Une infirmière et une secrétaire médicale ont été attaquées par arme blanche ce lundi au sein de l'hôpital de Reims, par un homme souffrant de troubles psychiatriques. L’infirmière, âgée de 37 ans, est décédée dans la nuit de lundi à mardi. L’agresseur présumé avait bénéficié en juin 2022 d’un non-lieu pour “irresponsabilité pénale” après avoir été mis en examen pour des faits de “violences aggravées” pour avoir poignardé quatre personnes en 2017 dans un établissement spécialisé, selon des informations recueillies par BFMTV. Le ministre de la Santé, François Braun, a demandé une minute de silence dans tous les hôpitaux mercredi.
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00:00 Il y a de multiples problèmes qui se posent face à ce drame absolu.
00:04 Parce que la mort d'une infirmière qui venait travailler dans un hôpital,
00:09 ou celle d'une secrétaire médicale qui est aussi gravement blessée,
00:14 posent toute une série de problèmes.
00:16 D'abord, le premier problème, vous l'avez dit,
00:18 c'est la durée d'une instruction avec, à la fin, plus aucune mesure réelle de sûreté
00:25 face à quelqu'un qui a des troubles psychiatriques.
00:28 Mais surtout, c'est notre incapacité du système judiciaire,
00:33 et je l'ai vécu moi quand j'étais juge,
00:35 puisque je m'occupais de la prison de Châteautierie,
00:37 qui est une prison spécialisée sur les personnes qui ont des troubles mentaux.
00:42 Et l'incapacité de l'institution judiciaire à gérer les fous.
00:47 On va utiliser un terme générique, à gérer les fous.
00:50 Vous avez un grand principe, qui est un vieux principe,
00:54 qui date maintenant, on ne juge pas les fous.
00:57 C'est le code Napoléon.
00:58 Oui, on ne juge pas les fous, ça veut dire que quand vous êtes
01:02 sans conscience de ce que vous faites,
01:04 vous n'êtes pas aptes à être jugés.
01:06 Sauf qu'il y a un immense problème, c'est qu'il y a des victimes.
01:11 Et que les victimes sont privées d'un procès,
01:13 puisque Cécile Olivier le sait parfaitement,
01:16 ça tourne vers un non-lieu.
01:19 Et dans la tête de la victime qui a été agressée,
01:22 ça veut dire que les faits n'ont pas eu lieu.
01:25 Et ça, c'est un véritable problème.
01:26 Alors, on a quand même fait évoluer les choses,
01:28 il y a eu la loi Dati.
01:30 Alors, ce n'est pas vraiment un procès,
01:32 mais il y a eu une audience, il y avait des experts.
01:34 Rachida Dati a fait quelque chose de très important.
01:37 Elle a commencé à donner un cadre judiciaire.
01:40 Mais par exemple, la France est un pays exceptionnel
01:42 de ce point de vue-là.
01:43 Dans les autres pays, hormis la Suède,
01:46 la Suède est le seul pays, j'ai vu que vous parliez
01:48 d'un pays du Nord également tout à l'heure,
01:51 mais la Suède est le seul pays qui juge les fous.
01:54 Les autres pays font un procès.
01:56 C'est-à-dire que vous avez un procès,
01:58 et le judiciaire décide éventuellement du placement
02:03 dans un hôpital psychiatrique.
02:04 Aujourd'hui, ce n'est pas ça.
02:06 C'est-à-dire que le juge d'instruction
02:07 ou la chambre de l'instruction, comme dans le cas,
02:10 décide que la personne est sous le coup des dispositions
02:14 de l'article 122-1, c'est-à-dire qu'au moment des faits,
02:17 elle était sous l'empire d'une force...
02:21 - Son discernement était aboli.
02:23 - Au moment des faits.
02:24 Au moment des faits, à raison d'un trouble psychique
02:26 ou neuropsychique, et tout à coup,
02:30 on quitte le monde judiciaire,
02:31 on passe dans le monde administratif.
02:33 C'est-à-dire que le monde judiciaire disparaît.
02:35 Quand le monde judiciaire disparaît,
02:37 ça veut dire quoi ?
02:37 - La victime disparaît aussi.
02:38 - Ça veut dire que la victime disparaît.
02:40 Or, l'une des propositions d'Eric Dupond-Moretti,
02:43 c'est de dire, on va revenir, ce que fait l'Angleterre,
02:46 ce que font tous les pays européens,
02:47 c'est-à-dire, OK, c'est le judiciaire qui va décider
02:51 si la personne est folle ou pas.
02:54 - Mais il faut un procès.
02:55 - Mais il faut un procès où la victime sera présente,
02:58 où elle aura cette restitution des faits qui sont passés.
03:00 - Elle pourra même se rendre compte qu'effectivement,
03:02 le meurtrier est présumé.
03:03 - Mais on verra ce qui se passera.
03:05 - Voilà.
03:06 - Et ça, ça sera un immense progrès
03:08 parce que pour les dommages et intérêts,
03:09 j'en termine là, là aussi,
03:12 il y a une grande vacance de la situation,
03:15 mais surtout, c'est horrible pour des gens.
03:18 Pensez à Sarah Halimi.
03:20 Pensez à Sarah Halimi.
03:21 C'est horrible pour des gens de se dire,
03:23 il n'y a pas de procès, il n'y a rien eu,
03:25 il n'y a un non-lieu.