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Hanna, candidate de The Voice, est atteinte de trichotillomanie depuis l'âge de 9 ans. Elle se confie sur son parcours et livre un beau message d'acceptation.
Transcription
00:00 Je suis une femme au crâne rasé, je l'ai été il y a 12 ans.
00:02 Ça a été compliqué, mais ce serait vraiment bien, je trouve,
00:06 qu'on puisse normaliser de plus en plus ça.
00:09 Je m'appelle Anna, j'ai 21 ans,
00:13 et aujourd'hui, on va parler de la trichotillomanie.
00:16 La trichotillomanie, c'est une maladie qui consiste à s'arracher les cheveux.
00:20 C'est un besoin compulsif qu'on a.
00:22 Moi, je suis atteinte de cette maladie depuis que j'ai 9 ans, 9-10 ans à peu près.
00:27 Et en gros, c'est une maladie qui est généralement générée par un traumatisme,
00:31 mais qui aussi peut être un trouble du stress, anxiété, etc.
00:35 Et je me souviens vraiment d'un besoin que j'avais,
00:38 d'un truc qui me faisait du bien, en fait,
00:40 qui me permettrait de me libérer, on va dire, d'un poids que j'avais,
00:45 parce que j'ai vécu un traumatisme assez violent psychologiquement.
00:48 Ce qui a provoqué mon traumatisme, c'est généralement du harcèlement
00:52 par une directrice d'école.
00:55 J'étais en CM2 à ce moment-là et je me faisais humilier par une directrice d'école
01:01 qui racontait n'importe quoi à mes parents, qui ont monté mes parents contre moi,
01:05 si bien que je me suis sentie extrêmement seule, très, très jeune.
01:07 Du coup, je me suis retrouvée face à moi-même et cette maladie,
01:11 ce besoin que j'ai là, c'était le seul moyen pour moi
01:15 de pouvoir extérioriser mon mal-être.
01:17 Le problème avec la trichotillomanie, c'est que ça peut arriver
01:21 dans des moments où on stresse, on est anxieux,
01:24 comme dans des moments où ça va, on est hyper joyeux, etc.,
01:27 parce qu'à un certain stade, ça devient hyper addictif.
01:30 Et moi, j'en suis arrivée à ce stade-là, où c'est vraiment plus fort que tout,
01:36 et tu le fais même quand t'es hyper heureux.
01:38 Je me suis rasée le crâne quand j'avais 12 ans.
01:40 C'était mon choix, mais en même temps pas trop, parce que à 11 ans,
01:45 j'avais un gros, gros trou ici et des très, très longs cheveux à côté.
01:50 Du coup, je trouvais ça horrible.
01:52 J'avoue qu'au départ, j'étais OK avec cette idée-là.
01:55 J'avais 12 ans quand même, c'est assez rare pour une jeune fille de cet âge-là.
01:59 Au départ, j'étais OK avec ça, je me trouvais plus en accord avec moi-même.
02:03 Et en fait, finalement, ce qui a fait en sorte que je complexe énormément,
02:09 ça a été le jugement des autres et les critiques, les moqueries,
02:13 le harcèlement ensuite.
02:14 On me disait que j'avais un cancer, on me disait que j'allais mourir.
02:19 On me disait aussi plein de phrases méchantes, très, très, très, très, très méchantes.
02:25 Et c'est quelque chose qui m'a énormément marquée, qui m'a fait beaucoup, beaucoup de mal.
02:30 Si bien qu'en fait, au bout d'un certain temps, je ne pouvais plus me regarder sans pleurer,
02:34 parce que ça me rappelait toutes ces moqueries, toutes ces phrases qu'on m'avait dit au quotidien.
02:39 Malheureusement, il n'y a aucun traitement, médicaments eux, en tout cas.
02:44 Il n'y a rien qui peut vraiment guérir ça.
02:46 C'est vraiment nous qui le faisons.
02:48 Moi, j'ai fait quelques thérapies quand même pour pouvoir comprendre aussi ce qui m'arrivait,
02:52 le pourquoi, etc.
02:53 Parce que c'est hyper important de comprendre le pourquoi on fait ça pour pouvoir avancer.
02:57 Moi, j'ai compris, mais maintenant, c'est une maladie qui est compliquée
03:01 dans la mesure où elle peut durer six mois, comme elle peut durer 15 ans.
03:05 J'avance petit à petit par rapport aux autres années.
03:07 Forcément, je me sens beaucoup moins malade, on va dire, entre guillemets.
03:12 Ce qui m'a beaucoup aidée à pouvoir m'en sortir, etc.
03:14 Moi, c'est la musique, le chant, parce que je chante énormément.
03:18 Et ça, ça a été pour moi mon moyen qui m'a permis de penser à autre chose
03:23 et d'avoir autre chose avec lequel je peux extérioriser ce qui n'allait pas.
03:27 Aujourd'hui, me voir avec une crâne rasée, je dois avouer qu'il y a des phases où c'est compliqué.
03:33 Mais maintenant, je peux dire qu'à mon âge, avec ce que j'ai pu vivre avec ça,
03:39 je suis beaucoup plus en accord avec moi-même.
03:42 J'ai beaucoup moins honte parce qu'il faut avouer que c'est une maladie
03:45 où on ressent énormément de honte.
03:47 C'est pour ça que peu de gens en parlent, finalement.
03:50 J'ai envie que ça avance, j'ai envie qu'on en parle,
03:53 j'ai envie qu'on se sente beaucoup moins honteux face à ça.
03:55 Et moi, maintenant, je peux dire que ça va mieux,
04:00 que je me sens plus en accord avec moi-même.
04:02 Quand je me regarde, je ne pleure plus.
04:04 Je suis une femme aux crânes rasées.
04:06 Je l'ai été à 12 ans.
04:07 Ça a été compliqué, mais ce serait vraiment bien, je trouve,
04:12 qu'on puisse normaliser de plus en plus ça
04:14 pour qu'on se sente plus accepté, moins honteuse.
04:17 Et plus libre.
04:19 Le fait de pouvoir en parler à la télé, sur Internet, etc.,
04:22 le fait que je puisse rendre ça un peu plus connu, pour moi,
04:25 c'est une victoire quand même.
04:28 Parce que moi, je sais que c'est quelque chose qui m'a énormément pesée
04:31 parce que je n'avais aucune représentation de ce problème-là.
04:34 Du coup, je me sentais vraiment seule face à ça.
04:37 Depuis que j'en ai parlé publiquement à la télé, etc.,
04:41 je dois avouer que j'ai reçu énormément de messages sur Instagram en mode
04:45 "Ah oui, mais moi aussi, je suis atteinte de ça.
04:47 Ça fait vraiment du bien que tu en parles et tout ça.
04:49 On se sent moins seule et tout ça."
04:50 Et ça, pour moi, c'est une des plus grandes victoires que je puisse accomplir.
04:55 [SILENCE]

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