Littérature : les femmes à l'assaut des polars

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00:00 *Musique*
00:18 Et quel plaisir de vous retrouver ce midi pour le club de lecture de France Culture d'autant plus heureux que
00:24 vous nous avez fait part de votre fidélité et de vos retours concernant ce book club sur notre compte Instagram
00:29 book club culture un compte qui rassemble, relie plus de 10 000 lecteurs et lectrices merci à tous et toutes
00:35 j'insiste sur toutes parce que c'est vrai il y a beaucoup de lectrices et notamment du genre littéraire qui nous intéresse ce lundi
00:42 7 adeptes de Polard sur 10 sont des femmes et longtemps les autrices de Polard sont restées
00:49 invisibles alors qu'il existe pourtant une production alors des autrices francophones ont décidé de monter
00:55 un collectif les louvres du Polard veulent braquer les projecteurs sur ces romans noirs écrits par des
01:01 femmes deux d'entre elles sont parmi nous ce midi elles vont nous faire découvrir leur univers leur
01:06 inspiration leur mobile aussi accompagné bien sûr de la communauté du book club
01:11 le scénario est particulièrement complexe on ne sait plus où donner de la tête à plusieurs moments
01:17 j'ai d'ailleurs j'ai cru trouver la solution mais des rebondissements de situations sont intervenus
01:23 pour me faire complètement déchanté avec le lecteur et par moments je me suis dit mais ça y est
01:29 j'ai compris je sais je sais ce qui va se passer et puis je tourne la page et maintenant en fait
01:34 en fait c'est pas du tout lui le coupable
01:50 France Culture, le book club, Nicolas Herbeau
01:55 Et les voix de Delphine et Anthony, lecteurs et lectrices du book club qui vont mener l'enquête avec nous ce midi
02:01 Bonjour Céline Dangean
02:03 Bonjour
02:04 Vous avez travaillé comme éducatrice spécialisée avant de vous consacrer pleinement à l'écriture
02:08 vous êtes donc autrice de Polard une petite dizaine à votre compteur dont le dernier qui paraît aux éditions
02:13 Michel Laffont son titre "Précipice" un titre écrit à la verticale sur la couverture de votre livre
02:20 pour quelle raison ?
02:21 Alors parce qu'il y a un super graphiste aux éditions Michel Laffont
02:24 Pas seulement il y a une autre raison peut-être ?
02:26 Non il y a une autre raison évidemment la verticalité du titre renvoie à la fois au sens du mot précipice
02:31 et renvoie à cette sensation de chute vertigineuse vers un fond qu'il faudra découvrir en lisant le livre
02:39 mais effectivement c'est ce petit clin d'oeil à l'histoire elle-même
02:43 Une chute donc de près de 500 pages dans laquelle on est tenu en haleine
02:48 donc on a entendu les lecteurs et les lectrices en parler et c'est aussi le cas pour vous Cécile Cabanac
02:54 Bonjour
02:55 Bonjour Nivola
02:55 Vous êtes journaliste chroniqueuse, vous avez réalisé plusieurs numéros de fêtes entre les accusés
02:59 célèbre émission d'affaires criminelles et policières à la télévision et vous êtes autrice donc de Polard également
03:04 Le chaos dans nos veines vient de paraître aux éditions Fleuve
03:08 En fait il faut bien le dire vous vous connaissez bien toutes les deux puisque vous avez fondé ce collectif
03:12 dont j'ai parlé tout à l'heure en début d'émission
03:14 Les Louvres du Polard
03:16 Qu'est-ce que ça veut dire les Louvres du Polard d'abord Céline Cabanac ?
03:19 Les Louvres du Polard c'est un collectif qui s'est monté après de longues discussions entre autrices sur les salons
03:27 où on se disait enfin c'est incroyable on est nombreuses
03:30 mais on a l'impression que les lecteurs n'ont pas conscience du nombre d'autrices femmes dans le Polard
03:37 et à la réflexion on s'est dit que peut-être bien qu'en France le Polard était encore très désassocié au genre masculin
03:43 ce qui est une sorte de curiosité parce qu'en Europe ce n'est pas le cas
03:47 ni en Espagne ni chez les anglo-saxons
03:50 et du coup est née l'idée de créer ce collectif qu'on a appelé les Louvres du Polard
03:54 parce que les Louvres c'est à la fois protecteur, ça avance en meute et puis ça peut mordre de temps en temps
03:58 mais ça ne nous est pas encore arrivé
04:00 J'espère que ça n'arrivera pas ce midi
04:02 Il y a d'autres Louvres qui vous ont rejoint depuis, vous êtes combien aujourd'hui Céline Dungeon ?
04:07 Aujourd'hui on est 33, on reçoit régulièrement des demandes d'autrices qui cherchent à rejoindre le collectif
04:15 c'est vrai que pour le moment on a mis les entrées en stand-by de manière à pouvoir continuer à être identifiées
04:22 L'idée, comme Cécile l'a à peine évoquée, c'est d'essayer de braquer la lumière sur les femmes qui écrivent du Polard
04:30 qu'elles soient louves ou pas
04:32 il y en a, enfin les autrices francophones en tout cas
04:34 puisque c'est notre axe à nous
04:39 Quand vous avez commencé à écrire ce genre de livres, est-ce que vous vous êtes dit "non c'est pas pour moi, je ne peux pas y aller, je suis une femme" ?
04:46 Absolument pas, j'avais grandi dans un environnement où le livre policier était très présent
04:51 j'avais grandi également, je pense comme beaucoup de gens, avec la littérature jeunesse un peu Polard
04:57 avec Enid Blyton etc.
04:59 donc ça ne me semblait absolument pas une lecture réservée aux garçons ou aux filles
05:06 et donc pour moi il n'y avait aucun problème de légitimité en tant que femme
05:10 la question est venue par la suite
05:12 Il fallait mordre Cécile Cabanac pour se faire une place dans ce genre du Polard ?
05:17 Alors mordre, on est très gentils, on est très sympathiques
05:22 mais c'est vrai qu'on s'est rendu compte
05:25 enfin moi j'ai démarré assez tardivement par rapport à Céline, j'ai démarré en 2019
05:30 et quand je faisais des conférences sur les salons
05:32 on me demandait à chaque fois "mais comment se fait-il que vous écriviez des histoires aussi horribles alors que vous êtes une femme ?"
05:37 et ça c'est incroyable comme question, parce qu'au début très poliment j'essayais de répondre
05:43 mais le temps passant je me suis dit "la question est idiote"
05:46 je n'ai rien à dire là-dessus
05:48 moi j'ai toujours été passionnée par les faits divers
05:50 et dans les faits divers vous avez de grandes meurtrières
05:52 et je pense que ça explique la présence des femmes dans le Polard
05:55 qui d'ailleurs ont investi le genre il y a au moins 35-40 ans en France
06:00 mais on a l'impression qu'on vient d'arriver
06:02 c'est ça qui est incroyable, d'ailleurs le thème de votre émission "le Polard se féminise"
06:05 fait penser qu'on vient d'arriver
06:07 alors que non, il y a beaucoup d'autrices de Polard qui sont très douées
06:10 et le Polard francophone féminin est très varié
06:14 on va parcourir jusqu'à 13h30 bien sûr vos deux Polards
06:17 sans trop en dire bien sûr
06:19 voici d'abord ce que notre lecteur Anthony a ressenti après la lecture de votre livre
06:23 Cécile Cabanac, "Le chaos dans nos veines"
06:27 on l'écoute
06:29 Avec "Le chaos dans les veines" j'ai retrouvé tout ce que j'aime chez Cécile Cabanac
06:33 dans ce nouvel opus j'ai senti tout son savoir-faire et tout le travail
06:37 qu'elle a pu produire pour étouffer son intrigue et surtout ses personnages
06:41 l'histoire nous entraîne dans des allers-retours entre le passé et le présent
06:45 le scénario est particulièrement complexe
06:47 il nous ouvre plein de pistes différentes
06:49 les protagonistes sont très très nuancés
06:51 ce qui les rend insaisissables
06:53 alors tout ça est mené sur un rythme soutenu
06:56 avec des chapitres courts
06:57 on ne sait plus où donner de la tête
06:59 à plusieurs moments, d'ailleurs j'ai cru trouver la solution
07:03 mais des rebondissements de situations sont intervenus pour me faire complètement déchanté
07:08 alors moi qui suis fan de ce genre de thriller
07:10 je me suis régalé à être manipulé par cette autrice
07:13 et son aventure qui est très très sombre, attention très sombre
07:15 d'ailleurs par rapport à cette facette
07:17 je voulais poser une question à Cécile
07:19 je l'ai croisé à plusieurs reprises et je sais que c'est quelqu'un de très très sympa
07:23 tout simplement pourquoi est-elle aussi méchante ?
07:26 non sérieusement, plus sérieusement
07:28 pourquoi déjà en tant que réalisatrice ou journaliste
07:31 elle était déjà attirée par le mal avec un grand M
07:34 et aujourd'hui en tant qu'écrivaine
07:36 pourquoi elle aime écrire sur le côté sombre de l'être humain ?
07:39 bonne question
07:42 alors moi déjà en tant que journaliste j'ai été passionnée par les faits divers
07:45 j'ai traité différentes thématiques
07:48 mais le fait divers c'était vraiment le style journalistique vers lequel je voulais aller
07:54 parce que je trouvais que le fait divers raconte un peu toutes les obsessions collectives de notre société
08:00 la peur de l'abandon, la peur de la trahison, la ruine etc
08:04 et au bout d'un moment lorsque je me suis lassée du journalisme
08:09 j'ai eu envie d'aller vers la fiction
08:13 mais de garder cet intérêt pour le fait divers, pour la matière du polar
08:18 parce que je trouve qu'elle raconte bien la société
08:20 donc je ne suis pas méchante dans la vie je crois
08:24 mais écrire me permet d'aller dans d'autres cerveaux, dans d'autres personnalités
08:30 c'est ça qui me passionne en fait
08:31 on pense tous généralement que les criminels sont foncièrement mauvais
08:34 pourtant vous écrivez dans votre roman il y a des gens bien parmi eux
08:38 c'est ça, c'est la nuance qu'il faut apporter dans ce monde là
08:43 oui j'aime bien l'idée en fait qu'on a tous une part de mal qui peut se réveiller un moment ou un autre
08:49 et dans le roman il y a le narrateur à un moment donné qui parle d'une race d'araignées
08:54 qui vit en très bonne intelligence entre 27 et 28 degrés
08:58 mais si vous augmentez la température à 31 elle s'entretue
09:01 elles atteignent leur point de bascule
09:03 et finalement on le voit dans les films divers chez les humains
09:07 c'est à dire que l'annonce d'une rupture, une queue de poisson sur la route
09:11 un petit grain de sable peut finalement provoquer de grands drames
09:16 et c'est ça qui me passionne finalement
09:18 c'est essayer de comprendre ce qui fait basculer l'humain
09:21 et les ressources qu'il va essayer de développer par rapport au drame
09:26 Vous dites que quand on commet l'irréparable le temps s'accélère
09:30 et vous adressez une sorte de mise en garde à votre lecteur Cécile Cabanac
09:33 il est primordial et je vous cite "que vous sachiez que tuer n'est pas à la portée du premier venu
09:38 réfléchissez bien avant de vous lancer sinon vous pourriez le regretter amèrement"
09:42 Oui je donne de petits conseils
09:45 Cet acte de tuer c'est l'un des ingrédients indispensables dans un poêlard Céline Dangean ?
09:54 Oui parce que c'est je pense l'une des transgressions ultimes
09:58 donc tuer c'est... là je rejoins la citation que vous venez de dénoncer de Cécile
10:05 on n'en est pas tous foncièrement capables en tout cas
10:09 on va dire sauf à y être conduit par un environnement
10:14 ou une succession d'événements qui nous amènent à cette transgression là
10:18 mais ça demande...
10:20 Ou par le titre d'un de vos livres "Voulez-vous tuer avec moi ce soir ?"
10:24 c'était en 2015 chez Nouvelle Plume
10:26 c'est pas anodin tout de même de tuer c'est pas si simple
10:29 Non c'est pas si simple d'ailleurs Marcel le personnage principal de ce livre
10:32 à un moment donné fait tout un petit déroulé aussi autour de ça
10:36 la différence entre fantasmer quelque chose et le mettre en place
10:39 Cécile Cabanac dans "Le chaos dans nos veines"
10:43 vous le dites sur ce petit bandeau qui est en couverture
10:45 "Tout le monde peut se rendre coupable du pire"
10:48 ça peut nous arriver à tous c'est aussi ça le fait divers
10:51 et le fait aussi peut-être qu'on se reconnaît dans les personnages d'un poêlard ?
10:55 Je pense oui, moi j'avais envie de traiter la généalogie du mal
10:58 cette grande question qui nous occupe tous finalement quand on va dans des procédats cis
11:03 on se rend compte du temps qu'on passe à l'expertise psychologique de l'accusé
11:07 on essaie de comprendre qu'est-ce qui s'est passé dans l'enfance
11:09 quels sont les traumatismes qui ont conduit l'accusé à commettre l'irréparable
11:13 et ça c'est vraiment ce qui m'occupe l'esprit
11:17 je pense dans chaque roman s'il y a un fil rouge c'est celui-là
11:20 essayer de comprendre et de regarder l'individu au microscope
11:24 et voir comment il s'en sort dans ce drame
11:28 Nous avons tous l'espoir naïf et secret d'éradiquer le mal
11:33 ou du moins de voir les forces bienfaisantes triompher à l'issue d'un combat féroce
11:38 La plupart des religions sont fondées sur ce malentendu
11:40 En réalité, aucune force ne prend le pas sur l'autre, elles coexistent, c'est tout
11:44 Au fond, l'humanité est un camailleu de gris
11:47 Vous n'êtes jamais du bon ou du mauvais côté de la barrière
11:50 Vous le voyez d'un espace à un autre
11:52 Ni vraiment dans la lumière, ni complètement dans l'ombre
11:54 Il faut s'accommoder de cette réalité instable où les funambules sont rois
11:58 Lecture par Anthony d'un extrait du chaos dans nos veines de Cécile Cabanac
12:09 Il y a bien la mort donc dès le début de votre roman
12:12 Deux morts même, une femme d'une quarantaine d'années
12:15 L'ex-flic de la police judiciaire de Bordeaux, Céline
12:18 qui a été tuée d'une balle, de deux balles dans la tête
12:21 Et dans la même maison, dans la cave, la police va retrouver un cadavre
12:24 d'un homme ou d'une femme qui est dans un baril en décomposition, dans de l'acide
12:28 On est directement dans une ambiance qui s'asie
12:32 Noir, oui, oui, oui
12:34 J'avais envie d'un casse-tête en fait sur cette scène de crime
12:37 J'avais envie que tout se complique d'emblée
12:40 Et que mon capitaine qui s'appelle Rémi Brissot
12:44 qui est un type quarantenaire un petit peu usé par la vie et par son métier
12:47 qui avait très envie à la découverte du premier cadavre de se dire
12:51 "Tiens c'est un suicide, je vais refiler cette affaire à quelqu'un"
12:53 se retrouve face à une affaire hyper complexe qui l'occupe complètement
12:59 alors qu'il a tout un tas de problèmes dans sa vie privée qui l'occupent aussi
13:03 Et j'avais envie de poser cette base-là
13:08 Alors moi je ne travaille pas avec des plaintes
13:10 Donc tout a démarré de cette scène-là
13:12 Et après il faut noyer le poisson avec ça
13:15 Cette enquête va être un cauchemar, c'est ce que dit le capitaine Brissot
13:19 une fois qu'il a évidemment découvert ce second corps
13:23 Vous aussi dans cette ambiance saisissante
13:26 Céline Dangeand en précipite, ça débute par une tentative de meurtre cette fois-ci
13:31 avec un meurtrier ou une meurtrière qui n'est manifestement pas arrivé assez fin
13:35 puisqu'elle a dû prendre la fuite
13:38 Il y a un jeune livreur de pizza qui arrive
13:40 qui va évidemment empêcher l'acte d'aller jusqu'au bout
13:44 Anthony Lopez c'est son nom
13:46 Et tout de suite quand il arrive dans la maison qui est cachée dans la forêt
13:50 on sent tout de suite que ce n'est pas là où on a envie de se balader
13:53 quand on veut faire une belle promenade
13:55 en tout cas une promenade sympathique
13:57 Il arrive et il voit la porte béante, un pot de fleurs écrasé
14:02 et il se dit qu'il se passe quelque chose d'étrange dans cette maison
14:06 Il se dit qu'il y a quelque chose de pas normal
14:09 et il entre quand même Anthony
14:11 parce que c'est un garçon qui est jeune et peut-être un peu inconscient du danger
14:17 et qui en plus connaît bien la personne avec qui il livre des pizzas
14:20 et qui a cette générosité de lui laisser des pourboires généreux
14:24 Il se bat d'ailleurs avec son frère pour aller livrer cette baleriale
14:28 C'est la cliente idéale
14:29 Et donc il brave sa peur
14:32 et il va comprendre rapidement parce qu'il entend des bruits étranges
14:35 qu'il n'est pas seul dans la maison, qu'il y a de l'eau qui coule
14:38 et que Madame Ducoin ne répond pas à ses appels
14:43 et donc il y a quelque chose qui cloche
14:45 mais il ira au bout et il sauvera cette femme d'une noyade
14:50 dont je ne vais pas donner tous les détails
14:53 - Ne donnons rien, d'ailleurs c'est le début du livre
14:56 donc pour l'instant on ne dévoile absolument rien
14:58 mais Valériane Ducoin va donc s'en sortir
15:02 Delphine a eu le courage si je puis dire de se plonger dans cette atmosphère
15:06 créée par Céline Dangean, on écoute son impression de lecture
15:09 - J'ai découvert Céline Dangean avec le Chaitel qui est sorti en 2018
15:15 C'est un roman qui m'avait à l'époque totalement scotché
15:18 un gros pavé que j'ai littéralement avalé
15:22 Ce qui fait que maintenant j'attends impatiemment chaque sortie
15:26 je ne suis jamais déçue
15:27 J'ai trouvé Précipice, le dernier, aussi très réussi
15:32 Ce que j'aime c'est que Céline Dangean fait la part belle à des personnages
15:36 intenses, forts, qui ont une vraie consistance
15:40 ils ont un passé, des émotions, une vraie psychologie
15:45 C'est fort d'arriver à créer des personnages aussi complets
15:50 aussi rapidement dans un roman
15:52 C'est ce qui fait qu'on est à fond avec eux
15:55 on est en empathie et on a envie de savoir ce qui va leur arriver
15:58 Elle s'amuse avec nous, avec le lecteur
16:02 Il y a par moments, je me suis dit "ça y est, j'ai compris, je sais ce qui va se passer"
16:08 et puis je tourne la page et je me dis "mais non, j'ai rien compris"
16:11 "c'est pas du tout lui le coupable"
16:13 et ça c'est vraiment l'avantage des grands
16:18 Je trouve que c'est vraiment la reine du page-turner à la française
16:23 - Une réaction ?
16:26 - C'est un compliment qui me va droit au cœur, merci Delphine
16:30 Je ne sais pas si je suis la reine, en tout cas je lis d'autres autrices
16:34 qui sont toutes aussi sidérantes, distrayantes et intéressantes
16:38 - Delphine dit "elle s'amuse avec nous"
16:40 Anthony disait tout à l'heure "elle m'a manipulé"
16:42 Cécile Cabanac, c'est ça l'art du polar
16:44 c'est faire tourner le lecteur en rond, l'emmener sur de fausses pistes
16:48 et évidemment les rebondissements
16:51 - On essaie de noyer le poisson, on essaie de créer le rythme
16:55 une forme d'efficacité dans le récit et de distraire
16:59 même si je pense que le polar a toujours deux niveaux de lecture
17:02 il y a le premier qui est cette distraction, cette envie de savoir qui a fait le coup
17:07 et puis il y a le deuxième niveau, les thèmes qu'on essaie d'aborder
17:11 je pense que c'est toute la force du polar de ce genre-là
17:14 qui sait parler de la société dans laquelle on vit
17:17 mais c'est vrai que nous on joue beaucoup de ça
17:20 les auteurs de polar on aime manipuler le lecteur
17:22 mais on aime aussi en faire un allié
17:24 c'est assez complexe, le lecteur passe un peu son temps à faire l'enquête avec les enquêteurs
17:30 et il est souvent beaucoup mieux informé que les enquêteurs
17:33 donc ça crée des intrigues complexes
17:36 - On a envie de leur souffler de temps en temps un petit indice ou une petite information
17:40 un mot sur votre façon d'écrire, justement
17:43 vous partez de quoi et au début de votre écriture
17:47 qu'est-ce que vous savez de ce qui va se passer dans votre polar ?
17:51 Céline Dangean
17:52 - Un sujet, il faut toujours un sujet, pour moi en tout cas
17:55 Cécile l'évoquait là juste avant
17:59 il y a ce côté de distraction dans le polar
18:04 effectivement, divertissement, ok, très bien
18:06 mais ça ne fait pas un bon polar
18:08 un bon polar il va traiter un sujet
18:10 moi dans "Précipice" je parle de la question du monde des adolescents
18:14 de la manière dont une bande peut, à un moment donné, par cette émulation de groupe
18:18 parce qu'à 15-17 ans on n'est pas totalement fini dans sa tête
18:22 et qu'on a encore beaucoup d'étapes à passer
18:24 d'étapes de construction à passer pour devenir adulte
18:27 à cet âge-là, tous les dangers que l'on peut affronter pour se construire
18:32 l'émulation de groupe, les défis, etc.
18:34 et comment finalement, d'une situation banale avec des ados plus ou moins ordinaires
18:39 on peut basculer dans quelque chose qui vous échappe et qui va conduire au drame
18:44 et ça c'est un sujet
18:46 dans d'autres livres précédemment j'abordais d'autres sujets
18:49 et je crois que le lecteur, en tout cas lorsqu'il ferme un livre
18:52 ce qu'il va lui rester au-delà du sentiment de manipulation
18:56 d'avoir été roulé dans la farine, si tout a bien fonctionné en tout cas
19:00 ce qu'il va lui rester c'est aussi un regard
19:02 une empreinte sur la société, sur un travers, sur un mal quelconque
19:08 - Cécile Cabanac, votre processus d'écriture il fonctionne comment ?
19:11 - Je pars d'une scène en fait
19:14 et justement le pitch que vous avez développé tout à l'heure
19:19 c'était la scène de départ
19:22 et après ça fonctionne un peu comme une broderie
19:25 cette histoire-là
19:27 et les scènes s'enchaînent à partir de cette base-là
19:32 c'est assez étrange parce que je me rends compte après coup des thèmes
19:36 qui ressortent, mais je n'y pense pas au départ
19:39 c'est un processus très particulier qui m'étonne encore beaucoup
19:43 - J'aime bien votre image de la broderie parce que je ne suis pas un spécialiste de la broderie
19:47 mais quand on brode on avance, on redéfait et on recommence
19:51 j'ai cru comprendre Céline Dangean, que vous aviez une forme de cercle de lecteur
19:57 à qui vous proposiez des épreuves pour savoir si ça fonctionne, c'est comme ça que ça marche ?
20:02 - Oui, moi oui, après il n'y a pas une recette
20:04 moi oui parce que j'aime bien m'entourer de, alors peu de gens
20:07 des personnes de confiance que je salue d'ailleurs, merci Karen, merci Christiane
20:12 qui sont présentes tout au long du processus d'écriture
20:16 et qui vont me faire des retours au fur et à mesure
20:17 - Mais elles vous disent quoi ?
20:19 - Alors, oui on est pris dedans, ça marche
20:23 ou ouais c'est sympa, enfin le ton permet de voir si à un moment donné
20:28 on baisse un peu, si on a un problème de rythme
20:31 ou si, tout simplement des fois, il n'y a pas une solution qui émerge
20:36 et qui serait la bonne par rapport à ce que nous on a en tête en tant qu'auteur
20:39 et auquel cas, enfin voilà quand c'est le cas, on se dit bon mais il faut que je réajuste
20:43 ça veut dire que ce que je pensais conduire au bout de 500 pages
20:48 est déjà dévoilé, voilà, on peut trouver la solution au bout de 200
20:53 bon ben ça craint, je suis en train de passer à côté
20:56 donc je vais réajuster et complexifier un peu les choses
20:58 - Ceci est le cabanac, qui est votre premier lecteur ou lectrice ?
21:02 - Alors au départ il y avait mon entourage
21:04 et puis j'ai trouvé que la multiplication des avis commençait à être un peu compliquée à gérer
21:08 donc après il y a eu mon mari et là sur le dernier
21:12 il a découvert en fait le roman une fois publié
21:16 c'est à dire que j'ai laissé vraiment mon éditrice me donner son unique avis
21:21 et c'était pas plus mal je dois dire parce que voilà, on est moins baladé, c'est plus simple
21:26 - Alors qui sont vos personnages ? Les victimes d'abord on a
21:29 d'un côté dans "Précipice" une ex-légiste
21:33 et dans "Le chaos", dans "Nouvelle" une ex-policière
21:36 cette dernière est morte, l'autre pas, tentative de morte donc d'un côté
21:40 double meurtre de l'autre et puis les enquêteurs
21:43 deux couples si on peut dire, Marianne et Rémi
21:46 chez vous Cécile Cabanac, Léa et Louise de l'autre côté
21:49 d'ailleurs chez vous Céline Dangean c'est toujours des femmes qui enquêtent
21:53 c'est ce que nous a fait remarquer Delphine qui vous pose cette question
21:58 - Dans tous les thrillers de Céline Dangean, les enquêteurs sont des enquêtrices
22:02 est-ce que c'est une mise en avant délibérément féministe
22:08 pour prouver que les femmes sont aussi bonnes que les hommes
22:12 ou bien est-ce simplement parce que c'est plus facile pour elle
22:16 d'abord de mettre en scène des personnages féminins parce que c'est
22:19 plus proche d'elle quoi disons ? - Alors c'est amusant
22:23 Delphine cette question mais d'abord et après je répondrai
22:26 un peu plus sérieusement mais j'aurais adoré que
22:29 mes confrères masculins se voient opposer cette question dans l'autre sens
22:34 est-ce que votre personnage masculin parce que vos
22:38 romans mettent en scène avant tout des enquêteurs masculins
22:42 est-ce que c'est un parti pré-réactionnaire et anti-féministe ?
22:45 ça n'est jamais arrivé alors bon ça c'était pour le clin d'oeil
22:49 parce qu'en réalité oui quand je suis arrivé dans le polar et il y a encore
22:54 du travail là dessus mais c'était un milieu que je trouvais
22:57 très masculin pour avoir une culture du polar
23:01 j'avais découvert essentiellement et majoritairement des enquêteurs
23:04 masculins les filles avaient une place secondaire
23:08 et je me demandais pourquoi déjà
23:11 et est-ce que c'était vraiment le reflet d'une réalité et si oui alors
23:15 il fallait agir vite par le biais de la plume
23:19 et donc ça a été un parti pré-immédiat chez moi de dire mais je vais rompre avec
23:23 ce fameux flic du 36 quai des Orfèvres en faisant de
23:26 cuir mal rasé un peu alcoolique parent défaillant divorcés et je vais
23:30 je vais compter une femme une femme en situation de direction d'enquête
23:34 avec l'ordinarité je suis pas tombé dans
23:38 la caricature inverse qui pourrait être cette femme un peu badass
23:42 à la Lara Croft qui sait se battre mais qui est à la fois fragile
23:45 qui est très belle et je sais trop quoi je ne sais trop quoi
23:48 l'idée c'était une femme en fait une femme avec
23:52 ses failles son tempérament ses défauts son ordinarité
23:55 et ça c'est vrai que ça a été un parti pris un peu réactif finalement
23:59 - Cécile Cabanac c'est donc une évolution il y a plusieurs décennies on
24:03 n'imaginait pas une policière une gendarme c'est ça ?
24:07 - Je pense que le fait que les femmes investissent le genre du polar
24:11 explique la présence de personnages féminins plus forts
24:14 plus complexes plus profonds c'est vrai que
24:18 par le passé on avait des personnages féminins qui étaient souvent
24:20 caractérisés par leur physique par exemple
24:22 et parfois même ça n'allait pas au-delà de ça nous en tant que
24:26 l'actrice on se lamentait de ça moi je me souviens
24:28 plus jeune m'être dit mais c'est pas possible
24:32 est-ce que cet homme a déjà rencontré une femme ?
24:35 Et puis j'ai vu arriver Millenium je sais pas si ça parle à tout le monde
24:38 avec le personnage de Lisbeth Salander qui était justement la badass
24:42 femme et je me suis dit ah enfin sauf que après on est tombé dans cette
24:46 caricature aussi le personnage féminin devenait
24:49 assez régulièrement dans les romans policiers une badass
24:52 et je pense que comme Céline j'avais envie de personnages féminins qui soient
24:55 tout simplement équilibrés a priori ordinaires mais
25:00 finalement toujours plus complexes qu'il n'y paraît
25:02 mais ça c'est vrai que je pense que ces personnages là sont souvent
25:08 le fait de femmes parce que parce qu'on tient à dire
25:11 qu'on est complexes quoi
25:15 on investit tous les domaines de la société et on a absolument besoin de
25:19 les présenter comme ça dans nos romans.
25:22 Duo d'enquêteurs et d'enquêtrices donc, Cécile Cabana que vous avez imaginé un binôme au sein duquel il y a
25:27 quelques tensions c'est pas facile d'enquêter ensemble Grémy Brissot
25:30 et Marianne de Cointet qui ont une dizaine d'années de différence que tout
25:34 oppose donc et qui n'envisagent pas leur métier de la même manière.
25:38 Tout à fait c'est à dire que dans mes trois précédents romans j'avais un duo
25:41 d'enquêteurs qui s'entendaient magnifiquement bien ils étaient tellement
25:44 complices qu'à un moment donné ils n'avaient même plus besoin de parler voilà
25:47 sauf que qui connaît ça dans le milieu professionnel ? C'est très rare quand même
25:51 et je me suis dit tiens ce serait intéressant qu'il y ait des tensions
25:54 dès le début avec en plus cette scène de crime complètement illisible
25:58 c'est vraiment le casse-tête dans le casse-tête et ces deux là vont être
26:01 obligés de faire un énorme effort pour se comprendre
26:04 pour communiquer et en même temps ça crée un rythme qui m'intéressait parce
26:08 que forcément d'être dans une situation de
26:10 tension ça permet de se dire des choses parfois très brutalement et à d'autres
26:15 moments de ne pas communiquer donc ça aussi ça joue sur le rythme de l'enquête.
26:18 Dans votre roman aussi Céline Dangean il y a deux femmes qui sont
26:23 gendarmes et qui vont devoir collaborer elles ne travaillent pas pour la même
26:26 brigade elles se connaissent pas du tout Léa et Louise et il va falloir arriver
26:30 aussi à communiquer parce qu'elles n'ont pas la même manière d'envisager la
26:35 façon de résoudre cette enquête et donc là c'est pas facile pour elles
26:39 il va falloir faire fil de leur caractère aussi.
26:44 Tout à fait elles ont toutes les deux un caractère très très fort
26:47 elles n'ont pas la culture du travail ensemble
26:50 chacune ayant jusqu'à présent une position de chef dans sa propre brigade
26:55 et du coup ça va créer une tension je trouvais ça amusant parce qu'après tout
27:00 finalement des femmes en situation de commandement il y en a elles ont
27:03 forcément un caractère très fort elles travaillent dans la police ou la
27:06 gendarmerie donc nécessairement elles vont tomber dans les travers qu'on
27:11 connaît aussi les travers masculins le combat d'égo déjà de place c'est qui
27:17 qui dirige ce n'est pas typiquement masculin cette question et
27:22 effectivement elles vont devoir trouver on va dire un modus operandi
27:26 suffisamment opérant pour pour aller au bout d'une enquête dans laquelle elles
27:31 n'ont pas du tout le même regard l'une étant basée un peu Louise sur son
27:37 expérience etc son intuition voilà et Léa étant sur la culture de la preuve au
27:43 sens le plus strict donc une preuve nous conduit sur une piste on la suit et on
27:48 verra et on regarde pas trop ce qui se passe ce qui se passe à côté la
27:52 question qui vient c'est comment est ce que vous vous vous imprégnez de ces
27:56 personnages de ces ambiances de ce monde de la gendarmerie et de la police vous
28:01 dites Céline Danjon qu'il n'y a pas une personne qui vous a inspiré un
28:04 personnage pas une personne en particulier donc comment vous vous
28:07 imprégnez de ce milieu alors je sais que vous avez fait notamment appel à un
28:11 médecin légiste pour vous donner des conseils sur c'est quoi l'idée c'est de
28:16 faire le plus vrai possible oui parce qu'en fait le lecteur de
28:20 polars il a cette attente là il demande un certain réalisme et s'immerger dans
28:25 une enquête policière ça va nécessairement passer par le sentiment
28:30 que oui ça pourrait être vrai ça peut se passer ça et donc les personnages qui
28:35 sont la chair du livre doivent porter incarner cette forme de réalisme que ce
28:41 soit au travers de leur profession après au travers de du ton qu'on leur
28:45 donne et de l'empathie qu'on arrive à créer entre eux et le lecteur mais donc
28:50 ce sont des témoignages que vous recueillez vous discutez avec des
28:52 personnes non non je les invente dans leur tempérament leur culture leur
28:58 leur passé par contre je n'invente pas la culture professionnelle et là je vais
29:03 chercher de l'information vous parliez d'une médecin légiste que j'avais pu
29:07 consulter et je la remercie d'ailleurs elle m'a donné des éléments de sa
29:13 profession tangible enfin voilà même s'il ya peut-être un médecin légiste
29:18 qui lira mon livre s'il le lit je ne raconte pas des sottises sur la question
29:23 de la médecine légale qui n'est absolument pas ma culture à moi et sur
29:28 quoi on peut inventer quoi c'est le gabana même chose il faut faire le plus
29:31 réaliste possible pour que ce soit convaincant je crois qu'il faut qu'il
29:35 y ait une base réaliste en effet ça demande pas mal de documentation mais
29:40 après moi j'ai tendance à dire que je ne fais pas de polar procédural et je
29:45 veux à un moment donné pouvoir un peu me dégager de des procédures parce que
29:49 si on lit suivez à la lettre honnêtement on ferait pas des romans de
29:52 gâteau et ce serait beaucoup plus l'un donc c'est vrai qu'il ya un moment où
29:56 on prend un peu de liberté mais la base doit être réaliste
30:01 on les voit pas taper taper leur rapport ce qui serait peut-être un peu ennuyeux
30:05 en tout cas il ya dans cette idée d'enquête il ya l'idée du lien alors on
30:09 parlait tout à l'heure effectivement de louise et de léa les deux gendarmes
30:14 enquêtrices qui cherchent les liens entre les entre les personnages chez vous
30:17 aussi à l'idée de liens c'est c'est gabanac chercher des liens entre ces
30:22 meurtres entre l'incendie de la maison on l'a pas dit mais ça je dévoile pas
30:26 grand chose et puis il ya aussi des anciennes affaires qui et qui sont
30:29 stockés dans cette maison sur lesquelles travaillait cette ancienne
30:32 policière cette idée de lien c'est aussi ce qui fait ce qui fait que le roman le
30:38 polar à la fin est homogène oui alors c'est vrai que ça aussi moi je le
30:44 construis pas à pas c'est vraiment un mur de briques cette histoire chez moi
30:48 donc les liens je les alors je je les créé au fur et à mesure ce qui veut dire
30:53 aussi qu'il ya pas mal de travail en on fait beaucoup d'aller-retour sans n'en
30:58 parle souvent avec céline c'est vrai que il ya des moments on se dit ça va pas
31:02 fonctionner c'est le château de cartes s'effondre et on doit repartir en arrière
31:06 mais ces liens là font que le lecteur à un moment donné se dit c'est incroyable
31:11 je pensais avoir tout compris je pensais avoir tout perçu des personnalités et
31:16 je suis je suis surpris donc c'est c'est ce travail là qu'on essaie de faire et
31:20 qui nous qui nous occupent beaucoup c'est pas tant l'intrigue d'ailleurs
31:24 il ya une question qui vient vous feriez lire votre votre vous épreuve votre
31:27 prochain livre à votre voisine non parce qu'elle serait trop dure c'est vous
31:33 qu'êtes méchante il paraît ce qu'on m'a dit beaucoup trop humble c'est si
31:37 la franchement et vous non moi oui sans problème parce que c'est si les
31:42 foncièrement gentil elle dirait pas de mal de moi alors être au peur
31:46 alors on a dit à beaucoup de thématiques qui sont abordées dans le
31:49 polar le miroir de la société de notre monde il ya une historique du genre
31:55 fred vargas qui sort sur la dalle chez chez flammarion vous pourrez d'ailleurs
31:58 écouter l'impression de lecture de bénédicte sur notre site internet
32:02 franceculture.fr à la page du book club où elle parle évidemment de cet
32:07 enquêteur jean baptiste adamsberg qui est récurrent chez fred vargas qui parle
32:13 aussi du lieu et le lieu c'est important parce que toutes les deux vous nous
32:18 emmenez dans le sud ouest de la france là où vous vivez qu'est ce que ça
32:23 apporte le lieu dans un polar si tout se passait à paris pardon ici on est à
32:27 paris ce serait quand même pas la même chose
32:29 c'est sûr c'est sûr d'ailleurs je parlais tout à l'heure de mon esprit de
32:34 contradiction en campant des personnages féminins il y avait aussi pour moi un
32:39 parti pris initial qui était de camper mes enquêtes dans un environnement qui
32:43 m'est tout simplement familier et qui a emprunt de souvenirs d'émotions et qui
32:49 va me permettre aussi par le biais de certaines descriptions d'ambiancer des
32:55 scènes d'immerger le lecteur dans quelque chose qui enfin c'est en tout cas
32:59 l'objectif que j'ai de le plonger dans un environnement qui va qui va susciter
33:04 chez lui les mêmes émotions que celles que moi j'ai pu vivre donc c'est un à la
33:10 fois plus facile de plus réaliste et et 3 ça nous change un peu de ce de ce
33:15 flic du 36 et des orphelins qui travaille à paris
33:18 ce soir vous nous emmenez sur la côte basque donc vous nous faites visiter et
33:22 vous c'est s'il cabanax c'est la nouvelle aquitaine on est à côté de
33:25 bordeaux de bergerac entre bordeaux et bergerac et là aussi votre région de
33:29 coeur oui c'est mon secteur je me rapproche
33:32 petit à petit parce que précédemment j'étais dans les idlines et je trouvais
33:36 que les idlines c'est un bon bon décor sordide
33:40 excusez moi habitant des idlines sans vouloir verser personne bien sûr non
33:45 non mais c'est vrai que quand je réalisais des fêtes entre l'accusé
33:49 j'avais tellement fait de sujets dans ce secteur que ça ça m'a énormément
33:53 inspiré j'avais très envie d'aller par là et sur ce dernier moment je me suis
33:57 dit attention c'est une facilité finalement d'être dans dans une région
34:02 très très associée au polar et donc ramène ça en nouvelle aquitaine c'est à
34:06 dire entre bordeaux et bergerac une région que moi j'associe à une forme de
34:13 de lumière de joie de vacances et je me suis dit tu vas te mettre une affaire
34:19 sordide dans un lieu qui a priori ne l'est pas on est bien voilà une forme
34:24 de poésie oui c'est bon vu ça on a bien compris pour ça et puis il y a donc pas
34:30 que l'enquête il ya les personnages bien sûr il ya la poésie et ces personnages
34:34 qui dans les deux cas sont très bons pour noyer le poisson merci beaucoup
34:38 Céline Dangean, bienvenue nous parler de précipices votre dernier polar qui parait
34:42 aux éditions michel lafond merci à vous c'est c'est le cabanac le chaos dans nos
34:47 veines disponible aux éditions fleuve noire et longue vie donc au louvre du
34:51 polar merci à toutes les deux

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