Le 22 mars dernier, le Préfet du Calvados plaçait le département en vigilance sécheresse : le premier niveau d'alerte. Depuis, les précipitations ont été soutenues en avril mais la pluie se fait rare depuis deux semaines. Jean-Yves Heurtin, président de la Chambre d'Agriculture du Calvados, évoque les risques de sécheresse au regard des niveaux actuels des nappes phréatiques.
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00:00 - Le 6/9 - France Bleu Normandie
00:02 - Il est 8h15, on guette la pluie mais elle ne vient pas.
00:09 Notre invité est le président de la chambre d'agriculture du Calvados, Didier Charpin.
00:13 - En direct avec nous en studio, bonjour Jean-Yves Vertin.
00:15 - Bonjour.
00:16 - Il n'a pas plu de façon significative depuis une quinzaine de jours,
00:20 a priori ça va pas s'arranger début juin.
00:23 Quel est votre état d'esprit ce matin ?
00:25 Est-ce que vous craignez une sécheresse ou vous êtes simplement, on va dire, attentif et vigilant ?
00:29 - Non, je pense qu'il faut être attentif.
00:32 On voit bien qu'on a des périodes, maintenant, météorologiques
00:36 qui sont un peu différentes de ce qu'on avait à 20 ou 25 ans.
00:39 On a des périodes un peu plus longues dans l'alternance,
00:42 donc forcément ça pose question.
00:44 La vue en fin d'hiver, puisqu'on a eu une fin d'hiver plutôt...
00:48 - Sèche.
00:50 - Pas très pluvieuse, plutôt sèche.
00:53 On a eu un mois de fin mars et avril plutôt surprenant, plutôt humide.
00:58 Donc vous voyez, c'est des variations différentes.
01:01 - Vous êtes tenu au courant, j'imagine, de l'état des nappes en lien rébuillé avec la préfecture ?
01:06 - Bien sûr, de l'état des nappes.
01:07 Alors c'est vrai que nous on a deux préoccupations assez distinctes.
01:11 C'est l'humidité de surface qui permet une bonne alimentation de nos cultures, de nos prairies,
01:16 et notamment des prairies pour faire l'alimentation animale.
01:19 Et dans cette période de printemps, c'est toujours très important
01:22 parce que c'est là qu'on constitue aussi une partie des stocks pour le fourrage de l'hiver prochain.
01:26 Et puis une attention toute particulière également sur l'état des nappes
01:30 puisque même si c'est une toute petite partie de l'eau qui est consommée sur le département,
01:36 l'irrigation dans le calvados par rapport à la consommation globale,
01:39 ce n'est que 6 à 7% qui est utilisé pour l'irrigation et principalement pour les légumes de plein champ
01:45 et tous les légumes sous serre qui servent à l'alimentation.
01:49 Mais on a un œil attentif parce qu'il faut aussi préserver notre capacité à irriguer pour la période estivale.
01:56 - Le lendemain c'est le bassin de Vire qui avait été particulièrement impacté par la sécheresse.
02:00 Est-ce que là vous dites ça va globalement dans le département,
02:03 est-ce qu'il y a des zones un petit peu plus tendues ?
02:05 - Alors, effectivement vous voyez comme quoi les années suivent et ne se ressemblent pas
02:10 parce que toute la partie ouest du département est plutôt serein.
02:14 Voilà, attentive, vigilant, mais on est serein.
02:18 La partie est est un petit peu différente, les nappes sont un petit peu en dessous de leur niveau normal.
02:24 - La partie est de l'Eau Pays d'Auge, tout le monde ne connaît pas forcément.
02:28 - Oui, oui, oui, tout à fait.
02:31 Donc la partie Pays d'Auge est un petit peu en dessous des niveaux habituels,
02:36 mais pour l'instant c'est une importance d'être vigilant,
02:40 de faire attention à l'utilisation de l'eau,
02:43 mais ça c'est quelque chose qui s'applique normalement à chaque citoyen.
02:47 - Le 22 mars dernier le préfet du Calvados avait déclenché le premier seuil,
02:53 c'est la vigilance sécheresse.
02:55 Il appelait tout le monde à faire des efforts, les particuliers, les entreprises et les collectivités,
02:59 et vous les agriculteurs, c'est possible d'économiser l'eau ?
03:02 - Alors, c'est possible pour certaines choses, pour d'autres c'est compliqué.
03:06 Vous comprendrez bien qu'un bovin tous les jours il faut qu'il s'abreuve
03:10 et c'est difficile d'aller lui dire "tu vas boire un peu moins",
03:14 mais bon après il faut aussi relativiser,
03:16 400 000 bovins c'est 7% de la consommation d'eau du département par an,
03:21 600 000 habitants dans le Calvados, un peu plus,
03:25 c'est 60% de la consommation d'eau.
03:28 Donc vous voyez il faut raison garder.
03:30 - Les bovins ont besoin de boire, on l'a compris maintenant.
03:32 - Voilà, et ils boivent beaucoup, mais vous voyez, ramener au nombre,
03:35 c'est tout à fait relatif par rapport à notre consommation, nous, citoyens.
03:40 Après, l'économie, effectivement, on a quelques axes d'action
03:45 et les agriculteurs s'y emploient.
03:48 Bien sûr c'est par rapport au lavage du matériel,
03:51 qu'il soit le lavage matériel agricole,
03:53 mais aussi les lavages des installations de traite,
03:55 avec une certaine limite parce que toute la partie installation de traite pure,
03:59 où le lait passe, forcément on ne peut pas jouer avec le risque sanitaire,
04:03 donc on se doit de laver en respectant les protocoles.
04:08 Après sur la partie irrigation, comme je disais tout à l'heure,
04:10 qui ne représente que 6% de la consommation départementale,
04:15 là il y a des efforts qui sont faits régulièrement,
04:17 les agriculteurs investissent dans du matériel plus performant.
04:20 Si vous regardez bien, dans le peu d'irrigation qu'il peut y avoir,
04:23 notamment dans le sud du département,
04:25 l'irrigation au jet diminue,
04:28 enfin quand je dis le jet, c'est la lance,
04:31 on a de plus en plus de rampes qui sont installées,
04:34 des rampes qui sont économes de 15 à 20% quand même sur les quantités
04:38 pour avoir le même effet,
04:39 et puis après il y a des investissements très lourds,
04:41 notamment pour les agriculteurs qui font des cultures en ligne,
04:46 alors ça peut être les tomates sous serre,
04:48 ça peut être les fraisiers,
04:49 ça peut être même certaines cultures en plein champ.
04:52 - Des investissements qui vont venir au goutte à goutte,
04:53 c'est-à-dire au pied de la plante, mais pas au sens large.
04:57 - Donc là on a des très très grosses économies,
04:59 mais c'est un investissement très lourd,
05:01 et pour les cultures qui sont amenées à changer,
05:03 il faut déplacer ces installations,
05:04 donc c'est très très gourmand.
05:06 - Il y a ce plan de résilience de l'eau,
05:07 Emmanuel Macron lui-même l'a dit,
05:09 l'eau n'est pas un bien illimité,
05:11 il y a des aides, vous avez été aidé,
05:13 vous espérez d'autres aides pour s'améliorer
05:15 justement sur l'irrigation, être plus économe ?
05:18 - Alors, il y a eu quelques accompagnements,
05:22 mais vous savez, nous on est toujours,
05:24 le monde agricole est toujours très pragmatique,
05:25 parce que souvent les grands effets
05:27 où on annonce des grands plans qui vont très largement aider,
05:30 on est souvent très très déçus,
05:31 parce que quand on ramène ça au nombre d'agriculteurs,
05:34 ça fait des sommes qui sont relativement modestes,
05:36 et nous, notre volonté elle est beaucoup plus
05:38 de travailler sur deux choses,
05:40 l'efficacité économique que ça génère,
05:42 et l'efficacité justement en termes d'optimisation
05:45 de la gestion de l'eau,
05:46 et l'agriculteur est beaucoup plus sensible à ça,
05:48 parce qu'il sait que l'eau,
05:50 s'il n'en a pas assez pour pouvoir irriguer ses cultures,
05:52 il en sera victime le premier, économiquement parlant,
05:55 et ça c'est le pire des sentences.
05:57 - Merci, j'arrive, Hurtin, je rappelle la situation,
06:01 vous êtes vigilant sur le pays d'Auge,
06:03 où au niveau des nappes c'est pas optimal,
06:05 sinon ça va globalement dans le Canada aussi.
06:07 - Mais l'économie est de mise sur l'ensemble du territoire,
06:11 c'est nos pratiques habituelles,
06:13 on essaye de faire le mieux avec ce qu'on a.
06:15 - Vous êtes président de la Chambre d'agriculture du Calvados,
06:18 invité ce matin à France Bleu, France 3, bonne journée.
06:20 - Merci, bonne journée.
06:21 - A vous aussi, à vous, Didier Ducharpin,
06:22 et à votre invité, à réécouter sur francebleu.fr.