« Dans un fauteuil »
Retrouvez "Le court sur la main" sur : http://www.europe1.fr/emissions/le-court-sur-la-main
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00:00 Le tennis est un sport individuel.
00:03 Pourtant, il n'est jamais plus beau que lorsqu'il est collectif.
00:07 Des champions, des champions s'engagent hors des cours pour des causes qui leur tiennent à cœur.
00:12 Bienvenue dans "Le cours sur la main",
00:15 un podcast produit en partenariat avec BNP Paribas, fidèle au tennis de demain depuis 50 ans.
00:21 Le cours sur la main.
00:26 Comme dans un fauteuil.
00:30 Stéphane Houdet, vous êtes le porte-drapeau de cette équipe de France.
00:33 Vous appréhendez comment ce rôle ?
00:35 Je pense que c'est avant tout un immense plaisir et un témoignage de reconnaissance
00:40 de la part de ma fédération française de tennis qui m'a présenté, qui m'a choisi.
00:44 En 2021, Stéphane Houdet est désigné porte-drapeau de la délégation française aux Jeux paralympiques de Tokyo.
00:52 Le 24 août, le joueur de tennis fauteuil défile en tête du cortège dans le stade olympique national.
00:58 Et quelques jours plus tard, il monte sur la plus haute marche du podium dans la compétition de double,
01:04 sa cinquième médaille olympique, la troisième en or.
01:07 À travers lui, c'est tout le tennis fauteuil qui se retrouve une nouvelle fois sur le toit de l'olympisme,
01:13 bien loin des origines modestes de ce sport né au milieu des années 70 dans le sud de la Californie.
01:19 1976.
01:26 Brad Parkes, un skieur acrobatique prometteur, fait une chute lors d'une compétition.
01:31 Il a 18 ans. Il est dorénavant paraplégique.
01:35 Lors de sa rééducation dans un centre de réadaptation, il fait la connaissance de l'athlète handisport Jeff Minebreaker.
01:42 Jeff a conçu lui-même son propre fauteuil roulant.
01:46 Un fauteuil révolutionnaire, léger et maniable, qui roule et tourne à des vitesses sans précédent à l'époque.
01:52 Il a également retiré les accoudoirs et les poignets poussoirs.
01:56 "Partout où vous allez, les gens veulent vous pousser et je n'aime pas ça. Je m'efforce d'être indépendant."
02:02 Jeff Minebreaker apprend à Brad Parkes à faire son propre fauteuil.
02:06 Très vite, les deux hommes se lancent dans la fabrication et créent leur marque, Quadra.
02:11 En parallèle, le duo commence à échanger des balles en fauteuil et adapte les règles du tennis.
02:17 Ils sont vite rejoints par d'autres joueurs et finissent par créer la discipline.
02:22 Le tennis-fauteuil est né.
02:24 En 1980, Brad Parkes fonde la National Foundation of Wheelchair Tennis, qui organise des tournois à travers les États-Unis.
02:33 De plus en plus de joueurs prennent possession des fauteuils et des cours.
02:37 Parkes est un visionnaire qui a le sens des affaires et de la suite dans les idées.
02:41 Il répand peu à peu le tennis-fauteuil aux États-Unis et à l'étranger et il recrute des sponsors importants.
02:47 Un circuit professionnel finit par être mis en place, l'ITF Wheelchair Tennis Tour.
02:52 Nous sommes en 1992 et la même année, le tennis-fauteuil devient paralympique.
02:57 "Alors, racontez-moi comment vous faites."
03:00 "C'est exact, en fait, vraiment, la seule différence entre le tennis en fauteuil et le tennis debout, c'est qu'on a le droit à deux rebonds.
03:05 Et il y a quelques coups de tennis, notamment un qu'on pourra difficilement faire, vous l'imaginerez facilement, c'est le coup entre les jambes, sinon vous risquez de casser votre matériel."
03:11 "Mais le smash, le même ?"
03:12 "Tout pareil, tout pareil."
03:13 "Passing, le même ?"
03:14 "C'est rétro, voler, smash, coup droit, coup droit d'attaque, service slicé, à plat, lifter, tous les coups du tennis sont représentés."
03:20 Même raquette, même terrain, même geste, même façon de compter les points.
03:25 Mais c'est bien la façon de jouer qui diffère.
03:28 Au tennis en fauteuil roulant, il faut rester constamment en mouvement parce qu'il est extrêmement difficile d'atteindre une balle si vous partez à l'arrêt.
03:35 La mobilité est cruciale, la maniabilité du fauteuil aussi.
03:40 Le fauteuil c'est comme un baquet de Formule 1, chaque fauteuil est un fauteuil sur mesure.
03:44 Les fauteuils de sport maintenant, c'est comme en Formule 1, la technologie évolue.
03:49 "On doit faire corps avec le fauteuil."
03:50 "On doit faire corps, donc c'est les fauteuils sur mesure, c'est les fauteuils dans des matériaux légers mais aussi très résistants."
03:54 "Dans ma discipline, au départ, moi, autour du fauteuil, l'idée était d'avoir des roues extrêmement légères et ergonomiques pour la pratique du tennis,
04:03 mais ça sert à monsieur et madame tout le monde, quand au quotidien on doit enlever les roues de son fauteuil avant de monter dans la voiture.
04:09 Si on a des roues qui sont plus légères, on sert la totalité de la population qui est concernée."
04:14 En 1981, un Français débarque aux Etats-Unis.
04:21 Il s'appelle Jean-Pierre Limborg.
04:24 Il a entendu parler des fameux fauteuils de la marque Quadra, les fauteuils de Parkes et Minibreaker.
04:30 Alors il est allé en Californie.
04:34 Il découvre l'existence du tennis-fauteuil, finit par rester 4 mois et joue ses premiers tournois de tennis en fauteuil roulant.
04:40 A son retour en France, il est déterminé à implanter et développer cette nouvelle discipline dans l'Hexagone.
04:46 Il recrute des joueurs de basket-fauteuil et de tennis de table en disport, les deux sports rois de l'époque pour les personnes à mobilité réduite.
04:54 Et il crée en décembre 1981 la première section Tennis-Fauteuil de France, à Antony, dans les Hauts-de-Seine.
05:01 L'aventure française du tennis-fauteuil est lancée et elle s'étendra même dans toute l'Europe.
05:06 Le tennis-fauteuil est aujourd'hui pratiqué dans 40 pays à travers le monde.
05:13 Le circuit ITF Wiltshire compte en plus de 150 tournois, dont les 4 du Grand Chlem.
05:18 En 2017, toujours sous l'impulsion de Jean-Pierre Limborg, le tennis-fauteuil est rattaché à la FFT, la Fédération Française de Tennis,
05:27 multipliant ainsi son budget par 10.
05:30 Le tennis-fauteuil entre dans la cour des grands, sur les cours des grands.
05:35 Les finales hommes et femmes de Roland-Garros se disputent sur le mythique cours Philippe Châtelier.
05:40 Et si le tennis-fauteuil gagne en visibilité en France, c'est grâce aux performances sportives et à la personnalité de certains tennismen, comme Mickaël Jérémias par exemple.
05:50 Sur le cours de tennis de l'Institut du Sport, Mickaël Jérémias multiplie les échanges dorses nues, crâne rasée,
05:57 une raquette dans la main droite, sa main gauche sur les roues de son fauteuil roulant.
06:01 Ce Parisien de 29 ans est paralysé des jambes après un accident de ski survenu il y a 11 ans.
06:06 Sur les cours, Mickaël Jérémias a déjà tout gagné, Roland-Garros, Wim Lodon, champion olympique en double il y a 4 ans à Pékin,
06:13 il va à Londres avec un objectif, décrocher l'or en simple, la seule médaille qui manque à son palmarès.
06:20 Depuis sa retraite en 2016, Mickaël Jérémias continue à s'engager pour le développement de la pratique du tennis-fauteuil,
06:27 et plus généralement pour une meilleure intégration des personnes à mobilité réduite dans la société.
06:32 Il a notamment créé une association, comme les autres, qui organise des voyages sportifs pour les personnes en situation de handicap,
06:39 avec pour elles un nouveau regard sur ce que peut être la vie en fauteuil roulant.
06:43 Autre tête de pont du tennis-fauteuil en France, le porte-drapeau des Jeux de Tokyo, Stéphane Houdet.
06:49 Moi j'ai eu envie de me reconstruire avec l'image que j'avais de moi plus jeune, et c'était celle d'un sportif de haut niveau.
06:55 C'est vrai qu'aujourd'hui j'ai une vie épanouie, que je prends énormément de plaisir dans ma pratique.
07:00 C'est un message d'espoir pour ceux qui nous écoutent et qui sont peut-être aujourd'hui dans la souffrance.
07:04 J'espère, et régulièrement je reçois justement des messages de parents ou de récents accidentés,
07:10 mais finalement on a tous vécu une épreuve dans la vie, donc quand je peux véhiculer ce message, j'essaye.
07:17 Le tennis-fauteuil continue à grandir, à séduire. Prochain objectif, Paris 2024.
07:23 Lancement hier du premier pôle de tennis-fauteuil, une structure pour accueillir et former ces sportifs.
07:30 A court terme, l'objectif est évident, remporter le plus de médailles possibles aux Jeux Olympiques de 2024 à Paris,
07:35 mais le directeur technique national, Julien Escudet, voit aussi plus loin et veut créer une filière d'excellence dans le tennis-fauteuil.
07:42 Il faut désormais grandir en nombre pour espérer voir éclore au sein du pôle les successeurs de Michael Jeremias et Stéphane Houdet,
07:48 les deux derniers champions olympiques français de para-tennis.
07:51 de la Guinée-Bissau.
07:52 C'est la Guinée-Bissau.