TV5 MONDE DGENA CREATRICE DE MODE
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00:00 Paris est décidément la capitale de la mode car on y trouve vraiment de tout à condition de bien
00:08 chercher. Quelques fois, il faut aller dans les toutes petites ruelles pour trouver par exemple
00:12 une Jenna Mouclier qui s'est installée au rez-de-chaussée de la maison de ses parents
00:18 pour monter et son atelier et son showroom et créer sa propre marque. Jenna Mouclier,
00:25 c'est du streetwear de luxe. C'est du prêt-à-porter mais pas du prêt-à-porter lambda,
00:30 c'est vraiment du prêt-à-porter créateur. Moi, je retravaille les matières. Il y a aussi cette
00:34 notion de l'upcycling, du recyclage qui est très important dans la société d'aujourd'hui parce
00:40 que si on veut produire des vêtements encore comme on en produit et s'habiller et dépenser
00:46 notre argent et acheter comme on consomme aujourd'hui, il va quand même falloir avoir
00:50 un impact écologique important parce que c'est l'avenir. L'upcycling, ce n'est plus une option,
00:57 c'est une obligation. Alors, ça ne va pas être facile parce que est-ce que les vêtements de
01:02 luxe vont s'en contenter de tissus qui ont été portés ou qui sont carrément quelques fois
01:07 déchirés ? Ce n'est pas quelque chose qui va freiner Jenna Mouclier qui a fait ses classes
01:12 en haute couture chez le grand couturier et maître d'art, Franck Sorbier.
01:17 Ce qui est intéressant en haute couture, c'est que c'est des savoir-faire traditionnels à la main,
01:28 ancestral aussi, c'est notre savoir-faire, c'est notre patrimoine culturel français.
01:32 Effectivement, en haute couture, on peut tout faire. La haute couture, c'est un cabinet de
01:37 curiosité, c'est un cabinet d'expérimentation. Vous pouvez tout faire, prendre n'importe quelle
01:42 matière, écrire à la main. C'est un peu être ingénieur de la mode. La haute couture est essentielle
01:48 parce que c'est la haute couture qui influence le prêt-à-porter et les tendances de demain.
01:53 Même formée en haute couture, c'est quand même vers la mode masculine qu'elle s'est dirigée.
02:00 Je me suis spécialisée en homme parce qu'on m'a dit que c'était une des classes les plus
02:08 dures. Si vous voulez d'avoir fait de la haute couture, de savoir le meilleur, ça me permet
02:13 d'avoir une technique, un savoir-faire et de jouer avec ces techniques et de parfois les détourner.
02:20 Je fais un mélange entre des techniques de haute couture et des techniques de prêt-à-porter,
02:24 tout simplement. C'est pour ça que je dis que je ne suis pas haute couture,
02:27 je ne suis pas prêt-à-porter, je suis créateur, je suis entre les deux.
02:29 Alors revenons-y, qu'est-ce vraiment que l'upcycling ?
02:45 Alors l'upcycling, il faut bien faire attention, ce n'est pas de la customisation,
02:51 ce n'est pas de l'hybridation, c'est vraiment le fait d'avoir des vêtements qui sont usés,
02:56 donc troués, tachés, déchirés, qu'on ne va pas pouvoir réutiliser ou des vêtements qui ne
03:04 conviennent plus et qu'on va retransformer, retravailler. On va refaire un patron, on va
03:10 retravailler la matière pour qu'elle soit différente. Il y a vraiment un travail de
03:16 réflexion qui est différent aussi que lorsque vous êtes une marque qui n'est pas de l'upcycling,
03:20 c'est un processus très différent parce que vous faites un dessin et après vous allez acheter le
03:24 tissu. Là, vous êtes obligé de vous adapter en fonction de ce que vous avez. Alors ce que je vais
03:29 faire, c'est que là je vais matelasser le dessous du boomer que je suis en train de créer. Donc c'est
03:35 un boomer créé avec que des vieux jeans, des vieux jeans qu'on m'a donné, que j'ai délavés, donc
03:40 pour l'instant rien de bien impressionnant. Là c'est un matelassage déjà qui a une courbe
03:47 particulière. Il faut que je sois très précise, aussi précise que la machine qui va faire le
03:53 tissu matelassé. Donc c'est ça qui va vraiment être technique aussi de bien tracer. Ce matelassage,
04:00 ça va habiller le tissu parce que le côté javel c'est bien mais c'est un peu destroy,
04:07 c'est pas... Alors que le côté matelassage, ça va lui ramener ce côté un peu plus... Déjà c'est
04:11 linéaire, plus géométrique, qui est en contradiction avec les tâches de javel et
04:17 tout. Donc c'est assez intéressant en fait. C'est encore à la dichotomie entre les deux.
04:21 Et il faudra 50 heures de travail pour réaliser ce bon beurre et pas moins de 400 pour arriver à
04:30 ce résultat-là. Et aussi il y a cette chose dans le upcycling qui est intéressante, c'est qu'on peut
04:35 tout utiliser. En fait on peut utiliser des tapisseries, on peut utiliser des draps, on peut
04:40 utiliser des bâches d'ameublement comme je porte là, qui est une bâche qui était sur un des...
04:45 qu'on a récupérée d'un grand défilé. Alors oui bien sûr des bâches d'ameublement mais
04:52 aussi quelques fois, regardez bien, des restes de machines à laver, eh oui ! La créativité n'a pas
05:01 de limite, elle est suivie par la technique tout simplement. Ça c'est très compliqué à travailler
05:10 parce que ça déjà au début j'ai eu du mal à trouver le fil qu'il fallait, l'aiguille qu'il
05:15 fallait. Le tissu il accroche en fait. Donc j'ai utilisé un pied à cuir et en fait il n'accroche
05:20 pas avec son petit pied en plastique. Donc c'est vraiment, il faut s'adapter en fait en fonction de
05:26 la matière. Il faut la tester, il faut faire des essais en fait. L'avenir en fait, vraiment c'est
05:33 l'avenir et c'est une façon aussi, une nouvelle façon de travailler le tissu, de voir la mode et
05:39 peut-être d'amener à de nouvelles techniques. Au passage, hommage à nos grand-mères qui en
05:45 faisant du grand plat avec les restes de la cuisine, faisaient déjà de l'upcycling sans le savoir.
05:50 Je me sens toujours trop abusée et qu'elle ne me sont jamais assez élégante.
06:04 Je suis désolée.