• l’année dernière
L'enquête de Nelson Getten, tous les vendredi, samedi et dimanche dans le Week-End Direct.

Category

🗞
News
Transcription
00:00 Nelson Jetten, votre enquête ce soir, elle concerne ce défi, défi pour l'organisation des JO, c'est la sécurité et le manque de bras.
00:07 Alors depuis plusieurs mois, les pouvoirs publics tentent de recruter et de former des demandeurs d'emploi, donc au métier de sécurité, tous les moyens sont bons.
00:16 Oui, et parfois au détriment des autres formations financées normalement par Pôle emploi.
00:21 La jeune femme que vous allez entendre a appelé la semaine dernière son conseiller Pôle emploi Île-de-France
00:26 pour faire une demande de financement pour une formation dans le but de se réorienter, de changer de métier.
00:32 Et voilà ce qu'on lui a répondu.
00:34 J'ai eu un échange avec mon conseiller Pôle emploi habituel pour lui demander le financement d'une formation que je souhaitais effectuer pour me réorienter.
00:43 Et en fait, le conseiller Pôle emploi m'a expliqué que ce serait très compliqué.
00:46 Et ce qu'il vous a expliqué pourquoi ?
00:48 Il m'a dit que tout le budget formation était réservé pour les JO de Paris 2024 afin de former un maximum d'agents de sécurité.
00:56 J'étais assez surpris parce que j'attendais quand même de Pôle emploi de m'accompagner vers un retour à l'emploi serein.
01:02 Puis surtout, réserver tout le budget pour des formations d'agents de sécurité, ça me paraît quand même assez aberrant.
01:08 Donc ça veut dire qu'en dehors de la sécurité, tous les financements sont bloqués ?
01:12 Pas suspendus, pas bloqués, mais extrêmement limités.
01:15 Dans un document interne de la direction régionale Île-de-France de Pôle emploi que je me suis procuré,
01:20 on comprend qu'il faut mettre le paquet sur la sécurité.
01:23 Je cite "la mobilisation de l'aide individuelle à la formation devra se faire dans le respect de l'enveloppe financière,
01:29 c'est-à-dire trois AIF par agence et par semaine, hors celle visant la sécurité".
01:35 Ça veut dire que les demandes de formation, les projets de formation hors sécurité,
01:40 donc qui ne concernent pas de la sécurité, il n'y en aura que trois par semaine et par agence,
01:45 alors que les formations qui concernent la sécurité, elles, elles seront illimitées.
01:49 Trois formations par semaine, par agence, c'est peu ?
01:52 Oui, c'est très peu, parce que quand vous imaginez qu'il y a parfois plusieurs milliers de demandeurs d'emploi par agence,
01:58 parfois dix mille demandeurs d'emploi par agence,
02:00 trois projets qui sont validés par agence et par semaine, c'est très peu.
02:04 Christophe Moreau du SNU Pôle emploi m'a raconté les coulisses des agences Pôle emploi Île-de-France en ce moment.
02:10 Quelqu'un qui va devenir avec un projet peut se retrouver en disant "ah non, là-dedans, ce n'est même pas la peine,
02:14 vous n'aurez pas de financement parce que de toute façon, ça ne tient pas la route".
02:18 En revanche, dans la sécurité, vous pouvez y aller, c'est open bar.
02:23 Et c'est un petit peu le type de discours qu'on entend aujourd'hui.
02:25 Comment est-ce que les agents Pôle emploi, notamment en Île-de-France, le vivent ?
02:29 Je peux vous dire que ça râle pas mal, puisque ce n'est pas du tout ce qui est souhaité et attendu par les agences.
02:36 C'est-à-dire qu'on ne cherche pas à travailler en fonction d'objectifs
02:40 qui en plus ne sont pas particulièrement réfléchis sur le long terme.
02:44 Mais comme je vous disais, quand vous êtes avec un demandeur d'emploi,
02:48 si vous voulez travailler positivement avec lui, vous travaillez sur un projet.
02:52 Ils ont mis les moyens pour orienter les demandeurs d'emploi vers la sécurité.
02:56 Une prime à la formation de 2000 euros financées par la région
03:00 pour toute personne qui accepterait d'avoir une formation au métier de la sécurité.
03:05 Ça fait réfléchir. Ils organisent également des forums des métiers de la sécurité.
03:09 Il y en aura un, notamment la semaine prochaine à Paris.
03:12 Des webinaires aussi pour convaincre les plus jeunes de s'engager.
03:15 Et puis, ils mettent en ligne des vidéos pour présenter les différents métiers et tenter de sortir des clichés.
03:21 Par rapport au profil, on n'a pas forcément besoin d'être un boxeur confirmé ou de pratiquer un sport de combat.
03:29 Si je donne mon exemple, moi, je ne pratique pas de sport de combat et pourtant, je suis bien là aujourd'hui.
03:34 Je suis agent de prévention et de sécurité en événementiel.
03:40 [Musique]
03:46 [Bruit de clavier]
03:48 Festival de Cannes.
03:49 Et la direction de Pôle emploi assume ?
03:51 Pas vraiment. Je n'ai pas pu avoir de porte-parole directement en ligne au week-end de l'Ascension Oblige.
03:57 Mais Pôle emploi Ile-de-France m'a apporté quelques éléments de réponse par écrit concernant les formations hors sécurité.
04:03 Ils me répondent qu'il y en a déjà 130 000 disponibles en 2023 et que les opportunités seraient en hausse.
04:09 Ils se félicitent également d'avoir déjà formé 3 425 demandeurs d'emploi au métier de la sécurité en vue des JO de 2024.
04:18 Et justement, en quoi consiste cette formation ?
04:21 Il y en a plusieurs, mais ce qui est intéressant, c'est qu'un certificat d'agent de sécurité événementiel a été créé spécialement pour les JO.
04:29 106 heures de formation pour des missions, par exemple, de contrôle d'accès, d'inspection ou de filtrage,
04:35 alors qu'une formation classique au métier d'agent de sécurité dure normalement 175 heures.
04:40 Donc 175 contre 106, c'est quand même beaucoup moins.
04:44 Mais au-delà de la formation, ce qui inquiète Christophe Moreau, c'est la précarité des emplois.
04:49 C'est un problème de précarité de l'emploi, un problème de précarité aussi d'employeur,
04:54 puisque on a beaucoup de turnover, de rotation de marché.
04:59 Ce n'est pas nécessairement un secteur dans lequel on envisage beaucoup de durée pour diverses raisons,
05:05 les conditions de travail, les salaires qui ne sont pas fantastiques.
05:08 La sécurité qui va tourner autour de cette problématique-là va peut-être s'étaler sur six mois,
05:14 mais au bout de six mois, qu'est-ce qui va se passer ? Que vont-ils devenir ?
05:16 Je pense que beaucoup de personnes se posent cette question-là.
05:19 Des emplois précaires et qui n'attirent pas vraiment, je vous le disais, 3 425 demandeurs d'emploi formés.
05:26 Ça, c'est les chiffres actuels sur les 25 000 places proposées dans un peu plus d'un an des Jeux olympiques.

Recommandations