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Une campagne de sensibilisation est lancée, lundi 22 mai pour alerter sur le fléau encore largement méconnu de la soumission chimique par un proche. Neuf victimes sur dix sont des femmes. 

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00:00 - Effectivement, on a l'image de la drogue qu'on met dans un verre, le GHB, la drogue du violeur,
00:05 on vous le met dans votre verre, vous êtes en train, vous êtes dans un bar, vous faites la fête,
00:07 vous vous endormez et vous ne vous souvenez plus de rien.
00:10 En réalité, ça peut aussi survenir dans la sphère intime et ça arrive d'ailleurs bien plus souvent qu'on ne le croit.
00:17 Une campagne de sensibilisation débute d'ailleurs sur ce thème aujourd'hui grâce à Caroline Darian
00:21 qui a trouvé le courage de raconter son histoire dans un livre et j'ai cessé de l'appeler "Papa".
00:26 Son père, pendant dix ans, a drogué sa mère pour abuser d'elle et la faire violer par d'autres.
00:32 Alors le phénomène est réel et il est sous-diagnostiqué parce qu'on confond ça au départ avec de simples trous de mémoire,
00:39 et d'ailleurs comme Caroline à l'époque avec sa mère.
00:44 - En disant, nous avec mes frères, on a été les témoins impuissants, on avait notre mère au téléphone
00:49 puisqu'elle habitait à l'époque à 800 km de chez nous, où elle tenait des propos incohérents,
00:54 on avait le sentiment qu'elle était dans un état de vivresse avancée alors que ma mère ne boit pas une goutte d'alcool,
00:59 elle ne se souvenait pas des conversations qu'on avait eues la veille ou même le matin même.
01:04 En fait c'est ça, si moi j'avais été alertée sur les symptômes d'alerte de la soumission chimique,
01:12 j'aurais emmené ma mère faire des analyses toxicologiques.
01:15 - 9 victimes sur 10 sont des femmes.
01:18 - Effectivement et dans 83% des cas, le but c'est l'agression sexuelle.
01:22 Alors ça c'est selon l'enquête nationale de sécurité de l'agence nationale de sécurité du médicament.
01:28 Mais pas uniquement des femmes, l'éventail est atrocement large, ça peut être des bébés,
01:33 on met ce produit là dans leur biberon, ça peut être des personnes séniles quasiment à l'EHPAD dont on abuse.
01:38 C'est très très difficile justement à quantifier.
01:42 - Le problème c'est qu'aujourd'hui il y a un vrai chiffre noir sur le nombre de cas en France,
01:47 le nombre de cas de soumission chimique en France.
01:49 Tous les ans il y a une enquête, cette enquête en fait ne recense que les cas sur réquisition judiciaire.
01:56 C'est-à-dire que s'il y a des pots de plainte, on fait partie des cas recensés
01:59 et comme la plupart des gens n'ont pas déposé plainte,
02:02 et encore moins contre quelqu'un que l'on connaît,
02:04 ça veut dire qu'aujourd'hui le nombre de personnes qui sont potentiellement soumis chimiquement,
02:10 il est beaucoup plus large qu'on ne veut bien le penser.
02:15 - Officiellement on parle de 600 cas par an mais c'est beaucoup moins que la réalité,
02:19 d'autant que ces sédatifs provoquent justement des amnésies
02:22 qui font que les flashes ne reviennent parfois que des années et des années après.
02:26 C'est très difficile de s'en souvenir et de le mettre en évidence,
02:29 d'autant que ces substances en plus disparaissent très vite de l'organisme.
02:33 Donc pour les médecins c'est compliqué, on ne peut pas faire ça dans un simple labo de ville.
02:39 C'est pour ça qu'il faut sensibiliser, il faut flécher le parcours des victimes
02:42 pour qu'elles soient mieux prises en charge.
02:44 Il y a d'ailleurs une cinquantaine de personnalités qui, à partir d'aujourd'hui,
02:47 ont promis qu'elles allaient relayer cette campagne, dont la ministre des Sports.
02:52 - Oui, ça c'est vraiment remarquable.
02:55 Plusieurs femmes de BFMTV, on peut le dire,
02:58 ont fait le choix de soutenir cette cause méconnue
03:03 et qui doit absolument être davantage médiatisée, mise en lumière.
03:09 Parce que ce qui est terrible, c'est que beaucoup de femmes ne se rendent pas compte,
03:14 ne savent pas qu'elles ont été victimes.
03:16 C'est le principe de la soumission chimique.
03:18 Nous sommes en direct avec Gada Atem,
03:20 qui est fondatrice de la Maison des Femmes de Saint-Denis.
03:22 Bonjour.
03:24 - Bonjour.
03:25 - Merci de nous rejoindre sur BFMTV.
03:27 Est-ce que ce fléau en effet méconnu a besoin d'être davantage mis en avant,
03:35 mis en lumière selon vous ?
03:37 - Absolument. Le problème de ce fléau, c'est qu'il est insidieux.
03:42 Il est insidieux pour les victimes,
03:43 parce qu'on peut tout à fait être soumis à cette soumission chimique
03:47 sans s'en apercevoir pendant des mois, des années.
03:51 Et l'expérience de Caroline Darian en est la preuve la plus éclatante.
03:56 Mais j'ai aussi des patients qui découvrent au bout de plusieurs mois
04:00 que quelqu'un de leur famille les drogue et abuse d'elles.
04:03 Mais ce phénomène est aussi méconnu des médecins.
04:05 Il provoque des symptômes que nous n'avons pas appris
04:09 et devant lesquels nous sommes très démunis.
04:11 Parce qu'avant d'imaginer que dans une famille
04:13 qui est supposée être le lieu de la sécurité,
04:16 le lieu de la bienveillance,
04:17 le lieu où on est justement loin de toute potentielle agression,
04:22 imaginer que dans sa propre famille on vous drogue,
04:25 pour un médecin c'est un peu conceptuellement difficile.
04:28 Donc il faut que nous sachions que ça existe.
04:30 Il faut que nous soyons en capacité d'y penser
04:33 chaque fois que les symptômes de nos patients nous semblent incompréhensibles.
04:37 Que ce soit de la fatigue, des pertes de mémoire, des difficultés à dormir,
04:41 énormément de symptômes très disparates
04:43 qui pour nous ne peuvent pas se réunir en une seule maladie.
04:46 Et tant qu'on n'a pas pensé à celle-là,
04:48 on ne fera pas les recherches et malheureusement il est parfois trop tard.

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