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00:00 Il y a entre 8 et 10 000 personnes touchées par la maladie d'Alzheimer en Dordogne.
00:04 Des malades d'Alzheimer qui peuvent se perdre, disparaître, qu'on recherche.
00:08 Et ce matin, France Bleu reçoit le Dr Geneviève Demour, présidente de l'association France Alzheimer d'Ordogne.
00:14 Elle sensibilise aux disparitions des personnes malades d'Alzheimer et elle répond à vos questions.
00:19 Louis de Bergevin.
00:19 Bonjour Geneviève Demour.
00:20 Bonjour.
00:21 Est-ce que ces disparitions inquiétantes de personnes désorientées, il y en a beaucoup ?
00:25 Alors, ça représente 15% des disparitions inquiétantes en France.
00:30 Et donc c'est un sujet dont on n'a pas trop envie de parler parce que déjà la maladie fait peur,
00:37 parce que déjà un certain nombre de malades ne sont pas encore diagnostiqués, ne sont pas reconnus.
00:44 Et que la plupart du temps, que ce soit à domicile ou en institution, on a une réponse toute faite qui consiste à fermer les portes à clés
00:51 pour éviter que ces personnes ne fuguent. Alors qu'elles ne fuguent pas, c'est les ados qui fuguent.
00:57 Ces personnes-là, elles sortent, elles vont voir leur maman, elles vont retrouver la maison de leur enfance
01:03 et puis elles ne savent plus reconnaître le chemin du retour.
01:06 Et donc c'est vraiment une préoccupation citoyenne de chacun d'entre nous, solidaire, d'attention à l'autre,
01:14 qui m'a conduit à sensibiliser dans un premier temps la police municipale à Périgueux,
01:21 et puis celle de Sarla, et puis celle de Ribérac, et puis bientôt Bergerac, et ce soir à Nontron.
01:30 Nous aurons en plus les gendarmes, les travailleurs à domicile, les magnifiques personnes qui sont dans les CCAS et dans les CIAS
01:40 et qui oeuvrent tous les jours pour ces personnes-là.
01:44 - Oui parce que pompiers et gendarmes notamment sont mobilisés dans ce cas-là, appelés pour rechercher les personnes disparues.
01:50 C'est une caractéristique de la maladie d'Alzheimer, le fait de partir et de se perdre ?
01:56 - Oui bien sûr. Les personnes malades, contrairement aux idées reçues, elles réalisent que ça ne va pas bien dans leur tête.
02:03 Elles réalisent qu'elles ont des troubles de la mémoire et alors cette désorientation,
02:08 à la fois dans le temps et dans l'espace, cette désorientation dans le temps,
02:11 fait qu'elles vivent dans un temps suspendu où elles convoquent beaucoup de monde.
02:16 Les chers disparus, le présent, le passé, il y a plein de monde dans leur imaginaire.
02:22 Et puis au niveau de l'espace, finalement elles ont du mal à se retrouver, à reconnaître les lieux familiers.
02:28 - Et alors qu'est-ce qu'on peut faire si on est proche d'une personne qui est touchée par la maladie d'Alzheimer ?
02:34 Qu'est-ce qu'on peut faire pour prévenir ça ?
02:36 - Alors pour prévenir la maladie c'est un petit peu plus compliqué, c'est un autre sujet.
02:41 Mais pour prévenir ces errances, on appelle ça des errances, des déambulations,
02:47 il faut savoir que la personne elle est tellement angoissée de ce qui lui arrive,
02:52 de cette étrangeté du monde qui l'entoure, qu'elle est angoissée.
02:56 Donc c'est être attentif à cette angoisse qui survient souvent le soir, en fin d'après-midi,
03:02 ce qui fait que la personne elle sort parce qu'elle n'en peut plus de rester...
03:08 Donc il y a des tas de solutions, mais il n'y a pas une seule solution.
03:12 Une solution très importante consiste, j'imagine, à demander à ces personnes malades, au stade de début,
03:19 comment vous imaginez qu'on peut vous aider si un jour...
03:23 Et à France Alzheimer, on a des ateliers qui réunissent des personnes en début de maladie
03:29 et qui vont pouvoir parler de cette maladie, dire ce qu'ils veulent.
03:33 Ça c'est la première chose.
03:34 La deuxième chose, c'est qu'on soit tous vigilants, solidaires, là où on habite,
03:40 sur cette problématique-là, l'adhérence, et qu'on puisse signaler.
03:44 Et la troisième, c'est bien sûr de ne pas rester tout seul face à cette difficulté
03:51 et de se réunir dans notre magnifique association, qui est là sur tout l'ensemble du département.
03:57 7h48 sur France Bleu Périgord, on parle de l'association France Alzheimer d'Ordogne
04:01 avec le docteur Geneviève Demour, qui répond à vos questions.
04:04 Est-ce que la technologie peut aider ?
04:07 Aujourd'hui on a des montres connectées, des bracelets connectés, c'est une solution ça ?
04:11 Alors bien sûr que c'est une solution, mais encore une fois, pour travailler quand même pas mal au niveau de l'éthique,
04:18 se pose la question de la surveillance de ces personnes.
04:23 Une solution peut être d'être dans les unités protégées, qu'il y a un certain nombre d'établissements d'EHPAD,
04:31 mais ça demande de réfléchir, qu'est-ce que ça veut dire de fermer la porte ?
04:36 Parce que parfois, si j'ai bien compris, il y a des personnes qui disparaissent,
04:41 qui ne savent pas encore qu'elles sont malades d'Alzheimer, et on le découvre à ce moment-là ?
04:45 Alors c'est sûr que c'est un grand problème, y compris pour la maladie d'Alzheimer,
04:49 puisque vous savez qu'il y a des médicaments qui sont à l'essai, à l'étude en phase 3,
04:54 donc qui vont arriver sur le marché, mais qui vont être efficaces au stade très débutant de la maladie.
05:00 Or, on a tendance à banaliser les troubles de la mémoire, en disant "oui c'est normal, tous les gens âgés perdent la mémoire",
05:07 alors qu'il y a 55 000 personnes de moins de 60 ans qui ont la maladie d'Alzheimer, ce qui n'est pas rien,
05:13 et qu'un certain nombre de vieilles dames comme moi n'ont pas la maladie d'Alzheimer encore,
05:18 n'ont pas de troubles de mémoire. Donc je crois que l'idée, elle repose d'abord sur le diagnostic précoce, le plus précoce possible.
05:26 Et une fois qu'on a cette maladie qui ne se guérit pas encore, mais elle se soigne,
05:31 et donc de pouvoir alerter, ne pas rester seul avec son malade en se disant...
05:38 Alors effectivement, ça pose des questions éthiques, ça pose des questions de droit,
05:42 je crois qu'au niveau du département de la Dordogne, après celui de l'IoN, qui a déjà réfléchi à ça,
05:49 grâce à François Alzheimer, IoN aussi, de l'IoN, nous allons essayer de lancer une réflexion
05:54 qui va pouvoir mettre ensemble les acteurs départementaux, les acteurs de l'ARS,
05:59 les acteurs de toutes les associations concernées, la justice, la police, les pompiers, etc.
06:06 Pour réfléchir ensemble sur ce qui peut être possible, et ce qui pose question au niveau de l'éthique,
06:13 de mettre une puce, un bracelet connecté, voilà.
06:15 - Et donc il faut en parler, il faut sensibiliser, c'est ce que vous faites ce soir,
06:19 vous tenez une réunion pour sensibiliser sur les disparitions de malades d'Alzheimer,
06:23 c'est ouvert au public, c'est à partir de 20h à la salle des fêtes de Nantes-Rondon.