• l’année dernière
Dimanche 4 juin a eu lieu la plus grande manifestation antigouvernementale depuis 1989, lorsque la contestation en Pologne avait précipité la fin du communisme en Europe. Comment expliquer le succès de la manifestation organisée par l’opposition ? Explications en vidéo sur les éléments déclencheurs qui ont attisé ces derniers jours la colère des Polonais.

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Transcription
00:00 Le 4 juin, des centaines de milliers de Polonais sont descendus dans la rue.
00:03 La ville de Varsovie parle de 500 000 manifestants.
00:06 Pour les médias polonais et internationaux,
00:08 c'est la plus grande manifestation antigovernementale depuis 1989,
00:12 lorsque la contestation avait précipité la chute du communisme en Europe.
00:16 Alors, qu'est-ce qui provoque une telle colère ?
00:19 En Pologne, la droite nationaliste du Parti droit et justice,
00:22 PIS, est au pouvoir depuis 2015.
00:26 Plusieurs lois controversées ont été adoptées ces dernières années,
00:28 qui limitent l'indépendance des médias, l'accès à l'avortement
00:32 ou encore les droits de la communauté LGBTQI.
00:35 La manifestation du 4 juin était prévue depuis mi-avril,
00:38 à l'appel de Donald Tusk,
00:39 leader de l'opposition centriste en Pologne
00:42 et ancien chef du Conseil européen.
00:44 Elle visait à dénoncer la vie chère,
00:45 l'escroquerie et les mensonges du gouvernement
00:48 et à demander une Pologne démocratique et européenne.
00:51 La date choisie avait aussi une forte dimension symbolique,
00:54 puisque le pays commémorait ce 4 juin
00:56 l'anniversaire de ses premières élections libres, en 1989.
01:00 Et depuis la fin mai, plusieurs nouveaux éléments
01:02 sont venus attiser encore la colère de la population polonaise
01:06 et faire grossir les rangs des manifestants.
01:08 D'abord, une loi entrée en vigueur le 31 mai,
01:11 qui a été unanimement condamnée par la presse libérale
01:13 et par de nombreux observateurs internationaux.
01:16 Jugée anticonstitutionnelle par ses détracteurs,
01:19 cette loi vise à créer une commission
01:20 pour enquêter sur l'influence russe
01:22 que le parti au pouvoir reproche au précédent gouvernement.
01:26 Le PIS accuse en particulier Donald Tusk,
01:28 leader du parti centriste Plateforme civique,
01:31 d'avoir agi sous l'influence de Moscou.
01:33 Mais l'opposition y voit surtout une manœuvre
01:36 destinée à disqualifier Tusk,
01:38 principal rival du PIS,
01:40 en lice pour les élections législatives prévues cet automne.
01:43 En effet, les 9 membres de la commission
01:45 créée par le gouvernement
01:46 seront nommés par le parti au pouvoir
01:48 et pourraient bannir Donald Tusk
01:50 de toute fonction ministérielle pendant 10 ans.
01:53 Si bien que cette loi, très contestée,
01:55 a été surnommée Lex Tusk
01:57 et que le magazine libéral Politica
01:59 l'a décrit comme "un monstre sans base légale".
02:02 L'autre élément déclencheur,
02:04 c'est un clip politique très critiqué,
02:06 diffusé par le parti au pouvoir début juin.
02:09 Pour tenter de dissuader la population
02:11 de participer à la marche anti-gouvernementale,
02:13 le parti de droite nationaliste a publié une vidéo
02:16 montrant le camp d'extermination d'Auschwitz.
02:19 L'idée était de tacler un journaliste, Thomas Lys,
02:21 qui avait appelé sur Twitter à participer à la marche
02:24 en utilisant le mot "chambre"
02:26 pour émettre le souhait qu'il y ait une chambre
02:28 après les prochaines élections pour le président Duda
02:30 et le chef du parti droit et justice, Jaroslaw Kaczynski.
02:34 Ce dernier a ensuite expliqué
02:35 qu'il n'aurait pas dû utiliser ce mot,
02:36 qui peut faire écho aux chambres à gaz
02:38 et qu'il aurait dû parler plutôt de cellules.
02:41 Mais le parti au pouvoir s'est empressé
02:43 de le montrer du doigt en interpellant la population.
02:46 Est-ce que tu veux vraiment marcher sous ce slogan ?
02:48 Cette tentative de récupération politique
02:50 a scandalisé la presse,
02:52 mais aussi le musée national Auschwitz-Birkenau,
02:54 qui a dénoncé une "insulte à la mémoire des victimes".
02:57 Dans la foulée, la chaîne de télévision publique TVP,
03:00 très proche du pouvoir,
03:01 a tenté de présenter la manifestation
03:03 comme une "marche de la haine"
03:05 et elle n'a eu de cesse d'en minimiser l'ampleur.
03:07 Au point que quelqu'un qui aurait tenté de savoir
03:09 ce qui se passait à Varsovie ce dimanche
03:11 en regardant TVP,
03:12 n'a peut-être pas remarqué
03:14 qu'il y avait une énorme manifestation d'opposition
03:16 dans la capitale,
03:17 ironise l'hebdomadaire polonais Newsweek.
03:20 Mais tous ces éléments ont eu l'effet inverse,
03:22 analyse le journal Politica.
03:24 En agissant de la sorte,
03:25 le pouvoir a "sorti l'opposition de son apathie"
03:28 et galvanisé les manifestants.
03:30 Reste à savoir si le camp Tusk
03:32 saura en tirer profit
03:33 d'ici aux prochaines élections.
03:35 Sous-titrage ST' 501
03:38 Sous-titrage ST' 501
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