Aujourd’hui notre invité est le mentaliste Fabien Olicard. Vous pouvez retrouver son livre « Votre idée va devenir réalité » aux éditions first et après la tournée de son nouveau seul en scène « Archétypes » il sera à la salle Pleyel le 22 novembre.
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00:00 - Et oui, on rigole parce que nous sommes sur le plateau de Télématin en présence d'un mentaliste, d'un humoriste, Fabien Olicard.
00:06 Bonjour. - Bonjour.
00:07 - On a excité l'idée de vous accueillir. On va parler du spectacle Archétype.
00:12 Vous êtes actuellement en tournée avec ce spectacle et vous êtes également en librairie avec ce livre que montre Thomas.
00:17 - Absolument. - Votre idée va devenir une réalité.
00:19 C'est publié chez First. Alors, Fabien Olicard, certains nous ont dit « Ah, vous recevez Fabien Olicard, génial, génial ».
00:25 Et d'autres nous ont dit « C'est quoi un mentaliste ? ». Alors, c'est quoi un mentaliste ? Est-ce que vous pouvez nous montrer ?
00:29 - Oui, on peut déjà donner une définition. Vous voyez « magicien », vous voyez « voyant », c'est la limite. C'est l'escroquerie honnête.
00:36 Voilà. C'est pas mal. J'aime bien cette définition-là. Il y a un truc. Le mentaliste, pour moi, c'est la possibilité de trouver des choses un peu impossibles.
00:43 Là, j'ai six pièces de Lego. C'est vous ce que vous voyez. Moi, je vois 915 millions.
00:48 C'est le nombre de possibilités de les emboîter les unes avec les autres. 915 millions de possibilités différentes.
00:53 C'est fou quand on se dit ça. Ça, c'est avec six pièces de Lego. Mais vous imaginez le nombre de mots qu'on peut faire avec 26 lettres ?
00:59 Ça, c'est exponentiel. Et c'est ça qu'on va essayer, Julia. J'ai pris mon petit livre avec moi, celui que j'ai dans le métro.
01:05 Vous allez me dire « stop » quand vous voulez. Puis, vous lirez le premier mot en haut de la page. Évidemment, vous le lisez mentalement.
01:09 Sinon, ça n'a pas tellement d'intérêt. Ça marche. - Faut du sketch, je crois.
01:13 - Vous me dites « stop » quand vous le souhaitez. - Stop.
01:15 - Stop. Ici, je monte la page. Vous allez dire le premier mot dans votre tête. - En haut à gauche ?
01:18 - Oui. - Je l'ai dans ma tête.
01:19 - Ici, là, sous mon doigt. Vous en avez un ? - Oui, je l'ai.
01:21 - Ok. Vous le retenez pour toute votre vie. Non, peut-être pas. Juste pour quelques secondes. Vous allez penser à ça.
01:26 J'ai juste besoin d'un petit peu d'aide. Est-ce que c'est quelque chose qu'on peut toucher dans le monde réel qui existe ?
01:31 Ah, vous avez du mal à déterminer ça. - Oui.
01:33 - D'accord. Donc, ça existe, mais pas vraiment. C'est pas un objet que vous... - Ça existe, non.
01:36 - C'est pas un truc que vous allez mettre dans votre poche, par exemple. - Non.
01:38 - Oui, c'est ça. C'est marrant. La première lettre, ça doit être une espèce de consonne, comme ça.
01:45 Après, ça doit être une voyelle. Il doit y avoir un « u » dedans. - Oui.
01:50 - Ok. J'ai quelque chose qui me vient. Peut-être un autre... Ah oui, mais non. Ça, ce serait pas un objet.
01:56 Ah, peut-être ça, alors. Ok. J'y vais un peu aux filines le plus rapidement possible, mais...
02:02 Est-ce que vous pouvez me dire quels mots vous aviez en tête ? - Je peux vous le dire maintenant ?
02:04 - Oui. - Goutte.
02:05 - Alors, moi, j'avais mis « humidité ». - Ah, c'est fou, quand même.
02:08 - Mais après, je l'ai régué, et puis j'ai mis « goutte » à la place. - Oh là là !
02:11 - Parce que comme ça, ça marche mieux. - C'est fou.
02:12 - Bon, alors, ça va pas commencer. Moi, je veux comprendre. - Non.
02:14 - Mais j'avais pas le mot « goutte » dans mes yeux, quand même.
02:17 - Alors, on peut en parler, mais après, je suis obligé de vous faire signer une secte de mentalistes.
02:23 - Des charges. - Sans donner tous les secrets.
02:24 Comment vous analysez ? C'est quoi ? Ça se joue dans les yeux, dans le comportement ?
02:29 C'est pipé, c'est votre livre, vous êtes venu avec, il y a marqué « goutte » à toutes les pages ?
02:34 - Il y a marqué « goutte » à toutes les pages, exactement. - Non, non, non, absolument pas.
02:37 - Ça serait pratique, quand même. - C'est quoi ? C'est des...
02:39 - Là, en l'occurrence... - Qu'est-ce qui attrahit Julia, là ?
02:41 - L'idée, c'est de mélanger pas mal de choses. La première chose, effectivement, si on repasse au ralenti,
02:46 le moment où je dis « est-ce que c'est un objet qui existe dans le monde réel ? »,
02:48 vous voyez très bien qu'on a la réponse, parce qu'elle est très embêtée, on le voit,
02:51 elle lève les yeux au ciel, ça veut dire « oui, ça existe, mais est-ce que vraiment, je peux m'en saisir ? »
02:56 - Alors, attends, attends, attends... - Donc, mine de rien, ça veut dire que c'est pas un verbe.
02:58 - Est-ce que vous voulez faire l'inverse ? - Attends, vas-y, Julia, tu m'arrêtes ?
03:02 - Stop ! - Tu regardes le mot, là, en haut, au machin, là.
03:05 - En haut, à gauche, je regarde ? - Ouais. C'est celui-là ?
03:07 - Je l'ai. - Vas-y, regarde-moi.
03:10 - Bah, ouais. - Mais il l'a lu, ce client !
03:12 - Ah non, je l'ai pas lu, non, je l'ai pas lu. - Non, non, regarde-moi, regarde-moi.
03:14 - Est-ce que ça se mange ? - Non.
03:16 - Est-ce que ça se partage ? - Parfois.
03:20 - Exactement. Vous venez d'un akinator, mais vous arriverez pas à le faire sur Julia,
03:23 parce qu'elle est pas bonne émettrice quand elle connaît pas.
03:27 Moi, je peux être l'émetteur, vous pouvez être le mentaliste.
03:29 - Ah, génial ! - Je l'ai jamais fait, vous voulez essayer ?
03:30 - Ah oui. - C'est moi qui ai le livre, c'est moi le spectateur.
03:33 Je vais mettre mon doigt sur un mot, et je vais vous dire, je vais pas prendre un mot compliqué,
03:38 je vais pas prendre un verbe conjugué, ce genre de choses, je vais prendre, voilà,
03:41 quelque chose qui existe que vous pourriez écrire ou dessiner sur un tableau.
03:46 Vous pensez que j'ai pris quel mot ?
03:50 - Je pourrais dessiner une maison sur un tableau ?
03:52 - Vous dites que j'ai mis le doigt sur "maison". Je vous fais voir sur quoi j'ai le doigt.
03:56 - Ah, c'est ouf ! C'est ça ? - Putain.
04:00 - Comment c'est possible ? - Vous êtes mentaliste, hein ?
04:01 Je le fais voir à une caméra, peut-être ? Juste ici.
04:04 - Mais qu'est-ce qu'il y a ? Il est bizarre ? - C'est très curieux.
04:07 - Thomas, je suis même capable de transformer n'importe qui en mentaliste.
04:10 - Et ça, qu'est-ce qui s'est passé ? Sans trahir le secret. Pourquoi Thomas ?
04:12 - La grande question, c'est est-ce que Thomas a deviné le mot que j'avais dans la tête ?
04:16 - Non, non, non. - Ou est-ce que j'ai anticipé le mot qu'il aurait dans la tête ?
04:18 La réponse, vous l'aurez le 22 novembre à la salle Playel, sur un spectacle.
04:21 - Il est fort ! - Il est fort !
04:23 - Vous devez faire flipper tout le monde, non ?
04:25 - Non, ça va que les gens qui ont quelque chose à se reprocher.
04:28 - Et là, par exemple, à quoi je pense ?
04:29 - Vous pensez que des choses sympathiques.
04:32 Vous pensez au soleil, vous pensez à Marrakech.
04:34 - Oui, c'est parce que je l'ai dit. - Oui, ça, vous l'avez dit avant.
04:36 Bon, il existe aussi un mentaliste embrouilleur.
04:38 C'est celui dont vous parliez dans votre spectacle que vous évoquiez. Petit extrait.
04:42 - Mentaliste embrouilleur, ça déontologie, c'est qu'est-ce qui est bon pour lui ?
04:45 C'est un manipulateur, pour le coup. C'est un enfumeur de premières.
04:50 Mais c'est pas quelqu'un qui est né comme ça.
04:51 C'est quelqu'un qui a appris à le faire et qui le fait consciemment.
04:55 Les statistiques nous prouvent qu'on retrouve ce type de personnes dans trois corps de métier.
04:59 Dans le métier de la vente et du marketing.
05:02 Attention, j'ai pas dit que toutes les personnes qui sont dans la vente ou dans le marketing
05:06 sont des mentalistes embrouilleurs.
05:07 J'ai dit que ce type de manipulateur s'épanouit dans ces métiers-là.
05:11 Attention, faites pas dire ce que j'ai pas dit.
05:13 On trouve également ces personnes-là dans les postes de managers ou de chefs d'entreprise.
05:17 Et de la même manière, j'ai pas dit que les managers et les chefs d'entreprise étaient manipulateurs.
05:20 J'ai dit que ces personnes-là s'épanouissent à ce poste-là.
05:23 Et le troisième corps de métier, où on les trouve, c'est dans les métiers de la politique.
05:28 Politicien, quoi.
05:29 J'ai rien à rajouter ?
05:32 Non, c'est démago.
05:36 C'est démago.
05:38 C'est démago parce que ça fait genre "ah, il tape sur les politiques et tout".
05:41 Alors que j'ai les moyens de prouver ce que je viens de dire, quand même.
05:44 - Vous voulez dire que les politiques sont vraiment les rois de l'embrouille ?
05:47 Ils ont ce côté mentaliste ? Ils arrivent à percevoir chez l'autre ce qu'ils veulent entendre, éventuellement ?
05:52 - En tout cas, ils connaissent toutes les méthodes de rhétorique pour embrouiller avec des mots
05:55 et pour répondre à côté.
05:57 On prend quelques mots, démocratie, local, interculturel...
06:01 - Oui, sauf que maintenant, ça se voit, ça marche plus.
06:03 Alors que vous, ça marche.
06:03 - Vous rigolez, ça marche super bien encore.
06:06 En fait, la langue de bois, ça fonctionne parce qu'on est tous persuadés que ça fonctionne pas sur nous.
06:10 C'est un peu comme la pub, on se dit "non mais la pub, ça marche pas sur moi".
06:12 C'est pour ça qu'ils mettent des milliards là-dedans.
06:14 - Après, vous achetez du Calgon quand même, parce que les machines durent plus longtemps.
06:17 - Et ça marche très très bien aussi, la langue de bois.
06:19 Moi, sur scène, il y a un moment donné où vraiment j'en fais.
06:21 Donc, je prends les 17 mots de la langue de bois qui ont été identifiés par Franck Lepage,
06:24 un petit génie sur le sujet, et je réponds à n'importe quelle question.
06:28 Je sais que je réponds à n'importe quoi.
06:29 J'enchaîne les mots, ça ne veut rien dire.
06:31 Je m'entends parler, je me crois.
06:33 - C'est vrai ? - C'est quand même un problème.
06:34 - Par exemple, qu'imaginez-vous ?
06:36 Qu'est-ce que vous imaginez pour cette journée de grève, Fabien Olicard ?
06:39 - Alors, moi, vous me parlez du mot grève, je pense avant tout au mot démocratie.
06:42 C'est-à-dire qu'à l'issue d'un diagnostic partagé, au niveau de l'interculturel,
06:45 il faudrait ramener la question au niveau du local pour comprendre un peu les enjeux de citoyenneté.
06:50 - Oui, ça c'est les aimants de langage.
06:51 - Je n'ai rien dit et j'aurais pu répondre à n'importe quoi avec les mêmes mots.
06:54 - Est-ce qu'il y a des politiques qui vous ont déjà sollicité ou pas ?
06:57 - En tant que consulting, non.
06:59 Non, non.
07:00 Il y a des ministres qui sont venus voir mon spectacle et qui ont vu ce passage,
07:04 qui en ont beaucoup rigolé et qui m'ont dit,
07:06 c'est vrai que ça rappelle le bureau.
07:09 - C'est qui ?
07:10 - Je n'aurais pas le droit de le dire.
07:11 - On ne peut pas dire qui il est ?
07:12 - Non, non, regardez, regardez-nous, on va se faire.
07:13 - Non, non.
07:14 - C'est lui, sérieux ?
07:15 - Il y en a un, c'est facile de le trouver parce que je l'ai interviewé.
07:17 - Olivier Véran.
07:18 - Exactement.