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Court métrageTranscription
00:00 J'étais folle de lui.
00:02 Eh bien oui, je parle fort parce que je suis heureux et j'ai envie de le crier.
00:06 Dès la lecture du livre, j'y ai vu des résonances personnelles.
00:14 Je me suis complètement identifiée à Bénédicte Ombredan et à cette capacité à prendre sur soi,
00:19 à vouloir être arrangeante, à se dire que l'autre va changer, que c'est pas très grave,
00:25 que finalement on va pas en faire tout un plat pour telle chose ou telle chose.
00:28 Et ça, ça m'a énormément touchée en fait.
00:31 Et je me suis dit "Ah c'est marrant, elle est un peu comme moi".
00:33 Et puis le film, le livre était tellement palpitant que j'ai tout de suite vu le potentiel cinématographique
00:40 pour faire un grand thriller psychologique.
00:42 Donc c'est ces deux choses-là réunies qui m'ont donné plus tard l'envie de le faire.
00:46 On s'est rencontré réellement sur un tournage de films où on jouait toutes les deux ensemble.
00:55 Oui, je me suis dit, sans le lui transmettre vraiment, que j'aimerais bien qu'on travaille ensemble.
01:02 Et ensuite on s'est vu et puis Valérie m'a passé le livre.
01:06 Et pareil, j'ai vu là-dedans vraiment une triangulation possible entre le sujet, le cinéma de Valérie,
01:14 ce que je pouvais apporter, ce que je pouvais comprendre d'elle, de sa manière de faire les films.
01:20 Parce que je dirais qu'au départ, la manière dont Valérie fait ses films m'intéressait presque autant que le sujet.
01:26 Donc il y avait cette cohérence de tout pour dire "Oui, ça c'était avant le scénario".
01:32 Mais bon, le "oui" était déjà là, oui.
01:35 Ce qui est important pour moi, c'est d'être vraiment dans la tête de la victime qui se trouve être une femme.
01:44 Et dans le livre d'Éric, en fait, le point de vue est celui de l'écrivain.
01:49 Et donc le récit que fait Bénédicte Tombredan, elle le fait à un écrivain.
01:53 Donc le livre est vraiment à travers le regard de l'écrivain porté sur cette femme.
01:57 Alors que moi, je voulais qu'on soit dans la tête de la victime, qu'on comprenne cette fragmentation d'esprit,
02:02 que cet esprit comme ça se décompose en fonction des petites attaques d'acide qu'elle reçoit de la part de son époux maltraitant.
02:11 Et qu'au bout du compte, elle en perd complètement confiance en elle, elle en perd son latin,
02:15 elle ne sait même plus quoi penser, quoi dire et elle s'enferme dans une espèce de honte et de mutisme où elle ne fait que subir.
02:21 Et à un moment donné, elle va décider de reprendre possession de sa maison qui est son âme, son corps, sa vie,
02:27 pour aller poser cette parole quelque part dans un endroit de sécurité et décider de s'en sortir.
02:34 Donc c'était vraiment important qu'on puisse comprendre que ce n'est pas facile de sortir de l'emprise.
02:39 Et que vraiment, on soit du point de vue de cette victime.
02:42 Parce que c'est un petit peu comme quand on dit que les filles en minijupes, elles se font violer.
02:47 Non, en fait, on n'est pas d'accord avec cette idée.
02:49 On a le droit de mettre des minijupes et de ne pas se faire violer.
02:52 C'est tout quoi. Et bien, c'est un peu ça l'idée de Blanche Renard.
02:54 C'est à dire qu'on a le droit d'être gentille, on a le droit d'être respectueuse et en même temps, on n'a pas le droit d'être abusé.
03:02 Donc le film raconte quelque chose d'assez important pour moi à ce niveau là.
03:11 C'est des représentations. Donc là, on sait qu'on joue.
03:14 Maintenant, évidemment, au moment où on joue, on oublie qu'on joue.
03:17 Ce qui est vraiment intéressant là-dedans, c'est qu'on y croit aux choses.
03:20 Donc on les vit, mais bien sûr que du coup, seulement vous convoquez parfois des souvenirs personnels.
03:25 Vous utilisez tout ce qui peut vous amener à la souffrance de manière totalement choisie.
03:32 La seule personne perverse sur le plateau, c'était moi-même, avec moi.
03:36 On utilise tout, tout ce qui peut vous déstructurer, tout, tout, tout.
03:39 Et après, on en sort et il y a quelque chose qui va au-dessus de ça.
03:43 Parce que faire vouloir viser vraiment que le confort de la scène et tout ça, c'est pas super génial comme projet d'acteur.
03:49 Mais ce qui est génial, c'est que quand on a coupé, on a l'impression d'avoir laissé quelque chose.
03:54 Pas quelque chose de soi et qu'on revient en souffrance chez soi le soir, absolument pas.
03:57 Mais qu'on était au bout de ce qu'on voulait raconter.
04:00 Moi, j'avais à cœur aussi, non seulement de l'envie d'auteur cinématographique de Valéry, de son équipe.
04:07 Oui, mais aussi de justement, on a parlé de transmettre quelque chose là-dedans.
04:14 Et du coup, il faut y aller, il faut raconter cette histoire pleinement.
04:21 Oui.
04:23 Sous-titrage Société Radio-Canada
04:25 Merci.
04:26 Merci à tous !