:18 il n'y a pas de surveillance de téléphonie mobile.
00:15:21 Il n'y a rien qui fait croire qu'une personne peut passer à l'acte.
00:15:25 Donc c'est toute la difficulté.
00:15:28 Je sais que cette personne-là, elle traînait un peu dans le parc.
00:15:32 Des témoins l'ont vue.
00:15:34 Je répète encore, n'hésitez pas quand vous voyez comme ça
00:15:37 des gens qui ont l'air un peu louches, qui fixent des enfants.
00:15:40 Il vaut mieux appeler la police et faire un signalement.
00:15:43 On envoie une patrouille et puis après, au moins,
00:15:46 on peut voir ce qui se passe ou pas.
00:15:48 Ce n'est pas pour culpabiliser les gens parce que c'est normal.
00:15:51 En l'occurrence, dans cette affaire, ils ont agi, les gens, comme vous dites.
00:15:55 Oui, mais les gens sur place.
00:15:57 Pendant 3-4 jours avant, on voit un individu un peu louche.
00:16:00 Les langues se délient.
00:16:02 Je ne jette pas l'opropre sur eux parce qu'on est tous pareils.
00:16:05 On a toujours peur d'avoir le mauvais raisonnement et la mauvaise analyse
00:16:08 et de se dire "je dénonce quelqu'un, qu'est-ce qui va m'arriver ?"
00:16:12 Mais ça, c'est les faits.
00:16:14 Après, je reconnais que sur l'action,
00:16:17 franchement, je tire mon chapeau à tous les citoyens
00:16:19 parce qu'il y a eu une espèce de prise de conscience collective
00:16:22 pour arrêter ce massacre.
00:16:25 Tout le monde s'y est mis pour essayer d'entourer cette personne,
00:16:28 cet auteur, de l'encercler, de le dérouter un petit peu
00:16:31 et d'éviter qu'il fasse d'autres victimes.
00:16:34 Je retiens aussi, c'est le délai d'intervention.
00:16:37 Il faut juste rappeler aux citoyens qu'il y a 8 millions par an d'appels, 17.
00:16:41 Il y a 1,2 million d'interventions.
00:16:44 La moyenne nationale d'intervention, c'est moins de 9 minutes.
00:16:48 Donc on a quand même un service de police, une police qui est performante.
00:16:51 Il faut garder ça à l'idée.
00:16:53 On intervient le plus tôt possible et dès qu'on peut,
00:16:55 effectivement, qu'on a les bonnes informations.
00:16:57 Et en moins de 5 minutes dans cette attaque survenue jeudi à Annecy.
00:17:01 Merci beaucoup Jean-Christophe Couvy, secrétaire national de SGP Police,
00:17:05 de nous avoir fait bénéficier de votre éclairage du terrain.
00:17:08 Alors, on s'intéresse maintenant aussi, un peu plus précisément,
00:17:11 au parcours de cet individu.
00:17:13 Ce sont ses démarches aussi, multiples démarches,
00:17:15 qu'il a entreprises auprès de plusieurs pays européens.
00:17:19 On va se poser aussi des questions sur cette circulation des individus
00:17:22 au sein de l'espace Schengen.
00:17:23 Est-ce que vous mentionnez déjà William Tay et Thomas Carpegnini,
00:17:26 considérés comme une avance, certes, de liberté,
00:17:29 qui ne doit pas pouvoir empêcher de contrôler, effectivement,
00:17:31 qui entre et qui circule dans cet espace.
00:17:33 On fait d'abord le point avec Elisa Gloukavski avant d'en débattre.
00:17:36 Dans le cas présent, l'agresseur d'Annecy avait adressé
00:17:40 une demande d'asile auprès de l'OFPRA,
00:17:42 l'Office français de protection des réfugiés et des apatrines,
00:17:45 une demande qui avait été refusée.
00:17:47 Pour rappel, le droit d'asile, il peut être accordé
00:17:50 par le ministre de l'Intérieur, après consultation du ministre
00:17:53 des Affaires étrangères, à un étranger à plusieurs conditions.
00:17:56 Si celui-ci établit que sa vie ou sa liberté est menacée
00:18:00 dans son pays ou qu'il y est exposé à la torture ou à des peines
00:18:04 ou traitements inhumains ou encore dégradants.
00:18:07 Ça peut être le cas de certains opposants politiques
00:18:09 ou encore de certains groupes religieux,
00:18:11 mais également de victimes d'homophobie
00:18:13 ou encore de victimes de mariages forcés.
00:18:16 L'agresseur d'Annecy, il est originaire de Syrie.
00:18:18 Il avait, lui, déjà le statut de réfugié en Suède,
00:18:22 et ce, depuis 2013.
00:18:24 C'est pourquoi sa demande d'asile en France
00:18:26 a été déclarée irrecevable, ce qui lui a d'ailleurs été notifié
00:18:29 au début du mois de juin.
00:18:31 La question qui se pose, alors, c'est de savoir
00:18:33 s'il avait ou pas le droit d'être en France.
00:18:35 Et là, vous allez le voir, la réponse est loin d'être évidente.
00:18:38 Les personnes qui bénéficient d'une protection
00:18:40 dans un pays de l'espace Schengen,
00:18:42 elles n'ont pas le droit de séjourner en France
00:18:44 plus de trois mois, sauf quelques cas exceptionnels,
00:18:47 qui ne faisaient pas partie, en l'occurrence,
00:18:49 des cas pour l'agresseur.
00:18:50 Et si elles voyagent dans un pays de cet espace,
00:18:52 il leur faut un titre de transport spécifique,
00:18:54 soit un titre de voyage pour réfugiés
00:18:56 ou encore un titre de protection voyage.
00:18:58 Et là, c'est tout le nœud du problème.
00:19:00 On ne sait pas si l'agresseur avait obtenu
00:19:02 ce titre de voyage ou pas auprès des autorités suédoises
00:19:05 et donc s'il avait le droit ou pas d'être en France.
00:19:08 - Georges Fenech, vous lui apportez un nouvel éclairage,
00:19:11 en tout cas une nouvelle vision, vous avez peut-être,
00:19:13 sur ce dossier.
00:19:14 - Oui, c'est une analyse personnelle que je voudrais faire
00:19:17 en regardant à nouveau les images
00:19:19 de ce déroulement des faits.
00:19:23 On nous dit, et je le comprends,
00:19:26 pour l'instant en tout cas,
00:19:28 ça n'est pas un crime à caractère terroriste.
00:19:31 Mais pour autant, l'analyse que j'en fais,
00:19:34 c'est pas non plus un crime ordinaire,
00:19:37 de droit commun ordinaire.
00:19:39 Pourquoi je dis cela ?
00:19:40 Parce qu'on a affaire en réalité à une tentative de tuerie de masse.
00:19:45 Vous savez ce que les Américains appellent "mass murder".
00:19:48 Quand il y a plusieurs victimes dans une séquence rapprochée.
00:19:53 D'habitude, d'ailleurs, on voit ce genre de fait
00:19:55 aux États-Unis avec des armes à feu.
00:19:57 Là, c'est avec un couteau.
00:19:59 Et comment ça se termine, généralement, ces tueurs en masse ?
00:20:02 Ça se termine soit par leur suicide,
00:20:05 arme à la main, soit ils sont abattus par des forces de l'ordre.
00:20:08 Et quand vous regardez la manière dont il a agi,
00:20:11 il ne cherche pas à s'échapper.
00:20:14 Il va continuer son périple meurtrier,
00:20:18 même s'il en est empêché de faire ce qu'il veut
00:20:22 par des témoins courageux.
00:20:24 Mais jusqu'au boutiste, vous avez bien vu
00:20:27 que lorsque les forces de police interviennent,
00:20:29 il va continuer.
00:20:30 D'ailleurs, il est mis en examen aussi pour rébellion avec arme.
00:20:33 On a l'impression qu'il cherche aussi une fin,
00:20:36 une espèce de jusqu'au boutiste.
00:20:38 Il y a un côté un peu kamikaze, si vous voulez.
00:20:40 Moi, c'est comme ça que je le vois.
00:20:42 Et son attitude, encore aujourd'hui,
00:20:44 ne collabore absolument pas avec la justice.
00:20:46 Donc, il y a pour moi une qualification
00:20:48 qui n'est pas juridique.
00:20:49 Il n'existe pas de qualification juridique
00:20:51 de tuerie de masse, mais on est plutôt sur ce critère-là.
00:20:54 Après, évidemment, seuls les experts,
00:20:57 et peut-être, on peut l'espérer, ces explications,
00:21:00 nous expliqueront davantage ces mobiles.
00:21:02 La procureure a même précisé que des témoins
00:21:05 avaient entendu l'assaillant crier le nom de sa femme,
00:21:09 de sa fille, et aussi Jésus Christ.
00:21:11 Donc, c'est des codes un petit peu que l'on retrouve
00:21:13 dans les anciennes attaques terroristes
00:21:15 et qui s'ajoutent à cet acte.
00:21:18 On ne peut pas réduire ces agressions
00:21:21 à des crimes de droit commun.
00:21:23 Il y a quand même un particularisme dans son comportement
00:21:26 qui est jusqu'au boutiste, voire suicidaire.
00:21:28 C'est pour ça que je disais tout à l'heure,
00:21:29 je pense que la pénitentiaire va devoir prendre
00:21:31 toutes précautions pour éviter un suicide en détention.
00:21:34 Je voudrais qu'on revienne sur ces questions,
00:21:36 on a assez peu de temps, mais justement,
00:21:37 de cette circulation au sein de l'espace Schengen,
00:21:39 Thomas Carpellini.
00:21:40 C'est vrai que même si on nous dit qu'il était en France
00:21:42 en situation régulière, on ne peut s'empêcher
00:21:45 de se demander comment on peut mieux éviter
00:21:49 ce genre de drame.
00:21:50 On sait que les autorités françaises se sont penchées
00:21:52 sur l'examen de ce droit d'asile qu'ils demandent en France
00:21:55 pour finalement conclure que vous l'avez déjà en Suède,
00:21:57 donc on ne vous l'accorde pas.
00:21:58 Est-ce que c'était seulement nécessaire qu'on perde ce temps aussi
00:22:02 pour se pencher sur une demande qu'on savait qu'on allait refuser ?
00:22:04 Évidemment, là on rentre sur un débat extrêmement complexe
00:22:06 qui est la nature même du droit d'asile.
00:22:08 Vous avez raison, pendant des années, c'était un processus
00:22:10 dans lequel les peuples européens ne pouvaient que s'enorgueillir.
00:22:13 Sauf qu'aujourd'hui, on pourrait le qualifier
00:22:14 des mots de Pascal, un enfer pavé de bonnes intentions.
00:22:17 Aujourd'hui, savoir qu'un réfugié peut se déplacer librement
00:22:21 dans l'Union européenne peut poser débat.
00:22:23 On entend que peut-être la qualification de récupération
00:22:26 de cette affaire n'est pas totalement vaine,
00:22:28 on ne peut pas en faire fi.
00:22:29 Sauf que souvent, en 1998, l'affaire Guy Georges,
00:22:32 grâce à la récupération, on a mis en place un registre
00:22:35 pour les prédateurs pédophiles.
00:22:37 Dans les années 70, suite au viol dans une cité à Paris,
00:22:41 Gisèle Halimi l'avait récupérée pour la lutte dans l'IVG.
00:22:44 Donc c'est courant que des faits divers, des faits de société,
00:22:47 permettent aux législateurs de modifier, d'accentuer
00:22:50 ou de minorer un dispositif futile tout en haut
00:22:54 de nos blocs de valeurs.
00:22:55 Et justement, ayons un petit peu de mémoire,
00:22:57 il y a quelques années, au moment du Covid,
00:22:59 est-ce que l'État n'a pas renié à la marge
00:23:01 certaines de nos libertés les plus fondamentales
00:23:03 face à un État d'urgence, face à un fait épisodique
00:23:06 qui n'allait pas durer ad vitam aeternam ?
00:23:08 On pourrait donc se demander légitimement
00:23:10 s'il n'est pas venu temps que les sociétés européennes,
00:23:13 notamment et en particulier la France,
00:23:15 interrogent ce droit d'asile, non pas dans sa valeur absolue,
00:23:18 où nous sommes tous d'accord pour dire que c'est une bonne chose,
00:23:20 mais à la lumière de l'actualité,
00:23:22 à la lumière de protéger la population française.
00:23:25 Et dès lors, si dans le passé, nous avons déjà pu amender
00:23:28 certaines de nos libertés fondamentales pour un temps,
00:23:30 j'ai cité le coronavirus, mais on peut également citer
00:23:32 l'État d'urgence de 2015 suite aux attentats,
00:23:35 s'il n'est pas temps de remettre sur la table
00:23:37 une modification du droit d'asile, pas forcément son abolition.
00:23:39 - Même hors d'État d'urgence, d'où cette question à nos tréquants.
00:23:42 Un réfugié peut-il circuler légalement en Europe ?
00:23:44 Est-ce que si un réfugié est établi dans un pays,
00:23:46 on ne pourrait pas déjà circonstancier sa liberté
00:23:48 aux frontières du pays ?
00:23:50 Juste s'il y a un danger imminent.
00:23:53 - La question est moins de l'amender, et plus de l'amender que de l'annuler.
00:23:56 Est-ce qu'aujourd'hui, le droit d'asile absolu a-t-il encore un sens
00:23:58 au point de vue de toutes les complexités,
00:24:00 de toutes les problématiques qu'on connaît ?
00:24:02 Personnellement, je pense qu'il est temps de poser ce débat.
00:24:04 - Et on continue d'en parler juste après la pub.
00:24:06 On passera la parole à William Tech,
00:24:08 qui a encore beaucoup à dire sur ces sujets.
00:24:14 - Il est bientôt 16h, il est donc temps de passer la parole
00:24:16 à Mathieu Devesse pour le rappel des titres de l'actualité.
00:24:19 - L'ex-petite-abie de Shaina a été condamnée
00:24:24 à 18 ans de réclusion criminelle.
00:24:26 L'adolescente de 15 ans a été poignardée et brûlée vive
00:24:29 en 2019 à Creis et dans l'Oise.
00:24:31 Elle était enceinte.
00:24:33 Au moment des faits, l'homme de 20 ans clame toujours son innocence.
00:24:36 La motion de censure déposée par la NUPES
00:24:38 devrait être débattue lundi devant l'Assemblée.
00:24:41 Après l'échec jeudi d'une tentative d'abrogation de la retraite à 64 ans,
00:24:45 l'Alliance de gauche a dénoncé un coup de force antidémocratique.
00:24:49 Une précédente motion de censure du groupe Lyot
00:24:51 avait échoué de peu en mars à 9 voix près.
00:24:54 Enfin, on visite surprise à Kiev.
00:24:56 Le Premier ministre canadien blâme la Russie
00:24:58 pour la destruction du barrage de Kharkov-K.
00:25:00 Selon Justin Trudeau, il s'agit d'une conséquence directe de l'invasion russe.
00:25:03 Le Premier ministre canadien s'est entretenu
00:25:05 avec son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky,
00:25:08 alors que les inondations qui ont suivi la destruction du barrage
00:25:10 ont fait plusieurs morts et des dizaines de blessés.
00:25:13 On reprend nos discussions à propos de toutes les questions
00:25:18 que pose le statut de cet assaillant syrien
00:25:21 impliqué dans l'attaque d'Annecy.
00:25:24 On se posait la question de cette libre circulation
00:25:26 finalement des réfugiés au sein de l'espace Schengen.
00:25:29 Souvent vous parlez de l'espace Schengen, William Tay,
00:25:31 est-ce que vous trouvez que là tout fonctionne normalement ?
00:25:33 Non c'est sûr qu'on ne peut pas dire que tout fonctionne normalement.
00:25:36 Mais il faut distinguer deux choses,
00:25:37 le droit d'asile et la libre circulation des personnes.
00:25:40 Je pense que sur le droit d'asile,
00:25:42 effectivement comme le disait Georges Fenech, il est dévoyé.
00:25:44 C'est-à-dire que vous avez 150 000 personnes
00:25:46 qui se réclament du droit d'asile.
00:25:47 La difficulté qu'ont tous les États,
00:25:49 c'est à distinguer les véritables demandes du droit d'asile
00:25:51 et ceux qui l'utilisent pour en fait faire un type de séjour économique.
00:25:54 Et trop souvent, des personnes utilisent le droit d'asile
00:25:57 en venant d'un pays dit sûr,
00:25:59 pour prétendre au droit d'asile,
00:26:00 pour rentrer plus facilement dans le territoire européen
00:26:02 pour fuir une misère économique ou fuir une détresse sociale.
00:26:04 Et je pense que c'est ça le problème,
00:26:05 c'est que le droit d'asile est dévoyé.
00:26:07 Mais la difficulté, c'est comment faire en sorte de préserver
00:26:09 un droit d'asile qui est essentiel
00:26:11 et qui fait la fierté de la démocratie libérale et occidentale,
00:26:13 qui fait la différence par exemple au régime dit autoritaire.
00:26:16 Actuellement, on a un conflit entre l'Ukraine et la Russie.
00:26:19 Le droit d'asile a permis d'accueillir des tas de réfugiés ukrainiens
00:26:22 qui se sont bien comportés.
00:26:23 Donc, il faut distinguer les personnes qui ont bénéficié du droit d'asile.
00:26:26 Et souvent, quand vous bénéficiez véritablement du droit d'asile,
00:26:28 vous vous comportez bien dans le pays qui vous accueille.
00:26:30 C'était le cas de mes parents, c'était le cas des Ukrainiens,
00:26:31 auquel on n'a eu aucun souci.
00:26:32 Ensuite, après, vous avez d'autres personnes,
00:26:34 ceux qui utilisent le droit d'asile pour essayer de passer,
00:26:37 comme le disent dans "Langage des cités" en "soum-soum",
00:26:40 pour essayer d'arnaquer les gens et de venir au titre du motif économique.
00:26:43 Donc, ce sont des gens qui viennent principalement d'Afrique subsaharienne,
00:26:45 du Maghreb et du Moyen-Orient.
00:26:47 Moi, je pense que pour reprendre le contrôle de la politique migratoire,
00:26:50 il faut faire en sorte que les personnes venant d'un pays dit sûr
00:26:53 puissent faire une demande au consulat ou à l'ambassade de France
00:26:56 du pays concerné.
00:26:57 Comme ça, on n'a pas les traités en France.
00:26:59 On n'aura pas de jungle de Calais et des personnes qui viennent se loger ici,
00:27:02 on n'aura pas de bord de la chapelle, etc.
00:27:04 Ensuite, après, vous avez un deuxième sujet,
00:27:06 qui est la libre circulation des personnes.
00:27:07 Est-ce que les citoyens européens, un citoyen français,
00:27:10 un citoyen autrichien, un citoyen allemand,
00:27:12 ont le droit de circuler librement ?
00:27:13 Oui, parce que quand vous avez la citoyenneté d'un État,
00:27:16 vous avez la citoyenneté européenne,
00:27:17 donc vous avez le droit de circuler dans l'espace européen.
00:27:20 Par contre, est-ce que les réfugiés qui n'ont ni la nationalité d'un État
00:27:24 ni la nationalité européenne
00:27:26 peuvent circuler dans l'espace européen ?
00:27:28 Je ne pense pas.
00:27:29 Parce que si par cas, vous avez,
00:27:31 c'était l'exemple que je donnais tout à l'heure,
00:27:32 Olaf Scholz, le chancelier allemand, qui dit
00:27:34 "Pour financer notre régime des retraites,
00:27:36 on va prendre un million de réfugiés syriens
00:27:38 ou un million de réfugiés d'Afrique subsaharienne",
00:27:40 ça veut dire que c'est un million de personnes
00:27:42 pourront circuler librement en France, en Italie.
00:27:44 Ça veut dire que tous les pays européens sont solidaires
00:27:46 d'une politique migratoire décidée par un seul État,
00:27:49 et ça, c'est inacceptable,
00:27:50 comme je pense que la France regrette le choix
00:27:53 qui a été fait par les Suédois actuellement.
00:27:54 Ce qu'on a du mal à comprendre, aussi,
00:27:56 c'est ces multiples demandes faites par un individu
00:27:59 dès lors qu'il obtient le statut de réfugié
00:28:01 dans un pays européen.
00:28:02 Pourquoi ? Quelle motivation derrière
00:28:04 le dépôt de demandes dans d'autres pays ?
00:28:06 Est-ce qu'on a une idée là-dessus ?
00:28:07 Non, ça c'est différent.
00:28:08 Vous avez des personnes qui font des demandes d'asile…
00:28:11 Une fois que vous l'avez obtenue, je veux dire.
00:28:13 Non, une fois qu'ils l'ont obtenue,
00:28:14 c'est qu'ils essayent d'être naturalisés
00:28:15 dans un des pays, et ça c'est différent.
00:28:16 Parce que vous avez des personnes,
00:28:17 en raison du règlement Dublin 2,
00:28:19 c'est assez compliqué, mais je vais essayer d'expliquer.
00:28:21 Vous avez des personnes qui se disent
00:28:23 "Quand vous faites une demande dans un État,
00:28:24 par exemple en France, si c'est refusé,
00:28:26 il faut une demande en Italie."
00:28:27 Non, mais voilà, dans le cas où c'est refusé.
00:28:28 Mais quand c'est accepté, comme dans le cas de cet homme-là ?
00:28:30 Il essaie d'être naturalisé, je pense.
00:28:32 Il essaie d'être naturalisé en vue d'avoir des droits sociaux.
00:28:35 Parce que lorsque vous êtes en séjour régulier
00:28:38 dans un État, vous ne bénéficiez pas de droits sociaux
00:28:40 dans un autre État.
00:28:41 Et donc si la personne veut circuler librement,
00:28:43 ils essayent de faire une course sociale.
00:28:44 Et donc c'est pour ça que, admettons que vous recevez
00:28:47 le droit d'asile en Pologne, votre RSA,
00:28:50 si par cas il existe, n'est pas très élevé.
00:28:52 Donc ils essaient de faire une nouvelle demande en France
00:28:54 ou dans un pays dit accommodant pour avoir
00:28:56 un droit social plus important.
00:28:58 Et c'est là où le droit d'asile est dévoyé.
00:29:00 Parce que vous avez des personnes qui viennent,
00:29:01 non pas pour fuir une guerre ou fuir une situation de détresse,
00:29:04 mais pour essayer de faire une course aux droits sociaux,
00:29:06 l'AME, etc., en vue de faire un petit parcours du combattant.
00:29:09 On va s'intéresser à présent aux personnes victimes
00:29:14 de cette attaque couteau.
00:29:16 Six personnes ont été touchées en tout,
00:29:18 donc quatre enfants.
00:29:19 Trois de ces quatre enfants sont toujours hospitalisés
00:29:23 au CHU de Grenoble.
00:29:24 On va retrouver devant l'établissement
00:29:26 notre équipe composée de Régine Delfour avec Sacha Robin.
00:29:29 Bonjour Régine.
00:29:30 Alors la procureur dans la République d'Annecy
00:29:32 a confirmé tout à l'heure que le pronostic vital
00:29:34 de ces quatre enfants était levé.
00:29:37 C'est une excellente nouvelle.
00:29:38 Absolument Barbara, c'est l'information
00:29:43 un petit peu la plus importante de cette conférence de presse,
00:29:46 puisque, vous l'avez dit, à ce jour,
00:29:49 le pronostic vital n'est plus engagé pour toutes ces victimes.
00:29:53 Alors ici à Grenoble, il y a trois enfants
00:29:55 qui sont hospitalisés.
00:29:57 Un petit garçon de deux ans qui a reçu deux coups de couteau.
00:30:00 Sa cousine, elle, qui a deux ans et demi,
00:30:03 qui a été victime de trois plaies au thorax.
00:30:06 Une petite fille également de trois ans
00:30:10 qui a reçu un coup de couteau
00:30:12 et qui, elle, devrait sortir prochainement.
00:30:15 Il y a une autre petite fille qui, elle, par contre,
00:30:17 est hospitalisée à Genève.
00:30:19 Mais ici à Grenoble, il y a aussi un homme de 73 ans
00:30:22 qui lui a été aussi particulièrement touché
00:30:25 par un coup de couteau, mais aussi par une plaie
00:30:29 liée à un tir d'arme à feu.
00:30:32 Enfin, la procureur de la République d'Annecy,
00:30:34 Linn Bonnet-Matis, a salué les citoyens
00:30:38 qui ont permis d'éviter le drame,
00:30:41 ainsi que tous ceux qui avaient prodigué les premiers soins,
00:30:44 puisque, comme elle a annoncé, il n'y a pas eu de morts.
00:30:48 - Merci beaucoup, Régine Delfour.
00:30:50 Merci également à Sacha Robin, qui vous accompagne.
00:30:52 Et pour aller un peu plus loin au sujet de la prise en charge
00:30:54 de ces très jeunes patients,
00:30:56 on s'ourne vers le docteur Mathieu Langlois.
00:30:58 Bonjour, merci d'être avec nous.
00:31:00 Vous êtes anesthésiste réanimateur,
00:31:02 ancien médecin-chef du RAID.
00:31:04 Vous avez géré la prise en charge de blessés
00:31:06 en situation d'urgence, notamment le Bataclan, en 2015.
00:31:10 Alors, évidemment, il ne s'agit pas là, Annecy,
00:31:12 du même genre de blessure.
00:31:13 Alors, ma première question est simple.
00:31:15 Quelle est la spécificité, docteur, d'une blessure à l'arme blanche ?
00:31:19 - Ce n'est pas exactement les mêmes types de blessures,
00:31:21 mais ça a les mêmes conséquences,
00:31:23 c'est-à-dire que, que ce soit par arme à feu ou par arme blanche,
00:31:27 c'est des hémorragies, des hémorragies qu'il faut traiter
00:31:31 le plus rapidement possible, et en particulier dans une structure
00:31:34 qui permet de faire une hémostase, c'est-à-dire un bloc opératoire
00:31:38 avec une équipe chirurgicale et des anesthésistes réanimateurs.
00:31:42 Et le problème des enfants, c'est qu'évidemment,
00:31:45 il faut des gens expérimentés dans la trauma d'eau
00:31:48 ou dans la chirurgie pédiatrique.
00:31:50 - Alors, c'est justement ce très jeune âge des victimes
00:31:54 qui marque les esprits.
00:31:56 Aujourd'hui, on parle d'enfants de 22 à 36 mois.
00:31:59 Qu'est-ce que cela implique, justement, en termes de prise en charge
00:32:02 pour les médecins, qu'il s'agisse de patients aussi jeunes ?
00:32:06 - Pour les secouristes comme pour les médecins,
00:32:08 c'est que n'importe quelle plaie qui peut paraître superficielle,
00:32:12 qui pourrait faire penser à une lacération,
00:32:15 peut finalement entraîner des lésions et des hémorragies
00:32:19 qui peuvent, avec un petit délai, devenir dramatiques.
00:32:22 Donc c'est toujours pour ça que tous les services,
00:32:26 que ce soit de police ou de secours,
00:32:29 on a un seul objectif, c'est d'intervenir au plus vite
00:32:32 et d'évacuer au plus vite, encore une fois, vers des structures adaptées.
00:32:36 - Vous êtes aussi secrétaire générale de la Société française de médecine de catastrophe.
00:32:40 Alors on dit que l'état de santé aujourd'hui de ces enfants est rassurant,
00:32:45 leurs jours ne sont plus en danger.
00:32:46 Cela veut dire que les organes vitaux n'ont pas été touchés lors de l'attaque.
00:32:50 Vous diriez qu'ils ont eu beaucoup de chance ?
00:32:53 - D'abord, c'est une nouvelle qui nous réjouit tous, évidemment.
00:32:57 Ce qu'il faut bien comprendre, c'est qu'on est à J+3.
00:33:02 D'abord, il y a plusieurs victimes, ce qui complexifie la prise en charge.
00:33:06 Et puis, une plaie, il faut l'explorer.
00:33:10 Évidemment, je n'ai pas suivi ces dossiers,
00:33:14 donc je serai très prudent dans mes réponses,
00:33:16 mais la plupart des plaies ont dû bénéficier d'une surveillance
00:33:21 et peut-être d'une exploration, ou plusieurs.
00:33:24 Et ça, ça prend du temps pour considérer qu'on a passé un cap
00:33:30 et on peut être optimiste, ce qui est le cas actuellement.
00:33:33 - Ça veut dire qu'on ne s'avance pas trop, mais qu'ils vont passer encore quelques jours à l'hôpital,
00:33:37 selon vous, pour rester en observation, peut-être une semaine ?
00:33:40 - Moi, je ne suis pas le médecin qui m'occupe d'eux.
00:33:42 En plus, il y a la blessure physique.
00:33:44 Et là, visiblement, vu ce que dit la procureure,
00:33:48 et vu les délais, encore une fois, de trois jours,
00:33:53 on est tous, évidemment, en tout cas, moi, en tant que professionnel,
00:33:56 je suis assez confiant et optimiste,
00:33:58 mais il y a toutes les blessures, maintenant, psychologiques,
00:34:00 pour eux, pour les parents, et ça, c'est un autre problème.
00:34:05 - Quelque chose qui se soigne sur le plus long terme.
00:34:08 Merci beaucoup, docteur Mathieu Langlois, de nous avoir fait partager votre expérience.
00:34:14 On va justement parler, à présent, de cet état de choc et de sidération,
00:34:18 avant de passer la parole à un psychologue.
00:34:21 Je voulais revenir à vous, Célia Barod, puisque vous étiez sur place le jour de l'attaque,
00:34:24 et puis, le lendemain, vous avez rencontré des personnes
00:34:28 qui sont assez vite revenues sur les lieux,
00:34:31 qui voyaient ça comme une nécessité.
00:34:34 Comment expliquait-elle leur retour sur cette zone de l'attaque, si peu de temps après ?
00:34:39 - Alors qu'il s'agisse de témoins ou encore de simples habitants,
00:34:42 pour eux, c'était comme une façon de réaliser que le drame s'était déroulé
00:34:46 dans ce lieu qu'ils ont tous fréquenté.
00:34:48 Tous les habitants d'Annecy sont au moins passés une fois dans ce parc,
00:34:52 ont joué et ont des souvenirs d'enfance.
00:34:54 C'est un lieu très emblématique.
00:34:56 Souvent, les événements festifs sont organisés là-bas.
00:34:59 Il y a, notamment, actuellement, le festival d'animation, du film d'animation.
00:35:04 Donc, c'est un endroit de réunion, de joie, habituellement,
00:35:09 qui, désormais, est marqué par la douleur.
00:35:11 Impossible pour les Annetiens d'oublier ce qui s'est passé jeudi.
00:35:15 Pour eux, c'était une façon aussi d'apporter leur soutien aux familles des victimes,
00:35:19 aux familles des blessés.
00:35:20 Il était important pour les Annetiens d'apporter des peluches, des fleurs blanches
00:35:24 ou encore d'inscrire quelques mots à l'intention des familles.
00:35:29 Pour eux, c'est une façon aussi de faire, de revivre,
00:35:33 de passer cette mauvaise étape, de tourner la page.
00:35:36 Un petit peu comme après les attentats de 2015,
00:35:38 beaucoup m'ont parlé de Charlie Hebdo, de ces rassemblements, de ces marches
00:35:42 qui ont permis d'être unis et d'avancer.
00:35:46 Rares étaient les personnes qui n'ont pas versé de larmes.
00:35:50 C'était très marquant pour nous, en tant que journalistes,
00:35:52 de s'entretenir avec ces personnes qui étaient en sanglots.
00:35:55 Elles ne connaissaient peut-être pas les familles qui sont touchées par ce drame,
00:35:59 mais impossible pour elles de ne pas être touchées.
00:36:03 C'était vraiment très important pour elles de revenir,
00:36:05 et aussi cette présence médiatique internationale.
00:36:08 Énormément de journalistes allemands ou encore anglais
00:36:12 étaient présents sur place pour suivre ce drame.
00:36:15 C'est là où on voit que c'est un drame qui touche tout un pays,
00:36:18 et beaucoup de pays aussi.
00:36:20 On ira sur place tout à l'heure, puisque la vie a repris son cours
00:36:24 tout à fait normalement sur ces lieux.
00:36:27 On précise qu'il y aura d'ailleurs un rassemblement demain sur place à 11h.
00:36:31 Évidemment, on suivra ça en direct sur CNews.
00:36:33 Mais pour parler plus spécifiquement du traumatisme,
00:36:35 qui nous marque tous de façon inégale d'ailleurs, après un tel événement,
00:36:38 on va se tenir vers le Dr Jean-Pierre Bouchard.
00:36:40 Bonjour, merci de participer à notre émission.
00:36:42 Vous êtes psychologue, criminologue.
00:36:45 La population d'Amnecy continue de venir se recueillir sur le lieu de l'attaque.
00:36:49 Cela semble important pour certains, nécessaire.
00:36:52 Qu'est-ce que cela traduit selon vous, justement, qui êtes psychologue ?
00:36:55 Qu'est-ce qu'ils viennent dire en venant sur place ?
00:36:58 Après le choc et l'effroi, c'est le témoignage, c'est la communion,
00:37:02 c'est un moment de re-cohésion sociale,
00:37:05 après l'effraction qui a été cet événement potentiellement très traumatisant.
00:37:10 Et puis vous avez vu que la vie reprend ses droits tout autour,
00:37:14 même sur les lieux même où c'est arrivé,
00:37:16 puisque vous percevez déjà de jeunes enfants qui sont là,
00:37:19 tout à fait insouciants, non traumatisés par ce qui s'est passé.
00:37:23 Et à propos d'éventuels traumatismes,
00:37:25 ça ne nous concernera pas à tout le monde, évidemment.
00:37:28 Les degrés d'exposition sont différents en fonction de la proximité
00:37:32 de cette agression multiple, c'est-à-dire que les gens
00:37:35 qui ont été directement impactés dans leur corps sont les plus exposés.
00:37:39 Les enfants, les personnes plus âgées, leurs proches évidemment,
00:37:43 les témoins directs et après, évidemment, il y a un impact émotionnel fort,
00:37:49 sans qu'on parle de psychotraumatismes durables,
00:37:52 pour la population locale et ça peut être aussi le cas pour la population
00:37:57 qui est beaucoup plus éloignée, enfin pour certains membres
00:38:00 de la population plus éloignée.
00:38:02 Il y a les personnes vulnérables qui ont déjà connu des agressions,
00:38:05 qui sont mal cicatrisées, ça peut réactiver les choses.
00:38:09 Donc c'est tout l'intérêt de mettre en place ces fameuses cellules
00:38:14 d'urgence médico-psychologiques parce que ça permet de faire
00:38:18 une évaluation à chaud de l'impact qu'a eu cet événement
00:38:23 sur les personnes concernées.
00:38:25 Pour certaines, ça va se régler tout à fait naturellement
00:38:28 avec le temps qui passe, pour d'autres ça peut être plus compliqué
00:38:32 et ça là, il doit être repéré et suivi à court, moyen ou long terme,
00:38:36 suivant la gravité du problème.
00:38:39 Mais encore une fois, moi je suis un peu contre le fait
00:38:42 de surpsychologiser, de surpsychatriser, parce que le psychisme
00:38:47 est plutôt bien fait et dans l'ensemble, les problèmes se résolvent
00:38:53 assez naturellement, sauf exception, et pour ces exceptions,
00:38:57 évidemment, il faut les suivi, mais c'est loin d'être systématique.
00:39:01 Ce que vous nous dites, c'est que dans la majorité des cas,
00:39:03 on pourrait s'en sortir sans aide du tout, on sait passer le cap ?
00:39:07 Oui, alors pour les gens pas très impactés et pas vulnérables, évidemment.
00:39:12 Sauf qu'on ne sait jamais à l'avance comment on va réagir.
00:39:15 Ce qui est la majorité de la population.
00:39:17 Là, si vous voulez, ce qui est aggravant, c'est qu'on est dans un endroit
00:39:19 très calme, très bucolique, et qu'il y a une effraction,
00:39:22 les gens ne s'y attendent pas, et donc ils sont surpris
00:39:26 et le traumatisme va être beaucoup plus pénétrant pour les gens
00:39:29 directement concernés. Mais si ces mêmes personnes, vous leur avez dit
00:39:32 "après demain, à telle heure, il va se passer ça",
00:39:35 les défenses sont mobilisées et les ravages ou les séquelles
00:39:40 sont beaucoup moins importantes.
00:39:41 Donc c'est pour ça qu'il faut être très prudent et ne pas généraliser.
00:39:45 Toutes ces choses-là sont singulières, donc il faut évaluer
00:39:49 personne par personne qui aurait des problèmes,
00:39:52 donc le degré d'importance de ces problèmes,
00:39:56 et voir s'il faut les suivre après, dans le temps ou pas.
00:39:59 Mais pour la majorité des personnes, ça se règle plutôt bien.
00:40:03 Moi, j'ai travaillé sur des événements où il y avait beaucoup plus
00:40:06 de victimes que ça, et avec des morts, et des blessés graves comme là.
00:40:10 Fort heureusement, pour la majorité des gens, ça se passait plutôt bien
00:40:16 des mois après, des années après évidemment, mais pour d'autres,
00:40:21 le traumatisme restait très prégnant.
00:40:24 Donc on ne peut pas généraliser, ça dépend vraiment des personnes
00:40:27 et de leur degré d'impact par rapport à cet événement traumatique.
00:40:31 Vous restez avec nous Dr Jean-Pierre Bouchard,
00:40:33 je voudrais faire réagir le plateau sur ce que vous avez dit,
00:40:35 attention aussi, parce que ça reprend un petit peu ce que
00:40:37 Georges Fénéc nous a dit tout à l'heure, attention aussi à cette victimisation.
00:40:41 D'autant plus, comme nous dit le docteur, que certains s'en sortiraient
00:40:45 très bien tout seuls, que notre esprit est capable de surmonter
00:40:49 ce genre d'épreuve.
00:40:51 Donc d'un côté, on met toujours en place, et de plus en plus maintenant
00:40:54 aujourd'hui, ces cellules psychologiques, ces associations,
00:40:57 de l'autre, attention à ne pas victimiser finalement.
00:41:01 Oui, il y a le temps effectivement de l'aide psychologique,
00:41:05 et puis il y aura le temps aussi de la réparation par la justice.
00:41:09 Le fait d'être reconnu dans ce statut de victime, c'est à partir de là
00:41:14 qu'on a l'habitude de dire qu'à ce moment-là, la victime peut enfin
00:41:18 passer à autre chose, puisque la justice l'a reconnu.
00:41:22 Et de voir une condamnation sanctionnée aussi, comment on fait dans ce système ?
00:41:26 La condamnation, c'est aussi une condamnation qui est prononcée
00:41:28 au nom de la société.
00:41:30 C'est l'infraction règle de notre société qui sont sanctionnées.
00:41:34 Ce n'est pas au nom de la victime.
00:41:36 La victime, elle est victime et elle vient devant la justice,
00:41:40 demander réparation de son préjudice, bien sûr.
00:41:43 Elle ne se prononce pas sur la condamnation pénale.
00:41:46 On aime bien la distinction de la philosophie de ce qu'est
00:41:49 une sanction pénale et ce qu'est une réparation pour une victime.
00:41:53 C'est un long processus qui doit aussi être soutenu par un accompagnement
00:41:59 de la victime.
00:42:00 C'est en ce sens que je disais tout à l'heure qu'on peut faire
00:42:02 beaucoup de progrès pour le statut de la victime devant la justice.
00:42:06 C'est toutes ces dimensions qu'il faut prendre en compte.
00:42:09 Depuis les attentats de 2015, il y a des exercices intrusion,
00:42:14 notamment dans les écoles, où l'on apprend aux enfants à se cacher,
00:42:18 à se préparer à ce genre d'attaque.
00:42:20 Beaucoup de parents sont partagés entre la volonté de sensibiliser
00:42:24 leurs enfants et le refus de les inquiéter outre mesure.
00:42:28 Où serait, selon vous, le juste milieu ?
00:42:31 Effectivement, c'est une vraie question.
00:42:34 S'il y a une assurance d'attaque, évidemment, il vaut mieux
00:42:36 que les gens soient préparés.
00:42:37 Mais on sait très bien que dans la majorité des cas,
00:42:39 il n'y aura jamais d'attaque.
00:42:41 Est-ce qu'il faut les inquiéter ?
00:42:44 Après, ça dépend aussi de la préparation.
00:42:46 Il faut que la préparation soit bien faite par des gens compétents.
00:42:51 Ça ne peut pas toujours être le cas.
00:42:54 Il faut savoir que dans la communauté psy, il y a à peu près en France
00:42:57 environ 15 000 psychiatres, environ 80 000 psychologues.
00:43:00 Tous ne sont pas formés à tout ça.
00:43:03 Un psychiatre n'égale pas un psychiatre.
00:43:05 Un psychologue n'égale pas un psychologue dans sa formation
00:43:07 et dans ses compétences.
00:43:09 Donc, si c'est bien fait, c'est toujours un plus.
00:43:13 Sinon, ça peut être effectivement une source d'anxiété, d'angoisse, etc.
00:43:18 Et encore une fois, la majorité des écoles ne seront pas concernées.
00:43:23 Mais ceci dit, c'est toujours bien d'avoir des plans d'avertissement,
00:43:28 notamment auprès du personnel scolaire.
00:43:31 Et puis, une sensibilisation peut-être plus légère pour les enfants
00:43:36 de façon à ne pas surinquiéter quand il n'y a pas matière à le faire.
00:43:41 Mais par contre, pour les personnels en cadran, ça me paraît de très bonnes initiatives.
00:43:45 Vous l'avez rappelé, dans la majorité des cas,
00:43:47 le fait qu'un tel acte se produise est rarissime.
00:43:51 Il n'empêche que dans le cas de ce qui s'est passé à Annecy,
00:43:53 si l'ensemble de la population est choqué,
00:43:55 c'est aussi parce qu'il y a un pouvoir d'identification très fort.
00:43:58 Cela se passe dans un parc avec des enfants.
00:44:00 Toutes les familles qui vivent sur le territoire français
00:44:03 connaissent ce genre de scène du quotidien ?
00:44:06 Bien sûr, ça existe absolument dans toutes les villes, ce genre de parc.
00:44:10 Là, c'est l'agression d'enfants, mais aussi l'agression d'adultes.
00:44:14 Il aurait pu y avoir d'autres personnes agressées aussi, on ne sait pas.
00:44:19 S'il n'y avait pas eu des personnes qui aient capté l'attention
00:44:23 et qui aient éloigné l'agresseur.
00:44:26 Donc, tout le monde peut s'identifier à ça, bien évidemment.
00:44:30 C'est pour ça que je dis toujours que c'est un pouvoir anxiogène très important.
00:44:34 Ça a des zones d'impact extrêmement larges au niveau national, au niveau international.
00:44:40 Les attentats, ça vaut réactif des victimes dans les pays étrangers,
00:44:43 y compris ceux qui ont eu en France.
00:44:45 Parce que l'impact médiatique est très important.
00:44:49 C'est d'ailleurs ce que recherchent les auteurs d'attentats terroristes.
00:44:53 Ce fameux écho médiatique et cette terreur imposée aux populations.
00:44:59 Donc, ça peut être une onde de choc extrêmement différente.
00:45:03 Mais il faut toujours penser qu'en fonction du degré de proximité d'impact,
00:45:08 en fonction de la gravité de ce qu'on a vécu,
00:45:12 donc physiquement, psychiquement, visuellement ou pas,
00:45:16 ou en fonction de l'éloignement,
00:45:18 mais après il y a aussi les critères de résilience personnelle
00:45:22 qui ne sont pas les mêmes chez tout le monde.
00:45:24 Et vous avez aussi les critères de vulnérabilité personnelle.
00:45:27 Vous avez des gens pour qui ça tombe mal.
00:45:29 Ils sortent d'une maladie grave, ou ils y entrent,
00:45:32 ils viennent de se séparer, etc.
00:45:34 Et là, c'est plus impactant pour certaines personnes, par exemple.
00:45:38 Dernière question, docteur.
00:45:40 On parle aussi malheureusement régulièrement dans l'actualité
00:45:44 de ce genre d'actes de violence.
00:45:46 On sort des attentats il y a quelques années
00:45:48 et certains actes malveillants comme ça surviennent très souvent
00:45:53 à la ligne de l'actualité.
00:45:54 Est-ce que ça, notamment auprès des jeunes
00:45:56 qui sont de plus en plus exposés à cette violence du quotidien,
00:45:59 ce n'est pas quelque chose d'intrinsèquement anxiogène
00:46:02 qui rend difficile le fait de passer outre et de se dire,
00:46:05 comme vous nous le dites, c'est un cap, c'est une crise, on passe.
00:46:08 Malheureusement, il y en aura d'autres.
00:46:11 Oui, bien sûr.
00:46:13 Si vous voulez, il y a plusieurs choses.
00:46:15 Il y a la réalité des faits, qui a toujours plus ou moins existé.
00:46:19 Et puis maintenant, tout ça est relié, est amplifié.
00:46:21 Il y a des caisses de résonance médiatiques
00:46:23 qui n'existaient pas autrefois.
00:46:24 Il y a les réseaux sociaux,
00:46:26 ce qui fait que les jeunes vraiment baignent là-dedans.
00:46:29 C'est à la fois une source d'angoisse pour certains,
00:46:33 d'imitation pour d'autres.
00:46:35 Encore une fois, la violence est un océan.
00:46:37 Il y a des violences de différentes natures et de différentes raisons
00:46:40 avec des passages extrêmement différents.
00:46:42 Donc, c'est difficile aussi de généraliser.
00:46:44 Mais on est dans un monde
00:46:46 où le moindre phénomène criminel est médiatisé.
00:46:51 Moi, je me souviens d'une époque,
00:46:53 avant tout ça, c'est un peu le mérite de la longévité de l'expérience,
00:46:59 avant les réseaux sociaux,
00:47:01 j'ai connu des homicides sordides.
00:47:03 Ça faisait un an et quart dans un journal local, point barre.
00:47:07 Maintenant, ça a un écho extrêmement important.
00:47:11 Et puis, vous connaissez les règles médiatiques.
00:47:14 S'il y a un trou dans l'actualité,
00:47:16 vous avez des affaires qui s'emballent
00:47:18 avec un effet banal d'un point de vue criminel.
00:47:21 Et puis, vous avez d'autres affaires
00:47:23 parce qu'il y a de la concurrence dans l'actualité
00:47:25 qui a moins d'impact.
00:47:27 Donc, il y a tout ça.
00:47:28 Et tout ça peut donc impacter
00:47:30 ou du moins avoir un effet sur les gens en général
00:47:33 et les jeunes en particulier.
00:47:35 Merci beaucoup, docteur, de votre éclairage
00:47:37 qui nous permet de se familiariser,
00:47:40 en tout cas peut-être de se protéger un peu plus
00:47:42 face à ce genre d'actualité.
00:47:44 On va faire une courte pause
00:47:46 et puis nous retournerons à Annecy,
00:47:48 justement, aux abords de ce parc
00:47:50 où la vie a repris déjà depuis deux jours.
00:47:53 On va retrouver notre correspondant,
00:47:55 notre envoyé spécial sur place, Thomas Bonnet.
00:47:57 A tout de suite.
00:47:58 Bientôt 16h30, l'heure de passer la parole
00:48:04 à Mathieu Devesse pour le rappel
00:48:05 des principaux titres de l'actualité.
00:48:07 Le principal suspect de l'attaque perpétrée à Annecy
00:48:13 a été mis en examen et placé en détention provisoire
00:48:15 pour tentative d'assassinat.
00:48:17 Selon la Procureure de la République,
00:48:19 il n'y a pas de motivation terroriste à ce stade.
00:48:21 Le réfugié syrien a poignardé jeudi
00:48:23 deux adultes et quatre très jeunes enfants,
00:48:26 dont le pronostic vital n'est plus engagé.
00:48:28 Une grande partie du pays est sous les orages.
00:48:31 Aujourd'hui, sept départements du Nord-Ouest
00:48:33 ont été placés en alerte orange par Météo France.
00:48:35 La Manche, le Calvados, la Seine-Maritime,
00:48:37 la Mayenne, la Sarthe, l'Orne et l'Eure.
00:48:40 Seuls quelques départements, vous les voyez,
00:48:42 sont épargnés par les intempéries.
00:48:44 Enfin, en Colombie, quatre enfants ont été retrouvés vivants
00:48:47 après avoir passé 40 jours dans la jungle amazonienne.
00:48:50 Âgés de 13, 9, 4 et 1 ans,
00:48:52 les frères et sœurs sont des miraculés.
00:48:54 Ils ont survécu au crash de leur petit avion de tourisme.
00:48:57 C'était le 1er mai.
00:48:58 Le président colombien parle d'un exemple de survie totale
00:49:01 qui restera dans l'histoire.
00:49:03 On revient sur le droit d'asile
00:49:08 et le statut de ce réfugié syrien,
00:49:10 né en 1991.
00:49:12 Il a été demandeur d'asile depuis novembre dernier,
00:49:14 après avoir été réfugié en Suède.
00:49:17 Les autorités françaises lui avaient signifié,
00:49:19 il y a quelques jours, un refus
00:49:21 pour une demande déposée sur notre sol.
00:49:24 Il y a énormément de demandes,
00:49:26 de dossiers qui sont déposés chaque année en France.
00:49:28 On va faire le point avec Corentin Brilhau.
00:49:30 Jamais la France n'avait eu à traiter
00:49:34 autant de demandeurs d'asile.
00:49:36 En 2022, 156 103 demandes d'asile
00:49:38 ont été déposées dans l'Hexagone.
00:49:40 Et parmi ces demandes,
00:49:42 35 % se sont vus d'accorder une décision positive.
00:49:44 Les pays les plus représentés,
00:49:46 et donc les plus demandeurs,
00:49:48 sont l'Afghanistan, le Bangladesh et la Turquie.
00:49:50 Ces demandes d'asile
00:49:52 sont en augmentation de plus de 28 %
00:49:54 par rapport à 2021.
00:49:56 Ceux qui veulent s'établir pour des raisons économiques
00:49:58 en France, l'asile est un véritable jackpot juridique.
00:50:02 Non seulement juridique, mais aussi social.
00:50:04 Parce que pendant l'instruction de sa demande d'asile,
00:50:07 le demandeur sera logé dignement,
00:50:10 selon les critères de l'Union européenne.
00:50:12 Il recevra une aide,
00:50:14 il aura le même système d'assurance maladie que les Français,
00:50:17 il verra ses enfants scolarisés.
00:50:19 La tendance est la même sur tout le territoire européen,
00:50:21 où les demandes d'asile ont augmenté de 52 %.
00:50:24 Cela représente presque un million de demandes sur l'année 2022.
00:50:27 Une politique migratoire européenne qui a dû s'adapter.
00:50:30 Dorénavant, les demandeurs d'asile sont répartis
00:50:32 dans les différents pays membres de l'Union européenne,
00:50:35 avec des sanctions en cas de récalcitrance.
00:50:38 Une amende de 20 000 euros sera donnée aux pays concernés
00:50:41 pour chaque refus d'accueil d'un demandeur d'asile.
00:50:44 - Voilà, des précisions sur les chiffres, Georges Fenech.
00:50:47 Donc 156 000 dossiers.
00:50:49 - Pour 2022, oui. - Oui, pour 2022.
00:50:51 - Et 35 % acceptés.
00:50:54 Je crois que c'est à peu près 55, 56 000 demandes
00:50:57 qui ont été acceptées, ce qui est beaucoup.
00:51:00 Mais ceux qui ont été rejetés vont se maintenir sur le territoire.
00:51:04 C'est là la différence. - C'est ça le problème.
00:51:06 - 87 000. - Voilà, le problème, il est là.
00:51:08 D'abord, ils vont introduire des recours qui sont suspensifs d'exécution,
00:51:12 qui vont durer plusieurs mois.
00:51:15 Et puis, lorsque se posera la question du rejet définitif,
00:51:20 il y aura notification d'une OQTF et on sait ce que deviennent les OQTF.
00:51:24 - 10 % d'exécutés. - Même pas, moins que ça.
00:51:27 - En fait, les calculs, oui.
00:51:29 - Donc pas de possibilité d'obtenir des laissés-passés consulaires,
00:51:32 pas de contraintes possibles.
00:51:34 Donc, on arrive finalement à subir une immigration
00:51:38 qui, en réalité, est économique pour une grande partie,
00:51:41 comme William l'a rappelé tout à l'heure.
00:51:44 Et on n'a pas les moyens de maîtriser ces flux migratoires
00:51:47 qui, sous le prétexte d'une insécurité dans son propre pays,
00:51:52 en réalité, c'est un refuge économique.
00:51:54 Mais ça, c'est une situation que l'on connaît depuis des décennies.
00:51:57 Ce n'est pas nouveau.
00:51:58 Souvenez-vous de Michel Rocard.
00:52:00 On ne peut pas accueillir toute la misère du monde, etc.
00:52:03 Ce qui est nouveau, c'est que c'est devenu un phénomène de masse.
00:52:06 Et c'est ça qu'il faut qu'aujourd'hui, on prenne en compte
00:52:09 pour, d'une part, mieux encadrer ce droit d'asile,
00:52:13 réfléchir à des solutions de demande à l'extérieur du pays, effectivement,
00:52:18 et faire en sorte qu'on ait une coordination totale
00:52:21 avec nos partenaires européens
00:52:23 pour éviter, effectivement, ce droit d'asile touristique,
00:52:26 si vous me permettez l'expression,
00:52:28 où on va chercher dans les pays, ceux qui sont...
00:52:31 Ce n'est pas moi qui le disais, c'est l'ancien ministre d'Intérieur,
00:52:34 Gérard Collomb, qui parlait de benchmarking,
00:52:36 de ceux qui viennent et qui regardent parmi les pays européens
00:52:39 ceux qui sont les plus intéressants,
00:52:41 attractivité sociale, médicale,
00:52:45 et il se trouve que la France est le pays, sans aucun doute,
00:52:48 le plus attractif.
00:52:50 Donc, il ne s'agit pas de couper ou de supprimer, bien entendu,
00:52:53 ce droit d'asile auquel nous sommes tous attachés,
00:52:56 mais de lui redonner tout son sens originel,
00:52:59 c'est-à-dire la protection des populations persécutées
00:53:02 et qui risquent pour leur vie.
00:53:03 Je voulais revenir sur ce que vous disiez sur les raisons
00:53:05 qui font qu'un interpellé, même en situation irrégulière,
00:53:09 est rarement reconduit à la frontière depuis la France.
00:53:12 Il y a effectivement la délivrance très difficile des laissés-passer consulaires
00:53:15 nécessaires pour exécuter les OQTF.
00:53:18 Il y a aussi une spécificité française,
00:53:20 le droit au séjour des étrangers malades,
00:53:22 qui permet d'obtenir un titre de séjour et la prise en charge d'un traitement,
00:53:25 y compris pour des personnes qui auraient un trouble psychiatrique très grave.
00:53:30 Ça veut dire que ce n'est pas un motif d'expulsion,
00:53:33 mais de soin presque gratuit.
00:53:35 En France, ça peut choquer, évidemment, pas mal de personnes qui nous écoutent.
00:53:39 Thomas Scarpellini, vous traitez de dossiers de demande d'asile ?
00:53:42 Oui, ça arrive comme énormément de cabinets en droit pénal
00:53:45 ou en droit des clandestins, c'est très courant,
00:53:47 notamment quand on reparle des chiffres, parce que les chiffres sont têtus.
00:53:50 Pour être très précis, 180 000 demandes, 30% de veillées,
00:53:53 c'est-à-dire qu'il reste plus de 85 000.
00:53:55 On sait que seulement 5% des OQTF sont exercées.
00:53:58 C'est-à-dire qu'il reste 80 000 personnes
00:54:00 qui ne devraient pas être sur le sol national,
00:54:02 auxquelles il faut ajouter les personnes qui sont entrées de manière illégale et clandestine sur le territoire.
00:54:07 Certains ont avancé le chiffre de 200 à 250 000 habitants,
00:54:11 de personnes par an, ce qui équivaut à une ville comme Strasbourg.
00:54:14 C'est-à-dire que tous les ans, il y a une ville comme Strasbourg
00:54:16 qui arrive et qui reste sur le territoire.
00:54:18 Les chiffres sont têtus et ils sont là, documentés, chiffrés.
00:54:21 Ça, c'est la première chose. La deuxième, moi, je suis effaré de voir les pays
00:54:24 de quels viennent ces personnes. D'accord, l'Afghanistan, c'est le régime des talibans.
00:54:28 Bangladesh en premier.
00:54:30 Bangladesh, du point de vue de l'ONU.
00:54:32 Afghanistan, Bangladesh, Turquie.
00:54:34 Les deux suivants, Bangladesh et la Turquie, au point de vue de l'ONU
00:54:36 comme de l'Union européenne, ce sont des démocraties,
00:54:38 certes pas parfaites, mais qui ne sont pas qualifiées d'autoritaires,
00:54:42 avec lesquelles la France et l'Union européenne entretiennent des relations commerciales.
00:54:46 La Turquie est le 9e partenaire économique de l'UE.
00:54:49 C'est-à-dire qu'à un moment, pourquoi ces gens viennent ?
00:54:51 Il faut être cohérent.
00:54:52 Si on estime que ces démocraties, que ces pays font des personnes
00:54:56 qui sont en situation de demander l'asile,
00:54:58 eh bien on ne se comporte pas avec eux, de la manière dont on le fait.
00:55:01 Je suis désolé, nos relations avec l'Afghanistan
00:55:03 ne sont pas les mêmes qu'avec le Bangladesh ou la Turquie.
00:55:06 C'est la première chose.
00:55:07 La deuxième, il demeure également que sans renier totalement,
00:55:10 comme je le disais tout à l'heure, le principe de droit d'asile,
00:55:13 qui, comme vous l'avez dit, est un très beau symbole, une très belle valeur.
00:55:17 Il est peut-être temps de l'adapter à la réalité.
00:55:20 Certains pays, comme le Danemark, qu'on ne peut pas qualifier de pays fascistes,
00:55:24 exigent que les demandes d'asile soient traitées dans le pays d'origine.
00:55:27 C'est-à-dire qu'avant de rentrer sur le territoire,
00:55:30 ils vous font votre papier.
00:55:31 Or, maintenant, on arrive sur le territoire, on fait le papier.
00:55:34 Même quand la France le refuse, comme le rappelait très bien Georges Fenech
00:55:37 et Gérard Collomb l'avaient déjà pointé du doigt en parlant de benchmark,
00:55:40 si on a raté notre ticket en France, on va le tenter en Belgique,
00:55:42 puis en Italie, puis en Suède.
00:55:44 Puis les délais sont passés, donc on peut le retenter en France.
00:55:46 Et même si en France on ne l'a pas, on peut faire une demande, un appel.
00:55:49 Et même si l'appel ne marche pas, on peut saisir la Commission européenne des droits de l'homme.
00:55:52 Et même si elle ne marche pas, on peut revenir au Conseil d'État.
00:55:54 Et même si ça ne marche pas, on peut retenter avec la CEDH en Assemblée plénière.
00:55:58 Ce que je veux dire, c'est qu'aujourd'hui, il y a tout un jalon,
00:56:01 il y a tout un parcours qui fait qu'aujourd'hui, les Français ont l'impression
00:56:04 qu'on marche sur la tête, que des personnes qui ne devraient pas être sur le territoire,
00:56:07 y restent, que quand elles y restent, on n'arrive pas à les faire partir.
00:56:10 Et cette situation va devenir explosive, car je suis désolé,
00:56:13 n'importe quel parent ou enfant ou citoyen, voyant ce qui se passe à Annecy,
00:56:18 ne peut pas rester de marbre face à cette question.
00:56:21 J'ajoute à tout cela aussi, il faut le dire,
00:56:24 il n'y a pas une grande bonne volonté, je dirais, des juges,
00:56:29 de prêter main forte au préfet.
00:56:35 C'est formulé des gamins, il faut en sorte qu'il reste.
00:56:38 J'essaie de le former également, mais...
00:56:40 C'est des pudeurs de gaz à l'air.
00:56:41 Pour faire exécuter des décisions de reconduite à la frontière.
00:56:45 Non, mais c'est même pas pour ça que les juges trouvent tous les vices de force
00:56:48 pour condamner le ministère de l'Intérieur ou le préfet.
00:56:50 Je voudrais simplement rappeler l'épisode de l'Océan Viking.
00:56:54 Combien de réfugiés, enfin de clandestins de l'Océan Viking
00:56:59 ont été reconduits à la frontière ? Combien ? Sur les 200 et quelques qu'il y avait.
00:57:03 Combien étaient encore dans le centre 24 heures après leur arrivée ?
00:57:06 Et qui les a libérés ? Les juges.
00:57:09 Les juges.
00:57:10 Qui ont considéré que les procédés d'arbre ont été mal libélés,
00:57:13 qu'il manquait une mention, qu'il manquait ceci.
00:57:15 Enfin, tout le monde s'est retrouvé dehors.
00:57:17 Donc, il y a non seulement, si vous voulez, la question du nombre,
00:57:20 la difficulté des procédures, mais il y a aussi quelque part,
00:57:23 une forme d'idéologie, il faut le dire, chez nous,
00:57:25 qui consiste à dire que l'immigration n'est pas une faveur
00:57:31 quand vous accueillez quelqu'un, mais c'est un droit.
00:57:33 C'est devenu un droit.
00:57:35 Et donc, étant un droit, ça suppose des recours.
00:57:38 Donc, on est dans une situation, si vous voulez,
00:57:42 où non seulement on n'a pas les moyens, on est face à un flux
00:57:46 qui ne s'arrête pas, mais en plus, il n'y a pas véritablement de volonté.
00:57:50 Oui, non mais...
00:57:51 Je pense l'avoir dit assez clairement.
00:57:53 Ah oui, de toute façon, la France est le pays le plus attractif
00:57:57 en matière migratoire.
00:57:59 Et nous, on accueille toute la misère du monde, ou pas loin en tout cas,
00:58:02 quand on regarde la stratégie migratoire ou d'asile des États-Unis,
00:58:05 du Canada, du Japon, de la Chine, vous comprenez à peu près
00:58:08 quelle est leur logique.
00:58:09 Ils disent, voilà, nous avons nos règles, les États-Unis,
00:58:11 quand vous avez accès aux droits d'asile, c'est très clair.
00:58:13 Et même la politique migratoire, c'est assez clair.
00:58:15 Nous, en Europe, on prend tout le monde, c'est open bar.
00:58:17 Et en plus, toutes les règles qu'on fait sont absurdes les unes des autres.
00:58:19 On va prendre les règles européennes, parce que je pense que ce sont les meilleures.
00:58:22 Avec les règles du Blin 2, les pays qui doivent traiter les demandes d'asile
00:58:26 sont les pays qui sont les exposés aux frontières.
00:58:28 Donc, c'est l'Espagne, la frontière avec le Maghreb, c'est l'Italie et c'est la Grèce.
00:58:32 C'est les trois pays les plus pauvres qui doivent gérer
00:58:34 toutes les demandes d'asile.
00:58:35 Donc, c'est les pays qui ont moins d'argent qui doivent mettre la police aux frontières,
00:58:38 Frontex et financer les demandes d'asile.
00:58:40 Donc, évidemment, qu'est-ce qu'ils font ?
00:58:41 Ils n'ont pas les moyens de traiter, donc ils laissent filer tout le monde.
00:58:43 Au pays du Nord, en passant par chez nous, donc, belles règles européennes,
00:58:46 ce sont les plus rangées.
00:58:47 Mais de toute façon, si les Européens étaient malins,
00:58:49 ça se saurait depuis très longtemps.
00:58:50 Ensuite, après, pour les aider, il y a les Français qui, eux, battent tous les records
00:58:54 parce que, eux, c'est encore mieux, parce que, donc, il y a les juges
00:58:57 qui détruisent les décisions du préfet et du ministre de l'Intérieur
00:59:01 qui veulent expulser des gens.
00:59:02 Donc, déjà, c'est difficile d'expulser des gens.
00:59:04 Et en plus, ils mettent des barrières.
00:59:06 C'est comme si vous jouez à un jeu vidéo et si par casse, c'était pas si difficile,
00:59:08 ils vous mettaient en mode légende.
00:59:09 Ça, c'est à peu près les juges ce qu'ils font.
00:59:11 Et en plus, c'est pas fini.
00:59:12 C'est pas fini parce que l'État français subventionne les associations de migrants
00:59:16 pour faire des recours contre l'État français.
00:59:18 C'est quand même fantastique.
00:59:19 Le contribuable paye pour financer des avocats qui vont attaquer la France.
00:59:23 Ça a été dénoncé dans un livre récemment par M. Didier Leschi.
00:59:27 Il a tout à fait raison parce qu'il est directeur en général de l'Office français des Français,
00:59:33 donc l'OFI, n'est-ce pas, et qui s'étonne effectivement qu'on subventionne ces associations
00:59:38 qui font un maximum pour contester les décisions prises par l'OFI.
00:59:42 Et qui font condamner la France au niveau français.
00:59:45 Et si par cas le juge français est toujours un peu réglo,
00:59:48 parce qu'il respecte le droit et qu'il dérive pas pour des dérives idéologiques,
00:59:51 les associations utilisent la Cour européenne des droits de l'homme
00:59:54 et la Cour de justice de l'Union européenne pour faire condamner la France.
00:59:57 C'est-à-dire que la France paye des avocats qui vont faire condamner la France
01:00:00 à payer des amendes à payer à quelqu'un.
01:00:01 Donc c'est quand même assez fantastique.
01:00:03 Et on comprend qu'on paraît comme le pays le plus ridicule aux yeux des étrangers.
01:00:07 Donc les gens se disent, comme Océane Vinking ou les associations de migrants,
01:00:09 se disent "l'Italie est maintenant à Giorgia Meloni,
01:00:11 donc ils refuseront tous les bateaux de migrants.
01:00:13 L'Espagne, ils vont passer soit en pouvoir de droite,
01:00:15 donc ils vont dire "bon c'est plus open bar, c'est facile".
01:00:17 Donc quel va être le pays le plus attractif en matière migratoire,
01:00:20 grâce à ses droits sociaux, grâce à ses juges qui jouent contre nous,
01:00:23 plus l'État qui adopte des règles les plus absurdes du monde ?
01:00:25 Donc moi je pense que dans les temps à venir,
01:00:27 vous aurez beaucoup de bateaux qui vont venir en France,
01:00:29 parce qu'on est le pays qui doit être considéré par les pays étrangers
01:00:31 comme le pays le plus bête.
01:00:32 Vous avez signalé les soins psychiatriques également,
01:00:34 qui sont pris effectivement en charge.
01:00:36 Parce que l'histoire de l'AME, l'aide médicale d'État,
01:00:39 il faut la conserver me semble-t-il, pour les actes médicaux urgents.
01:00:43 Or, ça n'est plus le cas, c'est des soins.
01:00:46 Donc il faut savoir que l'AME, ça nous coûte je crois
01:00:49 1 milliard 200 millions d'euros dans ces eaux-là par an.
01:00:53 Vous voyez un petit peu le coût que ça représente.
01:00:55 C'est l'attractivité pour le monde entier.
01:00:58 D'autant plus que l'AME, très rapidement,
01:01:00 on pourrait penser que c'est la même chose que pour le droit d'asile,
01:01:02 un enfer pas avec de bonnes intentions.
01:01:04 On est le seul pays européen à l'avoir,
01:01:06 et dès lors on pense que ça permet de protéger,
01:01:08 du point de vue de la santé publique,
01:01:10 mais en Allemagne, qui a connu 1 million de migrants
01:01:12 entre 2015 et aujourd'hui, sous les rangs de l'AMERKEN,
01:01:14 que je sache qu'il n'y a pas eu d'épidémie de choléra,
01:01:17 de peste, de grandes infections.
01:01:19 La santé publique allemande, malgré l'influx record de migrants,
01:01:22 plus d'un million en 5 ans,
01:01:24 la santé publique allemande ne s'est pas retrouvée
01:01:26 vouée aux gémonies ou tombant de caries bansilas.
01:01:28 Je voulais vous faire entendre sur le droit d'asile,
01:01:30 du point de vue de Nicolas Dupont-Aignan,
01:01:32 qui était invité de la matinale ce matin sur CNews.
01:01:34 Soit on rétablit nos frontières nationales,
01:01:36 et on gère nos demandes d'asile au niveau national,
01:01:39 et on pourra assurer la sécurité des Français,
01:01:42 on n'empêchera pas rien bien sûr,
01:01:44 mais on réduira significativement ce type de drame.
01:01:47 Soit on continue à avoir tout ouvert,
01:01:50 et on ne maîtrise plus rien.
01:01:52 Voilà la réalité.
01:01:54 Le système actuel déresponsabilise tout,
01:01:56 puisque c'est quelqu'un sur lequel vous n'avez pas autorité,
01:02:00 qui va accorder une demande d'asile,
01:02:02 qui après vous circule librement,
01:02:04 et qui va permettre une entrée sur le territoire,
01:02:07 ou laisser rentrer irrégulièrement.
01:02:09 Et après, comme la France a le système social le plus favorable,
01:02:13 c'est normal, les pays Espagne, Italie, Grèce,
01:02:16 laissent rentrer, laissent rentrer,
01:02:18 parce que d'ailleurs je ne leur en veux pas,
01:02:20 ils n'y arrivent pas puisqu'ils n'ont pas les moyens.
01:02:22 Et puis nous, comme on a supprimé notre frontière,
01:02:24 et comme on a les prestations sociales les plus favorables,
01:02:27 ça arrive à flot.
01:02:28 L'explosion des demandes d'asile,
01:02:30 le détournement des demandes d'asile est insupportable.
01:02:33 Ça ne peut aboutir qu'à des drames.
01:02:35 William Thiausson, qu'il y ait forcément évidemment
01:02:37 un dédrame relié au statut des immigrants qui arrivent en France,
01:02:41 ça veut juste dire que ça rend encore plus nécessaire
01:02:43 l'examen de ce nouveau projet de loi immigration,
01:02:45 dont on parle, qu'on repousse, qu'on repousse,
01:02:47 mais malheureusement l'actualité le rend d'autant plus important.
01:02:50 Il faut dire, quand vous regardez les statistiques en crimes,
01:02:53 on n'a pas de statistiques ethniques.
01:02:54 Ce qu'on sait à peu près avec les déclarations du préfet de police de Paris,
01:02:57 du ministre de l'Intérieur,
01:02:58 c'est que si par cas il faut dire, il faut être clair,
01:03:00 que 99% des gens qui viennent en France sont normaux
01:03:03 et ne commettent pas de crimes,
01:03:04 et bien parmi ceux qui commettent des crimes,
01:03:06 ce sont principalement des personnes qui viennent
01:03:08 ou qui ont des origines étrangères,
01:03:10 donc soit par descendance, soit qui viennent directement de l'étranger.
01:03:12 Ce que montre Christophe Guelluid dans le temps des gens ordinaires,
01:03:14 c'est qu'en fait vous avez un système qui est organisé,
01:03:16 enfin un système, ce n'est pas organisé clairement,
01:03:18 mais les gens s'organisent comme ça.
01:03:20 C'est-à-dire que comme les gens fuient une misère économique,
01:03:22 ils ne fuient pas une guerre, ils fuient une misère économique.
01:03:24 Ils viennent dans un territoire et souvent ils ont peu de diplômes,
01:03:27 ils ont peu de qualifications.
01:03:28 Or nous on est une société dite de service.
01:03:30 Donc les gens, comme ils n'ont pas de diplômes,
01:03:32 ils viennent dans un endroit et en plus on a une intégration
01:03:34 qui est dite communautaire.
01:03:35 Vous n'avez pas une intégration d'assimilation républicaine à l'ancienne,
01:03:38 comme ce qui se passait du temps du général de Gaulle,
01:03:40 il y a 50 ans.
01:03:41 Donc les gens viennent dans des communautés,
01:03:42 en fonction de leurs origines ethniques.
01:03:44 Souvent ils sont pris dans ce qu'on appelle
01:03:46 les territoires perdus de la République,
01:03:47 et comme ils ont le choix entre la criminalité
01:03:49 et les autres moyens, ils finissent dans la criminalité.
01:03:51 Ce que fait la police, c'est qu'il les arrête,
01:03:52 et ils sont remplacés par des personnes qui viennent ensuite après
01:03:54 et qui les remplacent,
01:03:55 et ce qui crée une vague de criminalités successives.
01:03:58 Une fois qu'on a dit ça, comment on fait pour arrêter ça ?
01:04:02 Il y a deux leviers possibles.
01:04:03 Un, c'est reprendre la politique migratoire,
01:04:05 et deux, c'est dicter une stratégie de politique migratoire
01:04:08 et d'assimilation et d'intégration républicaine.
01:04:10 Sur la politique migratoire, si vous voulez fermer les frontières,
01:04:12 c'est assez simple.
01:04:13 Vous dites clairement, le séjour est irrégulier,
01:04:16 si par cas vous ne faites pas une demande à l'étranger,
01:04:18 tous ceux qui viennent en France sans autorisation
01:04:21 n'ont le droit ni de naturalisation, ni de séjour,
01:04:24 ni aucun droit sociaux.
01:04:25 Donc forcément, c'est beaucoup moins attractif de venir en France
01:04:27 parce que du coup, vous n'avez aucune chance d'être régularisé à terme.
01:04:29 Point réglé.
01:04:30 Ensuite, après, sur la question d'assimilation et de la stratégie,
01:04:32 il faut dire qui, nous, on veut intégrer.
01:04:35 Vous avez une politique économique.
01:04:36 C'est la politique des états migratoires ou des métiers en tension
01:04:40 dont on parle depuis des années, au-delà des intérêts.
01:04:43 Il y a plein de sujets.
01:04:44 Il y a un sujet qui est économique,
01:04:45 il y a un sujet qui est culturel.
01:04:46 On n'a eu aucun problème avec les réfugiés et les créneurs.
01:04:49 On a essayé, mais ça n'a jamais marché.
01:04:50 Moi, je prends un exemple qui est posé par exemple par les États-Unis.
01:04:53 Je ne dis pas qu'il faut le faire, je dis qu'il faut se poser la question.
01:04:55 Donald Trump a dit que certaines communautés ont du mal à s'intégrer
01:04:59 avec la communauté américaine
01:05:00 et créer des tensions au niveau local américain.
01:05:02 Donc nous, ce qu'on crée, c'est qu'on crée des quotas,
01:05:04 non pas par profession, mais par pays de provenance.
01:05:06 Vous savez que ce type de discours ne peut pas être tenu en France.
01:05:09 Oui, mais en tout cas, je pense qu'il faut mettre des sujets dans le débat public.
01:05:12 Si par cas vous dites que vous avez des problèmes de communauté
01:05:14 et que vous avez des quartiers où il y a trop de communautés
01:05:16 et les gens font trop de communautarisme,
01:05:18 est-ce que par exemple, moi je viens d'une certaine origine,
01:05:21 est-ce que c'est bien que des personnes d'origine asiatique
01:05:23 restent dans le 13e tous ensemble ou se mélangent avec des Français ?
01:05:26 Je pense que c'est mieux s'ils se mélangent, c'est ce qu'ont fait mes parents
01:05:28 et ça se passe beaucoup mieux.
01:05:29 Et comme d'autres communautés, moi je leur dis que c'est mieux s'ils se mélangent.
01:05:32 Si par cas vous faites trop de quotas de pays de provenance,
01:05:34 par exemple vous accueillez 25 000 Afghans
01:05:36 et qu'ils se retrouvent à 25 000 Afghans dans une seule ville,
01:05:39 ils n'ont aucune chance de s'intégrer.
01:05:40 C'est impossible statistiquement parce qu'ils ne vont pas parler français,
01:05:43 ils vont parler arabe et ensuite après ils vont se mettre à vivre comme en Afghanistan
01:05:46 et ils ne vont pas vivre à la française qui causera des problèmes profonds.
01:05:49 Très court pour qu'on aille au point.
01:05:51 Très court, je suis entièrement d'accord avec votre constat.
01:05:53 La problématique c'est qu'on va être buté sur deux échoppes.
01:05:57 La première c'est notre droit constitutionnel.
01:05:59 Tout ce que vous venez de dire ne peut être possible que par voie référendaire
01:06:01 car ça m'empêcherait de modifier les articles de la Constitution
01:06:04 qui protègent le droit d'asile, qui protègent les questions migratoires.
01:06:06 Et la deuxième c'est le droit que notaire, la mention européenne,
01:06:09 le droit de l'Union Européenne.
01:06:11 Tant que la France sera soumise par volonté aux traités européens,
01:06:15 aux droits que notaire, aux jurisprudence de la CEDH et de la Cour de justice de l'Union Européenne,
01:06:19 tout ce que vous avez dit, même si c'est voulu par le peuple français,
01:06:22 ce qui à mon avis est le cas, se cassera les dents face au marteau,
01:06:24 à la fite brûle du juge européen.
01:06:26 On n'a pas fini d'en parler sur les plateaux de Céline Michel.
01:06:28 Sauf référendum.
01:06:29 Sauf référendum.
01:06:30 Allez on va repartir à Annecy, aux abords du lieu de l'attaque.
01:06:34 Retrouvez Thomas Bonnet avec Laurent Sellerier.
01:06:37 Thomas, on vous a eu tout à l'heure en direct, sous le soleil,
01:06:41 dans ce parc où les familles venaient ce samedi continuer à faire jouer leurs enfants et se promener.
01:06:47 Malheureusement, il pleut entre temps, mais vous nous confirmez toutefois
01:06:50 que la ville reprend un rythme normal trois jours après l'attaque.
01:06:54 Oui, tout à fait. Encore beaucoup d'émotion à Annecy.
01:07:01 On est à 200 mètres environ de ce parc.
01:07:03 On s'est mis à l'abri puisqu'il y a eu un orage ici à Annecy.
01:07:05 Mais l'émotion est toujours palpable chez ces habitants qui se succèdent depuis maintenant plusieurs jours
01:07:10 à proximité de ce parc où se sont déroulés les faits.
01:07:13 Il y a maintenant plus de 48 heures, beaucoup d'émotion chez ces passants
01:07:17 qui déposent des fleurs, des mots, des bougies ou encore des peluches
01:07:21 pour afficher leur solidarité avec les victimes et leurs familles,
01:07:26 des personnes de tous âges, de tous horizons.
01:07:28 Je pense notamment à une jeune fille d'une quinzaine d'années qui ne pouvait pas retenir ses larmes.
01:07:32 Elle nous expliquait qu'elle avait, elle, pour habitude de jouer dans ce parc depuis qu'elle était petite.
01:07:37 Beaucoup d'émotion donc.
01:07:38 Et puis cette image assez saisissante de ces fleurs disposées dans ce parc
01:07:42 et de ces enfants à quelques mètres à peine qui jouent comme si de rien n'était ou presque,
01:07:47 comme pour montrer que la vie a repris un cours normal ici à Annecy.
01:07:52 Mais cette émotion, elle est toujours palpable.
01:07:54 Et c'est pour cette raison qu'il y aura un rassemblement ce dimanche à 11h
01:07:58 avec des milliers d'habitants qui devraient se réunir pour là encore
01:08:02 afficher leur solidarité et leur soutien aux victimes et à leurs familles.
01:08:06 Merci beaucoup Thomas Abbonnet.
01:08:08 Merci donc également aussi à Laurent Scellarié qui vous accompagne.
01:08:12 Et on rappelle l'information principale confirmée en début d'après-midi par la procureure de la République d'Annecy,
01:08:17 c'est que le pronostic vital des quatre plus jeunes victimes de cette attaque n'est plus engagé.
01:08:24 Les enfants restent hospitalisés mais plutôt pour surveillance.
01:08:27 Et ils devraient s'en sortir.
01:08:29 Restera à traiter évidemment le traumatisme psychologique pour eux, pour leur famille,
01:08:33 mais comme aussi pour tous les autres témoins.
01:08:35 Merci beaucoup Célia Barraud d'avoir apporté votre éclairage de Journalist Police Justice.
01:08:40 Merci à vous trois d'avoir été les invités de 90 minutes Info Week-end.
01:08:44 A suivre Punchline présenté par Eliott Deval.
01:08:47 Je vous donne rendez-vous pour ma part à partir de 14h demain sur l'antenne de CNews.
01:08:51 Très bonne fin de journée.
01:08:52 ...

Recommandations