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00:00 - Eric, vous avez parlé des vaches.
00:02 Il y a trop de vaches en France, dit un rapport de la Cour des comptes.
00:04 Elles produisent trop de méthane, c'est mauvais pour la pollution.
00:07 On va juste écouter le ministre de l'Agriculture, Marc Fesneau.
00:10 Il rappelle que la production actuelle de bovins ne suffit pas à couvrir les besoins de la population française.
00:14 Et puis je vous passe la parole.
00:16 - Loin de moi l'idée de dire que la consommation et que les évolutions de consommation ne sont pas à tenir compte.
00:22 Depuis 20 ou 30 ans, on sait que structurellement, il y a une baisse de la consommation
00:25 et que parfois, on va de la viande rouge vers la viande blanche.
00:29 Donc tout ça, c'est des choses qu'il faut regarder en lucidité.
00:31 Mais en revanche, il y a quelque chose qui est choquant, c'est de proposer comme seule perspective à un éleveur.
00:35 Ça fait partie des deux recommandations, c'est finalement de ne plus être éleveur.
00:39 Et ça, c'est quelque chose qui, me semble-t-il, n'est pas acceptable.
00:42 D'abord parce qu'humainement, ça n'est pas acceptable.
00:44 Et parce que deuxièmement, sur ces territoires-là en particulier, les bovins allaitants,
00:47 il n'y a pas d'autre solution que de faire de l'élevage ou rien.
00:49 - Voilà pour la réponse du ministre de l'Agriculture.
00:51 Pourquoi ça vous choque ça ?
00:53 - Quand j'ai vu que la Cour des Comptes faisait dans un rapport une mention assez forte aux cheptels bovins français,
01:01 vous savez, la Cour des Comptes est habituée à faire des rapports sur le budget, sur les dérapages.
01:07 Bon, des rapports, quel que soit le président, qui ne servent pas à grand-chose,
01:09 parce qu'en fait, l'alarme budgétaire est toujours la même depuis des années.
01:11 En fait, le gouvernement reçoit le rapport et puis, on continue de creuser le déficit.
01:15 - Elle rentre dans un petit placard. - J'ai envie de dire à la Cour des Comptes,
01:19 continuez à vous occuper des finances publiques avec le succès qu'on connaît
01:23 et les vaches sont bien gardées, si j'ose dire.
01:25 Alors, sur le problème des vaches, je vais vous dire,
01:27 Marc Fesneau a raison de monter au créneau.
01:29 Il y a deux écoles qui s'affrontent.
01:31 Bon, il y a d'abord le cheptel en France, recule.
01:35 On a le premier cheptel bovin européen.
01:37 On a 17 millions de têtes en France.
01:39 Alors, on peut s'en orgueillir ou au contraire, trouver que c'est un vecteur de pollution très fort.
01:44 C'est un sujet, je crois que ça représente 12% quand même des gaz à effet de serre,
01:47 et mine le cheptel bovin.
01:49 On n'est pas à l'Australie ou à Nouvelle-Zande avec des moutons, mais...
01:53 Et puis, je rajoute quelque chose dans le panier négatif du cheptel de bovin,
01:57 avant de vous dire ce que je pense, c'est que...
01:59 Est-ce que vous savez, Laurence, combien une vache,
02:01 et vous allez voir pourquoi je vous en parle, consomme d'eau par an ?
02:03 Pourquoi je vous dis ça ? Parce que l'eau devient, avec la sécheresse, une ressource rare.
02:07 - À votre avis ? - Par an ?
02:09 - Par an. - On n'est que deux litres ?
02:11 15 à 17 000 litres par vache, c'est-à-dire 50 à 100 litres par jour.
02:17 Donc, évidemment, il y a un sujet écologique, sur l'émission de gaz à effet de serre,
02:22 et sur l'idée que la ressource rare, l'eau, avec la sécheresse, le dérèglement climatique,
02:26 devient bien précieux.
02:28 Mais en face de ça, pardonnez-moi, la souveraineté alimentaire, c'est un vrai sujet.
02:33 La souveraineté alimentaire, c'est un vrai sujet.
02:35 Aujourd'hui, aucune des filières animales n'est autosuffisante en France.
02:39 C'est-à-dire qu'on était une puissance agricole, et au fur et à mesure, on lâche beaucoup de choses.
02:44 Alors moi, je pose une question très simple.
02:46 Si demain, parce que la consommation des ménages français baisse,
02:50 et qu'elle va de pair avec la baisse du cheptel français...
02:53 - Elle baisse à cause de l'inflation déjà. - Oui, elle baisse à cause de l'inflation,
02:55 mais elle baisse aussi parce qu'il y a tout un mouvement de lobbyistes
02:58 qui dit "il ne faut pas manger de viande rouge".
03:00 Admettons, vous parliez du meilleur des mondes tout à l'heure,
03:03 avec des parents qui pourraient s'occuper de leurs enfants.
03:05 Les écolos, ils rêvent d'un monde parfait où la décroissance de la consommation de viande rouge
03:10 irait avec la décroissance du cheptel en France.
03:13 Ce serait merveilleux. Personne ne crierait au scandale.
03:16 Le problème, c'est que ce n'est pas ce qui se passe.
03:18 On mange moins de viande rouge, mais on a toujours un cheptel, toujours important.
03:22 Donc je pose une question simple aux gens qui vous font les bilans carbone de nos braves vaches,
03:27 ou le bilan hydrique, comme je viens de le faire, la consommation d'eau des vaches.
03:32 J'en pose une question. Si du jour au lendemain, parce que la consommation de viande rouge ne baisse pas,
03:37 on n'a plus un cheptel suffisant, ce n'est pas 20 % de la viande qu'on va importer,
03:41 c'est peut-être 30 ou 40.
03:43 Et quel serait le bilan carbone de la viande argentine qu'on importe et qu'on ferait l'entrée en France ?
03:50 C'est quand même un vrai sujet.
03:52 Puisqu'on a découvert au moment de la crise Covid qu'on n'avait pas une souveraineté industrielle suffisante
03:57 pour produire des vaccins et des masques,
03:59 attention à ne pas abandonner ce qui fait l'essentiel, à mon avis, au-delà de tout ce qu'on a dit,
04:04 c'est la souveraineté alimentaire.
04:06 Sabrina, peut-être Medjuber, une petite réaction ?
04:08 Je suis d'accord, évidemment, je n'ai rien à redire là-dessus.
04:11 J'allais faire justement le parallèle avec l'importation qui sera encore beaucoup plus "accidentogène"
04:17 en termes de pollution et d'émanation de la pollution.
04:20 C'est un rapport que je n'ai pas du tout étudié, mais de ce que j'en entends,
04:24 ça me semble assez dissymétrique en fait.
04:26 C'est-à-dire qu'à la fois on veut protéger les Français de la pollution
04:29 et on estime que les vaches sont trop productrices de production,
04:31 et à la fois, du coup, on serait carencés de méthane, du coup, on serait carencés,
04:35 et puis du coup, ça nous obligerait à importer, et puis du coup, ça nous obligerait à polluer.
04:38 C'est un schéma qui me semble assez...
04:40 Le raisonnement est bien, tout le monde est calme.
04:42 Sans reconnaître...
04:43 Il y a comme une offensive contre le cheptel bovin et la viande, moi je n'ai pas d'intérêt dans...
04:49 Non, non, rassurez-moi, vous n'êtes pas éleveur.
04:51 Non, non, je ne suis pas éleveur et je l'admire beaucoup.
04:53 Mais il y a eu une offensive parce que Bruno Le Maire a inauguré, il y a quelques jours à bas bruit,
04:57 bon, il a fait un tweet, une usine de production de viande végétale.
05:03 En faisant un tweet remarqué, où il a dit, vous savez, chers amis,
05:07 100 grammes de viande végétale, c'est 60 à 90% de moins de CO2 que la viande animale.
05:15 Donc, le rapport de la Cour des comptes, je ne suis pas un lapin de six semaines,
05:18 plus l'offensive du ministre des Finances, c'est assez intéressant à mettre en perspective.
05:23 Alors, Karim, rapidement, Geoffroy.
05:25 On a quand même un vrai sujet, effectivement, de souveraineté alimentaire.
05:29 Et si vous prenez la filière bovin-bovin, on a un problème d'après-vivonnement en France aujourd'hui.
05:35 On a énormément de viande qui vient d'Espagne, d'Irlande, vous avez aussi de la viande qui vient de Pologne.
05:41 Ce qui veut dire, effectivement, qu'on a mis aussi sur le dos de nos agriculteurs et leveurs
05:47 des contraintes et des normes environnementales, sociales, et c'est très bien ainsi.
05:51 Mais ces contraintes, tout le monde ne les a pas.
05:54 Et donc, on est aussi dans une forme de concurrence déloyale.
05:57 La viande est quand même de plus en plus chère, l'inflation est là.
06:01 Les Français mangent moins de viande, il faudrait qu'ils mangent mieux de viande.
06:05 Il faudrait accepter, éventuellement, de manger moins de viande, mais de mettre le prix,
06:09 parce qu'on a quand même des filières de qualité.
06:11 Moi, j'étais dans l'Aveyron Lundis pour ça, et j'ai rencontré des éleveurs, justement,
06:16 qui avaient peur qu'un abattoir ferme à Sainte-Afrique, dans l'Aveyron.
06:20 Je pense que l'abattoir va être sauvé, mais c'est un vrai sujet de préoccupation aujourd'hui
06:25 pour nos éleveurs.
06:26 Et derrière, il faut dire aussi qu'il n'y a pas souvent de suite à ces entreprises,
06:30 donc à ces exploitations, parce que les enfants des éleveurs et des agriculteurs
06:34 ont tellement bu leurs parents, que dans la difficulté,
06:36 ils n'ont pas toujours envie de prendre la suite.
06:38 Je ferai le jeune un petit mot.
06:40 D'agriculteur, absolument.
06:42 C'est ce que j'allais dire.
06:43 Moi, je n'ai pas un argument rationnel à apporter à cette discussion,
06:45 mais un argument émotionnel.
06:46 Il se trouve que quelques jours avant de voir passer cette information,
06:48 j'ai regardé le film avec beaucoup de retard, le film "Au nom de la terre",
06:51 où Guillaume Canet jouait une histoire vraie, d'ailleurs,
06:53 un agriculteur qui, évidemment, se suicide à la fin.
06:56 On rappelle d'ailleurs à la fin le chiffre des trois par jour.
06:58 Et ce qui est intéressant, c'est de voir la spirale dans laquelle cet agriculteur
07:01 et les autres avec lui, se retrouvent, si vous voulez, entre les normes européennes,
07:05 les industriels qui leur mettent le grappin dessus, en leur expliquant qu'il faut produire plus
07:07 dans les années 80-90.
07:09 Donc, ils s'épuisent à la tâche, ils font des exploitations plus grandes,
07:12 ils traitent, évidemment, leurs animaux, alors que pourtant, ils les aiment.
07:14 Enfin, bref, la spirale épouvantable qui conduit à la fin,
07:16 à ce qu'il ingère un bidon de glyphosate.
07:19 Et ce film, évidemment, est bouleversant.
07:21 Et j'ai vu cette info passer après avoir vu le film,
07:23 et je me suis dit, je me suis imaginé à la place de l'agriculteur au fin fond de sa campagne,
07:27 qui croit encore un tout petit peu à son métier.
07:29 - Qui se lève à 4h du matin tous les jours pour lui soigner les bêtes.
07:32 - Et qui voit que des magistrats qui sont à Paris, dans la rue Cambon,
07:35 ont eu l'idée, ont eu le temps de faire un rapport pour lui expliquer
07:37 que finalement, il fallait produire moins.
07:39 Et honnêtement, j'ai été parcouru par un frisson d'angoisse.
07:41 - Déconnexion totale des élites. - C'est effrayant.
07:43 - Ça faisait partie des éléments de fierté au plan national.
07:47 Nos terroirs. Je veux dire, il faut aussi qu'on rééduque les enfants à cette fierté-là.
07:52 Je veux dire qu'on a des régions fantastiques, productrices,
07:55 qui font le rayonnement aussi du pays.
07:57 - C'est un sujet sérieux. - Il ne faut pas les abandonner.
07:59 - C'est un sujet très sérieux. - Le bonheur est dans le pré.
08:01 - On ne le redira pas à ce... - Ça occasionne plein de débats.

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