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00:00 On dit souvent que le tennis est un sport individuel, alors qu'il n'est jamais plus
00:06 beau que quand il est collectif.
00:08 BNP Paribas, fidèle au tennis de demain depuis 50 ans.
00:13 C'était vraiment la folie sur le cours 14, est-ce que tu l'expliques justement par les
00:17 difficultés que tu as pu traverser ?
00:19 Oui, je sais pas, c'est vrai qu'il y a un certain engouement depuis la victoire du premier
00:28 tour dans les qualifs, où les gens sont vraiment derrière moi, où ils ont envie que je gagne,
00:35 me poussent comme jamais j'ai été poussé ici.
00:38 Et puis je pense que le fait de jouer aussi sur ce cours où les gens sont proches de nous,
00:45 où ils peuvent vraiment vivre les émotions plus que sur un très grand cours, je pense
00:51 que ça a créé quelque chose d'incroyable.
00:53 Que ce soit dans la vie réelle ou sur internet, il y a eu beaucoup de choses pour au final
01:03 juste une qualif en grand chelem.
01:05 Ça représente énormément pour moi aujourd'hui, mais c'est vrai que j'ai rarement reçu autant
01:15 de soutien et autant de messages.
01:17 Après trois jours après la qualif, deux jours après la qualif, dès que je croisais
01:22 une personne dans Paris ou au stade, c'était "putain, on est trop content pour toi".
01:27 Et ça fait vraiment plaisir, ça fait chaud au cœur.
01:31 Tu veux rester sur le 14 du coup jusqu'au bout du tournoi ?
01:34 Ouais, forcément, on n'a pas vraiment envie de changer quand ça se passe comme ça.
01:38 Lucas, pendant le match, on a eu l'impression que tu jouais comme quelqu'un qui n'a pas
01:46 passé à travers tout ce que tu as traversé, comme quelqu'un qui n'était pas à la recherche
01:50 d'une victoire en grand chelem depuis 2019.
01:52 Est-ce que tu as senti aussi, toi, que tu étais le patron sur le cours, que tu t'installais,
02:00 que tu maîtrisais, que tu étais en maîtrise ?
02:01 Aujourd'hui, je pense que c'est le match des quatre le plus accompli sur le plan du
02:06 niveau de jeu.
02:07 Gagner en 3-7, ce n'est pas facile parce qu'il y a toujours des moments de tension
02:12 dans un match.
02:13 Mais quand on regarde le score, ça l'est.
02:16 Je pense que dans tout ce que j'ai réussi à produire aujourd'hui, c'était le match
02:20 le plus accompli et très solide du début jusqu'à la fin.
02:24 Déjà, c'est le premier match où je ne commence pas derrière, où je ne me fais
02:26 pas briquer d'entrée et je ne suis pas mené.
02:29 Je commence avec une bonne intensité parce que tout de suite, lui, il a voulu essayer
02:33 d'en mettre un peu plus, de frapper un peu plus fort plus tôt.
02:35 Je ne me suis pas laissé surprendre et j'ai réussi à contrôler de A à Z tout ce match.
02:41 Ça, c'est génial.
02:42 Tu as connu des Marseillaises très émouvantes à Lille, notamment, en 2017, devant 23 000
02:49 personnes.
02:50 Là, il y en avait 2 000, 5.
02:51 27 000.
02:52 27 000, oui, exact.
02:53 Là, il y en avait 10 fois moins, on va dire.
02:57 Est-ce que celle-ci, elle avait autant de saveur et autant de frissons ?
03:01 La différence, c'est qu'on joue pour son pays.
03:03 En Coupe d'Évices, la Marseillaise, c'est un peu le chant, on va dire, qui est à chaque
03:08 fois qu'on joue et qui est chanté et quand on gagne, c'est vraiment la chanson qu'on
03:12 a envie d'entendre.
03:13 Et puis là, c'était un moment que j'avais envie de partager avec eux quand ils se sont
03:19 mis à chanter la Marseillaise à la fin du match et envie de rester sur le cours le plus
03:24 longtemps possible pour vivre ces émotions et profiter de chaque minute à leur côté.
03:30 C'était juste dingue.
03:31 Là, tu vas avoir deux jours off.
03:35 C'est plutôt une bonne chose.
03:36 Ça va permettre aussi un peu de redescendre, de calmer, de bien te préparer, de bien te
03:41 reposer parce que physiquement, j'imagine aussi que c'est un enchaînement auquel tu
03:44 n'étais plus trop habitué.
03:45 Oui, non.
03:46 Je ne sais même pas quand est-ce que c'est la dernière fois que j'ai enchaîné quatre
03:50 matchs.
03:51 Je crois que c'est à Cassis, il y a deux ans, je pense.
03:53 Surtout, il y a beaucoup d'émotions.
03:59 Au-delà de l'enchaîner les matchs, de la fatigue physique et la fatigue aussi émotionnelle.
04:04 Ces deux jours vont me faire du bien.
04:06 Demain, je vais pouvoir bien me reposer, regarder du tennis, profiter de ma famille aussi.
04:11 Une fois que je serai mon adversaire, il sera temps de se replonger dans le tournoi, de
04:19 se reconcentrer et d'essayer d'aller au troisième tour maintenant.
04:23 Je ne voulais pas spécialement jouer le dimanche parce que je me sentais un peu fatigué.
04:28 J'avais des tensions un peu partout, notamment le lendemain.
04:32 Mais aujourd'hui, je suis très content parce que j'ai deux jours pleins avant de rejouer.
04:38 Il y a beaucoup d'émotions autour de toi quand on regarde tes proches notamment.
04:43 Là, Thierry Hassian, à la fin du match, il s'est un peu caché parce qu'il était ému.
04:45 Il m'a dit qu'il ne voulait pas que tu le vois ému pendant le match.
04:49 Toi, tu arrives à faire fi de tout ça, justement, à rester focus pendant les matchs ou quand
04:53 même tu vois qu'autour de toi, c'est dur parfois ?
04:55 Non, je ne regarde peu de personnes.
04:57 Je ne regarde peu de personnes, en tout cas de mon entourage, parce qu'à chaque fois
05:01 que je perçois de l'émotion, moi, ça me touche.
05:03 Je suis assez sensible.
05:04 Je n'ai pas envie de me disperser.
05:07 Je fixe mon coach, Enzo, Eric et ma femme qui sont les trois vraiment à côté.
05:14 Avec Pierre aussi, le préparateur physique.
05:17 Une fois que le match est terminé, j'essaie de profiter avec tout le monde, d'essayer
05:26 de cacher un peu tout le monde du regard.
05:27 Ce sont des gens avec qui j'ai vécu au quotidien.
05:32 Thierry, pour le coup, il a été avec moi depuis plus de deux ans.
05:38 Pendant les six, sept mois, je l'ai eu énormément au téléphone.
05:42 On s'est vu beaucoup quand c'était très compliqué.
05:46 Il était content de venir me voir.
05:50 Il m'a dit « qualifie-toi, s'il te plaît, j'ai envie de voir ton premier tour ».
05:53 Il était content d'être là.
05:54 J'étais content aussi.
05:55 C'est super de vivre toutes ces émotions avec toute mon équipe, toute ma famille,
06:01 mes proches et tout ce public.
06:04 Ils ont juste été, encore une fois, hallucinants.