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TW : viol
Cécil a été violé par plusieurs filles, alors qu'il était au collège. Un événement traumatisant dans la construction de sa personne. Aujourd'hui remis, il nous confie son histoire.

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Transcription
00:00 une fille qui me prenait par le haut du corps et une autre qui me plaquait par le bas du corps.
00:03 Et la troisième qui du coup m'avait enlevé les pantalons et après il y a eu pénétration.
00:07 J'avais eu le réflexe de vouloir en parler au directeur de l'école mais il m'a pas cru.
00:11 Il m'avait dit "ça peut pas arriver à un garçon comme vous" donc...
00:13 C'est le problème que j'ai eu avec le college en général, c'est qu'en fait il y avait un problème de harcèlement.
00:19 Souvent c'était des insultes qui s'échangeaient.
00:21 Tout ce qui était un peu d'ordre discriminatoire en fait ça dépendait,
00:23 s'il y avait une rumeur sur quelqu'un qui était gay, on le traitait de pédé, etc.
00:26 Et après il y a les variantes, il y a les tarlouses ou alors si on se trompe sur quelque chose,
00:29 du coup on peut être traité de gogole, de trisomique, etc.
00:33 C'est ce que je prenais aussi.
00:34 En fait j'avais pas envie d'aller dans ce collège là.
00:35 J'avais même envie qu'il n'y ait pas de récré en fait.
00:37 Je voulais que les cours s'enchaînent et qu'après je rentre chez moi et que je reste seul dans ma chambre.
00:41 J'avais pas envie d'avoir une vie sociale.
00:43 C'était progressif en fait.
00:44 D'abord c'était un groupe de lycéennes.
00:45 Ça a commencé avec des petites pincettes aux fesses, des petites gifles.
00:48 À ce moment-là en fait je répondais pas.
00:50 Parce que du coup elles étaient plus grandes, donc elles avaient une certaine autorité.
00:52 Et en plus c'était un groupe, donc j'avais peur de leur parler.
00:54 Au fil des semaines en fait, des pincettes elles en venaient carrément à me chopper les fesses.
00:58 Plus ça prenait de l'ampleur, plus j'avais peur.
01:00 Par rapport au harcèlement et à tout ça en fait,
01:03 quand j'en avais marre, j'allais à un coin de la récré où en fait il n'y avait presque personne.
01:07 Derrière le bâtiment il y avait la cantine et elles ont su que j'allais là-bas.
01:11 Elles m'ont retrouvé là-bas durant une récré de midi.
01:17 Et c'est là qu'en fait elles ont voulu me plaquer au sol.
01:20 Il y avait deux personnes, donc une fille qui me prenait par le haut du corps
01:23 et une autre qui me plaquait par le bas du corps.
01:26 Et la troisième qui du coup m'avait enlevé les pantalons,
01:30 elle avait ensuite fait une fellation.
01:34 Et après il y a eu la pénétration.
01:37 Et je voulais essayer de crier mais elle me bouchait la bouche.
01:42 Et après quand elles sont parties,
01:44 j'avais eu le réflexe de vouloir en parler au directeur de l'école, mais il m'a pas cru.
01:49 Il pensait que j'en faisais trop en fait.
01:51 Il pensait que là c'était un truc que j'avais inventé pour que je me tire de l'attention.
01:55 Je pense que c'est pour ça qu'il m'a pas cru,
01:58 mais aussi parce que justement le fait que j'étais un garçon,
02:00 j'étais le plus grand de ma classe, donc du coup il m'avait dit
02:03 "ça peut pas arriver à un garçon comme vous" donc il m'a viré de son bureau.
02:07 Et après je suis allé reprendre les cours, mais j'étais totalement déstabilisé.
02:14 Mais en fait à cause de l'anxiété, du harcèlement et de tout ce qui s'était passé
02:17 durant cette année précisément en fait,
02:19 quand elle était rentrée chez moi le soir, j'avais tenté de me suicider en parpendaison.
02:24 À ce moment-là en fait j'en pouvais plus.
02:26 Si même lui pouvait pas me croire, je pense que personne ne pouvait me croire.
02:29 J'avais pas non plus envie d'en parler avec ma famille
02:30 parce que je voulais pas qu'il s'inquiète encore plus en fait.
02:34 J'ai été obligé de la recroiser parce qu'on allait à la même cantine
02:36 et on pouvait se revoir dans les couloirs du collège.
02:39 Donc oui des fois elle m'envoyait des commentaires
02:41 et un commentaire dont je me souviens c'est qu'elle me disait si j'étais pas trop traumatisé.
02:46 Ensuite j'ai allé au CNED pour des cours à distance.
02:48 Au début en fait ça allait bien, j'avais l'impression de m'entendre avec les autres.
02:52 Je peux dire par exemple que la première et la seconde s'étaient bien passées pour moi
02:55 et après que c'était en terminale que du coup il y a eu des tensions en fait
02:58 parce que je me découvrais en fait, par exemple sur la sexualité.
03:02 On parlait forcément de perte de la virginité, de ne plus être pulso,
03:05 comme si c'était vraiment un objectif dans la vie.
03:06 Moi par contre ça m'intéressait pas en fait, j'ai jamais ressenti ça.
03:10 Le questionnement que j'avais sur moi s'est confirmé on va dire quand j'avais l'âge de 16 ans
03:13 quand du coup je m'étais dit "j'ai vraiment pas envie de coucher avec quelqu'un,
03:15 je pense que j'ai vraiment pas d'attirance sexuelle quoi que ce soit".
03:19 J'ai fait de la recherche sur internet où du coup je cherchais une orientation
03:22 où du coup on serait attiré sexuellement par personne
03:24 et c'est là que j'étais tombé sur le site d'AVEN qui se charge d'informer sur la sexualité
03:29 et donc j'ai découvert la sexualité.
03:30 Et c'est dans la définition de la sexualité que je me suis reconnu parfaitement
03:34 et c'est là que c'était un soulagement parce que du coup je pouvais mettre un mot sur ce que je ressentais.
03:38 Pareil en fait j'avais une sorte de questionnement où je ne sais pas si j'aimais les hommes ou les femmes.
03:41 Le concept d'être bi en fait ça m'était totalement inconnu.
03:45 Donc à la place en fait j'ai découvert le terme "pans" et c'est comme ça que j'ai pu me reconnaître.
03:50 Donc du coup je me suis défini comme asexuel et pan romantique.
03:54 Je voulais en parler avec mes camarades de classe,
03:55 je pensais que ce serait un sujet qui pourrait être abordé très facilement
03:58 mais le problème c'est que ça n'a pas été le cas.
03:59 Du coup j'ai d'abord reçu une vague de dénis de personnes qui disaient que j'avais un problème, que j'étais malade.
04:06 Donc du coup ça m'a foutu un froid et j'avais plus envie d'en parler avec eux
04:10 mais aussi d'en parler avec d'autres personnes ou d'en parler sur internet.
04:13 Ça a atteint à tel point qu'en fait vers la fin de l'année, en terminale,
04:18 il y avait une soirée de fin d'année qui se préparait.
04:20 Il y a une chose que je faisais c'était porter un casque mais ne pas écouter de musique.
04:24 Et du coup j'entendais mes camarades de classe qui parlaient à voix basse,
04:30 ils disaient qu'ils pouvaient insulter moi ou d'autres personnes derrière leur dos.
04:33 Pour la préparation de la soirée de fin d'année en fait,
04:36 ils voulaient carrément que je me droguais et me violer en fait.
04:40 Et j'avais pas envie de les confronter sur ça.
04:45 Je prétendais que j'y allais pour pas qu'ils me forcent à y aller.
04:48 Et ensuite le jour J en fait, j'étais pas venu.
04:53 Et c'est durant le soir qu'en fait, quand j'étais chez moi,
04:57 ils me disaient "sois pas une tafiole, faut que tu viennes, on va faire toi un homme.
05:04 Faut quand même que tu expérimentes avant de dire que t'es pas intéressé".
05:11 Et c'était la dernière fois que j'aurais parlé en fait.
05:14 Parce que voilà, c'était la soirée de fin d'année, vraiment tout était terminé.
05:18 Au final j'ai pas eu mon bac mais j'étais pris à une école privée donc j'ai continué ma scolarité ailleurs.
05:24 En fait le problème quand je repense au viol que j'avais eu à ce moment là,
05:28 c'est que je considérais pas ça comme un viol quand j'étais adolescent.
05:32 Pour moi c'était une expérience humiliante mais voilà, c'était pas une agression.
05:37 J'avais pas le terme "agression sexuelle" dans ma tête, j'avais pas le terme "viol" en tête,
05:41 parce qu'on en parlait rarement et de toute manière on avait une éducation sexuelle assez foireuse à l'époque.
05:46 À ce moment là, dès qu'on parlait d'agression sexuelle, je me sentais pas concerné en fait.
05:51 Parce que voilà, j'ai gardé quand même en tête le fait que ça pouvait pas arriver à un homme,
05:54 donc je niais mon expérience en fait.
05:57 Non, j'ai pas porté plainte et idéalement je voudrais bien que ces personnes là soient en prison,
06:02 mais là je pense que pour le moment je préfère ne plus revoir ces personnes là.
06:06 Parce qu'en fait, en ce cas, je connais même pas leur nom en fait.
06:09 Je sais juste qu'elles étaient sans doute lycéennes parce qu'elles étaient plus grandes que moi.
06:13 Et après je m'informais, surtout dans le milieu féministe, de victimes de viols,
06:18 qui du coup parlaient aussi de victimes masculines de viols.
06:20 Et c'est là que je me suis dit que je devais mettre un mot sur ce qui m'était arrivé
06:23 et me rendre compte qu'en fait ce groupe de filles m'a violé.
06:26 Quand je faisais des recherches sur mon asexualité, en fait, je tombais sur des témoignages
06:29 où des personnes catégorisaient toutes les personnes asexuelles
06:34 comme des victimes de violences sexuelles qui ont voulu affirmer leur traumatisme.
06:38 Et c'est quelque chose qu'on retrouve aussi chez les personnes homosexuelles en fait.
06:41 Il y a des personnes homosexuelles qui sont considérées telles quelles
06:44 parce qu'elles ont eu un traumatisme sexuel et c'est pas vraiment une bonne chose à penser
06:49 si on se dit que toutes les personnes non-hétérosexuelles
06:52 sont des personnes qui ont eu des traumatismes sexuels.
06:55 Maintenant je vais beaucoup mieux.
06:57 J'assume mon asexualité et je suis en couple avec une personne qui accepte mon asexualité.
07:00 Pour les personnes qui me regardent et qui ont subi la même chose,
07:02 il faut contacter des plateformes ou des communautés de victimes.
07:06 Surtout des personnes concernées qui pourront vous sentir, pourront vous comprendre,
07:10 pourront vous croire aussi.
07:11 Et aussi de contacter la psy parce que c'est quelque chose que j'aurais dû faire depuis longtemps
07:15 avec qui je pourrais parler de tous mes traumatismes, de tous mes problèmes,
07:19 qui pourraient me croire et me donner des conseils sur ça.
07:21 Merci.
07:23 [SILENCE]

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