Journée contre l'homophobie, l'homosexualité interdite dans plus de 60 pays

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Transcription
00:00 Et c'est vous Bertrand Lambert, bonjour. Merci d'avoir accepté notre invitation.
00:03 - Bonjour.
00:03 - Vous êtes président du club Panam Boys and Girls, le club de toutes les différences, club de foot,
00:07 100% inclusif, luttant contre l'homophobie.
00:11 On va en parler évidemment pour la troisième journée consécutive, le foot...
00:15 Troisième année consécutive, le foot pro se mobilise.
00:20 Il y a cette prise de position contre l'homophobie, on parle du sport aujourd'hui, du foot en particulier.
00:27 Il y avait beaucoup à faire dans ce domaine-là ?
00:32 - Il y a toujours beaucoup à faire. Évidemment il y a ce reportage glaçant.
00:36 L'homophobie aujourd'hui, elle est partout. Elle est latente, elle n'est pas forcément physique.
00:41 Elle peut être aussi verbale ou symbolique.
00:44 Par exemple, ce week-end, effectivement, on fait partie des partenaires de la ligue de foot professionnelle
00:48 et derrière on est partie prenante de cette opération.
00:51 On a vu homo ou hétéro, on porte tous le même maillot.
00:54 C'est le slogan de notre club également.
00:57 Et on a incité les clubs à jouer en maillot arc-en-ciel.
01:01 - Du 12 au 15 mai, effectivement.
01:03 - C'était sur une journée entière de Ligue 1 et Ligue 2 qui s'est répartie sur trois jours, quatre jours même.
01:08 Voilà, c'est la troisième année consécutive qu'on propose ces maillots arc-en-ciel.
01:12 La première année, c'est passé comme ça.
01:15 La deuxième année, c'est-à-dire l'an dernier, Idriss Agheï n'a pas porté ce maillot.
01:20 Il s'est fait porter pâle et a été outé, j'ai envie de dire, par son vestiaire,
01:24 le vestiaire du Paris Saint-Germain qui a donné l'info, comme quoi en fait il était totalement valide,
01:28 mais qu'il ne souhaitait pas. - Ce qui avait fait grand bruit à l'époque.
01:30 - Grand bruit à l'époque.
01:32 Mais au final, derrière, qu'est-ce qu'il y a eu ? Il n'y a pas vraiment eu de sanction.
01:35 Il y a eu des réactions, il y a eu un emballement médiatique, comme il y a eu depuis hier.
01:39 Mais il ne s'est pas passé grand-chose.
01:41 Ensuite, il y a eu le Qatar qui est passé par là,
01:44 où on nous a dit gentiment de respecter les coutumes locales,
01:46 c'est-à-dire de pouvoir balancer les homosexuels depuis les toits,
01:50 parce que c'est ça qui se passe là-bas.
01:52 Donc on s'y est pliés, la FIFA a dit "il n'y aura pas de brassard arc-en-ciel,
01:55 il ne faut absolument rien faire".
01:57 Et bien moi je dis qu'ici, en France, les coutumes locales, c'est de lutter contre l'homophobie.
02:02 Donc tout le monde doit s'y plier.
02:03 Et cette année, puisque la boîte de Pandore a été ouverte l'an dernier par Idrissa Gueye,
02:08 et bien on a eu cinq joueurs qui finalement se sont opposés au port de ce maillot,
02:13 au nom de leur croyance.
02:15 - Cinq joueurs identifiés, ça on précise bien.
02:18 - Oui, identifiés, qui ont revendiqué leur refus de porter ce maillot,
02:21 il y en a peut-être eu d'autres qui se sont fait porter pâle,
02:23 mais après il ne faut pas dire non plus que cette journée était un fiasco.
02:26 - Je crois que vous vous dites tout le contraire, vous vous dites...
02:28 - Mais oui, parce qu'en fait il y a 751 joueurs qui ont porté ce maillot,
02:32 fièrement, cette année, qui se sont positionnés derrière cette pancarte géante
02:36 qu'on a vue dans tous les stades de France, pour dire non à l'homophobie,
02:40 mais surtout pour avoir un horizon positif.
02:41 Homo ou hétéro, on porte tous le même maillot, c'est un horizon positif.
02:44 On souhaite que ce sport devienne vraiment inclusif
02:47 et qu'on n'ait plus besoin de faire ces journées-là.
02:50 Et puis, du coup, tout le monde en parle depuis trois jours,
02:53 ça a un effet aussi bénéfique.
02:55 Et puis, les autres effets bénéfiques de tout ça,
02:57 c'est que j'ai vu pour la première fois des supporters des clubs,
02:59 là où il y avait les joueurs réfractaires,
03:01 se mobiliser, se positionner pour dire "écoutez, nous on a des valeurs,
03:05 ce ne sont pas ces valeurs-là,
03:07 il n'est pas possible de faire jouer des homophobes dans notre équipe".
03:10 Et ça, c'est la première fois qu'on voit ça,
03:12 il faut montrer le chemin parcouru au fil des années avec ces opérations.
03:15 - On comprend bien votre discours, vous qui vous mobilisez
03:17 et qui tentez de sensibiliser et forcément de voir le positif.
03:21 Il y a malgré tout encore des réticences qui s'expliquent.
03:24 - Si il n'y avait pas de problème, j'aurais pas besoin de faire ces campagnes.
03:26 - Mais ce que vous dites vous aujourd'hui, finalement,
03:28 c'est qu'il ne faut pas se concentrer là-dessus,
03:29 que la masse, tous ceux qui suivent, ça va faire,
03:31 continuer de faire avancer les choses.
03:32 - Mais ça fait bouger les lignes de manière incroyable.
03:35 Vous savez, ça a une portée, on parle d'homophobie globale,
03:37 j'ai vu votre reportage glaçant de tout à l'heure.
03:40 Il faut rappeler quand même, par exemple,
03:42 le taux de suicide chez les personnes homosexuelles
03:44 est six fois supérieur au reste de la population.
03:46 Pourquoi ce taux de suicide ?
03:48 Parce qu'autour d'eux, il y a un environnement,
03:50 la plupart du temps, homophobe.
03:52 Pas forcément qui se voit très clairement,
03:55 mais de manière sous-jacente.
03:57 Voilà, tous ces mots, ces PD, enculés, qu'on entend par-ci, par-là,
04:01 ça heurte toute une communauté
04:03 et ça heurte surtout ceux qui se découvrent homosexuels.
04:06 Parce que l'homosexualité n'est pas un choix, rappelons-le,
04:08 c'est important de le dire.
04:09 On découvre ça et le seul choix qu'on peut faire,
04:11 c'est d'assumer cette identité qu'on n'a pas choisie.
04:14 Et donc, pourquoi on fait ces opérations-ci avec le foot ?
04:17 Certes pour "soigner" le foot...
04:19 - Le foot a une mauvaise image.
04:21 - Oui, il a une mauvaise image, mais pourtant, il faut regarder,
04:23 quel est le seul sport professionnel,
04:25 aujourd'hui, en France, qui mène ce type d'opération ?
04:27 Il n'y a que le foot qui fait ça.
04:29 Le rugby fait des choses aussi très intéressantes
04:31 avec la Ligue Nationale de Rugby, professionnelle,
04:34 mais il n'y a que le foot qui se bouge là-dessus.
04:36 Pourquoi ? Que font les autres fédérations ?
04:38 Donc, cette opération peut avoir des défauts,
04:40 le foot peut avoir aussi des défauts,
04:42 mais aujourd'hui, ce sont les seules institutions
04:44 qui se mobilisent là-dessus.
04:46 Je parle là de la Ligue de Foot Professionnelle,
04:48 des clubs professionnels, parce que du côté de la FFF,
04:50 on a pris beaucoup de retard, parce que Noël Legret
04:52 a estimé qu'il n'y avait ni racisme,
04:54 ni homophobie, ni misogynie dans le foot.
04:56 Bon, il n'est plus là, on espère qu'avec le nouveau président,
04:59 on va pouvoir enfin avancer sur ces questions
05:02 de lutte contre toutes les discriminations,
05:04 parce qu'à chaque fois, c'est le même ressort,
05:06 le rejet de la personne qui est différente.
05:08 - Parlez-nous du club que vous présidez, vous,
05:11 Panam Boys, donc "and girls", on avait oublié "girls",
05:13 ça c'est déjà une erreur. - Oui, on a deux équipes féminines,
05:15 deux équipes masculines, on existe depuis 10 ans,
05:17 en fait nous 10 ans cette année,
05:19 et pour nous c'est important d'avoir un club dans lequel
05:21 on peut venir tel qu'on est. - Donc 100% inclusif.
05:23 - 100% inclusif, ce qui ne veut pas dire 100% gay du tout.
05:26 On a énormément d'hétéros, enfin on ne fait pas de statistiques,
05:28 n'importe... - Peu importe, tout le monde est bienvenu.
05:30 - Peu importe quelle que soit sa religion aussi,
05:32 sa couleur de peau, son orientation sexuelle,
05:35 tout le monde est le bienvenu pour jouer ensemble
05:37 dans un univers bienveillant.
05:39 C'est ça à quoi devraient ressembler tous les clubs de foot
05:41 et clubs de sport aujourd'hui,
05:43 et malheureusement ce n'est pas le cas.
05:45 Ce matin j'étais au ministère des sports
05:47 et on a un chiffre effarant,
05:49 70% de la population estime que les clubs de sport
05:52 sont aujourd'hui homophobes et ne sont pas accueillants
05:54 pour les personnes homosexuelles.
05:56 Mais c'est incroyable !
05:58 Donc évidemment il y a du vrai là-dedans, parce que le ressenti
06:00 est qu'on n'est pas toujours les bienvenus dans sa différence.
06:02 Donc nous on essaye de faire tomber tous ces préjugés,
06:04 de bouger les lignes
06:06 et de créer un espace bienveillant.
06:08 Aujourd'hui on est sans adhérents, on pourrait être...
06:10 - Ce sera plus après votre passage ici.
06:12 - Non on pourrait être trois fois plus,
06:14 malheureusement on n'a pas plus de terrain,
06:16 parce que l'idée c'est aussi de jouer au foot.
06:18 On organise énormément de choses et puis on essaye
06:20 à notre petit niveau de faire bouger les lignes au niveau national,
06:22 puisque je n'ai pas fini ce que je voulais dire tout à l'heure.
06:24 Les maillots arc-en-ciel,
06:26 c'est un exemple incroyable pour tous ces gamins
06:28 qui se sentent mal dans leur peau
06:30 et qui se sentent anormaux.
06:32 Mais quand ils voient Mbappé,
06:34 Messi porter ce maillot arc-en-ciel,
06:36 ils se jugent désormais non plus anormaux,
06:38 mais différents.
06:40 Et légitimés dans leur différence
06:42 parce que leur star, leur vedette a porté
06:44 les couleurs qui sont le reflet de leur identité,
06:46 à savoir les couleurs arc-en-ciel.
06:48 Ça on l'a remarqué lorsqu'on...
06:50 d'autres associations partenaires vont dans des lycées ou dans des collèges,
06:52 les jours qui suivent ce type d'opération,
06:54 d'un seul coup ça libère la parole
06:56 et c'est aussi pour ça qu'on fait ça.
06:58 Pour ces gamins, il y a besoin de dire à tout le monde
07:00 vous avez le droit d'être différent,
07:02 vous avez le droit d'être respecté dans votre différence
07:04 et ne soyez pas une victime,
07:06 ne vous laissez pas faire,
07:08 ne vous inventez pas nécessairement
07:10 une autre vie, une fausse vie,
07:12 un autre visage, comme par exemple aujourd'hui
07:14 les joueurs professionnels qui sont homosexuels
07:16 et qui jouent dans le championnat de France professionnel,
07:18 il y en a. Aujourd'hui il n'y a aucun coming out,
07:20 personne n'est sorti du placard, parce que c'est très compliqué pour eux.
07:22 En levant les tabous, Bertrand Lambert,
07:24 merci beaucoup d'être passé par un autre plateau
07:26 à l'occasion de cette journée.
07:28 du club Pan Am Boys and Girls.
07:30 Voilà pour cette première partie, vous restez vite.

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