• l’année dernière
Dans « Bonnard, Pierre et Marthe » de Martin Provost, Cécile de France incarne la femme et la muse du peintre Pierre Bonnard. Une femme mystérieuse qui s’est cachée toute sa vie derrière de multiples identités. Rencontre.Elle avait adoré « Séraphine », le biopic de Martin Provost consacré à la femme peintre autodidacte Séraphine de Senlis interprétée par Yolande Moreau. C’est avec confiance et envie que Cécile de France a répondu oui au réalisateur pour incarner l’épouse de Pierre Bonnard, une certaine Marthe de Méligny qui toute sa vie a gardé un secret sur ses origines plus que modestes.« Ce n’est que le jour de son mariage, elle avait 59 ans, que sa véritable identité a été révélée ». Inspirant, l’artiste interprété par la formidable Vincent Macaigne, qui la peignit et la dessina plus de mille fois, sa présence est essentielle, Marthe est la matrice de Pierre Bonnard.Ce n’est que lorsqu’il vivra une aventure avec une mondaine qui l’emmènera à Venise, qu’enfin seule dans sa grande maison en bordure de Seine, elle donnera libre cours à sa passion, la peinture.Derrière la muse officielle, se cachait une artiste qui ne fera qu’une seule exposition à Paris. Cécile de France parle avec émotion de cette femme qui l’a touchée et avec laquelle elle partage un amour sans bornes pour la campagne. On sait que l’actrice vit dans un petit village loin de Paris.La veille de notre rencontre, elle s’est rendue au Musée Bonnard, sur les hauteurs de Cannes et a pu s’émerveiller devant les pa ...

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Transcription
00:00 Bonjour, c'est Cécile.
00:01 "Marthe de Mélini", c'est le nom que Maria Boursin s'invente
00:16 le jour où elle rencontre Pierre Bonnard,
00:18 parce qu'elle en tombe amoureuse,
00:19 parce qu'il représente un idéal social aussi pour elle.
00:23 Et donc pour opérer un transfuge
00:25 et pour oublier son passé d'enfance douloureuse,
00:29 elle va inventer un nom de cocotte,
00:32 parce que vraiment, "Marthe de Mélini",
00:35 c'est pour ça qu'elle a un grand chapeau comme ça.
00:37 Et c'est merveilleux parce qu'en fait,
00:39 c'est comme si sa vie commençait ce jour-là.
00:42 Elle va naître avec lui en quelque sorte.
00:44 Et c'est après une histoire d'amour
00:46 parce que lui aussi, Pierre Bonnard, va avoir besoin d'elle
00:48 et ils seront indissociables en fait.
00:51 Elle s'appelle aussi "Marthe Solange",
00:55 encore un troisième nom qu'elle s'invente.
00:57 Ça, c'est la "Marthe artiste-peintre"
01:00 qui a fait une seule exposition en 1924.
01:02 Et hier soir, j'ai eu la grande émotion
01:07 de découvrir ses œuvres au Musée Bonnard.
01:10 Et non, elle est peu connue.
01:14 Et puis elle s'en fichait d'être connue.
01:16 Je pense que vraiment, elle s'est mise à la peinture
01:19 pour exprimer sa douleur,
01:20 parce que c'est un être rempli non seulement de son mensonge,
01:25 puisqu'elle a donc caché pendant 35 ans quand même à Pierre
01:30 sa vraie identité.
01:32 Et c'est seulement le jour de leur mariage,
01:35 quand elle a eu 59 ans,
01:37 que Pierre Bonnard a quand même découvert
01:39 qu'elle ne s'appelait pas "Marthe de Méligny".
01:41 Mais ce qui était extraordinaire,
01:43 c'est justement ce mystère qui l'enveloppe comme ça.
01:46 Ça a été la source d'inspiration de toute l'œuvre de Pierre Bonnard.
01:50 Il l'a peinte et dessinée peut-être plus de mille fois.
01:54 Et c'est ce secret qui émanait d'elle
01:57 dans la représentation de son visage,
02:00 qui a fait toute l'œuvre de Pierre Bonnard.
02:03 En fait, on a un peu le même investissement dans nos rôles.
02:11 Et donc, il fallait trouver cette fusion comme ça,
02:16 parce que c'est vraiment un couple indissociable, comme je disais.
02:21 Mais donc, il fallait évidemment trouver entre Vincent et moi aussi une complicité.
02:28 Et on l'a trouvé artistiquement,
02:30 parce que Vincent est vraiment bluffant.
02:34 Ce qu'il fait, la manière dont il s'est investi dans la construction de son personnage,
02:38 la manière dont il a appris à dessiner comme Pierre Bonnard, etc.
02:43 C'est bouleversant.
02:46 C'est fort de voir un acteur qui plonge comme ça avec passion
02:51 dans la mission qu'on lui donne d'interpréter un personnage qui a vraiment existé en plus.
02:57 Oui, puis on était dans un cadre exceptionnel.
03:03 La nature est très présente.
03:04 C'est un des personnages du film, d'ailleurs.
03:06 Elle est très présente dans l'œuvre de Pierre Bonnard.
03:09 Mais ils ont vécu, retirés de la société, du monde bourgeois, de la mondanité,
03:16 des milieux culturels, intellectuels de Paris, etc.
03:21 Ils aimaient bien tous les deux, elle parce que c'est une fille de la campagne,
03:25 et que son élément naturel avec lequel elle est vraiment presque en fusion, c'est l'eau.
03:30 Et donc, il y a la Seine qui est là.
03:33 Ils habitaient en Normandie, au bord de l'eau.
03:35 Et donc, la manière dont Marthe offre son corps à l'œil amoureux et artiste de Pierre Bonnard
03:44 va vraiment construire toute l'œuvre de ce peintre.
03:48 Et donc, oui, la nature est très importante.
03:51 Pierre qui dialogue vraiment avec elle, et Marthe qui n'est bien que quand elle est dans la nature.
03:57 Parce qu'elle avait une phobie sociale et ils étaient heureux,
04:01 seuls, libres, tout nus, dans la nature.
04:04 Oui, peut-être qu'effectivement, une attirance pour la nature,
04:12 d'être plus à l'aise dans un milieu où la nature nous émerveille,
04:18 plutôt qu'en ville et dans les espaces mondains.
04:23 Je ne sais pas.
04:24 Beaucoup de trac, mais à la fois aussi un très bon souvenir de collaboration
04:34 avec toute l'équipe technique, avec tous les gens qui, ensemble, tentaient de...
04:41 Et c'était réussi de faire de cet événement un beau moment,
04:46 une éloge, un hommage au cinéma.
04:48 C'était fort, en fait, c'était intéressant.
04:52 C'était une vraie expérience.
04:54 Et voilà, du coup, j'en ai gardé un très bon souvenir.
04:58 Mais j'avais beaucoup le trac.
05:01 Je crois que ma plus belle, ça a été quand j'étais chanteur,
05:07 avec Gérard et Xavier Giannoli, que j'aime beaucoup.
05:12 Et Gérard Depardieu, et ce film que j'aime passionnément.
05:16 Sous-titrage Société Radio-Canada
05:18 [Bruit de bébé qui pleure]
05:20 [SILENCE]

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