Bruno Chichignoud, président de l'association Ecohabitons

  • l’année dernière
l'association Ecohabitons rassemble 18 groupes d'habitat participatif présent sur le grand montpelliérain. Montpellier, Prades le Lez, Castelnau le Lez, Murviel les montpellier mais aussi plus loin à Lodève par exemple.
Ils se retrouvent samedi 10 juin pour échanger sur leurs expériences. un rendez-vous ouvert au grand public.
L'idée est de convaincre que ce choix de partager l'habitat est écologique et économique.
Transcript
00:00 Ce matin c'est donc Bruno Chichignou, président de l'association Eco Habitons, à l'occasion d'une journée d'échange sur l'habitat participatif qui a lieu demain clair.
00:07 Oui bonjour Bruno Chichignou.
00:09 Bonjour, merci de votre invitation.
00:10 Alors on va commencer par le début, c'est quoi un habitat partagé ?
00:13 Le concept est à la fois modeste et génial pour parodier un autre célèbre chroniqueur radio.
00:19 C'est tout simplement des habitants qui se regroupent pour partager ensemble la réalisation et la vie qui va dans un habitat groupé en fait.
00:29 Donc l'idée c'est de partager des espaces, des services et de concevoir ensemble la vie qui va avec.
00:35 En gros c'est chacun sa chambre mais tout le monde dans le même salon ?
00:38 Oui la plupart aujourd'hui en 2023 tous les habitants participatifs sont très très, les habitants sont très attachés à leur intimité, à leur vie privée.
00:45 C'est pas une communauté mais en revanche a besoin d'espaces de rencontres, d'échanges, d'élaborations aussi de projets.
00:51 Avant d'aller plus loin dans vos arguments, je voudrais connaître votre vie personnelle.
00:58 J'ai posé la question.
01:00 C'est votre expérience en fait qui a fait que vous êtes lancé là-dedans. C'est passé quoi alors ?
01:05 Oui en fait la question n'est pas du tout décalée puisque finalement ce dont on parle c'est la façon dont chacun va vivre chez lui,
01:12 dans sa vie privée, dans son intimité, dans la façon dont il va éduquer ses enfants, dont il va s'alimenter, dont il va consommer.
01:21 Voilà donc c'est aussi se former.
01:23 C'est vrai que les histoires personnelles sont importantes.
01:26 Pour moi c'est une situation assez classique.
01:28 J'étais comme beaucoup propriétaire d'une villa qui était devenue beaucoup trop grande.
01:35 Et puis surtout une prise de conscience que c'est quand même autrement qu'il faut pouvoir concevoir sa vie chez soi,
01:42 l'enrichir aussi de rencontres.
01:44 Donc l'idée de rencontrer les réseaux d'habitats participatifs a été importante.
01:49 Odile Jaquet, qui est toujours membre de l'association, avait organisé une rencontre et j'avais découvert un peu ce concept.
01:55 Mais votre villa elle est devenue quoi en fait ? Vous avez invité des gens ?
01:59 Dans un premier temps on l'a subdivisé, créé des espaces communs.
02:04 Il y avait deux logements et aujourd'hui dans le projet qu'on développe qui est en chantier actuellement à Prades-le-Laise,
02:09 c'est 11 logements plus des espaces communs assez importants.
02:13 Donc cette villa a été vendue à une coopérative.
02:15 Nous avons monté une coopérative d'habitants, c'est-à-dire que la propriété devient collective.
02:19 Nous avons fait notre assemblée générale il y a quelques jours.
02:22 La fameuse HG.
02:24 Oui, c'est important parce que dans une coopérative il y a à la fois des futurs résidents
02:29 et puis aussi des épargnants solidaires qui viennent apporter des parts sociales,
02:35 qui viennent placer des économies dans un projet pour réaliser du bien commun.
02:41 Quels sont les avantages ?
02:44 Les avantages sont nombreux.
02:46 En général quand les projets qui se développent ont tous une dimension écologique importante.
02:52 On ne se réunit pas pour faire des passoires thermiques.
02:55 L'idée c'est de concevoir des logements de grande qualité,
02:59 tant dans les matériaux que dans l'économie des surfaces aussi.
03:03 Le fait d'être en habitat groupé, l'exemple le plus classique étant évidemment
03:06 quand on a une grande salle partagée, on n'a pas besoin d'avoir un très grand séjour
03:11 et qu'on a besoin d'espace, on peut utiliser celui-ci.
03:13 Ou bien quand on a besoin d'accueillir des amis,
03:15 on n'a pas tous besoin d'avoir une chambre d'amis individuelle
03:19 qu'on va parfois utiliser que 20, 30, 40 jours dans l'année.
03:23 Et ça on peut la passer.
03:25 Et puis d'autres services, la buanderie, des espaces communs, des jeux, des services.
03:29 C'est tout ça qui est partagé et qui rend aussi du coup le logement beaucoup moins cher.
03:34 Pas seulement dans l'investissement mais aussi dans le fonctionnement.
03:37 Donc c'est économique aussi. Oui François.
03:39 Qu'on comprenne bien, c'est un logement indépendant.
03:43 On est d'accord, on a sa chambre, son salon, mais après on a d'autres espaces.
03:46 Ça n'est pas que la chambre séparée, on est en coloc.
03:50 Non, ce n'est pas une colocation.
03:52 C'est du voisinage avec beaucoup de services, d'activités partagées, conçues.
03:58 Rien n'est obligatoire d'ailleurs.
04:00 Il y a une salle commune, on n'est pas obligé de l'utiliser.
04:02 S'il y a une fête d'organiser, on n'est pas obligé de participer.
04:05 Donc tout ça c'est plutôt des possibles supplémentaires.
04:08 Vos pires ennemis c'est qui ? Les promoteurs immobiliers ?
04:12 Oui. Ennemis je ne sais pas, en tout cas on ne joue pas dans le même cours.
04:18 Nous on dit souvent aux élus qu'on rencontre...
04:20 Non mais parce que là il y a peu de...
04:22 La guerre à l'espace et aux fonciers, notamment dans le Grand Montpellier.
04:26 Oui, la problématique majeure c'est l'accès aux fonciers.
04:29 Alors parfois une initiative, je vais vous donner un exemple,
04:32 c'est une initiative privée qui met à disposition du foncier pour réaliser tout cela.
04:36 On a eu la chance d'ailleurs qu'ici à Montpellier, en décembre dernier,
04:40 l'équipe municipale a voté à délibérer à l'unanimité je crois,
04:44 l'attribution de parcelles dans les futurs ZAC de la ville,
04:49 de parcelles dédiées à l'habitat participatif.
04:51 Mais ça, ces exemples là sont beaucoup trop rares,
04:54 beaucoup moins fréquents, les promoteurs ont plus l'habitude de monter des dossiers,
04:57 parfois même de convoquer les élus et leur dire "voilà le projet que je vous propose".
05:01 Et nous à côté de cela on est une association de bénévoles, il faut le rappeler,
05:04 sans subvention, ce qui est quand même un peu dommage,
05:07 qui essaie de proposer des alternatives, de sensibiliser à ce qu'est l'habitat participatif,
05:12 qui est en développement extrêmement important au plan national.
05:17 - Justement, j'avais vous demandé un gros développement, oui.
05:19 Est-ce que c'est, pardon, question pleine de préjugés,
05:22 est-ce que c'est un truc de bobos, écolo ou de babacool,
05:25 qui veulent vivre en communauté ? Alors on a répondu à un...
05:28 - Si on est un peu... - Ou est-ce que c'est pour tout le monde ? Vraiment, réellement ?
05:31 - Oui, si on se contente du concept, ça pourrait l'être bien sûr,
05:34 ça pourrait l'être, mais beaucoup d'habitats développent aussi du logement social,
05:39 voire même du logement très social, voire même de la location.
05:44 Voilà, il y a plein de formules, ce qu'il faudrait c'est que,
05:47 aujourd'hui, demain, on va réunir à Montpellier 18 groupes différents,
05:50 quasiment la totalité des groupes d'habitat participatif,
05:52 certains sont déjà habités, d'autres sont en chantier, d'autres sont en projet.
05:56 Il est évident qu'ils sont tous très différents, c'est du sur-mesure,
06:00 chaque groupe conçoit son habitat avec des caractéristiques assez différentes,
06:05 c'est ce qui fait que c'est très riche d'ailleurs.
06:07 - C'est un des défis pour nous, en tant qu'association Ecohabitons,
06:10 c'est de permettre à des citoyens intéressés pour changer leur mode de vie,
06:15 leur mode d'habitat, et de rejoindre la dynamique de l'habitat participatif,
06:18 c'est de choisir le projet qui leur convient le mieux.
06:20 - Juste un dernier truc, à mon avis on n'a pas trop le temps,
06:22 mais pour ceux qui se disaient "Ah peut-être, mais non, quand même,
06:26 vivre avec des gens, non, c'est pas possible",
06:28 vous diriez quoi pour les convaincre ?
06:30 - Je partage ce point de vue parce que je suis un ours, moi !
06:32 Donc c'est un concept que je trouve hyper intéressant,
06:35 en même temps je me dis, avoir un voisin qui me tient la crampe pendant trois mois...
06:39 - Dans mon projet, il y a un habitant qui a choisi le terme de "casa-ours" pour son appartement.
06:43 Non mais on peut être ours, même, tout ça c'est tout à fait possible.
06:46 Alors moi d'abord j'inviterais à venir demain à La Mosson,
06:51 pour rencontrer ces différents groupes et pouvoir échanger de ça.
06:54 Parce qu'on va échanger aussi sur "vivre ensemble c'est pas si simple,
06:56 si c'était très simple ça se saurait, ou ça se développerait",
06:59 donc il y a un certain nombre de règles, de principes, de clés de réussite,
07:03 de facteurs facilitants qu'on met au travail.
07:06 En général dans les groupes, on s'habitue à prendre des décisions ensemble,
07:10 on a aussi des règles de vie extrêmement précises,
07:13 qui permettent à chacun de pouvoir se situer,
07:16 on a aussi des mécanismes de régulation dans les groupes qui sont nécessaires et qui font que...
07:21 - Ça vaut le coup en tout cas !
07:22 - Ah oui ça vaut le coup, il y a très peu d'expériences dans l'absolu,
07:27 et il y en a très peu qui ne seraient pas réussies.
07:29 Il y a aussi des témoins qui vont venir raconter leur vie.
07:31 - Voilà, justement Bruno Chichignou, demain, pique-nique, midi,
07:35 vous vous retrouvez le matin entre vous, on va dire, ceux qui sont déjà de la partie,
07:39 et puis l'après-midi c'est rencontre avec des habitants,
07:41 des gens qui seraient intéressés tout simplement,
07:43 à la maison pour tous, Léo Lagrange, à Montpellier,
07:46 Halle de la Payade pour l'arrêt de trame.
07:49 C'est ça ?
07:50 - Oui tout à fait, c'est simple comme à la maison,
07:52 c'est-à-dire on fait un grand pique-nique,
07:54 et puis des tables avec des projets, on échange,
07:56 des petits ateliers, de façon très conviviale,
07:59 les enfants sont bienvenus, et je remercie beaucoup
08:01 la maison Léo Lagrange, sa directrice, Mme Rueda,
08:04 et la ville de Montpellier d'avoir nous offert ce cadre.
08:07 - Merci beaucoup Bruno Chichignou, merci d'être là ce matin.
08:10 ce matin.

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