Comment imaginer qu’une grossesse puisse passer inaperçue, sans aucun symptôme physique ? Charlène qui a vécu son déni à 35 ans nous raconte son histoire.
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00:00 ...
00:12 -Au moment de mon déni de grossesse, j'avais 35 ans.
00:15 Dans la nuit, vers 3h du matin, j'ai eu extrêmement mal à mon dos.
00:21 Étant infirmière, on porte des gens, donc je mettais ça sur le travail,
00:27 et la douleur s'est intensifiée.
00:30 Mon mari m'a dit "j'appelle le 15",
00:33 ils sont venus me chercher à 4h30.
00:36 Je suis arrivée à 5h aux urgences.
00:38 ...
00:41 Quand je suis arrivée, ils m'ont tout de suite prise en charge.
00:45 De base, la doctoresse qui m'a auscultée
00:48 a pensé à des coliques néphritiques.
00:51 Elle m'a mis des médicaments pour me soulager ma douleur.
00:55 Ça ne soulageait rien.
00:57 J'ai dit à l'infirmière "ma colique néphritique pousse,
01:01 "donc elle va sortir, je vais être soulagée."
01:03 Elle m'a regardée et m'a dit "non, ça ne sort pas, c'est pas possible."
01:08 "Si, si."
01:10 Je sentais que dans mon corps, il y avait quelque chose qui voulait sortir.
01:15 Ils ont pris un droit, ils ont regardé.
01:16 L'infirmière, j'ai vu sa tête se décomposer.
01:20 Elle me dit "il y a une tête."
01:22 Je lui ai dit "c'est pas possible, c'est un bébé, c'est une tête."
01:26 J'ai dit "non, ce n'est pas possible."
01:27 On ne veut pas y croire à ce moment-là.
01:30 La petite est née un quart d'heure après, au milieu du couloir.
01:34 En fait, il y a des choses que c'est les soignants qui me l'ont dit.
01:42 Je pense que mon cerveau, à un moment donné, a fait un reset.
01:47 Est-ce que je ne voulais pas entendre ?
01:48 Est-ce que c'était un déni tant que mon cerveau prenait l'information ?
01:53 Mais elle réagit.
01:54 Au départ, je leur disais "c'est pas possible."
01:57 Il n'y avait vraiment aucun symptôme.
01:59 Le ventre, des nausées, des reflux gastriques,
02:06 tout ça, comme peut avoir une femme enceinte,
02:08 parce que j'avais déjà eu trois autres enfants avant.
02:10 Alors, j'avais pris, oui, deux kilos.
02:12 Mais comme je dis toujours,
02:13 si à chaque fois qu'on prend deux kilos, on doit être enceinte,
02:16 je pense qu'on aurait déjà repeuplé largement la France.
02:20 Toujours réglé, vraiment, aucun symptôme de grossesse.
02:25 J'ai réalisé que j'ai eu mon bébé quand ils me l'ont ramené.
02:29 Je sais qu'on me l'a posé sur moi, mais je ne sais pas comment vous expliquer.
02:33 Comme un enfant, quand on lui pose un truc, c'est quoi, ça ?
02:36 Ça faisait très bizarre, parce qu'en même temps, c'était à moi,
02:41 je n'ai rien couché, c'était mon bébé.
02:43 Mais en même temps, ce n'est pas possible, ce n'est pas à moi,
02:45 je n'étais pas enceinte.
02:46 Et en plus, avec le traitement qu'on m'avait mis,
02:49 je pense que j'ai eu du mal à s'y miner.
02:51 Et à un moment donné, j'ai regardé la sache-homme et je lui ai dit
02:53 "mais c'est à moi, en fait".
02:55 Et elle me dit "oui, oui, c'est à vous".
02:57 Là, moi, j'ai réalisé là, à ce moment-là.
03:00 La réaction du papa, c'est un peu épique.
03:06 Parce que donc, il faut savoir que lui était resté,
03:08 je lui avais envoyé un texto à 5h,
03:10 il pense que c'est des colic néphritiques,
03:12 donc lui était resté là-dessus, en fait.
03:14 Je l'appelle et je lui dis "t'es assis ?"
03:16 Il me dit "non, je suis allongée".
03:17 Donc je lui dis "reste allongée, c'est mieux pour toi".
03:20 Je lui ai dit, je fais "écoute,
03:22 la colique néphritique, en fait, elle fait 3,5 kg".
03:25 Là, il me dit "quoi ? T'as évacué un caillot de 3,5 kg ?"
03:29 Je lui ai dit "non, la colique néphritique,
03:30 elle a une tête, deux bras et deux jambes".
03:32 Et là, paf, il raccroche.
03:34 Il me rappelle du minute à un quart d'heure après.
03:36 Puis il me dit "c'est quoi ?"
03:38 Là, je lui ai dit "c'est une fille".
03:39 Paf, il raccroche.
03:41 Alors en fait, ça s'est passé comme ça tous les 10 minutes.
03:43 Il me rappelait, puis à chaque fois, il assimilait une information.
03:46 Après, bien sûr, il a appelé, puis "est-ce que vous allez bien toutes les deux ?"
03:50 Il y croyait pas lui-même.
03:52 Et tant qu'il nous a pas vus, il a pas réalisé.
03:55 C'est vrai que tout le monde a été un peu choqué,
03:57 parce que même mes parents, on a commencé à prévenir les gens.
04:01 Il était 11h30-12h00,
04:03 parce qu'il fallait tant qu'on réalise nous, en fait.
04:07 Donc en fait, on est sortis au bout de 2 jours.
04:13 Alors c'est vrai que là, ça a été un peu la douche froide.
04:16 L'une nuit, c'était un deuxième choc,
04:17 parce que j'ai accouché le vendredi matin.
04:20 Et le dimanche matin, on est arrivés et on m'a dit "c'est le jour de la sortie".
04:24 En fait, j'étais pas prête.
04:25 J'étais pas prête du tout.
04:27 J'avais besoin de temps, en fait.
04:28 Comme j'ai pas eu mes 9 mois de grossesse
04:31 pour construire cette relation avec le bébé,
04:33 ouais, j'aurais apprécié plus de temps pour la connaître,
04:36 parce que arrivé à la maison, il y avait les trois autres.
04:39 Donc pour faire connaissance, entre guillemets,
04:43 avec ce bébé qui venait d'arriver,
04:46 ça a été un chamboulement, en fait.
04:47 Très, très fusionnel.
04:52 Une relation très fusionnelle,
04:54 que j'ai aussi avec les autres.
04:55 Attention, je suis une vraie maman poule.
04:56 Mais beaucoup plus angoissée avec Constance qu'avec les trois premiers.
05:01 Pourquoi ? Je ne sais pas.
05:02 J'arrive pas à l'expliquer.
05:04 Alors est-ce parce que j'ai pas fait attention pendant 9 mois,
05:06 pendant ma grossesse ?
05:08 Plus angoissée par rapport à sa santé, par rapport à Constance, ouais.
05:12 Les médecins que j'ai vus après la naissance de Constance
05:16 m'ont dit que de toute façon, même eux, ils n'expliquent pas.
05:19 C'est à un moment donné, le corps se met en mode off.
05:23 Et non, je développe pas des symptômes de grossesse,
05:27 mais ils n'expliquent pas.
05:28 ♪ Musique ♪