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00:00 - Non, rien de rien. Non, je ne regrette rien.
00:07 Il est sorti de prison il y a 3 semaines.
00:10 Fabien a été condamné à 30 reprises.
00:15 Il a passé plus d'années en détention qu'auprès de sa femme, Peggy.
00:23 - J'ai été un marathonnier à des prisons.
00:27 J'ai fait Belfort, Lure, Vesoules, Besançon, Dijon, Varennes-le-Grand,
00:33 Clairvaux, Nancy.
00:36 Il a été incarcéré pour des vols, violences et trafics de stupéfiants.
00:42 - Au total, combien d'années ?
00:44 - 16.
00:45 - Je l'ai plus souvent vue derrière les barreaux que dehors.
00:48 - Et là, qu'il soit là, en train de travailler, à ton côté.
00:51 - C'est extraordinaire.
00:55 À 40 ans, Fabien commence avec sa femme une nouvelle vie.
00:58 Ils ont ouvert ce snack situé à côté de Belfort, dans l'est de la France.
01:03 Ils l'ont appelé le différent, un clin d'œil au parcours chaotique de Fabien.
01:07 Grâce à ce projet professionnel, Fabien a obtenu un aménagement.
01:12 Il est sorti de prison 6 mois avant la fin de sa peine,
01:15 mais il n'est pas complètement libre,
01:17 car il porte un bracelet électronique qu'il n'a jamais droit d'enlever,
01:21 même pour dormir ou prendre sa douche.
01:24 - Il est caché. Voilà. - Caché ? - Oui, je cache, oui. - Vous voulez pas qu'on le voit ? - Bon, ben voilà, c'est un peu gênant, quand même.
01:31 J'ai l'impression quand même d'être quelque part un peu sauvage.
01:35 Parce qu'en général, on met ça aux animaux, non ? Les bracelets. Hop là !
01:39 Même s'il en a un peu honte, il n'a rien voulu cacher à son fils de 7 ans.
01:44 - Vous pouvez montrer votre bracelet ? - Oui, bien sûr, regarde. Oui, oui, bien sûr.
01:48 La première chose qu'il a fait, c'est ça. Montre-moi ton bracelet. - Moche. - C'est moche ?
01:53 Ah, c'est mieux ça ? C'est mieux ça, moche, ou alors plutôt que tu viennes me voir en prison ?
01:58 C'est quoi qui est plus moche, c'est la prison ou c'est le bracelet ?
02:01 Ben oui, non, non. C'est plus facile, là, non ? Non ? T'es pas content ? - Si. - Ben alors.
02:09 Pour Fabien, comme pour tous ceux qui portent un bracelet, cette liberté n'est pas sans contrepartie.
02:16 - Ça se passe bien, hein ?
02:17 De 15h à 18h, il doit impérativement être chez lui.
02:22 - Allez, bouge ça plus ! Allez, boum.
02:24 Et c'est un stress permanent.
02:26 - Quelle heure c'est ? - 2h15. Alors, on va se déconner.
02:32 - C'est l'heure d'aller en prison. C'est l'heure de rentrer chez moi. - En prison à la maison. - Voilà.
02:37 - Donc c'est votre femme qui surveille l'heure ? - Elle me surveille moi.
02:40 - Oui, l'heure aussi, avec... - C'est pour toi et je surveille l'heure. Je suis la juge.
02:45 - C'est pas un peu stressant ? - Ah, si, complètement.
02:48 - Y a des fois, y a des clients, ici, et je suis obligé de les faire partir.
02:52 Bon, bah, à tout à l'heure, alors. Ça marche. Ciao.
02:55 Fabien fait partie de ces 10 000 détenus sous bracelet électronique.
02:59 Ce système permet de désengorger les prisons.
03:02 Il est appliqué à des petits délinquants ou des détenus en fin de peine
03:06 qui ont un projet de réinsertion comme lui.
03:08 Mais attention, le bracelet, ce n'est pas la liberté.
03:12 Fabien n'a que 15 minutes pour rentrer chez lui.
03:15 S'il est en retard, il risque de retourner derrière les barreaux.
03:18 - Allez, zou !
03:19 C'est la course contre la montre.
03:23 À 15h15, je dois avoir franchi la porte.
03:25 Une fois le seuil de sa porte franchie, c'est toujours le soulagement.
03:31 - Ça y est, on est arrivé.
03:33 À partir de cet instant, Fabien n'a plus le droit de mettre un pied dehors.
03:38 Il doit rester cloître et ici le reste de l'après-midi.
03:43 Fabien s'en accommode très bien.
03:44 Son appartement de 4 pièces est plutôt confortable.
03:48 - Ma cellule, moi, je faisais comme ça.
03:51 Je touchais les deux murs.
03:52 - Ah, vous faisiez comme ça ?
03:53 - Alors, il y avait mon lit, il y avait l'armoire, il y avait la table,
03:56 il y avait le toilette et je faisais comme ça.
03:59 Je vous dis, je touchais.
03:59 Plus d'espace et une porte qui n'est pas fermée à double tour.
04:02 - Normalement, ma limite, elle est de là.
04:04 Je ne peux plus franchir la limite là, du seuil.
04:07 Si je ne passe, ça sonne.
04:08 - Vous êtes en évasion.
04:10 - Exactement, oui.
04:12 Fabien ne sera-t-il pas tenté de franchir cette porte ?
04:15 S'il le fait, il sera très vite repéré.
04:19 Derrière cette façade en verre, dans le centre de l'île,
04:28 des gardiens de prison.
04:30 - Oui, allô, la surveillance électronique.
04:31 - Allô ? - Oui, bonjour, la surveillance des bracelets.
04:33 - Vous m'entendez ?
04:34 Ils surveillent jour et nuit les 1 800 porteurs de bracelets électroniques
04:39 du nord de la France.
04:41 - Oui, bonjour, monsieur, les bracelets électroniques.
04:42 Si l'un d'entre eux s'échappe pendant les heures où il doit
04:45 rester confiné chez lui, dans la minute qui suit,
04:48 une alerte s'affiche sur leur écran.
04:50 Absent de la zone d'assignation.
04:54 En clair, le détenu est absent de sa maison, c'est-à-dire
04:57 de son lieu de détention.
04:58 Alors, comment fonctionne cette prison à domicile ?
05:07 Quand il se déplace, l'audérique reste discret.
05:12 Il ne porte aucun uniforme et circule en voiture banalisée
05:17 pour ne pas éveiller les soupçons du voisinage.
05:19 Ce surveillant de prison installe au domicile des détenus
05:23 tout le dispositif électronique qui va permettre de les pister.
05:27 - Bonjour, je viens pour le bracelet.
05:32 Il se rend chez ce condamné pour trafic de stupéfiants.
05:37 Maxime, 19 ans, n'est pas derrière les barreaux.
05:39 C'est un juge qui a décidé de lui faire purger sa peine
05:43 d'un an au domicile de ses parents.
05:45 Un pavillon spacieux avec jardin.
05:50 Mais pour ce jeune homme autorisé à sortir uniquement le matin,
05:54 c'est loin d'être une prison dorée.
05:56 - Pour moi, c'est quand même une punition, sérieusement.
05:59 Ça peut priver de certaines choses, comme des anniversaires ou quoi.
06:04 On ne peut pas être présent.
06:05 Après, j'ai perdu une copine.
06:07 Elle se sentait trop étouffée.
06:09 Elle en avait marre, en fait.
06:10 Elle était tout le temps avec mes horaires.
06:12 Elle m'a quitté.
06:14 L'Odérique a accepté de nous montrer comment il fixe les contours
06:19 de cette prison électronique.
06:20 Le système fonctionne grâce à une puce installée dans le bracelet.
06:24 - C'est la taille d'une grosse montre, on va dire.
06:26 Le bracelet envoie des ondes radio à ce boîtier téléphonique.
06:32 Je pose le bracelet dedans, on va dire, la partie bracelet.
06:35 Je vais l'insertir.
06:36 Et là, l'appareil s'est mis en mesure.
06:40 Cette sonnerie, c'est celle du boîtier.
06:43 Il enregistre les distances que Maxime va avoir le droit de parcourir.
06:47 - Avec le bracelet, il faut passer vraiment dans les coins.
06:51 L'idéal, c'est vraiment d'aller mettre le pied dans le coin.
06:55 On continue, on va faire toutes les pièces.
06:58 Pour cela, il se déplace dans tous les recoins de la maison.
07:02 Et même les moments de détente du condamné sont pris en compte.
07:06 - Dans un canapé, bon, il suffit qu'il s'allonge,
07:10 qu'il mette les pieds un peu plus loin derrière.
07:12 Bon, au moins, on s'assure que le bracelet, le signal passe bien en fond.
07:16 Et ça continue, même dans les endroits les plus intimes.
07:19 - Donc là, il faut faire les toilettes, c'est important de ne pas obliger de pièces.
07:22 L'appareil, on passe dans les coins.
07:24 Une fois la maison terminée, il reste à paramétrer le jardin
07:31 où le jeune homme aura le droit de se promener.
07:33 Pour chaque détenu, les règles sont fixées par le juge.
07:38 Horaire de sortie du domicile, obligation de travailler
07:44 ou de suivre une formation.
07:47 Mais que se passe-t-il s'il ne respecte pas ces conditions?
07:52 - Je vous appelle parce que j'avais un retour prévu pour 17h.
07:58 Il est 17h. Au centre de surveillance de Lille, c'est l'heure de pointe.
08:02 De nombreux détenus rentrent du travail.
08:05 Une alerte signale sur l'écran que l'un d'entre eux n'est pas arrivé à son domicile.
08:10 - Oui, allô, bonsoir, monsieur. - Oui?
08:13 - Je vous appelle par rapport à votre retard.
08:15 - Ah, bah, j'ai rentré. - D'accord, c'était pour savoir, c'est dû à quoi, votre retard?
08:19 - Bah, d'accord, c'est bloqué avec le temps.
08:21 - D'accord, essayez de nous prévenir quand c'est comme ça.
08:24 Et des retards comme celui-ci, il y en a une centaine par jour.
08:29 Impossible pour ces matons d'envoyer à chaque fois la police.
08:32 Alors, leur tâche consiste d'abord à rappeler à l'ordre les retardataires.
08:36 Mais à l'autre bout du fil, le ton n'est pas toujours cordial.
08:39 - Ah, ça va bien? - Oui.
08:41 - Ah, ça va bien, je vais être en retard aussi. - En retard pour quoi?
08:45 - Je suis dans la neige, là.
08:46 L'homme au téléphone est soi-disant bloqué à cause de la neige.
08:49 En réalité, il aimerait bien gagner une heure avant de rentrer chez lui.
08:53 - D'accord, en retard de combien de temps?
08:56 - Je sais pas, moi, une heure, j'aimerais mieux.
08:58 Après, il y a un peu de tir, ça va être cool.
09:00 - Ouais, c'est quoi votre numéro d'identifiant?
09:02 - J'en ai rien à foutre, moi, je sais pas, moi.
09:05 Je m'en bats les couilles, moi.
09:06 - Vous avez pas votre numéro d'identifiant?
09:08 - Vas-y, tu me parles bien.
09:09 - Ouais, donnez-moi au moins votre nom, monsieur.
09:12 - Mon nom? Tu me dis où, moi? Je t'appelle, je suis en retard, moi.
09:15 - Ouais, allez, au revoir, monsieur. - Au revoir.
09:18 - Quand vous avez des gens comme ça, qui sont pas très aimables,
09:20 pas très sympas, qui vous appellent, vous avez pas envie d'être plus sévère?
09:22 C'est-à-dire d'appliquer le règlement à la lettre?
09:24 - En général, nous, on prend l'information qu'ils nous donnent.
09:28 On essaye de ne pas enflammer les situations.
09:30 On note ce qu'ils nous donnent, on l'envoie directement au juge.
09:33 Insulte, retard répété.
09:36 Pour ces infractions, le juge pourra sanctionner les détenus.
09:39 Du simple rappel à l'ordre jusqu'au retour à la casse prison.
09:43 Parfois, les condamnés sont même dénoncés par leurs proches.
09:46 Comme cette femme qui craque.
09:53 - D'accord, passez le moi, s'il vous plaît.
09:54 Allô? - Oui.
09:56 - Qu'est-ce qui se passe?
09:57 - Vous avez bu, monsieur? - Ouais, un peu, ouais.
10:02 - Ouais? Repassez-moi votre femme, merci.
10:04 Elle avoue même que son mari ne suit plus sa formation professionnelle
10:10 imposée par le juge.
10:11 - De toute façon, il y a le bras électronique, il y a plus de formation.
10:15 Maintenant, je le dis parce que j'en ai ras le bol.
10:17 - Il y a plus de formation, il travaille pas?
10:18 - Non, il y a plus de formation.
10:19 Comme ça, t'as joué au cours, on joue au coin.
10:22 - D'accord, je vais faire ce qu'il y a à faire, OK?
10:24 - OK, merci. - Merci.
10:25 - En fait, ces horaires qui lui sont attribués sont par rapport à son travail.
10:29 Il part travailler à 8h, il rentre vers 17h30.
10:32 Sauf que là, il sort à 8h, il rentre à 10h, il ressort à 11h39 jusqu'à 11h58.
10:37 - Donc, il n'est pas au travail. - Donc, il n'est pas au travail.
10:39 Donc, on va vérifier tout ça et la suite, je pense qu'il va repartir en prison.
10:44 A priori, tout semble indiquer que les délinquants sous bracelet sont bien contrôlés.
10:50 Mais en réalité, le système a des failles.
10:53 Le bracelet permet juste de surveiller si le détenu se trouve chez lui ou non.
10:58 Une fois dehors, impossible de savoir où il est ou ce qu'il fait.
11:03 Alors, rien n'empêche le prisonnier de commettre des délits.
11:06 Comme cet homme qui vendait de la drogue en pleine rue à Nantes.
11:12 Ou celui-ci, prit alors qu'il volait une bouteille d'alcool.
11:18 Ou ce porteur de bracelet qui a commis un vol à l'arraché.
11:22 La plupart des bracelets ne permettent pas de savoir où se trouve le détenu quand il n'est pas chez lui.
11:28 Il en existe bien qui sont munis d'un système de GPS à la ceinture, comme celui-ci.
11:33 Mais il est très coûteux et réservé aux criminels.
11:37 Les surveillants peuvent les suivre à la trace sur une carte.
11:41 En vert, c'est le chemin emprunté par un délinquant sexuel
11:48 qui n'a pas le droit de s'approcher d'endroits fréquentés par les enfants.
11:51 - Vous avez ici, en bleu, l'ensemble des zones d'exclusion qu'on a dessinées.
11:56 C'est des espaces de jeux pour enfants, des stades, des écoles, des crèches.
12:01 Le détenu a interdiction de s'en approcher.
12:06 Sinon, une alarme comme celle-ci se déclenche.
12:11 - Là, il a pris une rue parallèle de manière à éviter une éventuelle alarme.
12:17 Mais ce système est très peu répandu.
12:20 Sur les 10 000 porteurs de bracelets, seuls 45 sont équipés d'un GPS.
12:25 Et il y a encore plus surprenant.
12:28 Ce bracelet peut s'enlever facilement.
12:30 C'est évidemment interdit, mais le surveillant Loderick n'a besoin que d'une bonne paire de ciseaux.
12:35 - C'est pas très solide, en fait.
12:39 - S'il a une bonne paire de ciseaux, il peut couper son bracelet.
12:43 Après, c'est lui qui prend ses responsabilités.
12:46 C'est ce qu'a fait Yannick Botello, il y a un an, à Nantes.
12:51 À 25 ans, c'est un petit délinquant.
12:53 Il porte un bracelet après une condamnation pour cambriolage, mais il va déraper.
12:59 Le 9 mars 2012, il a arraché son bracelet et aurait commis l'irréparable.
13:06 Violer et tuer Marion, 14 ans.
13:10 La fille de Stéphanie.
13:14 - C'est la chambre de Marion.
13:20 Toutes les photos qu'on a accrochées au mur.
13:22 Le dimanche 11 mars 2012, Marion rentre chez sa mère et son beau-père.
13:29 - On a reçu un texto à 20h57 pour dire qu'elle arrivait avec le tramway, qu'elle était à côté.
13:34 Et après, on l'a appelé plein de fois.
13:40 Et puis, vers 21h15, on a pris la voiture, on a fait le tour.
13:44 On n'a rien vu.
13:46 Stéphanie prévient la gendarmerie, mais personne ne s'inquiète vraiment.
13:51 Marion, en pleine crise d'adolescence, a déjà fugué plusieurs fois.
13:56 Le lendemain matin, Stéphanie a un mauvais pressentiment lorsqu'elle entend de l'agitation dans le quartier.
14:01 - J'ai entendu beaucoup de sirènes.
14:03 J'ai eu un gros doute.
14:05 Je me suis dit que c'était pour elle.
14:06 Je suis tombée sur les bandes orales jaunes.
14:10 Oui, j'ai compris.
14:11 - Et elle était où?
14:14 - Dans les toilettes publiques, à côté de chez nous.
14:17 À 300 mètres.
14:20 Marion a été violée et poignardée des dizaines de fois.
14:24 Son corps est retrouvé dans ces toilettes publiques.
14:27 Son meurtrier présumé est arrêté le lendemain, alors qu'il commettait une autre agression dans ce parc de Nantes.
14:35 Stéphanie ne comprend toujours pas pourquoi Yannick Botelho n'a pas été retrouvé
14:42 avant qu'il tue sa fille.
14:44 Surtout qu'après avoir coupé son bracelet, un message d'alerte est arrivé au centre de surveillance.
14:51 - Un surveillant l'appelle sur son portable, il décroche et le surveillant lui dit de revenir replacer un bracelet.
14:58 Là, il raccroche au nez.
14:59 Et après, plus rien.
15:01 L'enquête, toujours en cours, doit déterminer pourquoi l'homme est resté introuvable pendant neuf jours.
15:11 Mais des cas comme celui ci sont extrêmement rares.
15:13 L'année dernière, sur les 10.000 porteurs de bracelets, seuls 600 sont retournés en prison.
15:21 Pour tous les autres, le bracelet représente un espoir de réinsertion.
15:26 À Belfort, Fabien est bien décidé à en finir avec son passé de délinquant.
15:34 - C'est super, c'est génial.
15:36 Et pour ça, il se donne à fond pour faire tourner son snack.
15:41 - OK, ça marche, vos chiens.
15:44 Ça, c'est un truc que j'ai inventé moi-même.
15:45 Ça, c'est la crème.
15:46 C'est une crème avec un peu d'harissa et du gruyère dedans.
15:49 C'est excellent.
15:50 - Et ça, ça marche ?
15:51 - Ah ouais, c'est un carnage.
15:52 Un carnage. C'est ce qui marche le mieux ici.
15:54 Mais à la fin de la journée, malgré l'énergie déployée, le bilan n'est pas satisfaisant.
16:03 - J'ai fait 87.
16:04 87 ? Ah bah, on n'a pas trop bossé, alors.
16:07 Ouais, je m'attendais à mieux.
16:08 Attends.
16:08 C'est pas énorme.
16:11 - Pour que ça soit rentable, il faut combien ?
16:12 - Il faut au moins 200 euros, 250 euros minimum.
16:15 - Par jour ?
16:16 - Par jour.
16:16 Je ne sors pas de salaire pour l'instant.
16:17 Je paye surtout ce que j'ai à payer, les charges.
16:20 Fabien se sent pénalisé par les horaires imposés par le juge.
16:25 Comme le soir où il doit fermer son commerce avant 22h pour être à temps chez lui.
16:31 Quant au rendez-vous avec la banque et les courses pour renouveler son stock,
16:36 c'est sa femme qui s'en occupe.
16:40 Aujourd'hui, il a rendez-vous avec son conseiller d'insertion.
16:42 Il compte sur cet entretien pour négocier un aménagement de ses horaires.
16:47 - Je leur expliquer que je suis obligé de fermer et que j'aimerais avoir
16:54 plus d'heures de travail pour soulager mon épouse.
16:56 Mon emploi du temps, il serait de 8h le matin, 9h, allez, j'aimerais bien,
17:00 9h le matin, jusqu'à 23h, minuit même.
17:05 Alors, il va devoir prouver sa bonne foi.
17:09 - Bonjour.
17:11 Pendant 10 minutes avec sa femme, ils vont exposer leurs arguments.
17:15 Nous ne sommes pas autorisés à filmer l'entretien.
17:19 - Des fois, je me vois le soir en train de virer les clients.
17:23 Je les vire carrément, je refuse de les servir.
17:25 C'est un truc de fou, ça.
17:26 Comment on va faire ?
17:27 - Alors du coup, il vous faut quoi ?
17:29 - Il faudrait un élargissement d'horaire, parce que moi,
17:32 je me lève à 6h30, je vais faire des courses,
17:35 je me tape des 100 kilos de pommes de terre à porter toute seule.
17:38 Maintenant, tout ce que je demande, ce n'est pas une liberté du tout.
17:40 Je demande une accessibilité à mon travail.
17:42 Plus large, pas autre chose, rien à voir avec la liberté.
17:44 Je m'en fous du week-end, je m'en fous de ci, je m'en fous de ça.
17:46 Merci, à bientôt.
17:48 L'entretien s'est bien passé, mais Fabien va devoir patienter
17:52 quelques semaines avant de connaître la décision du juge.
17:55 - Je suis obligé de me battre pour travailler et non pas pour être en liberté.
18:00 Je suis obligé de me battre aujourd'hui pour travailler.
18:02 C'est un combat, un combat qui continue.
18:05 Le combat de Fabien est sur la bonne voie.
18:19 La justice lui a accordé des horaires élargis pour la soirée Saint-Valentin
18:24 qu'il organise dans son snack.
18:25 Exceptionnellement, ce soir, il peut travailler plus tard.
18:30 - Jusqu'à minuit.
18:32 Pas minuit une, minuit.
18:35 Pour l'occasion, il a prévu un menu spécial.
18:37 - Au menu, on a civet de biche avec polenta en forme de coeur.
18:43 Évidemment, c'est la Saint-Valentin.
18:44 Et pour cette grande première, il se fait aider par toute sa famille,
18:50 notamment Mégane, sa fille de 18 ans.
18:53 Fabien lui a demandé de revêtir sa tenue de miss pour pimenter la soirée.
18:58 - Je vous présente ma chérie, ma deuxième chérie.
19:03 C'est ma fille, deuxième dopine de Belfort.
19:06 Voilà, c'est la fierté de ma vie.
19:07 Fabien ne l'a pas vue grandir à cause de ses allers-retours en prison.
19:11 - J'ai laissé un bébé il y a quelques années.
19:13 Et aujourd'hui, elle est plus grande et bientôt plus grosse que moi.
19:15 Fabien fait la tournée des tables.
19:24 Pendant quelques instants, il se met dans la peau d'un grand chef.
19:27 - Parfait, ça.
19:28 Du début à la fin, ça a été ?
19:29 - Ah oui, oui, oui.
19:31 Mais il n'oublie pas qu'aux yeux de la justice,
19:33 il est toujours considéré comme un détenu.
19:35 - Je serais heureux quand je serais libéré et quand j'aurais vraiment tourné la page.
19:38 - Quand j'aurais plus de bracelet.
19:38 - Quand j'aurais plus de bracelet.
19:38 - Excusez-moi, ça a été ?
19:41 - Très bien.
19:41 - Ça se passe bien ?
19:41 - C'est pas pénis ?
19:41 - Pour moi, c'est un tremplin, c'est une remanche dans ma vie.
19:41 Parce que, autant j'ai été dans l'extrême de la délinquance,
19:41 autant aujourd'hui, je me sens capable d'aller dans l'extrémité de l'honnêteté.
19:41 - Bonsoir.
19:41 Fabien doit encore tenir cinq mois.
19:57 S'il continue de se comporter correctement,
20:01 son bracelet électronique lui sera retiré en juillet prochain.
20:03 - Allez, boum, ciao, mon pote.
20:06 Il sera alors totalement libre.
20:09 - Elle est pas belle, la vie ?
20:10 - Allez, boum.
20:13 Sous-titrage Société Radio-Canada
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